jeudi 31 mai 2007

Un peu plus loin sur la droite de Fred Vargas

Tout commence par un détail…Un excrément de chien qui irrite l’odorat de Kehlweiler, un ancien du ministère de l’intérieur, alors qu’il planque sur un banc d’une place de Paris. Le lendemain, après les pluies diluviennes de la nuit, il ne reste de cette déjection qu’un petit bout d’os qui, après vérifications, s’avère être un os humain, un morceau de phalange de pied d’une femme plus précisément…Evidement quand Kehweiler se présente au commissariat de quartier pour expliquer sa découverte, personne ne le prend au sérieux. Aussi pour prendre en faute le commissaire qu’il n’aime pas, il décide de mener son enquête avec l’aide d’un spécialiste du moyen age et d’un archéologue. La piste les mène dans un petit village perdu de Bretagne dans lequel est morte une femme par accident. Mais était ce vraiment un accident et ce petit village d’apparence si tranquille n’abriterait-t-il pas des personnages pas si respectables que cela ? C’est fou comme un petit détail peut mener à une enquête bien curieuse…Il fallait être bien observateur pour remarquer ce petit bout d’os, et observateur Kehlweiler l’est sans aucun doute. Non seulement des choses mais aussi de la nature humaine, de ses habitudes ainsi que de celles de nos amis les chiens qui font leur besoin toujours au même endroit… Tout au long de ce récit, Fred Vargas nous enchante avec son style bien à elle, simple et efficace : descriptions pertinentes et parfois très drôles, comparaisons amusantes, phrases courtes, dialogues spontanés. La façon qu’elle a de décrire des personnages, un lieu, une action, une réflexion est remarquable dans la mesure où on a l’impression d’être au cœur de l’action. On se laisse prendre aux fausses pistes et le dénouement est digne des scènes finales d’Agatha Christie. On retrouve aussi dans le ton une certaine poésie, un humour sous jacent qui fait que l’on se prend à sourire à la lecture même si l’on frôle quelquefois l’absurde. Mais ce côté légèrement décalé m’a beaucoup plu et m’a laissé un sentiment de satisfaction à la fin de la lecture avec le regret que l’histoire soit déjà finie. Et puis les personnages sont tous attachants, en particulier Kehlweiler .Celui qu’on appelle l’allemand est à la fois très professionnel, un peu marginal, limite maniaque (il note tout dans des carnets, il collectionne tous les faits divers de France qui paraissent dans les journaux), mais aussi très humain: une vieille prostituée, un photographe qu’il a entrepris de former à sa façon de travailler, un flic qui s’est fait renvoyer pour avoir protéger un coupable faisant partie de ses amis. Sans compter son animal de compagnie qu’il promène partout avec lui dans sa poche et qui n’est autre qu’un crapaud, à qui il parle, ce qui peut dérouter ses interlocuteurs… Il n’y a pas à dire, j’aime l’atmosphère particulière qu’il y a dans les romans de Fred Vargas et celui-ci fait partie de ceux qui m’ont le plus plu. Nicole VOUGNY

mardi 29 mai 2007

L'étranger d'Albert Camus

Camus. Chaque ancien élève de notre belle école de la République a forcément lu au moins un livre de Camus. Cet auteur, rangé parmi les incontournables de la littérature française, fait tellement partie de la culture collective que l'on a tous le sentiment de bien connaître ses héros. "L’étranger" par exemple; mais si bien sûr! Voyons, de quoi cela parlait déjà? Avec un tel titre, sûrement de racisme, de différence, d'exclusion. Et de replonger mon nez dans les premières pages, persuadée que l'histoire va me sauter à la mémoire! Surprise! Qui est donc ce personnage seul ou presque derrière le cercueil de sa mère, plombé par un soleil écrasant? Pas une larme, il fait trop chaud peut-être. Après tout, chacun sa douleur. Non, décidément je n'ai pas lu ce livre. Une telle atmosphère m'aurait marquée. Je tourne les pages. J'essaie de rentrer dans son univers. Pourquoi est-il si difficile de pénétrer dans le cœur de ce héros, de partager ses sentiments –il n'exprime rien-, de crever cette carapace d'indifférence. De différence, en fait. Car ce qui le rend impersonnel c'est justement son universalité. Il vit sa vie et les évènements qui la traversent avec la plus grande authenticité sans chercher un seul instant à correspondre à des comportements sociaux convenus. Il ne pleure pas sa mère, il n'aime pas forcément d'amour la femme qu'il désire. Bref, il met mal à l'aise. Cette attitude va le perdre. Cet homme ne sera pas condamné parce qu'il est coupable d'un crime mais parce qu'il n'est pas repentant. Quelqu'un qui ne laisse transparaître aucun état d'âme est un étranger à l'espèce humaine donc capable du pire. Paradoxalement, ce livre dérange et réconforte à la fois. Il dérange dans le sens où l'on a assez souvent envie, au fil des pages, d'attraper le héros par les épaules et de le secouer violemment pour qu'il sorte enfin ce qu'il a dans le cœur. Mais il réconforte aussi. En effet, ne pas vivre une situation donnée selon les critères moraux de la société, chacun en a fait un jour ou l'autre l'expérience. Il ne serait pas sinon si difficile pour les avocats de trouver des excuses à l'inexcusable dans toutes les formes de dérives humaines. On ne sort donc pas de cette lecture indemne. Mais peut-être n'est-ce dû qu'au violent contraste entre l'accablante et lumineuse chaleur de l'Algérie et la sombre profondeur de la prison de l"étranger". Florence TOUZET

lundi 28 mai 2007

Bijoux de famille de Colin Dexter

Une enquête de l’inspecteur Morse et de son assistant Lewis où se côtoient le monde des universitaires d’Oxford et un groupe de touristes américains, tous retraités.. Le décès par crise cardiaque d’une touriste américaine et la disparition d’un trésor archéologique (un élément d’une parure) en sa possession constitue le point de départ de cette aventure de l’inspecteur Morse. Y a-t-il un lien entre ce vol et ce décès ? Première interrogation ? Cependant, l’affaire semble banale quand survient le décès non accidentel d’un des guides du groupe. Le lecteur découvre alors que le trésor archéologique devait être rendu au musée d’Oxford en présence du guide conférencier qui vient d’être assassiné. Existe-t-il un lien entre le vol du bijou et ces deux décès ? En enquêtant, Morse découvre qu’il existe au sein du groupe et entre les guides conférenciers des relations qui dépassent le cadre professionnel et qui rendent l’affaire plus complexe. Comme dans les autres enquêtes de l’inspecteur Morse, on se trouve plongé dans le petit monde d’Oxford avec une description sans concession, un peu à la David Lodge, des jalousies professionnelles et amoureuses. La galerie de portraits de la société américaine à travers ce groupe de touristes n’est pas mal non plus. On découvre les histoires de chacun d’entre d’eux avec leur conséquences sur le déroulement de l’enquête de Morse. Ces histoires nous rendent ces touristes très attachants. On profite en plus d’une visite guidée de la campagne d’Oxford avec une abondance de détails historiques et architecturaux. Enfin on ne peut être que séduit par la méthode peu orthodoxe de l’inspecteur Morse pour mener ses enquêtes…L’intérêt étant que l’on suit pas à pas le déroulement de l’enquête et l’on peut ainsi facilement se mettre dans la peau soit de l’inspecteur Morse soit du sergent Lewis pour mener nous aussi notre enquête… on se surprendra à faire nos propres hypothèses… On notera enfin le nombre impressionnant de rebondissements et un suspense maintenu jusqu’aux dernières pages. Une des meilleures enquêtes de l’inspecteur Morse que j’ai lue, où l’auteur nous montre un inspecteur Morse plus humain en proie au doute et à l’amour. Sandrine BARON

vendredi 25 mai 2007

La voie de l'ennemi de Tony Hillerman

Bergen McKee, professeur à l’université et grand spécialiste des rites et légendes navajos, est venu rejoindre son ami Joe Leaphorn en Arizona pour une nouvelle étude sur les « loups-navajos ». Alors que les deux hommes partent à la recherche d’informations sur ces sorciers mi-homme, mi-bête, Leaphorn découvre le cadavre d’un jeune indien en cavale aux pieds des montagnes Lukachukai, les yeux exorbités et la bouche scellée sur un rictus de frayeur… Pour ce policier endurci, inspecteur au service de « la Loi et l’Ordre », la police de la réserve indienne de Window Rock, bien difficile de croire que la sorcellerie soit à l’origine d’un tel meurtre. Mais pour le clan auquel appartenait Luis Horseman, la victime, il n’en va pas de même. Pour amener le meurtrier à se dévoiler, Sandobal, le grand-père du clan décide de lancer une « voie de l’ennemi », un puissant sortilège qui ne s’utilise qu’à l’encontre d’un étranger. Pour Leaphorn, cette affaire prend alors une toute autre tournure car le temps presse s’il veut retrouver le coupable avant l’un des membres du clan. C’est alors que son ami Bergen McKee, parti rejoindre son ami et collègue, le Docteur Canfield, aux abords des montagnes Lukachukai disparaît à son tour… Difficile de rentrer dans un livre de Tony Hillerman. Pour cela, il convient de laisser sa culture d’homme blanc au vestiaire afin de s’imprégner de celle des indiens Navajos… Mais une fois cet effort accompli, on découvre alors un livre passionnant dans les décors grandioses des plaines arides d’Arizona où l’enquête policière, fil conducteur du roman, n’est qu’un prétexte de l’auteur pour nous faire aimer à son tour cette culture indienne si respectueuse de la Nature et des Hommes. On se laisse envoûter par les sortilèges, les incantations ; on s’imprègne avec plaisir des mœurs et coutumes des indiens Navajos ; on apprécie ses hommes simples et austères dont le plus grand bonheur est de vivre en harmonie au sein de leur clan, leur famille ! Petit conseil pratique, à la fin du livre, l’auteur a pris soin de créer un lexique des principaux termes Navajos employés dans son livre. Lisez-le dans son intégralité avant de vous plonger dans le roman, vous serez ainsi mieux préparé à suivre la piste du « policier bleu » Leaphorn ! Pierre LUCAS

mercredi 23 mai 2007

Meurtre au dix-huitième trou de John-Erich Nielsen

Sweeny, jeune inspecteur à peine sorti de l'école se voit confier l'enquête sur le meurtre d'une jeune femme retrouvée dans un bunker du plus célèbre parcours de golf du monde. Mais c'est une enquête à haut risque. On touche le petit monde clos de la PGA, organisme mondial qui régit le golf. Joueurs, organisateurs, assistants, tous peuvent être suspects. Sweeny doit prendre des gants. D'abord parce qu'il débute, que le monde où il rentre s'apparente à une piscine infestée de requins, que les vagues vers la presse sont interdites et qu'il doit, encore plus que les autres, rendre des comptes. Sweeny va y aller, malgré tout, franco. Trop peut-être. Mais sa jeunesse, sa fougue et son air de Monsieur Tout le monde va lui permettre d'avancer et de confondre le coupable. L'avantage de ce polar est l'univers, rarement exploité, celui du golf. Les noms ont été changés mais on retrouve parfaitement les joueurs évoluant actuellement sur le circuit, les jalousies, l'univers clos du sport et sa face cachée, hors médias. L'inconvénient est une histoire ficelée rapidement. Certains personnages apparaissent pour disparaitre ensuite. L'histoire tient debout mais c'est maladroit. Le livre se lit plutôt vite mais le style n'est pas là. On sent comme une certaine inexpérience. Des phrases lourdes, une mise en page parfois étrange. Parfois une grosse impression de "déjà vu". Sweeny qui consulte sa tante pour permettre de poser ses pensées fait souvent penser à un Maigret qui appelle sa femme. Les ingrédients sont pourtant là pour que ce polar fasse son effet : suspense, enquête, vie personnelle. A conseiller pour faire passer le temps. Benjamin DUQUENNE

lundi 21 mai 2007

Vivre avec lamort et les mourants de Elisabeth Kübler-Ross

Un sujet qui n’a pas vraiment de quoi attirer. La raison ? Nous sommes tous mortels mais nous n’aimons pas qu’on nous le rappelle. Le Dr Ross (pas celui d’Urgences qui milite pour sauver le Darfour, où il y a vraiment urgence http://www.sauverledarfour.org/appel.php) est une éminente psychiatre américaine qui a introduit l’accompagnement aux mourants depuis les années 60. Aujourd’hui décédée elle a laissé de nombreux témoignages notamment par ces livres. Comment faire face à la mort de nos proches ? A l’annonce médicale de notre possible mort ? Comment gérer et parler de nos peurs, et à qui les confier pour que l’écoute soit bénéfique ? Ce livre édité au début des années 80 apporte des réponses simples grâce à des personnes variées (familles, personnel médical…) que le Dr Ross nous donne en exemple afin d’apprendre ce qu’ils ont traversé. Dans la deuxième partie écrite par un étudiant, nous découvrons une approche dans l’analyse des dessins (présents dans le livre dans les pages centrales)… ce que l’inconscient nous dévoile par eux. Parfois cela étonne mais dans de graves circonstances on peut considérer que la vérité ne doit pas être loin. Nous suivons ensuite le parcours de Meredith enfant décédée d’une leucémie et de sa mère qui est la voix de la troisième partie. Pour finir un chapitre sur la mort brutale (accidents…), celle qui ne peut pas être préparée donc la plus délicate. Je déconseillerai ce livre aux personnes trop émotives car le vécu de la mort, celle des enfants notamment, par le témoignage des gens qui l’ont approché est parfois bouleversant. On ne peut en effet s’empêcher de mettre en relief les paroles d’Elisabeth Ross et d’envisager le pire pour nous et nos proches. Mais n’est-ce pas un bien ? Cette américaine a fait avancer les choses en matière de thanatologie moderne, du mouvement des soins palliatifs et de l’accompagnement des personnes en deuil (intégration des familles dans le milieu médical) et nous ne pouvons que l’en remercier. Elle nous offre par cet ouvrage simple une réflexion profonde qui parlera à tous, croyant ou non, et nous donne des clefs sur les comportements psychologiques face à la mort. En espérant que cette aide ne soit pas évincée par le tabou collectif de notre société lorsqu’il s’agit de la mort, et de son accompagnement Fanny JOLIVET

mercredi 16 mai 2007

La rivière des âmes perdues de James D. Doss

Tandis qu’elle observait scrupuleusement au loin l’horizon, Daisy Perika de la réserve Ute sentit le souffle du Vent des Ténèbres la frôler. Ce n’était pas un très bon présage. La vieille femme chamane sut immédiatement qu’un terrible évènement allait se produire. Non loin de là, d’ailleurs, dans la petite ville de Granite Creek, Priscilla Song une étudiante en électromagnétisme est sauvagement assassinée. Tout semble désigner Pacheco, l’homme d’entretien. Ses empreintes ont été retrouvées sur le tournevis, planté dans l’œil de la victime. S’engage alors une course poursuite après le Mexicain. Mais est-ce vraiment lui le meurtrier ? Et que signifient donc ces sept mystérieuses lettres tapées sur l’ordinateur par la jeune femme juste avant son agression ? Et qu’en est-il de ces recherches scientifiques qu’elle menait ? Auraient-elles un lien quelconque avec son assassinat ? Qui avait réellement intérêt à la supprimer ? C’est ce que vont tenter de découvrir, au péril de leur vie, Scott Paris, fraîchement débarqué de Chicago et Anne Foster, son amie journaliste. Ce roman policier est très agréable à lire, bien mené. Je l’ai dévoré d’une seule traite. Cependant, j’avoue qu’il est somme toute plutôt classique dans son élaboration. L’intrigue, en effet, n’est pas très alambiquée et malgré quelques fausses pistes pour tenter d’égarer le lecteur, on devine assez rapidement le mobile et l’auteur du crime. Mais, après tout, peu importe ! Car ce qui m’a, en réalité, le plus charmée dans ce roman, c’est évidemment la beauté sauvage des décors grandioses et dépaysants, le côté parfois poétique et lyrique de l’écriture et surtout l’atmosphère si particulièrement étrange presque envoûtante qui se dégage lorsque James Doss évoque (invoque ?) la culture indienne empreinte de traditions ancestrales, de légendes et de mysticisme. L’histoire flirte ainsi constamment avec la frontière entre le monde bien rationnel de la science et celui plus onirique ou surnaturel des esprits, entre la logique policière implacable et les visions sacrées d’une vieille femme qu’on pourrait juger folle. Ce premier roman de James Doss s’inscrit dans la lignée d’un Tony Hillerman ou d’un Peter Bowen. Je le conseille vivement. Marlène EVEN

mardi 15 mai 2007

Dans la guerre d'Alice Ferney

Le livre raconte l’histoire d’une famille de paysans des Landes prise dans le tourment de la Grande Guerre. Le récit débute d’ailleurs le jour de la mobilisation, une belle journée de l’été 1914, et se termine le jour de l’armistice, une belle journée de novembre 1918. Entre-temps on suit le destin des membres de cette famille : Félicité, Jules et Flamme, la femme, le mari, le chien, et puis bien d’autres. Peu de personnages dans ce livre mais une vraie profondeur et des personnages que l’on sent choisis pour évoquer toutes les figures et toutes les réalités de cette guerre. Ce que j’ai aimé dans ce livre c’est la façon dont l’auteur arrive à nous faire partager le moindre sentiment. Dès la première page j’ai été bouleversée par la justesse des mots employés pour décrire l’ironie d’un jour de mobilisation. On entre dans ce livre avec tout ce que l’on nous a raconté de la guerre, à l’école, dans les films, etc. Mais on en ressort en se disant : Mince alors, c’est comme ça que des milliers de gens ont vécu cette guerre ! J’ai parfois trouvé un peu long les descriptions des sentiments et des réflexions des personnages avant de m’apercevoir que ce livre était basé là-dessus et non pas sur les faits. On voit toute la réalité de la guerre à travers la pensée de ceux qui la vivent. En cela je déconseille ce livre à ceux qui préfèrent l’action et les grandes épopées de guerre. Ce livre est plutôt basé sur le décryptage de la psychologie des acteurs de cette guerre, animaux y compris à travers Prince le chien. En conclusion, je trouve que ce livre offre une formidable réflexion sur la guerre, qu’il serait bon de faire lire à tous les enfants, petits et grands, pour garder en mémoire ce qu’est la réalité d’une guerre, et surtout son ironie. Alice JOLIVET

vendredi 11 mai 2007

On ne fait jamais vraiment ce que l'on veut de Christine Arnothy

Notre vie privée, professionnelle, nos actes, notre comportement en vers des événements, en vers les autres, sont souvent dictés par notre inconscient. On se cache derrière un masque, une carapace. Pour que l’on puisse s’en débarrasser et être nous-même, il faut admettre et faire le deuil de tout ce qui nous pousse à agir autrement que comme on le voudrait. C’est ce qui arrive à Clara, une jeune femme de trente cinq ans, brillante avocate pour les affaires de divorces, elle s’est forgée une réputation telle que les gens ne veulent qu’elle, mais pourtant elle va abandonner cette spécialisation pour se tourner vers le droit des affaires. Pourtant Clara n’est pas heureuse, quelque chose l’en empêche ou elle ne veut pas l’être ? Un passé douloureux, des origines dont elle a honte. Tout cela fera qu’elle, bien que croyant être maître du destin, va se voir dans l’obligation de faire des choses dont elle n’a pas envie, mais auxquelles elle ne peut échapper. Entre Paris et Vienne, ce roman nous emmène avec l’héroïne dans des univers différents. Clara parviendra-t-elle un jour à faire ce qu’elle souhaite vraiment et pour des raisons saines ? Trouvera t-elle le bonheur ? Un roman dans lequel on peut se reconnaître… L’auteur, Christine Arnothy s’est servi de son histoire personnelle, en faisant de son héroïne, une jeune femme juive dont les ancêtres ont été déporté dans des camps de concentration. Elle a par ailleurs écrit sa biographie, « J’ai quinze ans et je ne veux pas mourir », publié à Paris en 1955 et ayant obtenue le Grand Prix de Vérité. Même si l’auteur n’est pas avocate, mais journaliste, son fils, François Bellanger, est avocat, spécialiste des droits européens et professeur en droit administratif à l'Université de Genève. Ceci a permis à l’auteur de bien construire son histoire, car elle a aussi épousé un homme important, puisqu’il était le directeur du « Parisien libéré », mais aussi un grand journaliste, résistant de la première heure, vice-président de l'Agence France-Presse et président de la Fédération Internationale des Editeurs de journaux. Comme Clara, elle a connu une carrière internationale, interviewé, fait des portraits, rencontré des personnalités de milieu d’affaires importantes, de politique. Le titre de ce roman, m’a captivé, car j’ai tout de suite pressenti que j’allais lire un peu mon histoire. Je voulais être avocate comme Clara, pour des raisons personnelles douloureuses, mais au bout de 3 ans je m’ennuyais, ce n’était pas tel que je l’aurais voulu, j’étais pressée de défendre certaines causes, mais en tant qu’étudiante, j’ai eu rarement l’occasion de dire ce que je pensais. En faisant, une psychothérapie comme Clara d’ailleurs ( je me suis aussi inventé des histoires durant les séances), j’ai compris que ce n’était pas la peine de continuer, j’ai donc changé de voie. Je suis fille d’immigrés, et grâce à ce livre, je me suis rendu compte que durant des années j’ai eu honte de mes parents qui avaient un accent étranger, à tel point que je ne supportais pas qu’ils viennent aux réunions parents/professeurs. J’ai eu honte de mon nom, de mon prénom, c’est pour cela que je le « rendis » français, et quand je me suis mariée, j’étais contente de changer de nom. Mais depuis un an, j’ai repris mon nom de jeune fille en plus de celui d’épouse. Identiquement à Clara, je me suis réconciliée avec mes origines. Et, drôle de coïncidence, ma mère aurait dû s’appeler Sarah… Marie Isabelle ALONSO CHEMINAL

vendredi 4 mai 2007

L'amant de Lady Chatterley de David Herbert Lawrence

C'est par hasard que j'ai appris, après avoir choisi ce roman dont je ne connaissais que le titre qu'il s'agissait d'une œuvre érotique. Tiens, tiens, qu'est-ce donc? Ouvrons, juste pour voir! Rien, il ne se passe rien dans cette histoire, en tous cas il ne s'agit pas d'aventure, et pourtant c'est la clé. La clé du monde. Celle qui révèle la complexité du sens que les hommes et les femmes surtout, donnent à l'acte d'amour et à quel point cela peut être une révélation quand la magie de la complémentarité opère. Je ne suis pas spécialiste de ce genre de littérature mais il me semble que mettre des mots aussi justes sur le ressenti féminin dans ces instants-là est une chose rare. La force du désir, la violence de la volupté, l'éblouissement dans son assouvissement et le sentiment de liberté qu'il procure y sont délicatement décrits. En refermant ce livre, j'ai pensé que son étude approfondie menée de façon intelligente et sensible complèterait très efficacement les pauvres cours techniques d'éducation sexuelle de notre belle Education Nationale. Etudier la sexualité à travers ce texte littéraire dénué de toute perversion, représenterait une approche pédagogique fine. Cela mettrait en évidence pour les jeunes la manière qu'ont les femmes notamment de vivre le désir et le plaisir et à quel point l'harmonie et le respect de l'autre sont une source intarissable d'équilibre voire de bonheur. Dans ce livre donc, rien à voir avec un quelconque voyeurisme ou une pornographie de bas étage. C'est tout le contraire. Ici les corps sont magnifiés alors qu'on est bien loin des critères de beauté des magazines actuels. Le plaisir de l'amour est pur. Il nourrit l'amour. C'est tout et tout y est. Florence TOUZET

mercredi 2 mai 2007

Mon coeur ping-pong de Jane Green

Libby, jeune femme de 27 printemps, branchée, dynamique et sentimentale, a presque tout pour être heureuse : assistante en relation publique, elle gagne relativement bien sa vie, a une famille aimante, de bonnes copines… Mais ce n’est pas tout à fait une réussite au niveau de la vie amoureuse. Elle aimerait rencontrer l’homme de sa vie, seulement ne croise que ceux qui sont allergiques à l’engagement, et elle finit souvent en larmes. Ainsi le dernier en date se nomme Nick, écrivain du même âge qu’elle trouve sans le sou, mais beau et sexy. Pour ne pas souffrir une fois de plus, elle décide que cette relation serait qu’une aventure. Mais les sentiments ne se contrôlent pas. Par la suite, Libby rencontre Ed, très riche financier proche de la quarantaine, possédant une belle et grande maison dans le quartier chic de Londres, et ce dernier est surtout très amoureux d’elle et la traite comme une reine. Pourtant aussi gentil, galant et attentionné que puisse être Ed, Libby a du mal à éprouver des sentiments amoureux à son égard. Un roman plein d’humour et d’entrain qui traite un sujet qui date certainement de l’antiquité : le choix délicat entre d’une part l’amour, les sentiments, la complicité sexuelle et d’autre part l’argent, la fortune, le confort assuré. Sans doute beaucoup de lectrices se reconnaitront en Libby. Combien de fois nous posons nous la question de savoir si l’homme avec qui nous partageons notre vie amoureuse est vraiment notre âme sœur ? Cette comédie aborde également le sujet sur la peur des jeunes femmes de nos jours qui approchent la trentaine et qui appréhendent l’avenir lorsqu’elles constatent que la plupart de leurs amies sont mariées. Serions-nous plus heureuses avec un homme dont nous sommes très amoureuses, mais qui ne désire pas l’engagement et n’a pas d’argent, ou bien pourrions-nous malgré tout être heureuses avec un qui possède la fortune, mais notre cœur reste de marbre ? Si vous êtes curieux(ses) de le savoir, lisez ce roman. J’adore particulièrement l’humour dans ce livre (je ris parfois à haute voix). Le style utilisé est très frais et dynamique. L’héroïne est très attachante et sensible. Vous ferez la connaissance aussi de sa maman, le cliché type des mères qui cherchent constamment à s’immiscer et contrôler dans la vie privée de leurs progénitures. J’ai beaucoup apprécié cette comédie et dès que j’ai un moment, je prends le bouquin. Quel serait le choix final de Libby, ferait-elle le même choix que moi, car je me suis mise en situation ? Ngan Dai Bui

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