vendredi 30 janvier 2009

La solitude du coureur de fond de Alan Silitoe

Ce livre est composé 9 nouvelles dont la principale est la solitude du coureur de fond. Dans celle-ci, Smith qui est enfermé dans une maison de correction (Borstal ) est le seul détenu à pouvoir sortir quotidiennement afin de s’entrainer dans son domaine : la course de fond. Ce privilège vient du fait que Smith a fait un deal avec le Directeur de ce Borstal, il participe au cross des Borstal, il le gagne bien entendu et pour les six derniers mois qu’il lui reste à faire il est exempt de travaux pénibles. Mais Smith peut-il se soumettre à un tel pacte envers des gens qui le prive de liberté et qu’il ne respecte pas ? Dans les autres nouvelles qui ont en commun de se dérouler à Nottingham, et dans l’entre -deux guerre vous pourrez constater que la gentillesse ne paie pas toujours n’est-ce tonton Ernest, qu’une défaite de Notts County peut avoir des conséquences dans la vie de couple. Je ne suis pas un fan de nouvelle mais ce livre est plaisant à lire. Un style direct, sans fioriture très réaliste et dans lequel on plonge vite dans l’histoire sans se noyer. Ensuite l’auteur nous dévoile une Angleterre où les sujets de sa très Gracieuse Majesté ont du mal à joindre les deux bouts. Des foyers où le rapport enfant-parent mais aussi femme-homme ne sont jamais simple du notamment au manque d’argent et d’espace. Cette misère ou plutôt cette difficulté à vivre correctement se retrouve dans toutes les nouvelles et l’on constate que chacun à ses méthodes pour survivre la rapine étant la plus répandue. Une Angleterre sans Lord et sans cottage… une Angleterre qui se rapproche de celle de Dickens ! Edouard Rodriguez

mercredi 28 janvier 2009

Essais sur le bouddhisme zen Tome II de Daizetz Teitaro Suzuki

Il faut d’abord lire le 1er livre pour s’imprégner de la pensée zen. D.T. Suzuki est celui qui a le plus permis à la pensée Zen de se propager dans le monde occidental. Dans ces 3 essais, son œuvre principale, il nous montre la voie du Zen comme le chemin de la liberté intérieure en maîtrisant les énergies de notre corps et nos pensées. Vivre pleinement l’instant présent. D.T. Satori a expliqué dans ses essais précédents que le but final de la discipline Zen est la réalisation de ce qu’on appelle Satori (?? en japonais). Dans cette 2ème série, au IX ème chapitre « L’exercice du kô-an », il examine la signification historique du kô-an (japonais) dans le Zen, son rôle dans la réalisation du satori, son aspect psychologique…le développement du système du kô-an et sa signification « Qu’est qu’un kô-an ?...Un kô-an est généralement quelque affirmation d’un ancien maître, ou quelque réponse donné par lui à un questionneur…1° Un moine demanda à Touang-chan : Qui est le Bouddha ?Le maître répondit Trois kin de lin. » Au X ème chapitre « le kô-an et le nemboutsou » Il évoque – le kô-an - Le nemboutsou « Penser au Bouddha » = Namu Amida Butsu = mantra invoquant la confiance en Bouddha Amida - le Chômyô « réciter ou prononcer ce nom » Au XI ème il nous confie « Le message secret de Bodhi-Dharma ou le contenu de l’expérience Zen. » Le XII ème contient « deux recueils de textes Zen :Le Pi-ien-tsi et le Ou-mên-kouan » Enfin le XIII ème avec « La passivité dans la vie bouddhique » : doctrine du karma (le principe du karma Ce qu’on sème on le récolte) ; la pratique du zazen ?? (méditation assise); la vacuité (vérité intuitive grâce à laquelle nous pouvons décrire l’existence comme relative et multiple) dans la vie Zen. Les kôans m’ont surprise. Ces paroles entre maître zen et disciple m’ont paru presque incompréhensibles, incohérentes, irrationnelles, paradoxales. Je pense qu’il faut rentrer dans la pensée zen pour percevoir la finesse, le message du kôhan. Hélas le chemin est encore loin pour moi pour trouver la voie mais l’important je crois est d’être sur le chemin ici et maintenant…Peut être vivre simplement, respirer, agir, dormir, penser en accord avec les autres et tout ce qui nous entoure.
Karine JASPARD

mardi 27 janvier 2009

Louisiana de Michel Peyramaure

François Picard, un violoniste parisien amateur, débarque en Louisiane, un beau jour de 1698. Dans cette nouvelle colonie française, tout reste à bâtir. Avec les moyens du bord il faut faire face à l’hostilité de la nature imprévisible, aux maladies, à la sauvagerie des indiens, à l’omniprésence des anglais qui ne cherchent qu’une chose, s’approprier les colonies françaises de l’Amérique… François Picard n’est qu’un personnage secondaire de cette histoire, un anonyme comme tant d’autres qui ont apporté leur petite participation au développement de cet état, mais il montre bien que toutes les bonnes volontés étaient indispensables au début, quelques soient les compétences. Parce que quand commence ce roman, La Nouvelle Orléans, première image qui nous vient à l’esprit quand on évoque la Louisiane, n’existait pas encore. Seuls quelques forts sur le golfe du Mexique avaient été construits, on ne s’était pas encore aventuré dans le delta du Mississipi…Autant dire que les colons ont fort à faire, loin des préoccupations du gouvernement français, avec des moyens dérisoires, et pourtant petit à petit, ils vont y arriver. Au cours de ce récit qui couvre les années 1698 à 1877, nous rencontrons bon nombre de personnages, certains plus connus que d’autres comme Manon Lescaut, le banquier Law, Georges Washington…, certains que nous aimons, d’autres moins, mais aucun qui ne nous laisse indifférent. A travers leur destin nous allons comprendre les difficultés des différents gouverneurs, des commerçants, des soldats et des hommes à surmonter l’adversité qu’elle soit naturelle, climatique, culturelle ou humaine. Nous partageons leur peine et leur joie, compatissons à leur sentiment d’abandon de la part de la France, à leur rancœur et à leur révolte. Grâce à ce livre, nous appréhendons mieux la sauvagerie des indiens, la révolte des esclaves, le découragement des français devant l’attitude perverse et hostile des anglais qui a fait tant de mal à cette région. Nous avons vraiment là une magnifique épopée qui nous est relatée de façon magistrale par l’auteur. La performance de celui-ci est quand même de taille : malgré la longueur du roman (pas loin de 1000 pages), à aucun moment, je n’ai eu la sensation d’ennui et de désintéressement, bien au contraire, j’avais même envie que le livre ne s’arrête pas tant je l’ai trouvé passionnant… C’est tellement bien écrit que les passages d’histoire indispensables à la bonne compréhension de ce roman se fondent dans le récit. Il faut dire que Michel Peyramaure n’en a pas abusé non plus, allant à l’essentiel. Vraiment un livre formidable que je recommande chaudement aux adeptes du dépaysement, de l’aventure et des histoires d’hommes et de femmes simplement et superbement racontées. Nicole Vougny

jeudi 22 janvier 2009

La lady scandaleuse de Lady Hamilton

Il s'agit d'un court ouvrage de 160 pages sur la vie romancée de Lady Hamilton, que tout le monde connaît pour avoir été le dernier amour de l'amiral Nelson. On ne sait pas le nom de l'auteur et il semble qu'il a pris beaucoup de liberté avec la vérité historique.Cet ouvrage évoque le moment où Emma Lyon, entretenue par Greville, passe de ses bras à ceux de Lord Hamilton, ambassadeur britannique à Naples. Le rédacteur du livre la décrit à Naples comme l'amie trop intime de la Reine Marie-Caroline, soeur de Marie-Antoinette. Là, Lady Hamilton subjugue son monde, avance les pions de la Perfide Albion, persécute les jacobins, qu'elle manipule avec rouerie. Elle rencontre l'amiral Nelson, au retour d'Egypte et le pousse à pendre à la plus haute vergue de son navire l'amiral Caracciolo qui avait des sympathies pour la République. Puis l'amiral Nelson et Lady Hamilton rentrent en Angleterre. Après la mort du héros anglais, la séductrice sombre dans la pauvreté et l'alcoolisme et meurt abandonnée de tous à Calais en 1815. Si le récit décrivait la vérité historique, il faudrait le lire absolument. Il reste les descriptions de l'époque. La collection s'intitule: »Les grandes pêcheresses, récits historiques ».J'ai dû me tromper quelque part. Les personnes qui lisent les romans Harlequin aimeront sûrement. Pour les autres, il reste les tableaux de George Romney qui, lui, a su transmettre la vraie beauté de Lady Hamilton; Goethe , qui a pu la rencontrer à Naples, a loué ses poses antiques; on comprend pourquoi l'amiral Nelson était pressé de vaincre et de la retrouver. Gwenael CONAN

mercredi 21 janvier 2009

Des souris et des hommes de John Steinbeck

Des souris et des hommes est un roman très court, avec peu d’action, mais il sait toucher le lecteur avec son écriture basée sur les dialogues et son histoire au dénouement tragique. George et Lennie sont deux amis qui travaillent comme débardeurs dans des ranchs californiens dans les années 1930 et qui rêvent de s’acheter un peu de terre et une maison à eux. Lennie est handicapé mental mais George prend soin de lui et veille à ce qu’il ne s’attire pas trop d’ennuis. Car Lennie a un physique de colosse malgré son âme d’enfant et ne fait pas toujours la différence entre le bien et le mal… Le style de l’auteur est direct et on rentre donc d’emblée dans la vie de ces deux hommes, auxquels on s’attache très vite. En outre, le commun des débardeurs, qui se déplaçaient de ranch en ranch pour proposer leurs services au moment des récoltes, notamment, est très bien dépeint, de même que la ségrégation qui avait cours même dans cette catégorie de la population. On sent toutefois de manière diffuse que la fin ne sera pas heureuse malgré l’envie que l’on a que tout se passe bien pour les deux amis. J’ai beaucoup aimé ce roman, qui se lit extrêmement vite, tout en détestant la façon dont il se termine. C’est assez étrange parce que l’auteur parle rarement des émotions ressenties par les personnages et se contente de décrire leurs actes, mais cela ne fait que rendre encore plus forts l’attachement et la compassion que l’on éprouve pour eux. Insensiblement, on passe du rôle de lecteur distant à celui de spectateur impuissant à dévier le cours de l’histoire, et j’ai trouvé cette prouesse extraordinaire. En bref, pour moi, un petit chef d’œuvre facile à lire, écrit avec des mots simples et directs, dans lequel il faut se laisser entraîner.
Anne ALBERT

mercredi 14 janvier 2009

Encyclopédie universelle Tome II : Biologie / Botanique / Zoologie / Anatomie de Carl Grimberg

Notions de biologie, botanique, zoologie, d’anatomie de 1963 certes mais qui restent d’actualité dans l’ensemble .Si l’on veut plus de précisions d’actualité on peut comparer avec les encyclopédies récentes ou sur le net. En BIOLOGIE on aborde la vie et ses formes, les fonctions vitales, la reproduction, l’hérédité, la polarité sexuelle. L’auteur nous transporte dans un voyage au cœur de la vie où nous plongeons sans relever la tête. En BOTANIQUE nous voyons un aspect du règne végétal et sa classification puis nous abordons la morphologie végétale et la physiologie végétale. Les croquis, les photos aident à comprendre les explications très denses. En ZOOLOGIE, après le tableau de la classification des animaux l'auteur nous parle des différents animaux des protozoaires aux vertébrés…Il étudie ensuite les cellules, les tissus, la reproduction, le développement organique. Il complète par l’étude des fonctions vitales, la psychologie animale et l’étude des origines avec la théorie de l’évolution. La zoologie est la partie la plus importante du livre. En ANATOMIE, l’auteur nous présente la naissance d’un jeune organisme humain puis le corps humain (cellules, tissus ; circulation et respiration ; nutrition et métabolisme; glandes endocrines et reproduction).De ligne en ligne notre corps nous livre ses secrets. La lecture ne nous ennuie pas, ne nous rebute pas au contraire ; les explications concises, précises sur un ton intéressant donne envie d’apprendre, d’approfondir. Le plan du livre, son vocabulaire le rend accessible à toute personne désirant se cultiver. C'est idéal pour compléter sa culture, pour découvrir ou redécouvrir des notions dans beaucoup de domaines ; 762 pages d’éveil à la science, à la connaissance des êtres vivants… Ce que j’ai aimé : - le format de poche qui permet de l’emmener avec soi pour lire pendant le trajet pour le travail, dans une salle d’attente, ou simplement sur la table de nuit. - les explications concises avec des idées essentielles sans ajouts d’idées inutiles - la possibilité d’avoir en 8 livres de poche un condensé du savoir important à découvrir. - L’outil que l’on peut conseiller à des ados ou adultes qui veulent trouver une réponse rapide, claire et concise à leurs questions. Carinne Jaspard

mardi 13 janvier 2009

Les thermes de Manuel Vàzquez Montalbàn

Treizième volume des aventures de Pepe Carvalho, détective privé et fin gourmet qui cette fois se trouve enfermé pendant trois semaines dans un centre végétarien, dirigé par deux frères allemands, afin de perdre du poids et du mauvais cholestérol. Il s’agit réellement d’une idée originale de la part de Vázquez Montalbán, puisque normalement il nous fait frétiller les papilles avec les recettes que généreusement Carvalho nous fait partager.
L’auteur est le narrateur du roman qui nous fait une description très pointilleuse des personnages. Entre autres, on trouve un militaire à la retraite, un PDG, un industriel basque, un héritier gaditan, un ex fonctionnaire franquiste, un écrivain communiste… Les personnages représentent la bourgeoisie du continent tout entier, les anciens européens qui se frottent aux nouveaux européens, les espagnols de 1986, date à laquelle le livre est sorti. Dans ce scénario vont s’enchaîner les assassinats qui vont fermer les portes des thermes en faisant de ce roman un huis clos dans lequel les vraies natures de ces personnages si bien élevés ne vont pas tarder à se faire sentir. Comme toujours, et ce roman n’est pas une exception, l’écriture de Vázquez Montalbán est très politisée. Il met dans la bouche des personnages des critiques concernant les différents partis politiques de droite ou de gauche, ou bien des critiques concernant les « nouvelles » communautés autonomiques espagnoles avec leurs caractéristiques comportementales ou même des critiques relatives au séparatisme belge. Nous trouvons dans ce roman une prédilection pour la narration ; les descriptions sont longues, parfois elles prennent une page entière, pas toujours faciles à suivre si on ne revient pas en arrière. D’ailleurs le dialogue est relégué au deuxième rang. En fait le narrateur nous raconte ce que pensent ou disent les personnages tout en nous donnant un avis sur eux. Il s’agit d’un roman assez « noir » mais qui ne manque pas d’humeur acide et sarcastique, allant jusqu’au patronyme du policier qui s’occupe de l’enquête : Serrano, nom du jambon de montagne dont raffolent les résidents des thermes. Malheureusement, contrairement à mon goût, l’enquête est reléguée au second plan tandis que la politique et les soliloques sur le séparatisme ou sur le syndicalisme passent au premier plan. Je conseille ce roman aux personnes qui veulent connaître un peu plus sur l’Espagne postfranquiste et non à celles qui cherchent un bon roman policier. Marie LEVEZIEL

vendredi 9 janvier 2009

Mensonges sur le divan de Irving D. Yalom

Ernest Lash, psychanalyste reconnu, est désabusé : un de ses patients, Justin, a enfin trouvé le courage de quitter sa femme - non pas grâce à ses années de travail thérapeutique, mais sur l'insistance de sa nouvelle maitresse ! Agacé et surtout troublé, Ernest s'interroge : la psychanalyse classique est-elle vraiment efficace ? N'obtiendrait-il pas de meilleurs résultats en étant plus proche des patients et en se livrant à eux, à l'encontre de toute sa formation ? Il décide de tenter l'expérience avec une nouvelle patiente. Mais cette dernière, Carol, n'est autre que l'ex-femme de Justin, bien décidée à se venger car persuadée que c'est à cause de son thérapeute que son mari l'a quittée... Déstabilisé par la relation qui s'instaure avec sa "fausse" patiente, Ernest se tourne vers son superviseur, Marshall Streider. Mais ce grand ponte, gardien du dogme, ne veut pas entendre parler de ces méthodes peu conventionnelles. D'autant plus que dévoré par l'ambition, il a d'autres préoccupations, relatives à sa carrière... Ce roman nous plonge dans l'univers fascinant de la psychanalyse. Pas de long exposé ennuyeux, mais un roman foisonnant qui traite des querelles entre différents courants, de la relation patient-soignant, d'éthique, des rivalités entre spécialistes, de la supervision, et surtout des psys eux-mêmes, en tant qu'hommes psychologiquement fragiles, loin d'avoir les réponses pour eux-mêmes ! Riche en dialogues et en introspections, c'est un livre vivant, captivant de bout en bout, qui présente l'envers du décor, et nous fait partager les doutes et les faiblesses des psys en nous permettant en quelque sorte de rentrer dans leur tête. C'est également un formidable roman à suspense, qui tient par moment du roman policier, et un chassé-croisé irrésistible, bourré d'humour. La multiplication des intrigues et des points de vue fait qu'on ne s'ennuie jamais dans ce roman dense, très bien écrit, dans un style accessible mais où l'on sent que chaque mot a été pesé. J'ai vraiment adoré ce livre, remarquablement bien construit, très drôle et extrêmement intelligent. A la fois comédie, roman à suspense, portrait au vitriol de la psychanalyse, j'ai trouvé ce récit vraiment prenant, avec ses personnages parfois un peu caricaturaux mais attachants, car tous vulnérables. L'auteur, lui-même psychiatre, connaît parfaitement son sujet et j'ai trouvé son regard certes féroce, mais percutant et stimulant. Mais quel que soit son rapport à la psychanalyse, le lecteur trouvera là un livre fantastique. Quant à moi, je compte bien me jeter sur les autres romans de cet auteur ! Fanny LOMBARD

jeudi 8 janvier 2009

Comme neige au soleil de William Boyd

La toile de fond du roman est la Première Guerre Mondiale vécue au Kénya, en Tanzanie et en Rhodésie. Les Britanniques s'y opposent aux Allemands. Les cinq personnages principaux sont deux jeunes Anglais, l'un officier de carrière: Gabriel, l'autre jeune étudiant à Oxford : Francis ; un colon américain: Temple qui possède une exploitation de sisal, entre autres, au pied du Kilimandjaro; un colon allemand: Von Bishop qui possède également des terres mais en Afrique Orientale Allemande et sa femme qui semble se flétrir en Afrique. La guerre perturbera leurs destins. Le personnage principal serait plutôt la guerre qui détruit les carrières, les mariages, les familles, les exploitations agricoles, les santés et les vies. La guerre est un accélérateur de l'Histoire qui modifiera la carte géopolitique de l'Afrique orientale. Dans ce récit il n'y a aucun acte d'héroïsme, l'on y voit que mesquinerie, bas instincts et comportements prosaïques. L'auteur a trempé sa plume dans le vitriol et peint un tableau réaliste au possible. Il est visiblement très bien documenté et nous permet de feuilleter les pages de son roman comme on le ferait d'un album contenant des photos couleur sépia. Il n'y a aucun orgueil national chez l'auteur, aucune nostalgie de l'Empire, aucun esprit cocardier, la guerre commence très mal pour les Anglais et il n'hésite pas à décrire cruellement des scènes de couardise, à la fin les Britanniques remportent la victoire grâce au nombre de soldats , aux moyens mis en action et à leur détermination. Comme un peintre, le romancier dépeint les horreurs de la guerre (Goya), jette une violente lumière latérale crue (Le Caravage), analyse la réalité sans faire de concessions (Rembrandt). On est très loin du romantisme panthéiste de Goethe, « Les souffrances du jeune Werther » qui est le livre offert par Madame Von Bishop, infirmière le temps du conflit, à son patient Anglais, Gabriel; et de la nostalgie à la Karen Von Blixen ( Out of Africa). L'on se rapproche bien mieux du récit de Burton et Speke ; « A la recherche des sources du Nil ». Il y a du scientifique et du descriptif naturaliste. William BOYD a écrit un roman génial et rassurez-vous, il y a suffisamment d'humour pour faire passer les réalités sordides. Il n'y a pas de quoi sombrer dans la neurasthénie ou se tirer une balle. C'est fort et sombre comme du thé noir kényan, coloré comme un mug anglais et fumé à la tourbe comme du whisky écossais. Gwenael CONAN

mardi 6 janvier 2009

Les catilinaires de Cicéron

« Jusques à quand donc, Catilina, abuserez-vous de notre patience? ». C'est ainsi que s'exprimait Cicéron, consul de Rome, devant les sénateurs, » les pères conscrits », en 63 av.J.C. Toute sa fougue et son éloquence ont servi à éloigner de Rome un dangereux comploteur qui voulait renverser la République à son profit et à celui de ses sicaires. En quatre longs discours , Cicéron alerte les sénateurs puis le peuple de Rome et enfin justifie sa conduite. Le discours pour Marcellus, quant à lui, est le prétexte pour encenser César et le remercier d' avoir mis un terme à son exil et l'avoir rétabli aux premiers rangs de l'Etat. Le discours pour Milon est un plaidoyer qui présente Milon, accusé d'avoir tué Clodius, comme une victime qui a agi en état de légitime défense. Si Milon a tué, il a le droit moral pour lui, il n'est donc pas un assassin. L'Histoire nous apprend que Milon était un ami personnel de Cicéron qui a milité pour son retour d'exil, Clodius était un ennemi mortel qui l'a exilé après la victoire de Cicéron sur Catalina. Cicéron cherche à prouver, plaire et émouvoir. Il se sert de l'Histoire, de la philosophie et de la jurisprudence pour trouver des arguments d'autorité et susciter l'adhésion. Ses textes qui sont des plaidoyers et des harangues politiques semblent longs lorsqu'il se réfère aux dieux de Rome, à ses illustres ancêtres, l'on a du mal à le croire lorsqu'il noircit l'image de ses ennemis à outrance pour les mettre en opposition à toutes les vertus romaines, comme si lui et ses fidèles les incarnaient toutes. Mais au-delà de l'art oratoire, ce qui impose le respect c'est son courage. Toute sa fougue tempérée par la décence lui a valu des ennemis mortels. A chaque fois qu'il parlait il jouait sa tête ou des châtiments sévères. Ses adversaires n'attendaient que sa mort et son talent a protégé les faibles contre les forts. Sa seule faiblesse était de ne pas avoir la puissance militaire à ses côtés. Jusqu'au bout il aura nargué ses ennemis qui lui ont tranché la tête et les mains, sur ordre de Marc- Antoine en 43 av.J.-C. Cet orateur ne savait pas que parler, sa mort en témoigne et donne encore plus de valeur à ses écrits. Il est nécessaire d'étudier le contexte historique d'alors pour appréhender les tenants et les aboutissants de ces textes. Ce livret aurait mérité une biographie de l'auteur, même succincte. Les amateurs d'imparfait du subjonctif et de conditionnel passé deuxième forme seront ravis. Gwenael CONAN

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