lundi 29 novembre 2010

Chemins de fer de Benoît Duteurtre

« C’était mieux avant », doux leitmotiv, cher à l’auteur, donne le ton de ce court roman.
Florence mène une vie trépidante dans l’événementiel à Paris et se ressource chaque week-end dans les Vosges en coupant du bois pour l’hiver et en observant, à travers sa fenêtre, le temps qui passe.
Pour lier ces deux lieux de vie, elle utilise le chemin de fer qui n’offre plus guère le service public d’origine et affiche ainsi une vraie nostalgie pour les trains d’antan. Parallèlement, elle met en avant également les absurdités de modernisation de la SNCF qui finit par oublier le passager et ne résonne plus qu’en gain de temps, de compétitivité et d’argent.
Et puis un jour, voilà que son univers de repos et de sérénité se trouve compromis par l’installation d’un lampadaire puis d’un ensemble de poubelles de tri sélectif et la construction prochaine d’un rond-point et d’un itinéraire bis près de sa maison des Vosges.
Le modernisme vient brutalement déstabiliser une routine bienfaisante et mettre à jour ses contradictions. Ce qui lui est nécessaire à Paris ne peut s’implanter à la campagne. S’échangent alors de vives conversations avec les habitants du village qui eux, voient en ces changements, un nouveau confort de vie, un progrès, essentiels à la survie de leur région.
C’est l’occasion pour l’auteur, malgré quelques lieux communs, de dresser une critique sociale de la société moderne, légèrement caustique, un brin nostalgique et plutôt amusante. Même si la fin semble un peu précipitée, l’ensemble reste agréable à lire, bien écrit.  Un bon moment de lecture, plutôt léger qui suscite néanmoins une réflexion sur la vie qu’on mène et l’intérêt du progrès à tout prix.


Cécile PELLERIN

samedi 27 novembre 2010

De bons présages de Terry Pratchett et Neil Gaiman

De bons présages est un roman de fantasy écrit par deux grands romanciers de ce genre, Terry Pratchett et Neil Gaiman. Il s'agit de l'histoire d'un ange Aziraphale et d'un démon Rampa qui, après  avoir vécu plusieurs siècles sur terre, sont chargés de veiller sur l'Antéchrist afin de pouvoir, le jour venu, déclencher l'apocalypse. Mais lorsque ce jour arrive et que les quatre Cavaliers de l'Apocalypse -Guerre, Famine, Pollution (Pestilence ayant pris sa retraite en 1936 après la découverte de la pénicilline) et la Mort viennent, nos deux acolytes ne sont pas très désireux de voir le monde arriver à sa fin, ayant appris à apprécier la vie sur terre. Ils vont donc se lancer à la recherche de l'Antéchrist pour empêcher que cela ne se produise.
C'est un roman assez particulier, les deux auteurs ont un humour bien à eux qu'il faut réussir à suivre pour pleinement apprécier le roman. Malheureusement ils m'ont parfois égarée comme  au moment de la naissance de l'Antéchrist : à force de donner diverses interprétations d'une même situation, je n'ai rien compris sinon qu'il y avait quelque chose à comprendre qui m'avait échappé, ce qui m'a été confirmé un peu plus loin quand il y a été  fait référence. Les personnages sont burlesques et attachants. Il faut néanmoins noter que l'abondance de personnages, même attachants, tend à ralentir la lecture et crée des longueurs dont l'histoire aurait surement pu se passer à mon sens. J'ai beaucoup apprécié les notes de bas de pages qui décrivent de façon mordante certains travers de nos sociétés modernes, même si du coup ca nous coupe dans notre élan. C'est au final une lecture en demi teinte, ni bonne ni mauvaise, peut être due au mélange de deux bons styles d'écrivains qui donne un genre hybride un peu bancal qui tombe souvent dans la démesure.

Elisabeth DOUDAN

jeudi 25 novembre 2010

Les anecdotes de l'Histoire de France de Pierre Ripert

Nous connaissons l'Histoire de France au travers de dates et de faits marquants, ainsi qu'elle nous a été enseignée. Mais au-delà des sacres, batailles et traités, il y a toutes ces petites histoires qui ont fait la grande et qui, toutes anecdotiques qu'elles soient, en font partie intégrante. Des oies du capitole au décès du président Faure, en passant par Frénégonde, la Tour de Nesle, les favorites, Jeanne Hachette, la Galigaï, l'affaire des poisons ou celle du Collier, le sac de Saint-Denis ou encore les bons mots de Napoléon, ce sont ici plus de deux siècles d'Histoire de France qui sont illustrés par des récits insolites et souvent amusants, qui permettent d'appréhender différemment notre passé.
Divisé en 9 chapitres reprenant les grandes époques de l'Histoire de France suivant les dynasties ou régimes qui se sont succédés, ce livre retrace à chaque fois en introduction l'essentiel à retenir sur la période en question, en résumant les évènements marquants de façon détaillée mais dans un style clair et agréable, sans exposé pontifiant ou litanie de dates. Viennent ensuite de courts articles, allant de quelques lignes à une ou deux pages, relatant les anecdotes à proprement parler. Ce sont de véritables récits, des histoires courtes, des citations, ou de petites biographies des principaux acteurs. Tous ont en commun un ton vivant, souvent drôle, toujours érudit, et abordent quantité de sujets, offrant un regard neuf et dépoussiérant l'Histoire.
Je suis généralement friande de ce genre d'ouvrages -sans doute mon côté cancanier ! Evidemment, ce livre ne pouvait que me plaire : ces anecdotes insolites, que l'auteur a pris soin de replacer dans leur contexte en rappelant les grandes lignes de la période concernée, m'ont ravie. Sans compter que l'introduction de chaque chapitre est une révision souvent bienvenue... Si certaines des histoires rapportées sont connues (Ah, le vase de Soissons !), j'en ai découvert bien d'autres, toutes passionnantes et étonnantes. Si j'ai été particulièrement intéressée par le texte concernant le Masque de Fer (Alors ? Frère de Louis XIV ou non ?!), c'est l'ensemble du livre qui m'a enchantée. Une formidable façon de redécouvrir l'Histoire, par le biais d'anecdotes savoureuses, et de l'assimiler sans s'en apercevoir. 

Fanny LOMBARD

mardi 23 novembre 2010

Epouse-moi de John Updike

Dans les années 60, deux couples les Connant et les Mathias se fréquentent depuis plusieurs années. Voilà que pour sortir du train -train de leur vie conjugale, Jerry Connant et Sally Mathias s’éprennent l’un de l’autre durant cet été et envisagent très sérieusement le divorce.
En parallèle Richard Mathias et Ruth Connant ont également une liaison nettement moins passionnée et plutôt brève.
Un beau jour Ruth prend conscience de la liaison de son mari mais n’en fait pas part à Richard. Ce dernier sera au courant quand sa femme Sally lui avouera.
Jerry sera-t-il alors capable d’assumer son envie de vivre avec Sally et de laisser Ruth se débrouiller seule avec les enfants ?
J’ai trouvé ce livre un peu fade voire banal. Il nous reflète d’une manière réaliste l’Amérique des années soixante. Des hommes dynamiques qui assurent les revenus du couple et des femmes aux foyers qui s’investissent également dans des œuvres caritatives ou autres.
Les paysages, les villes et leurs ambiances y sont fort bien décrites mais trop peu nombreuses à mon goût. 
Ce qui est intéressant  dans cette histoire d’adultère est le fait que Updike met l’homme face à ses responsabilités et que celui-ci est trop souvent incapable d’assumer, sans l’avis de la femme qu’il veut quitter.
Par ailleurs nos quatre personnages ont des caractères bien trempés. Richard, un homme dur en affaire et dans la vie conjugale, Jerry ne sait jamais prendre une décision tout seul, Sally très spéciale en amour mais aussi dans l’éducation des enfants et pour finir Ruth combattante et douce.
En conclusion un livre pas très enthousiasmant.

Edouard RODRIGUEZ

dimanche 21 novembre 2010

La compagnie de Robert Littell

Berlin début janvier 1950. Nous sommes en pleine guerre froide entre l’union soviétique et les Etats unis. Harvey Torriti dit « le sorcier » et Jack McAuliffe ont préparé dans ses moindres détails le passage à l’ouest d’un membre du KGB. Malheureusement cette exfiltration échoue, les Russes ayant été manifestement prévenus. Il semblerait donc que quelqu’un de l’ouest, gravitant autour des responsables de la CIA,  fournisse des informations à l’est…Commence alors une traque à la taupe qui va réussir, mais dont le dénouement n’empêchera pas d’autres opérations de manquer…Les usses auraient-ils réussi à mettre encore un des leurs à la direction de la CIA ?
Il n’était pas facile de faire découvrir les rouages d’une grande administration  du renseignement tout en tenant en haleine les lecteurs! Et bien c’est mission accomplie pour Robert Littell car nous sommes littéralement happés par ce roman passionnant et fascinant allant du début de la guerre froide jusqu’aux années 1990. L’écriture est belle, prenante, rythmée et pleine de suspense. Les différents personnages, réels ou fictifs, que nous suivons tout au long de ces années nous aident à comprendre bien des événements qui se sont passés mais aussi la difficulté du métier de ces hommes de l’ombre. Le risque est omniprésent, ils vivent avec la méfiance, et en cas d’erreur la mort ou la torture au bout du chemin. Sur le terrain, ils sont livrés à eux mêmes, mais doivent tenir compte des politiques, des instructions et ordres de la direction. Et le pire c’est que quelquefois les renseignements obtenus au péril de leur vie ne sont même pas transmis en haut lieu parce qu’ils ne vont pas dans le sens escompté ! Effrayant quand on y pense mais expliquant bien des choses rétrospectivement…
Il est aussi très intéressant de voir le parallèle entre deux mondes différents dont les méthodes de recrutement, de tactiques, de pressions ne sont pas si éloignées que cela. Mais l’auteur n’a pas encensé la CIA, il nous a aussi montré ses faiblesses, ses limites et les conséquences que cela a pu avoir sur le monde, tout comme il l’a fait pour le KGB. Il a aussi réussi à nous faire comprendre les motivations de ces agents doubles, tout étant histoire de convictions le plus souvent et parfois d’argent. Il y a encore beaucoup d’autres enseignements à tirer de cette lecture. Pour moi ce livre est vraiment une référence non seulement en matière de romans d’espionnage mais aussi pour notre culture personnelle. Et sincèrement on ne voit pas passer les 1200 pages…

Nicole VOUGNY

vendredi 19 novembre 2010

Mon oncle Oswald de Roald Dahl

Oswald Hendrvks Cornelius est un homme immensément riche. Dès l’âge de 17 ans, en 1912, précoce et d’un naturel bon vivant, il comprend rapidement comment tirer partie d’un insecte très rare appelé « méloé soudanais ». Sous forme de poudre, c’est un aphrodisiaque tellement puissant qu’une dose infinitésimale suffit à réveiller des appétits sexuels féroces chez n’importe qui. Au bout d’un an, il a amassé ses premières 100 000 livres en en faisant le commerce. Quelques années plus tard, il crée  une  banque de sperme d’hommes remarquables.  Avec la complicité de son amie Yasmin au charme lubrique irrépressible, et de sa fameuse poudre de méloé, Oswald se jette dans la quête, ou plutôt l’extorsion,  des précieuses semences…
Rédigé à la première personne du singulier, ce récit est présenté comme étant un extrait du journal intime d’Oswald, rédigé plusieurs années après les faits. Les propos qu’il tient sont indéniablement crus et sans tabous. L’humour omniprésent fait de ce livre un petit bijou de drôlerie. Les situations plus cocasses et extravagantes les unes que les autres s’enchaînent à un rythme effréné. Le lecteur est donc tenu en haleine du début jusqu’à la fin. L’auteur, avec son imagination débordante, fait intervenir dans son histoire des rois et génies (Proust, Einstein, Renoir…) contemporains d’Oswald, et cela la rend d’autan plus croustillante.
J’ai trouvé remarquable la façon qu’a l’auteur d’allier ainsi sexe, humour, délire et suspense pour former un tout complètement cohérent. Avec sa vivacité et son humour, ce livre est le meilleur antidépresseur que l’on puisse trouver ! Je n’ai qu’une envie, c’est de découvrir les autres épisodes des folles aventures de l’oncle Oswald, publiées également.

Sophie HERAULT

mercredi 17 novembre 2010

Le coin des ânes de Michael Pearce

En 1908 au Caire en Egypte, Gareth Owen le « mamour zapt », ou responsable des services secrets de la ville, est appelé pour résoudre une bien mystérieuse affaire. Un Français a disparu alors qu’il était tranquillement installé à la terrasse du Shepheard’s. Comme il ne pouvait se déplacer qu’avec de grandes difficultés,  la thèse de l’enlèvement semble ne faire aucun doute. Pourtant, les étrangers ne sont pas habituellement une cible privilégiée. Et bien que les faits se soient déroulés à la vue des marchands ambulants, cochers et  âniers présents en permanence devant l’hôtel, ceux-ci assurent ne rien avoir remarqué. L’enquête s’annonce difficile à mener, avec  notamment les témoignages plus ou moins crédibles des personnes interrogées. C’est alors que survient peu de temps après, dans des conditions à peu près similaires, l’enlèvement d’un Britannique…
Avant de venir s’installer en Angleterre, l’auteur est né et a grandi en Egypte.  Il a truffé l’histoire d’informations sur ce pays qu’il connait bien. L’enquête n’est en fait qu’un prétexte pour faire découvrir aux lecteurs une société à l’époque de la tutelle Britannique et sa culture. Il y a bien sûr quelques rebondissements, mais ce n’est pas cela qui fait tout le sel de l’histoire. D’ailleurs, les investigations sont menées avec une certaine nonchalance. Et ce sont les rapports humains entre l’enquêteur gallois et la population locale ou étrangère qui retiennent l’attention, plutôt que la progression de l’enquête.  Le lecteur peut être au début un peu déstabilisé par les termes à consonance arabe (fonction des personnages, nom de lieux…), mais cela contribue à plonger dans l’ambiance et il serait dommage, et difficile !, de s’en passer. L’ensemble est allégé par une pointe d’humour.
J’ai apprécié ce livre, complètement différent  des romans policiers habituels. Ici c’est le contexte qui prime sur la résolution de l’énigme. J’ai retrouvé certains aspects culturels rencontrés avec étonnement lors de mon expatriation de 2 ans en Tunisie : ce n’est pas la même époque ni le même pays, mais je retrouve avec amusement des traits qui m’avaient marquée.

Sophie HERAULT

lundi 15 novembre 2010

Les Révoltés de la « Bounty » / Un drame au Mexique de Jules Verne

Les révoltés de La Bounty

Cette nouvelle de Jules Verne nous transporte dans les eaux du pacifique. En 1787, William Bligh et son équipage de 46 membres  voguent en direction de Tahiti avec pour objectif de rapporter des plants d’arbres à pain Tahitien vers les Antilles.

Ce navire de la Marine Royale Britannique est dirigé par un capitaine ambitieux, autoritaire, brutal et cruel. Ce comportement poussera son équipage à se rebeller. Une mutinerie éclate à bord du navire, menée par le second, Christian Fletcher ne supportant plus cette cruauté.
Jules Verne nous raconte cette révolte, s’inspirant d’une mutinerie légendaire, comment les victimes, abandonnées en mer s’en sont sortis et ce que sont devenus les mutins établis à Pitcairn. La vie paisible des mutins sur l’île de Tahiti, et le procès sont également abordés dans cette nouvelle ce qui permet de se faire une idée des formes de procès et de justice de cette époque.
Ce roman a été adapté au cinéma sous le titre « Les révoltés du Bounty » a été récompensé par l’oscar du meilleur film en 1935.

Un drame au Mexique

Cette seconde nouvelle se passe toujours sur les eaux. En effet, elle nous conte la révolte des équipages de deux navires espagnols. Les insurgés souhaitent revendre les navires à une confédération Mexicaine afin d’obtenir leur salaire. Les meneurs de cette opération  seront punis évidemment. Cette nouvelle a été écrite au début de la carrière de l’auteur. Dans son langage plutôt soutenu, Jules Verne nous permet de traverser le Mexique à travers la cordillère des Andes. Avec les descriptions précises que Jules Verne sait nous retranscrire, on s’y croirait, en tout cas il sait nous donner envie de visiter de Pays qui l’air magnifique !

Ce recueil de deux nouvelles se lisant en une soirée, permet de ressourcer en  naviguant au fil des pages dans l’archipel Polynésien, dans les eaux Antillaises et avoir le luxe de visiter le Mexique par procuration. Outre ce voyage, on peut se mettre à la pace de chacun afin de comprendre leurs motivations. Le management de l’époque obligeait-il la dureté, les punitions, les humiliations ? L’équipage se rebelle, comment en est-on arrivé là ? La justice essaiera-t-elle de comprendre au moment de juger ?

Sabrina LE BOUCHER

samedi 13 novembre 2010

La petite maison dans la prairie Tome III : Sur les rives du lac de Laura Ingalls Wilder

Un nouveau déménagement en vue pour la famille Ingalls ; les mois ont passé pas toujours très heureux. Marie a perdu la vue après avoir attrapé la scarlatine. La famille est dans un grand dénuement financier et Charles ne rêve que d'un nouveau départ vers l'Ouest. Aussi il accepte rapidement lorsqu'on lui propose un poste sur la construction du chemin de fer, un poste bien payé. Le départ effectué, les Ingalls s'installent donc le long de la construction de la voie ferrée. Une fois le travail fini, ils décident de rester sur place et coup de chance, ils trouvent un gardiennage pour l'hiver qui leur permet encore de gagner de l'argent, en hébergeant les nouveaux arrivants qui eux aussi veulent tenter leur chance sur ces terres concédées par le gouvernement. Une nouvelle maison donc une fois de plus.
Pour Laura les choses ne sont pas toujours gaies non plus; en raison de la cécité de sa soeur, elle est devenue ses yeux mais aussi le réceptacle des ambitions de ses parents qui souhaitaient que Marie devienne institutrice. Cet espoir déçu c'est donc à Laura de reprendre le flambeau malgré son manque d'enthousiasme. Mais malgré son caractère un peu rebelle, elle se pliera aux volontés de ses parents en essayant de mettre sa déception de côté et d'aider sa famille autant qu'elle le peut.

Un troisième tome dans la continuité; il me paraît difficle d'épiloguer longuement dans la mesure où Laura nous livre ses souvenirs comme dans les deux premiers tomes; les choses ne changent guère sur le fond; certes il y a du changement avec le déménagement, le chemin de fer, la construction d'une nouvelle ville et enfin l'acquisition d'une nouvelle terre mais pour le reste, rien ne change. Les filles doivent toujours être très très bien élevées, dociles, aimables etc....les mêmes valeurs sont toujours présentes, les mêmes bons sentiments. On pourrait se dire à la longue que cela est un peu énervant. Et c'est vrai que ça l'est! On se demande comment aucune d'elle ne proteste jamais ou si rarement. Mais j'aime quand même me replonger dans les aventures de la famille. Le style ne change pas, les souvenirs sont sans doute toujours épurés mais cela reste tout de même une bonne description du mode de vie de ce temps là avec en plus un regard sur l'émergence d'une nouvelle ville qui sort de terre rapidement avec une nouvelle ruée vers l'Ouest et l'espoir des nouveaux arrivants de trouver, de créer une vie meilleure.
Le style de l'auteur reste toujours très narratif avec une alternance des discours entre la famille Ingallsqui émaillent le récit et il en est de même pour tous les tomes de la série.
La bonne nouvelle pour moi c'est que le prochain tome était mon préféré lorsque j'étais enfant!

Cécile MAURELLET

jeudi 11 novembre 2010

Les Buddenbrook de Thomas Mann

L’histoire d’une famille bourgeoise allemande au 19ème siècle avec leurs succès, leurs fortunes et leurs bonheurs mais aussi les décès, les défaites, les désillusions de la vie de quatre générations d’une même famille. Le début du roman concerne le grand père qui vient de s’installer dans une grande maison avec sa famille puis le père à qui tout réussit. Ensuite Tony, la première fille qui va connaître pas mal de déboires mais dont le succès et la réputation de sa famille est le plus important ; Tom son frère qui devient de plus en plus aigri au cours de sa vie alors qu’il a tout pour lui (famille, travail, vie politique) et enfin Hanno qui n’a plus grand-chose en commun avec son père et les anciens Buddenbrook, plus intéressé par les rêves, la musique que par le commerce et l’entreprise familiale.

Beaucoup de pages (quasiment 640 pages pour le livre de poche) et écrit en petit mais la lecture est très facile car le roman est divisé en parties et en chapitres (plus ou moins longs). Il y a beaucoup de descriptions des personnages et des lieux assez détaillés mais en même temps juste ce qu’il faut, on ne décroche pas (comme on pourrait le faire chez Balzac ou Flaubert). Le style de Thomas Mann est limpide, facile à lire, il n’emploie pas de mots compliqués ni de grandes phrases. Par contre, il y a certains personnages dont on ne voit pas trop l’intérêt (Clara ou Clothilde) car ils ne font que des apparitions tout au long du roman mais ce sont des personnes de la famille Buddenbrook et donc on pouvait s’attendre a avoir plus de détails sur eux et leurs vies. Certains événements font la même impression car sur le coup ils ont l’air importants mais à aucun moment par la suite ils n’ont de conséquences.

Ce roman est plutôt passionnant, il est dans la lignée des sagas familiales comme celles de Zola par exemple. On est triste pour eux quand ils leur arrivent des malheurs car malgré leurs fortunes, leurs renommées dans leur ville ce ne sont pas de « méchantes » personnes, ils ont tous un bon fond. On se rend compte de la décadence de cette famille au fur et a mesure du livre qu’ils s’agissent de leur vie professionnelle, de leur vie privée et même de leur santé mentale (par exemple Christian où de son enfance à la fin de l’histoire, on voit a quel point son état empire). Ce que j’ai aimé c’est que tout au long du roman, le personnage central change : Tony puis Tom puis Hanno. Ce qui nous permet de voir les différents points de vue des membres de la famille et puis ces changements ne se font pas brutalement, c’est progressif donc on ne s’en rend pas compte tout de suite. La seule chose compliquée dans ce livre ce sont les noms de famille : en allemand forcément alors quelquefois il faut réfléchir quelques secondes pour resituer la personne.

Aurélie MARCHAND

mardi 9 novembre 2010

Castro l'infidèle de Serge Raffy

Fidel Castro : un nom qui appartient désormais à l'histoire. Mais comment l'enfant de Biran, fils illégitime d'un riche propriétaire proche du dictateur Batista et des intérêts américains, est-il parvenu à conquérir, puis conserver le pouvoir à Cuba pendant plus de de 50 ans ? Quel fut son parcours ? Qui est-il vraiment ? De son enfance à Santiago à son éloignement du pouvoir exécutif en 2006, en passant par son apprentissage de la politique, la guérilla, la mise en place du régime, le rapprochement avec les soviétiques, la crise des Missiles, ses liens avec le Che, les procès politiques, sa vie amoureuse ou encore l'affaire du petit Elian Gonzales, ce livre retrace la vie d'une des figures majeures de l'Histoire, aussi controversée que fascinante.

Si ce livre est présenté comme une biographie, il a du roman le souffle stylistique et le sens de la narration. Les formules et tournures font mouche, l'écriture est simple mais parvient à exposer clairement des situations politiques pourtant complexes. On y trouve des portraits et des anecdotes saisissants, et l'on y croise aussi bien le Che que Camilo Cienfuegos, Gabriel Garcia Marquez, Regis Debray, JFK, PPDA, Kroutchev, Allende, Nixon, Gorbatchev... et bien d'autres ! Mais pour aussi passionant soit-il, ce livre est avant tout un portrait à charge de Fidel Castro, qu'il dépeint sans ambage comme un psychopathe paranoïaque et manipulateur. Ce ne serait pas gênant si l'ensemble était solidement étayé : or, nonobstant la virulence du propos, les faits argués par l'auteur sont souvent faibles, voire à contresens des documents cités. Ce manque de rigueur nuit incontestablement à la crédibilité de l'ensemble.

Si j'ai beaucoup aimé ce livre, je l'ai davantage abordé comme un roman que comme une biographie. Certes, le récit est intéressant, mais j'ai été gênée par l'absence de références et par le parti pris évident de l'auteur... C'est bien dommage, car l'ouvrage tient davantage de la diatribe que de la biographie neutre, et les révélations édifiantes y perdent de leur poids, tel ce chapitre, passionnant, sur l'assassinat de Kennedy. Au final, mon impression est résumée par un proverbe italien : se non è vero, è bene trovato ! Un ouvrage à lire, à mon humble avis, en prenant soin de garder un esprit critique - et avec une boîte de calmants pour les pro-Castro ! Une petite déception du point de vue journalistique, mais cependant une réussite sur le plan littéraire. 

Fanny LOMBARD

dimanche 7 novembre 2010

Cocaïne et tralala de Kerry Greenwood

Une incursion dans les années folles : Melbourne, aux côtés d'une garçonne, très riche et très séduisante, qui mène une enquête sur une jeune femme au comportement étrange.
Ces recherches nous conduisent au sein de la bonne société australienne, de réception, en salon de massage, ou en essayage de vêtements de couturier.
Mais les difficultés de la vie quotidienne ne sont pas oubliées et on voit la vie laborieuse de la population, notamment la situation des femmes, qui certes essaient de s'émanciper comme notre héroïne, mais néanmoins cela n'évolue pas si rapidement que cela. Trouver un travail honnête et en vivre, ne pas se laisser abuser par de fausses promesses, arriver à joindre les deux bouts, mais aussi se battre contre les préjugés tenaces sont toujours des épreuves. Ainsi, on fait la rencontre de la première femme-médecin écossaise, qui a dû batailler pour pouvoir mener ses études à bien, puis pour avoir le droit d'exercer, et qui émigre en Australie pour prendre une place dans un hôpital, où elle est confrontée plus souvent qu'à son tour aux problèmes entraînés par des accouchements, mais surtout, ce qui est plus problématique, à ceux entraînés par des avortements clandestins pratiqués sans connaissances médicales et dont les conséquences sont souvent dramatiques. Ce que ces femmes sont prêtes à risquer pour arrêter une grossesse nous éclaire sur l'opprobre ou les difficultés domestiques qu'auraient occasionné de la mener à bien.
On passe ainsi de la vie de Phryne Fisher à celle des basses classes, sans oublier beaucoup d'action et une enquête sur le trafic de cocaïne. Tous les éléments de la femme émancipée sont présents : de la garde-robe (y compris des pantalons!) à la conduite automobile, à la maîtrise d'une vocabulaire un peu osé.
Le contraste et le scandale soulevés par la vie de Phryne sont bien rendus par les réactions mi-étonnées, mi-choquées de son entourage, et c'est ce qui est bien mené dans ce roman, car c'est fait assez subtilement pour que notre attention soit attirée, sans pour autant donner dans le cliché grossier.

Mélanie BART

vendredi 5 novembre 2010

Strate-à-gemmes de Terry Pratchett

Strate à gemmes est un livre de science-fiction écrit par Terry Pratchett, connu en particulier pour ses Annales du Disque- Monde dont il n'hésite d'ailleurs pas à se moquer dans ce volume. Le titre de ce roman est particulièrement parlant : Il s'agit ici d'une planète futuriste régie par une compagnie qui, en autres
choses, se consacre à la création de nouveaux mondes dans leurs moindres détails notamment celui des différentes strates constituant la couche terrestre qui sont censés donner une Histoire au nouveau monde. Kin Arad est une géologue reconnue qui travaille au sein de cette compagnie. Suite à une rencontre avec un individu louche nommé Jalo elle va etre confrontée à un monde totalement impossible : un monde plat. Il lui faudra percer le mystère de cette étrange planète aidée de deux personnes issus de mondes aux moeurs complètement différentes, un kung et une shandie. Pour ma part je n'ai pas tout à fait accroché  à ce roman. Bien que l'histoire en elle même soit intéressante c'est l'écriture qui m'a dérangée.
Comme à son habitude, Terry Pratchett a ici exagéré les traits de la science-fiction mais autant dans certains cas ca ne me gène ici ca m'a semblé lourd : vocabulaire pseudo scientifique pompeux, ce qui n'est généralement qu'une vague ressemblance avec notre monde est ici clairement flagrant. Par ailleurs le côté géologique du début m'a assez vite lassé n'ayant jamais été particulièrement intéressée par le sujet. Par ailleurs d'autres points m'ont gêné dans ma lecture comme le jeu typographique destiné à montrer des langages
différents. C'est une méthode courante mais qui me fatigue énormément la vue et me donne envie de fermer le livre. Dans l'ensemble je pense que c'est un bon roman, l'intrigue en elle même est attrayante mais si je ne suis pas süre d'en avoir bien saisi la conclusion, cependant ce n'était pas un livre pour moi..

Elisabeth DOUDAN

mercredi 3 novembre 2010

Les voies d'Anubis de Tim Powers

1983. Brendan Doyle est un jeune professeur californien spécialiste de la poésie anglaise du début du XIXe. Quand il accepte de se rendre à Londres pour prononcer une conférence, il ne se doute pas des péripéties qui l’attendent. La distance séparant la Californie de l’Angleterre n’est guère en soi gage de dépaysement. Ce qui l’est plus, c’est la distance temporelle : en effet, Doyle va être expédié, à l’issue de sa conférence, dans le Londres de 1810, par le biais d’une brèche temporelle. Quand il est enlevé par des bohémiens aux intentions douteuses, une fantastique course-poursuite avec le sorcier Romany commence. Se terminera-t-elle en 1983 ?
Ce roman est un grand classique de la science-fiction, plus précisément du genre steampunk : en effet, il se déroule dans la Londres victorienne, à l’époque de la révolution industrielle qui connaît l’essor des machines. Il nous conte l’histoire de voyages temporels. Il a obtenu le prix Philip K. Dick 1984 et le prix Apollo 1987.
« Les voies d’Anubis » est un roman d’action et de suspense qui nous emmène dans les quartiers mal famés de Londres au début du XIXe. Tim Powers dépeint le quotidien de populations pauvres, des mendiants, le plus souvent estropiés, ou de bohémiens vivant chichement dans des camps. Les ambiances glauques de Londres sont bien rendues, dans un souci de très grand réalisme. Mais au-delà de ce quotidien, il nous fait entrer dans la fantasy, nous présentant la sorcellerie et la magie, décrivant des sorciers réellement antipathiques et quasiment invincibles. Un loup-garou hante même les pages…
Ces sorciers sans scrupule et avides de pouvoir nous sont exposés dès le début de l’œuvre. J’ai trouvé que ce commencement était très complexe : des mots d’une langue étrangère sont utilisés par les bohémiens, ce qui peut rendre la lecture un peu difficile. Ce prologue de 1802 est nodal, mais difficile à saisir en première lecture : il faut donc y revenir.
Le roman est assez long (plus de 400 pages aux éditions « J’ai lu ») et souffre parfois d’inutiles digressions. L’écriture n’est pas le point fort de l’œuvre : les phrases sont alambiquées et parfois lourdes : cela tiendrait-il à la traduction ? Il se veut un hommage, peut-être détourné, à la poésie puisqu’il est question notamment de Lord Byron et Samuel Taylor Coleridge, poètes anglais du XIXe. Il nous fait voyager, dans l’espace (de la Californie vers Londres, puis vers l’Egypte), mais aussi dans le temps (1983, puis 1810 jusqu’à 1685).
Si je n’apprécie guère la fantasy en général, préférant le space opera, il me semble que cette œuvre de Tim Powers est un incontournable du style steampunk qui mérite la découverte.

Christelle GATE

lundi 1 novembre 2010

Bains de mer de Paul Morand

Edité, dans sa version originale, sous le titre de Bains de mer, bains de rêve, cet ouvrage de Paul Morand nous vante les avantages, les charmes et les vertus des bains de mer illustrés par « plus de trente ans d’immersions » (p.8). Au fil des pages, l’auteur nous fait ainsi rêver en nous présentant de façon poétique le « catalogue-souvenir  de [ses] ébats aquatiques aux quatre coins de la planète » (p.7). Vers 1910, Paul Morand est en effet un des précurseurs de cette façon de vivre qui n’est pas encore donnée à tout le monde et qui amène ce « misanthrope hédoniste » aux quatre coins de la planète.
Son ouvrage se divise en trois parties. Ses premiers propos concernent les « bains de poésie » où il nous présente, entre autres, un de ses poèmes qui énumère, sous le titre de Bains publics, « tous les endroits du monde où [il] s’est jeté à l’eau » (p.7).
Paul Morand nous fait ensuite prendre des « bains dans le temps » en compagnie Neptune, Ulysse, Néron, Aristote, Proust et Maupassant
Enfin, l’auteur nous propose des « bains dans l’espace » et nous fait faire, « en peu de pages, pas moins que le tour du monde » (p.67) à travers des « pays très divers, mais avec une même toile de fond : la mer » (p.120). Il nous emmène ainsi du Portugal aux côtes françaises en passant par la Corse, l’Espagne, le Maroc, la Croatie, la Sicile, la  Sardaigne, la Grèce, la Belgique, la Hollande et l’Angleterre.
Dans les dernières pages de son ouvrage, il pense avec nostalgie au temps où il avait la mer à lui tout seul (ou presque) et se lamente sur la transformation de ses « paradis d’autrefois » en « enfers balnéaires » (p.121). En effet, il constate avec tristesse que « les grèves de jadis sont devenues des plages, c’est-à-dire des grèves humanisées par les baigneurs » (p.22).
Au final, Bains de mer, plein de légèreté, est un chef-d’œuvre de la littérature balnéaire qui est arrive à faire oublier quelques instants le passé houleux de cet « évadé permanent » qu’est Paul Morand (Gabriel Jardin, Grasset & Fasquelle, 2006).

Pierre SECOLIER

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