mardi 13 janvier 2009

Les thermes de Manuel Vàzquez Montalbàn

Treizième volume des aventures de Pepe Carvalho, détective privé et fin gourmet qui cette fois se trouve enfermé pendant trois semaines dans un centre végétarien, dirigé par deux frères allemands, afin de perdre du poids et du mauvais cholestérol. Il s’agit réellement d’une idée originale de la part de Vázquez Montalbán, puisque normalement il nous fait frétiller les papilles avec les recettes que généreusement Carvalho nous fait partager.
L’auteur est le narrateur du roman qui nous fait une description très pointilleuse des personnages. Entre autres, on trouve un militaire à la retraite, un PDG, un industriel basque, un héritier gaditan, un ex fonctionnaire franquiste, un écrivain communiste… Les personnages représentent la bourgeoisie du continent tout entier, les anciens européens qui se frottent aux nouveaux européens, les espagnols de 1986, date à laquelle le livre est sorti. Dans ce scénario vont s’enchaîner les assassinats qui vont fermer les portes des thermes en faisant de ce roman un huis clos dans lequel les vraies natures de ces personnages si bien élevés ne vont pas tarder à se faire sentir. Comme toujours, et ce roman n’est pas une exception, l’écriture de Vázquez Montalbán est très politisée. Il met dans la bouche des personnages des critiques concernant les différents partis politiques de droite ou de gauche, ou bien des critiques concernant les « nouvelles » communautés autonomiques espagnoles avec leurs caractéristiques comportementales ou même des critiques relatives au séparatisme belge. Nous trouvons dans ce roman une prédilection pour la narration ; les descriptions sont longues, parfois elles prennent une page entière, pas toujours faciles à suivre si on ne revient pas en arrière. D’ailleurs le dialogue est relégué au deuxième rang. En fait le narrateur nous raconte ce que pensent ou disent les personnages tout en nous donnant un avis sur eux. Il s’agit d’un roman assez « noir » mais qui ne manque pas d’humeur acide et sarcastique, allant jusqu’au patronyme du policier qui s’occupe de l’enquête : Serrano, nom du jambon de montagne dont raffolent les résidents des thermes. Malheureusement, contrairement à mon goût, l’enquête est reléguée au second plan tandis que la politique et les soliloques sur le séparatisme ou sur le syndicalisme passent au premier plan. Je conseille ce roman aux personnes qui veulent connaître un peu plus sur l’Espagne postfranquiste et non à celles qui cherchent un bon roman policier. Marie LEVEZIEL

Aucun commentaire:

Publicité