vendredi 29 juin 2007

La dernière valse de Mathilda de Tamara McKinley

Jenny, après la mort tragique de son mari et de son fils hérite d’une vaste propriété dans l’outback australien. Au début il n’est pas question pour Jenny d’y rester. La vie en plein désert semble plutôt rude et peu appropriée à la vie de citadine qu’elle a toujours connue. Et puis… elle découvre les journaux intimes de Mathilda qui a vécu à Churinga, cinquante ans plus tôt. Mathilda n’avait que 13 ans lorsqu’elle perd sa mère. Très vite elle se retrouve à gérer seule l’exploitation et doit affronter d’effroyables épreuves : d’abord le viol commis par son père puis l’abandon de cet enfant né de cette union illégitime qui la rendront à jamais méfiante à l’égard des hommes jusqu’au jour où elle finira par trouver l’amour. Enfin, le croyait-elle ! Elle devra aussi surmonter la guerre, les sécheresses et surtout la convoitise de ses voisins du domaine rival de Kurajong. Jenny est tout de suite fascinée par le destin tragique de cette femme courageuse qui n’aura de cesse de se battre pour faire subsister cette exploitation et en même temps est bouleversée tant elle se sent si proche d’elle. Ce n’est d’ailleurs qu’en terminant le journal de Mathilda qu’elle aura toutes les réponses sur le terrible secret de Churinga. Si vous avez aimez « Les oiseaux se cachent pour mourir » de Colleen Mc Cullough, alors vous serez sans doute ravi(e) par cette saga australienne. Vous y trouverez en effet bon nombre d’ingrédients qui ont fait le succès du premier : paysages grandioses à perte de vue, portrait de deux héroïnes fortes aux destins croisés, menant un combat acharné tous les jours pour survivre dans un milieu hostile, ajoutez-y ensuite quelques secrets de famille inavouables et bien sur un brin de romance sous les traits de Brett, l’énigmatique beau ténébreux qui réveillera sans nul doute le côté fleur bleue qui sommeille en vous. Le dépaysement est garanti, les descriptions sont vraiment superbes et j’avoue m’être laissée bien volontiers emporter doucement par le vent, non plutôt étouffer par la chaleur du bush australien. Un roman d’amour et d’aventure facile à lire qui m’a permis de voyager, rêver et oublier avec légèreté l’espace d’un instant la grisaille du quotidien. Marlène EVEN

jeudi 28 juin 2007

Le voyageur de Noël d'Anne Perry

Petit livre tout mince, alors courte pause lecture en perspective et, de ma part, je l'avoue, un a priori légèrement condescendant pour une petite histoire classée « conte de Noël » par l'auteur elle-même. Pour avoir lu le premier roman de sa série « Charlotte et Thomas Pitt », je m'attendais à un récit gentillet destinés aux inconditionnels de la période de Noël. J'ai été agréablement surprise. Il s'agit en fait également d'une histoire policière dont l'originalité tient au fait qu'ici, l'enquête est menée par l'ensemble des membres d'une même famille réunie pour les obsèques de l'un d'entre eux, disparu dans des circonstances pour le moins troublantes. A travers une campagne embellie par la neige et destinée à créer l'univers propre à Noël, l'intrigue va se jouer autour d'un nombre restreint de personnages dont, par conséquent, on devine assez rapidement qui sont les bons et qui sont les méchants. Le mystère ne se trouve donc pas là. Une fois la situation mise en place, persuadé que l'affaire va se résoudre en deux coups de cuillère à pot, on se prend, comme les personnages de cette histoire, à patauger allègrement dans la difficulté à comprendre ce qui s'est réellement passé, donc à déterminer le vrai coupable. Même si les caractères sont un peu simplistes et légèrement stéréotypés, ils ne sont pas dénués d'une certaine authenticité qui les rend touchants. C'est un petit roman agréable et reposant, défenseur des valeurs morales de justice et de respect entre les humains. Que demander de plus à un conte de Noël si ce n'est, et c'est le cas, que tout se termine bien. Florence TOUZET

mercredi 27 juin 2007

Ce cher Dexter de Jeff Lindsay

Dexter Morgan travaille pour la police de Miami : il est spécialisé dans les analyses des prélèvements sanguins. C'est un homme apparemment comme les autres, voire d'une ennuyeuse banalité. A un détail près : Dexter est un tueur en série... de tueurs en série ! Certains soirs, il n'est plus vraiment lui-même et une force irrésistible s'empare de lui. Il l'appelle "Le Passager noir", et ce sombre compagnon le pousse à découper des gens en morceaux. Son père adoptif, lui-même policier, avait bien compris ce qui existait en Dexter, et avait mis au point une sorte de "code d'honneur" avec lui : ne s'en prendre qu'à ceux qui le méritent, qu'il s'agisse de violeurs, de pédophiles, ou d'autres tueurs en série. Et Dexter exerce donc cette "justice" d'un genre particulier, tout en tentant de paraître le plus normal possible - ce qui, de son propre aveu, n'est pas toujours évident lorsqu'on est dénué d'émotion et de conscience. Mais il y parvient plutôt bien... Jusqu'au jour où il est confronté à un tueur en série aux méthodes comparables aux siennes, qui semble le narguer, et dont il se sent étrangemment proche... "Ce Cher Dexter" est un excellent roman, écrit à la première personne, plein d'humour et mené tambour battant. L'auteur joue en permanence sur la double personnalité de Dexter. Cette dualité serial killer/justicier se double d'un autre paradoxe : Dexter est un assassin, mais n'est-il pas lui-même la victime de "l'autre" tapi au fond de lui ? Le plus dérangeant, c'est qu'on ne peut pas s'empêcher de trouver ce personnage sympathique et touchant... C'est un anti-héros d'une complexité psychologique fascinante. L'intrigue est extrêmement solide: qui est le tueur ? Quelqu'un qui connait Dexter ? Qui est au courant de ses "activités" ? Ou Dexter lui-même commet-il ces crimes dans un état second ? Parviendra-t-il à se maîtriser, ou le Passager noir prendra-t-il le contrôle ? Le dénouement est bluffant, et on ne voit rien venir ! Ce thriller est un petit bijou, à la fois glaçant et jubilatoire - à l'instar des sentiments que provoque Dexter chez le lecteur... Fanny LOMBARD

mardi 26 juin 2007

African Lady de Barbara Wood

L’histoire débute à l’époque ou les Anglais ayant créé un chemin de fer pour relier la côte orientale jusqu’à l’Ouganda, commencent à s’installer le long de cette voie civilisatrice. La jeune lady Rose Treverton, accompagnée de sa belle sœur, débarque aux confins de ce monde à la demande de son époux, le bouillant Lord Treverton. Celui-ci a défriché une immense plantation de café, et dans ses lettres enthousiastes, il enjoint à sa jeune épouse de le rejoindre. Mais celle-ci ne supporte pas la vie coloniale trop différente de la vie britannique et se réfugie dans le belvédère, aménagé par son mari. Même sa petite fille, née pendant le périlleux voyage ne lui est d’aucun réconfort. En revanche, Grace Treverton, qui est médecin, s’adapte très vite à ce nouveau mode de vie, et installe avec beaucoup de peines, une « mission »c'est-à-dire un local de soin pour les indigènes. Elle aura à faire face à beaucoup de fléaux, à commencer par la méfiance des Kikuyus ; elle luttera avec acharnement tout au long de son existence contre la guérisseuse du village et sa magie noire qui a jeté un sort sur la maison et sur la descendance de Lord Treverton. Elle se battra pour obtenir des subventions, pour l’éducation de la population noire. Grace est vraiment le personnage central de ce roman. C’est avec ses yeux que nous découvrons une certaine facette de l’Afrique « coloniale » du début du 20ème siècle, avec ses richesses, le café, les grandes réceptions du vice roi et toutes les fanfares d’une société qui se veut civilisatrice, loin de la mère patrie. On y admire aussi la culture ancienne africaine, le pouvoir des guérisseuses, et leur savoir ancestral ; on découvre les atroces coutûmes sacrificielles et comment elles sont portées au comble de l’horreur par une sorte d’escalade de la violence engendrée par la haine que les Africains finissent par vouer aux blancs. L’antagonisme entre les deux populations y est bien décrit, et la façon dont les comportements évoluent, autant d’un côté que de l’autre. L’histoire du Kenya est riche en fait d’armes, massacres, guerre civile, entre les tribus Kikuyus, dépossédées de leurs terres, et les colons blancs venus s’installer ici pour essayer de faire fortune, et qui peinent aussi à trouver de quoi vivre. Les enfants des premiers colons nés sur place et qui considèrent le Kenya comme leur terre natale, trouveront-ils la place qu’ils réclament ? Les enfants noirs nés après la colonisation qui veulent reprendre et leurs terres et la direction de leur pays, sauront-ils accepter les blancs ? Et en définitive, de quoi seront-ils capables ? On assiste au fil du roman à la transformation d’une colonie britannique en pays indépendant créateur des réserves pour les grands animaux de la jungle et inventant le safari photo. J’ai trouvé que les personnages manquaient un peu d’épaisseur et de cohésion les uns entre les autres; l’histoire est assez touffue, les rebondissements nombreux, mais très facile à suivre. J’ai trouvé attachant le petit détail dans le roman, de la tapisserie de Rose, monument qu’elle entreprend pour se distraire, et qui sera l’œuvre de toute sa vie. Sans oublier bien sur les fabuleux paysages de cette Afrique orientale, avec le Mont Kenya en arrière plan. Véronique BARBARA

lundi 25 juin 2007

Les naufragés de l'autocar de John Steinbeck

Un chauffeur de bus Juan Chicoy, son apprenti-mécanicien Boutonneux et un autocar nommé «Bien Aimé ». Un décor typiquement « steinbeckien » : l’arrière pays californien des années 40. Des passagers représentant le microcosme américain de l’époque réunis pour un voyage allant du Coin-des-Rebelles à San Juan. Ce voyage qui va tourner au périple emmènera, les voyageurs et les voyageuses, à se poser des questions sur leurs existences. Ce roman est facile et agréable à lire. Les descriptions des personnages, leurs situations personnelles, et professionnelles sont dépeintes avec précision tout comme les paysages californiens d’ailleurs. En lisant ce livre, j’ai trouvé que Steinbeck faisait de nous, des passagers de cet autobus. Je me suis pris de sympathie pour les rêves de cinéma de Norma, ai reluqué Camille et compris sa détresse, ai trouvé les Pritchard coincés, ai vu dans Van Brunt un vieillard aigri. Ce qui m’a plu également ce sont les quelques pages où, l’auteur nous narre l’histoire du Coin-des-Rebbelles et « du vieux chemin du temps du Far West », que l’autobus va être obligé de prendre. Le chapitre dédié à la saoulerie d'Alice, la femme de Juan, est pathétique et hilarant. Là réside un des tours de passe-passe de l'auteur pour nous faire rire tout en nous apitoyant sur le triste sort d'Alice. Ce livre entraîne à une réflexion sur la vie. Il y a ceux qui trouve que le train train quotidien est à la longue pesant et frustrant, ceux qui en ont assez de vivre toujours sans attache et sans chez soi. Edouard RODRIGUEZ

vendredi 22 juin 2007

La chambre écarlate de Nicci French

Une amie m’a fortement conseillé les romans de ce couple de journalistes londoniens qui écrivent sous le pseudonyme Nicci French, et qui sont particulièrement réputés pour les thrillers psychologiques. Katherine Quinn, dit Kit, médecin-psychiatre, partage son temps entre un hôpital pour délinquants psychopathes et une clinique dans laquelle on y soigne la moyenne bourgeoisie en détresse. Par ailleurs, elle aide occasionnellement la police en qualité de consultante pour diagnostiquer, évaluer la santé mentale des (présumés) meurtriers. C’est à ce titre que l’inspecteur Furth de Stretton Green fait appel à ses compétences professionnelles pour interroger un certain Michael Doll, considéré autant par la police que par les parents d’élèves comme un dangereux pervers. A la fin de cet entretien, Michael Doll s’est effectivement montré très violent. Quelques temps plus tard, ce même Michael Doll est de nouveau appréhendé par la police de Stretton Green qui le soupçonne d’être l’auteur du meurtre de Lianne, une jeune fille sans domicile fixe de 17 ans, retrouvée morte à Rengent’s Canal (Londres), dont le corps est lardé de coups de couteau. Kit est une fois de plus sollicitée pour une collaboration active dans le but de déterminer un portrait psychologique du suspect. Très rapidement, d’autres homicides et agressions sont commis sur des jeunes femmes dans des quartiers de Londres, et Michael Doll se trouve encore à proximité du lieu du crime. Pour la police, le coupable se trouve sous leurs yeux, mais les preuves manquent cruellement. Autres complications de l’enquête : le modus operandi est différent dans chaque cas et il n’existe aucune similitude entre les victimes. Pourtant, Kit est persuadée qu’il existe un lien entre ces différents assassinats et elle compte bien le découvrir. L’investigation devient délicate quand la psychiatre ne partage pas le même avis que la police et s’entête à mener sa recherche comme elle l’entend. Pourquoi Kit s’implique-t-elle à ce point dans cette enquête policière ? Michael Doll est-il bien le tueur de Londres ? Il y a pas mal de personnages dans cette fiction et certains d’entre eux peuvent représenter un suspect potentiel, soupçonner tout le monde est l’aspect principal d’un roman policier. Certains vous inspireront de la compassion, d’autres de l’antipathie ou répulsion, et parfois apparaît une touche d’humour dans ce thriller avec Julie Wiseman, une amie de Kit complètement sans gêne. On s’attache bien entendu à l’héroïne, courageuse et déterminée, elle possède des qualités humaines, elle est sensible, juste et on ne peut que l’apprécier. L’histoire avance à un rythme relativement lent, la cadence est parfois longue à cause des descriptions détaillées qui sont pourtant indispensables pour entraîner les lecteurs dans ce passionnant récit psychologique. Il est aussi intéressant de voir la méthode qu’utilise Kit pour enquêter, car en tant que médecin-psychiatre, elle ne suit pas la procédure habituelle de la police. J’ai lu ce roman avec beaucoup de plaisir, et je compte découvrir d’autres romans de Nicci French. Ngan Dai BUI

jeudi 21 juin 2007

Ombre sur Vienne de Michel Germont

Ce roman est un classique du livre d’espionnage qui régalera les amateurs du genre. L’action débute à Vienne en 1977, l’agent de la CIA Richard Dexter en poste dans la capitale autrichienne, constate que son supérieur le Colonel Rod Doneggan transmet des informations à l’Est – nous sommes encore en pleine guerre froide et Vienne de par sa position géographique est une place stratégique. Confrontée à cette découverte, le capitaine Dexter décide de ne pas dénoncer son supérieur mais plutôt de prendre sa place …Enfin pas tout à fait, il se substitue partiellement à lui … il prend l’argent mais ne livre aucun document hors la loi oui traître non ! Il saisit cette occasion pour rompre avec une vie ennuyeuse et partir avec la femme qu’il aime, direction Paris. A partir de là tous les ingrédients d’un bon roman d’espionnage sont présents : suspens, duel entre services secrets, crimes, chasse à l’homme…. Malgré son âge le roman n’a pas trop vieilli, si on exclut, bien sûr, l’aspect technologique des méthodes utilisées. Mais comme on est pris dans l’ambiance on ne s’en aperçoit que lorsqu’on referme le livre. Le style est simple direct, efficace. Il n’y pas vraiment de temps mort, tout s’enchaîne sans qu’il y ait de raccourcis abusifs qui perdent le lecteur. On est spectateur d’une guerre entre les services secrets français, américains et russes. Contrairement à d’autre romans d’espionnage, cet imbroglio est facile à suivre, les noms des agents ne sont pas tordus et les liens entre eux sont bien définis. Cette clarté et cette précision dans la narration rendent cet ouvrage agréable à lire. On pourrait se croire au cinéma devant un bon film d’espionnage vu la facilité avec laquelle on imagine les scènes… grâce à la qualité des descriptions. Elles sont juste assez précises pour laisser libre cours à notre imagination. Franchement un bon roman, qui se lit, non qui se dévore. Les évènements se succèdent tellement rapidement qu’on ne se rend même pas compte qu’on est arrivé à la moitié de l’ouvrage. Sandrine BARON

mercredi 20 juin 2007

Nostradamus de Michel Zévaco

Renaud et Marie ne connaissent d’eux que leur prénom, n’osant pour le moment se révéler leur nom, mais ils s’aiment d’amour fou…Nous sommes en 1536 et François 1er règne sur la France. Malheureusement, la belle Marie est aussi convoitée par le dauphin François et son frère Henri, qui se faisant aider de leurs amis Saint-André et Roncherolles, tentent d’écarter le gêneur… Y arriveront-ils ? Toujours est-il, que 20 ans plus tard, Henri II est roi de France lorsqu’un dénommé Nostradamus arrive à Paris avec des idées de vengeance en tête… Mené tambour battant, ce roman de Zevaco est un régal pour les amateurs de romans de cape et d’épées ! De nombreux rebondissements, une intrigue complexe, des amours contrariés, des histoires de vengeance, des personnages nombreux et marquants, tout cela contribue à faire de ce livre un excellent roman…N’oublions pas non plus de mentionner le coté inquiétant et magique du personnage de Nostradamus qui semble tenir le destin de tous dans ses mains…On n’a qu’une envie arriver au dénouement (à la dernière page !) le plus vite possible. Bien sûr c’est de la littérature populaire du début du XXème siècle, bien sûr il ne faut pas chercher dans le texte et dans les personnages de la profondeur ou une réflexion philosophique…Bien sûr, il y a des invraisemblances et des coïncidences un peu trop grosses pour être crédibles, mais on se laisse facilement prendre par cette histoire écrite dans un style très agréable. Simplement, je dirais que nous avons ici une énième version de la vie de Nostradamus qui vaut ce qu’elle vaut mais qui a l’avantage de nous permettre de passer un bon moment en nous faisant oublier nos soucis, ce qui n’est déjà pas si mal… Nicole VOUGNY

mardi 19 juin 2007

Danse avec l'ange d'Ake Edwardson

Goteborg, deuxième ville suédoise, n’échappe pas à la recrudescence de la violence. Un jeune étudiant anglais vient d’être sauvagement assassiné dans une chambre d’hôtel. A des milliers de kilomètres de là, à Londres, c’est au tour d’un jeune suédois de subir le même sort. Les deux meurtres se ressemblent étonnamment : les victimes sont retrouvées attachées sur une chaise, ont été torturées avant de mourir et la trace laissée par un pied de caméra laisse supposer qu’ils ont été filmés. Erik Winter, qui, à 37 ans, est le plus jeune commissaire de son pays, est chargé de mener l’enquête. Il pense évidemment tout de suite au monde sordide de la pornographie et des snuffmovies, ces vidéos de meurtres tournées en direct. Grâce à son équipe et une étroite collaboration avec Steve MacDonald, son homologue britannique, il va tenter de découvrir quel esprit pervers peut bien se cacher derrière tout cela. Ake Edwardson nous entraîne dans les bas-fonds infâmes de la société suédoise, bien loin donc des clichés habituels si idylliques. C’est avec une extrême concision et une grande rigueur qu’il va dérouler progressivement, méthodiquement son enquête en n’hésitant pas à disséquer dans les moindres détails les doutes existentiels et les tourments psychologiques qui assaillent ses personnages. L’atrocité des meurtres commis et l’univers glauque, délétère dans lequel il nous plonge lentement et insidieusement tout au long de l’histoire nous donne comme une sensation de malaise et de nausée. Ici, on est bien loin des romans à « l’anglaise » même si le héros par son côté snob, élégant et riche peut faire penser aux inspecteurs Morse, Thomas Linley ou encore Richard Jury. Cependant, malgré cette atmosphère constamment pesante, oppressante, angoissante bizarrement jamais à aucun moment je n’ai eu envie de refermer le livre avant le dénouement. Peut-être est-ce parce qu’il a su captiver mon attention avec une intrigue somme toute bien ficelée. Marlène EVEN

lundi 18 juin 2007

Comme un roman de Daniel Pennac

« Comme un roman » peut être classé dans la catégorie essai quoique …. Le centre du livre n’est pas le roman mais les différents rapports que nous entretenons avec la lecture au cours de notre vie. C’est une aventure à trois le lecteur, le livre et la société. A la magie de la lecture faite par nos parents se succède la fierté de lire tout seul comme "un grand"… puis ce plaisir s’estompe car la lecture devient une obligation une contrainte, un devoir (au propre comme au figuré). On ne lit plus pour s’évader, on choisit plus librement son livre mais on DOIT lire le livre choisi par d’autres (les profs) en un temps limité… c’est le passage de la lecture galère …Puis on devient adulte, parents et on commet les mêmes erreurs, en imposant la lecture et non en invitant à la lecture. En résumé, chaque chapitre est une petite aventure entre un lecteur et un livre … son livre Cet ouvrage de Daniel Pennac est inclassable, certains le trouveront rébarbatif, donneur de leçon. Personnellement je l’ai trouvé passionnant, envoûtant et tellement vrai. On se retrouve dans chacune des étapes décrites par Daniel Pennac. Et même si le constat est un peu facile, et la critique de l’enseignement du français un peu sévère, ce livre n’en demeure pas moins merveilleux. Même si on retrouve le style de Daniel Pennac, la richesse de son vocabulaire la précision des descriptions, les fans de Monsieur Malaussène seront certainement déroutés mais la surprise n’est-elle pas le plus beau cadeau de la lecture. L’un des intérêts de « Comme un roman » est que l’on peut le relire plusieurs fois et à chaque fois on le redécouvre. J’ai d’autre part été particulièrement séduite par les citations d’auteurs, qui le parsèment, et qui sont autant d’illustrations de la complexité du rapport entre le lecteur et le livre. J’ai dévoré ce texte qui pourra redonner à certains le goût de la lecture et aux autres, les passionnés, des idées. Personnellement, j’ai envie de lire presque tous les ouvrages cités, certains connus et d’autres inconnus, de découvrir donc de nouveaux horizons pour des heures d’évasion littéraires. Finalement « Comme un roman » est à classer dans la catégorie LIVRE DE CHEVET. Yvonne BANDASSI

vendredi 15 juin 2007

Coup de chaleur d'Ed McBain

Alors qu’une canicule sans précédent s’abat sur la ville d’Isola, les inspecteurs du 87e district, Steve Carella et Bert Kling, sont appelés à constater le décès de Jeremiah Newman, fils d'un peintre connu dont il avait hérité toutes les toiles. Les antécédents familiaux, le caractère dépressif du mort, son penchant prononcé pour le whisky, la découverte d’un flacon vide de barbituriques… tout laisse à supposer qu’il s’agisse d’un suicide. Pourtant pour Carella, plusieurs points restent obscurs. En effet, pourquoi, alors que la chaleur est étouffante et l’air irrespirable, Jeremiah aurait-il pris le soin de couper le climatiseur de l'appartement avant de passer à l’acte ? Et comment a-t-il pu avaler des barbituriques alors que, d'après des proches, il avait la phobie des médicaments ? Pour Bert Kling, cette mort étrange est le cadet de ses soucis. En effet, depuis peu, un horrible doute l’assaille et le tiraille… Où peux donc bien se rendre son épouse Augusta, somptueuse et renommée top-modèle, lorsqu’il est en fonction au commissariat ? Tourmentée, Kling décide alors, malgré les avertissements avisés de son collègue Carella, de suivre en cachette Augusta… Une bonne dose d’intrigue, deux doigts de camaraderie, une larme d’humour et un soupçon d’érotisme, telles sont les bases du cocktail spécial « roman noir » concocté par l’un des grands maîtres du genre, Ed McBain. Dans la ville imaginaire et cosmopolite d’Isola, dont les caractéristiques ne sont pas sans rappelées New-York, ville natale de l’auteur, Ed McBain entremêle les destins de tous les inspecteurs d’un même commissariat, celui du 87ème district. Au fil des ans et des enquêtes, nous suivons l’évolution des Carella, Kling, Meyer, Hawkes et autres consorts. Nous les voyons se déchirer, aimer, rire, pleurer… en sorte vivre au quotidien. Servi par des intrigues solidement ficelées et par des dialogues savoureux et plein d’humour, le lecteur jubile ! Vraiment, pour celui qui souhaite découvrir le roman noir, je conseille vivement la lecture non seulement de « Coup de chaleur » mais plus largement, de l’ensemble de l’œuvre littéraire d’Ed McBain (il existe 57 aventures du 87ème district s’échelonnant de 1956 à 2005, date du décès de l’auteur). Pierre LUCAS

jeudi 14 juin 2007

Les nuits blanches du chat botté de Jean-Christophe Duchon-Doris

Voilà un livre qui ressemble à une recette de cuisine. Tous les ingrédients y sont: le charme du passé (l'histoire se déroule en 1700), du mystère (c'est une enquête policière), des crimes (un peu gores), du sexe (un peu hard), des héros qui ne s'aiment pas d'abord mais qui s'aimeront à la fin. Donc, cela devrait faire un bon mets. L'intrigue bien menée soutenue par des évènements nouveaux qui rythment régulièrement le récit, entraîne le lecteur toujours plus loin. On comprend toutefois assez vite de quoi il s'agit surtout si l'on a la curiosité de s'attarder sur le titre! Une partie seulement du mystère est alors dévoilée. Reste l'auteur des crimes… Quant à l'idée de départ, on y sent une forte "inspiration" de la sombre histoire du Gévaudan sous Louis XV. L'auteur met beaucoup d'application à décrire la Nature des Alpes. Les détails y sont très travaillés même s'il est un peu surprenant de voir un personnage chasser une guêpe importune alors qu'il a les deux pieds dans la neige ! Pourquoi ce livre, malgré le bon moment que j'ai passé à le parcourir m'a-t-il laissé une impression de frustration chagrine ? Tout simplement parce que les personnages n'ont aucune dimension émotionnelle, aucune consistance psychologique. Par conséquent, aucune possibilité de s'attacher aux héros. On a donc à faire à un roman d'aventures uniquement descriptif, excellent scénario pour un téléfilm mais de littérature, point. C'est toutefois un bon compagnon pour un voyage en train ou une longue attente chez le dentiste ! Florence TOUZET

Dix grandes notions de sociologie de Jean Cazeneuve

Dans cet ouvrage, Jean Cazeneuve nous explique ce qu’est une société et quel est son fonctionnement. Il faut distinguer les sociétés de type organisation sociale de celles du type instrumental ; le premier type correspondant à une réunion de gens ayant un but commun de création (principalement de richesse) le second quant à lui n’a qu’un but de partage. Une entreprise est classée dans le premier type, une famille appartient au second. Il est important de retenir que quelque soit le type, toutes sociétés donnent lieu à une civilisation – les progrès industriels et le développement des moyens permettront aux sociétés de type social de muter donnant une civilisation d’élevage, puis une civilisation de l’industrie… une civilisation de l’information – dans le cas de sociétés de type instrumental nous passerons d’une civilisation de nomades à une civilisation monoparentale développée. Au sein d’une même société la connaissance se partage, puis ensuite se diffuse dans les sociétés d’un même type. Les problèmes se trouvent au croisement de connaissance des deux types. Il y a solution si la connaissance revêt le même caractère ou fait partie du même domaine. Les sociétés évoluent ensuite selon deux théories : l’archaïsme ou l’évolutionnisme. L’archaïsme est la théorie selon laquelle les sociétés naissent et meurent pour donner place à une autre, il n’y a pas d’évolution. La civilisation de l’élevage est morte pour donner place à celle de l’industrie. Ce qui est intéressant dans la théorie de l’évolutionnisme, c’est qu’il y aura deux civilisations de l’industrie celle qui est née spontanément et celle qui sera la mutation de la civilisation de l’élevage. Il est à noter de plus que la civilisation de l’élevage perdure en tant que telle. En conclusion : l’archaïsme est une notion ne pouvant demeurer que pour une analyse micro-économique (aspect réducteur) en macro économie (mondiale et aspect plus global) seul l’évolutionnisme trouve son plein sens. De par l’évolution, il se crée donc des civilisations qui perdurent et donc couche par couche nous pouvons retrouver les traces de chacune d’entres elles (numérotation à partie de zéro – zéro étant une société avec un individu nomade de type homo sapiens …etc.… une société multinationale de type Microsoft se trouve dans les 20 de l’échelle de strates). En combinant société/type/civilisation et strate nous obtenons une classification précise tenant compte du niveau d’évolution de la dite société et de sa combinaison. En dehors de l’évolution, tout est soit échange, création ou partage au sein d’une société – échange (c’est la vente qui est le meilleur exemple) – création (industrie, naissance d’un enfant) – partage (répartition du capital, repas de famille). Bien sûr, il est impossible de cantonner une société en son seul sein. Il y a des interconnexions entres les sociétés de même type puis entres les deux types. On dit alors qu’il y a mobilité des intérêts. De part la stratification, il n’existe qu’une mobilité verticale - deux mouvements car deux sens : en montant (bénéfice du progrès, de l’évolution au de l’augmentation) en descendant (réduction d’effectif, décès ou régression).L’ordre normal est vers le haut, une anomalie est le cas de vers le bas. Une catastrophe = mobilité descendante avec croisement de connaissance de sociétés des 2 types ! Il n’existe alors pas de solution, car il n’y a pas de case prévue pour ranger cette catastrophe donc pas d’analyse et de remède connu (la méthode est alors empirique). L’avenir est aux strates de civilisations se superposant et donc en s’enrichissant l’une après l’autre. Philippe PRANDINI

mercredi 13 juin 2007

Le journal de Ma Yan

Ce livre présente le journal intime d'une fillette chinoise issue d'une famille de paysans très pauvres du Nord-Est du pays. Il est scindé en deux parties - la période manquante correspondant à des carnets manquants - et est émaillé de notes de Pierre Haski, expliquant certains aspects propres à la Chine et apportant des éclaircissements bien utiles. Lorsque commence ce journal, en Septembre 2000, Ma Yan a 13 ans. Elle est interne dans une école située à 20 km de son village. Elle raconte son quotidien, notant des détails ou anecdotes montrant la dureté de sa vie : les cours, les camarades de classe, la faim, les punitions corporelles, les 4 heures de marche pour rentrer à la maison le week-end, les tâches ménagères... Mais Ma Yan raconte aussi l'extrême misère de sa famille, la honte de la pauvreté, les sacrifices de sa mère et sa propre culpabilité lorsqu'elle obtient de mauvais résultats. Car elle a bien conscience des souffrances de ses parents, qui se tuent à la tâche pour payer les études de leurs enfants, et de la nécessité de réussir à l'école afin de briser le cercle de la pauvreté et offrir aux siens une vie meilleure. On doit la publication de ce journal à Pierre Haski, correspondant en Chine de "Libération". En Mai 2001, lorsque Ma Yan apprend que ses parents ne peuvent plus l'envoyer à l'école et qu'elle doit renoncer à ses études, c'est une tragédie pour elle. Désemparée, elle écrit une lettre à sa mère, dans laquelle elle crie sa révolte et son désespoir. Sa mère, bouleversée, tente le tout pour le tout : elle parvient à remettre à des étrangers de passage la lettre et le journal de sa fille. Parmi eux se trouve le journaliste qui décide de raconter l'histoire de Ma Yan à ses lecteurs. L'élan de solidarité suscité par son article permet de créer une association grâce à laquelle d'autres enfants dans la même situation pourront être scolarisés. Ceci fait l'objet d'annexes au journal proprement dit. Ce livre est un témoignage émouvant. On est frappé par les conditions de vie de Ma Yan et au-delà d'elle, de tant d'autres enfants. Ma Yan met tous ses espoirs dans l'éducation et doit se battre pour étudier, mais c'est avec une grande pudeur qu'elle parle de sa situation et de ses souffrances morales. On ne peut qu'être ému par ce récit, écrit très simplement et pourtant si lourd par la dureté des réalités qu'il raconte.
Fanny LOMBARD

mardi 12 juin 2007

Les racines du ciel de Romain Gary

Sorti vivant d’un camp de concentration, Morel se retrouve en Afrique, au Tchad plus précisément en territoire Oulé et veut arrêter les massacres des éléphants pour sauvegarder la faune africaine. Une fois le combat enclenché contre les braconniers de toutes sortes, Morel se voit dans l’obligation pour continuer son noble combat de s’associer avec Waitari. Waitari, qui a fait ses études en France est un nationaliste « africain », ex député français, qui veut se servir de la lutte de Morel pour se faire connaître aux yeux de l’opinion mondiale. A cela viennent se greffer des personnages qui rejoindront Morel, tels que : •Minna, serveuse allemande au bar « le Tchadien » de Fort-Lamy, qui a réussi à se sortir du Berlin en ruine de la 2nde guerre •Abe Fields, photographe américain, dont la famille a été gazée à Auschwitz, •Peter Qvist, naturaliste danois qui a participé à différents mouvements humanitaires, •Forsythe, militaire américain, qui a dénoncé l’utilisation d’armes bactériologiques durant la guerre de Corée. Mais Morel et ses compagnons sortiront-ils vivants d’un combat « écologique » face au nationalisme africain qui se lève ? J’ai trouvé ce livre plaisant à lire car il parle d’un sujet grave et toujours d’actualité hélas la destruction de la savane. Les pages où l’auteur nous décrit la variété des paysages, de la faune les us et coutumes des Africains sont particulièrement intéressantes pour comprendre ce que l’humanité pourrait perdre de son patrimoine. Par ailleurs, les descriptions des massacres d’éléphants m’ont semblé le triste reflet d’une hallucinante réalité. J’ai apprécié dans ce drame le fait que l’Afrique soit défendue par des Européens et que les Africains optent pour une européanisation de leur continent. De plus cette façon narrative de Romain Gary de passer du présent au passé donne le tournis mais ne fait perdre ni la réalité, ni le fil des événements et ajoute un plaisir supplémentaire à la lecture de ce livre. Ce qui m'a touché dans ce roman c'est cette identification de Morel au monde des pachydermes et cette envie d'aller de l'avant en sachant que le prix à payer est sa vie comme toute personne qui privilégie un combat idéologique. Ce livre entraîne le lecteur vers une réflexion qui va bien plus loin que la mort des éléphants. Romain Gary nous montre que l'homme de par sa cupidité peut provoquer l'extinction d'une race (dans ce cas animal) sans remords d'aucune sorte. En interchangeant les animaux par des êtres humains nous voyons apparaître en filigrane le mot génocide. Edouard RODRIGUEZ

lundi 11 juin 2007

Sphinx de Robin Cook

Le roman commence par un flash back sur la première profanation de la tombe de Toutankhamon à l’époque de Séthi Ier. Inspiré par les voleurs, l’architecte Nénephta affirme avoir trouvé la façon de protéger pour l’éternité la tombe de son Pharaon. Erica, jeune archéologue américaine, qui ne connaît de l’Egypte que son histoire ancienne, arrive au Caire, bien décidée à étudier les hiéroglyphes et les monuments mais ses projets vont être un peu chamboulés. Lors de sa première visite au bazar de Khan el Khalili, elle est témoin du meurtre d’un antiquaire qui lui avait montré une statue de Sethi Ier sur laquelle figurait le nom de Toutankhamon et qui lui semblait authentique. Les meurtriers font disparaître le corps ainsi que la statue. Erica comprend très vite que cette sculpture est convoitée par plusieurs personnages : Yvon de Margeau, acheteur d’antiquités, Stéphanos Markoulis gérant une agence de voyage à Athènes, intéressé aussi de très près aux antiquités, Ahmed Khazzan, Directeur des services d’antiquités et évidemment les assassins du pauvre antiquaire. A l’insu d’Erica, Yvon l’utilise comme appât pour démasquer les assassins et arriver jusqu’à la statue mais très vite Yvon tombe sous son charme, mais ce n’est pas le seul, Khazzan aussi est envoûté par l’archéologue. Le roman se déroule sur une période de 8 jours pendant lesquels les événements s’enchaînent à une grande rapidité. Suivie par des assassins et protégée par un assassin encore plus dangereux, Erica nous fait entrer dans le monde sinistre du marché noir d’antiquités. La même Erica qui au début du livre trouve le musée du Caire « poussiéreux » et les rues de cette ville dangereuses va affronter des assassins sans scrupules, des momies, des chauves-souris et va même jouer les Indiana Jones féminins. Mais en fait, quel était le secret de Nénephta, architecte de Séthi Ier ? Il faudra attendre les dernières pages pour découvrir la ruse. J’ai aimé ce livre car le lire a été aussi plaisant que regarder un bon film d’aventures. En effet, il est plus proche de « A la recherche du diamant vert » que des thrillers scientifiques auxquels nous sommes habitués de la part de Robin Cook. Franklin J. Schaffner, réalisateur de « Papillon », mena ce roman au grand écran. Ce n’est pas étonnant car le livre est très visuel, on se croirait au Caire, pris dans le bruit, embaumés par les odeurs… Les dialogues sont fluides les descriptions rapides. Lorsqu’on veut passer un bon moment on devrait toujours avoir sur la main un livre comme Sphinx. Marie LEVEZIEL

vendredi 8 juin 2007

Climats d'André Maurois

Philippe Marcenat fils unique d’une famille d’industriels, va très tôt, à travers ses lectures se créer un idéal féminin. Orgueilleux et sans aucun scrupule, il passera d’une femme à une autre, en espérant au fond de lui trouver son amazone. Et lorsqu’il rencontre Odile Malet, c’est le coup de foudre. La famille Malet n’a pas une très bonne réputation, et bien que les Marcenat n’aient pas de sympathie pour Odile, ils laisseront Philippe l’épouser. Mais rien ne se passe comme il le voudrait. Le doute de la fidélité de son épouse s’installe. A t-il raison ? Leur mariage tourne alors mal jusqu’à un dénouement malheureux. Quelques années plus tard, il rencontre Isabelle de Cheverny, le portait intégralement opposé à celui d’Odile. Ce mariage est approuvé de la part de la tribu Marcenat, qui apprécie Isabelle. Toutefois, Philippe, très amoureux, va faire endurer à sa jeune épouse les souffrances qu’il a éprouvées avec Odile et les jeux des « je t’aime, moi non plus », en lien avec de nombreux protagonistes extérieurs ne vont que fragiliser ce couple. Philippe va passer sa vie à la recherche du « climat » dans lequel il serait heureux. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour trouver l’amour idéal selon nous, et pour le garder ? Tel pourrait être le résumé simpliste de ce merveilleux livre dont la structure m’a beaucoup plue. Nous allons voir, à travers ce roman, que l’amour idéal ne rythme pas forcément avec l’amour éternel… Conçu en deux parties, l’une écrite par le personnage d’abord, la seconde par une femme, l’auteur a très bien réussi à se glisser dans la peau d’une femme. L’exercice, pour un homme de parler comme une femme, et de penser au féminin, n’étant pas simple. En résumé, j’ai été complètement séduite par ce roman que je préconise, et qui ne sera pas « has been », l’amour étant un sentiment universel, traversant les siècles sans prendre de rides. Quand on aime les belles histoires d’amour, « Climats » est un délice ! Marie-Isabelle ALONSO CHEMINAL

mercredi 6 juin 2007

Où es-tu ? de Marc Lévy

Deux êtres. L'alchimie parfaite entre un homme et une femme. L'un faisant partie intégrante de l'autre. Mais Susan et Philip ont des parcours différents. Des peurs, des envies qui vont les faire changer radicalement. Leur vie, va passer de réalité à manuscrite au travers des lettres très proches l'une de l'autre pour devenir sommaires et très espacées, leurs dialogues à de rares instants de magie entre deux avions. Susan a décidé de s'engager dans l'aide internationale et Philip de concevoir sa vie à Manhattan, dans la publicité. Susan qui cherche dans l'aide aux autres une rédemption à la mort de ses parents, Philip qui ne vit que pour Susan. Ils savent pertinemment qu'il n'ont pas le choix et que leurs chemins s'éloignent. Un livre étonnamment construit en trois parties distinctes qui saccadent un peu le livre. Comme si l'auteur avait décidé de changer de cap pour faire avancer l'histoire. L'histoire d'un amour fou, impossible. La quête de l'individu sans l'autre, les appréhensions de vivre sa vie seul. Le choix final, vivre. Malgré tout. Je me suis laissé emporté dans la première partie du livre qui en comporte donc trois. Pour un retour brutal à la réalité et avant cet autre changement de cap. Autant cette première partie était fluide, coulait comme une vie sans accroc, l'auteur a choisi de saccader son texte pour montrer les difficultés de la vie de l'un et l'autre qui rend le livre plus difficile à lire ensuite, faisant apparaitre plusieurs autres personnages qui excluent la dualité de la première partie. Bien écrit, je ne suis, au final, pas sorti conquis par le texte ni par son orginalité. Peut-être simplement en ayant voulu imaginer cette vie réelle, à coté de nous, je ne suis pas entré dans le roman. Cela reste tout de même un beau roman. Benjamin DUQUENNE

lundi 4 juin 2007

Le faucon afghan d'Olivier Weber

Olivier Weber, grand reporter et écrivain voyageur, nous livre ici le récit d'une traversée de l'Afghanistan qu'il a effectuée à la fin des années 1990. On parcourt avec lui les chemins de ce pays. Chemins de terre et chemins d'histoire. Des histoires d'hommes qui s'entretuent. Pour avoir le dernier mot. Pour avoir l'empire sur ces chemins. Ou plutôt l'empire sur les Hommes et leurs âmes. Mais on y croise aussi d'autres histoires qui permettent d'entrevoir les multiples facettes de ces hommes qui peuplent l'Afghanistan. Leur ingéniosité par exemple. Qui permet de voir les matches de la coupe du monde dans un pays où tout est interdit. Ou encore leur façon de « retourner leur veste » dès que le vent tourne, pour avoir toujours les faveurs du chef local. Dès le début de la lecture, on oublie l'objet même du livre, qui est la recherche des derniers faucons afghans. D'ailleurs cette recherche n'est qu'un prétexte utilisé par le reporter pour se voir ouvrir les portes de ce pays. Ce qui s'avère souvent difficile dans un pays où la loi (disons plutôt les multiples lois et interdits) des talibans domine. Pourtant on se rend aussi compte à travers les réactions du jeune guide taliban qui accompagne l'auteur, de la force des potentats locaux de toutes les ethnies afghanes croisées. La question du pouvoir n'est pas chose simple en Afghanistan, et les talibans ne sont pas encore bien vus partout. Ce qu'ils apportent d'interdits surtout. Ce que j'ai le plus apprécié dans ce livre, c'est surtout cette façon qu'a l'auteur de nous entraîner de-ci de-là dans des récits d'anecdotes historiques allant de l'époque de Genghis Khan à aujourd'hui. C'est ici l'histoire d'un colonel anglais qui ne parviendra pas à mater une rebellion locale qui se terminera dans le sang, ou encore de cet autre prince qui a voulu défier Genghis Khan et qui sera poursuivi toute sa vie. Je crois que si on peut mieux saisir tous ces enchevêtrements du récit en ayant une petite connaissance de l'Histoire du pays, ce n'est pourtant pas nécessaire pour apprécier ce que l'auteur parvient à nous faire sentir. Au fond, tous ces récits nous ramènent toujours au coeur de batailles plus sanglantes les unes que les autres qui ont pour point commun d'avoir eu lieu en Afghanistan. On nage en plein cauchemar dans un pays de rêve. Et peut être est-ce pour cela que sont partis les faucons ? Alice JOLIVET

vendredi 1 juin 2007

Faux rebond de Harlan Coben

A cause d’une grave blessure au genou, Myron Bolitar a du prématurément mettre un terme à sa carrière de basketteur pro. Après avoir travaillé brièvement pour le FBI, il s’est tout naturellement reconverti en agent sportif. Un jour, Clip Arnstein, le manager des célèbres Dragons du New Jersey, lui offre un poste de remplaçant dans l’équipe à condition qu’il mène une enquête discrète sur la mystérieuse disparition de Greg Downing, leur joueur vedette. Ce qui peut sembler au début n’être qu’un caprice de star qui a juste envie de se mettre au vert quelques temps s’avère finalement une affaire beaucoup plus sérieuse. En effet, une certaine Carla est retrouvée assassinée. Or celle-ci est l’une des dernières personnes à avoir eu un contact avec la star. Doit-on alors soupçonner Greg Downing de l’avoir tuée - d’autant plus que d’énormes taches de sang tapissent les murs de son sous-sol - et de s’être ensuite enfui ? Avec Win son associé et Esperanza sa secrétaire, Myron Bolitar va tenter de le savoir. Cependant la tâche ne va pas être facile car ces investigations vont raviver chez lui de douloureux souvenirs. Dans un style très lapidaire voire scénarisé, Harlan Coben nous entraîne dans le monde du sport de haut niveau où tous les coups bas semblent permis. Tout comme dans un match, l’histoire démarre à un rythme effréné, haletant avec son flot d’actions et donc presque pas de temps mort. Malheureusement, je trouve qu’elle s’essouffle un peu vers la fin, que les personnages tournent en rond, peut-être à force de courir un peu dans tous les sens au lieu d’aller droit au but (enfin au panier). Mais peut-être que cette temporisation n’est qu’une stratégie de la part de Harlan Coben pour mieux mettre en place son offensive, contrer les adversaires et faire gagner la partie à son héros grâce à un superbe retournement de situation à la dernière minute. Et dans ce cas je dis bien joué. Après tout, ce qui est essentiel dans un match c’est le résultat et peu importe la manière employée pour y arriver. Sauf que, moi, j’aime bien quand le spectacle est beau et ici, je dois dire que, dans l’ensemble, la prestation est plutôt moyenne. Et si ce thriller reste toutefois plaisant à lire, si finalement j’ai résisté à l’envie d’abandonner la partie avant le coup de sifflet final, c’est surtout grâce à l’humour corrosif et décalé de Myron Bolitar et de ses excentriques collaborateurs qui rehausse un peu l’ambiance et le niveau de jeu. Marlène EVEN

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