vendredi 24 avril 2009

Les vertes collines d'Afrique de Ernest Hemingway

Hemingway, sa femme surnommée Mama, Karl un chasseur chanceux chassent du gros gibier au cœur de l’Afrique. Ils ont un guide professionnel Mr Phillips ainsi que des indigènes qui les accompagnent dans leurs différentes pérégrinations. Durant ce safari Hemingway est toujours mis en concurrence avec Karl en ce qui concerne les trophées de chasse. Qui aura le plus beau koudou ? Les plus belles cornes de rhinocéros ? Qui aura les guides les plus compétents ? Qui aura le droit de chasser en premier les gazelles noires mâles ? A chaque fois Hemingway croit prendre le dessus et à chaque fois Karl fait mieux. Alors il ne lui reste plus comme consolation que la sympathie de Mama, les encouragements de Mr Phillips, la volonté de M’Cola son porteur de fusil de ne pas céder au découragement et d’accepter ses « défaites » avec du whisky, de la bière et une pointe d’humour pleine d’ironie qui nous arrache toujours un sourire du coin des lèvres. J’ai énormément apprécié ce roman pour différentes raisons. D’abord les descriptions de la savane et des animaux y sont très réalistes. Hemingway ne s’est pas contenté de décrire les animaux mais il explique également leur manière de vivre dans leur environnement naturel. Des personnages africains chaleureux tels les guides comme M’Cola et son caractère « chambreur », Talma très imbu de sa personne et Droopy un professionnel en organisation. Hemingway évoque sa rencontre avec le peuple Masaï qu’il a beaucoup apprécié si l’on en croit les mots utilisés pour les décrire mais également des tribus en déplacement qu’il a croisées victimes de la famine. Dans la préface Hemingway nous dit avoir écrit ce livre qui est une vraie partie de sa vie pour voir si « le déroulement des activités d’un mois pouvaient rivaliser avec une œuvre d’imagination ». Me concernant et même si ce roman est un hymne surtout à la faune africaine mais aussi à ses habitants, je préfère les œuvres d’imaginations d’Hemingway.
Edouard RODRIGUEZ

jeudi 23 avril 2009

Le Déclin de l'Empire Whiting de Richard Russo

Empire Falls est petite ville du Maine, jadis prospère grâce à l'industrie textile des Whiting. Mais les usines ont fermé, la plupart des habitants sont partis. Les autres, désabusés, restent dans cette cité délabrée en plein déclin. Ainsi, Miles Roby qui gère un snack miteux appartenant à la vieille Mrs. Whiting. Des années auparavant, il a abandonné ses études et ses ambitions pour revenir s'occuper de sa mère mourante, et n'est jamais reparti. Aujourd'hui, entre sa femme qui l'a quitté pour un lourdaud bodybuildé, sa fille adolescente qui vit mal le divorce, son vieillard insupportable de père, la cruelle et toute puissante Mrs. Whiting, et ses anciens condisciples du lycée, Miles se sent plus que jamais coincé dans cette vie misérable dont il n'a pas voulu. Angoissé par l'avenir, il se replonge dans ses souvenirs, et comprend alors des choses qu'il n'avait pas su discerner enfant, et qui pourraient bien tout bouleverser... Ce gros roman est difficile à lâcher. Mêlant les histoires où les personnages gravitent les uns autour des autres, adoptant différents points de vue, c'est une fresque agréable à lire. L'auteur prend le temps de planter son décor et de présenter les protagonistes, tous des anti-héros qui agacent et émeuvent tout à la fois. Certains sont parfois un peu caricaturaux, mais les motivations et la personnalité de chacun sont bien mis en valeur, et leur confèrent une humanité qui les rend attachants. Alternant flash-back et récit au présent, l'histoire est prenante, même si l'on en devine vite les ressorts. Et si l'écriture est assez plate, il y a parfois, au détour d'une page, quelques phrases d'un humour british, décalé et pince-sans-rire absolument irrésistibles. Bien sûr, le style de l'auteur n'a rien de renversant, et il y a parfois des longueurs dans ce roman. Mais d'un autre côté, c'est peut-être ce qui m'a fait apprécier ce livre : l'absence d'effet de style crée une distanciation qui empêche de verser dans le misérabilisme ou une condamnation trop facile des personnages, et la relative lenteur du récit permet de s'imprégner du cadre et de l'atmosphère. J'ai trouvé que c'était un roman à la fois drôle et émouvant, et j'ai particulièrement apprécié de pouvoir ressentir, à un moment ou un autre de l'histoire, une certaine empathie avec quasiment chacun des personnages. Un seul regret, peut-être : une conclusion un peu vite expédiée, et surtout un peu trop "morale"... Fanny LOMBARD

mardi 21 avril 2009

La ferme des animaux de George Orwell

Dans la ferme de Mr et Mme Jones, un cochon « Sage l’ancien », fomente la rébellion contre l’esclavage imposé aux animaux par les hommes. Le soulèvement réussit, les fermiers et leurs gens sont chassés de chez-eux. La direction de la ferme incombe aux cochons dont l’intelligence est reconnue. Les animaux de la ferme se partagent les tâches agricoles dans la joie et l'allégresse. Les récoltes sont bonnes et les rendements semblent plus importants que du temps des humains. Isolés dans leur monde ils réapprennent tout du travail rural avec dureté mais opiniâtreté, galvanisés par le cheval de trait. Mais après la mort de l’instigateur de la révolte, ses lieutenants cochons, Boule de neige, Napoléon et Brille Babil s’emparent du pouvoir et se disputent les initiatives. A la façon d’Esope, George Orwell donne aux animaux la parole et la conscience. A l’instar de « 1984 », on voit là encore chez l’auteur, une analyse lucide des pouvoirs totalitaires qui sous couvert d’idées humanistes et à partir de projets généreux pour le bien de tous, font germer chez certains la cupidité et le désir de pouvoir que d’autres temps n’ont pu mettre à jour. La ferme des animaux est une parodie de ce que l’on observe lorsqu’une dynamique nouvelle bouscule l’histoire et que les cartes sont redistribuées, que les puissants et vaniteux sont vite remplacés par d’autres tout aussi ambitieux à s’octroyer la meilleure part. La traduction de Jean Quéval n’altère pas le message sous-jacent à cette fable racontée avec toute la vraisemblance possible. Ce roman où les animaux sont humanisés pour rejeter les humains est pathétique. Toutes les facettes de la complexité humaine sont incarnées par les animaux qui leur donnent corps. Notre intelligence, notre grandeur d’âme, notre ignorance et d’autres de nos traits sont joués par les cochons, les chevaux, les poules et les moutons dans un contexte de survie lié aux travaux de la ferme que les animaux s’efforcent de mener à bien. Il convient pour cette lecture de garder un esprit ouvert à la dérision, et même si le dénouement paraît évident connaissant l’auteur, de lire ces dix petits chapitres comme un chantre au pied de nez visant la bêtise humaine. La conscience des esprits clairs saura se délecter de cet avatar que Jean de Lafontaine aurait pu mettre en vers et Walt Disney en dessins. Frédéric MOLLICA

vendredi 17 avril 2009

Adopte-moi ! de Sinead Moriarty

L’héroïne s’appelle Emma Hamilton, elle a tout pour être heureuse, ou presque : un bon travail, un mari adorable, des amis charmants,… il ne lui reste plus qu’à fonder une famille. Seulement ce dernier souhait lui est refusé par Dame nature. En effet, elle aspire de tout son cœur à devenir maman, mais après avoir recouru durant deux longues années à tous les moyens techniques et médicaux modernes existants pour tomber enceinte, les résultats s’avèrent malheureusement infructueux. Résignée, Emma décide alors de s’adresser aux services des adoptions avec le consentement de son mari James. Elle pensait à tort que cette solution serait aisée, mais va rapidement réaliser que la procédure à suivre est un véritable parcours de combattant. Les assistantes sociales se montrent intransigeantes et sévères envers les candidats à l’adoption. Emma et James, pourtant très motivés, supporteront-ils la pression et les contrariétés qui émanent de cette procédure très complexe ? Ont-ils la force et la persévérance nécessaires pour faire face à cette pénible épreuve ? Car de difficiles séances de groupe et individuelles sont au programme pour examiner s’ils seraient de bons parents. « Adopte-moi ! » est la suite de « Fais-moi un bébé », il serait donc plus judicieux de lire dans l’ordre chronologique. Ce sont les deux premiers romans de Sinéad Moriarty, auteure d’origine irlandaise, qui avait travaillé dans divers magazines londoniens, mais vit aujourd’hui de nouveau à Dublin. Celle-ci possède un humour fort perspicace et elle en use à la perfection. On rigole vraiment tout le long de la lecture, du début jusqu’au dénouement sans exception, avec une Emma hystérique et stressée comme pas possible. On se demande comment son mari parvient à la supporter avec ses fréquents changements d’humeur ; il est nécessaire d’avoir une sacrée dose de patience, mais elle est si attachante ! Le livre est très facile à lire, le vocabulaire employé est simple et moderne, celui qu’on utilise tous les jours. Le roman en lui-même est une véritable bouffée d’air frais qui nous met immédiatement de bonne humeur. Les événements s’enchaînent les uns après les autres sans temps d’arrêt, avec des dialogues fort distrayants. On découvre dans cet ouvrage que les procédures d’adoption et ses formalités sont bien contraignantes et parfois démotivantes, sans oublier le côté financier à assurer. Les assistantes sociales ne sont certainement pas là pour faire décor, bien au contraire, elles se montrent très attentives et vigilantes vis-à-vis de la psychologie et de l’attitude comportementale des candidats pour décerner s’ils méritent ou non d’accéder à l’adoption. Ngan Dai BUI

mercredi 15 avril 2009

Un goût de cendres de Elisabeth George

Une cigarette allumée laissée dans un fauteuil provoque l’incendie d’un cottage et la mort de l’homme qui dormait à l’étage : Kenneth Fleming, joueur de cricket vedette de l’équipe d’Angleterre. La police locale se rend vite compte qu’il s’agissait d’un incendie volontaire et fait appel à la police métropolitaine, qui va devoir dénouer les fils d’une affaire qui s’annonce complexe : La victime était séparée de sa femme et de ses enfants depuis plusieurs années et en passe de demander le divorce, prêtait le flanc aux ragots en habitant chez Miriam Whitelaw, une amie âgée qui avait lancé sa carrière, et vivait une liaison sulfureuse avec la femme d’un mécène de l’équipe… Voici l’occasion pour nous de retrouver le très sympathique duo d’enquêteurs de New Scotland Yard créé par Elizabeth George : L’aristocratique inspecteur Thomas Lynley, qui se débat toujours dans ses déboires amoureux avec sa chère lady Helen ; et son adjointe, le sergent Barbara Havers, plébéienne manquant de classe mais avec beaucoup de caractère, qui vient d’emménager dans un nouveau quartier. Les voilà plongés dans une enquête délicate, d’autant qu’il faut gérer les frictions avec l’inspecteur chargé de la ramification locale de l’affaire dans le Kent – une femme, ce qui gêne Lynley aux entournures bien qu’il essaie de passer outre – et le profond intérêt marqué par la presse envers la mort d’une personnalité médiatique. Comme toujours avec Elizabeth George, l’intrigue est très étoffée, truffée de petits détails, d’histoires secondaires dont on ne sait pas lesquelles se rattachent réellement à l’enquête en cours. La vraie vie ! On s’identifie ainsi aux enquêteurs, qui doivent utiliser leur flair pour distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas ; cela rend l’histoire d’autant plus intéressante. L’auteure est aussi spécialiste des relations familiales difficiles et les met en œuvre magnifiquement : entre Ken, sa femme et ses enfants d’une part, mais aussi entre Miriam et sa fille Olivia, en conflit ouvert avec sa mère qu’elle n’a plus revue depuis des années. Le récit du déroulement de l’enquête est d’ailleurs entrecoupé du journal d’Olivia, et on commence par se demander ce que tout ça vient faire là : Olivia nous raconte comment sa révolte l’a entraînée dans les bas-fonds de Londres, comment elle a rejoint un mouvement antivivisectionniste par amour (impossible) pour son leader, comment – atteinte d’une grave maladie neurologique dégénérative – elle a perdu peu à peu son autonomie... On ne voit pas du tout pourquoi l’auteure a choisi de faire passer en avant-plan cette histoire qui semble à priori si éloignée du meurtre proprement dit… Jusqu’au dénouement final, que l’on ne découvre que dans les dernières pages, étant resté en haleine jusque là ! On y découvre enfin la vérité, réalisant alors que le roman était parsemé d’indices permettant d’y parvenir… L’histoire est très bien construite et très prenante, les personnages parfaitement dépeints, le style fluide. Un roman magistral qui ne nous donne qu’une seule envie : retrouver notre attachant duo d’enquêteurs dans les romans suivants de l’auteure… Marie-Soleil WIENIN

vendredi 10 avril 2009

Le messager des sables de Anthony Audouard

A peine rentré d’un voyage en Egypte, Vincent apprend la mort de son meilleur ami. A la sortie de son enterrement, il se fait renverser par une voiture. Il s’évanouit et nous le retrouvons quelque 200 ans plut tôt, en 1798, se réveillant d’un choc avec la voiture du savant Vivant Denon qui le prend sous sa protection. Quelque temps plus tard, ils voguent vers l’Egypte en compagnie de Bonaparte, participant au passage à la prise de Malte où un vieux chevalier offre à Vincent une croix d’argent qui semble recéler bien des mystères comme il va s’en apercevoir dès son arrivée à Alexandrie… Nous voila donc partis avec Vincent sur les traces de Bonaparte partant conquérir l’Egypte. Sont bien sûr évoqués les comportements peu glorieux des soldats qu’ils soient vainqueurs ou vaincus, les difficultés liées au climat et à l’hostilité de la population, mais l’accent est surtout mis sur le travail de recherche mené par les savants parallèlement à cette conquête. J’ai trouvé cette orientation de l’histoire vers leur rôle de compréhension et de découverte des splendeurs de la civilisation égyptienne, particulièrement intéressant. Les auteurs se sont notamment documentés dans le livre de Vivant Denon, « voyage dans la basse et la haute Egypte », ce qui fait que du point de vue historique, rien à dire, le sujet est plutôt bien traité. Par contre ce qui m’a « perturbé », c’est que notre personnage principal se fasse renverser par une voiture dans les années 2000 et qu’on se retrouve à son réveil en 1798…Alors, est ce vraiment le même ou pas ? Il semble bien que oui, tout en ne l’étant pas tout à fait parce qu’il a son propre vécu dans le XVIIIe siècle…Un peu confus n’est ce pas ? De plus, comme les personnages évoqués dans les chapitres du début apparaissent au fur et à mesure du récit qui se passe en 1798, je me suis demandé tout au long de ma lecture où les auteurs voulaient en venir. Et je pense que du coup cela a « pollué » ma vision des choses et ma compréhension de l’histoire. Est-ce un rêve, un voyage dans le temps, sorte de retour vers le futur ? J’ai un peu honte de le dire mais je ne le sais toujours pas... Pourtant habituellement je suis plutôt bon public pour ce genre de roman mêlant le passé et le présent, mais là, j’ai eu beaucoup de mal à y croire…Il est d’ailleurs à noter que les quatrièmes de couverture des éditions que j’ai pu voir ne font aucunement mention de cette particularité comme si ce n’était pas important…Or pour moi cela a tout changé. En outre, il manque dans l’écriture ce je ne sais quoi qui fait que l’on se laisse emporter par une histoire…J’ai trouvé la narration d’un rythme inégal, les personnages ternes auxquels on ne s’attache pas, malgré les efforts des auteurs à nous faire partager leurs états d’âme…Bref à la fin, un sentiment de perplexité et de déception. Mais peut-être suffit-il d’avoir envie d’y croire pour pouvoir apprécier ce roman… Nicole VOUGNY

lundi 6 avril 2009

Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes de Robert M Pirsig

Avec Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes le lecteur fait un beau et bien étrange voyage. Avant tout le voyage est géographique. Le narrateur part de Minneapolis, il traverse les Plaines Centrales du Dakota et remonte vers le Montana. Après une halte, il reprend la route vers la côte Ouest de la Californie, au bord du Pacifique. Le périple se fait à motocyclette, sur une vieille BMW qu’il faut savoir écouter et soigner. Le narrateur est accompagné de son fils, Chris. Ils rouleront jusqu’au Montana avec un couple d’amis, un couple un peu plus impatient que nos deux protagonistes. Le but avoué du voyage est moins d’arriver quelque part que de voyager. Ils empruntent les petites routes, les routes secondaires, celles qui zigzaguent et permettent toujours de découvrir ce qui ne se dévoile pas sur les grands axes. C’est une véritable philosophie de la pratique de la motocyclette que nous dévoile peu à peu Robert M. Pirsig. Assis sur sa motocyclette, les deux motards découvrent la nécessité de se taire. Face au monde, l’un derrière l’autre, seule la méditation devient possible. Le voyage n’est pas seulement géographique, il devient aussi intérieur. Chaque jour, la relation du voyage fait place aux méditations du narrateur. A la relation des pérégrinations des motards à travers les Etats Unis se mêlent des réflexions sur les relations entre la pensée et le monde, sur la place de la technique dans nos vies. Au fil des kilomètres, le narrateur, ancien professeur d’anglais et de rhétorique, revisite les philosophies de Kant, d’Aristote et Platon… Il relate son parcours intellectuel et son lent enfermement dans la folie. Si certains passages paraissent parfois ardus, le langage simple et clair de Robert M. Pirsig nous accompagne avec bonheur pour poursuivre la lecture de ce roman atypique, où se mêlent concepts philosophiques et explications techniques sur l’entretien des machines.
Jacky GLOAGUEN

vendredi 3 avril 2009

Un enfant du pays de Richard Wright

Bigger Thomas est un jeune noir de Chicago vivant dans le quartier qui leur est « réservé » avec sa mère, sa sœur et son frère dans une pièce unique sans aération et infestée de rats. Le bureau de bienfaisance, sous la menace de couper les rations alimentaires de sa famille, l’oblige à postuler chez les Dalton pour un poste de chauffeur. Le soir même de son embauche il doit conduire Melle Mary Dalton à l’université mais celle-ci lui ordonne d’aller prendre son petit ami Jan qui est communiste et de les conduire, dans un quartier excentrique de Chicago : le Loop. Quand cette soirée prend fin, Jan repart en tram et Bigger raccompagne Mary totalement ivre dans sa chambre … mais voilà que Mme Dalton qui est aveugle, entend du bruit et va dans la chambre de sa fille. Subitement Bigger est pris de terreur et tue Mary par étouffement. Dès cet instant Bigger met en place un alibi qui ne tiendra pas longtemps. Alors commence une chasse à l’homme, un autre meurtre et un procès qui mènera Bigger sur la chaise électrique. Ce roman qui évoque une époque pas si lointaine que cela de l’histoire américaine est très intéressant à lire pour plusieurs raisons. D’abord un style direct où l’action est permanente et haletante, le roman se déroulant sur 2 à 3 semaines enquête et jugement compris. Ensuite une description précise des assassinats et surtout une dénonciation en règle de l’auteur sur les conditions de vie des Noirs, sur le racisme de l’époque envers les gens de couleur mais aussi sur cette haine envers les communistes et les syndicalistes. Richard Wright dénonce également l’attitude des blancs comme Mr Dalton qui fait des dons à des associations pour aider les Noirs et ainsi se donne bonne conscience, mais qui d’un autre côté loue des chambres où des familles noires s’entassent à des prix exorbitants. Par ailleurs, le déroulement du jugement n’est guère flatteur pour un pays comme les Etas-Unis et cela l’auteur le montre d’une manière très claire. Tribunal composé uniquement de Blancs, présence d’un cadavre, des Blancs qui ne veulent qu’un lynchage… Ce livre nous montre à quel point le peuple noir a souffert pour faire reconnaître ses droits en Amérique et pointe du doigt un anti-communisme primaire de la part de l’américain de base envers des idées différents. Edouard RODRIGUEZ

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