vendredi 30 novembre 2007

Labyrinthe de Kate Mosse

Dans la série « quête du Grâal », ces dernières années ont vu fleurir sur ce thème toutes sortes d'histoires plus rocambolesques les unes que les autres. Celle de Kate Mosse allongerait-elle la liste de ces romans dont je ne dirai pas pour ma part qu'ils soient des chefs d'oeuvre de l'écriture littéraire ! Et bien non.
Voilà un roman dont la première originalité, hormis de se passer à une époque méconnue de notre histoire réside dans la construction en parallèle de deux récits aux similitudes savamment distillées. L'un a lieu de nos jours et met en scène Alice Tanner, jeune anglaise bénévole sur un chantier de fouilles dirigé par son amie Shélag dans la région de Foix, qui découvre fortuitement ce qu'elle n'aurait jamais du découvrir : une grotte où gisent deux squelettes et qui recèle des objets chèrement convoités par des individus malfaisants au service de leur soif de pouvoir. L'autre se situe 800 ans plus tôt dans cette même région au coeur d'une sombre période, celle de la sanglante répression des Cathares dans la première moitié du 13ème siècle. Alaïs, fille de l'intendant Pelletier attaché au seigneur Trencavel va se retrouver dépositaire d'un lourd secret ou plutôt d'une partie d'un secret qui en comprend trois. Elle n'aura de cesse de rassembler et de sauvegarder au péril de sa vie et de celle de ses compagnons tous engagés, ces précieux documents dont la capitale importance la mettra à la merci d'individus sans scrupules. Quel lien entre ces deux histoires sinon qu'elles se répètent? Voilà une autre originalité mais impossible à dévoiler sans trahir le livre. Historiquement bien documenté, fourmillant de détails sur la vie domestique et sociale du Moyen Age, ce roman a un très fort pouvoir évocateur. Les parfums des onguents qu'Alaïs confectionne, les odeurs des lieux de batailles, le poids des lourdes étoffes qui la vêtent, les sentiments profonds mais tout en retenue qui unissent la jeune femme à son père, tout cela contribue à créer une ambiance à la fois familière et dépaysante . La ville de Carcassonne traitée comme un personnage à part entière, majestueuse, puissante, protectrice ajoute à ce tableau saisissant relaté dans un vocabulaire emprunté en partie au vieux français. Le récit contemporain également très bien construit possède tous les ingrédients d'un bon thriller qui tient le lecteur en haleine de bout en bout. Ce roman à la fois historique et contemporain présente l'immense avantage à mes yeux d'instruire en divertissant. Sitôt lues les dernières pages, je me suis précipitée sur internet pour y recueillir des informations complémentaires sur cette période. Merci à Kate Mosse, occitane d'adoption de m'avoir fait, de façon si vivante, découvrir une part de notre histoire que je connaissais mal. Florence TOUZET

jeudi 29 novembre 2007

Mille femmes blanches de Jim Fergus

Nous sommes en 1875. Un chef Cheyenne propose au président Grant de lui échanger mille chevaux contre mille femmes blanches à marier à son peuple, afin de favoriser son intégration par le biais du métissage. May Dodd se porte volontaire : internée abusivement par sa famille qui n'acceptait pas qu'elle vive avec un homme de classe inférieure dont elle avait eu deux enfants, elle voit là son unique chance d'échapper à l'asile psychiatrique. Au côté d'autres femmes en marge de la société, internées ou prisonnières libérées à la condition de participer à cet échange, elle quitte la civilisation pour se rendre auprès du peuple cheyenne. Au bout d'un long voyage à travers l'Ouest américain, elle découvrira une autre culture à laquelle il lui faudra s'adapter, entre combats violents et coutumes subtiles, au côté d'un peuple fier et courageux, en proie aux ravages apportés par l'homme blanc.
Ce roman se présente sous la forme de carnets rédigés à la manière de lettres et de journaux par May Dodd, qui y raconte son quotidien. Ce livre est facile à lire, écrit dans un style parfois même un peu trop simple. On peut regretter également que les descriptions et la narration soient noyées sous la large part faite aux tourments intérieurs de l'héroïne. Malgré tout, ce récit reste intéressant et aborde d'une façon assez inédite le thème des Indiens d'Amérique. La description des Cheyennes et de leurs moeurs nous parle, car May est prise entre les deux cultures, et pose un regard qui nous est familier sur sa nouvelle vie et son nouveau peuple. Dans ce roman, les deux peuples sont tour à tour "sauvages" et "civilisés", et l'auteur évite donc l'écueil qui aurait consisté à opposer les "gentils" Cheyennes aux "méchants" blancs. Au final, il y a beaucoup de choses que j'ai appréciées dans ce livre, et surtout son côté dépaysant : je ne connaissais pas bien la culture Cheyenne, et j'ai adoré les descriptions du grand Ouest, très réussies. Si je ne me suis pas attachée au personnage de May, les portraits de ses compagnes de voyage sont suffisamment colorés pour constituer une savoureuse galerie. Enfin, même si c'est une fiction, le récit prend une autre dimension quand on sait que le point de départ du roman, à savoir l'échange des femmes blanches contre des chevaux, est un fait réel. Pour ma part, ce roman m'a donné envie de m'intéresser davantage à l'aspect historique et culturel de la question des Indiens d'Amérique. De ce point de vue, ce livre est une réussite. Fanny LOMBARD

mercredi 28 novembre 2007

La femme en vert d'Arnaldur Indridason

Sur un chantier de construction à Reykjavík dans le quartier de Thushold des ossements sont mis au jour. Le squelette est selon les premières constatations vieux d’au moins une cinquantaine d’années. Et la question qui se pose évidemment est : de qui peut-il donc bien s’agir ? Serait-ce la fiancée d’un certain Benjamin, riche commerçant ? Tout le monde racontait à l’époque qu’elle s’était suicidée en se jetant dans la mer. Mais peut-être que finalement la vérité est toute autre. Ou bien serait-ce un de ces soldats américains vivant sur la base militaire pendant la seconde guerre mondiale ? Et qui donc est cette mystérieuse femme en vert qui vient se recueillir près des groseilliers. C’est ce que va tenter de découvrir l’inspecteur Erlendur et ses co-équipiers Elinborg et Sigurdur Oli. Cependant, en déterrant ce corps, il va également exhumer tout un passé, non seulement celui de cet endroit mais aussi malheureusement le sien.
Tout le talent d’Arnaldur Indridason réside justement dans cette manière de faire remonter doucement à la surface les souvenirs et les souffrances psychologiques des personnages au fur et à mesure que les archéologues enlèvent délicatement les couches de terre autour du cadavre. Ce qui est prodigieux aussi, c’est sa façon de jongler constamment avec le présent et le passé sans que ces allers retours ne gênent la compréhension de l’histoire. Et l’enquête actuellement menée va ainsi progressivement rejoindre le récit que fait en parallèle l’auteur sur cette famille qui a vécu là pendant la seconde guerre mondiale. Evidemment on se doute bien dès le départ que tout est étroitement lié et on se prend alors à spéculer sur le dénouement éventuel. L’écriture d’Indridason est parfois d’une dureté et d’une noirceur saisissante mais en même temps d’un incroyable réalisme. J’y ai été très sensible notamment lorsqu’il décrit le calvaire physique et surtout moral que subit cette femme à travers des actes de violence conjugale ou encore la descente aux enfers de la fille d’Erlendur et sa plongée dans le coma qui va raviver chez lui le souvenir de la mort accidentelle de son frère enfant. Au-delà de l’intrigue policière qui m’a beaucoup plu, j’ai trouvé que c’était un livre vraiment très poignant et qu’Arnaldur Indridason avait l’art de creuser l’âme humaine au plus profond. Marlène EVEN

mardi 27 novembre 2007

Le lendemain elle était souriante de Simone Signoret

De la loge de sa maquilleuse qui la suit depuis des années de tournages en chambres d’hôtel avec sa « cantine » magique qui peut transformer une femme de 1974 en rescapée des camps à la cour d’assises d’Amiens où elle assiste au deuxième procès de l’affaire Goldman, Simone Signoret nous prend par la main et nous entraîne avec simplicité dans son univers de pensées.
Mais le sujet de ce livre qui apparaît très vite au lecteur est plus important que ces quelques bribes de vie de cette grande actrice qui jalonnent au présent les marques plus profondes d’une première aventure d’écriture. Et de procès il est question d’un autre, celui qu’elle a intenté à des mécréants (dont un certain Jean-Edern Hallier) qui ont osé mettre en doute non pas son talent d’écrivain mais son véritable titre d’auteur d’autobiographie ! Et comment douter après ces pages qui nous entraînent sur le chemin de ce premier livre de plus de 600 pages (La nostalgie n’est plus ce qu’elle était) qu’elle a écrit de Saint-Paul-de-Vence à sa maison d’Auteuil pendant plus d’un an, connaissant le vide narguant de la page blanche posée sur cette machine à écrire qu’elle emmènera avec elle dans cette lourde malle noire, ce « gros chat » qui la suit même en avion et qui peut se faire oublier sous un piano pour laisser l’actrice vivre et tourner. Elle ira au bout de cette aventure qui était partie d’une anecdote racontée à des amis : « mais tu devrais le raconter dans un livre !! ». D’une première idée de collection du type Dialogues avec… de l’éditeur Le seuil, elle racontera ses souvenirs à Maurice Pons : une belle rencontre mais ces paroles retranscrites la déçoivent et, sans se douter de rien, elle commence à écrire ses souvenirs elle-même. Et nous le raconte.
J’ai choisi ce livre pour son auteur ne sachant pas du tout à quoi m’attendre : d’une écriture vivante, on retrouve (ou découvre) une femme franche et drôle, éprise de justice qui écrit on le sent avec bonheur même si ce livre témoignage fut entrepris suite à ces paroles médisantes entendues un matin de tournage à la radio. Elle donne beaucoup au lecteur sans souffrance : elle veut que les choses soient dites et c’est une tranche de vie insoupçonnable qu’elle nous livre dans ces pages…souriantes. Fanny JOLIVET

vendredi 23 novembre 2007

Autobiographie d'une Courgette de Gilles Paris

Un coup de révolver est parti accidentellement et Courgette tue sa mère. Ce petit garçon de 9 ans est alors placé dans un foyer pour enfants dans lequel il va évoluer avec d’autres jeunes de son âge. Ces derniers deviendront ses amis, notamment Simon et Ahmed qui partagent sa chambre. Puis arrive bientôt Camille avec qui il va cultiver une réelle complicité et de tendres sentiments.Grâce à un encadrement rigoureux et professionnel de ce foyer d’accueil « Les Fontaines », Courgette bénéficie enfin d’une vie plus équilibrée et plus active que celle qu’il avait avec sa maman alcoolique qui passait sa vie devant la télé, le délaissant seul dans sa chambre à longueur de journée. En effet, mise à part le travail scolaire, ces éducateurs très compétents organisent un planning hebdomadaire complet avec des activités extérieures afin d’occuper et de divertir ces jeunes.
Ce roman s’apparente à un conte moderne, avec un petit garçon qui, au lieu de devenir malheureux suite à la perte de sa maman - c’est plutôt l’effet inverse qui se produit - est comme un poisson dans l’eau dans ce foyer. Il découvre l’amour et le réconfort auprès des gens qui lui étaient jusque-là inconnues. On peut citer comme exemple deux personnes qui me touchent particulièrement par leur générosité : le respectable gendarme Raymond qui l’aime comme son propre fils et lui rend visite tous les dimanches, et l’éducatrice Rosy qui prend soin de lui et de ses camarades comme une véritable mère. Cette dernière procure aux enfants beaucoup d’affection, mais sait se montrer ferme lorsqu’il devient nécessaire. J’aime le caractère optimiste que l’auteur donne à son personnage Courgette, et le regard très naïf et innocent de ce dernier sur la vie est vraiment délicieux. Ce roman délivre un message positif en faveur des enfants issus des familles difficiles et placés dans des établissements spécialisés comme « les Fontaines ». En revanche, le style enfantin utilisé par Gilles Paris pour la narration pourrait être comique et distrayant pour certains, mais éprouvant pour d’autres. Si vous aimez « le petit Nicolas » de Sempé-Goscinny, vous aimerez « Autobiographie d'une Courgette ». Dai BUI

jeudi 22 novembre 2007

Cendres mortelles d'Erika Stevens

Julia Stenzo, écrivain de science-fiction, célibataire, âgée de trente-deux ans vit à Paris. Elle est fille unique mais n'a plus de parents. Il lui arrive ce que tout écrivain redoute dans sa carrière : le syndrome de la page blanche. Comment faire pour trouver de nouvelles idées et même changer d'air alors que la dépression pointe le bout de son nez en cette fin d'un mois de juillet gris, pluvieux, et à la chaleur oppressante ? Et si la solution se trouvait dans la montagne de publicité qu'elle reçoit quotidiennement dans sa boîte aux lettres ? C'est en effet grâce aux prospectus que tout va changer dans la vie de Julia... Il faut reconnaître que cette proposition de voyage tombe à pic et s'avère très intéressante : un séjour en pension complète sur l'île de Snark à un prix dérisoire, pour une durée d'un mois. D'accord, cette île est totalement inconnue et n'est même pas répertoriée sur les cartes; l'agence de voyage n'a pas pignon sur rue et ses deux responsables sont assez atypiques... Mais voilà, Julia a été sélectionnée parmi des milliers de personnes. Etant très curieuse de nature et se moquant de la méfiance de sa meilleure amie, elle accepte l'offre et part donc en vacances dans ce lieu que les photos de l'agence font passer pour un véritable coin de paradis...
Elle s'apercevra rapidement que rien ne se passe comme elle l'avait imaginé et que cette île viendra plutôt gâcher son sommeil ainsi que les journées qu'elle passera à tenter d'échapper aux Snarkiens, étranges et mystérieux habitants de Snark. L'auteure fait constamment allusion à "Alice aux pays des merveilles" de Lewis Carroll, tant dans le nom des personnages et des lieux que dans les situations que l'héroïne va vivre. Elle réussit à proposer une réécriture très personnelle et cauchemardesque de ce conte pour enfants que tout le monde connaît. Certes il ne faut pas lire "Cendres mortelles" pour se donner des sensations fortes, mais le parallèle avec le conte est assez subtil et ingénieux pour passer un bon moment de lecture. L'idée de ces "vampires" modernes (l'histoire se passe de nos jours) est très originale, et on peut même sourire, voire rire en lisant ce livre qui dans l'ensemble, est tout de même assez angoissant de par son réalisme. Laurent ENGLE

mardi 20 novembre 2007

L'Impératrice de la soie Tome I - Le Toit du monde de José Freches

Un viol dans un monastère, une concubine de cinquième rang propulsée au rang d'Impératrice, un moine rompu aux arts martiaux affublé d'une mission très délicate, et d'autres situations encore, sans rapport entre elles à priori, vont se rejoindre magistralement dès le début de ce premier tome au style clair, enchaîné, palpitant et de plus très didactique sur le Bouddhisme. Entre la Chine, l'Inde et le Tibet se trame sous fond de concurrences religieuses pacifiques, un trafic de fabrication de soie clandestine qui s'oppose à la toute puissante Chine impériale. Malgré le monopole exclusif de cette denrée imposé par l'Empire chinois, l'argent généré par son commerce attise les convoitises des différentes obédiences pour servir de moteur à leurs expansions et ainsi chacune espère devenir la religion principale de l'Asie et surtout de la Chine. La technique d'élevage des chenilles du Bombyx, l'exploitation du fil précieux extrait du dévidage des cocons, les procédés de teinture des tissus de soie, sont des secrets qu'il va falloir découvrir au mépris de tous les dangers en défiant les services de polices de l'Empereur au péril de la vie et surtout de la ruine des puissances commanditaires.
Ce premier tome d'une trilogie nous laisse sur notre faim, et un désir irrépressible s'empare de nous de lire la suite. Les personnages bien campés et hauts en couleurs gardent une humanité pleine de sensibilité, de compassion et souvent de cruauté. Les premiers chapitres dédiés à la mise en scène des différents protagonistes peuvent dérouter une lecture trop linéaire de l'histoire. Ils apparaissent comme les couches successives d'un mille-feuilles aux multiples textures, pour ensuite se fondre les unes dans les autres et fusionner comme les affluents font naître les grands fleuves. L'impératrice de la soie avec ce premier tome : Le Toit du monde, surprend déjà par le nom de l'auteur à consonnance occidentale, et pourtant si on ose sa lecture on est dès le début happé par un fort courant d'aventure et de dépaysement qui transporte aux temps anciens de l'Asie où la route de la soie drainait non seulement cette dernière mais aussi tout un cortège de drames et de bonheurs pour que la cupidité de beaucoup et l'amour de certains s'équilibrent afin que le monde humain perdure toujours et encore. Wuzaho saura-t-elle à force de séduction amoureuse et de vilenies, parvenir à sa destiné prophétique et remplacer son mari Gaozong, esclave de ses charmes, sur le trône de l'Empire ? Cinq défenses, moine intègre du grand véhicule bouddhique sauvera-t-il les jumeaux célestes qu'un marché de dupe a mis dans ses bras ? L'éléphant blanc sacré est-il mort dans le froid du Tibet abandonné par Bouddhabadra dont le sort final n'a rien d'enviable ? ... et mille autres questions auront-elles leurs réponses dans le second ou le troisième tome ? A vous de les lire. Frédéric MOLLICA

lundi 19 novembre 2007

Le rocher du sacrifice de Steven Saylor

Ceux qui aiment les histoires noires, les enquêtes à suspense et les rebondissements à tous les chapitres, passez votre chemin !
Dans ce roman historique au temps de la Rome antique, Gordianus, surnommé « le fin limier », est un enquêteur plus axé sur la réflexion que sur l’action. Alors que la guerre civile qui oppose les partisans de César à ceux de Pompée déchire l’Empire romain, il part, accompagné de son gendre Davus, à la recherche de son fils Méto dont une lettre anonyme lui a annoncé la mort. D’après la rumeur, son fils aurait trahi César et se serait réfugié dans la cité de Massilia, l’actuelle Marseille. La ville ayant pris le parti de Pompée, elle est assiégée par les troupes de César mais résiste héroïquement malgré la famine et la peur. Après avoir pénétré clandestinement dans la cité, il assiste alors, impuissant, à la chute d’une femme du haut d’une falaise alors que cette dernière semblait fuir un soldat en cape bleue… Accident, suicide, meurtre,… ? J’ai trouvé la double enquête du « fin limier » un peu fade. Gordianus semble plus subir les évènements que véritablement réaliser un travail d’enquête. De plus, on devine bien vite quel sera le dénouement final de l’histoire ! Par contre, amateurs d’histoire, régalez vous ! Les chroniques du siège de Massalia (Marseille) sont passionnantes et les anecdotes sur les mœurs de l’époque savoureuses. Steven Saylor, en véritable historien doublé d’un conteur de grand talent, nous fait donc découvrir, nombreux détails à l’appui, les us et coutumes de cette cité cosmopolite de Massilia, où déjà à cette époque se cotoient Grecs, Romains et Gaulois. Et notamment, la coutûme étrange du « Rocher du sacrifice » d'où on précipitait dans la mer, le moment venu, la personne choisie comme « bouc émissaire », pour endosser les fautes de la ville et ramener la chance et la prospérité. Ce « bouc émissaire », qui était choisi parmis les plus misereux de la cité, recevait pendant la période précédant son sacrifice, honneur, richesse et nourriture en abondance. Par ailleurs, je trouve aussi très intéressant la façon dont l’auteur nous plonge au cœur des affaires de Rome : la montée en puissance de César qui met en péril la république, la lutte avec Pompée, la révolte de Catalina, le procès du gouverneur corrompu de Sicile, Verrès ou encore, l’affaire Milon où l’avocat de la défense n’est autre que Cicéron. Avec Steven Saylor, c’est avec plaisir que je suis retourné sur les bancs de l’école pour dépoussierrer mes vieux cours d’histoire ! Pierre LUCAS

vendredi 16 novembre 2007

Un mariage poids moyen de John Irving

Deux couples d’amis dans les années 70 : d’un côté Séverin Winter,professeur d’allemand entraîneur de lutte d’origine viennoise et Edith,écrivain ; de l’autre, le narrateur, professeur d’histoire auteur de romans historiques et sa femme Utch qui a passé son enfance à Vienne…Un beau jour ils décident d’un échange de partenaire par consentement mutuel en fonction des affinités…Et nous voici spectateurs d’un ménage à quatre, avec ses querelles, ses jalousies naissantes et passées, sans pour autant que nous nous sentions comme des voyeurs. Cette situation que l’on perçoit comme un jeu au début du roman, mais avec quand même des règles très strictes (temps d’adultère équivalent, pas de nuit complète chez l’amant…), nous apparaît peu à peu plus complexe et somme toute pas si facile à vivre, les sentiments prenant le pas sur l’aspect purement sexuel du départ…
A première vue, cela peut paraître plutôt immoral mais on a plus un sentiment de cocasse que d’indécence. En fait, tout est dans la manière dont l’auteur traite de ce sujet un peu délicat. Grâce à une écriture très libre et très légère et surtout à un humour omniprésent on a une sensation d’irréel et de pas complètement crédible au fur et à mesure que l’on avance dans la lecture, notamment parce qu’il y a trop de coïncidences entre les couples pour que cela fasse vrai. Autre originalité du roman :on retrouve souvent un parallèle entre la vie et les règles du sport de lutte, que ce soit dans les attitudes, les idées, les sentiments et même les descriptions des protagonistes classés dans des catégories de poids (moyen, léger, plume, lourd). Tout cela nous donne des personnages originaux, drôles mais aussi attachants parce que tellement humains… Par contre comme l’auteur s’amuse à faire sans arrêt des allers retours entre le passé et le présent, on a un peu de mal à « rentrer » dans le roman et ce n’est pas toujours facile à suivre. J’ai découvert John Irving avec « le monde selon Garp » et l’ai beaucoup apprécié dans « une veuve de papier » ou « un enfant de la balle »…J’ai moins adhéré à celui-ci, du moins au premier abord, certainement parce qu’il fait parti des premiers écrits de l’auteur et qu’il est moins abouti que les suivants. Mais à la réflexion on passe quand même un bon moment à sa lecture et sous un aspect un peu frivole, ce roman est plus profond qu’il ne semble. Nicole VOUGNY

jeudi 15 novembre 2007

Meurtre au Mont Fuji de Shizuko Natsuki

Jane Prescott, étudiante américaine à l'Université de Tokyo, est invitée à l'occasion du Nouvel An par sa camarade Chiyo Wada, dont la riche famille d'industriels a l'habitude de se réunir dans une somptueuse propriété située au pied du Mont Fuji. Mais le premier soir, le patriarche du clan est assassiné. Quand Chiyo confesse qu'elle a tué son grand-père car celui-ci avait tenté de la violer, le reste de la famille décide de la couvrir, faisant de Jane leur complice. De fausses traces de pas, un ingénieux stratagème pour retarder la décomposition du corps, et une mise en scène pour brouiller les pistes : voilà qui devrait détourner la police vers le crime d'un cambrioleur. Mais il suffit d'une petite erreur pour que tout le plan s'écroule... De facture classique, ce court roman, facile et agréable à lire, est assez original. On n'est pas dans un Japon de carte postale (pas de futon ou de kimono), mais l'atmosphère reste particulière, et pas seulement à cause du cadre. Cela tient plutôt aux rapports entre les personnages, à l'importance accordée à la sauvegarde des apparences, au sacrifice consenti par la famille... Autant d'aspects mis en relief par la présence de Jane, seule occidentale du roman, à travers les yeux de qui nous assistons à cette histoire. C'est l'un des traits de génie de l'auteur : comme Jane, le lecteur est extérieur à la famille Wada et étranger aux liens existant entre eux. Dès le début nous savons que Chiyo est l'assassin, et nous assistons à la mise en place du plan visant à tromper la police. Comme Jane, de témoin nous devenons en quelque sorte complice. Les Wada vont-ils rester solidaires ? Chiyo sera-t-elle arrêtée ? Impossible de répondre à ces questions, d'autant plus que la vérité est peut-être bien plus complexe... J'ai beaucoup apprécié ce livre, bien que les derniers chapitres soient peut-être un peu rocambolesques. Mais le dénouement inattendu est à la hauteur de ce récit très bien construit, au cours duquel on va de rebondissement en rebondissement. Je ne me suis pas ennuyée une seconde et je me suis rarement sentie autant "impliquée" dans un roman policier, dans le sens où j'ai vraiment eu l'impression d'en être le témoin, et pas une simple lectrice. On se prend agréablement au jeu, et c'est assez rare pour faire de ce roman un divertissement de qualité.
Fanny LOMBARD

mardi 13 novembre 2007

Au dieu inconnu de John Steinbeck

Joseph, un des quatre frères Wayne, décide de quitter la ferme familiale du Vermont, d’aller enregistrer une concession en Californie, d’y construire sa maison sous un gros chêne et d’y lever une ferme. Peu après son départ, le père Wayne décède. Alors Joseph propose à ses frères Thomas, Burton et Benjamin de venir s’installer avec leur famille en Californie et ainsi d’agrandir la concession.
Joseph va rencontrer dans un premier temps Juanito qui lui fera découvrir un endroit secret dans la forêt. Cet endroit constitué d’un rocher avec de la mousse verte et d’un petit ruisseau va devenir un lieu de culte. Dans un second temps Jospeh se mariera avec Elizabeth Mc Gregor. Mais voila les mauvais jours approchent ce qui va changer le cours des existences paisibles… Ce roman m’a plu car il est agréable, émouvant et de lecture simple. Il évoque les passages de la vie par lesquels tout être humain traverse comme la séparation avec les parents ou les frères, les mariages, et les décès de gens aimés. Fidèle à lui-même, je trouve que Steinbeck a crée des personnages d’une telle authenticité qu’il m’a été impossible de ne pas apprécier des individus tels que, Joseph le meneur, Burton le religieux « extrémiste », Thomas qui adore les animaux, Benjamin qui boit sans soif, Elizabeth l’institutrice, Rama la femme de Thomas, Juanito l’ami, le père Angelo, le vieux Juan, les enfants et bien d’autres encore qui rendent ce livre vivant et lui donnent une couleur locale toute californienne. Ce livre est aussi une petite page d’histoire car j’estime qu’il a l’avantage de nous conter ce qu’était la Californie du début du siècle ainsi que le mode de vie de ces hommes et de ces femmes qui décidèrent de s’installer dans des contrées inconnues. Enfin ce roman traite d’un sujet d’actualité : la tolérance religieuse au travers les attitudes de Joseph et de Burton. Chacun croit à ce qu’il veut et pratique son culte comme il l’entend. Voilà je pense, un des nombreux messages que l’auteur a voulu faire parvenir jusqu’à nous. Edouard RODRIGUEZ

lundi 12 novembre 2007

No woman no cry d'Asse Gueye

Le narrateur est un espion français proche de la retraite, M. Jacques de Camuet et fait équipe avec un membre de la CIA, Mr Morrecone, dans la traque d’un dangereux terroriste, Bassirou Bèye, un physicien noir africain de génie. La chasse à l’homme commence par une pêche aux renseignements au Sénégal auprès du géniteur cinéaste, et par l’infiltration d’un bel agent, danseuse dans le civil. Puis au détour de rebondissements et de révélations faites par le camarade d’études japonais, Mahuto, la nature de la menace que constitue le projet de Bèye se précise et vient faire écho à la situation scandaleuse des noirs d’Afrique du sud : l’Apartheid. Du statut de génie du mal, Bassirou Bèye passe à celui de défenseur de la veuve et de l’orphelin noirs sur fond de reggae : « No woman no cry ».
Pour ceux qui écoutent France Inter, on retrouve dans ce roman quelque chose des « Rendez vous avec Monsieur X », une chronique qui sous forme de dialogue entre Mr. X et le présentateur nous propose de dévoiler les dessous d’une affaire historico politique. Le ton parfois ironique et désabusé de Jacques de Camuet s’apparente beaucoup à celui du vieux briscard de la radio et le style académique rajoute une touche militaire qui sied bien à un espion français de la fin des années 70. Car le fond du roman est daté, ce qui en fait son charme mais aussi sa faiblesse. Il faut se replacer dans un contexte d’émergence des groupes terroriste internationaux après une période active de la guerre froide et des guerres d’indépendance nationale des anciennes colonies pour appréhender la colère de Bassirou Bèye face à l’oppression des noirs africains du sud. Et le fouillis de cette dernière phrase est à l’image de la confusion d’arrière plan de ce roman. La vraisemblance est elle aussi malmenée mais la fiction ne se nourrit-elle pas d’imaginaire ? Néanmoins, pour qui ne cherchera pas l’exactitude historique mais une histoire noire avec de l‘action, « No woman no cry » constituera une lecture distrayante et originale. Bruno SAVATTE

vendredi 9 novembre 2007

Les racines du mal de Maurice Dantec

Si l’on se fie à la quatrième de couverture, on s’attend à une énième histoire de tueur en série. Or il s’agit là d’une histoire à la frontière entre le roman noir, l’anticipation et le fantastique, dans une ambiance satanico-millénariste de fin de XXe siècle. L’auteur, dans ses remerciements, évoque ses « délires ». On n’en est pas loin, au sens médical du terme.
Le résumé est simple pour un livre qui n’en finit pas. Il débute par la course folle et meurtrière d’un tueur en série qui rate son suicide et se fait mettre sur le dos des crimes supplémentaires atroces qu’il ne peut pas avoir commis. Un groupe de trois chercheurs, spécialistes en psychologie, neurosciences, informatique et autres, dont le narrateur Arthur Darquandier, va essayer de comprendre ses mobiles. Ils sont rapidement convaincus qu’il y a au moins un autre tueur, à l’encontre de la thèse officielle qui arrange la hiérarchie policière, ce qui leur vaut d’être écartés de l’affaire. C’est là que l’on rentre dans le fumeux, il ne faut pas hésiter à le dire. Darquandier, sur une période de plusieurs années, va traquer les autres tueurs par internet grâce à un ordinateur intelligent, une « neuromatrice » qui rappelle Carl dans « 2001 Odyssée de l’espace », en beaucoup plus performant, mais cette fois au service du bien, ou presque…. Jusqu’à un dénouement surprenant, à l’aube de l’an 2000. Voilà l’histoire. Dans ce pavé de plus de six cents pages serrées, on est frappé par une diarrhée verbale truffée de références éclectiques. Les incessantes réflexions du narrateur mêlent en vrac des notions philosophiques mal assimilées, des pseudo-notions de psychiatrie, de neurobiologie, de criminologie, de religion. On a du mal à y trouver une cohérence. Mais le pire est que l’auteur semble fasciné par l’atroce. Il s’ingénie à décrire de multiples mises à mort plus horribles les unes que les autres. C’est morbide, dérangeant, inutile. On espère alors un peu de douceur dans une relation qui se noue avec Svetlana, la collaboratrice de Darquandiier. Mais rien, pas un seul sentiment. Ce livre est d’ailleurs dépourvu de toute expression crédible de sentiment. Le mot qui revient le plus souvent est « chaos ». Faut-il y voir ce qui se passe dans la tête de Maurice G. Dantec, que la photo montre caché derrière des lunettes de soleil ? Chaos et délire sont des mots qui vont bien ensemble, après tout…
Philippe Duchesne

jeudi 8 novembre 2007

Gandhi et la non violence de Suzanne Lassier

Quand on évoque Gandhi, on pense à l'Inde, à la non violence, à un homme politique ayant joué un rôle déterminant dans l'indépendance de l'Inde. Mais que sait-on d'autre? Dans ce livre très bien documenté de Suzanne Lassier, on peut approfondir nos connaissances sur le parcours de cet homme, mais aussi sur les principes de l'action non violente.
On pourra me dire ce que l'on veut mais entre des connaissances superficielles données, ici par la télévision, ici par des cours d'histoire de lycée, je préfère de beaucoup l'approfondissement d'un bon livre pour pouvoir me faire ma propre idée sur un homme. Encore plus sur un homme qui influence encore aujourd'hui tant d'hommes et de femmes. A cela j'ajouterais que des livres d'auteurs différents donnent aussi du recul sur une unique lecture sur le sujet. Sur ce point, je conseille le livre « L'Inde où j'ai vécu » d'Alexandra David Neel pour compléter cette lecture. Sans laisser de côté les échecs et les doutes du grand homme, et en nous donnant également une très bonne idée du contexte (histoire de l'inde, système de pensée indien) dans lequel son action s'est déroulée, ce livre permet de bien appréhender la vie et l'oeuvre de Gandhi. Cette remise en contexte et l'analyse fine de l'action non violente (à laquelle tout une partie du livre est consacrée), sont, de mon point de vue, les deux points forts de cet ouvrage. Ce que je retiens aussi de cette lecture, c'est que Gandhi et ses idées étaient loin de faire l'unanimité à l'époque. Et qu'encore aujourd'hui, l'analyse des décisions de l'homme reste très difficile à faire. Ce qui me frappe notamment, c'est qu'on trouve difficile de définir son action et son ambition : était-ce celle d'un homme politique uniquement? ou d'un chef spirituel dont la croyance imposait une action politique? La pensée d'un seul homme recèle donc encore bien des mystères pour les autres....
Alice JOLIVET

mercredi 7 novembre 2007

La mort pour la mort d'Alexandra Marinina

Tout commence par le dépôt d’une plainte après qu’un garagiste peu scrupuleux ait tenté de faire chanter un modeste couple moscovite en révélant à leur fils qu’il est en fait un enfant adopté. Après l’arrestation du garagiste, le juge Olchanski, en charge du dossier, découvre que ce dernier doit ses informations à un certain Galaktionov, escroc notoire retrouvé récemment mort. Il décide alors de prendre contact avec la brigade criminelle du colonel Gordeïev afin de déterminer l’origine des fuites. Confiée à l’inspecteur Anastasia Kamenskaïa, l’enquête fait rapidement apparaître des connivences entre Galiaktionov, les milieux scientifiques russes et la hausse de la criminalité dans certains quartiers de Moscou…
Si comme moi, vous aimez les romans noirs, alors vous aimerez les livres d’Alexandra Marinina, ancien lieutenant-colonel de la police de Moscou devenue aujourd’hui une véritable îcone dans son pays grâce aux succès des aventures de l’enquêtrice Anastasia Kamenskaïa. Il est vrai que la personnalité de l’héroïne est attachante. Et pourtant, l’auteur n’a pas pris de pincette avec elle : physique quelconque, caractérielle, pleurnicharde ! Mais son intelligence et sa persévérance nous attirent irrémédiablement… comme la plupart des personnages masculins du livre, d’ailleurs. J’ai trouvé toutefois que la mise en place de l’intrigue était lente et complexe ; il est vrai que l’acclimatation aux noms russes des personnages et des lieux est difficile. Mais ensuite, l’histoire monte en puissance et c’est avec plaisir que l’on suit pas à pas l’inspecteur Kamenskaïa dans son combat face à l’institution scientifique russe ! Mais le véritable héros du roman de Marinina, c’est bien l’Etat russe en déliquescence ! Corruptions, traîtrises, chantages et règlements de compte se succèdent sous le regard bienveillant, voir complice, d’une administration russe gangrénée par la Mafia, les nostalgiques du passé communiste et les arrivistes de tout acabit. Dans de telles conditions, bien difficile de rester intègre ! Pierre LUCAS

mardi 6 novembre 2007

Spectres de Dean Ray Koontz

Jenny Paige, 31 ans, et sa soeur Lisa, 14 ans, arrivent à Snowfield, petit village de montagne. Leur famille se résume à elles seules : leur père est décédé il y a douze ans et leur mère vient de mourir à son tour. Elles projettent alors de vivre ensemble dans une maison appartenant à Jenny. Les deux soeurs ne se sont pas beaucoup côtoyées, Jenny ayant fait des études loin du domicile familial pour devenir médecin. Elles sont ravies à l'idée de ne plus se quitter et de pouvoir enfin apprendre à se connaître. Seulement voilà, rien ne va se dérouler normalement : en effet, les rues de Snowfield sont calmes... très calmes ... trop calmes... Comment se fait-il qu'il n'y ait personne dehors, dans les jardins, aux fenêtres des maisons ? Et ce qui est le plus étonnant, c'est qu'il n'y a pas non plus d'oiseaux sifflotant paisiblement, pas de chats ou de chiens se promenant devant les habitations.
Sans trop s'en inquiéter, Jenny se dirige directement chez elle pour y retrouver son petit nid douillet. Hilda, sa femme de ménage et cuisinière est comme d'habitude présente... mais n'est plus en vie !!! En plus de son cadavre horrible à regarder de par ses étranges blessures, son visage est marqué par la terreur. Allant de surprises désagréables en découvertes macabres, les deux jeunes femmes seront aidées par le shérif d'une ville voisine, Santa Mira, et son équipe de policiers, pour tenter de comprendre les événements très étranges qui se déroulent à Snowfield, et essayer de croire à l'impossible... L'atmosphère du roman est très pesante et l'auteur réussit parfaitement à nous effrayer grâce à un style lui permettant de passer de courts moments de calme et de répit à des scènes de terreur plus horribles les unes que les autres. Les descriptions sont très réalistes malgré des phénomènes surnaturels ce qui constitue l'essence même du fantastique. Je suis un grand amateur de romans d'horreur et d'épouvante, et je trouve que Dean Koontz avec "Spectres" n'a rien à envier à des auteurs comme Stephen King ou Dan Simmons. Après avoir lu la quatrième de couverture de l'édition "J'ai Lu", j'ai été un peu déçu car je pensais que tout était dévoilé avant même d'ouvrir le livre : ne vous y fiez pas, car la phrase écrite en gras ne nuit absolument en rien à la lecture. De même, je ne vois pas trop le rapport entre l'illustration de la couverture et le roman ... Pourquoi ce corps de femme nue derrière un homme qui semble mort ou épuisé ??? Un très très bon roman d'épouvante, à lire tard le soir...
Laurent ENGLE

lundi 5 novembre 2007

Meurtres en soutane de P.D James

Le commandant Dalgliesh de New Scotland Yard est envoyé au collège de théologie St Anselm pour enquêter sur la mort de Ronald Treeves, un des vingt séminaristes. Ce dernier a été retrouvé mort enseveli sous le sable au pied d’une falaise. La police locale a conclu pour une mort accidentelle, mais le père de Ronald a de sérieux doutes sur ce verdict. Si on a chargé Dalgliesh de cette affaire, c’est parce qu’il avait connu St Alnselm pour y avoir séjourné quelquefois lorsqu’il était adolescent, et aussi parce qu’il avait prévu de profiter d’une semaine de congés dans les alentours. Une fois sur les lieux, il découvre rapidement qu’il y règne une certaine tension et hostilité parmi certains résidents du collège et leurs invités.
Je trouve que l’auteure a choisi un décor très ingénieux pour ce thriller : un collège de théologie situé sur un promontoire de la côte sud-est de l’Angleterre, un endroit isolé, sombre, froid, venteux et orageux. Généralement, un tel cadre ne présage rien de bon. J’ai bien aimé cette sensation d’étouffement et d’enfermement qui émane de ce roman. On découvre ce monde reclus, cet univers silencieux, ce lieu mystique, qui provoquent une angoisse permanente. Plus on avance dans la lecture, plus on devine que derrière cette apparence paisible des ecclésiastiques, des secrets sont tus et dissimulés. L’intrigue de ce thriller est bien ficelée et subtile à la fois… Le suspense est omniprésent avec des événements graves qui se produisent dans un endroit pourtant si pieux. Il a vraiment fallu terminer l’histoire pour comprendre certains faits. Par contre, je regrette qu’il y ait trop de descriptions et de détails qui occasionnent un ralentissement de l’action. Cela n’enlève nullement la qualité de ce thriller. Ngan Dai BUI

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