vendredi 30 avril 2010

Par la grâce du roi de Shari Anton

Une jeune fille Ardith, secrètement amoureuse d'un séduisant seigneur, apprend que son père avait refusé la demande en mariage faite par le père du même Gerard, son suzerain, sous prétexte qu'un sanglier lui avait éventré les entrailles.
Le père d'Ardith tient ce verdict de sa vieille sœur , Elva, sorcière qui concocte des potions pour rendre stérile cette enfant.
 Mais son frère jumeau Corwinn dont la complicité atteint le surnaturel,  est persuadé du contraire. Étant vassal au service du prétendant, il multiplie les rencontres pour sa sœur.
Amoureux à son tour, le suzerain souhaite le mariage, mais le Roi doit donner son accord. Cependant, ayant l'idée de le choisir comme mari pour sa filleule éperdue d'amour pour Gérard, le Roi défie le couple, Gérard - Ardith, de procréer un héritier pour valider son accord.
Qu'en sera-t-il ?
 Ce livre bien que roman, nous révèle bien des valeurs morales. Cette jeune fille, est résignée face à son destin. Elle fait preuve d'une grande  tolérance et d'un dévouement total envers son père, méchant envers elle à bien des égards.
De même envers sa tante qui lui fait boire de nombreuses décoctions pour la rendre stérile, mais Ardith lui incombe son douloureux passé afin de lui pardonner.
Son frère est en permanence en quête du bonheur de sa sœur.
Le suzerain et amant, Gérard, malgré sa rusticité est presque tendre avec elle et en toute circonstance, il lui prouve son amour.
Ce qui est intéressant également, ce sont de connaître les us et coutumes de l'époque médiévale.
 Il y a, toutefois, une chose que je déplore, ce sont les passages érotiques trop explicites. Un peu plus de pudeur n'en serait que plus romantique.
Cependant, le style est très agréable, vivant. Très vite l'on se sent intégré dans la vie de cette jeune Ardith qui reste un modèle à tous points de vue.
La lecture de ces 342 pages passent bien rapidement tant le suspens nous pousse à poursuivre.

Anne HEBERT

jeudi 29 avril 2010

Un roi sans divertissement de Jean Giono

Ce roman commence en 1843 en Isère et s'étale sur un siècle environ mais l'action se déroule sur cinq ans seulement, et alterne des passages d'action et des passage de réflexion. Il comporte plusieurs intrigues dont la première est celle des disparitions inexpliquées de plusieurs habitants du village qui recommencent chaque hiver et que Langlois, un gendarme, va tenter de résoudre. Langlois est le personnage principal de ce roman et passe de gendarme à capitaine de louveterie ; il s'agit d'un roman philosophique qui étudie la psychologie de ce personnage.
Il traite de l'Ennui auquel Langlois va essayer de fuir avec différents divertissements, d'où le titre du livre. Cependant, le véritable personnage principal de ce livre est le hêtre, présenté comme un être à part entière, presque comme un dieu, qui tient son rôle dans l'intrigue. Jean Giono a écrit ce roman "en partant d'un arbre qui n'avait rien à faire dans l'histoire", il a été la "muse" de ce livre.
Giono est un auteur un peu régionaliste et décrit son terroir avec passion ; néanmoins, ce livre est un peu difficile en certains passages mais le texte est très riche et le style très descriptif. Les personnages du roman sont présentés, pour certains, de manière un peu compliquée ou sont directement introduits sans présentation.
Dans l'ensemble, j'ai bien aimé ce livre, bien qu'ayant eu un peu de mal à le lire. J'ai moins aimé les passages où il n'y a pas d'action, mais j'ai beaucoup apprécié la fin du roman qui explique tout le sens de l'histoire.

Margaux BOLZINGER

mercredi 28 avril 2010

L'astragale de Albertine Sarrazin

L'astragale : c'est le nom du petit os de la cheville qui, brisé net, arrête la jeune Anne dans sa fugue. Anne n'a pas vingt ans ; elle a sauté d'un mur pour s'évader de la prison-école où l'ont portée ses frasques, mais elle ne peut aller plus loin. Un routier s'arrête et n'ose pas l'emmener, mais grâce à son aide, elle est recueillie par un jeune homme, Julien, lui aussi délinquant, lui aussi toujours en cavale. Julien prend Anne sous sa protection, lui trouve des planques, la fait soigner. Mais il est souvent absent, et Anne, éprise de liberté, souffre de son handicap physique qui la rend dépendante, de la prudence dont elle doit faire preuve pour ne pas se faire reprendre, des longs moments d'attente qui séparent les visites de Julien, des départs de ce dernier pour des aventures auxquelles elle ne peut prendre part.
De refuge en refuge, L'astragale est un texte intense, un morceau d'autobiographie d'une jeune fille passionnée. De la douleur au réconfort, de l'espoir au découragement, de la résignation à la colère, de l'attente à la joie des retrouvailles, de la désillusion à l'amour, le roman nous montre comment la jeune Anne tente de satisfaire son ardente envie de vivre. Dès les premières pages, le lecteur est pris par l'histoire, conquis par le personnage attachant d'Anne. Le style est très agréable à lire, empli d'un argot désuet , vivant ; il rend parfaitement les émotions et les pensées d'Anne, que l'on suit dans son périple. On découvre son passé, ses craintes et ses rêves, par bribes, avec toujours un voile de mystère que l'on ne peut lever et qui fait une partie du charme du roman. En même temps, au fil du texte, on ressent parfois un certain agacement, comme une envie de crier des conseils à la jeune fille qui nous parle à travers les années. De bout en bout, L'astragale est donc un roman captivant, une tranche de vie qui laisse au lecteur une forte impression en peu de pages.

Jessica ANDREANI

mardi 27 avril 2010

L'obscène oiseau de la nuit de José Donoso

L’obscène oiseau de la nuit est une œuvre qui échappe au lecteur. Elle désarçonne mais ensorcelle. Pour que le charme poétique des longues phrases tortueuses opère, il faut se laisser aller, oublier les réalités douteuses, la linéarité toute cartésienne d’une vie imaginée comme une bande de goudron.
L’univers de Donoso est fantasque, il est peuplé de vieilles qui n’en finissent pas de mourir, de monstres tous plus laids les uns que les autres, d’une poupée de chair, de bossus, de muets, de sorcières et d’un chien jaune ; les putains comme les écrivains s’y croisent au long des pages. José Donoso n’en finit pas de perdre le lecteur, il le prend à contre pied et le plonge dans le fantastique quand il croit avoir pris pied dans la réalité. Il a construit là une fabuleuse fable, un conte qui renoue avec les traditions littéraires.
Le roman raconte l’histoire d’une oligarchie déclinante, le désir désespéré pour l’homme d’être reconnu comme conscience. Il est constitué d’un mélange de confessions et de récits. Les personnages s’y apostrophent, ils vitupèrent et ils discourent, ils vivent dans la haine et l’amour, le monde est maléfique et le cauchemar infini. Le roman est labyrinthique et schizophrénique, le réel se mêle à l’onirique, tout s’enchevêtre.
L’obscène oiseau de la nuit fait parti de ces monstrueux chefs-œuvres que seuls les écrivains sud-américains savent faire vivre, chronique flamboyante d’une agonie, faite d’une langue qui charrie comme un fleuve toutes les beautés poisseuses du monde.  


Jacky GLOAGUEN

lundi 26 avril 2010

La dame des forges de Nathalie De Broc

Ce roman est écrit par Nathalie de Broc et se passe en Bretagne au milieu du XIX ème siècle.
Virginie de Kerviléon , jeune femme d’une vingtaine d’années, vit dans une famille ,récemment anoblie, qui lui a inculqué les bonnes manières en vue d’être une épouse accomplie ,devant tenir son rang auprès d’un mari, Edmond Cossec, spécialement choisi par son grand’ père,  vieil homme autoritaire. Elle n’a guère  le choix de dire non car c’est un mariage arrangé, dans lequel le futur apporte des  capitaux importants quant à l’agrandissement des Forges d’Hennebont.
Choyée et protégée la jeune femme ignore tout de ce qui se passe dans la Montagne noire, située non loin du « Château, où elle passe la plupart de son temps,  jusqu’au jour où elle rencontre Adrien, jeune veuf, travaillant lui-même dans les Forges. Elle découvre alors un autre monde : celui de la misère où les ouvriers  travaillent plus de douze heures par jour, dans des conditions précaires et arrivent tout juste à rapporter du pain pour leurs familles. Mais Virginie et Adrien tombent fou  amoureux, l’un de l’autre. Pour vivre leur amour ils sont contraints de se cacher dans une cabane, où Adrien lui fait part avec enthousiasme de ses idées sur l’avenir de la société.
Mais deux classes sociales les séparent irrémédiablement. Que va-t-il advenir de leur amour, de leurs projets dans une société fermée à tout mélange social ? L’heure de la révolte sociale sonnant,  quel va être le choix de Virginie ?
Ce roman est réaliste car il décrit, à la perfection,  le monde ouvrier et ses difficultés, le monde bourgeois, propriétaire de l’outil de travail  et le début des révoltes sociales du milieu du XIXème siècle. Adrien est très attachant car il croit aux idées qu’il émet. Virginie reste  sans volonté apparemment pendant des années  …. jusqu’au jour de la rencontre et de sa passion pour Adrien. Elle ose même affronter le patriarche, devant lequel tous les membres de la famille courbent l’échine. Ce livre fait passer un bon moment car le style de l’auteur est agréable avec  nombreux rebondissements de l’histoire.


Laurence DEMAY

dimanche 25 avril 2010

Journal d'Hirondelle de Amélie Nothomb

Un chagrin d‘amour fait toujours mal. Et le meilleur moyen d’échapper à la douleur est encore d’annihiler ses propres sens. Cette solution, toute simple, le narrateur l’a choisie.  Mais elle lui devient forcément pesante au fil du temps. Il découvre alors que la seule façon de réveiller ses sensations endormies est d’être confronté à des émotions nouvelles. Progressivement, il réussit à ranimer certains de ses sens. Mais un problème de taille persiste cependant : bien que le manque sexuel se fasse ressentir de plus en plus, rien ne parvient plus à le troubler. Licencié de son travail de coursier, il se fait recruter comme tueur à gage. Dès sa première mission il en ressent un émoi sexuel intense. C’est la révélation. Peu importe la proie, c’est l’acte qui le comble.  Mais c’était sans compter la découverte du journal intime d’une de ses dernières victimes. Serait-il en train de tomber réellement amoureux, après sa mort, de celle qu’il surnomme Hirondelle ?...
Rédigé à la première personne du singulier, le récit invite le lecteur à pénétrer directement dans les pensées les plus intimes du narrateur. Cet être est sans aucun doute fou, mais le cheminement de sa pensée n’en est pas moins d’une logique implacable. Les phrases sont courtes et incisives, et la façon d’aborder les faits est très crue. L’auteur aime jouer avec le vocabulaire très riche de la langue française et les tournures de phrases inattendues. Ce choix rédactionnel, qui pourrait rendre le texte lourd et peu engageant, est maîtrisé à la perfection à la plus grande joie du lecteur. L’auteur parvient également à faire sourire malgré un déluge de scènes plus horribles et dérangeantes les unes que les autres.
Une fois de plus, l’imagination fertile d’Amélie Nothomb offre là une histoire complètement décalée. Jamais déçue jusqu’à maintenant par ses écrits,  j’ai de nouveau apprécié son style inimitable. Ce livre est sans aucun doute un clin d’œil à notre société blasée qui, de fait, impose en permanence la surenchère. Mais c’est aussi une source d’espoir lorsque l’on voit ce héros, capable du pire, s’émouvoir du journal intime d’une jeune fille.

Sophie HERAULT

samedi 24 avril 2010

L'île au trésor de Robert Louis Stevenson

Jim Hawkins est un jeune garçon travaillant à l'auberge de ses parents. Sa vie bascule le jour où un vieil ivrogne avec des allures de capitaine décide de faire un séjour à leur auberge. Le garçon apprend bien trop tard qu'il s'agit du célèbre pirate Billy Bones, venu caché les indices menant à son trésor. Quelques jours plus tard, son père mort et son auberge sévèrement endommagée par des pirates, le jeune Hawkins rejoint la troupe royale qui décide de mettre la main sur ce trésor fabuleux avant que d'autres mercenaires ne soient au courant. c'était sans compter sur la ruse des pirates.
 Il s'agit là d'un livre jeunesse  qui peu sans aucun doute intéresser les grands. Dès les premières pages, le lecteur est tout de suite conquis par les allusions mystèrieuses de l'auteur, ses explications au compte goutte sur la piraterie ainsi que la découverte laborieuse du réel caractère des personnages. En effet, pas un pirate n'est facilement compréhensible selon qu'il soit saoul, sobre, cruel ou en proie à la pitié. Cela rajoute un grand réalisme à l'histoire. Dans un même temps, on ne découvre qui est réellement le héros de cette histoire qu'après 2 voir 3 chapitres, ce qui pousse le lecteur à continuer le récit afin de savoir qui narre ses propres aventures. Tantôt nous compatissons pour les pirates, tantôt nous les trouvons bon pour la corde. l'auteur nous laisse ainsi changer de coté de pages en pages si bien qu'on ne sait jamais si on aurait préféré être du coté des pirates plutôt que du coté de la force royale. Jim Hawkins n'hésite pas cependant mais son compte rendu détaillé de ce qui lui arrive nous fait croire qu'au fond de lui, il est en proie au même doute que le lecteur ce qui est très amusant.
Enfin, ce qui différencie ce livre des autres, c'est qu'il est loin de représenter les clichés de la piraterie et qu'il nous fait sérieusement comprendre l'attitude des pirates qui parfois sont présentés dans d'autres livres comme de vrais acteurs de mélodrames

Estelle TRILLOT

vendredi 23 avril 2010

Les ruines de Rome de Hubert Nyssen

Jérôme scénographe, assiste à la dernière représentation de Norma, sa maitresse, dans un petit théâtre parisien. Norma est une actrice connue et reconnue par ses pairs. Au fur et à mesure que la pièce avance Jérôme se remémore leur liaison et prend conscience que Norma va partir vivre sa vie d’actrice avec d’autres amants. Alors lui reviennent en mémoire Joan sa femme américaine et leurs deux enfants Peter et Jeremy morts à Boston dans un accident de voiture. Pourquoi Jérôme n’a t-il pu confier ce terrible secret à Norma ? Timidité ou plus simplement parce que le monde de la machinerie et celui de la scène ne se mélange pas plus que le peuple et l’élite ?
J’ai trouvé ce livre assez fade dans l’ensemble. Une histoire qui met du temps à démarrer, des personnages, hormis Jérôme et Norma, plutôt standard, des descriptions plutôt creuses.
Par contre l’auteur a construit son roman sur la base d'un va et vient entre le présent et la première vie de Jérôme ce qui donne, heureusement un peu d’allure et d’allant à cette histoire.
Le roman repose sur quelques personnages vivants :  Jérôme qui a un mal fou à entrer dans la vie de Norma, Norma qui vit uniquement pour le présent et ne veut surtout pas entendre parler de malheur. Arnold et Ruggieri, managers, amis et amants… et morts que sont les enfants et Joan tellement américaine bien que très européanisée.
Le positif de ce livre est qu’on découvre le monde du théâtre ou plutôt l’arrière scène, et la manière de décrire la gestuelle de Norma dans la pièce qu’elle joue est intéressante car on s’aperçoit qu’un one man show n’est pas une partie facile pour les nerfs.

Edouard RODRIGUEZ

jeudi 22 avril 2010

Au fil du rasoir de Karin Slaughter

Grant County un samedi soir sur le parking de la patinoire. Parmi les jeunes sur place, une jeune fille d’environ 13 ans menace d’un revolver un jeune homme à peine plus âgé qu’elle.
Le chef de la police, Jeffrey Tolliver qui a rendez vous avec son ex femme la pédiatre Sara Linton, se retrouve par hasard sur les lieux. La jeune fille lui lance alors un ultimatum qui lui pose un sérieux problème : soit il la tue, soit elle tuera le jeune homme…Malgré ses tentatives pour la raisonner, il ne peut faire autrement que de tirer sur elle. Déjà traumatisante, la situation empire encore avec la découverte dans les toilettes d’un cadavre de nouveau-né horriblement mutilé.
Je suis d’accord, vu comme ça, c’est plutôt glauque comme ambiance… Le pire c’est que cette entrée en matière n’est qu’un petit aperçu de l’horreur qui nous est proposée dans cette histoire. En effet les thèmes abordés sont particulièrement sombres parce que sensibles, voire choquants : maltraitance des enfants, inceste, pédophilie, viol…Cependant l’écriture est assez « retenue », le suspens assez prenant pour que ce livre soit quand même supportable malgré les horreurs auxquelles on est soumis et dont on espère qu’elles ne sont qu’inventions…Je trouve même l’ensemble assez réussi par son originalité, notamment au niveau du point de départ du roman : le cas de conscience posé au policier. Dans de telles circonstances, a–t-on vraiment le choix ? Il est évident que quelque soit la décision prise, il y aura toujours un doute sur le bien fondé de ce que l’on a fait. Et c’est bien ce qui arrive au chef de la police, qui est en proie au remord et à la culpabilité (un comble pour un policier d’être coupable d’un crime). L’auteur a très bien su laisser planer ce sentiment tout au long du livre sans pour autant en abuser, ce qui donne un côté réaliste et humain au roman qui rattrape le côté très noir des choses. La culpabilité, c’est aussi ce qu’éprouve la pédiatre en se rendant compte que la victime était une de ses patientes et qu’elle n’a pas su percevoir qu’elle avait un sérieux problème…Tout cela fait réfléchir sur les relations humaines et on en ressort pas tout à fait indemne, ce qui prouve le talent de l’auteur. Je déconseillerais toutefois cette lecture aux âmes sensibles.

Nicole VOUGNY

mercredi 21 avril 2010

Ombres chinoises de Frances Fyfield

Un roman policier qui repose sur deux histoires qui se déroulent en parallèle à Londres, et qui tendent peu à peu à se rapprocher pour mener à une catastrophe annoncée par de nombreux petits indices semés au gré du texte.
Le procureur Helen West prend sous son aile une jeune secrétaire rebelle et perdue, mais très intelligente, Rose, qui a de nombreux soucis personnels, notamment dans ses relations avec les hommes. Helen quant à elle est également à un tournant dans sa vie personnelle et elle a des décisions à prendre concernant l’orientation qu’elle veut donner à sa vie amoureuse et de famille.
Dans le même temps, un petit malin trafique les dossiers des prévenus dans l’ordinateur du ministère de la Justice. Rose s’en est aperçue et enquête.
De son côté, un minable petit looser passe son temps à être arrêté par la police : il tourne autour des petites filles qui lui rappellent son enfant, disparue avec sa femme depuis plusieurs années et que la police n’a pas retrouvée. Sa détresse et son caractère instable le poussent à se comporter de façon extrêmement bizarre et inquiétante et cela éveille la vigilance de la police et de sa voisine, qui ne sait que faire des informations qu’elle détient.
Ce sont ces deux intrigues parallèles qui se rapprochent peu à peu sous nos yeux, sans qu’on puisse rien faire pour prévenir les personnages de ce vers quoi ils courent.
On se fond tour à tour dans l’intimité des personnages principaux, comprenant avec eux de l’intérieur leur impuissance et leur sentiment d’être ballottés dans un monde globalement hostile, où chacun doit se débrouiller avec ses problèmes et ne pas attendre grand-chose des autres et du système. C’est essentiellement par la façon de mener son récit et par la description précise du caractère des personnages que se distingue ce roman, qui fait passer un excellent moment, même s’il ne nous réconcilie pas avec la nature humaine. 

Mélanie BART

mardi 20 avril 2010

Les vendanges tardives de Françoise Dorin

Françoise Dorin est bourrée de talent mais ça on le sait déjà ! Elle est multi-compétences puisqu’elle écrit des chansons, notamment pour Céline Dion, des pièces de théâtre et des romans. J’avais déjà lu ses écrits lorsque j’étais adolescente et c’est avec plaisir que j’ai retrouvé son humour décapant et son style moderne. J'ai particulièrement aimé la façon dont l'histoire est construite. chacune des héroines raconte l'histoire avec son propre langage, son style et on avance ainsi, on les découvre petit à petit, on devine leur caractère, leur moi profond, elles ne nous cachent rien, elles sont sincères, criantes de vérité et tellement touchantes.
 Les vendanges tardives c'est l'histoire de trois femmes, amies d'enfance. Elles se sont connues à Grisouille, petite bourgade de France. On les surnommait la rousse, la brune et la châtain, Iris, Jeanne, et Marguerite.
Iris, la rousse a été mannequin,  maintenant à la retraite elle a écrit un livre qui n'a pas le succès voulu.
Jeanne, la châtain, est la veuve du notaire, qui avait repris l'étude père de sa femme. Cette femme qui apparaît comme une dame patronnesse et bonne mère de famille, a toujours eu une double vie et est l'amante de l'ancien directeur de la banque depuis des années.
Marguerite, qu’elles ont perdue de vue, est une artiste, elle est mariée au directeur d'un cirque. Elle a un fils qu’Iris a rencontré lors d’un salon du livre.
Les vendanges tardives nous démontrent que plus le vin vieillit, meilleur il est. L'âge n'est rien tant qu'on a la volonté de vivre et de créer sa vie.

Alexandra BERNEDE

lundi 19 avril 2010

Minou Jackson, chat de père en fils de Sophie Dieuaide

Le chat Minou Jackson aime la routine de son train-train quotidien. Entre Lucille sa maîtresse et Cassiopée sa compagne, il apprécie plus que tout son insouciante tranquillité. Mais ce 1er juillet là, sa vie est définitivement bouleversée.  Jackson devient en effet père pour la première fois, d’un très laid et bien encombrant (à ses yeux !) petit chaton. Rien n’y fait, la fibre paternelle  ce n’est pas pour lui ! Bien au contraire. D’autant plus que désormais tout tourne autour de cette soi-disant petite merveille, et qu’il est relégué au second plan. Fou de jalousie et blessé dans son amour propre, Jackson fugue. Ce qui se fait dans l’indifférence générale. Il décide alors d’ouvrir un fichier world  (oui, il sait se servir d’un ordinateur !) et de rédiger un petit opus, « devenir père »…
Dans ce livre, nous retrouvons avec plaisir le héros de  « Ma vie, par Minou Jackson chat de salon ». Même si cela est utile pour cerner le caractère si particulier du personnage principal, il n’est cependant pas impératif d’avoir lu le premier tome  pour bien suivre ce nouvel épisode.   D’autant plus que le premier chapitre résume la situation précédente. Écrit à la première personne du singulier, le récit est très dynamique. Le lecteur  peut instantanément suivre la pensée de Jackson. Et celui-ci ne mâche pas ses mots pour dire ce qu’il pense, et exprimer son malaise en termes directs ! L’humour corrosif qui se dégage de chaque situation et des propos tenus est réservé aux enfants à partir de 10 ans. Une illustration griffonnée en noir et blanc anime la tête et la fin de chaque chapitre. En annexe, le lecteur découvre le fameux « devenir père » écrit par Jackson (réflexions sur le pourquoi de devenir papa et les différents styles de père, quelques lignes sous forme de guide pratique, et un chapitre sur l’amour paternel).
J’ai beaucoup apprécié ce récit pour son style vraiment très drôle et sans concession. De plus, il permet d’aborder avec son enfant, d’une façon très originale, une situation qui peut être douloureuse pour lui : l’arrivée d’un nouvel individu dans la cellule familiale. Car le chamboulement des habitudes et la supposée baisse d’attention de l’entourage à son égard sont les deux grands griefs qui sont exprimés ici. Ou encore, il permet de discuter avec un enfant de ses relations avec son père ou sa mère si celles-ci sont difficiles. Et cela, en lui permettant de visualiser que l’adulte aussi peut rencontrer des difficultés d’adaptation ou autres, et ainsi de le déculpabiliser et/ou de le rassurer.

Sophie HERAULT

dimanche 18 avril 2010

Angélique, marquise des anges Tome II de Serge Golon et Anne Golon

D'abord réticente lors de son mariage avec le comte Joffrey de Peyrac, un homme défiguré qui passe pour commercer avec le Diable, Angélique a fini par succomber à ses nombreuses qualités, découvrant en lui un amant galant ainsi qu'un génie scientifique en avance sur son temps. Le couple nage donc dans le bonheur quand, à l'occasion du mariage du roi Louis XIV avec l'infante d'Espagne, Joffrey disparaît. Angélique, désespérée, finit par découvrir que son mari a été emprisonné à la Bastille sur ordre du Roi, sous l'accusation de sorcellerie mais surtout pour punir son arrogance, son indépendance et son immense fortune, qui indisposent le monarque. Angélique va tout faire pour sauver son époux...

Fini la légèreté du tome 1, ici Angélique est en prise aux pires ennuis. Elle découvre que les caprices du Roi peuvent faire et défaire la vie de ses sujets, fussent-ils nobles et riches. Ses amis se détournent d'elles pour ne pas être associés à sa disgrâce, ses ressources financières réduites à néant par la mise sous scellés des biens du comte la contraignent à des actions indignes de sa naissance : ainsi la voit-on arpenter Paris à pied, manger dans des tavernes, fréquenter les gens de peu. On découvre ainsi le règne de Louis XIV avec un point de vue tout différent de celui du tome précédent : celui du peuple. Les visites d'Angélique au Louvres sont cependant l'occasion de s'enliser dans les nombreuses intrigues de cour, les plus hauts personnages du royaume n'hésitant pas à pratiquer l'assassinat pour se débarrasser de ceux qui les dérangent.

Ces épreuves sont l'occasion pour Angélique de s'affirmer et de devenir plus forte, c'est très intéressant de la voir évoluer. Il lui faut faire preuve de courage et d'acharnement, faisant fi des difficultés, et la femme de caractère que l'on devinait en elle se révèle enfin.

Anne et Serge Golon parviennent à merveille à insérer le côté historique et instructif dans une histoire haletante et rythmée que l'on dévore rondement. La plume est fluide et agréable, le vocabulaire relevé, avec un style léger et très visuel. Un seul regret : la fin très ouverte, qui incite à se procurer d'urgence la suite des aventures de la fougueuse Angélique tant on a hâte de les découvrir...

 


Marie-Soleil WIENIN

samedi 17 avril 2010

La gourmandise de Guillaume Apollinaire de Geneviève Dormann

Ce livre ne parle pas que de la gourmandise de Guillaume Apollinaire, mais il nous fait découvrir, la bohème artistique de cette fin du 19e siècle. On y rencontre des poètes et des écrivains qui vivent au bateau lavoir, à Montmartre… comme Max Jacob, Alfred Jarry, Picasso, Vlamink, Marie Laurencin et bien d’autres.
La gourmandise avait une grande importance à cette époque même s’ils étaient souvent « fauchés » mais ils trouvaient toujours quelqu’un pour payer l’addition. Ils avaient une vie assez dissolue et les « paradis artificiels » comme dit Baudelaire, étaient alors très en vogue.
Dans ce livre, on retrouve les recettes de cuisine préférées de Guillaume Apollinaire, très gourmand, mais aussi des calligrammes et des extraits de poèmes ou de prose de divers artistes.
Ce n’est pas un roman de fiction, ni un livre de cuisine, mais une reconstitution de la vie d’Apollinaire, poète préféré de l’auteur.
Le style est simple, très vivant, on s’y croirait, car rempli de citations d’auteurs désormais célèbres qui racontent leur vie de tous les jours.
Je conseille à tous ceux qui aiment les artistes parisiens du 19e siècle, de lire ce livre riche en anecdotes, on ne s’y ennuie jamais car on l’auteur fait revivre avec talent, ces artistes qu’on ne connait souvent que par leur œuvre. On découvre leur vie quotidienne, qui n’était pas toujours, aussi rose qu’on pourrait le penser, mais qui était intense en recherche de plaisirs.
Ce livre m’a enchanté. A lire absolument. 

Hélène SALVETAT

vendredi 16 avril 2010

Le chien de minuit de Serge Brussolo

Ce livre de Serge Brussolo, « Le chien de minuit », est basé sur une histoire simple, originale et efficace. L’intrigue nous conduit dans le monde des sans domiciles fixes qui  squattent les toits des buildings de Los Angeles. Immédiatement, ces marginaux font penser aux Yamakasi de Luc Besson (film réalisé par Ariel Zeitoun en 2001) qui se déplacent, comme eux, en sautant d’un toit à un autre en utilisant une « canalisation, une poutre jetée tel un pont au-dessus d’une ruelle, un câble électrique tendu d’un immeuble à un autre. […] Seules les grandes artères freinaient leur progression, les boulevards marquaient la fin de leur territoire » (p. 95).
Au fil des pages, comme toujours, l’auteur excelle dans l’illustration de nos angoisses les plus profondes. Ici, les thèmes du vertige, de la fuite, du désœuvrement rejoignent la peur de l’insécurité sociale.
Dans son roman, les clochards de la rue sont vus comme de la vermine alors que les gangs qui hantent les toits des immeubles bénéficient de la reconnaissance des autres tribus qui se sont affranchies du monde d’en bas.
C’est pour fuir ce « rez-de-chaussée » (p.52), pour échapper au vacarme « des bruits de la nuit, des éructions, des injures, des cris d’agonie des épaves nocturnes » (p.20), que les deux principaux héros du livre, David et Ziggy, partent à l’assaut « des plaines où les rues creusent des canyons [et] où les immeubles plus élevés dessinent des montagnes bizarrement carrées » (p.52).
Parmi eux, le luxueux immeuble de quarante étages du 1224 Horton Street est le plus convoité. Mais c’est sans compter le gardien Dogstone, surnommé le Chien de minuit qui n’hésite pas à balancer les intrus qui osent escalader l’édifice et s’aventurer sur le toit de son gratte-ciel.
Tout le livre tourne autour de David, un ancien professeur de lettres qui s’est lui aussi retrouvé sur ces toits et qui va devoir affronter de multiples épreuves pour mériter son retour à la vie sociale et sortir d’une situation qu’il se contente de subir.
Malgré un démarrage un peu lent, Le chien de minuit est un excellent livre de Serge Brussolo, qui mérite largement le Prix du roman d’aventures reçu en 1994.

Pierre SECOLIER

jeudi 15 avril 2010

Louisiane Tome II de Maurice Denuzière

Dans le tome 2, on nous avait laissé sur les jours heureux de Bagatelle. Maintenant, nous allons vivre des jours sombres. En effet, Virginie devra faire fasse à la mort de son mari, le marquis de Damvilliers. Arrivera-t-elle à être heureuse de nouveau? Refera-t-elle sa vie? Mais comme un malheur n'arrive jamais seul, elle verra ses enfants mourir l'un après l'autre, est-ce qu'elle arrivera à en sauver quelques uns? Mais, la guerre va éclater et faire voler en éclats tout ce qu'elle a connu.
Nous savons que Virginie est une femme solide et ambitieuse, mais arrivera-t-elle à se relever ou courbera-t-elle l'échine face à ces terribles épreuves qui l'attendent?
Ce livre est très bien écrit, on a le droit à moins de descriptions et à plus de faits ce qui permet une lecture plus rapide. Maurice Denuzière sait captiver ses lecteurs. Et ce tome-ci est même plus intéressant que le premier, puisque le premier a servi de tremplin à l'histoire, il fallait bien y présenter les personnages et les lieux. Dans ce tome, il a juste fallu raconter l'histoire en elle-même ; on a eu le droit à des faits d'armes avec l'armée sudiste et ses héros mais également ceux de l'armée fédérée.
J'ai passé un merveilleux moment à lire ce livre. J'ai également appris des faits intéressants sur la Guerre de Sécession. On va vivre ses douloureux instants auprès d'une femme d'exception qui est prête à tout pour survivre. On verra également les esclaves décider s'ils resteront dans la plantation ou s'ils se rebelleront contre leurs propriétaires.


Elodie RENAULT

mercredi 14 avril 2010

Demain les chiens de Clifford Donald Simak

Le soir au coin du feu, les Chiens, êtres intelligents et doués de parole, aiment à se raconter des histoires. Ils narrent alors de grandes légendes qui ont trait aux Hommes, cette race énigmatique dont ils finissent par se demander si elle a bien existé. Après tout, l’Homme ne serait-il pas un mythe créé pour expliquer l’origine de la race canine ?
Ce recueil de 8 nouvelles, appelées des contes par l’auteur, explore avec brio les pans de la mythologie canine. Elles ont été rédigées entre 1944 et 1951. On dit bien souvent en parlant des chiens qu’il ne leur manque que la parole. Clifford D. Simak a comblé cette lacune en imaginant un monde où les chiens forment un peuple à part entière, animé par la parole. Un peuple qui, comme tous les peuples à un moment ou à un autre de son évolution, se questionne sur ses origines et son devenir. C’est ainsi qu’apparaît un élément central de la mythologie canine : l’Homme. Quelle place occupe-t-il dans le monde des Chiens ? 8 contes vont s’efforcer de répondre à cette question.

Ces huit contes relèvent du genre « science-fiction » : en effet, l’intelligence et la capacité de parole des Chiens sont expliquées par une intervention humaine, celle de Bruce Webster qui a créé le premier Chien parlant, Nathanael, en lui modifiant la gorge.
Les contes sont denses : ils décrivent à chaque fois une nouvelle évolution du monde : de conte en conte, on saute des fossés générationnels et le lecteur se doit de saisir rapidement les changements, les avancées technologiques et historiques.

Les notes introductives aux contes, écrites par des Chiens pour des lecteurs Chiens, sont à la fois éclairantes, elles permettent de positionner le conte dans une perspective mythologique, mais en même temps viennent trop vite : j’ai souvent relu ces notes une fois le conte terminé ; j’ai redécouvert ainsi d’un nouvel œil chaque conte.
Que dire du style de Simak ? Cet auteur est connu pour son style pastoral et « naturaliste » : il aime à décrire de vastes paysages, qui pourraient exister, ou qui restent du domaine de l’imaginaire, comme ceux de Jupiter, tels que ceux dépeints dans le quatrième conte « Les déserteurs ». Il aime à camper des personnages âgés, polis par les ans, ou encore des fermiers. Les descriptions sont pleines de poésie et d’inventivité.
Un recueil de nouvelles vraiment original qui nous permet de découvrir la mythologie canine telle qu'imaginée par Simak. Une épopée visionnaire, une réflexion sur le devenir de l’humanité.

Christelle GATE

mardi 13 avril 2010

Les enfants de l'Empereur de Claire Messud

Les trentenaires de nos jours aspirent à une réussite professionnelle, sociale et sentimentale. Certains se donnent les moyens pour parvenir à leur fin comme Ludovic Seeley ou Bootie, d’autres tentent également mais à leur rythme, comme Marina, Danielle, ou encore Julius. Ces trois derniers sont des amis inséparables, mais l’arrivée de Ludovic et de Bootie sur Manhattan va progressivement perturber cette solide amitié. Sans compter l’intrusion du père de Marina, Murray Thwaite, dans la vie de Danielle. Un vrai méli-mélo sentimental bien complexe.
Je n'ai pas été spécialement séduite par le style de Claire Messud, je m’ennuie un peu lorsqu’un auteur use trop de descriptions de façon constante : les événements progressent trop lentement à mon goût. Par ailleurs, j’ai trouvé que les phrases sont interminables, cela m’a souvent obligée de remonter plus haut pour les relire. C’est juste une opinion personnelle, et cela n’enlève rien à l’intérêt du roman, parce que l'histoire reste motivante, sinon je ne serais pas allée jusqu'au dénouement, surtout lorsqu'il s'agit d'un ouvrage de sept cents pages.
J’avoue que l’auteur a su inventer une gamme de personnages aux personnalités très différentes et captivantes, parfois même troublantes comme le cas de Bootie, le cousin de Marina. Ce dernier, déçu par le système éducatif, quitte tout pour une existence autodidacte qu’il espère plus productive, et trouve refuge chez son oncle Murray à Manhattan. A travers le regard de Bootie, l’auteur dénonce certains hommes renommés newyorkais qui ont acquis une popularité que grâce à leur « art de convaincre » et non par un réel talent. Et Danielle qui s’engage malgré elle dans une relation amoureuse impossible, voire malsaine. Quant à Julius, pigiste gay, souhaite se stabiliser dans une relation sentimentale, mais malheureusement, il est de nature trop volage. Marina semble finalement être la seule à atteindre ses objectifs.
Ce récit se déroule sur huit mois, précisément de mars à novembre 2001, couvrant la période des attentats du 11 septembre. C’est vraiment intéressant de découvrir la manière dont chacun d’eux vit et réagit à ce moment épouvantable.
Je reconnais que « les enfants de l’empereur » est quand même un ouvrage de qualité. En effet, le vocabulaire utilisé est très riche et élaboré, l’écriture plutôt académique, la réflexion assez portée sur la philosophie sur une grande partie du livre, et je suis certaine que d’autres lecteurs sauront l’apprécier à sa juste valeur. 


Ngan Dai GRAMOLINI

lundi 12 avril 2010

Le bonheur désespérément de André Comte-Sponville

Transcription de la conférence-débat prononcée par André Compte-Sponville, « le bonheur désespérément » tente de renouer avec « cette vieille question grecque et philosophique, la question du bonheur, de la vie, de la sagesse. »
A travers des exemples concrets et en s’appuyant sur des réflexions philosophiques et contemporaines, l’auteur nous livre sa définition du bonheur, ou tout au moins sa méthode pour accéder à plus de sagesse.
Il décompose son discours en trois parties, la première, intitulée « le bonheur manqué » prend comme point de départ le désir de l’Homme : « le désir est l’essence même de l’Homme », véritable manque car presque jamais assouvit comme il le rappelle à travers l’exemple du banquet de Platon « tant que nous désirons ce qui nous manque, il est exclu que nous soyons heureux »; Tant que le désir est manque, le bonheur est manqué. Il appuie ses réflexions à travers plusieurs exemples concrets puis énumère des stratégies possibles face à ce problème pour enfin nous donner sa propre stratégie, qu’il développera dans une seconde partie « Critique de l'espérance ou le bonheur en acte ».
Ici, il met en évidence la différence entre le désir et l'espérance  qui sont pour lui à l’origine  de notre difficulté d’accéder au bonheur. Il rappelle que celui-ci doit se vivre au présent selon un désir de volonté, d’amour, et non d'espérance qui ne dépend pas de nous.
Enfin il conclut dans une dernière partie « le bonheur désespérément : une sagesse du désespoir, du bonheur et de l’amour » tentant de démontrer que le bonheur peut être « un gai désespoir » à condition de cesser d’espérer pour enfin connaître, agir et aimer un peu plus.
La question du bonheur nous concerne effectivement tous, et ce discours m’a permis un nouvel éclairage sur le sujet, une nouvelle voie à suivre. Beaucoup de choses ont été écrites à son sujet et pourtant peu donnent une vraie méthode pour s’y mettre. C’est le cas de celui-ci, j’ai trouvé son contenu à la fois simple et profond et surtout accessible à tous.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire à la lecture du titre, le bonheur n’a rien de désespérant, à condition bien sûr de se donner les moyens d’y arriver !


Annie MAYMARD

dimanche 11 avril 2010

La Rochelle se rendra demain de Taylor Caldwell

Nous sommes au XVIIème siècle. Un jeune noble armé, blessé, est poursuivi par les gardes du Cardinal de Richelieu. Il se réfugie dans une masure occupée par un vieillard et sa petite-fille qui, sans rien savoir de lui, décident de le cacher et de le soigner. L'homme est en fait Arsène de Richepin, proche des Huguenots et frère de Louis, secrétaire du Cardinal. Malgré la signature de l'Edit de Nantes quelques années plus tôt, la haine reste vive entre Catholiques et Protestants et se double d'une question politique, les Protestants de l'étranger étant prêts à venir au secours de leurs coreligionnaires. Ce contexte va catalyser les différends entre les deux frères, que tout oppose, les précipitant au coeur de l'Histoire et les forçant à choisir entre l'amour, la liberté et l'honneur.
Ce livre, présenté comme un roman de cape et d'épee, n'est pas facile à résumer. Il mêle Histoire et fiction, personnages réels (Richelieu, le Père Joseph, Anne d'Autriche) et inventés, intrigues politiques et histoires d'amour. L'écriture est claire, assez agréable malgré quelques longueurs et des intrigues un peu plates. L'intérêt du roman réside davantage dans le contexte historique, extrêmement bien expliqué. La simplicité du style le rend très facile à comprendre, et cette histoire multiforme permet à l'auteur d'aborder des thèmes aussi divers que la question des guerres de religion, les prémices de la révolution, la condition des paysans, la politique étrangère, etc.
Il m'a fallu du temps pour adhérer au récit : j'ai trouvé les intrigues relatives à Arsène de Richepin un peu attendues, et sur ce plan, j'ai été déçue. Forcément, j'a songé à Dumas, et la comparaison n'est évidemment pas à l'avantage de Taylor Caldwell. Pourtant, au final, j'ai apprécié ce roman, principalement pour un personnage... Car si la plupart m'ont été plutôt antipathiques, il y a le Cardinal de Richelieu qui, pour moi, vole la vedette aux Richepin ! Plus développée que dans l'oeuvre de Dumas, cette personnalité fascinante gagne en épaisseur, en complexité et donc en intérêt, et je guettais avidement chacune de ses apparitions ! A quoi il faut ajouter le contexte historique, qui donne une autre dimension à un roman qui aurait pu être assez plat, sans ce relief et cette mise en perspective passionnante.


Fanny LOMBARD

samedi 10 avril 2010

Frog de Jerome Charyn

Frog est d’abord un roman policier. Jérôme Charyn respecte les canons du genre, mais il les magnifie grâce à son imagination créatrice. Son héros est un tueur qui ne ressemble à aucun autre. Sidney Holden, dit Frog, est le collecteur de fonds et l’homme de main d’une société de fourreur internationale aux activités illicites. Il en est par ailleurs vice président. Holden n’est donc pas un petit truand comme les autres ; séduisant et fuyant il se promène en costume taillé sur mesure, il fréquente tout à la fois le beau monde et le milieu. Livreur d’anges, il déverse sur le monde les foudres d’un Beretta 380.
Tout bascule quand il s’aperçoit qu’on cherche à le tuer. Qui ? Et pourquoi ? Voilà l’intrigue qui se noue. Elle se passe à New York, mais aussi à Paris et en Avignon quand il s’agit de parler du passé. Jérôme Charyn a construit sa narration de façon très chronologique, les évènements se succèdent et parfois à la lumière d’un incident il nous éclaire sur l’histoire du héros. Car Holden est devenu tueur par héritage familial. Sa vie est un secret.
Mais ce roman est aussi un roman d’amour peu commun. Cinq des six parties qui le composent portent pour titre le nom d’une femme. Dans un jeu de clair obscur, elles sont au cœur de l’intrigue et de la vie du héros. C’est l’occasion pour Jérôme Charyn de décliner la figure de la femme fatale chère au classique. Ce n’est pas pour rien que tout du long du récit sont convoquées les références au film noir, de Casablanca à Femme et démon.
Le monde interlope que fréquente Holden décrit des bandits éthiques et des fous religieux, les extrêmes s’y croisent et s’y confondent : de beaux mannequins se prostituent, les meilleurs amis s’entretuent.
Car Jérôme Charyn fait de l’humour noir une arme plus dangereuse encore qu’un pistolet pour transporter le lecteur tout au long de son magnifique roman.


Jacky GLOAGUEN

vendredi 9 avril 2010

Dérives sur le Nil de Naguib Mahfouz

Un cadre tranquille dans  la ville du Caire : une péniche amarrée  sur le Nil dans laquelle vit Anis Zaki, fonctionnaire, et son serviteur dévoué le vieux Am Abdu. Tout les soirs Anis reçoit ses amis ou « sa famille » composée de Melle Zaydan célibataire et traductrice, Ragab le comédien, le critique Ali As Sayid, l’écrivain Khalid Azzuz, Mustafa Rachid avocat et enfin Ahmad Nasr homme d’affaires.
Six haschachins comme notre fonctionnaire, qui viennent fumer le narguilé après une journée de labeur.
Et voilà qu’un soir Alis As Sayid propose de faire venir Samara Bahjat journaliste de son état; mais cette dernière aime surtout la sobriété ce qui ne correspond pas du tout à l’état d’esprit des adeptes de la péniche.
Samara se plaît malgré tout à fréquenter ce milieu aussi cosmopolite, jusqu’au jour où une sortie de nuit en automobile à Saqqara fait basculer les liens amicaux qui unissent nos haschachins.
J’ai trouvé ce court roman lent dans lequel l’emballage final est long à venir et moyennement intéressant, mais l’explosion, elle, est brève mais intense.
Par contre j’ai bien aimé cette ambiance de pseudo-intello la nuit autour d’un  narguilé où chacun est libre de laisser divaguer son âme sur des questions politiques, amoureuses et existentielles.
L’auteur arrive bien à nous faire ressentir la présence de l’eau au travers de quelques mots qui reviennent régulièrement.
Quelques petites descriptions des berges du Nil, très peu par contre en ce qui concerne la vie quotidienne des Cairiotes.
Les personnages sont intéressants Anis Zaki perpétuellement sous l’effet du haschich, Am Abdu discret et religieux. Parmi les haschachins chacun à un caractère particulier qui le relie forcement à son milieu professionnel.
Pour en finir, il est vrai que les scènes sur la péniche donnent l’impression de lire une pièce de théâtre ce qui n’est pas du tout désagréable.


Edouard RODRIGUEZ

jeudi 8 avril 2010

Bilbo le hobbit de John Ronald Reuel Tolkien

Biblo Baggins est un Hobbit, petit être plus court de taille qu'un nain, aux pieds nus recouverts de poils tels des pantoufles qui lui permettent d'aller où il le désire et dans le plus grand silence. Seulement voilà, puisque Bilbo est un Hobbit, il déteste par conséquent tout ce qui a trait à l'aventure. Pourquoi risquer de mourir quand on peu tranquillement fumer sa pipe et préparer un déjeuner dans son trou sous la colline? Pourtant, Gandalf, magicien de son état, décide de le forcer à prendre part à une aventure d'un genre inoubliable. C'est ainsi qu'un matin comme un autre, 12 nains viennent frapper à sa porte, lui demandant de se joindre à leur équipe en tant que cambrioleur et de les aider à reconquérir un trésor inestimable, volé jadis à leur ancêtre par Smaug, un dragon féroce. Bilbo n'a d'autre choix que d'accepter et va ainsi devoir apprendre ce qu'est le courage et la force de caractère.

 On sent bien dans Bilbo le Hobbit, le roman précurseur du seigneur des anneaux. La plupart des espèces magiques y sont rencontrées et décrites avec une étonnante véracité de la part de l'auteur, comme si ce dernier avait effectué des recherches avancées sur les races peuplant ce monde étrange et merveilleux. On y retrouve un Gandalf plus joyeux et redoublant de malice sous son capuchon gris ce qui est très plaisant. Les descriptions sont courtes mais suffisent à donner une idée globale et parfois détaillée des terres visitées ainsi que des dangers encourus. Ici, Tolkien nous fait aisément prendre part à l'humour et au stress de la quête, nous amuse avec des énigmes et des réflexions, nous invite indirectement à essayer de trouver la solution aux problèmes proposés et à tenter de deviner ce qui va suivre.
En revanche, il ne faut pas s'y méprendre, il s'agit bel et bien d'un récit jeunesse et même s'il peut être goûté par les adultes, il en garde néanmoins les penchants (humour enfantin et situation faciles telles celles des romans pour adolescents), sans une psychologie approfondie des personnages.
En somme, ce roman est selon moi un classique incontournable du genre fantasy.


Estelle TRILLOT

mercredi 7 avril 2010

Pour l'amour de Jacques de Sophie Anquetil

Adolescent, Jacques Anquetil, ce champion cycliste des années 50-60 ayant marqué les esprits par ses fabuleux exploits, n’avait aucune attirance pour le vélo. Son éducation lui avait  inculqué le goût de l’effort, mais il ne comprenait pas que l’on puisse s’acharner ainsi à pédaler « pour rien ». Jusqu’à ce fameux jour de 1948 où il décida soudainement, à 16 ans, de relever un défi… Le public qui adule Anquetil ignore également un aspect plus intime de sa vie. Après avoir vécu une passion cachée avec Nanou, la femme de son médecin sportif et ami, il l’épousa et éleva ses deux enfants Annie et Alain. Mais Jacques désirait plus que tout assurer sa propre descendance,  et sa femme rendue stérile ne pouvait le satisfaire. Il fallut se rendre à l’évidence, la meilleure mère porteuse envisageable n’était autre qu’Annie. S’en suivit cet étrange arrangement familial qui fit se côtoyer au sein d’un même foyer Jacques,  son épouse, Annie la fille de l’une aussi mère de l’enfant de l’autre, et Sophie l’enfant qui a deux « mamans »...
Consciente du choc et des émotions contradictoires que la révélation de cette situation hors-norme ne peut qu’engendrer, Sophie Anquetil souhaite ici apporter son témoignage. Elle revient tout d’abord sur ses propres origines, de 1870 lorsque sa bisaïeule Mélanie tombe amoureuse d’un allemand en pleine guerre franco-prussienne, jusqu’aux débuts de cycliste de son père.  En suivant dans un premier temps cette saga familiale, le lecteur porte un regard neuf sur Anquetil. Cela  lui permet de mieux appréhender le personnage. Dans un style simple et agréable à lire, Sophie déroule ensuite l’enchaînement des faits, sans jamais tomber dans la recherche du sensationnel.  Un encart inséré au milieu du livre présente plus de 40 photos de famille. Il est agréable de mettre ainsi un visage sur les personnes citées. En fin d’ouvrage, quelques pages exposent, de manière chronologique, les grands points de la carrière sportive d’Anquetil.
Bien que l’auteur insiste beaucoup sur tout l’amour qu’elle ressentait au sein de cette famille, et le fait qu’il n’y ait pas eu d’inceste, j’avoue rester un peu perplexe. Plutôt d’esprit ouvert et tolérant, j’ai éprouvé cependant un arrière goût étrange à la lecture de ce livre.  Par exemple, l’emploi récurrent du terme « sultan » pour désigner Jacques, et aussi cette femme si ardemment éprise offrant (égoïstement ?) sa fille comme mère porteuse pour satisfaire le désir d’enfant de son mari. Cela laisse planer un sentiment de malaise : Annie avait le choix de refuser, oui, mais elle était à l’époque une toute jeune adolescente qui adorait sa mère et vouait une admiration sans borne à son beau père. Et l’embarras se prolonge lorsque l’on voit comment tourne la situation alors que les sentiments de Jacques envers sa belle-fille évoluent. Jusqu’au dernier épisode de sa vie amoureuse, très surprenant lui aussi (mais peut-être prévisible ?), qui ajoute une couche supplémentaire à l’ambiguïté du personnage. Le « sultan » aura toujours vaincu,  aussi bien dans sa vie privée que dans carrière professionnelle !

Sophie HERAULT

mardi 6 avril 2010

La petite maison dans la prairie Tome II : Au bord du ruisseau de Laura Ingalls Wilder

Laura et sa famille ont quitté leur jolie petite maison dans les bois; ils avancent encore; son père décide de nouveau de se fixer; ils habitent tout d'abord dans une maison sous terre près d'un ruisseau ce qui plait beaucoup aux filles. Son père construit ensuite une nouvelle maison grande et belle, une vraie maison. La proximité avec le village permet aux filles de découvrir l'école, mais aussi l'Eglise et l'école du dimanche, les autres enfants, les facilités de vivre près d'un village. Malgré des incidents climatiques, une invasion de sauterelles qui oblige Charles à quitter sa famille pour partir chercher du travail plus loin, cette fois les Ingalls restent dans leur maison.
 La vie n'est pas facile pour Laura qui est un peu rebelle au fond d'elle et frustrée par l'exemple de sa grande sœur si sage et toujours aimable. Ce n'est pas toujours évident d'être polie, de sourire alors qu'on pense le contraire, quand il faut donner sa poupée de chiffon à laquelle on tient tant, quand on est humiliée par Nelly; et oui c'est l'arrivée de la fameuse peste de Nelly qu'on connait si bien dans la série et qui est aussi pénible dans le livre avec ses jouets, ses robes et sa prétention sans bornes. Laura n'est cependant pas la dernière à lui jouer des tours bien au contraire. Un deuxième tome dont je n'avais que peu de souvenirs et pareil pour le troisième d'ailleurs. Mais c'est toujours agréable; j'apprécie toujours autant l'ambiance si bon enfant bien que l'on se doute que les souvenirs de l'auteur soient très édulcorés et que tout n'ait pas été aussi rose que le livre semble le laisser croire. La vie simple mais difficile sur le plan financier, avec des valeurs qui persistent cependant. L'auteur nous plonge toujours avec facilité et avec une écriture fluide et très accessible à tout un chacun dans son monde; c'est pourquoi cette série s'adresse à tous d'ailleurs. En tous cas cette simplicité d'écriture n'est pas gênante bien au contraire, elle permet de s'immerger complètement dans un monde vu par des yeux d'enfants.


Cécile MAURELLET

lundi 5 avril 2010

L'enjoliveur de Sophie Chérer

Sophie Chérer est une passionnée de "Un roi sans divertissement" de Jean Giono. Quoi de plus attirant que d'écrire un livre prenant cette œuvre pour base ?
En effet, dans "L'Enjoliveur", l'association des amis de Giono se retrouve sur le thème de "Un roi sans divertissement". Or, au cours de ces quelques jours, un cadavre est retrouvé dans un hêtre. C'est la même mise en scène que dans le roman de Giono. Une question circule : qui, parmi ces passionnés, l'est au point de réaliser la fiction ?
Ecrit dans un style très abordable, ce petit roman entraîne son lecteur et lui permet d'approfondir les points qu'il aurait pu ne pas comprendre à la
lecture de "Un roi sans divertissement". C'est donc un bon complément de l'œuvre qu'on ne lâche pas avant la clef de l'histoire.


Clémence BIDOT-BOYELDIEU

dimanche 4 avril 2010

Le bandit n'était pas manchot de Jérôme Jarrige

Pour une fois qu’il arrive à prendre un jour de congé, le commissaire Gilles Dupin n’a pas de chance. Voici qu’un meurtre sordide a été commis à Juan Les pins et qu’il se retrouve chargé de l’enquête. La victime, une femme âgée, a été retrouvée chez elle, les mains liées et le dos lardé de 15 coups de couteau. A première vue, le vol ne semble pas être le mobile. Aussi, lorsqu’un deuxième meurtre se produit selon le même mode opératoire, l’inquiétude commence à se faire au sein de l’équipe chargée des investigations. Un tueur en série sévirait-il à Juan les pins ?
Ce roman a reçu le prix du quai des orfèvres en 2003,  prix qui est décerné chaque année par un jury présidé du directeur de la police judicaire de Paris situé au 36 quai des orfèvres. Ce n’est pas la première fois que je lis un livre qui a eu ce prix et à chaque fois, j’ai trouvé cela bien sympathique ! L’histoire est crédible, réaliste et met en valeur les difficultés des agents à travailler entre eux, à subir la pression de leurs supérieurs en cas de lenteur dans l’enquête ou encore à gérer les informations divulguées aux médias. La résolution de l’énigme est cohérente et logique au vu des informations que l’on découvre au fil de l’enquête. Le suspens est bien là, le rythme est vif mais pourtant ce roman policier ne m’a pas complètement séduite. D’abord parce j’ai trouvé l’écriture un peu simpliste, les personnages auraient notamment mérités un peu plus de consistance. Ensuite parce que l’utilisation de la première personne dans la narration ne m’a pas parue convaincante et opportune dans ce cas de figure. Enfin le choix du titre donne un peu trop d’indication pour la résolution de l’enquête.  Malgré ces petites réticences, ce livre remplit pleinement sa mission : celle de nous faire passer un agréable moment de lecture.


Nicole VOUGNY

samedi 3 avril 2010

Akhénaton le renégat de Naguib Mahfouz

Mais comment est mort le pharaon Akhenaton dit l’hérétique pour avoir voulu imposer dans son royaume une religion quasi monothéiste , celle d’Aton ?
Voilà l’énigme que veut  résoudre  Méri Moun en cette année 1300 avant J.C.
Pour cela il va contacter, avec l’autorisation de son père, les anciens serviteurs de feu Akhenaton. Des religieux qui ne voulaient pas perdre leurs avantages, des gardes de la Sécurité assoiffés de pouvoir, Bek le sculpteur, mais d’autres encore et enfin finir par rencontrer l’épouse d’Akhenaton , Néfertiti qui vit en recluse dans la ville d’ Akhetaton.
J’ai apprécie ce livre simple qui  raconte l’histoire d’un pharaon. L’auteur nous emmène au cœur de l’histoire de l’Egypte et de sa première crise politique. Un seul homme décide d’adopter un Dieu unique et voila un empire qui commence à craquer. Le coup d’Etat devient inéluctable.
Le roman est très bien structuré. A chaque chapitre correspond un témoignage et surtout Méri Moun intervient très peu ce qui donne l’impression que le témoin s’adresse en permanence au lecteur et lui donne également la sensation de faire partie de l’histoire.
Beaucoup de personnages animent ce petit roman. De Horemheb à Mahou en passant par Tadoukhépa  jusqu’à Ay, l’auteur  utilise peu de mots pour qualifier et décrire chaque personnage qui narre la vie d’Akénaton mais il les choisit à bon escient et avec une précision effarante.
Superbe aussi la façon dont chaque intervenant décrit et voit Akhénaton. Pour l’un c’est un tyran, pour l’autre un homme de bien et pour untel un androgyne.
Impressionnantes les descriptions de la ville d’Akhetaton qui nous montrent la grandeur du pouvoir de Pharaon. A part  cela très peu de descriptions de villes; il est vrai que ce court roman mené à un rythme rapide laisse peu de temps pour des descriptions autres que celle des personnages.
Un livre qui m’a plu et qui m’a obligé à rouvrir des livres d’histoire .


Edouard RODRIGUEZ

vendredi 2 avril 2010

Le mythe de Sisyphe de Albert Camus

Le mythe de Sisyphe est un essai sur la question du suicide vu à travers l’absurde. Pour Camus, c’est la conscience de mener une vie absurde qui pousse des personnes à franchir le pas et se suicider. Mais paradoxalement c’est de vivre cet absurde jusqu’au bout, de le dépasser à tout moment qui permet de vivre pleinement. A travers la première partie, Camus démontre théoriquement, en s’appuyant sur divers courants philosophiques  comment l’absurde gouverne toute chose, toute pensée : tout est absurde. Dans la seconde partie, à travers trois modèles, Don Juan, le comédien et le conquérant, Camus démontre qu’en ne reniant pas cet absurde mais au contraire en en faisant un art de vivre, en le sublimant on parvient à le dépasser et profiter de la vie pleinement.  Dans la troisième partie, Camus s’appuie sur les auteurs pour montrer que du côté de l’auteur comme de celui du personnage, l’absurde est toujours présent mais là aussi il convient de le dépasser. La leçon de cet essai est avant tout que le suicide n’est pas la solution à l’absurdité de la vie. Face à l’absurde, il faut se battre, se révolter et continuer jour après jour…

Ce texte n’est pas facile à lire, faisant référence à de nombreux courants de pensées de nombreuses œuvres. Ne les connaissant pas toutes parfaitement, une grande partie de la réflexion nous échappe mais cela nous amène malgré tout à nous interroger sur le sens que nous donnons à notre vie, à regarder d’un autre œil les œuvres que nous lisions avant sans arrière-pensées. Ca donne envie de relire ces textes sous ce nouvel éclairage. Je pense que le mythe de Sisyphe n’est pas un livre qu’on oublie, il nous amène à réfléchir et nécessitera plusieurs lectures afin d’en comprendre le sens profond. C’est un ouvrage essentiel dans l’œuvre de Camus à mettre en lien avec ses romans comme  L’étranger entre autres….


Elisabeth DOUDAN

Publicité