jeudi 26 novembre 2009

Les hommes du tsar de Vladimir Volkoff

C'est une tranche de l'histoire russe que nous conte ici Vladimir VOLKOFF. L'action de ce volume débute vers 1567 et s'achève vers 1592. Ivan IV le Terrible est tsar depuis 1547, il a conquis Khazan et Astrakhan sur les Tartares et se conçoit comme le caesar de la troisième Rome, oint par l'Eglise orthodoxe russe qui est son thuriféraire. Il crée le corps des streltsy, sa garde rapprochée que l'on pourrait comparer à des tontons macoutes sanguinaires, racketteurs et sans limites. Ivan IV leur jette en pâture les opritchinas, territoires où les streltsy pouvaient dépouiller les boyards de leurs biens pour mieux museler ces agitateurs rivaux du tsar. En 1570, Novgorod est immolée par ces sauvages. Après avoir tué son fils aîné et successeur légitime dans un accès de colère en 1581, Ivan IV trépasse en mars 1584. Féodor 1er lui succède assisté de Boris Godounov qui exerce la réalité du pouvoir. Au lecteur de découvrir les rebondissements de la fin.
Les piliers de ce roman sont les personnages principaux: Psar le dresseur de chiens, exécuteur des hautes œuvres du Tsar Ivan qui sème la terreur par le knout, le pal, les chaudrons bouillants , la noyade, la décapitation et la pendaison. Boris Godounov, qui de campagnard naïf et idéaliste se transforme en homme d'Etat madré sur le tard. Il n'y a non seulement les personnages centraux, piliers de cette basilique byzantine qu'est cet ouvrage mais encore le vocabulaire savant voire précieux de l'auteur, ses descriptions presque caricaturales (cf Gogol) des personnages masculins, poétiques et délicates des personnages féminins (Pouchkine), lyriques et évocatrices des chevaux et des paysages, sombres et tragiques des destins et des tourments de l'âme (Dostoïevsky). C'est un peu gore par moment, l'écrivain a voulu donner dans l'humour noir très russe, je suppose.
C'est un grand roman d'un maître écrivain qui nous captive, même si l'on s'ennuie un tout petit peu après la mort d'Ivan, pour finir en beauté par la rencontre de Boris et de l'ermite.
Il y a plein de réminiscences littéraires et sans doute musicales et cinématographiques dans ce roman historique. A lire, foncez!


Gwenaël CONAN

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