mercredi 16 novembre 2011

Brazzaville plage de William Boyd


Hope CLEARWATER est une jeune éthologue anglaise, qui vient de soutenir brillamment sa thèse: "Dominance et territoire: rapports et structure sociale." et qui part au Congo dans un centre de primatologie pour étudier les chimpanzés et se noyer dans le travail pour oublier un mariage qui fait naufrage.Elle nous embarque pour l'Afrique comme le fit le Beagle de Darwin pour les Galapagos.
Il ne s'agit pas de l'Afrique qui fait rêver mais de conditions climatiques difficiles et des bestioles, de la transpiration, de la chaleur, des privations et de la menace pesante de la guerre civile alentour.
Hope découvre des horreurs sur les chimpanzés: leur grande violence,leurs infanticides, leur cannibalisme, leurs stratégies d'accouplement et de conquête de territoire, leur goût du meurtre et la joie de faire souffrir.En même temps Hope relate les mesquineries entre collègues, les tactiques amoureuses, les alliances, les revirements de situations, les professeurs, très imbus de préséance, qui utilisent les découvertes de leurs élèves pour publier et se mettre en valeur et leur grande fragilité psychique.
Le parallèle que l'auteur établit subrepticement entre la société des hommes et celle des chimpanzés est terriblement cruel ou tout simplement clinique et devant tant de sauvagerie l'on ne sait plus si c'est l'homme qui descend du singe ou l'inverse, le constat est misanthrope et zoophobe.
Les réminiscences de Hope: son cursus universitaire, son mariage avec un mathématicien, ses relations universitaires, leurs manies et leurs marottes m'ont lassé, j'ai failli en rester là et renoncer à la lecture mais son divorce et sa fuite en Afrique ont relancé l'aventure. La tension dramatique va crescendo jusqu'au dénouement final.
La bibliographie de l'auteur apparaît en filigrane: Darwin, René Girard et le désir mimétique(l'éthologie et le mécanisme victimaire), Von Neumann, Morgenstern et la théorie des jeux, Alfred Teller( un des pères de la bombe A et de la bombe thermonucléaire) et sa volonté de mettre en équations la météorologie, Joseph Conrad "au coeur des ténèbres", Karl Popper et le darwinisme comme programme de recherche métaphysique.Ses sources d'inspiration sont très intellos, très universitaires voire théologiques: William BOYD et le mystère de l'iniquité chez l'Homme et chez l'Animal.L'auteur a enseigné à Oxford...Ca dérange et ça fait réfléchir.


Gwenael CONAN

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