vendredi 4 novembre 2011

Dalva de Jim Harrison


En 471 pages Jim Harrison tisse l'écheveau de sa tapisserie de Bayeux, vaste fresque de l'Ouest américain de la fin de la guerre de Sécession au massacre des Sioux à Wounded Knee, évoquée par des personnages de chair et de sang d'aujourd'hui, leur histoire contemporaine se mêle au passé...
Le roman est  très riche, c'est un compendium de l'histoire et de la géographie américaine, de la collision des cultures et des êtres qui s'aiment et s'éloignent sans doute par mauvaise communication , trop grande fierté ou peur de sombrer dans la passion. L'originalité et le pittoresque attirent l'attention, l'écrivain a le sens de la formule et de l'image. Si c'est prosaïque et trivial à l'occasion c'est aussi inexorablement romantique et sensible par moments: la rencontre de Duane Cheval de Pierre et de Dalva, Crazy Horse et la mort de sa fille, Northridge et sa jeune femme Aase etc. Le romancier n'oublie pas les considérations économiques et sociales, la flore, la faune, ses descriptions de paysages sauvages et ses portraits brûlants sont inoubliables.
Dalva est une femme originaire du nord du Middle West, son prénom vient d"Estrella Dalva, l'étoile du matin en portugais, titre d'une samba qui plût à ses parents. Elle parcourt les Etats unis de l'Oregon à la Californie, de New York à la Floride, de l'Arizona au Montana en s'attardant au Nebraska et au Dakota.Sa grande beauté lui vaut quelques expériences fâcheuses mais elle garde  le cap. Elle n'oublie pas d'aider un cas social à l'occasion, c'est une femme de caractère qui sait ce qu'elle veut, lorsqu'elle revient vers son amoureux Duane, ses détracteurs jaloux, sectaires emplis de préjugés disent de lui"un vrai salopard" (page 106), notre héroïne n'écoute pas et juge sur pièce.
Le maître Harrison joue de son anima et de son animus, il utilise toute la palette des émotions, la virilité, la sensibilité féminine, de la tendresse à la violence extrême. Avec l'œil affûté d'un prédateur,rien n'échappe à son sens de l'observation, c'est très réaliste, on croit à ses personnages et à ses situations, c'est aussi lyrique et poétique, le réel se mêle au rêve. (Jung émet l'hypothèse que nos rêves émergent des paysages qui nous entourent).Il y a du panthéisme mystique et du naturalisme poétique, un délicieux hommage à la désobéissance civique et un hymne à la vie sauvage, au métissage et aux sangs mêlés, un vrai humaniste, lui.
Si vous avez aimé le livre et le film "Légendes d'automne", si vous avez une dilection particulière pour National Geographic et ses photos émouvantes, vous adorerez Dalva.


Gwenaël CONAN

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