Un roman policier qui nous mène aux origines des recherches sur les serial killers. On est plongé au cœur d’une évocation magistrale et extrêmement bien documentée du New-York de la fin du siècle dernier. On y croise de grandes figures de l’époque, bandits, hommes politiques, économistes, mais surtout Roosevelt, alors jeune préfet de police, bien décidé à lutter contre la corruption dans ses services. On assiste à des soirées à l’opéra, des dîners dans les grands restaurants, des voyages en calèche… le tout servi par un style raffiné, alternant des descriptions saisissantes de la vie à cette époque (soirée au théâtre, mais aussi taudis, bordels…), avec des portraits de personnages hauts en couleurs et au caractère bien trempé.
On y croise surtout un journaliste criminel mondain, une jeune femme qui veut faire sa place dans la police et devenir la première femme inspectrice des Etats-Unis, et un médecin psychiatre qui tente de faire imposer ses vues, révolutionnaires à l’époque, qui expliquent des éléments du caractère par la façon dont on a été aimé, élevé et traité étant petit.
Ces préoccupations rejoignent l’intérêt pour les origines de certains crimes, qu’on peut expliquer par une brutalité acquise dans l’enfance ou une réaction excessive à certains stimuli qui font remonter à la surface un traumatisme enfoui. Le Dr Lazlo Kreizler décide de prouver la validité de ses idées en étudiant des esprits et des cerveaux de criminels. Pour cela, il voudrait prendre le nouveau Jack l’Eventreur, qui sème la terreur à New-York. On retrouve en effet des cadavres de jeunes prostitués travestis, fraîchement débarqués d’Europe, sauvagement assassinés et atrocement mutilés. La police ne s’intéresse pas vraiment à ces meurtres, qui touchent des personnes souvent en marge.
Une improbable équipe se monte alors, regroupant, aux côtés de Kreizler, Roosevelt et le journaliste, narrateur de l’histoire, mais aussi deux policiers aux techniques novatrices (empreintes digitales, etc.), tous prêts à démasquer le criminel grâce aux traces qu’il laisse de sa personnalité, de son enfance et de son forfait sur les lieux des crimes, mais aussi à fonder une nouvelle science criminelle. Et c’est la course contre la montre, d’autant que les autorités ne semblent pas très désireuses d’aider à l’entreprise, et même luttent contre ce qui pourrait nuire à l’ordre social établi.
Mélanie BART
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