Il y a eu l’enterrement de sa chère grand-mère, que Louise petite fille appelait parfois « Maman » par erreur. C’est elle qui l’avait quasiment élevée. Le cancer de sa mère aussi, un choc pour sa fille qui n’avait rien vu venir. Elle est pourtant là en face d’elle, le crâne chauve sous une magnifique perruque trompeuse, et bientôt mutilée d’un sein. Et l’avortement, à 5 mois de grossesse, parce qu’Adrien son mari ne voulait pas de ce bébé. Ils étaient trop jeunes. Sans oublier les amphétamines, car il fallait cela pour ne plus se sentir nulle face aux « Importants ». Jusqu’à l’excès. Et puis bien sur, point d’orgue à toutes ces épreuves, la trahison d’Adrien qui la quitte pour Paula « Terminator », une « vraie garce »…
Avec une écriture nerveuse faite de phrases sans fioritures, Justine Lévy revient sur son propre passé récent. Louise son héroïne, c’est bien elle. Et le lecteur reconnaitra sans peine, bien que les prénoms aient été modifiés, les autres personnalités qui jalonnent ce roman. Au risque de choquer par un style très incisif, elle exprime ses sentiments sans concession. Extrêmement lucide sur la dureté des épreuves qu’elle a traversées, elle ne sombre cependant jamais dans le mélo. Ce qui n’empêche pas ce roman de dégager tellement d’émotions qu’il en est bouleversant. Un rayon de soleil, cependant, éclaire le récit : la rencontre de Louise avec Pablo. Et l’on se surprend à espérer de toute notre âme que, enfin !, Louise/Justine soit apaisée par cette nouvelle relation.
Le divorce entre Justine Lévy, fille de l’intellectuel Bernard Henry Lévy, et son époux le philosophe Raphaël Enthoven (qui la quitte pour l’ex-mannequin et chanteuse Carla Bruni), a fait beaucoup de bruits dans les médias. J’avoue avoir été très peu sensible à l’époque à ce fait-divers. Je découvre dans ce livre, écrit par Justine suite à ce traumatisme personnel, un formidable récit bien loin des articles à sensation dont sont friands les magazines people. Bien sur elle n’est pas tendre pour sa rivale, mais elle ne s’appesantit pas non plus pendant des pages et des pages sur elle. Et le livre est bien loin d’être le simple « défouloir » d’une femme trahie par son mari. Il faut savoir passer outre la couleur qu’a voulu en donner une certaine presse, pour se plonger, sans à priori négatif ou recherche du scandale, dans ce roman d’une très grande intensité.
Sophie Hérault
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