lundi 29 mars 2010

Le berceau du chat de Kurt Vonnegut

Le berceau du chat est un roman iconoclaste qui se situe entre science-fiction et merveilleux, c’est avant tout une satire sociale pleine d’humour. Car l’univers de Kurt Vonnegut est à part, il ne ressemble à rien de ce qui s’est fait avant lui.
Les deux cents premières pages de ce livre qui en compte un peu plus de deux cent trente n’ont strictement rien à voir avec un roman de science fiction. Un journaliste enquête sur ce qui s’est passé le jour où la première bombe atomique a explosé. Il s’intéresse au fils du Docteur Hoeniker, père de celle-ci. Pour l’interviewer, il s’embarque dans un avion pour la République de San Lorenzo, une petite île gouvernée par un dictateur et soumise à l’emprise d’une étrange religion.
Le récit est fait de cent vingt sept courts chapitres de une à deux pages. Ils racontent un roman avorté, un roman que n’écrira pas le journaliste. Car le récit est d’abord cette histoire, celle d’un échec, d’une succession d’échecs. C’est sans doute pour cette raison qu’on y trouve plein de choses étranges : des chansons, des extraits de livres, des lettres, un index, la notice d’une pochette de disque, des poèmes en dialecte de l’île, les paroles d’un hymne national, la relation d’une élocution publique… Le livre est fait de toutes sortes de choses que la bienséance littéraire n’autorise habituellement pas. Pourtant jamais le fil du récit, le lent déroulement de l’histoire ne s’en trouve perturbé.
Kurt Vonnegut excelle à nous asséner des vérités aberrantes par son phrasé simple, un style sans fioriture. Car le livre réclame au lecteur toute son attention : on parle ici de l’échec des utopies les plus nobles. L’humour n’est jamais loin, dérangeant et acerbe.
Derrière la relation presque naïve de cette enquête, Kurt Vonnegut nous confronte à nous même, spectateur éternel d’un monde devenu fou, un monde où les vérités sont définitivement des mensonges.

Jacky GLOAGUEN

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