dimanche 30 janvier 2011

Vazkor de Tanith Lee

Vazkor est un roman de Tanith Lee, auteure britannique de science-fantasy. Il s'agit du deuxième tome de la saga d'Uasti. Le premier tome, La déesse voilée, nous narrait les aventures d'une femme Uasti, faisant partie d'une race éteinte dotée de grandes capacités physiques et psychiques. Dans le roman Vazkor, on suit les pas de Tuvek, un enfant des tribus sauvages, reconnu comme étant le fils du chef de la tribu et élevé comme tel, mais qui est en réalité le fils d'Uasti qu'elle a abandonné là lors de son court passage en tant qu'esclave dans
la tribu. Cet enfant ne ressemblant pas physiquement au reste de la tribu, étant brun alors que tous sont blonds par exemple, il lui faut s'imposer et prendre de force sa place au sein de la tribu pour ne pas se voir écarter. Peu à peu il prendra conscience de sa différence et apprendra finalement ses véritables origines.
Il n'est pas facile d'entrer dans cette saga de Tanith Lee. La quatrième de couverture est trompeuse, donnant à penser qu'il s'agit dans ce tome de la rencontre entre Tuvek et sa véritable mère, mais il s'agit en réalité ici de la découverte par Tuvek de son identité, la rencontre ne se faisant que dans le tome suivant, La quête de la sorcière blanche. On est face à beaucoup de descriptions, beaucoup de monologues et finalement l'action est relativement lente. Néanmoins il y a quelque chose d'envoutant dans ces romans, notamment dans Vazkor, où l'on suit la progression de Tuvek pas à pas, s'imposant comme grand guerrier au sein de la cité mais aussi sa progression morale, spirituelle.
On est confronté au début du roman à un être froid, rejeté par les autres et qui dès lors ne cherche qu'à écraser les autres pour s'affirmer. Du jour où il découvre l'amour, ses pouvoirs et ses origines, il évolue peu à peu vers un personnage plus humain, hanté par l'esprit de revanche. Même si le style est âpre de prime abord c'est une série qui mérite d'être connue tout comme son auteure. Je déconseillerais par contre de lire les tomes séparément, je ne pense pas qu'il soit possible de bien comprendre l'histoire de ce roman si on a pas préalablement lu la déesse voilée.

Elisabeth DOUDAN

Un été de canicule de Françoise Bourdin

Emma Soubeyrand est propriétaire du café des Tilleuls dans le village de Cucuron en Provence. Elle a trois fils : Antoine qui vit depuis sept ans au Brésil, Paul qui est horticulteur, Vincent coiffeur et une fille Sophie avocate. En cette belle journée d’été, Emma est heureuse. Paul vient enfin d’épouser Marine, l’infirmière avec qui il a déjà un fils de six ans et qu’il aime depuis son adolescence. Mais ce bonheur va être de courte durée puisque Vincent est victime d’un terrible accident de moto qui le laisse entre la vie et la mort. Paul prend sur lui de prévenir Antoine qui revient au pays, provoquant la colère d’Emma,...
Quelle est cette erreur de jeunesse qu’a commise Antoine il y a sept ans et qui a causé son exil ? Pourquoi Emma reçoit-elle des lettres anonymes depuis ce temps là et n’en dit rien aux autorités ? Quel est donc ce secret qui a failli les détruire et les empoisonne encore ?
Telles sont les questions qui se posent dès les premières pages du livre et dont on a hâte de connaître les réponses. Ce roman est ainsi construit, un peu comme un film, autour de ces secrets à découvrir, avec des indices parsemés de ci de là, au milieu des évènements qui arrivent à cette famille dont le pilier est Emma. Cette femme domine ses enfants, leur impose sa volonté au point d’étouffer leur personnalité et de gâcher leur vie privée. Ils en souffrent d’ailleurs, chacun à un degré différent. Et ces sentiments sont très bien rendus et nous nous régalons avec cette histoire très rythmée. L’écriture fluide et simple à le don de nous déconnecter de notre quotidien. Par son talent et sa maîtrise, l’auteur nous fait nous identifier à ces personnages attachants. Mais il y a aussi un regard pertinent sur la société d’aujourd’hui, notamment des réflexions sur la séparation, la passion, l’illusion d’un ancien amour qui revient, la jalousie, l’amour, la haine… Voila un roman tel que je les aime, avec des histoires d’amour, du suspens, des secrets de famille et une happy-end pour nous laisser sur une note d’espoir.

Nicole VOUGNY

vendredi 28 janvier 2011

Contes du far west de O. Henry

Au temps où l'on avait la gâchette facile dans les saloons, la conquête de l'Ouest attirait aventuriers et brigands. Un banquier cherche à cacher un trou dans sa caisse; un métayer amoureux d'une jeune fille dissimule son humiliation quand elle le sauve des griffes d'un puma ; deux amis se disputent les faveurs d'une veuve ; un homme, marié à une héritière, la quitte car il ne supporte plus qu'elle porte la culotte ; une jeune femme refuse de jouer pour son père agonisant sur le piano qu'il lui a offert ; le fils d'un héros de la conquête de l'Ouest doute de son talent de peintre; un bandit se fait passer pour le shérif auprès de sa vieille mère... Autant d'histoires entre ruée vers l'or et cavalcades de cow-boys.
Ce livre regroupe 17 nouvelles de longueur moyenne, ayant toute pour cadre un far-west mythique. Dans une langue simple et claire, alternant récit et dialogues, l'auteur met en scène des personnages un peu caricaturaux, mais non dénués d'intérêt. Le ton, caustique mais avec une certaine tendresse, souligne leurs travers, leurs petites lâchetés, mais aussi leur ingéniosité et leur grand coeur. Dans ces contes légers et drôles, c'est la nature humaine qu'O. Henry dissèque, dans ce qu'elle a de minable et de sublime - parfois chez le même personnage. Le sel de ces nouvelles tient souvent dans le retournement final, qui en quelques lignes, bouleverse l'idée que le lecteur avait pu se forger au cours des 20 pages précédentes.
Ce livre m'a paru un bon exemple de l'oeuvre d'O Henry. J'ai pensé à Jerome K Jerome pour le sens de la formule, à Saki pour la conclusion surprenante et ironique, et à Maupassant pour la dissection grinçante de l'être humain. Le tout, dans l'atmosphère stimulante et rafraîchissante du far-west. J'ai été bluffée par les retournements concluant chaque histoire, déstabilisants et hilarants. Seul bémol : certaines conclusions, construites sur le même modèle, perdent un peu de leur force. Reste que j'ai été touchée par certains personnages, et particulièrement par le fait que le "méchant" n'est pratiquement jamais celui qu'on croit... Je me suis régalée avec ces contes d'un autre temps et d'un autre lieu, mais dont le fond m'a semblé profondément universel.

Fanny LOMBARD

mercredi 26 janvier 2011

L'étalon des mers de Alain Surget

Leif, un jeune Viking, est tout heureux du retour de son père, le grand guerrier Erik le rouge, absent depuis plusieurs années. Mais celui-ci ne semble intéressé que par le superbe cheval arabe qu’il a ramené dans son drakkar, un fougueux étalon noir qu’il a appelé Sleipnir en hommage au cheval d’Odin. Bien vite, la présence de l’étalon attise les jalousies : Erik et les siens sont bannis. Leif est ravi : C’est l’occasion pour lui de prendre la mer avec son père et de vivre l’aventure sur des terres inconnues.
Destiné à la jeunesse, ce roman d’aventures réjouira certainement les adolescents. On s’identifie facilement au jeune Leif, qui a des désirs simples et compréhensibles : Il souhaite par-dessus tout que son père s’intéresse à lui et soit fier de lui ; bien sûr, comme tout Viking, il aimerait également réaliser de hauts faits et être reconnu pour sa bravoure, mais cela ne lui monte pas à la tête. Enfin, on prend beaucoup de plaisir à voir évoluer la relation entre l’adolescent et le capricieux étalon dont son père l’a chargé : Jalousie envers celui qui lui a volé l’attention de son père et colère face aux facéties du cheval bien peu obéissant vont peu à peu se transformer en tendresse et camaraderie pour cet animal difficile mais extrêmement intelligent.
Ce roman est également instructif, introduisant harmonieusement le mode de vie des Vikings, le légendaire voyage d’Erik le Rouge et sa découverte du Groënland et de ses habitants. Un voyage fort dépaysant !

Le style d’écriture est simple et entraînant, parfaitement adapté à un jeune public : Des phrases courtes, des descriptions qui ne s’éternisent pas, des émotions bien rendues sans être poussées à fond. Le lecteur est bien vite emporté à la suite du jeune héros et ne prend guère le temps de souffler, partant à l’aventure avec les Vikings sans s’ennuyer une minute.


Marie-Soleil WIENIN

lundi 24 janvier 2011

Histoires de chats qui ont changé le monde de Sam Stall

Que des histoires vraies pour les amoureuses et amoureux de nos petits félins domestiques....Evènements anciens ou plus récents qui se sont passés dans différents pays, anecdotes ou histoires particulières, hommes politiques, artistes, scientifiques, quidams, théâtres, navires, partout et dans tous les cas, les chats se sont comportés comme des héros, sans le savoir, quoi- que...
C’est un livre amusant avec des historiettes courtes (trois pages maximum), des petits dessins, des gravures et une tête de chat, en noir et blanc, en médaillon au début de chaque histoire. Ces aventures de nos compagnons à quatre pattes nous prouvent surtout, que malgré toutes les critiques entendues, à droite et à gauche sur leurs sournoiseries ou soi-disant égoïsmes, nos minettes et matous ont un cœur rempli d’amour et sont de véritables petites boules de sensitivité. On assiste à la naissance de certaines races (naissances ayant donné lieu à des légendes), bien que nos greffiers de gouttière aient autant de talent et de courage que les racés à pedigree. On assiste aussi à la naissance (pourquoi pas ?) de chat d’assistance (pour appeler les secours ou amener à manger, voire comme porteur de message incognito). Dans une ou deux histoires, malheureusement, nos pauvres amis sont de véritables victimes. Les bipèdes ne sont pas toujours reconnaissants et, eux aussi, bien souvent sont sournois et égoïstes. Comme quoi même la notion de « grand homme » peut être subjective.
Ah ! J’allais oublier...Chapeau bas à tous les « matounets » écrivains ou diplômés, même s’ils n’ont servi que de prête-nom.
C’est un très bon et beau  livre de chevet.

Thérèse VITRANT

samedi 22 janvier 2011

Au-delà du fleuve et sous les arbres de Ernest Hemingway

En 1945, le colonel américain Richard Cantwell, quitte Trieste pour se rendre à Venise, ville qu'il connaît bien. Durant le trajet, il se rappelle sa campagne en Italie lors de la première guerre mondiale.
Enfin arrivé à Venise, il se rend au Gritti où il loge pendant son séjour. Là il veut vivre deux moments intenses car il sait que son cœur est en mauvais état et que le temps lui est peut-être compté. Il va vivre ses retrouvailles avec Renata, une jeune contessa de dix-neuf ans dont il est amoureux et aller à la chasse aux canards sur la lagune gelée.
Richard reprend goût à la vie au contact de Renata, et dans cette Venise d’hiver il va se souvenir des guerres, des amis déjà partis, de son ex- femme et tout avec la contessa qui l’écoute attentivement et veut savoir.
Mais déjà ils doivent se séparer,le colonel ayant un tableau de sa bien-aimée pour se souvenir et Renata possèdant ses 19 ans et l’avenir.
J’ai bien aimé ce livre même si ce n’est pas le meilleur d’Hemingway.
Les personnages principaux représentent des choses très opposées. L’avenir, la jeunesse et la soif de connaître pour Renata et pour Richard la nostalgie du passé, la mort mais les deux ont une envie commune : aimer.
Il y d’autres personnages comme Jackson, le chauffeur du colonel, que l’on croise au début et à la fin du roman. Le personnel du Gritti mais le lecteur ne fera que l’effleurer lors des va et vient de nos deux amoureux.
Le cadre : Venise en hiver et là Hemingway fait fort, il nous donne sans cesse l’impression d’y être. Descriptions toujours détaillées mais jamais rébarbatives. Les canaux, les bâtiments, la nature, les places sans pigeons font que l'on s’y croirait et donnent même l’envie d’aller à Venise en hiver.

Je n’oublierai pas l’histoire, la grande. 1945, les américains sont en Italie. Le colonel fait un parallèle d’un pays qu’il a vu détruit en 1917-1918 et qu’il revoit détruit à nouveau. Les mêmes bombardements pour les mêmes destructions.
Mais tout cela a-t-il un sens quand on se sait condamné comme  colonel le Richard Cantwell.

Edouard RODRIGUEZ

jeudi 20 janvier 2011

Gatsby le magnifique de Francis Scott Fitzgerald

Ce petit roman de 200 pages se passe après la première guerre mondiale dans une banlieue riche de New York. Nick Carraway se dégote une petite maison au milieu des villas luxueuses dont celle de Gatsby son voisin et celle de Tom et Daisy, sa cousine. Gatsby et Daisy ont été fiancés quelques années auparavant et pour la reconquérir, Gatsby organise des fêtes somptueuses où tout est permis, et où toute la jeunesse dorée de New York se presse.  Personne ne sait d’où vient Gatsby, d’où vient son immense fortune, les rumeurs les plus folles courent sur lui et pourtant pendant cet été là, aucun ne raterait pour rien au monde une de ses réceptions. Voilà comment se déroule ce laps de temps très court mais où Tom a une maîtresse a peine cachée, où Daisy hésite entre Tom, son mari qui a une fortune héréditaire et Gatsby son ancien amour dont on ne sait pas comment il a pût devenir riche, où Nick et Jordan Baker, l’amie de Daisy, flirtent ensemble sans trop savoir où ça va les mener  jusqu’au jour de la mort de Gatsby où il ne restera plus personne à part Nick.
Ce roman est un classique de la littérature américaine même si à sa sortie, il n’a pas été très bien accueilli par le public.  Il y a peu de pages et se lit plutôt facilement.  On est plongé dans ce que l’on appelle les années folles, après la première guerre mondiale où avoir de l’argent compte plus que tout. Dans ce monde, personne n'a conscience des conséquences de ses actes sur les autres et sur eux-mêmes, ils sont prêts a beaucoup de choses pour parvenir a leurs fins.
Après avoir lu la biographie de F. Scott Fitzgerald, on comprend mieux l’univers de Gatsby le Magnifique car il y a beaucoup de points communs.
J’ai bien aimé entrer dans cet univers d’argent facile et de jeunesse dorée sans soucis. On se rend vite compte qu’en fin de compte ces personnes s’ennuient dans leur vie, ils n’ont pas de grand projet ou à travailler pour vivre. Les fêtes de Gatsby leur permettent de ne pas y penser et de donner l’impression a eux-mêmes et aux autres qu’ils ont une vie passionnante. J’ai quand même eu du mal à rentrer dans le roman car je ne voyais pas où l’auteur voulait en venir. De plus, l’action se passe plutôt lentement dans plus de la moitié du roman alors que la scène finale tient en quelques pages même si l’effet de surprise est agréable. Je n’ai jamais vu le film mais je pense qu’il sera intéressant de le visionner puisqu’il a eu un beau succès dans les années 70 et pour pouvoir le comparer avec le roman.

Aurélie MARCHAND

mardi 18 janvier 2011

Les chevaliers en herbe Tome III : Le chevalier fantôme

Le père Armand aime raconter des histoires aux enfants du château. Ce jour là, il transmet à son jeune auditoire, la princesse Aliénor de Montcorbier et les pages Yvain de Lavandor « chevalier Flamboyant» et  Jean de Jansac « chevalier Noir », une information surprenante. Le récit qu’il vient de leur relater, avec le chevalier Gontran comme héros, est véridique… et c’est justement ce soir, exactement 100 ans après sa mort violente, que celui-ci doit se manifester ! Effectivement, le fantôme apparaît comme prévu. Très agité, il menace de « ne point partir sans elle ». Mais de quoi ou de qui s’agit-il ? Le mystère sera vite levé, mais ensuite satisfaire le spectre sera plus difficile qu’il n’y paraît…
Cet ouvrage fait partie de la série « Les chevaliers en herbe » mettant en scène les aventures de 3 enfants au  Moyen Âge. L’époque et les personnages choisis permettent de toucher un lectorat mixte. Le vocabulaire et les tournures de phrases, ainsi que les chapitres courts, sont bien adaptés aux lecteurs à partir de 8 ans. L’histoire est un judicieux mélange de suspense, d’humour et d’émotions. Elle ne tombe jamais dans des extrêmes qui pourraient déranger (telles de grosses farces lourdes, ou des scènes génératrices d’angoisse chez les plus jeunes). Des illustrations en noir et blanc agrémentent le tout.
Facile à lire, je trouve les aventures du trio très originales. En tête de chaque chapitre, l’auteur a noté un titre qui donne envie d’en savoir plus : rien que pour cela, le livre ne sera pas délaissé en cours de route.

Sophie HERAULT

dimanche 16 janvier 2011

Doggy bag de Philippe Djian

David et Marc Sollens sont frères et dirigent un garage Mercedes. Ils ont la quarantaine, sont plutôt beaux garçons, ont du succès auprès des filles mais sont encore célibataires. Il faut dire que vingt ans auparavant, ils ont aimé passionnément tous les deux la même jeune fille et qu’ils ont fini à l’hôpital. Aussi quand un beau jour, cette femme, Edith, revient, il y a de quoi avoir des inquiétudes dans l’entourage des deux frères...
Cela faisait longtemps que je n’avais plus lu de Philippe Djian, ayant gardé en mémoire ses premiers romans dont le côté vulgaire m’avait agacé.  Mais finalement je ne regrette pas de m’être lancé dans « Doggy bag ». Le titre en lui-même est un peu surprenant, on ne sait pas trop à quoi s’attendre…Toujours est-il que j’ai été agréablement surprise. L’histoire et la façon de la raconter sont originales, l’écriture est fluide, le récit est très rythmé, sans temps mort. Mais c’est surtout le coté « série télé » de la narration qui m’a séduite. En effet au fur et à mesure de la lecture on visualise vraiment la scène décrite, avec les éventuels flash-back, les changements de décor, avec autant de naturel que si on l’avait sous les yeux...Bel exercice de style de la part de l’auteur ! Résultat une lecture agréable, vivante, pleine de rebondissement et surtout de mystère que nous décryptons au compte goutte…Le problème, qui n’en est pas vraiment un d’ailleurs, c’est qu’il nous faut attendre pour connaître la suite des aventures de ces personnages ! Personnages qui ne sont ni trop complexes, ni trop simples, et qui nous font régir selon nos attirances, nos préférences. Et ce n’est pas mièvre pour une série romanesque, même s’il y a quelques clichés. On sent vraiment que l’auteur s’est amusé à l’écrire et qu’il a trouvé le moyen de nous faire partager cet amusement. Il me semble que l’écriture de Philippe Djian s’est assagie par rapport aux années de 37°2 le matin et que du coup la lecture est plus abordable tout en gardant sa marque de fabrique : quelques scènes torrides, quelques mots un peu « crus » et une pointe d’humour noir qui donnent à l’ensemble un parfum bien sympathique…

Nicole VOUGNY

vendredi 14 janvier 2011

Café nostalgia de Zoé Valdès

Marcela Roch habite ou plutôt est en exil à Paris. Cubaine d’origine, elle a quitté son île à 19 ans après s’être mariée avec un français âgé de 70 ans.  A la mort de son mari, elle refuse l’héritage et passe du métier de photographe à celui de maquilleuse.
Bien entendu les va et vient Paris- La Havane dans sa tête font légions. Les souvenirs d’une jeunesse lointaine reviennent en mémoire. Les soirées entre amis mais surtout son premier émoi amoureux pour Jorge. Cet homme est marié et  s’en va promener son fils dans un parc voisin. Un jour Marcela se débrouille pour qu’il entre en possession de lettres qu’elle lui a écrit…mais quand l’épouse de Jorge les trouve, il finit en torche humaine, la femme en prison et l’enfant chez sa grand-mère.
Un jour dans son immeuble du Marais, arrive un nouveau voisin. Un beau jeune homme, cubain de surcroit qui perd un cahier sur le palier aussitôt recueilli par Marcela. Que contient ce cahier qui surprend Marcela ? Et qui peut bien être ce beau voisin ?
J’ai apprécié ce livre qui contient beaucoup de nostalgie. Ce mot va souvent avec mélancolie moi je trouve que l’auteur a su le faire rimer avec plaisir et alors cela devient un délice à lire.
De nombreuses situations sont à faire rire : les chaussures faites avec un couvre-lit, l’organisation des soirées, les cours de boxe nous montrent ce côté très débrouillard propres aux cubains. Certes il y des facettes moins drôles que l’auteur nous dévoile sous un angle réaliste mais surtout pas tragique.
Le roman est très vivant cela est dû au style direct sans fioriture. Par ailleurs, les va et vient Paris-Cuba ne nous font pas perdre le fil du roman, ni les allers retours dans le temps. Tout cela est savamment dosé.
Les personnages y sont nombreux : hommes politiques, amies de Paris ou de Cuba à la vie tumultueuses…
Intéressant également la vision de la vie parisienne que nous donne Marcela ainsi que les descriptions de La Havane qui rendent ce roman vraiment très agréable à lire.


Edouard RODRIGUEZ

mercredi 12 janvier 2011

Kafka sur le rivage de Haruki Murakami

Entre onirisme et réalité, culture japonaise et occidentale, philosophie et poésie, Murakami nous plonge dans un roman fleuve déconcertant, quelquefois hermétique mais sublime, bouleversant, unique et précieux. Un cadeau de lecture comme il en arrive peu souvent.
L’histoire commence comme un roman d’apprentissage. Le jour de ses 15 ans, Kafka Tamaru décide de quitter Tokyo et son père pour gagner Takamatsu dans la province de Shikoku. Il fuit une terrible prophétie (annoncée par son père) qui le rendrait coupable d’inceste auprès de sa mère et de sa sœur, enfuies du domicile depuis ses 4 ans.
A travers ce parcours initiatique, il rencontre de nombreux personnages, aimables et attentifs auprès desquels  il tente de se construire, d’être. En quête de sa mère et de sa sœur, il pénètre au plus près de lui-même, se perd dans ses rêves, découvre l’amour sensuel et érotique  avec des « fantômes vivants » et entraine le lecteur jusque dans les profondeurs de sa conscience et de son âme. Déroutant, assurément, le récit nous fragilise, nous questionne sur le sens de la vie, du hasard, de l’amour et de la liberté. Mais la lecture ne nous abandonne jamais, elle nous fait juste vaciller ; c’est enivrant et bienfaisant.
« Kafka sur le rivage » c’est aussi le voyage de Nakata, vieil homme illettré, devenu mentalement fragile, depuis une sortie scolaire en forêt en 1944 où, victime d’un évanouissement collectif il aurait perdu toute mémoire. Si Murakami n’établit pas tout de suite le lien entre ses personnages, on devine aisément comment la solitude de chacun  les rapproche et les mène inéluctablement vers Takamatsu, loin des méandres tourmentés de Tokyo.  Ce vieil homme est un sage, il a la faculté de parler aux chats. Sa rencontre avec un homme particulier, Johnny Walken, tueur de chats justement, va lui permettre de mener à bien une quête personnelle, aidé sur sa route par Hoshino, chauffeur routier, drôle et attachant. Pendant ce voyage, il se passe des événements singuliers et envoûtants qui aspirent les personnages et le lecteur tout entier. Il faut alors se laisser porter, accepter de se perdre un peu, d’être en déroute sans jamais sombrer dans la détresse.  Les questions fusent, ne trouvent pas toujours de réponse mais élèvent l’esprit.
Et puis il y a cette bibliothèque et sa bibliothécaire au cœur même du roman,  véritable fil conducteur souple et aléatoire de ces histoires intimes. C’est le lieu magique où tout se joue, où chacun se trouve et se réalise.
 Au final, une sorte d’apaisement pour tous, lecteur compris. 
« Kafka sur le rivage » est donc un livre planant qui s’écoute (Beethoven, Schubert, Haydn, Mozart et la fameuse mélodie « Kafka sur le rivage »)  se goûte (les personnages ont souvent faim) et se voit (nombreuses descriptions). Un entremêlement d’ambiances, d’atmosphères, d’images qui font tourner la tête et parfois chavirer mais créent un vrai sentiment de bonheur. Un livre magique

Cécile PELLERIN

lundi 10 janvier 2011

La règle de quatre de Dustin Thomason et Ian Caldwell

Ecrit il y a 5 siècles par un homme nommé Francesco Colonna, L’« Hypnerotomachia Poliphili »  renferme un secret, c’est certain.  L’acrostiche en latin formé avec les premières lettres de chaque chapitre ne peut pas être le fruit du hasard. Et qu’aucune information ne soit disponible sur l’auteur  renforce le mystère qui semble insoluble. Un an avant son accident de voiture fatal, le père de Thomas découvre une lettre retraçant la vie de ce dernier. Ce fait inespéré relance aussitôt sa fièvre à tenter de résoudre l’énigme. Après la mort de son père, Thomas ne souhaite pas prendre le relais, bien qu’il ait été associé depuis très jeune à l’évolution des recherches. Mais, alors qu’il fréquente maintenant l’université de Princeton, il est contacté par Paul, un étudiant passionné par les travaux de son père et bien décidé à aller jusqu’au bout…
Dès les premières pages, l’écrivain capte son lectorat avec un prologue racontant une anecdote de 1497 hors du commun. Puis de retour à l’époque actuelle, il nous invite à accompagner Thomas pas à pas vers la solution. Le récit est à la première personne du singulier, permettant ainsi de suivre « en temps réel » les pensées, ressentis et réflexions du héros. En parallèle de la progression vers la levée des secrets du vieux livre, des conflits d’intérêts entrent en jeu. Les attitudes de certains paraissent étranges. Des assassinats mystérieux ont lieu. Tout ceci  accentue l’intensité dramatique de l’histoire. Et, comme dans tout bon thriller, le suspense est présent.  Au final, ce sont donc deux histoires en une que renferment cet ouvrage : le décryptage de l’« Hypnerotomachia Poliphili », et le mystère entourant les événements tragiques de l’époque actuelle.
Une chose est sure, ce n’est pas pour rien que ce livre a reçu le prix « livre de poche - sélection des lecteurs France Info » en 2006 ! C’est un excellent thriller. Personnellement, j’aime beaucoup lorsqu’un auteur nous fait voyager entre le passé et le présent. Bien que très abordable par son vocabulaire et tournures de phrases, c’est un ouvrage assez dense. Il demande donc à être lu au calme pour bien comprendre l’enchainement des événements.

Sophie Hérault

samedi 8 janvier 2011

Tommy and Co° de Jérome K Jérome

C'est un bien étrange individu qui se présente un soir au domicile londonien du journaliste Peter Hope : Tommy, jeune personne dépenaillée qui ignore si elle est un garçon ou une fille, vient offrir ses services de gouvernante et cuisinière. La prenant en pitié, Peter accepte. Mais Tommy - qui conserve ce prénom bien qu'elle soit en réalité une fille - s'avère rapidement une déplorable cuisinière : Peter décide alors de l'employer comme assistante. Autour de cet improbable duo gravitent d'autres personnages non moins excentriques. De l'administrateur ayant fait fortune d'une étonnante manière à la chroniqueuse mondaine qui renonça à convoler, en passant par l'épicier devenu imprimeur par amour ou le coursier travesti en femme, tous participent à la création et à la vie du quotidien "Bonne Humeur", dont Peter est le rédacteur en chef.    
Ce roman peut se lire comme une succession de nouvelles, bien que les mêmes personnages se croisent au fil des chapitres, centrés à chaque fois sur l'un d'eux. On retrouve dans ce livre le style pince-sans-rire de Jerome K. Jerome, cette écriture simple et directe, cet humour souvent absurde, ces situations cocasses et ces personnages extravagants, au comportement souvent ridicule, mais toujours justes et la plupart du temps touchants. Si les chapitres ont tous un rapport avec le journal de Peter Hope, on remarque également une cohérence dans les thèmes abordés, comme celui du mariage ou du statut social. Mais l'auteur questionne aussi la place de la femme dans la société, de son indépendance financière et de sa réalisation en dehors du mariage.   
Décidément, voilà un auteur que j'adore ! Je suis sensible à son humour, terriblement anglais, et je suis à chaque fois enchantée par son ton faussement sérieux. Je n'avais jamais entendu parler de ce roman, et c'est une belle découverte : j'ai trouvé les personnages attachants, malgré leur côté caricatural, et les chapitres sont tous irrésistibles. Une mention spéciale à l'histoire de Joe Loveredge qui, marié à une jeune femme snob aspirant à ne fréquenter que la haute société, fait défiler tous ses amis dans son salon sous des fausses identités de ducs ou de lords - jusqu'au jour ou une véritable lady est invitée par son épouse, provoquant la panique générale ! Mais si ce passage m'a particulièrement marquée, l'ensemble du livre est à l'avenant : drôle, léger, absolument jubilatoire !  

Fanny LOMBARD

jeudi 6 janvier 2011

La journée d'un journaliste américain de Jules Verne

La journée d’un journaliste américain en 2889
La nouvelle se passe au XXIXe siècle, les habitants vivent au milieu d’une féerie continuelle, sans avoir l’air de s’en douter. Blasés sur les merveilles, ils restent de marbre devant celles que le progrès leur apporte chaque jour. Tout leur semble naturel. S’ils la comparaient au passé, ils apprécieraient mieux leur civilisation, et se rendraient compte du chemin parcouru. Combien leur apparaîtraient plus admirables leurs cités modernes aux voies larges de cent mètres, aux maisons hautes de trois cents, à la température toujours égale, au ciel sillonné par des milliers d’aéro-cars et d’aéro-omnibus. La vie de cette civilisation nous est présentée par M. Francis Benett, le directeur du ''Earth Herald'', le quotidien d’informations et de loisirs le plus indispensable de l’année 2889, qu’il soit diffusé en version papier ou par abonnement en version mondio-acoustique, sort de son lit et se prépare, comme tous les jours, à suivre de près les employés de son journal et les successives étapes qui participent à faire de son média l’outil le plus puissant du monde.

L’éternel Adam
Un archéologue du futur retrouve le journal d'un groupe de survivants à un cataclysme ayant entièrement submergé le Globe. Ce groupe retouche finalement terre sur une île d'origine volcanique. N'ayant plus d'autre objectif que se nourrir, ils retournent progressivement à la barbarie. Tout le savoir de notre civilisation est oublié. Beaucoup plus tard, leurs descendants fonderont une nouvelle civilisation dont fera partie l'archéologue du futur.
La journée … est une vision très futuriste des États-Unis, pays devenu la puissance mondiale. L'Angleterre est même une colonie américaine !!!  La première version de cette nouvelle a été écrite par Michel Verne, le fils de Jules, puis révisée par le père. Michel en a ensuite fait une 3e version, celle que l'on connaît.
Verne émet l'hypothèse que chaque civilisation humaine pourrait être construite sur les ruines de civilisations antérieures détruites par un cataclysme planétaire, comme l'Atlantide. Les couples de survivants seraient alors les nouveaux Adam et Ève des nouvelles religions.
Ces deux nouvelles, avec un langage parfois compliqué sont courtes et se lisent paisiblement… nous permettent de faire un bond dans le futur et de déconnecter de la réalité le temps de quelques pages !

Sabrina LE BOUCHER

mardi 4 janvier 2011

Merle de Anne-Marie Garat

Elle s’appelle Merle, « Aime, Air, Aile », c’est son surnom. Elle a 30 ans. Elle est monteuse de cinéma. Elle coupe et colle des séquences disparates pour en faire un tout cohérent, à l’image des événements passés, présents, à venir qui ponctuent sa vie. Ce jour-là, elle a rendez-vous avec un cinéaste brésilien pour visionner un film. Cette rencontre va bouleverser sa vie.
 Si j’ai été véritablement captivée par le tout début du roman d’Anne-Marie Garat dont je découvrais l’écriture, la suite m’a profondément déçue et ennuyée. Au début du roman, la description minutieuse des événements anodins qui bousculent tant Merle m’a beaucoup plu : j’ai trouvé que l’écriture était recherchée, travaillée, très précise et ciselée, les événements incongrus et fortuits bien décrits : l’auteure décrit une convergence de deux faits : un insecte qui s’écrase sur le pare-brise de Merle, un SDF entr’aperçu au bord du périphérique qui porte, pendu au cou, une pancarte. Elle montre bien en quoi ceux-ci troublent la tranquillité de Merle et viennent la toucher au plus profond de son être.
Mais très vite, j’ai été déçue par ce roman : l’écriture m’a semblé au fil des pages trop travaillée et trop ciselée : j’ai senti l’aspect technique prendre le dessus au détriment de la beauté du style. Une écriture un peu à la Nothomb, la magie littéraire en moins. L’auteur se plaît à élaborer de multiples digressions, suivant le fil de sa pensée pour passer d’un sujet à un autre, sans réelle unité. C’est ce manque de cohérence qui m’a déplu, même si cet effet pouvait entrer en résonance avec le métier de Merle - monteuse de cinéma - cherchant donc à retrouver l’unité et le sens des séquences.
Anne-Marie Garat enseigne le cinéma et la photographie. Cela se ressent dans l’écriture, dans le choix et le traitement des thèmes, les images, les métaphores utilisées. L’auteur fait également beaucoup référence à l’anatomie, ce qui peut parfois agacer, notamment par rapport à toutes les précisions et termes techniques.
Un livre qui m’a beaucoup déçue, manquant de magie et d’âme, mais qui devrait plaire à ceux qui aiment le cinéma ou qui travaillent dans ce monde.

Christelle GATE

dimanche 2 janvier 2011

L'histoire de Kerowin Tome I : Par le fer de Mercedes Lackey

Par le fer est un roman de fantasy de Mercedes Lackley, qui s'inscrit dans le cadre de son cycle, Valdemar, qui compte une vingtaine de romans. Cependant il peut tout à fait se lire de façon indépendante puisque les allusions à ce qui peut se passer dans les autres tomes sont relativement peu nombreuses et non essentielles à la bonne compréhension de l'histoire. Dans ce roman, il est question d'une jeune fille, Kerowyn, qui va assister impuissante au massacre de sa famille lors d'une réception donnée pour fêter le mariage de son frère. Ce dernier étant gravement blessé, il va lui incomber de sauver la fiancée, Dierna. Pour cela elle va devoir demander de l'aide à sa grand mère Kethry. A partir de là, la vie de Kerowyn va changer du tout au tout.
L'héroïne, Kerowyn est attachante. Au fil du roman qui se découpe en trois grandes parties, on va la voir se découvrir et s'affirmer dans cette vie à laquelle rien ne la préparait. Elle apprend à maitriser et surtout accepter son don de parole par l'esprit ainsi que l'épée magique, Besoin, qui lui a confiée par sa grand mère. Cette épée refuse de combattre des femmes, voulant bien au contraire aller les défendre. Il lui faudra prendre le contrôle de l'épée et lui imposer sa volonté pour pouvoir s'en servir à sa convenance. De simple mercenaire, elle apprendra à gravir les échelons et s'imposer comme une femme capable et juste dans un monde où les femmes ne sont pas toujours bien perçues. Mercedes Lackley nous livre ici une fantasy  relativement simple dans un cadre plutot  médiéval. On ne trouve pas ici de grandes descriptions, le récit s'appuie sur l'action et les dialogues des personnages. L'histoire en elle-même n'est pas impressionnante  :il ne s'agit pas ici de sauver le monde ni de s'imposer face à un grand personnage maléfique comme dans les grandes sagas de fantasy. Il s'agit davantage d'une quête personnelle dans laquelle l'héroïne se découvre peu à peu.  Mais c'est un roman captivant à l'écriture  efficace qui donne envie de plonger dans les autres romans de cette saga pour découvrir plus encore le monde qu'elle y invente et les personnages hauts en couleurs qu'elle a su créés.

Elisabeth DOUDAN

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