mercredi 19 mai 2010

Parti de François Salvaing

Parti est un roman, un jeu de miroir où se cache une savante autobiographie politique.
Un homme, Marc Elissalde, raconte un autre, Frédéric Sans, un ami, un compagnon, parfois un boulet. Tous les deux côtoient de près ou de loin, et suivant les époques, le Parti Communiste. L’un est un professeur en disponibilité devenu cadre du parti et l’autre tout à la fois ou successivement acteur, journaliste et écrivain. Leur rattachement ou leur engagement, quand ce n’est pas leur dissidence, ont toujours à faire avec l’époque, les chars russes et les invasions de pays souverains, le Programme Commun ou l’appartenance à des gouvernements socialistes.
François Salvaing dresse dans ce roman un portrait de plusieurs générations, des générations lucides mais pleines d’idéal qui avec la fin du vingtième siècle ont sombré dans la dépression collective. En revenant  sur les dernières décennies du Parti Communiste, en s’arrêtant sur la trajectoire de ces hommes pleins de bonne volonté qui l’ont porté, défendu et quitté, l’auteur confronte le lecteur à la difficulté de l’engagement. Car s’engager politiquement, dans la durée et pour faire changer la société dans ses fondements, n’est jamais simple.
Le style de François Salvaing alterne les longues phrases tortueuses, hachées de virgules, de digressions, et de plus courtes, comme des coups de poing. Le but n’est jamais manqué, quelque soit la façon de dire, quelque soit le propos, faisant preuve d’un humour acide ou pince sans rire, l’auteur ne rate jamais sa cible. Il ne s’agit pas ici de pose ou de cynisme, le roman veut faire réfléchir et comprendre sans être didactique. De façon anecdotique on apprend que l’on peut devenir un fonctionnaire de la Révolution sans jamais vouloir partager la vie de ceux que l’on veut guider. Mais on croise aussi des noms connus, dans des situations pas toujours glorieuses.
Tout le long de ces cinq cents pages, François Salvaing nous tient en haleine, il réussit l’exploit de rendre intéressant un sujet qui à première vue ne le semblait pas et pourtant concerne chacun de nous.


Jacky GLOAGUEN

mardi 18 mai 2010

Une relation dangereuse de Douglas Kennedy


C’est un roman qui relate une histoire d’amour, du moment de la rencontre au moment de la séparation, vue du côté de la femme, une Américaine indépendante et forte, qui perd complètement le contrôle de sa vie, alors qu’elle avait su préserver sa liberté et son autonomie jusque là.
C’est également une histoire de la maternité et de l’instinct maternel, qui remet les choses en perspective et qui montre aussi les mauvais côtés de la naissance d’un enfant, tant du point de vue physique que moral.
On dévore littéralement ce roman, se demandant de page en page jusqu’où va aller la descente aux enfers, sans être néanmoins capable d’imaginer réellement jusqu’où cela peut aller, car la descente est brutale et profonde, et va bien au-delà de ce qui est imaginable !
La narration est simple, agréable, écrite du point de vue de Sally, jeune femme pragmatique et réaliste, confrontée aux non-dits, à l’incompréhension face à ce qui se passe, et c’est dans son cœur qu’on est, révolté avec elle, perdant prise avec elle, ressentant l’injustice avec elle, sans pour autant pouvoir mieux réagir qu’elle. C’est le fatalisme de la dépression qui est rendu par le style, tout en interrogation et phrases courtes, aux dialogues peu nombreux, parmi lesquels les plus présents sont ceux de l’héroïne avec elle-même, qui rendent compte de l’isolement dans lequel on peut se retrouver, transplanté dans un nouveau pays, dont les gens sont difficiles à apprivoiser.
On vit le choc des cultures entre les Etats-Unis et l’Angleterre ; le choc des cultures entre une journaliste « de choc », correspondante de guerre dans un des coins les plus agités et dangereux de la planète et la vie de mère au foyer obligée de tout gérer seule, maison, intendance, bébé…
A déconseiller peut-être aux femmes enceintes cependant !

Mélanie BART

lundi 17 mai 2010

Le meilleur des mondes de Aldous Huxley

Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley écrit en 1932 est une vision dystopique de ce que pourrait être notre avenir au vu des progrès technologiques qui régissent notre monde. Dans ce monde totalitaire, le schéma traditionnel de la famille n’existe plus : les bébés naissent en éprouvette et au stade même d’embryons sont modifiés chimiquement afin de permettre leur intégration aux différentes classes sociales existantes : Alpha, Bêta, Gamma, Delta et Epsilon. Conditionnée pendant toute l’enfance via la pratique de l’hypnopédie intensive, chaque personne a l’impression d’être parfaitement à sa place. Cependant certains personnages comme Bernard Marx, Helmholtz Watson n’arrive pas à se fondre complètement dans cette société. L’apparition dans cette société d’un jeune garçon, surnommé le Sauvage parce qu’il a grandi dans une réserve où les hommes n’ont pas été ainsi conditionnés, va faire réfléchir certaines personnes mal adaptées à la société  au point de mettre en doute le système.

Cette dystopie cherche à montrer les dérives du progrès qui, loin de nous servir, finit par nous asservir. Cette question reste profondément actuelle aujourd’hui encore quand on voit l’essor de l’Internet, des gadgets électroniques sensés nous faciliter la vie mais qui finissent par nous rendre incapables de nous débrouiller par nous-même le jour où ça tombe en panne. La question même de la population née en éprouvette est également plus que jamais présente à présent que la fécondation in vitro est devenue relativement courante, où la science défie la nature en permettant à des femmes de plus en plus âgées de procréer. Ce roman met en relief les dérives d’un système qui pousse à anesthésier les passions, les sentiments à travers l’usage de drogues, en poussant les populations à consommer toujours plus, une société qui n’est vraiment pas sans rappeler la nôtre par bien des aspects et qui amène ainsi à s’interroger sur nos vies. Une lecture intéressante, parfois déroutante aussi, parsemée d’extraits des œuvres de Shakespeare donnant ainsi envie de les découvrir.


Elisabeth DOUDAN

dimanche 16 mai 2010

Grossesse, le guide des copines de Vicki Lovine

Sous forme de témoignage, Vicki Iovine, elle-même mère de quatre enfants, écrit ce livre pour partager avec d’autres femmes (voire des hommes) son expérience de la grossesse. Non seulement elle nous relate son propre vécu de la maternité, mais elle s’informe et enquête également après de ses nombreuses copines afin de recueillir les différentes observations aussi pertinentes les unes que les autres pour produire ce guide très complet.
 « Grossesse, le guide des copines » représente réellement un récit dédié aux femmes enceintes, notamment pour celles n’ayant aucune expérience dans ce domaine comme moi par exemple, et qui souhaitent connaître en détail comment se déroulent les grossesses en général.
 Elle ne s’attarde pas sur le développement de l’embryon ou du fœtus semaine après semaine ou mois après mois comme la plupart des ouvrages officiels, mais plutôt sur la vie quotidienne des femmes enceintes avec les désagréments qu’elles rencontrent et qu’elles subissent au fur et à mesure que la grossesse avance jusqu’à l’après accouchement. Elle explique avec précisions par exemple la relation avec le mari, les névroses, les kilos, la peau, les affaires pour bébé, l’allaitement, et bien d’autres encore, avec des mots simples à la porte de toutes. Les passages que j’ai le plus appréciés se portent particulièrement sur les contractions, la perte des eaux, et l’accouchement en lui-même, car j’avais besoin de connaître en détail le déroulement.
 L’auteur se montre très directe, voire crue parfois, et sa franchise peut effectivement nous créer de sacrées appréhensions du jour J, mais finalement, il est préférable d’identifier comment se passent les choses pour ne pas se faire prendre au dépourvu. Sans conteste, lire ce récit donne un côté rassurant en fin de compte.
 Vicki Iovine est la narratrice, elle exprime à la première personne au singulier, et son livre est écrit avec beaucoup d’humour : elle me fait rire parfois, mais me fait peur plus souvent, surtout que tout cela est nouveau pour moi, je me sens encore sur un terrain inconnu. Mais nous savons toutes que nous devons endurer certains choses désagréables pour mettre au monde un beau bébé.
Ce témoignage complète ceux que j’ai déjà achetés comme « mon agenda grossesse, semaine par semaine, tout ce qu’il faut savoir (et faire) pendant 9 mois » ou encore « j’attends un enfant » de Laurence Pernoud. J’ai bien aimé cet ouvrage et je le conseille aux femmes qui sont enceintes.


Ngan Dai GRAMOLINI

samedi 15 mai 2010

L'histoire sans fin de Michaël Ende

L'histoire sans fin de Michael Ende raconte les aventures d'un petit garçon, Bastien Balthasar Bux, qui, un jour, dérobe un livre dans une librairie et se cache dans le grenier de son école pour le lire. Mais ce livre volé n'est pas un ouvrage normal, il s'agit de l'histoire sans fin, qui décrit la vie du pays fantastique en même temps que celle-ci se déroule. On est ici dans un roman fantastique qui entremêle étroitement l'univers de la fiction et celui de la réalité. Le lecteur, Bastien, a un rôle important à jouer dans l'histoire qu'il lit et devient peu à peu un personnage à part entière de l'histoire sans fin et rejoint ainsi les héros dont il avait auparavant suivi les aventures : Atréju et Fulchur, le dragon de la fortune. Le plus dur pour lui sera de retrouver la route de la réalité et de sa véritable vie. On a tous pu rêver un jour ou l'autre de rejoindre les héros d'un roman qu'on lit et partager avec eux diverses aventures et ce roman répond à ce rêve du lecteur. L'auteur a su ici faire revivre nos émotions d'enfants décrivant avec netteté au début du roman ce plaisir de la lecture. Mais c'est aussi un hymne à l'imaginaire : que deviendrions-nous si l'imaginaire n'existait plus balayée par la rationalité ? Idée qu'on retrouve sous la métaphore du néant qui engloutit peu à peu le pays fantastique.
Ce roman est un peu long et en même temps assez concis, on aimerait s'arrêter davantage sur les différents peuples du pays fantastique mais comme le dit lui même l'auteur « cela est une autre histoire »  mais dans l'ensemble il se laisse lire aisément et les gravures qui précèdent chaque chapitre sont assez belles. Ce roman a  d'ailleurs été adapté  il y a plusieurs années, en 3 films qui retracent l'ensemble de ce roman. L'auteur n'avait d'ailleurs pas trop apprécié l'adaptation et après lecture, on peut en effet constater que les films ne sont pas fidèles sur certains points relativement essentiels du roman, mais que ce soit les films ou le livre il s'agit d'un très bon divertissement qui peut ravir aussi bien les enfants que les adultes.

Elisabeth DOUDAN

vendredi 14 mai 2010

Reine mère de Christine De Rivoyre

Reine-mère c'est avant tout l'histoire d'une famille, dans laquelle l’héroïne principale est surnommée par ses enfants « Reine-mère ».  Cela commence par une simple agression dans le Quartier latin. Effectivement Reine,  sortie dans la nuit pour promener son chien « l’oiseau », se fait suivre par un drogué qui déteste les chiens et l’agresse verbalement. S’ensuit une bagarre dans laquelle Reine ressort victorieuse mais pleine de traces de coups. Chaque vendredi  elle reçoit ses enfants et amis … et là chacun  va découvrir la « mère » couverte d’ecchymoses. Aucun des trois enfants  ne veut  désormais la laisser seule. Ils décident de  débarquer  chacun leur tour ,amenant avec eux souvenirs et problèmes de leurs quotidiens :Vincent avec son jeune fils  toujours porté sur lui ,passionné de dessins et de musique ; Viviane , l’ainée très amoureuse de son pompeux mari  accompagnée parfois de sa fille Julie ,une grande adolescente et enfin Camille ,très artiste dans l’âme et qui adore les animaux. Les souvenirs d’enfance remontent à la surface ainsi que beaucoup d’instants  de « leur vie précédente ». Reine aime ses enfants et les soutient chaque fois qu’ils sont dans le désarroi, malgré ses propres problèmes. Un véritable « cocon » s’est tissé autour d’eux. Mais chacun a ses propres difficultés et doit les surmonter au fil du récit. L’amour d’une mère est toujours présent quelque soit l’enfant et le moment. C’est surtout ce message que je retiendrais après la lecture de ce roman.
Certes les personnages sont bien campés mais ne sont-ils par moment pas un peu excessifs ? Le roman remonte parfois dans des souvenirs trop lointains et embrouille, à mon avis, le sens de l’histoire. La vie est faite de petites choses évidemment mais est-il nécessaire de retracer la vie de certains personnages notamment la vie de la deuxième femme du père de Reine ou encore la vie de  Mme Ramirez la blanchisseuse ?

Laurence DEMAY

jeudi 13 mai 2010

La maison des jours heureux de Danielle Steel

L'Amour et l'argent ont, de tout temps, régient le Monde. Et ce roman qui se déroule fin 19ème-début 20ème, n'y fait pas exception.
Jeremiah se constitue une énorme fortune grâce à son courage et à son travail acharné dans les mines de mercure, acquises par son père, à Napa valley en Californie.
Cependant c'est au cours d'une transaction importante à Atlanta qu'il croit rencontrer l'Amour de sa vie. Or cette "enfant" de 17 ans n'est attirée que par son argent. Fasciné par sa jeunesse et sa joie de vivre, Jeremiah construit pour Camille le plus somptueux des palais à San Fransisco. Elle y mène une vie festive et délurée qui la pousse dans les bras d'un comte français. La quête d'un titre de noblesse lui font abandonné mari et enfant, non désirée par elle-même d'ailleurs.
Jeremiah, tout à son chagrin, la fera passer pour morte, mais restent sa fille Sabrina et la maison. Il décide de consacrer le restant de sa vie à cette enfant privée de mère et à ses mines tout en ignorant cette maison et ses fastes. Ironie du sort, il y passera les ultimes instants de sa vie.
Qu'adviendra-t-il de sa fille et de cette maison ? Renouera-t-elle avec le passé de ses parents ? Découvrira-t-elle la vérité que son entourage lui a caché ? Arrivera-t-elle a donné sa confiance à un homme et a fondé sa propre famille ?
 Ce roman est d'une tendresse exquise. L'amour paternel et filial de ces deux êtres est touchant. Or cela n'était pas si naturel et ordinaire à cette époque.
Cette enfant, ignorée et abandonnée de sa mère, deviendra une adulte équilibrée. Cela nous donne un bel exemple de vie, nous prouvant que l'on peut se construire et construire l'avenir sans s'attarder sur le passé.
Sabrina est un personnage attachant, très volontaire, douce et ferme à la fois.
Ce roman est plein de rebondissement. Ce qui est intéressant également, c'est de voir que ce sont des personnages comme ceux-là qui ont fait évolué les mœurs et les coutumes depuis des générations, des femmes comme Sabrina qui ont permis l'évolution de la femme dans la Société, des hommes comme Jeremiah qui ont donné une dimension de l'amour paternel chez les hommes. Chacun contribuant à construire l'édifice complexe de la Société de demain.
Ce livre m'a captivée par l'originalité de son histoire et de ses personnages.

Anne HEBERT

mercredi 12 mai 2010

Un coupable de Jean-Denis Bredin

Ali-François Caillou est étudiant en droit et métis. Mi-algérien par sa mère et mi-français par son père. Voilà qu’un  jour un ami étudiant Luc l’emmène à une manifestation. Cela tourne à l’affrontement. François est embarqué et se retrouve en cellule.
Lors de l’affrontement un représentant de l’ordre a subi un passage à tabac mais deux policiers ont reconnu François donnant des coups. Alors commence une drôle de galère qui va démontrer à François que la machine judiciaire une fois mise en marche ne s’arrête pas facilement et à même tendance à broyer des vies humaines.
J’ai beaucoup aimé ce court roman car l’histoire est direct. L’auteur ne se perd pas des descriptions juridiques, il y met le juste nécessaire sans plus ce qui rend sa lecture vraiment intéressante.
Les personnages sont décrits avec un réalisme déconcertant pour ce qui est de la pratique de leur fonction.
D’abord François est fort intéressant. Parfois français, parfois algérien suivant qui le regarde. Une enfance triste dans laquelle il a vécu le divorce de ses parents puis le décès de son père mais cela ne l’a pas empêché de croire en lui.
 Des juges qui sont là uniquement pour juger et qui donnent cette impression que finalement, l’histoire est déjà écrite.
Un avocat attentif mais qui sait à l’avance que son client nord-africain sera forcement condamné.
Des policiers qui encadrent François lors des différents entretiens sont faits de marbre.
Luc l’ami étudiant qui aide un peu puis disparaît totalement laissant François livrer à lui-même.

J’ai apprécié aussi les deux compagnons de cellules de François. De même les descriptions quotidiennes de la vie carcérale comme les repas, la petite fête, les visites au parloir, l’aide du docteur et les longues nuits de détresse de François sont précises et surtout sans superflu aucun.

Le roman est fait de va et viens dans le temps ce qui nuit nullement à l’histoire bien au contraire cela y met une note de voyage et de lyrisme.


Edouard RODRIGUEZ

mardi 11 mai 2010

Sébastien et la Mary Morgane de Cécile Aubry

Sébastien et la Mary Morgane est le 3e livre de la série des Sébastien, écrit par Cécile Aubry.
Sur la couverture on peut voir une photo du film avec Medhi le fils de l’auteur, dans le rôle de Sébastien.
L’action se passe en Bretagne ou Sébastien est invité par son grand oncle l’armateur, Louis Maréchal, qu’il n’a jamais vu.
L’atmosphère est mystérieuse et les personnages étranges, notamment Clarisse la gouvernante, qui vit dans le passé.
Et qui est donc ce Gwen Stéphani, dont il est souvent question et qu’on ne voit jamais ?
Et la Mary Morgane, qui donc est-elle ? et quel est ce mystère qui plane sur Morsan ?
Sébastien va s’efforcer de découvrir la vérité ainsi que le secret de son grand oncle.
J’ai adoré ce livre qui nous tient en haleine du début à la fin. Il est écrit dans un style simple, agréable, vivant. On y trouve de nombreux dialogues ainsi que des descriptions de la Bretagne. Des détails colorés, de l’humour, de la fraicheur. C’est un grand moment d’évasion, qui nous replonge dans les livres d’aventure de notre enfance.
Il plaira autant aux enfants qu’aux adultes.

Hélène SALVETAT

lundi 10 mai 2010

La reine de coeur de William Wilkie Collins

Griffith, ancien avocat, vit retiré avec ses frères Owen et Morgan dans leur demeure, en pleine campagne galloise. Ils y mènent une existence paisible, attachés à l'isolement qu'ils ont choisi. Mais la pupille de Griffith, la jeune et jolie Jessie, surnommée la Reine de Coeur, doit passer six semaines en leur compagnie si elle veut toucher l'héritage de son défunt père. Peu de temps après son arrivée, Griffith reçoit une lettre de son fils : revenant de la Guerre de Crimée et fou amoureux de Jessie, il demande à son père de la retenir jusqu'à ce qu'il arrive. Mais comment faire pour convaincre la demoiselle de rester auprès de vieillards dans un manoir coupé du monde ? Les trois frères décident alors de lui conter, chaque soir, une histoire différente, espérant ainsi éveiller son intérêt jusqu'au retour du jeune homme...

Présentant dix histoires égrenées au fil des jours pour tenter de retenir la jeune femme au manoir jusqu'à l'arrivée de son prétendant, ce livre tient donc davantage du recueil de nouvelles que du roman. Chacun des frères livre, généralement à la première personne, des récits présentés comme authentiques, ce qui permet à l'auteur de décliner les genres, allant du fantastique à l'horreur en passant par des histoires plus sentimentales ou des nouvelles policières, plus ou moins sombres, parfois gothiques. L'écriture, claire et vive, possède une grande élégance, et c'est sans effets inutiles que l'auteur crée dans chaque histoire une intrigue pleine de suspense, qui tient toujours le lecteur en haleine.

Ce roman m'a véritablement charmée. J'ai apprécié l'écriture limpide et raffinée, et la variété des genres. Qu'il s'agisse de la terreur pure de "La Chaumière Noire" où une jeune fille enfermée chez elle fait face à deux bandits, du suspense de "Monkton-Le-Fou" où un jeune homme va précipiter le destin en tentant de le combattre, ou "Une Intrigue domestique", enquête policière où une femme est accusée d'avoir assassiné son mari bigame, j'ai été enchantée par chacune de ces histoires, et je serais bien en peine de dire laquelle j'ai préféré... Voilà un excellent roman, et Wilkie Collins mériterait une plus grande reconnaissance. Nul doute qu'à la place de Jessie, je serais restée jusqu'au dernier de ces contes !  

Fanny LOMBARD

dimanche 9 mai 2010

Le parrain de Mario Puzo

Par une belle journée d’août 1945, Don Vito Corleone, plus connu sous le nom de « Parrain » préside la cérémonie de mariage de sa fille. C’est un grand moment de joie pour cette famille d’origine sicilienne qui s’est fait une bonne place dans la pègre New-yorkaise. Toutefois des personnages un peu louches ont des entretiens particuliers qui n’ont pas grand-chose à voir avec le mariage…Quelques jours plus tard, l’entente qui régnait entre les cinq familles mafieuses va dégénérer en véritable guerre, lorsqu’on va tenter d’assassiner le Don parce qu’il n’a pas voulu soutenir un trafic de drogue…
Inutile de s’appesantir sur le résumé de l’histoire du Parrain. Je ne pense pas beaucoup me tromper en disant que quasiment tout le monde a vu ou entendu parler des films éponymes de Coppola. J’avais un peu peur d’ailleurs que cela altère mon jugement sur le livre mais en fait pas du tout. Il faut dire que le roman a une construction cinématographique au point que l’on a l’impression qu’un film se déroule sous nos yeux quand on lit. La narration est menée de telle sorte que l’on se retrouve imprégné de l’ambiance des familles siciliennes installées aux Etats-Unis. L’auteur a très bien su retranscrire leur volonté de s’intégrer, d’élever leurs enfants en américains tout en leur inculquant les valeurs chères à leurs racines, l’importance de l’honneur, la loyauté, la vengeance, la loi du silence, la corruption des fonctionnaires. Rien ne nous est épargné mais en même temps cela est indispensable à la bonne compréhension de l’histoire de la famille Corleone. Et pourtant ces informations sur la mafia n’entravent pas l’action en elle-même : pas de temps morts, plus on approche de la fin et plus le rythme s’accélère. De plus les personnages sont tous intéressants (voire même attachants) et on a l’impression de partager leurs sentiments, leurs doutes, leurs volontés, leurs états d’âmes. C’est à travers eux que l’on se rend compte de la montée en puissance de la jeune génération et de ses changements de cap en vue de bénéfices encore plus lucratifs s’accompagnant toutefois d’une plus grande violence. On imagine les conséquences à long terme sur la longévité de ces familles… Vraiment une belle réussite que cette peinture de ce monde souterrain mais au combien puissant qui intervient dans tous les domaines que ce soit la politique, l’économie  et même le cinéma. En conclusion, je dirais que c’est un roman fascinant et prenant qui mériterait de sortir de l’oubli…

Nicole VOUGNY

samedi 8 mai 2010

Les cendres d'Angela de Frank McCourt

Originaire de Limerick en Irlande du sud, peu aimée par sa mère, Angela est envoyée en Amérique. Elle rencontre Malachy McCourt, lui aussi irlandais mais d’un comté du nord, dont  le patriotisme un peu trop virulent l’a obligé à s’exiler. Sous la pression familiale, Malachy épouse Angela enceinte. Franck nait quelques mois plus tard, d’autres enfants suivent. Mais la situation déjà précaire se dégrade, et lorsque Frank a 4 ans, la famille quitte New-York et revient s’installer en Irlande. Nous sommes au début des années 30, en pleine récession. A cette époque, la misère y est dramatique dans les grandes villes, le « racisme » entre le nord et le sud omniprésent, la religion pesante, les maîtres d’école violents avec les élèves. Le père part tenter sa chance en Angleterre, ce qui empire encore la situation d’Angela et de ses enfants laissés sans ressources sur place. Au milieu de tout cela, Frank survit comme il peut…
Ce récit, au million de lecteurs et récompensé du prix Pulitzer, est autobiographique et expose les souvenirs de 4 à 19 ans de l’auteur. C’est absolument terrible et insupportable dans les faits. Mais Frank McCourt  a choisi de raconter son histoire avec les mots et la sensibilité de l’enfant puis de l’adolescent qu’il était alors, et qui ne perçoit pas son quotidien dramatique comme noir en permanence (d’autant plus qu’il ne comprend pas tout). La façon dont il interprète certaines situations et son aveuglement même parfois en deviennent  presque drôles. Ses petits arrangements avec la religion, notamment lors de ses premiers émois « hormonaux », sont un pur bonheur pour le lecteur. Cette spontanéité et naïveté apporte une bouffée d’oxygène au milieu d’un récit qui aurait pu sombrer dans le glauque à force d’accumulation. Ce livre compte un peu plus de 500 pages et les chapitres sont longs. Mais l’auteur sait tenir en haleine par son choix littéraire, et ainsi ne pas lasser le lecteur.
J’ai été absolument captivée par ce livre. Un pédopsychiatre serait affolé si on lui soumettait aujourd’hui ce cas. Et pourtant Frank garde toute sa fraicheur et il fait avec comme il peut au quotidien, sans se poser de question sur sa situation ni en vouloir à qui que ce soit. Nos enfants sont trop jeunes pour lire ce livre, nos adolescents peuvent être rebutés par son épaisseur, mais ce serait une bonne leçon à  leur apporter lorsqu’ils se plaignent de petits tracas tellement futiles à côté de ce qui se passaient  il n’y a même pas un siècle en Irlande. On ne peut non plus s’empêcher de comparer et de se rendre compte à quel point le confort et la sécurité dont bénéficient la plupart de nos enfants les rendent moins débrouillards !

Sophie HERAULT

vendredi 7 mai 2010

La chambre des curiosités de Douglas Preston et Lincoln Child

Sur un chantier de Manhattan, les ouvriers mettent au jour les ossements d'une trentaine de personnes. L'agent spécial Pendergast, bien que n'étant pas en charge de l'investigation, demande l'aide de Nora, une archéologue, pour mener l'enquête. Ensemble, ils découvrent qu'il s'agit des restes des victimes du Dr Leng, un tueur en série qui travaillait en 1880 dans un museum privé, sorte de cabinet de curiosités, et qui se servait de cobayes pour tenter de percer le secret de la vie éternelle. Le dossier semble clos, mais lorsque plusieurs corps sont retrouvés mutilés de la même manière, Pendergast, obsédé par ces meurtres, décide de reprendre l'affaire en compagnie de Nora. Le petit ami de Nora, journaliste, enquête de son côté... S'agit-il d'un imitateur ? Ou le Dr Leng aurait-t-il réussi à mener ses expériences à bien ?
Ce roman de 700 pages est un vrai "page-turner", qui tient en haleine grâce à une intrigue solide et bien construite. Les personnages sont suffisamment intrigants ou attachants pour qu'on s'on intéresse à eux, bien que certains traits soient parfois un peu caricaturaux. Oscillant entre thriller et fantastique, l'histoire est vraiment prenante. L'écriture simple et sans grande originalité reste cependant agréable, alternant dialogues, actions, descriptions. La variété des thèmes sous-tendant le récit proprement dit permet aux auteurs de créer une certaine atmosphère, alliant expertises médico-légales et intrigues politiques à l'univers du Museum d'histoire naturelle de New York, qui tient une place importante dans cette histoire dont on ne sait jamais où elle va nous mener.
J'ai apprécie cette lecture, et bien que je ne qualifie pas ce roman d'inoubliable, j'ai eu du mal à le lâcher avant de connaître le fin mot de l'histoire ! Les personnages m'ont paru plus ou moins sympathiques, mais m'ont en tous cas suffisament intéressée pour que je me soucie de leur sort, et que je tremble pour les héros jusqu'au bout. L'intrigue est haletante, et le suspens, présent jusqu'au bout. Reste que j'ai été un peu dèçue par le dénouement, un peu grandguignolesque et qui ne m'a pas paru cadrer avec le ton du reste du livre. C'est un peu dommage, mais cela ne m'a pas empêchée de prendre beaucoup de plaisir à lire ce roman, qui reste un agréable divertissement.  


Fanny LOMBARD

jeudi 6 mai 2010

Farenheit 451 de Ray Bradbury

Guy Montag aime son métier : il est pompier. Dans la société dans laquelle il vit, les pompiers sont pyromanes : ils ont pour mission de brûler les livres des hérétiques qui en cachent chez eux au mépris de la loi. Les pompiers sont appuyés dans leurs missions de limiers-robots, des machines chargées de tuer les hors-la-loi. Un jour, Montag est appelé avec sa cohorte chez une femme qui, voyant l’incendie que les pompiers s’apprêtent à allumer chez elle, décide de s’immoler par le feu. Montag en ressort à jamais altéré. Il s’empare alors discrètement d’un livre…
 « Fahrenheit 451 » est une dystopie écrite dans les années 50 qui nous conte l’histoire d’une société totalitaire qui malmène les livres et leurs lecteurs. « Fahrenheit 451 », c’est la température à laquelle le papier s’enflamme et se consume. Les brigades de pompiers pyromanes, menées par le capitaine Beatty, organisées autour de la Salamandre, se déploient dans la cité et sont chargées du maintien de la loi, en organisant la censure.
Dans cette société, la littérature et l’imaginaire sont bannis, au profit des médias abrutissants : c’est ainsi que s’élèvent dans les salons des particuliers des « murs-écrans », ce qui n’est pas sans rappeler le mythe de la caverne selon Platon, puisque ceux-ci font régner les ombres sur les murs, créant l’illusion d’une famille. Les « radios-dés » ou « Coquillages », à l’instar des salons-télé, maintiennent les citoyens dans l’étourdissement et le bonheur illusoire.
Cette société totalitaire, qui fonctionne sur le mode de la censure, a généré sa frange de rebelles, comme Montag. On retrouve ici la même sédition que chez Winston Smith, dans « 1984 » de Georges Orwell. La censure a permis aux révoltés de développer leur faculté de mémoire et d’imagination, puisque chacun incarne la mémoire d’un livre entier.
Le style de l’auteur est résolument poétique. Il use de nombreuses métaphores qui enrichissent le texte, mais le complexifient également, rendant l’ensemble dense. Le début est à ce titre représentatif de la suite, puisqu’il y a plus d’une dizaine de métaphores dès les premiers paragraphes du roman. Les descriptions sont précises et fouillées. L’auteur a recours à une symbolique riche, celle du feu, bien sûr, le feu qui détruit, mais aussi le feu qui purifie, ou le feu bénéfique, apportant chaleur et réconfort. Le passage vers la fin où le mythe du Phénix est abordé m’a semblé nodal :  c’est à ce moment que l’ouvrage prend tout son sens, à rebours.
Une fable effrayante, visionnaire à l’image de « 1984 » ou du « Meilleur des mondes » - deux autres dystopies - qui nous amène à réfléchir sur les livres que Bradbury compare, avec son sens des métaphores, à des oiseaux de papier. J’ai apprécié les commentaires didactiques à destination des étudiants qui faisaient suite au roman : cela m’a donné des clés de lecture et de compréhension de l’œuvre.


Christelle GATE

mercredi 5 mai 2010

Transformez votre vie de Louise L. Hay

Annoncé comme LE best-seller du développement personnel, le livre de Louise L.Hay, « Transformez votre vie » propose au lecteur une transformation de son système de pensée à travers des exercices simples et des textes composés d’idées positives destinées à modifier notre conscience progressivement.
L’auteur accompagne le lecteur du début à la fin avec méthodologie, amour et bienveillance afin que celui-ci trouve en lui les forces de changer, le courage d’évoluer vers un « mieux-être ». Construit comme un véritable carnet de recettes, il comprend plusieurs étapes, interrogeant dans un premier temps les raisons de nos difficultés, nos « fausses croyances », les schémas mentaux qui nous empêchent de vivre pleinement le moment présent, l’auteur nous livre pour commencer sa propre croyance, s’appuie par la suite sur des exemples concrets de patients venus la consulter et livre au lecteur des exercices simples utilisés dans ses consultations pour amener le lecteur à réfléchir. Chaque chapitre se termine par un texte à réciter comme une prière, sorte de condensé des voies à suivre pour transformer sa manière de penser et donc d’être.
Par exemple, dans un chapitre intitulé « la résistance au changement », l’auteur explique l’importance de la conscience, elle nous invite à nous rendre compte de la responsabilité de nos vies, quelles qu’elles soient, de cesser d’accuser le sort ou les autres de nos malheurs  mais plutôt de s’interroger sur  soi-même et de passer tout de suite à l’action.Elle propose en autre l’exercice du miroir dans lequel la personne doit affronter son reflet et se réciter à voix haute des idées positives, la répétition de celles-ci semblent être la clé pour transformer le regard que l’on porte sur soi. « le fait de s’aimer rend heureux », « aimez et vous serez aimé », l’auteur nous invite ici à retravailler sur ces vérités simples.
Enfin elle établit le rapport de cause à effet qu’il existe entre les maladies et notre état psychique, détaillant point par point les raisons qui déclenchent leurs présence et la solution pour s’en débarrasser.
Le livre se lit en effet facilement, sa pensée est claire et ses exercices facilement réalisables. Malgré son approche un peu « évangélique », beaucoup de choses pourtant évidentes sont mises en lumière, l’auteur ne se contente pas de les dire, elle nous apporte des méthodes concrètes pour les appliquer; prendre conscience des choses que l’on a accomplies, apprendre à s’approuver tous les jours, réciter des idées positives face à son miroir, autant d’exercices pour apprendre à s’aimer plus pour aimer plus.
J’ai bien aimé son approche directe même si je reste un peu plus réservée sur le rapprochement systématique entre problèmes médicaux et psychisme, il m’a permis de me rappeler l’importance de se parler directement à soi, et de cesser de se culpabiliser sans arrêt, de s’écouter plus souvent. Je le recommande donc à tous ceux veulent se sentir mieux devant un miroir!

Annie MAYMARD

mardi 4 mai 2010

Argentina de Dominique Bona

Alors que la première guerre mondiale a fini depuis peu, Jean Flamant décide de quitter Roubaix et pour émigrer  en Argentine. Lors de la traversée sur le Massilia, il fait la connaissance entre autre de  Mr Robert de  Liniers qui a perdu un bras au chemin des Dames, de Sarah la fille de Mr Goldberg richissime homme d’affaire, entrepreneur en viande qui se revoit en Jean lorsqu’il arriva sur le continent sud-américain en 1900 totalement démuni également.
 A Buenos- Aires, Jean vivote, trouve des petits jobs mais surtout fait connaissance avec une prostituée française, Mandoline, qui devient sa maîtresse et par voie de fait son unique réconfort.
Chemin faisant, Mr Goldberg va donner sa chance à Jean en le formant. Ce dernier saisit cette opportunité, à tel point qu’en 1925 il devient le numéro 2 de la Meat and Co, et épouse Sarah Goldberg.
 Malgré des investissements fructueux, la vie de Jean  n’est pas simple. La crise de 1929 s’annonce, une vie de couple monotone, des proches qui décèdent… et voilà qu’apparaît Thadéa une belle métis. Jean saura t-il gérer ce nouvel amour sans blesser ceux qu’il aime ?
 J’ai aimé ce livre pour diverses raisons. D’abord des personnages succulents. Jean téméraire , volontaire au caractère dur mais très sensible en amour. Thadéa l’indépendante et insoumise avec un grand I. Mandoline prostituée mais tellement attachante. Mr de Liniers un bourgeois qui ne vit que pour le plaisir qu’il soit charnel ou matériel. Sarah jeune fille insouciante que l’on voit évoluer en femme, mère puis épouse délaissée. Mr Goldberg homme attentionné et juste.
Ce qui m’a énormément plu dans ce roman ce sont les descriptions des paysages traversés. L’auteur nous fait aller de la pampa à la Terre de Feu par conséquent tout le paysage argentin passe sous le feu de sa plume et cela savamment dosé.
 Le roman est construit en quatre grandes étapes et chacune d’elle nous fait faire un bond dans le temps. Sinon l’histoire est classique : un homme veut fuir sa condition d’ouvrier sans avenir et se lance à corps perdu vers un eldorado.
 Vraiment un bouquin agréable à lire construit de manière intéressante.

Edouard RODRIGUEZ

lundi 3 mai 2010

Angélique, le chemin de Versailles Tome I de Serge Golon et Anne Golon

Brisée par la mort de son mari sur le bûcher, Angélique n'a plus le goût de vivre. Ses pas indécis l'ont conduite à la Cour des Miracles, dans les bas-fonds de Paris. Sous la protection jalouse de Calembredaine - son ami d'enfance Nicolas -, fou amoureux d'elle, la marquise des Anges partage un temps la vie des mendiants et voleurs de la capitale. C'est le sort de ses deux enfants qui va lui redonner l'envie de se battre et de relever la tête, ainsi que de s'affranchir de la Cour des Miracles.

Dans ce nouveau volet de la saga Angélique, Anne et Serge Golon nous font découvrir un nouvel aspect de la vie en France sous Louis XIV : Celui de la Cour des Miracles et de toutes les petites gens qui y vivent. Rifodés, mercandiers et autres drilles s'y rassemblent sous le règne sans partage de leur roi, le Grand Coesre. Ce monde a ses règles et son argot propre, que le lecteur va découvrir au fil des pages pendant toute la première partie du roman.

Le style est vif et emporté. Les auteurs usent d'un vocabulaire d'époque propre au bas-peuple de la Cour des miracles, parfois un peu déroutant (quoique des notes de bas de page permettent de comprendre les termes les plus obscurs) mais qui participe à l'ambiance et permet d'immerger le lecteur. Le tout est très visuel. Comme en plus il y a de l'action (rivalités entre bandes, etc.) et des dialogues savoureux, on ne s'ennuie pas une seconde.

La seconde moitié du roman donne une meilleure par à Angélique, qui semble enfin sortir de la torpeur où elle était plongée. Telle une lionne, elle sort les griffes pour protéger ses petits. Cela donne des péripéties palpitantes et réjouissantes que l'on a beaucoup de plaisir à suivre. Femme de caractère, Angélique s'impose ainsi que ses proches dans une rôtisserie qui périclite, lui redonnant vie et la transformant en une taverne florissante au fort potentiel. Jusqu'où  portera désormais la détermination d'Angélique ?

Marie-Soleil WIENIN

dimanche 2 mai 2010

Le tombeau de Saqqarah de Pauline Gedge

Passionné par les tombes des anciens rois et princes d’Egypte, Kâemouaset, fils de Ramsès II, cherche avec acharnement le papyrus de Thot, qui donne pouvoir sur la vie et la mort. Un jour, un tombeau étrange retient son attention. A l’intérieur, une momie avec un parchemin très ancien, écrit dans une langue inconnue… A partir de cet instant, tout bascule dans la vie de Kâemouaset. De la Cour de Pharaon à sa demeure , il se trouve emporté dans un tourbillon d’évènements contre lequel il ne peut pas lutter : une femme mystérieuse rôde, envoutante et intrigante, sa famille change de comportement, et lui-même ne se reconnais plus … la malédiction de Thot est en route.
Un très bon roman égyptien, plein de suspens et d’intrigue, qui se déroule au temps de Ramsès II. La couverture, tout d’abord, attire le regard et illustre bien le fil conducteur de l’histoire : la quête du papyrus de Thot, qui donne pouvoir sur la vie et la mort. J’ai particulièrement bien aimé le temps qu’a pris l’auteur pour poser le décor et les personnages, n’hésitant pas à nous donner un luxe de détails qui auraient pu être ennuyeux, mais qui au final, nous donnent un bel aperçu de la civilisation égyptienne. Petit à petit, on entre dans le livre pour ne plus pouvoir le lâcher. L’écriture fluide de Pauline Gedge y est pour beaucoup, et les personnages sont réellement fascinants. Le prince Kâemouaset est complexe, au départ perçu comme bon et généreux, puis sombrant petit à petit dans un côté obscur qui nous laisse étonné. Autour de lui gravitent des personnages intéressants, tels que sa femme, ses enfants, ou encore la mystérieuse femme, possèdent eux aussi un caractère complexe, fait de bien et de mal, ce qui permet au livre de trouver un rythme soutenu. Au fur et à mesure que les intrigues se mettent en place, que les liens entre personnages se nouent et se dénouent, le lecteur est entrainé dans un véritable tourbillon égyptien, mêlant magie et réalité. Chaque chapitre apporte son lot de suspens et de surprises, évitant la lecture monotone.  La vie de cour, les descriptions, les mœurs et coutumes sont très bien retranscrites. Au final, une plongée dans le monde égyptien, qui a été un réel plaisir et une découverte de chaque instant.

Yo DUDE

samedi 1 mai 2010

Hans le meilleur des monstres de Paul M. Martin

 Le rêve du professeur Von Skalpel est de donner vie à  une créature parfaite. Il a bien réussi à créer Hans, mais celui-ci n’a ni l’apparence d’un Apollon, ni le génie d’Einstein, loin s’en faut !  Et si celui-ci n’était pas aussi paisible, il serait sans aucun doute qualifié de monstre. Son but premier n’est donc pas encore atteint, mais le professeur sait qu’il tient là malgré tout un trésor. Car Hans a une voix en or, et c’est en secret que le professeur lui fait enregistrer ses chansons. Son premier disque a eu un succès phénoménal, le second en suivra à coup sûr les traces. Oui mais voilà, Hans ignore tout de ce petit trafic fort lucratif autour de son talent…
Dans ce livre, nous retrouvons avec plaisir les habitants hauts en couleur du manoir de Mortelune. C’est en effet la suite du tome 1 « Les expériences de Von Skalpel », de la collection « Manoir Maudit ». En début de volume, plusieurs pages richement illustrées présentent les lieux et personnages : un lecteur novice peut sans soucis se plonger immédiatement dans ce  nouvel épisode même s’il n’a pas lu le premier. Sans être de la grande littérature, mais d’un style drôle et dynamique, le texte convient parfaitement aux enfants de 7 à 11 ans environ. Les noms donnés aux personnages sont plein d’humour (Dracunaze le vampire, Momoplate Fémur le squelette, etc.) Les quelques habitants du manoir qui ont un caractère peu engageant ne sont, dans le fond, jamais foncièrement méchants. Et quand un nouveau venu se montre clairement agressif et désagréable, il est vite mis hors d’état de nuire. A chaque double page, une illustration en couleur vient égayer le texte. De plus, le choix de diviser ce dernier en chapitres courts permet à chaque enfant de le lire à son propre rythme.
J’ai apprécié cette petite histoire. Elle est certes sans prétention, et se lit vite et facilement. Mais de nombreux rebondissements tiennent en permanence en haleine le lecteur. Et les personnages, bien que très étranges, sont attachants. C’est livre à glisser dans la valise au moment de partir en vacances, ou pour se détendre en oubliant l’école et les devoirs avant de s’endormir.

Sophie HERAULT

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