vendredi 25 juillet 2008

Longtemps de Erik Orsenna

« Longtemps » est l’histoire d’une vie, une vie racontée par Gabriel à son petit fils, l’histoire d’un adultère durable qui sort de l’ordinaire.
Gabriel qui, à l’image de l’archange du même nom, « ses ailes l’empêchent de marcher tout à fait comme les autres hommes », nous fait un portrait de l’amour qu’il qualifie de « animal indomptable et démodé ». Tout commence le 1er janvier 1965 dans la Galerie de l’Evolution du Museum d’Histoire Naturelle de Paris. Dans ce lieu, Gabriel, créateur paysagiste, fait la connaissance d’une femme qui va complètement l’envouter. Il la recherche pendant trois semaines et finalement, pour la retrouver, il décide de demander conseil à l’homme qui personnifie pour lui la tentation, la bourrasque, l’instabilité… son père, cet homme qui le jour de son mariage lui avait avoué sa trigamie !!!. Cette femme va devenir l’amour de sa vie, un amour semi-caché car elle est marié, un amour qui va l’amener de Seville, où on vit un récit torride comme le sang andalou, à Gand, et jusqu’en Chine. Au rythme des voyages, Gabriel nous fait visiter les jardins de chacune des villes, nous parle de la beauté des plantes, de leur noblesse, de leur silence. « Dormir ? Pourquoi dormir quand il reste tant à vivre ? » Cette phrase pourrait bien résumer ce roman; vivre pleinement ses sentiments sans interdits. Carpe Diem est le maître mot de son histoire. Erik Orsenna a une telle maîtrise de la langue française que parfois nous avons l’impression d’entendre chanter les mots, de sentir l’odeur des fleurs, de nous promener dans les chemins qu’il nous offre avec générosité. Nous pourrions qualifier ce roman d’hymne à l’Amour avec un grand A et au Sexe avec un grand S. Le roman est composé de chapitres très courts où il raconte des banalités et où les sentiments sont au deuxième plan, et de chapitres longs voire très longs où il trouve un réel plaisir à nous narrer avec minutie leurs rencontres, leurs amours, leurs émotions. J’ai adoré ce livre car outre le fait qu’il est d’une écriture exceptionnelle, on peut retrouver une joie de vivre qui est rare actuellement. Il nous permet de nous évader facilement dans un monde où les Sentiments constituent l’essentiel de la vie de chacun, sans contraintes ni de temps ni d’espace, simplement vivre et laisser vivre sans jugements. Marie LEVEZIEL

jeudi 24 juillet 2008

L'année du jardinier de Karel Capek

Ce livre est conçu comme un almanach, classé de janvier à décembre, avec après chaque mois, un chapitre qui parle d’un sujet correspondant au mois précédent. Par exemple : après le chapitre « Octobre », vient celui sur « les beautés de l’automne. »
Le tout premier chapitre explique « comment nait un jardin », le dernier nous parle de « la vie du jardin. » L’auteur décrit avec humour, les activités au jardin et avec poésie ses sensations devant le mystère d’un cactus, la beauté d’une betterave, les premiers signes du printemps… Certaines choses peuvent nous paraître « décalées » par rapport à nos habitudes de jardinage et de plantations, mais il ne faut pas oublier que l’auteur décrit « l’année du jardinier » en République Tchèque. Cependant nous nous retrouvons parfaitement dans la plupart des descriptions amusantes qu’il nous peint. J’ai beaucoup aimé ce livre, qui sort vraiment de l’ordinaire. De part sa façon d’être écrit, on rit et on rêve à chaque page. Il se moque gentiment des jardiniers en dépeignant leurs habitudes et leurs agissements au fil des mois. Son style est léger, humoristique, et on voit qu’il a bien observé les choses et les gens qu’il décrit avec justesse et précision et souvent il personnifie les plantes. De plus, ce livre est parsemé de petits dessins amusants dessinés par le frère de l’auteur. On s’amuse vraiment à lire ce livre malicieux. Hélène SALVETAT

lundi 21 juillet 2008

Traversée de Nikki Gemmell

La dernière ligne est lue, …déjà ! Vite, trouver le roman suivant de cet auteur et le lire « à bout de souffle » comme celui-ci.Nikki Gemmel, née en Australie en 1967, est journaliste de radio, aujourd’hui établie à Londres et travaillant pour la BBC. Elle effectua en 1995 un voyage professionnel en Antarctique, afin de « couvrir » une expédition scientifique : de cette expérience unique et inoubliable est né son premier roman, « Traversée ». Elle a choisi un mode de récit direct, à la première personne, oscillant entre journal de bord, autobiographie ou récit proche du documentaire : cela donne un récit d’une fluidité totale, bien que riche d’émotions et d’événements. La « Traversée » se fait, ici, de plusieurs manières. « Traversée » d’Australie, terre natale de Fin l’héroïne, en Antarctique...et trajet retour : on ressent par ses yeux, par son corps, par son état d’âme cet Antarctique si mystérieux et difficilement accessible. Le lecteur voyage lui-même en Antarctique. « Traversée » de soi…à l’autre : Fin est journaliste, vivant seule, en décalage perpétuel du reste de la cité car elle travaille de nuit : écoute de la radio de la police en vue de trouver de quoi écrire ses chroniques radiophoniques. Le contexte dans lequel elle exerce son métier, son mode de vie l’ont amenée à se forger certaine « carapace » contre ce qui pourrait l’atteindre, venant des autres. Elle vit en « autarcie affective », pourrait-on dire. Or, la promiscuité de la vie à bord, puis celle de la vie en base polaire, modifieront de fait la posture sociale de Fin. Autrui lui deviendra accessible, elle se rendra accessible à autrui. « Traversée » de soi à soi : Fin mue au fil des événements, des rencontres humaines et animales, des conditions climatiques. C’est là le récit d’une métamorphose, tout au long de cette aventure journalistique, métamorphose qui se poursuivra une fois revenue en terre natale. Le désert –ici, de glace, dans son roman suivant de sable rouge- est un lieu de quête, de révélation, de « nettoyage » : N. Gemmel y aura consacré ses deux premiers romans. La quête de soi au fil d’un voyage, dont le cours peut être défini ou non, est un thème fort en littérature, déjà traité par de grandes plumes, telles celle de Théodore Monod ou celle de Jack Kerouac (« Sur la route » ou « Satori à Paris »). Le talent de Nikki Gemmel est de la même eau et lui permet d’apporter une contribution aussi unique que précieuse à cette thématique. Vite, lire le prochain livre de cet écrivain….
Sylvaine DEKESTER

mercredi 16 juillet 2008

Sourires de Loup de Zadie Smith

En ce 1er Janvier 1975, Archie Jones, en faillite et en plein divorce, décide de se suicider. Mais interrompu dans sa tentative, il y voit un signe du destin : la vie lui offre une deuxième chance.
Ivre de joie, partant fêter la nouvelle année, il rencontre alors Clara, une jeune jamaïcaine de la moitié de son âge, désireuse d'échapper à une mère fanatique, témoin de Jéhovah. Très vite, ils se marient et ont une petite fille, Irie. Samad, quant à lui, est le meilleur ami d'Archie. Ils ont servi ensemble pendant la seconde guerre mondiale. D'origine Banghladi, il a émigré en Grande-Bretagne avec sa femme. Ils ont des jumeaux, Magid et Millat, du même âge qu'Irie. Mais pris dans un conflit moral entre sa foi musulmane et son éducation et un mode de vie occidentalisé qu'il perçoit comme une menace pour son intégrité morale, Samad a bien du mal à concilier les deux... Ce roman est difficile à résumer : très dense, il est divisé en plusieurs parties centrées sur un ou plusieurs protagonistes à des périodes différentes, de 1975 à 2000. Dans un style extrêmement agréable et unique, hyper réaliste et plein d'humour, l'auteur alterne les points de vue, les flash backs, les dialogues, ces différents récits se mêlant pour n'en former qu'un. C'est un livre drôle, accessible, bourré de références érudites ou de clins d'œil à la culture populaire. On se laisse embarquer dans cette saga familiale fine mais nerveuse, qui aborde une multitude de sujets, de l'immigration à l'eugénisme en passant par le fanatisme, l'amitié ou le conflit des générations. J'ai adoré ce roman, accessible et prenant malgré une complexité et une richesse rares. La variété des sujets abordés est impressionnante, et tous le sont avec une égale pertinence. Au-delà de ça, j'ai apprécié la galerie de personnages, attachants et complexes, que l'auteur a mis en scène, dans un Londres multi-ethnique vivant et coloré. Ce récit aurait pu être noir et pesant : il est en fait plein d'un humour pince-sans-rire qui donne à ce tableau des origines, des espoirs et des difficultés de communautés cosmopolites, une légèreté et un sel qui font tout son charme. Un roman divertissant, enrichissant, passionnant, à ne pas rater !
Fanny LOMBARD

jeudi 10 juillet 2008

Le roman du masque de fer d'Alexandre Dumas

Qui est l’homme au masque de fer ? Ce livre composé de deux parties tente d’y répondre en dévoilant la célèbre et mythique intrigue de ce mystérieux personnage. La première partie du livre concerne le récit du masque de fer issu du grand roman Le vicomte de Bragelonne d’Alexandre Dumas. Afin de ne restituer que l’essentiel de l’histoire, ce récit est composé de passages romancés tirés à différents endroits du roman et de petits résumés de l’action non restituée, coordonnant le tout. Ce récit développe une hypothèse sur l’identité de ce prisonnier masqué : d’après Alexandre Dumas, il serait le frère jumeau de Louis XIV, hypothèse notamment reprise par le film de Randall Wallace l’homme au masque de fer. La seconde partie du livre est un dossier explicatif proposant un certain nombre de points historiques abordés dans le roman (comme la Bastille, la fronde, Louis XIV …) qui replace le cadre historique de l’action. On peut y trouver aussi une biographie développée d’Alexandre Dumas ainsi qu’une explication de son œuvre donnant toutes les informations sur l’homme masqué. Enfin, une interview du réalisateur et du metteur en scène du film déjà cité et des références bibliographiques et filmographiques clôturent le livre. Je trouve ce livre très complet dans la mesure où il propose un parcours historique et nous soumet les différentes hypothèses concernant l’identité de l’homme au masque de fer en plus du récit d’Alexandre Dumas. Il ne relate que l’essentiel et ne s’encombre pas de faits ou de descriptions inutiles ; Il est à la fois un roman et un documentaire, entre l’imagination de l’auteur et la réalité historique, la fiction et l’histoire réelle. J’ai trouvé dans ce livre des réponses et des explications claires qui m’ont permis de mieux comprendre cette histoire et ce personnage. Je le conseille donc à tous ceux qui veulent se plonger dans les profondeurs intrigantes du XVII ° siècle et découvrir une des plus grandes énigmes de cette époque.
Gaëlle GITTON

mardi 8 juillet 2008

Une pièce montée de Blandine Le Callet

Le mariage de Bérengère et de Vincent est un mariage exemplaire de la bourgeoisie française, un mariage comme tout le monde espérait qu’il soit, c’est-à-dire somptueux, harmonieux et formel.
On note une cérémonie religieuse avec un cortège d’enfants d’honneur, tous habillés merveilleusement. Les mariés sont jeunes et beaux, leurs invités, vêtus avec goût, font honneur à cette journée mémorable. Quant à la réception, organisée dans un lieu romantique, un moulin en l’occurrence, permet aux deux familles et amis de se réunir au grand au complet pour fêter ensemble cet heureux évènement comme il se doit. Bérangère désire que cette journée soit la plus belle de sa vie, elle espère que les gens s’en souviendront comme d’un jour heureux, par conséquent elle s’est souciée aux moindres détails… Il ne manque presque rien à ce mariage magnifique et fastueux, presque seulement, car c’est sans compter les animosités et les ressentiments longtemps dissimulés chez plusieurs membres de la famille, dont les retrouvailles vont favoriser les impertinences : les langues sont déliées, les secrets révélées, les hostilités lancées… Ce mariage sera moins conventionnel et solennel que prévu. J’ai vraiment aimé « une pièce montée » de Blandine Le Callet. Celle-ci nous propose un roman bien original en donnant la parole à neuf convives qui deviennent chacun à leur tour le narrateur. Il arrive qu’un même évènement de la journée soit raconté en double fois, par deux protagonistes différents, mais jamais on ne tombe dans la répétition… Au contraire, cela nous permet de récolter une panoplie de détails croustillants, de sentiments intimes de chez certains invités,... J’ai beaucoup apprécié comment l’auteure se donne la permission d’esquinter les bonnes mœurs de cette société mondaine dont l’apparence est primordiale. Elle aborde des sujets qui fâchent comme l’hypocrisie, l’homosexualité, l’infidélité, la maladie, les mariages de convenances, les faux-semblants, la mésalliance… on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Elle dénonce vigoureusement le côté superficiel de cette bourgeoisie. On est parfois choqué par des agissements de certains ou par des paroles formulées. « une pièce montée », rempli de cynisme et d’insolence, accompagné d’un humour mordant, ravit le lecteur. Par ailleurs, ce roman est plein de rebondissements.
Ngan Dai BUI

vendredi 4 juillet 2008

Le dernier train du Katanga de Wilbur A. Smith

La population de Port Rivière, au Katanga, est menacée par des Baloubas en révolte. Pour les secourir, le gouvernement missionne un groupe de mercenaires commandés par Bruce Curry.
C’est à bord d’un vieux train qu’ils doivent mener à bien leur tache : traverser le pays sous la menace des sauvages et sauver les habitants de la ville en danger, parmi lesquels, une ravissante jeune femme Shermaine. Or, une fois arrivé, il faudra aussi qu’ils récupèrent le stock de diamants de la compagnie minière. Ce qui ne sera pas une mince affaire entre les attaques des sauvages, les antagonismes des mercenaires entre eux et la convoitise… Nous voilà embarqué dans une grande aventure en Afrique, une région que l’auteur connaît bien et sait si bien nous raconter. Ici en l’occurrence, nous sommes au Katanga, une province du Congo Belge au moment où ce pays vient d’acquérir son indépendance. Inutile de dire que les choses ne se passent pas très bien pour les blancs encore sur place. Les rivalités entre tribus pour la conquête du pouvoir commencent en effet et les blancs en font les frais. Cela peut paraître un sujet sérieux mais je n’ai absolument pas eu ce sentiment grâce au talent de conteur de l’auteur qui sait très bien susciter notre intérêt. Les paysages, la chaleur, les pluies torrentielles, les sentiments des uns et des autres, sont admirablement bien retranscrits par une écriture simple mais très « parlante » : Phrases courtes, dialogues nombreux, pas de temps perdu pour des longues descriptions et pourtant on a l’impression d’y être. Du coup, bien que le roman ne soit pas très long (312 pages), on apprend plein de choses sur le pays et ses habitants, sur la corruption des fonctionnaires, sur la paresse et le besoin d’alcool des gendarmes noirs, sur les dangers encourus par les colons blancs et surtout sur les mercenaires…En effet pourquoi choisit-on d’en devenir un et est-on toujours aussi dur que l’on veut bien le laisser paraître ? Quatre nous sont présentés dans cette histoire et leur évolution est différente ce qui ajoute à la richesse du récit. Et puis, il y aussi de l’amour dans ce monde de brutes et de violence, alors on a de l’espoir, cela contrebalance la sauvagerie et l’angoisse ambiante ! Pour être franche, ce n’est pas le roman le plus réussi de Wilbur Smith, il faut dire qu’il fait partie de ses premiers, les suivants sont plus aboutis, plus profonds. Mais je me suis quand même régalée. J’ai trouvé à travers cette lecture un dépaysement total, de l’action, du suspense et de l’amour. Que demander de plus ??
Nicole VOUGNY

mercredi 2 juillet 2008

Le sabre et le diadème de Anne O'Brien

Enfin veuve, Lady Honoria Mansell, afin de préserver ses biens, se voit contrainte de se remarier avec Lord Francis Brampton, l'héritier que son mari à désigné pour lui succéder.
De son coté, Lord Francis Brampton, encore sous le choc de la perte de sa femme et de leur petite fille, n'apprécie pas, lui non plus, ces nouvelles dispositions. Mais un regard vers Honoria et le voilà fasciné, conquis par sa beauté. Elle est pale, tremblante on dirait une enfant...mais une trés belle enfant. Honoria qui a eu un mariage difficile, reste traumatisée par son époux. Francis reussira t-il a abattre sa résistance et a conquérir son coeur. Vont ils réussir leur union, car nous sommes au Pays de Galle, en 1643, en pleine guerre civile, et là tous les opposent, ils sont ennemis de part leur position politique. Francis est un partisan d'Oliver Cromwell, ennemi du roi Charles Stuart, Honoria est quand a elle, par sa naissance proche de la couronne.
Parviendront ils à sauver leur vies et leur amour ? l'auteur, Anne O'Brien est une spécialiste des romans historique, dans des époques tumultueuses, avec des personnages forts, passionnants et attachants, on se laisse trés facilement prendre au jeu de ce roman plein de charme, de rebondissements, on vit avec Honoria et Francis la traversée de ces temps mouvementés. On en ressort conquis ! Je recommande ce livre a toutes les passionnées d'amour et d'histoire.
Géraldine MARTINOT

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