jeudi 30 septembre 2010

Une vie française de Jean-Paul Dubois

« Une vie française », c’est celle de Paul Blick, le narrateur. L’histoire commence le 28 septembre 1959, jour de la mort de son grand frère, Vincent, à l’age de dix ans. Paul en a alors huit, mais il va être marqué à vie par cette disparition. Les époques vont  se suivre avec comme point de repère les différents chefs d’état qui se sont succédés de 1958 jusqu’au milieu des années 2000. A travers les mandats présidentiels de Charles De Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand et Jacques Chirac, nous suivons les espoirs, mais aussi les désillusions d’une jeunesse une peu folle et réactionnaire qui le devient de moins en moins en vieillissant…
Il n’est pas utile d’en dire plus sur l’histoire que nous raconte Jean-Paul Dubois. Il faut que le lecteur découvre par lui-même ce très beau roman parsemé d’anecdotes parfois drôles et croustillantes. Il y a aussi une part importante de réflexion sur le sens de la vie, en fonction de ses aléas : mariage, deuils, naissances, maladies, souffrances, expériences professionnelles diverses et variées avec plus ou moins de réussite, mais toujours racontée avec humour… On n’est pas forcément d’accord avec tout ce qu’il dit mais ses idées sont néanmoins intéressantes et on a presque envie de d’argumenter avec lui.
L’écriture est belle, claire, fluide, envoûtante au point que malgré le peu de dialogue, nous ne pouvons lâcher le livre, tant nous sommes pris par le récit. Tour à tour drôle, désabusé, cinglant mais aussi émouvant, Jean-Paul Dubois a su trouver les mots et le ton juste pour nous raconter son existence somme toute assez banale, même si on a le sentiment qu’il n’a pas vraiment choisi sa vie, qu’il s’est laissé porter par les circonstances. Les personnages qui l’entourent sont parfois caricaturaux, mais dans l’ensemble réalistes et attachants.
J’ai vraiment beaucoup apprécié ces petits rappels historiques des grands évènements de ce monde de ces dernières années qui nous amène immanquablement à se poser la question : « et moi, je faisais quoi à ce moment là, quel était mon sentiment sur ce qui s’est passé? ». En lisant « une vie française » c’est un peu le roman de notre vie que nous écrivons en même temps, et c’est drôlement bien ! On aimerait une suite pour savoir ce que l’auteur pense des évènements qui se sont passés depuis la fin de sa narration …

Nicole VOUGNY

mardi 28 septembre 2010

Un amour de Dracula de Armand Farrachi

Un amour de Dracula est un roman fantastique dans lequel Fred Sberhagen renouvelle le mythe de Dracula. Mr Thorn (alias Dracula) se montre très intéressé par un tableau ancien  représentant une jeune femme et qui aurait été peint par Verrochio. En effet, ce portrait n'est autre que celui d'Helen, sa seconde femme, épousée en Italie sous le règne des Médicis. Accompagné de diverses personnes plus ou moins étranges, il va se lancer à la recherche du tableau une fois celui ci disparu. Il devra pour cela élucider les divers meurtres qui ont eu lieu récemment dans la famille du propriétaire du tableau, Ellison Seabright. Ce roman nous présente un visage pour le moins inhabituel de Dracula, on est ni dans le cliché du vampire dangereux, meurtrier, assoiffé de
sang ni dans celui du vampire romantique. On peut même se demander s'il s'agit bien d'un vampire : J'ai eu du mal à comprendre s'il pouvait s'exposer ou non à la lumière, il ne semble pas avoir de grands besoins en sang...de plus il souligne le fait qu'à l'époque de son mariage avec Helen il n'était pas encore vampire. Par ailleurs la structure du roman elle-même, est dure à appréhender. Les nombreux sauts entre l'époque présente et le passé de sa rencontre avec Helen sont abrupts, pas toujours très clairs ce qui rend parfois difficile la lecture et oblige à relire quelques pages pour mieux comprendre. Pour autant on se laisse prendre à l'histoire  même s'il s'agit d'une série « Les chroniques de Dracula » comprenant 6 volumes et que ce titre n'étant pas le premier tome, on a de nombreuses références à des faits présentés dans d'autres tomes. Ça donne envie de rechercher les autres tomes pour essayer d'en savoir plus sur cet énigmatique Dracula qui ressemble si peu au portrait qu'on connait.


Elisabeth DOUDAN

dimanche 26 septembre 2010

Le rocher de Tanios de Amin Maalouf

Dans un village chrétien libanais, Kfayabda, au XIXème siècle, règne le Cheikh Francis, grand séducteur de femmes. Marié et père d’un fils Raad, il tombe amoureux de la femme de son intendant, Lamia. Une troublante relation s’installe alors entre ces deux êtres, sous le silence de Gérios, le mari bafoué. Quelques mois plus tard, naît Tanios dont la destinée si particulière s’explique sans doute par son origine  restée secrète.  Sa mère ne lui révèlera jamais l’identité réelle de son père et ce secret forgera son être tout entier.
Elève érudit, Tanios devient un jeune homme intelligent, engagé dans une lutte politique et un amour contrarié qui le conduisent à fuir son pays suite, notamment à l’assassinat du patriarche par Gérios. En exil, il découvre alors l’amour, le sentiment de révolte et de justice et revient au pays, comme un véritable héros.
Alors que l’Empire ottoman, l’Egypte et l’Angleterre s’affrontent pour prendre possession du Liban, Tanios se présente comme le digne descendant du Cheikh Francis…
Véritable roman d’apprentissage, ce récit captive. Tanios est un personnage attachant dont on suit l’évolution avec un véritable enchantement. On croirait parfois lire un vrai conte oriental, empreint de mystère et d’exotisme.
Néanmoins, le récit recouvre également un caractère historique assez complexe qui nuit un peu à la fluidité du roman. Le contexte politique de l’époque, souvent méconnu du lecteur français, est évoqué avec (trop ?)de précisions et de détails par l’auteur et ôte alors l’effet spontané et magique du roman d’initiation. Le charme, s’il n’est plus immédiat demeure malgré tout.


Cécile PELLERIN

vendredi 24 septembre 2010

Chêne et chien de Raymond Queneau

La vie d’un lecteur réserve toujours de merveilleuses surprises. Rencontrer l’œuvre de Raymond Queneau en fait partie. Dans le ciel des lettres françaises, il est pour tout amoureux de la langue française et de l’imagination une comète à nulle autre pareil. Il a beau être mort en 1976, il reste plus contemporain que nombre d’écrivains qui ornent encore le petit écran de télévision de ce début de vingt et unième siècle.
Chêne et chien n’échappe pas à cet enchantement. C’est un  recueil de poésie tout à la fois savant et drôle, ludique et joyeux. Raymond Queneau en un pied de nez tout à fait sérieux et savoureux l’a sous titré « roman en vers ». Le poème se découpe en trois parties distinctes qui regroupent plus d’une vingtaine de poèmes. Ils sont constitués de vers de huit, de douze ou de seize pieds, quand ils n’adoptent pas tout simplement une versification libre. Queneau les alterne dans un joli jeu musical.
Le roman est une autobiographie parodique et psychanalytique. On y apprend tout ce qu’il faut sur sa naissance et son enfance, bien plus qu’il n’en faut même, puisqu’ il s’allonge sur le divan. Pourtant on y parle de choses bien peu poétiques, du Crédit Foncier, des bons de Panama, de Buffalo-Bill et de cornet acoustique… Passées à travers la poésie de Raymond Queneau, toutes  ces choses acquièrent leurs lettres de noblesse estampillées NRF. Car Raymond Queneau s’empare de tout, de la langue parlée et des plus crues images de notre société pour les transmuer en merveilles. La poésie se régénère à travers lui, elle grandit tout en continuant à nous toucher.
Lisez Queneau, ses fabuleux romans et sa désarçonnant poésie, pour retrouver un peu de la joie et de l’insouciance dont notre monde actuel manque tant. Lisez la Petite cosmogonie portative qui fait suite à ce recueil et vous découvrirez un penseur et un mathématicien.


Jacky GLOAGUEN

mercredi 22 septembre 2010

La jeunesse de Molière de Pierre Lepère

Dans une époque tourmentée (17e siècle), l’auteur nous raconte l’enfance de Jean Baptiste Poquelin, (le célèbre Molière), depuis sa naissance jusqu’à la création de l’Illustre Théâtre.
Il nous parle de ses jeux d’enfant, de ses joies et de ses peines d’adolescent. On y apprend le décès d’un de ses frères, sa vie familiale, l’école et les problèmes sociaux de l’époque, notamment le complot du 5 mars.
Pendant son enfance, il va souvent au théâtre avec son grand père, ce qui expliquera sa passion future pour cet art, passion qui est déjà naissante.
    Ce livre nous apprend la vie de ce siècle et nous permet de mieux connaître les sentiments et le caractère de quelques hommes devenus célèbres, comme Richelieu, Corneille, Louis XIII etc.
    L’histoire commence le jour de la naissance de Jean Baptiste et se termine sur l’exil de Molière. J’ai eu un peu de mal au début, à me « transporter à cette époque » mais par la suite il est intéressant de découvrir la vie quotidienne de ce grand auteur.
    L’auteur décrit les lieux avec précision et explications historiques, mêlées de poésie et entrecoupées de dialogues. J’ai bien aimé ce style d’écriture, qui rend le texte encore plus vivant. De plus, Jean Baptiste ayant voyagé dans des villes que je connais très bien (Narbonne, Perpignan) l’histoire m’a parue encore plus intéressante. Un petit regret cependant, qu’il ne décrive pas davantage ces villes au 17e siècle.
    Mais cela reste un bon livre à mettre entre toutes les mains.


Hélène SALVETAT

lundi 20 septembre 2010

Impuretés de Philippe Djian

Quelque part dans une ville américaine, un quartier cossu. Une famille bourgeoise et chaotique. Le père, Richard est un écrivain junky sur le déclin. La mère, Laura, actrice en mal de reconnaissance, est prête à tout pour retrouver le devant de la scène. Au sein de ce couple plutôt désespéré, le deuil impossible d’une enfant retrouvée morte noyée dans l’un des lacs de la ville, quelques mois plus tôt. Suicide ou meurtre, rien n’est clairement dit mais le fils du couple, Evy, 14 ans, sème le trouble et le doute.
Cet adolescent, enfermé dans cet univers glauque et désespéré de mensonges,  sexe, drogue et alcool, tente de se construire ou  de se déconstruire avec une bande d’ados fragiles et perdus, sans illusion ni espoir.
Les actes de délinquance, de violence,  d’auto-mutilation et de mort deviennent leur quotidien et la drogue leur élément « provisoire »de survie dans ce monde complètement  dissolu, déjanté et pervers.
Ce livre ne m’a pas laissée indifférente. Au 1er abord, l’univers décrit est sordide et dérangeant. On se sent mal à l’aise dans un monde complètement désenchanté où drogue, alcool, sexe et psychotropes sont les seuls éléments qui donnent vie aux personnages. Puis la qualité évidente du style et de l’écriture ainsi que l’humour décalé transcendent le roman et la lecture devient alors fluide et convaincante. Un moment de lecture intense qui incite fortement à découvrir l’univers Djian…

Cécile PELLERIN

samedi 18 septembre 2010

Crimes dans la soie de Jean-François Nahmias et Pierre Bellemare

Dans la Chine du 7ème siècle, Wu Zetian, la favorite préférée de l’empereur Taizong, n’entend pas se retirer au couvent après le décès de son maître comme c’est la tradition. A partir du moment où elle épouse Gaozong, le successeur de Taizong, elle n’aura de cesse de manœuvrer de façon terrible pour devenir à son tour « Empereur de Chine ». En 1995 à Milan en Italie, Maurizo Gucci, un des dirigeants de la maison de couture du même nom, est assassiné. Très vite, les enquêteurs s’orientent vers un règlement de compte entre proches. Il faut dire aussi que les relations entre les différents membres de la famille ne sont pas de tout repos. Epoque, lieu et intervenants, rien à voir à priori entre ces 2 histoires. Elles ont cependant un point commun, de même qu’avec les autres de ce livre : elles décrivent toutes un ou plusieurs crimes qui ont été commis par des personnes richissimes…
Cet ouvrage rassemble 30 histoires criminelles, plus ou moins longues. Il est cosigné par Pierre Bellemare,  bien connu pour ses qualités de conteur à la radio ou à la télévision. Dans un style simple donc compréhensible de tous, chaque récit réussit avec succès le pari de tenir en haleine le lecteur. Chacun a la particularité de se dérouler dans un milieu inaccessible à la majorité d’entre nous, celui des milliardaires. S’ajoute à cela l’horreur des faits et le cynisme dont font preuve la plupart des assassins et leurs complices éventuels. Au fil des pages, des noms frappent parfois  l’esprit pour avoir fait la une des journaux plus ou moins récemment. Les deux auteurs prennent soin de replacer chaque histoire dans son contexte (historique, familial…). Et quelques lignes un peu moralisatrices terminent chacune d’entre elles. Il n’en faut pas plus pour captiver le lecteur !
Bien que les nombreux ouvrages d’histoires vraies de Pierre Bellemare (et co-auteurs) ne prétendent pas être de la grande littérature, j’ai pris un réel plaisir à la lecture de ce livre. Un peu de temps à tuer ou un voyage en train par exemple, et la lecture d’un ou plusieurs récits tombe à point. Bien évidement, les âmes très sensibles doivent s’abstenir car les faits racontés font plutôt froid dans le dos.

Sophie HERAULT

jeudi 16 septembre 2010

A force d'oubli de Belva Plain

On peut dire que Charlotte Dawes n’est pas une adolescente épanouie avec un père dépressif et une mère absente. Comme si cela ne suffisait pas à son malheur, elle va se faire violer à 14 ans par Ted, le fils de Claudia, qui vient de se marier avec son oncle Cliff. On apprend rapidement que Ted a agressé d’autres jeunes filles et les a même brutalisées. En liberté conditionnelle,  Ted va en profiter pour s’enfuir et ne jamais plus donner signe de vie. Les années ont passé, mais la hantise de Charlotte est qu’un jour, elle croise de nouveau le chemin de son agresseur.
Concernant les personnages, j’ai vraiment apprécié la complicité entre les deux frères, Bill et Cliff, qui restent soudés et surmontent ensemble les difficiles épreuves de la vie. J’aime également la relation sincère entre Cliff et Claudia, un amour fort les lie et les aide à faire face à la dure réalité. Quant à Elena, la mère de Charlotte, superficielle  et un peu insouciante sur les bords, mais on ne parvient pas à la détester, car finalement, son attitude immature à prendre la vie un peu trop à la légère tend à faire sourire. A sa façon, elle sait montrer son affection et son soutien à Charlotte, même si elle le montre mal. Mes deux personnages préférés restent, d’une part Bill que j’admire, car malgré tous les soucis qu’il endure et porte sur ses épaules, il se montre très présent,  attentif et protecteur envers sa fille, il fait de son mieux pour l’aider et la guider dans l’existence ; d’autre part Claudia, une femme honnête et courageuse qui doit vivre avec une culpabilité énorme à cause de son fils violeur en fuite. Cette dernière est très touchante, sans oublier l'héroïne qu'on ne peut que l'apprécier.
Belva Plain aborde l’aspect psychologique d’une fille violée : c’est un vrai désastre, non seulement la victime perd son adolescence, mais également une part de sa vie de femme, sa confiance en elle-même et bien entendu envers les hommes  à cause de ce terrible passé. Il est relativement difficile pour une femme ayant subi un viol de bien reconstruire sa vie,  notamment une vie amoureuse normale et stable.
« A force d’oubli » est un roman qui se lit facilement comme les autres romans de l’auteur, j’adore le style de Belva Plain, simple, sans chichi, abordable pour tout lecteur et sans artifices. Une écriture agréable avec une description d’événements qui se succèdent rapidement, on est dans l’action et on les vit intensément. Elle possède cette façon très naturelle de raconter les histoires qu’on prend vraiment plaisir à s’y plonger et à s’immerger dedans.


Ngan Dai GRAMOLINI

mardi 14 septembre 2010

Te revoir à Venise

Dominique  Armentier, refusant de prendre de suite un travail de secrétaire, décide de passer un casting pour le magazine Hello. Elle est retenue ainsi que trois autres jeunes filles pour des photos de mode. Elles doivent partir pour Venise où les attendent Marco, le photographe  et son assistant Patrick. Lors de cette rencontre quelle surprise pour  Dominique qui reconnait en Patrick son « amoureux d’enfance », tout aussi  troublé l’un que l’autre !
Les jeunes femmes sont logées chez une vieille comtesse veuve et désargentée. Cette dernière se prend d’affection pour Dominique en qui elle retrouve certains traits de Lucrezia, sa fille décédée il y a longtemps.
 Les quatre jeunes filles vont découvrir le  métier de mannequin de mode, ses servitudes et la fascination que l’une d’elles (Coralyne, une jeune anglaise) entretient en particulier. Elles arpentent Venise et ses environs  par tous les temps, vêtues de différents   costumes, robes de soirée….    afin de faire les fameuses photos pour « Hello ».     
En même temps Dominique revoit, chez « sa » logeuse,  le bel antiquaire, aperçu  dans l’avion Paris-Venise. Celui-ci veut faire vendre à la dame âgée un tableau, dont se sont  enviés  un très riche américain et sa fille. Très vite l’antiquaire va initier Dominique à l'art des antiquités  et lui dévoiler la "dolce vita" d'une brillante aristocratie vénitienne. Très troublée au début, la petite parisienne  tombe folle amoureuse du  jeune homme … mais se demande, après quelques rendez-vous romantiques, s’il y a réciprocité de la part d’Alexis, le bel italien. Que va-t-elle tenter pour connaitre le pourquoi  de cette  relation si tendre avec elle ? Est-ce une simple aventure ? Ou  a-t-il d’autres intentions ?
Ce livre est  très agréable à lire car d’une part il fait découvrir les fameux canaux de Venise et toute l’atmosphère de cette cité, d’autre part il donne un portrait très sympathique du   personnage principal. C’est un livre facile à lire, qui détend  tout en cherchant l’intrigue glissée par Solange Fasquelle. Je recommande les autres  romans de cette écrivaine, qui font passer un bon moment. (J’en ai lu de nombreux)
Le style est plaisant, les descriptions sur Venise rendent attrayante la découverte de la cité des Doges. 

Laurence DEMAY

dimanche 12 septembre 2010

Et mon tout est un homme de Thomas Narcejac et Pierre Boileau

 Le célèbre professeur Marek a mis au point la greffe intégrale. Jusqu’ici il n’avait conduit ses expériences que sur des animaux. Une occasion lui est donnée de s’exercer sur l’homme : en effet, un meurtrier, René Myrtil, va être guillotiné. Avant de mourir, cet homme a donné son corps à la science. Marek a décidé de greffer le corps entier sous forme de sept morceaux à sept personnes différentes victimes d’un accident. Les patients supporteront-ils la greffe ? Quand l’un d’entre eux se suicide, le doute s’installe…
 Voici le premier policier de Boileau-Narcejac que je lis. J’ai un peu de mal à ranger ce roman dans une catégorie : une touche de science-fiction est donnée dès le départ à travers la découverte chirurgicale du professeur Marek. Mais ce roman se classe également comme un policier, comme le montrent l’intrigue et le final.
Ce roman se veut-il une réflexion éthique sur les conséquences morales, psychologiques et physiologiques d’une greffe d’un corps entier (dont la tête) sur sept personnes différentes ? Les auteurs ont-ils voulu délivrer un message déontologique ou plutôt créer une histoire effrayante (et assez morbide) pour distraire leurs lecteurs ?
Un effort de mémoire est nécessaire pour associer les sept noms des patients et le membre de Myrtil qui leur a été greffé. Au début, le lecteur s’y perd un peu.
Un mystère, au départ assez ténu, commence à s’installer au fil des pages et on est pressé de connaître le fin mot de l’histoire. Si celle-ci m’a paru assez fade, peu crédible et très glauque une bonne partie du livre, la fin ne m’a pas déçue et a permis de redonner un intérêt a posteriori à l’ensemble. L’écriture de Boileau-Narcejac que je découvrais m’a semblé plutôt vieillie, tant dans les descriptions que dans les dialogues (ce roman date de 1965).
A découvrir si on aime les fins qui surprennent et donnent un jour nouveau à l’histoire.

Christelle GATE

vendredi 10 septembre 2010

Ne te retourne pas de Thomas Dresden

Un roman très varié, qui commence et qui finit comme un roman policier classique, mais qui est plus compliqué dans les ramifications et les péripéties qui le composent.
Une jeune américaine, sœur d’un membre de l’ambassade des Etats-Unis à Londres, disparaît de sa très chic et très protégée école privée située près de Windsor. Comme elle est coutumière des fugues avec de jeunes artistes, ses proches ne s’inquiètent pas, mais la police enquête et découvre des relations troubles à l’intérieur même de sa famille. Quand on trouve ses vêtements tachés de sang abandonnés au bord d’une rivière, l’affaire prend une autre tournure.
La vie de la belle-sœur de la jeune disparue est remise en question par cet enlèvement, notamment ses rapports avec son mari, mais cela semble aller encore plus loin car elle fait une rencontre amoureuse fortuite au même moment, lors d’un voyage à Moscou. Elle est en effet la fille d’un ancien prisonnier des camps soviétique, qui a fait fortune après son évasion vers l’Ouest et qui depuis consacre toute son argent à financer des recherches sur les camps. Ce passé semble ressurgir et ses ramifications être liées à la situation actuelle de doute et d’angoisse qui environne toute la famille depuis la disparition de la lycéenne.
Le nœud de l’intrigue se situe finalement là et on passe doucement d’une histoire de fugue ou d’enlèvement à une vengeance qui va au-delà des générations et qui fait appel à l’histoire européenne de ces cinquante dernières années pour aboutir à un final plein de panache et de suspens, où on finit par, petit à petit, recomposer le puzzle et comprendre les motivations des uns et des autres, qui s’avèrent être différents de ce qu’on attendait au départ.
Le style en est agréable, avec des personnages au caractère bien trempé, ayant tous des choses à cacher, mais les révélant peu à peu par petites touches et allusions, qu’on peut percevoir si on est attentif ! L’atmosphère de luxe de ces personnages appartenant à de richissimes familles est bien rendue par des descriptions précises et raffinées, tant des lieux, que des vêtements, de l’ambiance, des plats servis, etc.

Mélanie BART

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