samedi 30 avril 2011

Vikings de Patrick Weber


Au mois de mai 1944, les officiers du Reich commencent à se poser des questions sur leur chance de gagner la guerre. Les services de l’Ahnenerbe, cette officine SS chargée de prouver la supériorité de la race allemande, sont mobilisés et d’importants moyens sont mis à leur disposition pour découvrir le secret du marteau de Thor, l’arme absolue des vikings, qui, selon eux, devrait leur permettre de gagner la guerre. Les recherches de l’officier Ludwig Storman le mènent  à Rouen. Là, il va se rendre compte qu’un jeune historien de l’art étudiant les origines de la Normandie, Pierre Le Bihan risque de le prendre de vitesse. Commence alors entre les deux hommes une course dont le vainqueur pourra changer la face de la guerre et même plus…
Même si l’on sait d’entrée de jeu que les allemands ne sont pas arrivés à leur fin, le roman n’en est pas moins passionnant. La narration est en effet propre à nous captiver. Des chapitres courts, des phrases simples, de nombreux changements de lieux et de personnages nous permettent de bien cerner l’enjeu de cette quête. En plus le coté historique de la création de la Normandie est particulièrement intéressant tout comme le rôle de l’Ahnernerbe qui ne fait pas partie des thèmes les plus abordés dans les romans ayant trait à la seconde guerre mondiale.
Les personnages sont bien campés, les lieux bien décrits, le contexte est original.
Tout concourt donc à nous faire passer un très bon moment. Évasion, culture et suspense sont les maîtres mots de ce roman, dont on a un seul regret, qu’il ne dure pas plus longtemps…


Nicole VOUGNY

jeudi 28 avril 2011

Lady L. de Romain Gary


Pour fêter ses quatre-vingt ans, Lady L, cette aristocrate désormais anglaise invite sa famille et quelques amis chez elle. Lors de cette journée mémorable, elle décide d’expliquer en tête à tête à Lord Percy son ami confident ce qu’a été sa jeunesse en France.
Alors commence un voyage qui nous ramène pour commencer,  dans le Paris des ouvriers. Lady L ou plutôt Annette Boudin  a dû fuir de chez elle pour quitter ce père fainéant, pervers et alcoolique. Elle va rencontrer Lecoeur qui règne sur la pègre parisienne au moment où celui-ci décide d’aller vers le monde des idéalistes ou plutôt des anarchistes.  Enrôlée dans ce milieu, Annette tombe
amoureuse d'Armand Denis un anarchiste convaincu, leader du mouvement français, et excellent orateur.
En même temps que  le groupe d’anarchistes dont fait partie Annette s’installe en Suisse pour vivre dans la clandestinité, elle  va apprendre les manières de la haute société. Ceci dans le but d’infiltrer ce milieu cossu et donner des indications pour réaliser des cambriolages. Lors de l’une de ses missions Annette rencontre un anglais richissime Sir Glendale tandis Armand lui continue à vivre uniquement pour  la cause anarchiste.
Mais voilà que l’étau même en Suisse se resserre et Annette acceptera-t-elle de vivre avec une maîtresse si prenante qu’est la liberté des peuples défavorisés?
J’ai aimé ce livre qui est très facile et agréable à lire pour différentes raisons.
Ce voyage au cœur de l’histoire du mouvement anarchiste est fort intéressant et le contexte est réaliste : la misère dans les bas-fond parisiens, les attentats à la bombe, l’exil en Suisse même si, ne nous y trompons pas, il y a du romantisme de la part de Romain Gary.
Les personnages essentiels sont bien cadrés. Pour Armand seul la lutte compte, Sir Percy est tellement british, Annette reste femme coûte que coûte, Glendale l’anglais qui dépense pour le plaisir de l’art sans oublier les parents d’Annette. La mère qui se sacrifie à en mourir et le père qui ne sait que profiter.
D’autres personnages secondaires sont intéressants, marrants que je vous laisse découvrir.
Nous voguons également de Londres à Paris, en passant par Genève et Milan mais pas de temps pour le tourisme à part dans les rêves d’amours d’Annette.
Les transitions entre passé et présent sont très bien faites et la chute finale qui unit également hier et aujourd’hui est à l’image de l’auteur : d'une ironie mordante.



Edouard RODRIGUEZ

mardi 26 avril 2011

Le ventre de Paris de Emile Zola


 Florent s’est évadé de Guyane où il avait été déporté suite à sa compromission dans les événements du 2 Décembre. Il trouve refuge chez son frère, Quenu, qui est charcutier au plein cœur des Halles de Paris. Il devient inspecteur de la marée. Commence le quotidien d’un Maigre entouré d’une foule qui n’a qu’un objectif : le faire grossir.
 « Le Ventre de Paris » est le troisième tome des Rougon-Macquart paru en 1873. J’ai beaucoup apprécié cette longue et belle œuvre. J’ai notamment
particulièrement aimé la plume singulière de l’écrivain qui sait rédiger des descriptions si poétiques. On a d’ailleurs pu qualifier son texte de « prose descriptive ». Il prend manifestement plaisir à décrire les Halles de Paris, les étalages gargantuesques de légumes, de fruits, de poissons, de viandes, de fleurs, de fromages, … Vers la fin de son roman, Zola utilise des métaphores musicales pour décrire l’odeur pestilentielle des fromages qui s’étalent sous ses yeux, en témoigne cet extrait : « Elles restaient debout, se saluant, dans le bouquet final des fromages. Tous, à cette heure, donnaient à la fois. C’était une cacophonie de souffles infects, depuis les lourdeurs molles des pâtes cuites, du gruyère et du hollande, jusqu’aux pointes alcalines de l’olivet » (p. 340). Les étals nous apparaissent dans toute leur matérialité, avec leurs cortèges de couleurs, d’odeurs, de saveurs. On a pu dire que cette œuvre de Zola pouvait être comparée à une véritable nature morte, l’auteur donnant à voir à travers ses mots une vraie peinture, telle qu’aurait pu la concevoir Claude, l’artiste qu’il décrit au fil des pages.
Zola croque une véritable fresque de la bourgeoise parisienne à travers la galerie de personnages qu’il présente : Florent, le fuyard, Quenu, son frère, la belle et grasse Lisa qui tient la charcuterie. Il y a aussi Marjolin et Cadine, les deux brutes éprises l’une de l’autre qu’aime à peindre Claude, l’artiste. N’oublions pas Mlle Saget, la médisante petite vieille, qui constitue un personnage repoussant. Zola fait tous ces personnages une véritable analyse psychologique.
J’ai été particulièrement sensible au début de l’œuvre : l’écrivain nous décrit l’arrivée de Florent dans les Halles luxuriantes qui offrent un trop plein de nourritures, un luxe démesuré. Le lecteur est saisi de pitié devant cet évadé affamé (il n’a pas mangé depuis plusieurs jours) qui observe avec beaucoup de convoitise ces monceaux de victuailles qui s’offrent à ses yeux et à son odorat. Face à cette prodigalité, Zola oscille entre fascination et répulsion.
Une belle œuvre naturaliste qui expose la lutte entre les Maigres et les Gras sur un fond politique marqué. On ne retrouve pas ici de drame amoureux, comme dans « La bête humaine » par exemple. Le propos est ici plus centré sur l’engagement politique. Il faut donc bien connaître l’histoire de la fin du XIXème siècle. A savourer sans modération !
Le lecteur complétera utilement sa lecture par un dossier en fin d’œuvre. La préface d’Henri Guillemin est aussi très éclairante.


Christelle GATE

dimanche 24 avril 2011

Le petit Nicolas et les copains de René Goscinny et Sempé


Le petit Nicolas et les copains est un roman illustré de Goscinny et Sempé écrit en 1963 pour la première fois. Il est composé de 16 histoires courtes qui mettent en scène le petit Nicolas ainsi que la foule de personnages avec qui il partage son quotidien. Ces histoires sont drôles et l’on rit beaucoup tout au long du livre. Mais s’arrêtera-t-il un jour? Dans tous les cas il vaut mieux lire son histoire que d’avoir le personnage à la maison et on est bien heureux de profiter de toutes ses aventures !
Les amis du petit Nicolas sont Rufus, Maixent, Agnan, Geoffroy, Eudes, Clotaire, Alceste et Joachim. Ce sont des enfants terribles. Ils ont peur de tout et font des bêtises tout le temps. Mais dans le petit Nicolas, il n’y a pas que des garçons, il y a aussi une fille qui s’appelle Marie-Edwige. Elle a les cheveux longs et ils sont jaunes. Elle a les yeux bleus, c’est la voisine du petit Nicolas. Les garçons adorent faire des galipettes devant Marie-Edwige et elle trouve ça super. Et nous profitons encore une fois des nombreuses illustrations. Si vous voulez lire ce livre, dépêchez-vous !


Sabrina LE BOUCHER

vendredi 22 avril 2011

L'orphelin d'Anyang de Chao Wang


Quelques pages suffisent à nous plonger dans les bas-fonds laborieux et mafieux de la société chinoise contemporaine. Un vrai coup de poing littéraire, d'une précision déconcertante !
Nous rapprocherons d'ailleurs ce texte du genre de la Nouvelle. Son récit sobre, souvent elliptique,progresse avec une concision qui ignore les digressions romanesques. Seuls trois personnages décident du sort d'un bébé, avant que la police chinoise ne reprenne son autorité suprême. L'action,
resserrée sur quelques mois, s'accélère progressivement vers une fin inéluctable. De fait, cette chute nous laisse sous le choc de la tragédie que vivent des millions êtres damnés par le destin.
En fait, le texte fut à la base de la réalisation d'un film, sorti en 2002.
Yu Dagang, ouvrier au chômage, vit en célibataire endurci, jusqu'au jour où il recueille un nouveau-né abandonné. Sa mère, Feng Yanli, se prostitue pour une famille restée à la campagne. Elle ne peut évidemment élever son petit bâtard. Mais consciente de sa faute, elle promet une rente mensuelle à qui pourra le prendre en charge. Yu Dagang accepte d'abord pour l'argent.
Pourtant, ces deux survivants d'un peuple misérable, exilé dans les ruelles des villes tentaculaires (ici Anyang, au nord de la province du Henan), se découvrent et s'unissent pour offrir un couple de parents à l'enfant. Lui ouvre un atelier de réparation de vélos et garde le petit alors que Feng Yanli
continue ses passes dans les bouges du quartier.
L'espoir nous est donné que l'Amour triomphe, au cœur même des pires égouts humains. C'est oublier trop vite que seuls les êtres maléfiques gouvernent notre monde. Le père biologique du bébé, proxénète occupé de perpétuer sa propre gloire, décide de reprendre ses droits ignorés jusque-là. Il précipite le drame que l'État chinois achève violemment.
Dans le fracas d'un cri désespéré, ces vies auxquelles en peu de pages nous étions attachées, se disloquent irrémédiablement. On peut imaginer que les spectateurs du film entendent longtemps la longue plainte finale ...



Florence VALET

mercredi 20 avril 2011

Le clan Morembert de Charles Exbrayat


Un bon polar qui se lit facilement, d’autant plus que le récit est court (188 pages).
Le drame se passe en province dans la ville d’Annonay à une époque encore récente (fin des années 1960) et pourtant, la puissance des grandes familles se fait encore sentir. Mais, même aujourd’hui, ces grandes familles et leurs privilèges ont-ils tout à fait disparu?.
L’intrigue est bien construite, les personnages (même s’ils sont peu nombreux) intéressants, surtout les protagonistes principaux : le policier, le journaliste et les membres du fameux clan (l’aîné, principalement, inspire un certain respect et, bizarrement, les femmes de ces industriels également mais par leur souci d’effacement, leur esprit de sacrifice pour le bien et le nom de la famille). La fin n’est pas décevante, au contraire. Elle est même inattendue, mais somme toute logique, à condition de se débarasser  des préjugés. En refermant le livre, on hésite. Aurait-on aimé être un membre de ces grandes familles provinciales qui régissaient et qui faisaient vivre, grâce à leurs usines ou fabriques, les habitants des bourgades  installées aux alentours ? Aurait-on supporté toutes les charges et contraintes liées au nom de la famille? Même si ces questions  sont loin du sujet du livre.
Les ou nos Messieurs (comme on les appellent dans le roman) appartiennent  presque à leur ville et leurs rites immuables, leur exactitude servent, même, de pendule à certains habitants :  « J’entends les pas de nos messieurs, il est 11 heures, il est temps d’aller se coucher…. ».
En conclusion : ouvrage au suspens bien ficelé, récit sans fioritures, ni descriptions inutiles, avec juste ce qu’il faut de machiavélisme.


Thérèse VITRANT

lundi 18 avril 2011

Dragon l'ordinaire de Xavier Armange


Depuis plus de 400 ans, Dragon l’Ordinaire vit seul dans son château. Il commande annuellement systématiquement 365 boites de sardines et 12 savonnettes à son ami Astragor, sorcier et vendeur ambulant. Bien que chaque matin il se réveille avec l’idée de faire « de grandes choses », il se couche le soir sans n’avoir rien entrepris de nouveau. Tout simplement par manque d’inspiration. Mais ce jour là, Astragor décide de lui faire cadeau d’une idée. Pour pimenter sa vie, il lui propose de tomber amoureux ! Voilà donc Dragon l’Ordinaire parti sur les routes à la recherche de l’âme sœur. Mais il se retrouve vite embrigadé au sein d’un cirque en piteux état, dont le directeur ne semble pas très clair…
Voilà une aventure qui s’adresse aux enfants d’environ 9 à 12 ans.  Les chapitres, plus ou moins longs, sont divisés en nombreux paragraphes ce qui permet de faire une pause si besoin. Le vocabulaire et les tournures de phrases sont accessibles. De nombreuses illustrations pleine-page, en noir et blanc, égaient le tout. L’histoire est pleine de rebondissements et laisse une part non négligeable à l’humour.  Contrairement à son personnage, l’auteur lui ne manque pas d’imagination !   D’ailleurs, la fin laisse penser qu’il existe sans doute un livre racontant la suite des tribulations de Dragon l’Ordinaire.
Etrangement, l’anneau dont il est question dans le titre n’apparaît que tardivement dans le récit. Pourtant, son pouvoir extraordinaire pourrait faire l’objet de bien des péripéties. C’est un peu dommage. D’un autre côté, les aventures du héros sont déjà  tellement farfelues et surprenantes que le petit lecteur y trouvera forcément beaucoup de plaisir.


Sophie HERAULT

samedi 16 avril 2011

La planète des singes de Pierre Boulle


En 2500, le journaliste Ulysse Mérou participe à une expédition spatiale, aux côtés de deux scientifiques. Atteignant une planète très semblable à la Terre, ils la baptisent Soror, et y découvrent avec étonnement une tribu d'hommes primitifs, incapables de parler, vivant nus, à l'état sauvage. Le lendemain, Ulysse voit avec effroi les hommes s'enfuir dans un grand tumulte : ils sont pris en chasse par... des gorilles, qui les abattent et les capturent sans pitié ! Le plus troublant étant que ces singes, habillés, sont doués de parole ! Pris dans un filet, Ulysse est conduit avec d'autres hommes dans un laboratoire : il comprend alors que, sur Soror, les singes représentent le sommet de l'évolution, tandis que les hommes ont été relégués au rang d'animaux. Tentant de communiquer avec les singes, il parvient à attirer l'attention d'une scientifique Chimpanzé, intriguée par son cas... Mais Ulysse est loin de soupçonner les effroyables découvertes qui l'attendent.
Ce bref roman présente, dans un style simple et percutant, le récit d'Ulysse Mérou, consigné par écrit et découvert a posteriori. Redigé à la première personne, le livre ne manque pas de rythme et de scènes fortes, entre action et introspection, avec quelques dialogues. La science-fiction permet à l'auteur, grâce au parallélisme qu'il crée entre Soror et la Terre, d'interroger notre société et d'aborder des thèmes aussi vastes que la question de la conscience, du racisme, du dogmatisme ou de notre rapport à la civilisation - le tout, en moins de 200 pages. Si le roman est cohérent et l'intrigue, solide, on pourra néammoins déplorer que les personnages, tant humains que simiens, frôlent la caricature, et que la réflexion reste superficielle.
C'est après avoir vu le film avec Charlton Heston que j'ai eu envie de découvrir le livre. J'ai trouvé ce roman distrayant et intéressant, malgré les réserves émises ci-dessus. Je regrette en effet le caractère manichéen et outré des personnages, et je n'ai pas réussi à m'attacher au héros, qui m'a paru antipathique dans ses réactions et ses réflexions. De plus, si les questions abordées par le livre sont passionnantes, leur traitement m'a semblé simpliste, pas totalement abouti : le propos aurait certainement gagné à être approfondi. Pour autant, j'ai passé un bon moment : l'œuvre elle-même est assez forte et perturbante pour ouvrir la réflexion, et l'histoire reste prenante.


Fanny LOMBARD

jeudi 14 avril 2011

La justice de l'inconscient de Franck Tallis


Vienne au début du XXeme siècle. Oskar Rheinhardt inspecteur de police et Max Liebermann jeune médecin psychiatre sont deux amis qui se retrouvent régulièrement pour chanter et jouer au piano les œuvres de grands compositeurs.  Parfois, Oskar aime à avoir l’avis de Max quand il est confronté à une énigme. Aussi, quand une jeune et jolie médium est retrouvée morte dans son salon fermé de l’intérieur, quand en plus l’autopsie révèle qu’elle a été tuée d’une balle dans le cœur mais que cette balle est introuvable, l’inspecteur s’empresse de demander l’aide de son ami. Car le problème est le suivant : comment retrouver l’assassin d’un crime impossible ?
Résoudre des affaires criminelles avec l’aide de psychiatre ou psychanalyste n’est pas nouveau comme nous le montre l’auteur de ce roman. Et il n’aurait pu choisir d’endroit plus judicieux pour cadre de son histoire que le Vienne de Sigmund Freud, que l’on a d’ailleurs l’occasion de côtoyer un peu…Autant le dire tout de suite l’accent est mis sur le coté psychanalyste et donc sur le personnage de Max. En effet le policier malgré le fait qu’il soit plus âgé, marié et père de famille nous apparaît comme peu observateur, brouillon et influençable. Le jeune médecin par contre est réfléchi, calme, posé à tel point qu’il parait quelquefois condescendant, voire hautain…Le rythme de l’enquête est plutôt lent mais logique par rapport aux moyens d’investigation de l’époque. C’est une histoire agréable à lire,  l’intrigue est bien menée, mais j’ai trouvé que les déboires du médecin psychiatre vis-à-vis de sa hiérarchie pour aller à l’encontre les traitements imposés par l’époque, alourdissaient l’histoire au point de parfois nous en fait perdre le fil. Néanmoins ces petits désagréments sont largement compensés par l’ambiance, l’atmosphère, l’architecture de la ville de Vienne qui sont très bien restituées. On se prend à flâner dans les rues, à prendre le café et les fameuses pâtisseries dans de somptueux endroits, à écouter les concerts, à visiter des expositions… N’oublions pas non plus l’humour et l’évocation de thèmes tels que la montée de l’antisémitisme, la condition des femmes à cette époque, qui donnent à cette lecture un charme indéniable. Rien que pour cela on peut se laisser tenter…


Nicole VOUGNY

mardi 12 avril 2011

L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon


« Si vous avez le malheur de lire les trois premières pages de ce roman, vous n’avez plus aucune chance de lui échapper », oh combien ce petit commentaire du magazine « Lire »  inséré en première de couverture nous dit la vérité!
Nous sommes immédiatement plongés dans le Barcelone des années 45-55, à la fin de la guerre civile. Le narrateur, Daniel Sempere nous entraine au fil des pages dans sa magnifique aventure, pleine de rebondissements et de mystères, qui commence par sa visite au Cimetière des Livres Oubliés où sa mission est de choisir, dans ce lieu mystique et plein de magie, un livre, dont il sera désormais le gardien pour toujours. Son choix se porte sur le livre d’un certain Juliàn Carax, intitulé l’Ombre du Vent.
Qui est ce mystérieux auteur et quels secrets l’entourent, quel est son passé? Pourquoi un homme sans visage recherche à n’importe quel prix tous ses livres pour ensuite les brûler ? Autant de questions auxquelles Daniel veut répondre et il nous transporte alors dans son épopée à travers Barcelone (dont les descriptions et les climats sont si bien dépeints par l’auteur que l’on s’y voit soi-même déambulant à la suite du narrateur).
Nous rencontrons alors des personnages tout aussi mystérieux et énigmatiques les uns que les autres, dans un premier temps Isaac le gardien du Cimetière des Livres Oubliés, puis Nuria Monfort sa fille, Clara Barcelo l’ange aveugle, Béatrix Aguilar, le fameux Fermin Romero de Torres, l’antipathique inspecteur Javier Fumero et j’en passe.
Peu à peu nous nous imprégnons de cette atmosphère à la frontière du réel et de l’imaginaire. Et nous nous y immergeons tellement qu’il est impossible de se défaire de ce livre, la volonté de savoir comment cela va se terminer est trop forte.
C’est impressionnant de voir à quel point de simples mots peuvent nous transporter dans un autre monde, un autre univers.
Carlos Ruiz Zafon est déroutant dans sa manière de raconter, aucun passage n’est trop long ou rébarbatif, les secrets de dévoilent au fur et à mesure, les uns après les autres mais toujours au bon moment, tout est travaillé à la perfection pour ne pas laisser le lecteur sur sa faim, mais également pour ne pas tout lui dévoiler d’un seul coup et qu’il ait envie de continuer de lire.
J’ai terminé ce livre avec une sensation étrange, mais dans le sens positif du terme. Une sensation de bien être et l’envie que ce livre ne se termine jamais tellement il m’a transportée. Ca faisait bien longtemps qu’un livre ne m’avait touché comme celui là. A lire impérativement et pour tout le monde !


Emeline MICHAUT

dimanche 10 avril 2011

La cantatrice chauve de Eugène Ionesco


« Intérieur bourgeois anglais, avec des fauteuils anglais. Soirée anglaise. M. Smith, Anglais, dans son fauteuil et ses pantoufles anglais, fume sa pipe anglaise et lit un journal anglais, une petite moustache grise, anglaise. À côté de lui, dans un autre fauteuil anglais, Mme Smith, Anglaise, raccommode des chaussettes anglaises. Un long moment de silence anglais. La pendule anglaise frappe dix-sept coups anglais. » (p. 11) Voilà sur quoi s'ouvre le rideau. Mme Smith revoit par le menu le repas qu'elle et son mari viennent de terminer. De considération en amorce de dispute, la soirée se poursuit avec l'arrivée du couple Martin, venu dîner chez les Smith. Les deux couples entament des discussions étranges, relatent des récits loufoques et poursuivent des raisonnements tordus. Les interventions de Mary, la bonne, et du capitaine des pompiers nourrissent l'absurdité des situations et des dialogues. Finalement, après des hurlements haineux et dépourvus de sens, la pièce reprend du début avec une subtile nuance.
J'avais lu cette pièce au collège et, déjà, je n'avais rien compris. Mais l'absence de sens m'a bien moins gênée lors de cette nouvelle lecture. J'ai goûté avec délectation l'enchaînement de répliques décousues, l'utilisation de proverbes détournés, l'accumulation de banalités, la déclaration de vérités loufoques et de conclusions sophistiques.
" Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux." (p. 72)
" L'expérience nous apprend que lorsqu'on entend sonner à la porte, c'est qu'il n'y a jamais personne."  (p. 41)
Les personnages ne se répondent jamais vraiment, les répliques se croisent sans se trouver. Seule la pendule semble être au diapason de cette rencontre de fous parfois furieux. Elle est le baromètre qui suit les tensions et illustre l'atmosphère. Mais les Smith annoncent qu'"elle marche mal. Elle a l'esprit de contradiction. Elle indique toujours le contraire de l'heure qu'il est." (p. 64) Décidément, avec Ionesco, on ne peut jamais se fier à ses oreilles !
Le titre est largement déceptif mais deux répliques le justifient voire l'honorent : " - À propos, et la Cantatrice chauve ? [...] - Elle se coiffe toujours de la même façon." (p. 70) On n'en saura pas plus. Le titre, comme le reste de la pièce, échappe à toute rationalisation. Il ne reste qu'à admettre sans chercher à comprendre.


Magali CONEJERO

vendredi 8 avril 2011

Le capitan de Michel Zévaco


Le capitan est un roman d'aventures écrit par Michel Zévaco en 1907. Ce roman s'inscrit dans la lignée des grands romans capes et d'épées comme ceux d'Alexandre Dumas ou Paul Féval. Adhémar de Trémazenc de Capestang est un jeune homme pauvre qui arrive à Paris pour y faire fortune. Mais dès son arrivée il se retrouve plongé dans les intrigues politiques qui foisonnent pour s'emparer de la couronne de France : le prince de Condé, les ducs d'Angoulême et de Guise complotent ensemble pour faire tomber le roi Louis XIII qui, encore enfant, vient d'arriver au pouvoir bien que sous le controle de sa mère Marie de Médicis qui assure la régence depuis la mort de Henry IV assassiné par Ravaillac en 1610. Fanfaron et grandiloquent face à ses ennemis, le jeune Capestang est vite surnommé le Capitan, personnage type de la commedia dell arte caricature du militaire fanfaron mais poltron. Ce surnom tend à le fâcher et il se fait fort alors de prouver sa valeur et son courage, éliminant ses ennemis avec brio. Après avoir sauvé le roi d'une tentavive d'assassinat, il devient Chevalier du roi, titre sans grande valeur officielle, mais qu'il prend à coeur et qui le conduit à tout faire pour le protéger en cette période de menace pour la couronne. Il est aidé dans ses aventures par son valet Cogolin qui selon les jours s'appelle Laguigne ou Lachance.

Ce roman est très plaisant à lire, avec des scènes absolument cocasses, des chassés-croisés amoureux.. Il se lit rapidement, sans grandes descriptions comme on en trouve dans les romans plus classiques de capes et d'épées. Tout ici passe par l'action avec des batailles, des enlèvements, de l'espionnage... Un roman d'aventures tombé dans l'oubli mais qui mérite pourtant d'être connu au même titre que les grands classiques du genre comme les Trois Mousquetaires d' Alexandre Dumas par exemple.


Elisabeth DOUDAN

mercredi 6 avril 2011

Les récrés du Petit Nicolas de René Goscinny


Ce livre, comme les autres titres de la série du petit Nicolas est une véritable récréation. Au fil des pages j’ai beaucoup ri et j’ai réellement pris du bon temps. Dans cet opus, Nicolas nous emmène avec lui à l’école où la récréation est le moment privilégié pour chacun des enfants. Nous retrouvons son entourage habituel, les copains avec chacun leurs caractéristiques, leurs habitudes et surtout leur caractère. On retrouve tous les clichés : le premier de la classe un brin susceptible et plutôt pleurnicheur, le dernier de la classe, le bagarreur, le copain enveloppé qui n’arrête pas de manger… Mais que font les adultes ? Et bien ils sont là, et on est heureux de ne pas subir toutes les pitreries de Nicolas et ses copains ! Le récit est donc fait par Nicolas et de ce fait offre au lecteur un ton naïf et simple.  
Avant de lire ce livre on ne s’imagine pas tout ce que Nicolas et ses copains peuvent inventer et c’est un vrai régal de le découvrir. L’écriture de ce roman est proche du langage oral,  ce qui permet d’une part de vraiment se relaxer et ajoute au comique des situations. Chaque chapitre est autonome, tout en conservant les mêmes personnages ce qui laisse un esprit de liberté avec des illustrations en double page pour chacun et presque un petit dessin sur chaque page.
Et oui même nous les adultes ça nous plait ! Ce nombre d’illustrations permet aux enfants lecteurs de comprendre une situation, de l’imaginer et surtout permet de commencer l’analyse d’une image fixe. C’est un
livre que je proposerai à ma fille et je sais d’avance qu’il lui plaira, c’est rigolo et fluide !
J’ai vraiment pris plaisir à redécouvrir cet univers d’enfants qui rappelle des souvenirs, et oui certains adultes avec une vie remplie de travail, d’obligations, de stress perdent leur « âme d’enfants » ce livre devrait aider à y remédier !


Sabrina LE BOUCHER

lundi 4 avril 2011

Madam de Claude Grudet


Née quelques années après la guerre de 14, Claude est rapidement confiée à une nounou en Bretagne. Lorsqu’elle a 5 ans, sa mère, qu’elle n’a jamais revue depuis son baptême, revient la chercher. Difficile pour la petite fille de s’adapter à sa nouvelle vie : une famille qu’elle ne connaît pas,  une langue bien différente du breton, etc. A la rentrée scolaire qui suit cet événement, elle est conduite au couvent des visitandines. Pendant 10 ans, elle fréquente cet établissement aux règles strictes. Qui pourrait un instant imaginer que l’adolescente aura ensuite un destin de femme hors du commun ? Claude ne deviendra jamais la personne rangée que son éducation chez les religieuses laisserait supposer. Bien au contraire ! Car c’est auprès d’elle que des messieurs richissimes en mal de «tendresse» viendront  rechercher la compagnie de jeunes filles superbes et raffinées…
Claude Grudet, plus connue sous le nom de « Madam’ »,  et surtout de « Madame Claude »,  signe là une autobiographie riche en rebondissements.  Agée de plus de 70 ans, elle raconte sa vie depuis l’enfance. Il serait intéressant de rechercher une corrélation entre ce qu’elle a vécu depuis toute petite et son destin si particulier. Libre à chacun d’interpréter. Le style d’écriture est très accessible. Bien que le sujet de la prostitution  tienne une part importante dans le livre, l’auteur évite de tomber dans le glauque ou le voyeurisme. Elle raconte avec beaucoup de malice des anecdotes très drôles, et ne passe pas sous silence des faits plus sombres de son existence.  Le tout rendant la lecture très agréable.
J’ai choisi ce livre poussée par une certaine curiosité (non malsaine) pour un monde qui m’est complètement étranger. Si l’on excepte ses démêlées avec la justice, Claude nous présente un univers où tout le monde est heureux et y trouve son compte.  Ses pensionnaires en particulier. Le tableau est sans doute un peu trop rose et trop beau pour être complètement crédible !  Mais bon, cela fait aussi partie sans doute de la personnalité de l’auteur.


Sophie HERAULT

samedi 2 avril 2011

La reine des sortilèges de David Eddings


La situation est de pire en pire : le voleur de l’Orbe d’Aldur se rapproche inexorablement de sa destination finale, et Belgarath ainsi que son groupe d’aventuriers n’ont plus de temps à perdre ; il faut récupérer au plus vite l’Orbe, et ainsi sauver l’humanité de la colère du dieu maléfique Torak. Cependant, cela n’est pas une tâche aisée ; ils auront à affronter les partisans de Torak, ainsi que l’incrédulité de leurs semblables.
Quant à Garion, sa situation ne s’améliore pas non plus. Même si à présent il sait quel est le but de leur voyage, il découvre en lui une puissance qu’il n’avait jamais soupçonnée auparavant ; puissance qu’il n’arrive pas à maîtriser, et qui peut avoir des conséquences désastreuses… Qui est-il réellement ?
Bien que ce tome soit lent à démarrer, l’action se fait nettement plus présente dans ce tome que dans le précédent. Le suspense n’est pas insoutenable, mais il est présent tout de même. Le caractère des personnages est plus développé que dans le premier tome, les rendant plus attachants, même si l’auteur aurait pu aller plus loin car ils manquent encore de charisme. Le style d’écriture reste simple et agréable, bien que parfois un peu trop enfantin malgré les scènes de violences qui auraient du mal à figurer dans un roman destiné à la jeunesse.
Le principal problème reste tout de même le suspense sur l’ensemble de l’œuvre: on a l’impression de déjà connaître tout ce qu’il y a d’essentiel à l’histoire, car l’auteur ne suscite pas de véritable interrogation chez le lecteur. Garion ne sait pas qui il est, mais le lecteur l’a déjà deviné depuis le premier tome. De plus, les héros ont la fâcheuse habitude de se sortir des pires situations de façon extraordinairement aisée ; par conséquent, l’envie de connaître la suite de l’histoire ne se fait pas pressante.


Fanny RICHARD

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