jeudi 29 septembre 2011

Les tribulations d'une caissière d'Anne Sam


Bien que titulaire d’un diplôme universitaire littéraire, Anna se voit contrainte d’occuper pendant huit ans un poste de caissière en grande distribution. Etonnée, amusée, mais le plus souvent outrée, par ses conditions de travail et l’attitude des clients, la jeune femme raconte son quotidien d’«hôtesse de caisse». De la sempiternelle recherche d’une chaise au comptage des petites pièces en fin de journée, des amoureux (de leur conjoint ou de leur portable) aux timides (gênés d’acheter des articles coquins ou du  banal papier toilettes), tout y passe…
L’auteur rapporte les innombrables anecdotes qui émaillent sa journée. Elle le fait à la première personne du singulier, mais n’importe laquelle de ses consœurs pourrait en faire de même. Le récit est découpé en chapitres courts, et chacun d’entre eux aborde un thème particulier (« l’entretien d’embauche », « la fabuleuse carte de fidélité », « les mots d’enfants », «les clients saouls, etc.) Pas forcément agréables à vivre, les situations sont cependant toutes décrites avec humour et d’un ton léger. Le récit est extrêmement facile à lire, et le style en est très dynamique. Il se rapproche du ton de la conversation entre amies, ou de celui utilisé sur un blog (fautes d’orthographes en moins !)
Oublions la grande littérature, ce n’est pas le but ici. Il faut plutôt prendre ce livre comme un sympathique divertissement. Mais si on s’y attarde un peu plus longtemps, il permet également de s’interroger sur notre propre attitude lors de notre passage en caisse. Sommes-nous vraiment si irréprochables ? Je suis donc curieuse d’en lire la suite : « Conseil d’amie à la clientèle ».


Sophie HERAULT

mardi 27 septembre 2011

Moi, Claude de Robert Graves


Lorsque Claude vient au monde, Auguste règne sur Rome, secondé par Livie (grand-mère de Claude). Tous les héritiers putatifs d'Auguste sont morts dans des circonstances troubles. Bègue, boiteux et secoué de tics, Claude n'est pas considéré comme un successeur éventuel : on le prend pour un imbécile. Il comprend vite l'avantage qu'il peut en tirer, dans une famille où l'on meurt rarement dans son lit... Un à un, ceux qui faisaient obstacle à son oncle Tibère sont assassinés ou déportés, et ce dernier devient empereur à la mort d'Auguste. Claude traversera son règne, ainsi que celui tout aussi sanglant de son neveu, le psychopathe Caligula, échappant parfois de justesse aux complots et aux empoisonnements. Porté au pouvoir malgré lui en 41, il rédige son autobiographie et raconte les inavouables secrets des Julio-Claudiens, dont la dynastie sera marquée par le sang, la violence, les intrigues et la débauche.
Se présentant comme l'autobiographie romancée du quatrième empereur de Rome, ce livre, difficile à résumer, n'est pas facile d'accès : un texte dense bien que rédigé en Anglais moderne, une introduction malmenant la chronologie, une multitude de personnages (parmi lesquels Germanicus, Agrippine ou Séjan) aux noms parfois identiques, quelques longueurs... Ecrit principalement à la première personne, le roman retrace les règnes successifs d'Auguste, Tibère et Caligula, à travers le regard de Claude. Sexe, meurtres et trahisons sont le lot quotidien de cette famille, qui n'a rien à envier aux Atrides. Peu de dialogues ou d'introspection, mais un récit foisonnant d'anecdotes et où l'humour - cynique et acerbe - n'est pas absent, qui plonge le lecteur dans l'atmosphère étouffante de la cour des Césars.
Il m'a fallu du temps pour rentrer dans ce roman, exigeant car complexe et érudit. Je regrette le choix de l'auteur, qui a opté pour des sources notoirement hostiles à Tibère et Caligula, noircissant le trait jusqu'à la caricature. Mais j'ai préféré y voir un choix romanesque : l'histoire y gagne en tragique et en spectaculaire, offrant des épisodes époustouflants. Ainsi, le règne de Caligula : j'y ai ressenti la tension et la menace permanente qu'il y a à vivre sous la domination d'un fou dangereux ! Malgré quelques longueurs et une généalogie à vous donner la migraine, je considère ce roman comme un chef d'oeuvre. Entre Dallas et les Rois Maudits, voilà une fresque historique magistrale, à découvrir d'urgence.



Fanny LOMBARD

dimanche 25 septembre 2011

La dernière énigme d'Agatha Christie


Dans cet ouvrage, la reine du suspens nous convie à démasquer l’auteur d’un crime datant de plusieurs années. Gwenda, jeune mariée, arrive en Angleterre afin d’acheter une maison pour s’y installer avec son mari. Une villa l’attire irrésistiblement mais dès sa visite, Gwenda ressent de la terreur pendant quelques secondes, en haut d’un escalier. Pourtant, le couple va l’acheter. Et le lecteur, au fil des pages, va découvrir peu à peu le passé de Gwenda grâce à des souvenirs habilement amenés qui vont le conduire jusqu’au drame et à son élucidation dix-neuf ans après, suite à des indices, là encore, habilement distillés. Nous retrouvons dans ce roman Miss Marple, détective fétiche avec Hercule Poirot, des œuvres d’A. Christie.
Miss Marple, adorable grand-mère ne pouvant exister qu’en Angleterre au milieu des tasses en porcelaine, du thé  et des petits gâteaux, personnage plein de charme que l’on aime retrouver et suivre lors de ses pérégrinations. Nous découvrons également, en même temps que Gwenda dont la mémoire avait occulté une partie de son enfance, des amoureux transis, une jeune fille blessée aux prises avec un homme machiavélique à deux visages usant du poison, des maîtres chanteurs occasionnels, un mari meurtri et l’amour, toujours, en fil rouge, sans oublier l’évènement déclencheur. Car c’est grâce à cet évènement, une soirée au théâtre et plus précisément à quelques vers d‘une pièce de Webster,  que l’écheveau des souvenirs va  pouvoir se dérouler et permettre à l’histoire de s’installer.
C’est un livre agréable à lire, on passe un bon moment en sa compagnie mais malheureusement court(que 220 pages). Le personnage de Miss Marple est tellement attachant qu’on en redemande. Livre à déguster assis dans un bon et vieux  fauteuil avec posé sur un guéridon à côté une tasse en porcelaine, du thé, du cake et des scones.


Thérèse VITRANT

vendredi 23 septembre 2011

Mort d'un poète de Michel Del Castillo


En Doumarie, état totalitaire, règne Carol Oussek l’Invincible Maréchal et son épouse Alexandra, la Mère de tous les Peuples. Un jour d’hiver Ali Tasko, «
secrétaire » du célèbre poète Taskine, meurt dans un accident de voiture. Après expertise de la voiture, l’accident devient un meurtre car la direction a été
sabotée.
Alors Alexandra convoque Igor Vedoz, Ministre de la Justice, un des douze membres du Conseil Permanent de la Révolution, et elle le charge de trouver le
coupable mais aussi les raisons de ce meurtre.
J’ai apprécie ce livre bien que je trouve ne pas être un roman policier mais plutôt une œuvre qui évoque différents sujets comme l’homosexualité, la liberté et dénonce le système politique des pays totalitaires.
Bien entendu ce roman fait penser à la Roumanie de Ceausescu dans ses grandes largeurs.
La peur d’un peuple qui vit dans une misère totale, la démesure architecturale de l’Invicible Maréchal et aucun lieu, aucune salle qui ne soit pas sur écoute. Des ministres qui craignent pour leur intégrité physique et celle de leurs familles.
Le thème de l’homosexualité entre Tasko et Taskine occupe une large place. Les passages qui décrivent cette relation sont d’une forte intensité car dans son
vieil âge Taskine n’a plus que ça : son admiration pour le jeune Tasko.
Les personnages sont fort bien décrits. Oussek et sa folie, Alexandra et son côté femme-objet, Vedoz et cette peur bleue de tout mais surtout de ses
collègues ministres. La sinistrose du peuple et sa soumission nous sont carrément palpables au travers des mots utilisés par l’auteur.
Le décor est aussi très bien choisi. L’hiver et la neige ne font qu’alourdir ce climat et au manque de liberté individuelle.
J’ai vraiment été surpris par ce livre qui est une peinture authentique d’un monde qui a existé à l’est de l’Europe.



Edouard RODRIGUEZ

mercredi 21 septembre 2011

La tapisserie de Fionavar Tome II : Le feu vagabond de Guy Gavriel Kay

Le feu vagabond est le deuxième tome de la saga, la tapisserie de Fionavar, écrite par Guy Gavriel Kay. Cette série n'est pas sans faire penser à Tolkien puisqu'il l'a écrite après avoir travaillé sur le Silmarillion en collaboration avec le fils de ce dernier. Dans cette saga, cinq jeunes Torontois, Kimberly, Jennifer, Dave, Kevin et Paul se retrouvent plongés dans un monde parrallèle, Fionavar, où plane une grande menace qui peut dévaster non seulement ce monde mais aussi leur monde à eux. Ces cinq jeunes gens ont tous un rôle à jouer dans les évènements comme ils le découvrent progressivement. Cette saga est une fresque originale dans lequel tous les évènements se relient en une tapisserie réalisée progressivement par le Tisserand à son métier et où l'auteur a su emmêler différentes légendes notamment celle du roi Arthur avec Guenièvre et Lancelot qu'on voit apparaitre dans ce second tome. On retrouve l'influence de Tolkien à travers les différents peuples de Fionavar : les lios alfars, équivalents des elfes, les nains.... Les cinq principaux personnages de l'histoires sont particulièrement attachants, plongés malgré eux dans un monde qui les dépasse et où pourtant ils ont leur place que ce soit en tant que prophétesse pour Kim ou seigneur de l'arbre pour Paul, le deux-fois-né entre autres. Les différents peuples de Fionavar sont bien mis en place et s'intègrent les uns aux autres pour former un monde captivant et quelque peu angoissant du fait de la menace toujours présente. Bien qu'assez sombre comme histoire, l'humour reste présent avec des personnages come Kevin ou encore Diarmuid Dan Aillel, prince héritier qui se fait un devoir de surprendre tout le monde en ne respectant que le moins possible les règles en vigueur. C'est une saga captivante, mêlant magie, bravoure, divinités et légendes qui ravira tous les fans de fantasy.

Elisabeth DOUDAN

lundi 19 septembre 2011

L'étoile du Sud de Jules Verne


Le roman se passe au  Grikaland en Afrique du Sud où Cyprien Méré, ingénieur minier suit des études de chimie organique sur les gisements diamantifères. Ce dernier souhaite épouser Miss Alice Watkins, mais John Watkins, son père, refuse car Méré n'est pas assez riche. Méré se lance alors dans l'exploitation minière, en s'associant avec un brave quaker des États-Unis. L'exploitation minière étant en décalage avec ses études et une perte de temps quant à ses recherches scientifiques, selon sa bien-aimée, Cyprien se lance dans la confection d'un diamant artificiel avec lequel il pourra obtenir la main d'Alice. À la suite d'une expérience hasardeuse, il obtient un énorme diamant noir, surnommé « l'étoile du Sud », mais la pierre disparaît peu de temps après avoir été taillée.
L'étoile du Sud est aussi le symbole de l'hémisphère sud.
Les chercheurs de diamants, tous envieux de la réussite de Cyprien, soupçonnent son domestique noir, un Cafre légèrement cleptomane, pour lequel il s'est pris d'affection et qu'il a éduqué à la mode européenne, d'être l'auteur du vol de l'étoile du Sud.Dans ce roman nous assistons à la traque du Cafre à travers tout le Transvaal, nous suivons Cyprien accompagné dans sa quête par trois rivaux qui veulent tous mettre la main sur le diamant hors de prix afin de pouvoir passer la bague au doigt d’Alice. En réalité, seul Cyprien aime vraiment la jeune femme, alors que ses rivaux n'ambitionnent que de faire un beau mariage, son père étant le plus gros propriétaire de mines diamantifères. Après bien des péripéties, où la nature humaine de chacun se révélera à travers les épreuves, l'auteur du vol sera démasqué et la nature du diamant se révèlera bien différente de celle que l'on croit.
L'Étoile du sud est un roman de Paschal Grousset vendu à Hetzel et remanié, puis signé par Jules Verne paru du 1 er janvier au 15 octobre 1884 sous forme de feuilleton dans le Magasin d'éducation et de récréation de l'éditeur Hetzel.
Voici un roman qui nous fait traverser un bout de l’Afrique, ne pas hésiter à le commencer ! C’est du Jules Verne, ce roman est écrit avec du vocabulaire soutenu. Grâce à ce roman j’ai voyagé dans une partie de l’Afrique.


Sabrina LE BOUCHER

samedi 17 septembre 2011

Trésor de Clive Clusser

Je ne vais pas raconter l'histoire puisqu'en quelques clics n'importe qui peut avoir accès à ce type d'information rédigée de bien meilleur manière que je saurais le faire. Je me contenterai donc de témoigner des impressions qui me sont venues à la lecture de ce que je pourrai davantage qualifier de roman d'action que de « thriller ». Parce que de l'action cet auteur n'en est pas avare. Et je ne parle pas des rebondissements qui n'en finissent plus de bousculer le lecteur d'un côté comme de l'autre, et ce, sans que ce dernier ne se doute le moindrement de la destination du prochain retournement de situation. Clive Cussler connaît toutes les ficelles de son métier de conteur. On ne s'ennuie jamais. Tout bouge, tout change, tout évolue constamment. Et mieux vaut s'accrocher pour suivre les innombrables et haletantes péripéties parce qu'on ne cesse d'aller d'étonnements en coups de théâtre. Certes parfois les hasards sont un peu... disons... « hasardeux »... mais bon... l'action est trépidante à souhait. Je recommande donc fortement la lecture de cette bande dessinée sans image... Mais mieux vaut attacher sa ceinture parce que ça va vite, très vite même... Excellent roman d'action !

Michel Maurice FORTIN

jeudi 15 septembre 2011

La momie du temple interdit de Roger Judenne


Sir Edward a tout pour intriguer Mehmet l'adolescent égyptien. Son arrivée peu discrète à Wâdi-al-Oâret au volant d'une voiture agonisante, remplie d'un fouillis incroyable, a déjà de quoi attirer l'attention. Mais ce qui est le plus étonnant, c'est qu'il semble connaître plein de détails sur le village, alors qu'il n'y avait jamais mis les pieds auparavant. Il est même au courant de l'existence de "trois léopards" gardiens d'une momie, un sujet pourtant complètement  tabou. En fait, c'est pour en percer le secret qu'il a fait le voyage jusqu'ici. Assisté de Mehmet, il part à la recherche du fameux tombeau dont il a trouvé mention dans des textes très anciens. Celui d'un enfant dont tout a été mis en oeuvre pour faire oublier sa courte existence...
L'Egypte ancienne est un thème qui passionne de nombreux jeunes. L'histoire contée ici est imaginaire, mais des informations véridiques (culturelles, historiques, géographiques) sont distillées tout au long du récit par Sir Edward, professeur d'histoire. S'y ajoute une intrigue mystérieuse et à suspense dont Mehmet, qui a l'âge des lecteurs, est au final le véritable héros. Le décalage entre les 2 personnages donne parfois lieu à des situations cocasses. Tout cela constitue un cocktail qui ne peut que plaire. C'est un livre à ne découvrir qu'à partir de 12 ans car la lecture n'en serait pas aisée pour des plus jeunes. Il faut aussi avoir une maturité suffisante pour comprendre pourquoi Mehmet agit comme il le fait à la fin. Chaque chapitre comporte une unique illustration en noir et blanc pleine-page.
Ce récit est vraiment une bonne surprise, tant par son objet que le ton employé. L'auteur est instituteur et il apparaît évident qu'il sait parfaitement captiver son auditoire.



Sophie HERAULT

mardi 13 septembre 2011

Moi, Christophe Rocancourt, orphelin, play-boy et taulard de Christophe Rocancourt


Un « Moi » se revendique d'entrée de jeu, photo à l'appui en couverture. Ainsi Christophe Rocancourt affiche sa personnalité multiple, histoire de nous provoquer dès le titre. Pourtant, il s'en remet à Dieu et envoie ce livre-message à ses enfants. Ce récit autobiographique promet d'être dense et sans surprise devient tortueux au fil des pages. « En une vie, j'en ai vécu dix ». L'orphelin a connu le vide, le play-boy est grimpé au sommet des richesses, le taulard est redescendu de « sa vie de seigneur », dans les bas-fonds d'une prison canadienne. Mais de ce parcours atypique – qui rappelle l'éclair Jean Genet – Christophe n'en regrette rien. Il revendique même ce choix « c'était
cette vie-là ou la mort ».
Né en 1967 à Honfleur (Normandie), il est abandonné cinq ans plus tard, près d'un monument aux morts et bien sûr d'une église. Une prostituée peut-elle trainer un môme et vivre auprès d'un alcoolique éperdument amoureux ? Les années d'orphelinat et les séjours en familles d'accueil commencent, rapidement ponctuées de fugues. Malgré tout le jeune rebelle rencontre F. Nietzsche
et se raccroche à son enseignement philosophique. Il le partage d'ailleurs à maintes reprises avecnous, pour y puiser ses leçons de vie.
L'errance parisienne succède aux institutions. Mais elle dure peu. Car Chri stophe prend conscience de son talent d'acteur. Il se spécialise alors dans le rôle de Don Juan, sur la grande scène de l'aristocratie parisienne, puis dans le strass des mégalopoles américaines. Rapidement, il gagne les hautes sphères et les millions de francs, jusqu'au jour du faux pas et de l'escroquerie de trop. La fosse d'orchestre se métamorphose alors en un décor peu fastueux, celui d'une cellule de prison sur la côte ouest du Canada.
Ce récit fut publié en 2002. Quel rôle Christophe tient-il aujourd'hui ? Sur quelle nouvelle scène du grand théâtre humain ? Mais finalement, ce « Moi » que nous venons de lire a-t-il jamais existé ?
N'avons-nous pas assisté à l'une des meilleures créations mystificatrices d'un Rocancourt factice ?



Florence VALET

dimanche 11 septembre 2011

Pavillon de femmes de Pearl Buck


Prix Nobel de littérature en 1938, Pearl Buck est une romancière américaine spécialisée dans la culture chinoise. Elle a enseignée longtemps en Chine avant de devenir écrivain. Parmi ses ouvrages, Vent d’Est, vent d’Ouest ou encore l’impératrice de Chine sont les plus connus. Avec Pavillon de femmes, j’ai découvert une écriture fine, raffinée et une approche des rapports hommes/femmes d’une étonnante délicatesse. A travers la vie de la riche famille Wu, Pearl Buck nous décrit le quotidien des chinois juste avant la révolution maoïste. Madame Wu, femme cultivée, pratique, mène d’une main de maître sa maison composée d’une soixantaine de personnes. Le jour de son quarantième anniversaire, elle décide de choisir une concubine pour son époux, ne voulant plus avoir la possibilité d’enfanter et de subir la honte qu’une telle chose engendrerait. Toute sa famille est sous le choc, à commencer par son mari qui n’a pas du tout envie d’une deuxième épouse. Mais Madame Wu n’en fait qu’à sa tête et dirige les vies comme elle dirige ses affaires, sans aucune considération humaine. Jusqu’au jour où elle va découvrir par l’intermédiaire d’un prêtre étranger que c’est l’amour qui mène le monde et non la raison.
J’ai beaucoup aimé ce livre. On ressort de cette lecture, plein de bienveillance envers son prochain.


Alexandra BERNEDE

vendredi 9 septembre 2011

Sauve qui peut de Sempé


Avec une plume trempée dans une encre toujours sympathique, Sempé croque joliment les mesquineries ordinaires. De la scène de ménage aux déboires d’un artiste en passant par certains salons bien fréquentés, Sempé se fait le génie du minuscule, le chantre du détail et l’amoureux de l’infiniment précieux.
Les illustrations sans parole ne sont pas les moins efficaces ni les moins drôles. Mais à aucun moment on ne s’esclaffe. C’est tout le talent de Sempé, nous faire rire sans médire, nous amuser sans se moquer. La plume du dessinateur est légère et se refuse à la méchanceté. Elle ne dévoile rien qu’on ne connaisse rien déjà, mais elle illustre les situations qu’on pourrait ne pas voir. Sempé fait s’envoler la morosité et l’inertie. D’une scène banale, il fait un joyeux champ de foire.
Difficile de ne pas apprécier ce recueil d’illustrations. Tout y est frais et bon enfant, même les fins de non-recevoir. « Mais non, Monsieur Martin, on n’a pas changé une ligne de votre pièce ; on en prend une autre… » Si l’illustrateur n’utilise que le noir pour croquer le monde, rien n’est triste ou déprimé sous sa plume.
Sauve qui peut ? Oui, Sempé nous sauve du banal et du routinier. Le ton gentiment féroce de ses saynètes a quelque chose du théâtre de boulevard mais Sempé, ange aimable, est passé par là et nous fait aimer les petits personnages qui s’agitent sur la scène. Madame est une mégère plus ou moins apprivoisée, Monsieur est un pater familias qui laisse à désirer. Mais qu’importe le ridicule des situations, ces petits héros du rien-du-tout nous plaisent et nous parlent car ils sont ceux dont nous endossons les costumes. Nous ne sommes pas gênés aux entournures, le rôle nous va comme un gant : Sempé se fait le metteur en scène d’un théâtre quotidien pour notre plus grand plaisir.


Magali CONEJERO

mercredi 7 septembre 2011

Le siècle d'Auguste de Pierre Grimal


En 44 avant JC, Jules César est assassiné. Par testament, il désigne son neveu, le jeune Octave, comme son successeur. Ayant vaincu le lieutenant du dictateur, Marc-Antoine, et son alliée Cléopâtre, Octave reste seul maître à Rome. Devenu Auguste, titre religieux décerné par le Sénat, il fonde le principat - qui perdurera cinq siècles. Maintenant les apparences de la République, le nouveau régime concentre de fait les pouvoirs entre les mains du Princeps. Au-delà du bouleversement institutionnel, le règne d'Auguste, marqué par une ère de paix relative et de prospérité, s'accompagne de la restauration des traditions religieuses et d'une floraison d'œuvres littéraires et artistiques. Autant d'aspects de ce que l'on nomme "Le siècle d'Auguste", et qu'analyse ici Pierre Grimal.
 En une centaine de pages, cet ouvrage propose une étude de certains aspects du principat. Analysant d'abord les conditions d'accession au pouvoir d'Auguste ayant rendu possibles les réformes, Pierre Grimal s'attache ensuite à la renaissance de la littérature et de l'art. Battant en brèche l'idée d'une propagande orchestrée par Mécène, il tente d'expliquer pourquoi l'époque a permis l'émergence d'auteurs tels que Tite-Live, Virgile, Horace ou Ovide, ou la manière dont l'art s'est développé de concert avec l'embellissement de Rome. Dans un style simple et didactique, jamais rébarbatif ou pontifiant, il s'emploie à mettre ces aspects en relation avec la période de paix, "nouvel âge d'or" vanté par Ovide. Chaque chapitre aborde un thème précis et en donne une vue d'ensemble, dans un langage accessible et factuel.
Pierre Grimal, spécialiste incontesté de la civilisation romaine, a toujours un regard pertinent sur le sujet. Ce livre ne fait pas exception, et j'ai trouvé cette lecture enrichissante. Malheureusement, l'ouvrage a les défauts de ses qualités, et mon sentiment est partagé. Si j'ai apprécié la simplicité des explications -idéale pour une première approche -, j'ai regretté que les chapitres ne soient pas davantage approfondis. J'aurais souhaité en apprendre plus sur la modification des institutions, trouver de courtes biographies des auteurs cités... Néanmoins, l'étude reste  intéressante - suffisamment, en tous cas, pour m'avoir donné envie d'en lire plus, et de redécouvrir les auteurs mentionnés.


Fanny LOMBARD

lundi 5 septembre 2011

Le dernier nabab de Francis Scott Fitzgerald


Monroe Stahr, la quarantaine, est directeur de production d'un important studio d'Hollywood. Ayant perdu sa femme il s’est lancé à corps perdu dans son job.
Lors du tremblement de terre de 1935, alors que les studios sont inondés,il voit deux jeunes femmes secourues. L’une d’elle Kathleen est la copie conforme de sa femme disparue Minna Davis.
Stahr tombe amoureux et fait tout pour retrouver Kathleen. Après l’avoir séduite, il passe une nuit ensemble mais au moment de se séparer elle cherche une enveloppe qui est tombée de son sac à main. Kathleen ne la trouve pas mais Stahr, lui,la trouve. ..
Ce livre est intéressant car il évoque les nombreux métiers du cinéma de l’époque, les relations sociales, et se déroule à une période où le cinéma vient de passer du muet au parlant.
Le roman se passe en Californie et l'histoire nous est contée – pas en totalité- par Cécilia une jeune femme amoureuse de Stahr. Par ailleurs quelques parties du livre sont narrées par différents personnages mais cela ne perturbe en rien sa compréhension ni sa qualité.
Le personnage essentiel est Stahr. Producteur doué et précoce qui démarra à 23 ans. Réunions, visionnage de film, décisions à une vitesse effrénée font son
quotidien et lui permettent de fuir son drame intérieur : la disparition de sa femme. Il est aussi atteint d’une maladie du cœur et sait que sa vie ne va pas tarder à s’arrêter.
Kathleen, cherche à fuir également une partie de son passé. Elle est comme Stahr malheureuse en amour et indécise.
Paradoxalement leur malheur se déroule dans un milieu, celui du cinéma, que l’on imagine riche, plein de luxe et les décors y sont magnifiques.
Fitzgerald nous montre aussi les différentes catégories sociales des métiers du cinéma comme les scénaristes, les producteurs, les actionnaires sans ignorer
les syndicats.L’auteur nous fait sentir également les mutations du monde du cinéma qui transforme radicalement ce milieu vers un monde dans lequel
bientôt ne comptera que la rentabilité.
Ce livre est inachevé, mais les différentes notes laissées par l’auteur nous font envisager ce vers quoi il voulait nous emmener.



Edouard RODRIGUEZ

samedi 3 septembre 2011

Sido de Colette


« Sido » alias Sidonie LANDOY est là mère de Colette et l’ensemble du livre tourne autour d’elle. Colette nous dresse ici  un portrait de cette mère « de la campagne » tendre et attachante, dont elle garde un souvenir emprunt de nostalgie.
« Sido » est composé de trois parties, dans lesquelles Colette relate quelques uns de ses souvenirs d’enfance à Saint-Sauveur-en-Puisaye, gros village de Bourgogne, au sein d’une famille heureuse et unie. Les passages racontés au cours du roman ont été des moments clés et qui forgeront sa personnalité au fil des années.
La première partie est consacrée à « Sido », cette mère présente et aimante, qu’elle décrit presque comme un mythe et à laquelle elle est attachée plus que tout, et dont elle est « comme un joyau tout en or ». La seconde partie intitulée « Le Capitaine » est  dédiée à son père, le Capitaine Colette, second mari de Sido, un père un peu effacé, un peu dépassé mais affectueux à sa manière, dont elle garde un doux souvenir. Enfin, la troisième partie « Les Sauvages » est l’évocation de ses deux frères ainés, dont elle dresse un tendre portrait et où elle évoque également sa demi-sœur, Juliette.
« Sido » est suivi d’une autre partie intitulée « Les Vrilles de la Vignes », qui regroupe sous forme de petites nouvelles d’autres souvenirs de la vie de Colette mais qui ne se résument pas uniquement à son enfance. Il n’y a pas de chronologie, elle nous livre ses passages de sa vie comme ils viennent.
J’ai eu beaucoup de mal à me faire à l’écriture de ce livre, au style « Colette ». Certes la prose est magnifique, on croirait lire un poème, les phrases sont joliment tournées, tout en finesse et délicatesse…mais à la lecture c’est assez dur à lire et j’ai eu du mal à avancer, la lecture n’est pas fluide.
Concernant l’évocation des souvenirs en eux-mêmes, il est vrai que Colette dresse dans « Sido » le souvenir d’une enfance heureuse, en harmonie avec la nature au sein d’une famille à la complicité absolue et cela fait rêver le lecteur. La seconde partie est un peu plus délicate car les souvenirs sont livrés tels quels, sans aucun ordre et c’est un peu déstabilisant pour le lecteur car les anecdotes sont très courtes et il faut vite retrouver le fil de l’histoire grâce à quelques indices, et ce n’est pas évident.


Emeline MICHAUT

jeudi 1 septembre 2011

La corruptrice de Guy Des Cars


De retour de captivité en Allemagne, le jeune docteur Denys Fortier se réinstalle dans la maison familiale. Il reprend  immédiatement le cabinet de médecin de son père laissé vacant depuis 2 ans. Il rencontre un énorme succès auprès de la population locale et embauche alors Marcelle Davois comme infirmière assistante, la collaboratrice de son ancien maître de la Faculté. Celui-ci la lui a vivement recommandée. Elle  est effectivement extraordinaire malgré son air revêche, et devient  vite indispensable et appréciée de tous. Cependant, les apparences sont trompeuses. Loin d’être une simple vieille fille entièrement dévouée à sa tâche et ultra compétente, Marcelle est en fait une terrible manipulatrice prête à tout pour atteindre son unique et ultime but dans la vie. Ce n’est qu’au bout de nombreux mois que Denys, effondré, découvre l’ampleur de la machination et des dégâts en lisant son journal intime…
Tout au long de ce livre, le docteur Fortier revient sur les événements qui se sont déroulés pendant les 2 ans de sa collaboration avec mademoiselle Davois. Il présente, à la première personne du singulier, sa vision du déroulement des faits comme il les avait perçus en toute innocence. Et il intercale dans ce récit la retranscription des pages écrites par l’infirmière dans son journal. Les deux sont en complet décalage, d’où l’intensité dramatique qui se dégage de l’ensemble. Il est en effet extrêmement oppressant de voir comment plusieurs personnes se laissent entrainer aveuglément avec des conséquences dramatiques, tout en lisant en parallèle le décryptage du plan diabolique. Le suspense est omniprésent, et empêche quasiment le lecteur de faire une pause. D’autant plus que l’écriture est fluide et facile à lire.
Pas facile effectivement de lâcher ce roman en cours de route ! L’auteur a vraiment l’art de captiver son lectorat, mais aussi de le faire douter. Car s’il apparait illusoire de penser une seconde que l’infirmière atteigne son but, ses qualités de manipulatrices sont telles que l’on se surprend à imaginer toutes les fins possibles, même la plus improbable.


Sophie HERAULT

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