vendredi 31 décembre 2010

Au bonheur de lire de Collectif

Ce livre nous fait partager le plaisir de lire de certains auteurs connus, comme Daniel Pennac, Proust, Nathalie Sarraute, Rousseau,  ou bien nous propose des passages d’œuvres (Mme Bovary, Balzac et la petite tailleuse chinoise, le liseur, etc) ou le héros témoigne de ces instants de bonheur que procure la lecture. Il regroupe 15 écrivains de siècles et de styles différents.
Ce n’est pas un roman, mais un « patchwork » de passages de romans célèbres.
J’ai adoré ce livre, qui est un recueil de sensations face à la lecture, face à un livre. Je me suis retrouvée dans plusieurs de ces extraits. Bien sûr, chaque auteur à sa façon à lui d’écrire et certains paraissent plus intéressants que d’autres.
Personnellement, j’ai préféré les extraits « biographiques », c'est-à-dire ceux réellement vécus par l’auteur, plutôt que ceux des héros. Cependant, comme il s’agit, tout de même, de grands auteurs, les descriptions des sentiments de ces personnages sont vraiment bien trouvées.
Mes préférés sont les passages de Proust, Sartre et Nathalie Sarraute. J’ai trouvé ce livre, trop court, trop vite lu.
J’invite tous les amateurs de lecture à lire ce livre, où je suis sûre qu’ils se retrouveront.

Hélène SALVETAT

mercredi 29 décembre 2010

Mort à Harvard de Amanda Cross

Un femme professeur de littérature de New-York est appelée au secours par une ancienne amie de faculté, par l'intermédiaire d'une sœur,. Cette ex-copine d'université devenue titulaire d'une chaire de littérature à Harvard donne l'occasion à notre héroïne de mettre ses talents de détective à l'honneur, son mari étant parti en voyage à l'autre bout du monde. Cela lui permettra, également, de retrouver des amitiés anciennes et de revoir des membres de sa famille.
 C'est un livre drôle, court (moins de 200 pages) qui donne à découvrir les particularités de la prestigieuse université de Harvard à la fin des années 1970. On y découvre un monde replié sur soi, vivant de préjugés notamment au sujet de la sexualité et de la place des femmes dans la société. Un refus, donc,  d'une certaine modernité et, en même temps paradoxalement, beaucoup d'intelligence. Ce monde masculinisé apparaît fossilisé car plus attiré par l'univers des idées que par le mouvement de la vie elle-même et qui n'accepte pas de partager son pouvoir avec les femmes. Néanmoins  tel qu'il est décrit, on aurait aimé connaître, univers désuet et qui apparemment voulait le rester. Mais c'était sans compter sur l'émancipation féminine. On devine déjà à la lecture de ce livre (parution dans le début des années 1980)  les futurs problèmes engendrés par la nécessaire parité homme-femme.


Thérèse VITRANT

lundi 27 décembre 2010

Swan de Frances Mayes

Swan, petite ville de Georgie, bien tranquille sous sa chaleur torride. Un beau matin de juillet 1975, en allant au cimetière, Lily découvre le cadavre exhumé de sa belle sœur Catherine Mason décédée dix-neuf ans auparavant. L’incompréhension et l’horreur du geste amènent les habitants et les enfants de Catherine à se poser des questions sur cette mort considérée comme un suicide à l’époque des faits. Or aujourd’hui il apparaît évident qu’elle a été assassinée. Au bout de tant d’années, trouver le coupable semble mission impossible.
Comment dire…je ne voudrais pas décourager les lecteurs potentiels de ce roman, mais je dois avouer que cette lecture m’a parue interminable ! Pourtant l’histoire à l’air accrocheuse, il semble y avoir du suspens mais en fait l’énigme est une toile de fond, un prétexte pour pouvoir nous décrire les sentiments des différents protagonistes, d’une manière que j’ai trouvée plutôt confuse et compliquée et qui n’atteint donc pas le but recherché... En effet on n’arrive pas à s’intéresser et d’autant moins à s’identifier aux personnages Ce qu’ils vivent, ce qu’ils ressentent, ne nous touchent pas. On reste spectateur et l’on s’ennuie… Je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire d’une part parce que l’écriture manque de simplicité et demande beaucoup de concentration (on se demande souvent qui parle et le rapport avec ce qui précède ou suit) et d’autre part parce que de nombreuses références à des chansons ou textes du Sud nous ramènent à des notes en fin de page ce qui casse le rythme de la narration déjà pas très soutenu... De plus la résolution de l’énigme et la pertinence du point de départ de l’histoire ne m’ont  pas vraiment convaincue. Peut-être que tout simplement vu le quatrième de couverture, je ne m’attendais pas à cela mais je suis terriblement déçue de cette lecture…    

Nicole VOUGNY

samedi 25 décembre 2010

Une poignée d'argile de Marie-Sabine Roger

La fille de Jean-Paul nous raconte comment son père a disparu.
Une longue partie de ce roman est basé sur les réactions, les attitudes, les comportements de la narratrice et de sa mère qui ont du mal à vivre cela. Mais ce n’est pas une disparition comme on peut le penser et c’est donc beaucoup plus dur à supporter.Nous vivons avec la fille du salaud son enfance, plus ou moins délabrée et cette phrase est significative : « Mais il est vrai qu’il
reste peu, au fond du crible, une fois la vie tamisée »
Nous vivons aussi son entrée au collège, et puis sa découverte d’un lieu où elle pourra s’épanouir pour oublier le mutisme quotidien de sa mère. Un lieu où l’art s’installe dans ses mains fragiles, d’abord le dessin puis la sculpture grâce au fleuriste qui travaille en dessous de chez elle. Et c’est là que s’exprime toute la beauté de ce roman, comme une fleur qui éclot après la pluie.
Et c’est tout le style de Marie-Sabine ROGER, qui s’intéresse souvent aux gens cassés par la vie, des gens qui en apparence, on l’air de bien vivre mais qui, au fond, ne dise rien de leur mal qui les ronge jour après jour. Dans ce roman, ce sont les phrases courtes qui règnent, des phrases qui rythment le
récit d’une force inégalée. On retrouve les mots imagés et les mots qui se croisent bien que contraires dans leur sens mais qui le trouvent ensemble dans l’écriture de l’auteur de La Tête en friche (adapté en film).
Je vous invite donc, à découvrir et à ressentir cette poignée d’argile qui ouvre la porte d’une vie meilleure...


Benjamin LAMOTTE

jeudi 23 décembre 2010

Le petit Nicolas de Sempé et René Goscinny

Voici un livre qui est une véritable récréation. Le petit Nicolas nous raconte des moments de sa vie avec ses copains, et ce n’est pas triste ! Autour de Nicolas gravite une foule de personnages. Les adultes évidemment en prennent pour leur grade et on les félicite d’être si patients. Il y a également tous ses copains de classes, on retrouve tous les clichés : le premier de la classe un brin susceptible et plutôt pleurnicheur, le dernier de la classe, le bagarreur, le copain enveloppé qui n’arrête pas de manger…Le récit est donc fait par Nicolas et de ce fait offre au lecteur un ton naïf et caustique.   Avant de lire ce livre on ne s’imagine pas tout ce que Nicolas et ses copains peuvent inventer et c’est un vrai régal de le découvrir. L’écriture de ce roman est proche du langage oral,  ce qui permet d’une part de vraiment se relaxer et ajoute au comique des situations. Chaque chapitre est autonome, tout en conservant les mêmes personnages ce qui laisse un esprit de liberté avec des illustrations en double page pour chacun et presque un petit dessin sur chaque page. Et oui même nous les adultes ça nous ravit ! Ce nombre d’illustrations permet aux enfants lecteurs de comprendre une situation, de l’imaginer et surtout permet de commencer l’analyse d’une image fixe. C’est un livre que je proposerai à ma fille et je sais d’avance qu’il lui plaira, c’est rigolo et fluide !
J’ai vraiment pris plaisir à redécouvrir cet univers d’enfants qui rappelle des souvenirs, et oui certains adultes avec une vie remplie de travail, d’obligations, de stress perdent leur « âme d’enfants » ce livre devrait aider à y remédier !

Sabrina LE BOUCHER

mardi 21 décembre 2010

Vingt mille lieux sous les mers de Jules Verne

En cette année 1866, plusieurs navires ayant signalé la présence, en divers points du globe, d'un monstre marin menaçant, une frégate est envoyée afin de le traquer et de le tuer. Y embarquent le professeur Aronnax, du Museum de Paris, et son fidèle domestique Conseil. Après des mois de chasse infructeuse, le bateau est finalement confronté à la créature. Mais celle-ci prend l'avantage et Aronnax et Conseil sont projetés à l'eau, ainsi que Ned Land, un harponneur canadien. Trouvant refuge sur le dos du monstre, ils constatent qu'il s'agit en réalité d'un immense sous-marin, le Nautilus. Recueillis à bord par le Capitaine Nemo, concepteur et commandant de l'engin, il s'avère vite qu'ils sont davantage des prisonniers que des hôtes... Mais, en compagnie de cet homme mystérieux, sombre et renfermé, et de son équipage, ils vont vivre une aventure extraordinaire, parcourant les fonds marins au rythme d'aventures aussi merveilleuses que périlleuses.
Présenté comme le journal d'Aronnax, et donc rédigé à la première personne, ce roman est sans doute le plus célèbre de Jules Verne. Mêlant récit, descriptions et dialogues, l'écriture est agréable et vive, alliée à un style fluide. Seuls quelques passages de descriptions des diverses espèces sous-marines peuvent a priori paraître rébarbatifs, mais ils font partie du charme du roman, ne serait-ce que par leur musicalité et, partant, leur poésie. Et puis il y a l'action, palpitante, et les personnages, tous incroyablement bien campés : tout un ensemble qui rend ce livre impossible à lâcher.
Au-delà du plaisir de redécouvrir un classique, cette lecture a été un enchantement. L'écriture, tout d'abord, est incroyablement vivante - au point que je me sentais véritablement oppressée lors de certains chapitres, manquant d'air avec l'équipage du Nautilus, ou m'émerveillant avec Aronnax de la beauté des paysages sous-marins. Et il y a les personnages, aucun ne m'ayant laissé insensible : si j'aurais volontiers fichu une baffe à cette grande gueule de Ned Land, j'ai surtout été fascinée par Nemo. Cet homme mystérieux, hostile à l'humanité et hanté par une noirceur dont rien n'est dévoilé, est à mon sens l'une des figures les plus intrigantes de la littérature. Il justifierait à lui seul la lecture de ce roman. Mais il y a bien d'autres raisons de se plonger, sans mauvais jeu de mots, dans ce véritable chef d'oeuvre !


Fanny LOMBARD

dimanche 19 décembre 2010

Six chevaux bleus de Yvonne Escoula

Martha, la tante des jumeaux Yves et Jean-Pierre, est antiquaire et transmet sa passion pour les antiquités chinoises à ses neveux. Leur mère n’apprécie pas cette tante, qu’elle trouve trop originale, ni les « vieilleries » qu’elle vend, contrairement aux enfants, âgés de dix ans qui s’y intéressent.
Un jour, on découvre, dans la vitrine du magasin, un cheval de porcelaine bleue, brisé. Yves est accusé, mais répond que ce n’est pas lui et de nombreuses questions se posent alors. Qui donc a fait cela et pour quelles raisons ? Est-ce une maladresse de quelqu’un mais de qui ? Ou bien est ce volontaire et pourquoi ? Les enfants, alors, mènent l’enquête qui les amènera à un dénouement inattendu et plus important qu’ils ne pensent.
Suspens, humour, émaillent cette histoire pleine de rebondissements, et d’action. On ressent une atmosphère particulière, de mystère et de fraîcheur. L’auteur décrit bien les sentiments des personnages, notamment des enfants, ce qui rend le texte bien vivant. Le dialogue et les descriptions étant bien répartis, le récit est équilibré et agréable à lire. Certaines phrases sont un peu longues, mais s’adressant à des plus de dix ans, elles restent compréhensibles. On y trouve de grands dessins à la plume, en noir et blanc, représentant les personnages de cette histoire.
Je pense que ce livre est bien adapté à des enfants et même à des adultes, pourquoi pas… C’est un livre original que j’ai beaucoup aimé. En 1968, un feuilleton télévisé avait été tiré de ce livre. 

Hélène SALVETAT

vendredi 17 décembre 2010

Mais t'as-tout-pour-être-heureuse de Nicole De Buron

Notre héroine est sujette à une dépression. Elle est vraiment au fond du trou; elle se trouve grosse, vieille, abandonnée, pense que son mari la trompe, que ses enfants ne la comprennent pas et tentent régulièrement de la brouiller avec ses copines ou famille.Mot que bien sûr personne ne veut entendre dans son entourage. La dépression ca n'existe pas, les psy sont des médecins pour les fous et les médicaments des horreurs qui vont vous détruire.
Un sujet traité avec beaucoup d'humour et une approche très réaliste. L'écriture est vive, drôle. Et ce qui me plait le plus après coup, c'est que n'importe qui pourrait raconter sa vie de cette façon; l'idée m'a même effleuré d'ouvrir une rubrique, je-vous-raconte-ma-vie-à-la-façon-de-nicole-de-buron.
Et je me suis beaucoup fait rire.Bref passons cette digression.
Cette lecture réjouissante permet de se rendre compte que nous sommes tous pareils, soumis aux mêmes pressions de devoir mener de front, carrière, enfant, de lutter contre les dictats de la minceur et de la mode aussi. Une approche intuitive du sujet, un vocabulaire à la portée de tous, un livre fait pour sourire sous la forme d'un récit humoristique et qui s'approche un peu de l'autobiographie car l'auteur s'inspire de sa vie et de celle de sa famille pour ces romans.
Un bon moment de lecture qui fait sourire.

Cécile MAURELLET

mercredi 15 décembre 2010

Champollion l'Egyptien de Christian Jacq

Cela fait 7 ans que Jean-François Champollion a déchiffré ses tous premiers hiéroglyphes sur la Pierre de Rosette. Ce n’est pourtant qu’en cette année 1828 qu’il peut  enfin se rendre en Egypte, le pays qui occupe toutes ses pensées. Après de nombreux ennuis administratifs, il a en effet réussi à monter une mission scientifique franco-italienne lui permettant d’aller vérifier sur place ses théories. Mais avant de partir, il se voit imposer la présence de Lady Redgrave, nièce de Thomas Young, son plus fervent détracteur. Une contrariété n’arrivant jamais seule, la venue de messieurs Rosselini et Raddi, les savants de Toscane qui doivent l’accompagner, est un temps compromise par un cordon sanitaire instauré à cause de la peste. Ces tracas ne sont en fait que les premiers d’une longue série qui émailleront l’aventure égyptienne de Champollion, pendant les 17 mois qui durera l’expédition…
L’auteur de ce livre est lui-même égyptologue, il a d’ailleurs écrit de nombreux romans sur le sujet. Dans celui-ci, il imagine comme point de départ Champollion, sur son lit de mort en 1832, racontant l’épisode le plus marquant de sa vie  à sa fille Zoraïde âgée de 8 ans. Il est donc écrit à la première personne du singulier. Comme dans n’importe quel récit d’aventure, le lecteur suit pas à pas la progression de l’expédition. Et rien n’est aisé car les obstacles de tous styles se succèdent ! Bien évidement, l’auteur n’était pas présent aux côtés de Champollion lorsque les événements ont eu lieu, ni n’a pu le rencontrer pour recueillir son témoignage à postériori. Le récit ne peut donc être complètement  en accord avec la réalité historique stricte. Il reprend cependant des phrases qui ont été réellement écrites ou prononcées. Et l’auteur revendique une grande fidélité à la personnalité de l’homme qu’était Champollion.
Comme sans doute beaucoup de monde, je ne connaissais de Champollion que sa casquette de déchiffreur des hiéroglyphes égyptiens. J’ignorais tout du personnage et de sa vie. Le suivre ainsi pendant ce périple d’1 an ½, en partageant ses émotions, rend le personnage très attachant. Le récit est plein de rebondissements, et m’a tenu en haleine du début jusqu’à la fin. 

Sophie HERAULT

lundi 13 décembre 2010

Les fileurs d'ange de John M. Ford

La Toile, un réseau gigantesque, est au centre de notre future société galactique. Au point que les hommes sont répartis suivant l'utilisation qu'ils sont capables d'en faire : les illettrés n'ont pas le droit de voyager dans l'Espace ; les "Premier Degré" utilisent la Toile pour communiquer de manière instantanée ; les "Deuxième Degré" sont capables d'accéder aux données stockées et d'utiliser les programmes existants ; les "Troisième Degré" peuvent écrire des programmes. Il existe cependant une dernière catégorie, qui n'a aucune existence officielle : Les "Quatrième Degré" Filent la Toile selon des techniques subversives que seuls les initiés savent possibles, au mépris des règles. Au mépris également des risques, car ils sont implacablement traqués - et exécutés - par les chevaliers noirs et les Chiens Fantômes qui gardent la Toile.

Nous suivons dans ce roman l'apprentissage d'un jeune Fileur de génie, Grailer Diomède. Premiers piratages balbutiants, prise en main par le maître Fileur Aristide, peine inconsolable à la mort de son aimée détruite par la Meute de Chiens Fantômes virtuels qui hantent la Toile. Et toujours, la recherche du Graal : la maîtrise parfaite de l'information et donc le pouvoir. Cette quête du Graal est d'ailleurs mise en évidence par les différentes identités d'emprunt du héros : Grailer ("Grail" signifie "Graal" en anglais), Galahad, Knight ("chevalier"), Perceval...

Bien avant l'Internet tel qu'on le connaît aujourd'hui, John Milo Ford avait déjà imaginé un réseau connectant de manière instantanée l'ensemble de l'univers connu, avec ses utilisateurs : simples chatteurs, surfeurs, codeurs et enfin hackers ! Sans compter le cyberspace dans lequel s'immerge les Fileurs, s'apparentant pour eux à une drogue... On a parfois du mal à s'y retrouver et à appréhender certains concepts qui ont mal vieilli, mais dans l'ensemble c'est plutôt bien pensé.
Le style est assez simple, mais efficace. Les phrases sont courtes, essentiellement descriptives, avec beaucoup de dialogues pour aérer le texte. Il y a également beaucoup d'ellipses, charge au lecteur de recoller les morceaux en imaginant les épisodes ou réflexions qui ne sont pas explicitement décrits (pas toujours évident, on a parfois envie de relire un passage lu précédemment pour mieux le saisir). L'auteur nous fait profiter de sa culture étendue, introduisant au passage de nombreuses références théâtrales, poétiques, musicales, cinématographiques et bien évidemment littéraires ; si le lecteur averti appréciera ces clins d'oeil, le lecteur qui l'est moins n'y verra cependant aucun frein à sa lecture.
Au final, nous avons un roman plus complexe qu'il n'y parait, qui mêle action et réflexion en suivant les aventures d'un héros attachant entouré de personnages secondaires également intéressants : A découvrir !

Marie-Soleil WIENIN

samedi 11 décembre 2010

Les vivants et les morts de Gérard Mordillat

A Raussel, petite ville de l’est de la France, « la Kob », une usine de fibre plastique, fait vivre toute la population. Aussi le jour où l’on annonce un plan social avec une centaine de licenciements à la clef, c’est la consternation et l’inquiétude…Dallas fait partie des licenciés, son mari Rudi reste. Cependant pour ce jeune couple et nombre de leurs collègues, la situation est tendue mais on se serre les coudes pour éviter la fermeture. Malheureusement, ils ne sont pas maîtres du jeu et il semble bien que les choses soient décidées depuis longtemps, au nom de l’implacable réalité des chiffres …
Il n’est pas courant de nos jours d’avoir l’occasion de lire un roman sur le monde ouvrier. Même si le thème et la façon de voir les choses nous font beaucoup penser à Zola, nous sommes bien dans un roman contemporain, écrit de façon moderne avec un rythme de narration soutenu, des chapitres courts, de nombreux dialogues. Et le résultat est superbe ! Quel souffle, quelle justesse dans le ton ! A travers le quotidien de nombreux personnages, qu’ils soient du monde ouvriers, des patrons, des syndicats, des élus locaux ou représentants du gouvernement, nous sommes confrontés à un drame au combien d’actualité : la fermeture d’une entreprise qui fait vivre toute une région, avec tout ce qui va avec : mobilisations, pétitions, négociations, manifestations mais aussi les conséquences sur les vies privées de ces hommes et ces femmes. L’auteur arrive à nous faire ressentir d’une façon très intense les sentiments de tous : l’espoir, la tendresse, la haine, le désarroi, le refus de voir les choses en face, la colère. La manière dont est mené le récit avec la montée en puissance de la peur, du désespoir et de la violence nous amène à une chute que l’on sent inévitable.  « Les vivants et les morts » n’est pas seulement une chronique sociale et une fresque populaire. C’est aussi des histoires d’amour, des secrets, des aventures humaines admirablement bien racontées. Grâce à une écriture facile à lire mais loin d’être simpliste, nous avons donc un magnifique ouvrage plein d’émotion que l’on a du mal à lâcher et que l’on devrait tous lire un jour ou l’autre…


Nicole VOUGNY

jeudi 9 décembre 2010

Ermites dans la taïga de Vassili Peskov

En 1978, un groupe de quatre géologues découvre une isba au cœur de la Sibérie à quelques 250 kilomètres de la localité la plus proche. Nos géologues vont faire la connaissance des Lykov qui habitent donc isolés de tous et de tout en pleine taïga. La famille est composée du patriarche Karp, de Savvine, Natalia, Dmitri et d’Agafia la cadette.
En 1982, notre journaliste-écrivain va avec Nikolaï -qui lui a fait part de l’existence des Lykov – en Sibérie à la rencontre des Lykov. Mais entre- temps Savvine, Natalia et Dmitri sont décédés.
Les survivants que sont le patriarche et la cadette continuent cette vie d’ermite que nous raconte Vassili qui va les voir une fois à l’année.

J’ai fortement apprécié de livre est qui est un authentique voyage dans le temps et par conséquent dans l’histoire de la Russie d’avant-hier, d’hier et d’aujourd’hui.
La méthode de vie des Lykov remonte au schisme de…1653 et depuis la vie n’a cessé de pousser les « fuyards » dans les fourrés les plus impénétrables à tel point que les Lykov mesure le temps à la façon d’avant Pierre le Grand !
Surprenant également le fait qu’au fond de la Sibérie les Lykov ont remarqué que « les étoiles ont commencé à marcher dans le ciel » autrement dit,  ils ont vu à leur façon que le monde occidental lançait des satellites.
Cet histoire qui m’a pris aux tripes est pleine d’anecdotes entre le vieux et le nouveau monde qui nous pousse à la réflexion sur l’évolution de l’humanité.

Forte intéressante également la vision d’Agafia lors de son voyage dans sa famille dans un monde plus civilisé que le sien.

J’ai aimé la façon qu’a l’auteur de nous montrer d’une manière quasi authentique les dangers, la dureté de la vie en pleine Sibérie, hiver comme été, quand on est totalement démuni et la difficulté pour faire accepter à des ermites des objets que la religion réprouve.
Par ailleurs les descriptions des paysages et de la faune sibérienne y sont exquises.

Un livre ou plutôt une odyssée totalement surprenante.

Edouard RODRIGUEZ

mardi 7 décembre 2010

Ladyhawke de Joan D. Vinge

Dans les alentours d'Aquila errent deux amants maudits, Charles de Novarre et Isabeau d'Andret. Parce que la belle lui a préféré son capitaine de la garde, l'évêque d'Aquila a invoqué l'enfer et jeté un sort terrible : Novarre se transforme la nuit en loup, tandis qu'Isabeau est faucon pendant le jour. Deux animaux, oublieux de leur demi-vie humaine mais inéluctablement liés à leur amour perdu. Deux humains, condamnés à ne jamais être réunis tant qu'existeront le jour et la nuit, avides de vengeance...
Joan D. Vinge s'est attaquée ici au périlleux exercice de la novellisation - à partir du film éponyme réalisé par Richard Donner - et s'en tire plutôt honorablement. Ceux qui ont vu le film n'auront guère de surprise, car le scénario est fidèlement suivi, mais ils retrouveront avec plaisir les réjouissants personnages : L'impressionnant Novarre et la douce Isabeau bien sûr, mais également frère Imperius, dont la bêtise a attiré sur les amants le courroux de l'évêque et qui est bien décidé à se racheter, et surtout Philippe Gaston, dit la Souris, voleur, menteur, poltron, mais finalement camarade loyal et enjoué. C'est à travers ce jeune personnage ordinaire que l'on suit cette aventure. Car effectivement, aventure il y a : Poursuites et combats ne manquent pas, on n'a guère le temps de s'ennuyer !
Le style de Joan D. Vinge se prête magnifiquement à cette histoire : Simple et direct, toujours très visuel, il sait se faire épique lors des combats ou poétique aux petits matins. Sans oublier les touches d'humour qui relèvent les nombreuses facéties de Philippe et allègent l'atmosphère, laissant le lecteur le sourire aux lèvres. On se laisse facilement envoûter par cette histoire touchante et prenante, qui nous emporte au fil des pages sur les traces des deux amants malheureux.

Marie-Soleil WIENIN

dimanche 5 décembre 2010

L'homme de la Jamaïque de Robert GAILLARD

L’homme de la Jamaïque, c’est Jacques Mervel. Un homme dont la raison de vivre est l’aventure, un homme qu’en d’autres temps on aurait qualifié de corsaire ou de flibustier…
C’est dans un palace de Kingstom, à la Jamaïque, que nous le rencontrons en compagnie de deux de ses acolytes. Pour le bien d’une des affaires plus ou moins licites dont il s’occupe, il entreprend de séduire une jeune fille, infirmière d’une femme d’affaires acariâtre. Mais il semblerait que ce ne soit pas si facile. De plus, la chance insolente dont il a bénéficié jusque là dans ses entreprises semble se faire plus discrète. Serait-ce le moment de se ranger ?
Il ne faut pas s’arrêter au coté un peu léger de l’histoire telle que je l’ai résumée. Il est vrai qu’au départ on a l’impression d’être tombé sur un roman dans lequel le héros est trop beau, trop fort, trop intelligent et gagne toujours. Mais il y a bien plus dans ce livre que des aventures pimentées par une histoire d’amour. L’auteur nous propose en effet  des personnages plus complexes qu’il n’y parait au premier abord, ainsi que des réflexions sur la vie que l’on mène (ou que l’on aurait pu mener) selon les circonstances et les choix que l’on a fait. Les décors et atmosphères sont très bien restitués : on ressent la chaleur moite des tropiques ou le brouillard sur les bords de Seine à Paris en hiver… Oui vraiment, ce roman est intéressant par son écriture, son action mais aussi les sentiments qu’il nous procure. Par contre si l’on veut savoir ce que devient Jacques Mervel, il faudra lire les épisodes suivants ! Ce qui en soit n’est pas un problème mais plutôt un bon moment de lecture en perspective…


Nicole VOUGNY

vendredi 3 décembre 2010

Regain de Jean Giono

Aubignane, « collé contre le tranchant du plateau comme un petit nid de guêpe », est un village de l’arrière pays provençal qui se vide peu à peu de ses habitants : ils ne sont plus que trois à se partager les maisons abandonnées. Un matin, le père Gaubert, vieillissant, décide de partir. Puis au début du printemps, c’est au tour de la Mamèche, qui demeure au village depuis 40 ans, de disparaître. Panturle, un homme encore jeune qui n’a pas de femme, est le dernier habitant. Un jour, au retour d’une chasse au renard, il aperçoit une jeune femme qui éveille son désir. Il la suit à travers bois : s’agit-il de la femme que la Mamèche avait promis, avant sa disparition, de lui ramener ?
J’ai lu ce court roman avec beaucoup de plaisir, goûtant chaque mot, chaque phrase, tournant les pages avec bonheur. L’écriture de Giono est sublime, toute en poésie, en raffinement et en simplicité. Les métaphores notamment sont superbes, particulièrement bien choisies et travaillées. Giono adopte des images concrètes, liées au monde de la nature, végétale ou animale. « L’été, le soleil qui boit comme un âne sèche son bassin en trois coups de museau » : Giono n’hésite pas à comparer une saison à un animal ou des astres au monde végétal : « La nuit entasse ses étoiles comme du grain ».
L’auteur livre à son lecteur une apologie de la nature mais aussi de l’homme, à travers ses productions, tels les outils. Un des premiers outils sur lequel s’attarde Giono, c’est l’enclume du père Gaubert : « l’enclume est toute luisante, toute vivante, claire, prête à chanter ». Gaubert est véritablement la mémoire artisanale d’Aubignane. Avec son départ, c’est tout un trésor de gestes qui disparaît.
Giono célèbre le monde paysan, celui qui s’adapte aux conditions climatiques, qui fait sans cesse preuve de créativité, qui lutte pour survivre. Dans ce monde laborieux, un éclair d’espérance peut toujours briller : ici, c’est la femme qui apporte le regain, la flamme de fécondité, celle de la terre, mais aussi celle de l’enfant.
J’ai apprécié dans cette édition la préface qui nous permet d’entrer dans ce livre avec un regard éclairé et le dossier conclusif qui apporte des repères biographiques sur Giono et des jalons pour mieux comprendre l’œuvre. Au cours du roman, des notes de bas de page permettent d’éclaircir certains termes de patois.
« Regain » est un roman court, dont on savoure avec délectation les superbes métaphores. Un grand classique à (re)découvrir.

Christelle GATE

mercredi 1 décembre 2010

Une fantaisie du docteur Ox de Jules Verne

Quiquendone est une bourgade inhabituelle des Flandres occidentales (la Belgique actuelle), d’ailleurs elle n’existe sur aucune carte. En effet depuis des centaines d’années elle est habitée par des personnes et des animaux très calmes, très paisible, trop peut-être pour que ce soit normal. Van Tricasse, le Bourgmestre dirige cette ville sans jamais prendre de décision, d’ailleurs pour lui « l’homme qui meurt sans s’être jamais décidé à rien pendant sa vie est bien près d’avoir atteint la perfection ». Ce petit village où les gens prennent leur temps (il faut compter au moins une décennie avant de se marier), où l’agent de police doit faire rêver nos policiers d’aujourd’hui puisqu’il est au chômage technique, et oui personne ne commet de délit, personne ne se bagarre ni même ne se dispute, la famille Van Tricasse suit un invariable schéma familial, voit arriver un nouvel habitant : le docteur Ox.
Le docteur Ox se propose d’offrir au village un système de lumière au gaz oxyhidrique, à l’aide de son assistant Ygène. Ils se servent des conduits déjà existants afin de mettre sur pied une expérience « pour le bien de la population ». Le mouvement, les paroles, l’excitation, les humeurs, les points de vue politiques prennent place, à tel point que le spectacle d’une durée habituelle de 6 heures sera expédiée en 18 minutes et une querelle vieille de plusieurs centaines d’années refera surface et préparera les habitants à la guerre inévitable !
Que se passe-t-il donc dans ce village ?
Cette nouvelle est très divertissante, elle se lit rapidement, on retrouve inévitablement le langage soutenu de Jules Verne. Elle est pleine d’humour sur fond d’oxygène dirigée par Ox (le docteur) et Ygène (l’assistant) dans un pays symbole de placidité (la Belgique). Outre l’histoire d’un savant fou, j’ai apprécié la description d’un ordre établi qui se trouve être perverti par un seul homme qui s’extasie de l’excitation de la population (les hommes, les animaux mais aussi la végétation). Cet homme extraordinaire qu’était Jules Verne pense à tout !! Je suppose qu’il n’oublie pas  son but non plus : nous montrer  que l’usage détourné de la science est à surveiller, et ne pas se laisser porter par le progrès sans prendre garde aux effets néfastes éventuels.
 

Sabrina LE BOUCHER

lundi 29 novembre 2010

Chemins de fer de Benoît Duteurtre

« C’était mieux avant », doux leitmotiv, cher à l’auteur, donne le ton de ce court roman.
Florence mène une vie trépidante dans l’événementiel à Paris et se ressource chaque week-end dans les Vosges en coupant du bois pour l’hiver et en observant, à travers sa fenêtre, le temps qui passe.
Pour lier ces deux lieux de vie, elle utilise le chemin de fer qui n’offre plus guère le service public d’origine et affiche ainsi une vraie nostalgie pour les trains d’antan. Parallèlement, elle met en avant également les absurdités de modernisation de la SNCF qui finit par oublier le passager et ne résonne plus qu’en gain de temps, de compétitivité et d’argent.
Et puis un jour, voilà que son univers de repos et de sérénité se trouve compromis par l’installation d’un lampadaire puis d’un ensemble de poubelles de tri sélectif et la construction prochaine d’un rond-point et d’un itinéraire bis près de sa maison des Vosges.
Le modernisme vient brutalement déstabiliser une routine bienfaisante et mettre à jour ses contradictions. Ce qui lui est nécessaire à Paris ne peut s’implanter à la campagne. S’échangent alors de vives conversations avec les habitants du village qui eux, voient en ces changements, un nouveau confort de vie, un progrès, essentiels à la survie de leur région.
C’est l’occasion pour l’auteur, malgré quelques lieux communs, de dresser une critique sociale de la société moderne, légèrement caustique, un brin nostalgique et plutôt amusante. Même si la fin semble un peu précipitée, l’ensemble reste agréable à lire, bien écrit.  Un bon moment de lecture, plutôt léger qui suscite néanmoins une réflexion sur la vie qu’on mène et l’intérêt du progrès à tout prix.


Cécile PELLERIN

samedi 27 novembre 2010

De bons présages de Terry Pratchett et Neil Gaiman

De bons présages est un roman de fantasy écrit par deux grands romanciers de ce genre, Terry Pratchett et Neil Gaiman. Il s'agit de l'histoire d'un ange Aziraphale et d'un démon Rampa qui, après  avoir vécu plusieurs siècles sur terre, sont chargés de veiller sur l'Antéchrist afin de pouvoir, le jour venu, déclencher l'apocalypse. Mais lorsque ce jour arrive et que les quatre Cavaliers de l'Apocalypse -Guerre, Famine, Pollution (Pestilence ayant pris sa retraite en 1936 après la découverte de la pénicilline) et la Mort viennent, nos deux acolytes ne sont pas très désireux de voir le monde arriver à sa fin, ayant appris à apprécier la vie sur terre. Ils vont donc se lancer à la recherche de l'Antéchrist pour empêcher que cela ne se produise.
C'est un roman assez particulier, les deux auteurs ont un humour bien à eux qu'il faut réussir à suivre pour pleinement apprécier le roman. Malheureusement ils m'ont parfois égarée comme  au moment de la naissance de l'Antéchrist : à force de donner diverses interprétations d'une même situation, je n'ai rien compris sinon qu'il y avait quelque chose à comprendre qui m'avait échappé, ce qui m'a été confirmé un peu plus loin quand il y a été  fait référence. Les personnages sont burlesques et attachants. Il faut néanmoins noter que l'abondance de personnages, même attachants, tend à ralentir la lecture et crée des longueurs dont l'histoire aurait surement pu se passer à mon sens. J'ai beaucoup apprécié les notes de bas de pages qui décrivent de façon mordante certains travers de nos sociétés modernes, même si du coup ca nous coupe dans notre élan. C'est au final une lecture en demi teinte, ni bonne ni mauvaise, peut être due au mélange de deux bons styles d'écrivains qui donne un genre hybride un peu bancal qui tombe souvent dans la démesure.

Elisabeth DOUDAN

jeudi 25 novembre 2010

Les anecdotes de l'Histoire de France de Pierre Ripert

Nous connaissons l'Histoire de France au travers de dates et de faits marquants, ainsi qu'elle nous a été enseignée. Mais au-delà des sacres, batailles et traités, il y a toutes ces petites histoires qui ont fait la grande et qui, toutes anecdotiques qu'elles soient, en font partie intégrante. Des oies du capitole au décès du président Faure, en passant par Frénégonde, la Tour de Nesle, les favorites, Jeanne Hachette, la Galigaï, l'affaire des poisons ou celle du Collier, le sac de Saint-Denis ou encore les bons mots de Napoléon, ce sont ici plus de deux siècles d'Histoire de France qui sont illustrés par des récits insolites et souvent amusants, qui permettent d'appréhender différemment notre passé.
Divisé en 9 chapitres reprenant les grandes époques de l'Histoire de France suivant les dynasties ou régimes qui se sont succédés, ce livre retrace à chaque fois en introduction l'essentiel à retenir sur la période en question, en résumant les évènements marquants de façon détaillée mais dans un style clair et agréable, sans exposé pontifiant ou litanie de dates. Viennent ensuite de courts articles, allant de quelques lignes à une ou deux pages, relatant les anecdotes à proprement parler. Ce sont de véritables récits, des histoires courtes, des citations, ou de petites biographies des principaux acteurs. Tous ont en commun un ton vivant, souvent drôle, toujours érudit, et abordent quantité de sujets, offrant un regard neuf et dépoussiérant l'Histoire.
Je suis généralement friande de ce genre d'ouvrages -sans doute mon côté cancanier ! Evidemment, ce livre ne pouvait que me plaire : ces anecdotes insolites, que l'auteur a pris soin de replacer dans leur contexte en rappelant les grandes lignes de la période concernée, m'ont ravie. Sans compter que l'introduction de chaque chapitre est une révision souvent bienvenue... Si certaines des histoires rapportées sont connues (Ah, le vase de Soissons !), j'en ai découvert bien d'autres, toutes passionnantes et étonnantes. Si j'ai été particulièrement intéressée par le texte concernant le Masque de Fer (Alors ? Frère de Louis XIV ou non ?!), c'est l'ensemble du livre qui m'a enchantée. Une formidable façon de redécouvrir l'Histoire, par le biais d'anecdotes savoureuses, et de l'assimiler sans s'en apercevoir. 

Fanny LOMBARD

mardi 23 novembre 2010

Epouse-moi de John Updike

Dans les années 60, deux couples les Connant et les Mathias se fréquentent depuis plusieurs années. Voilà que pour sortir du train -train de leur vie conjugale, Jerry Connant et Sally Mathias s’éprennent l’un de l’autre durant cet été et envisagent très sérieusement le divorce.
En parallèle Richard Mathias et Ruth Connant ont également une liaison nettement moins passionnée et plutôt brève.
Un beau jour Ruth prend conscience de la liaison de son mari mais n’en fait pas part à Richard. Ce dernier sera au courant quand sa femme Sally lui avouera.
Jerry sera-t-il alors capable d’assumer son envie de vivre avec Sally et de laisser Ruth se débrouiller seule avec les enfants ?
J’ai trouvé ce livre un peu fade voire banal. Il nous reflète d’une manière réaliste l’Amérique des années soixante. Des hommes dynamiques qui assurent les revenus du couple et des femmes aux foyers qui s’investissent également dans des œuvres caritatives ou autres.
Les paysages, les villes et leurs ambiances y sont fort bien décrites mais trop peu nombreuses à mon goût. 
Ce qui est intéressant  dans cette histoire d’adultère est le fait que Updike met l’homme face à ses responsabilités et que celui-ci est trop souvent incapable d’assumer, sans l’avis de la femme qu’il veut quitter.
Par ailleurs nos quatre personnages ont des caractères bien trempés. Richard, un homme dur en affaire et dans la vie conjugale, Jerry ne sait jamais prendre une décision tout seul, Sally très spéciale en amour mais aussi dans l’éducation des enfants et pour finir Ruth combattante et douce.
En conclusion un livre pas très enthousiasmant.

Edouard RODRIGUEZ

dimanche 21 novembre 2010

La compagnie de Robert Littell

Berlin début janvier 1950. Nous sommes en pleine guerre froide entre l’union soviétique et les Etats unis. Harvey Torriti dit « le sorcier » et Jack McAuliffe ont préparé dans ses moindres détails le passage à l’ouest d’un membre du KGB. Malheureusement cette exfiltration échoue, les Russes ayant été manifestement prévenus. Il semblerait donc que quelqu’un de l’ouest, gravitant autour des responsables de la CIA,  fournisse des informations à l’est…Commence alors une traque à la taupe qui va réussir, mais dont le dénouement n’empêchera pas d’autres opérations de manquer…Les usses auraient-ils réussi à mettre encore un des leurs à la direction de la CIA ?
Il n’était pas facile de faire découvrir les rouages d’une grande administration  du renseignement tout en tenant en haleine les lecteurs! Et bien c’est mission accomplie pour Robert Littell car nous sommes littéralement happés par ce roman passionnant et fascinant allant du début de la guerre froide jusqu’aux années 1990. L’écriture est belle, prenante, rythmée et pleine de suspense. Les différents personnages, réels ou fictifs, que nous suivons tout au long de ces années nous aident à comprendre bien des événements qui se sont passés mais aussi la difficulté du métier de ces hommes de l’ombre. Le risque est omniprésent, ils vivent avec la méfiance, et en cas d’erreur la mort ou la torture au bout du chemin. Sur le terrain, ils sont livrés à eux mêmes, mais doivent tenir compte des politiques, des instructions et ordres de la direction. Et le pire c’est que quelquefois les renseignements obtenus au péril de leur vie ne sont même pas transmis en haut lieu parce qu’ils ne vont pas dans le sens escompté ! Effrayant quand on y pense mais expliquant bien des choses rétrospectivement…
Il est aussi très intéressant de voir le parallèle entre deux mondes différents dont les méthodes de recrutement, de tactiques, de pressions ne sont pas si éloignées que cela. Mais l’auteur n’a pas encensé la CIA, il nous a aussi montré ses faiblesses, ses limites et les conséquences que cela a pu avoir sur le monde, tout comme il l’a fait pour le KGB. Il a aussi réussi à nous faire comprendre les motivations de ces agents doubles, tout étant histoire de convictions le plus souvent et parfois d’argent. Il y a encore beaucoup d’autres enseignements à tirer de cette lecture. Pour moi ce livre est vraiment une référence non seulement en matière de romans d’espionnage mais aussi pour notre culture personnelle. Et sincèrement on ne voit pas passer les 1200 pages…

Nicole VOUGNY

vendredi 19 novembre 2010

Mon oncle Oswald de Roald Dahl

Oswald Hendrvks Cornelius est un homme immensément riche. Dès l’âge de 17 ans, en 1912, précoce et d’un naturel bon vivant, il comprend rapidement comment tirer partie d’un insecte très rare appelé « méloé soudanais ». Sous forme de poudre, c’est un aphrodisiaque tellement puissant qu’une dose infinitésimale suffit à réveiller des appétits sexuels féroces chez n’importe qui. Au bout d’un an, il a amassé ses premières 100 000 livres en en faisant le commerce. Quelques années plus tard, il crée  une  banque de sperme d’hommes remarquables.  Avec la complicité de son amie Yasmin au charme lubrique irrépressible, et de sa fameuse poudre de méloé, Oswald se jette dans la quête, ou plutôt l’extorsion,  des précieuses semences…
Rédigé à la première personne du singulier, ce récit est présenté comme étant un extrait du journal intime d’Oswald, rédigé plusieurs années après les faits. Les propos qu’il tient sont indéniablement crus et sans tabous. L’humour omniprésent fait de ce livre un petit bijou de drôlerie. Les situations plus cocasses et extravagantes les unes que les autres s’enchaînent à un rythme effréné. Le lecteur est donc tenu en haleine du début jusqu’à la fin. L’auteur, avec son imagination débordante, fait intervenir dans son histoire des rois et génies (Proust, Einstein, Renoir…) contemporains d’Oswald, et cela la rend d’autan plus croustillante.
J’ai trouvé remarquable la façon qu’a l’auteur d’allier ainsi sexe, humour, délire et suspense pour former un tout complètement cohérent. Avec sa vivacité et son humour, ce livre est le meilleur antidépresseur que l’on puisse trouver ! Je n’ai qu’une envie, c’est de découvrir les autres épisodes des folles aventures de l’oncle Oswald, publiées également.

Sophie HERAULT

mercredi 17 novembre 2010

Le coin des ânes de Michael Pearce

En 1908 au Caire en Egypte, Gareth Owen le « mamour zapt », ou responsable des services secrets de la ville, est appelé pour résoudre une bien mystérieuse affaire. Un Français a disparu alors qu’il était tranquillement installé à la terrasse du Shepheard’s. Comme il ne pouvait se déplacer qu’avec de grandes difficultés,  la thèse de l’enlèvement semble ne faire aucun doute. Pourtant, les étrangers ne sont pas habituellement une cible privilégiée. Et bien que les faits se soient déroulés à la vue des marchands ambulants, cochers et  âniers présents en permanence devant l’hôtel, ceux-ci assurent ne rien avoir remarqué. L’enquête s’annonce difficile à mener, avec  notamment les témoignages plus ou moins crédibles des personnes interrogées. C’est alors que survient peu de temps après, dans des conditions à peu près similaires, l’enlèvement d’un Britannique…
Avant de venir s’installer en Angleterre, l’auteur est né et a grandi en Egypte.  Il a truffé l’histoire d’informations sur ce pays qu’il connait bien. L’enquête n’est en fait qu’un prétexte pour faire découvrir aux lecteurs une société à l’époque de la tutelle Britannique et sa culture. Il y a bien sûr quelques rebondissements, mais ce n’est pas cela qui fait tout le sel de l’histoire. D’ailleurs, les investigations sont menées avec une certaine nonchalance. Et ce sont les rapports humains entre l’enquêteur gallois et la population locale ou étrangère qui retiennent l’attention, plutôt que la progression de l’enquête.  Le lecteur peut être au début un peu déstabilisé par les termes à consonance arabe (fonction des personnages, nom de lieux…), mais cela contribue à plonger dans l’ambiance et il serait dommage, et difficile !, de s’en passer. L’ensemble est allégé par une pointe d’humour.
J’ai apprécié ce livre, complètement différent  des romans policiers habituels. Ici c’est le contexte qui prime sur la résolution de l’énigme. J’ai retrouvé certains aspects culturels rencontrés avec étonnement lors de mon expatriation de 2 ans en Tunisie : ce n’est pas la même époque ni le même pays, mais je retrouve avec amusement des traits qui m’avaient marquée.

Sophie HERAULT

lundi 15 novembre 2010

Les Révoltés de la « Bounty » / Un drame au Mexique de Jules Verne

Les révoltés de La Bounty

Cette nouvelle de Jules Verne nous transporte dans les eaux du pacifique. En 1787, William Bligh et son équipage de 46 membres  voguent en direction de Tahiti avec pour objectif de rapporter des plants d’arbres à pain Tahitien vers les Antilles.

Ce navire de la Marine Royale Britannique est dirigé par un capitaine ambitieux, autoritaire, brutal et cruel. Ce comportement poussera son équipage à se rebeller. Une mutinerie éclate à bord du navire, menée par le second, Christian Fletcher ne supportant plus cette cruauté.
Jules Verne nous raconte cette révolte, s’inspirant d’une mutinerie légendaire, comment les victimes, abandonnées en mer s’en sont sortis et ce que sont devenus les mutins établis à Pitcairn. La vie paisible des mutins sur l’île de Tahiti, et le procès sont également abordés dans cette nouvelle ce qui permet de se faire une idée des formes de procès et de justice de cette époque.
Ce roman a été adapté au cinéma sous le titre « Les révoltés du Bounty » a été récompensé par l’oscar du meilleur film en 1935.

Un drame au Mexique

Cette seconde nouvelle se passe toujours sur les eaux. En effet, elle nous conte la révolte des équipages de deux navires espagnols. Les insurgés souhaitent revendre les navires à une confédération Mexicaine afin d’obtenir leur salaire. Les meneurs de cette opération  seront punis évidemment. Cette nouvelle a été écrite au début de la carrière de l’auteur. Dans son langage plutôt soutenu, Jules Verne nous permet de traverser le Mexique à travers la cordillère des Andes. Avec les descriptions précises que Jules Verne sait nous retranscrire, on s’y croirait, en tout cas il sait nous donner envie de visiter de Pays qui l’air magnifique !

Ce recueil de deux nouvelles se lisant en une soirée, permet de ressourcer en  naviguant au fil des pages dans l’archipel Polynésien, dans les eaux Antillaises et avoir le luxe de visiter le Mexique par procuration. Outre ce voyage, on peut se mettre à la pace de chacun afin de comprendre leurs motivations. Le management de l’époque obligeait-il la dureté, les punitions, les humiliations ? L’équipage se rebelle, comment en est-on arrivé là ? La justice essaiera-t-elle de comprendre au moment de juger ?

Sabrina LE BOUCHER

samedi 13 novembre 2010

La petite maison dans la prairie Tome III : Sur les rives du lac de Laura Ingalls Wilder

Un nouveau déménagement en vue pour la famille Ingalls ; les mois ont passé pas toujours très heureux. Marie a perdu la vue après avoir attrapé la scarlatine. La famille est dans un grand dénuement financier et Charles ne rêve que d'un nouveau départ vers l'Ouest. Aussi il accepte rapidement lorsqu'on lui propose un poste sur la construction du chemin de fer, un poste bien payé. Le départ effectué, les Ingalls s'installent donc le long de la construction de la voie ferrée. Une fois le travail fini, ils décident de rester sur place et coup de chance, ils trouvent un gardiennage pour l'hiver qui leur permet encore de gagner de l'argent, en hébergeant les nouveaux arrivants qui eux aussi veulent tenter leur chance sur ces terres concédées par le gouvernement. Une nouvelle maison donc une fois de plus.
Pour Laura les choses ne sont pas toujours gaies non plus; en raison de la cécité de sa soeur, elle est devenue ses yeux mais aussi le réceptacle des ambitions de ses parents qui souhaitaient que Marie devienne institutrice. Cet espoir déçu c'est donc à Laura de reprendre le flambeau malgré son manque d'enthousiasme. Mais malgré son caractère un peu rebelle, elle se pliera aux volontés de ses parents en essayant de mettre sa déception de côté et d'aider sa famille autant qu'elle le peut.

Un troisième tome dans la continuité; il me paraît difficle d'épiloguer longuement dans la mesure où Laura nous livre ses souvenirs comme dans les deux premiers tomes; les choses ne changent guère sur le fond; certes il y a du changement avec le déménagement, le chemin de fer, la construction d'une nouvelle ville et enfin l'acquisition d'une nouvelle terre mais pour le reste, rien ne change. Les filles doivent toujours être très très bien élevées, dociles, aimables etc....les mêmes valeurs sont toujours présentes, les mêmes bons sentiments. On pourrait se dire à la longue que cela est un peu énervant. Et c'est vrai que ça l'est! On se demande comment aucune d'elle ne proteste jamais ou si rarement. Mais j'aime quand même me replonger dans les aventures de la famille. Le style ne change pas, les souvenirs sont sans doute toujours épurés mais cela reste tout de même une bonne description du mode de vie de ce temps là avec en plus un regard sur l'émergence d'une nouvelle ville qui sort de terre rapidement avec une nouvelle ruée vers l'Ouest et l'espoir des nouveaux arrivants de trouver, de créer une vie meilleure.
Le style de l'auteur reste toujours très narratif avec une alternance des discours entre la famille Ingallsqui émaillent le récit et il en est de même pour tous les tomes de la série.
La bonne nouvelle pour moi c'est que le prochain tome était mon préféré lorsque j'étais enfant!

Cécile MAURELLET

jeudi 11 novembre 2010

Les Buddenbrook de Thomas Mann

L’histoire d’une famille bourgeoise allemande au 19ème siècle avec leurs succès, leurs fortunes et leurs bonheurs mais aussi les décès, les défaites, les désillusions de la vie de quatre générations d’une même famille. Le début du roman concerne le grand père qui vient de s’installer dans une grande maison avec sa famille puis le père à qui tout réussit. Ensuite Tony, la première fille qui va connaître pas mal de déboires mais dont le succès et la réputation de sa famille est le plus important ; Tom son frère qui devient de plus en plus aigri au cours de sa vie alors qu’il a tout pour lui (famille, travail, vie politique) et enfin Hanno qui n’a plus grand-chose en commun avec son père et les anciens Buddenbrook, plus intéressé par les rêves, la musique que par le commerce et l’entreprise familiale.

Beaucoup de pages (quasiment 640 pages pour le livre de poche) et écrit en petit mais la lecture est très facile car le roman est divisé en parties et en chapitres (plus ou moins longs). Il y a beaucoup de descriptions des personnages et des lieux assez détaillés mais en même temps juste ce qu’il faut, on ne décroche pas (comme on pourrait le faire chez Balzac ou Flaubert). Le style de Thomas Mann est limpide, facile à lire, il n’emploie pas de mots compliqués ni de grandes phrases. Par contre, il y a certains personnages dont on ne voit pas trop l’intérêt (Clara ou Clothilde) car ils ne font que des apparitions tout au long du roman mais ce sont des personnes de la famille Buddenbrook et donc on pouvait s’attendre a avoir plus de détails sur eux et leurs vies. Certains événements font la même impression car sur le coup ils ont l’air importants mais à aucun moment par la suite ils n’ont de conséquences.

Ce roman est plutôt passionnant, il est dans la lignée des sagas familiales comme celles de Zola par exemple. On est triste pour eux quand ils leur arrivent des malheurs car malgré leurs fortunes, leurs renommées dans leur ville ce ne sont pas de « méchantes » personnes, ils ont tous un bon fond. On se rend compte de la décadence de cette famille au fur et a mesure du livre qu’ils s’agissent de leur vie professionnelle, de leur vie privée et même de leur santé mentale (par exemple Christian où de son enfance à la fin de l’histoire, on voit a quel point son état empire). Ce que j’ai aimé c’est que tout au long du roman, le personnage central change : Tony puis Tom puis Hanno. Ce qui nous permet de voir les différents points de vue des membres de la famille et puis ces changements ne se font pas brutalement, c’est progressif donc on ne s’en rend pas compte tout de suite. La seule chose compliquée dans ce livre ce sont les noms de famille : en allemand forcément alors quelquefois il faut réfléchir quelques secondes pour resituer la personne.

Aurélie MARCHAND

mardi 9 novembre 2010

Castro l'infidèle de Serge Raffy

Fidel Castro : un nom qui appartient désormais à l'histoire. Mais comment l'enfant de Biran, fils illégitime d'un riche propriétaire proche du dictateur Batista et des intérêts américains, est-il parvenu à conquérir, puis conserver le pouvoir à Cuba pendant plus de de 50 ans ? Quel fut son parcours ? Qui est-il vraiment ? De son enfance à Santiago à son éloignement du pouvoir exécutif en 2006, en passant par son apprentissage de la politique, la guérilla, la mise en place du régime, le rapprochement avec les soviétiques, la crise des Missiles, ses liens avec le Che, les procès politiques, sa vie amoureuse ou encore l'affaire du petit Elian Gonzales, ce livre retrace la vie d'une des figures majeures de l'Histoire, aussi controversée que fascinante.

Si ce livre est présenté comme une biographie, il a du roman le souffle stylistique et le sens de la narration. Les formules et tournures font mouche, l'écriture est simple mais parvient à exposer clairement des situations politiques pourtant complexes. On y trouve des portraits et des anecdotes saisissants, et l'on y croise aussi bien le Che que Camilo Cienfuegos, Gabriel Garcia Marquez, Regis Debray, JFK, PPDA, Kroutchev, Allende, Nixon, Gorbatchev... et bien d'autres ! Mais pour aussi passionant soit-il, ce livre est avant tout un portrait à charge de Fidel Castro, qu'il dépeint sans ambage comme un psychopathe paranoïaque et manipulateur. Ce ne serait pas gênant si l'ensemble était solidement étayé : or, nonobstant la virulence du propos, les faits argués par l'auteur sont souvent faibles, voire à contresens des documents cités. Ce manque de rigueur nuit incontestablement à la crédibilité de l'ensemble.

Si j'ai beaucoup aimé ce livre, je l'ai davantage abordé comme un roman que comme une biographie. Certes, le récit est intéressant, mais j'ai été gênée par l'absence de références et par le parti pris évident de l'auteur... C'est bien dommage, car l'ouvrage tient davantage de la diatribe que de la biographie neutre, et les révélations édifiantes y perdent de leur poids, tel ce chapitre, passionnant, sur l'assassinat de Kennedy. Au final, mon impression est résumée par un proverbe italien : se non è vero, è bene trovato ! Un ouvrage à lire, à mon humble avis, en prenant soin de garder un esprit critique - et avec une boîte de calmants pour les pro-Castro ! Une petite déception du point de vue journalistique, mais cependant une réussite sur le plan littéraire. 

Fanny LOMBARD

dimanche 7 novembre 2010

Cocaïne et tralala de Kerry Greenwood

Une incursion dans les années folles : Melbourne, aux côtés d'une garçonne, très riche et très séduisante, qui mène une enquête sur une jeune femme au comportement étrange.
Ces recherches nous conduisent au sein de la bonne société australienne, de réception, en salon de massage, ou en essayage de vêtements de couturier.
Mais les difficultés de la vie quotidienne ne sont pas oubliées et on voit la vie laborieuse de la population, notamment la situation des femmes, qui certes essaient de s'émanciper comme notre héroïne, mais néanmoins cela n'évolue pas si rapidement que cela. Trouver un travail honnête et en vivre, ne pas se laisser abuser par de fausses promesses, arriver à joindre les deux bouts, mais aussi se battre contre les préjugés tenaces sont toujours des épreuves. Ainsi, on fait la rencontre de la première femme-médecin écossaise, qui a dû batailler pour pouvoir mener ses études à bien, puis pour avoir le droit d'exercer, et qui émigre en Australie pour prendre une place dans un hôpital, où elle est confrontée plus souvent qu'à son tour aux problèmes entraînés par des accouchements, mais surtout, ce qui est plus problématique, à ceux entraînés par des avortements clandestins pratiqués sans connaissances médicales et dont les conséquences sont souvent dramatiques. Ce que ces femmes sont prêtes à risquer pour arrêter une grossesse nous éclaire sur l'opprobre ou les difficultés domestiques qu'auraient occasionné de la mener à bien.
On passe ainsi de la vie de Phryne Fisher à celle des basses classes, sans oublier beaucoup d'action et une enquête sur le trafic de cocaïne. Tous les éléments de la femme émancipée sont présents : de la garde-robe (y compris des pantalons!) à la conduite automobile, à la maîtrise d'une vocabulaire un peu osé.
Le contraste et le scandale soulevés par la vie de Phryne sont bien rendus par les réactions mi-étonnées, mi-choquées de son entourage, et c'est ce qui est bien mené dans ce roman, car c'est fait assez subtilement pour que notre attention soit attirée, sans pour autant donner dans le cliché grossier.

Mélanie BART

vendredi 5 novembre 2010

Strate-à-gemmes de Terry Pratchett

Strate à gemmes est un livre de science-fiction écrit par Terry Pratchett, connu en particulier pour ses Annales du Disque- Monde dont il n'hésite d'ailleurs pas à se moquer dans ce volume. Le titre de ce roman est particulièrement parlant : Il s'agit ici d'une planète futuriste régie par une compagnie qui, en autres
choses, se consacre à la création de nouveaux mondes dans leurs moindres détails notamment celui des différentes strates constituant la couche terrestre qui sont censés donner une Histoire au nouveau monde. Kin Arad est une géologue reconnue qui travaille au sein de cette compagnie. Suite à une rencontre avec un individu louche nommé Jalo elle va etre confrontée à un monde totalement impossible : un monde plat. Il lui faudra percer le mystère de cette étrange planète aidée de deux personnes issus de mondes aux moeurs complètement différentes, un kung et une shandie. Pour ma part je n'ai pas tout à fait accroché  à ce roman. Bien que l'histoire en elle même soit intéressante c'est l'écriture qui m'a dérangée.
Comme à son habitude, Terry Pratchett a ici exagéré les traits de la science-fiction mais autant dans certains cas ca ne me gène ici ca m'a semblé lourd : vocabulaire pseudo scientifique pompeux, ce qui n'est généralement qu'une vague ressemblance avec notre monde est ici clairement flagrant. Par ailleurs le côté géologique du début m'a assez vite lassé n'ayant jamais été particulièrement intéressée par le sujet. Par ailleurs d'autres points m'ont gêné dans ma lecture comme le jeu typographique destiné à montrer des langages
différents. C'est une méthode courante mais qui me fatigue énormément la vue et me donne envie de fermer le livre. Dans l'ensemble je pense que c'est un bon roman, l'intrigue en elle même est attrayante mais si je ne suis pas süre d'en avoir bien saisi la conclusion, cependant ce n'était pas un livre pour moi..

Elisabeth DOUDAN

mercredi 3 novembre 2010

Les voies d'Anubis de Tim Powers

1983. Brendan Doyle est un jeune professeur californien spécialiste de la poésie anglaise du début du XIXe. Quand il accepte de se rendre à Londres pour prononcer une conférence, il ne se doute pas des péripéties qui l’attendent. La distance séparant la Californie de l’Angleterre n’est guère en soi gage de dépaysement. Ce qui l’est plus, c’est la distance temporelle : en effet, Doyle va être expédié, à l’issue de sa conférence, dans le Londres de 1810, par le biais d’une brèche temporelle. Quand il est enlevé par des bohémiens aux intentions douteuses, une fantastique course-poursuite avec le sorcier Romany commence. Se terminera-t-elle en 1983 ?
Ce roman est un grand classique de la science-fiction, plus précisément du genre steampunk : en effet, il se déroule dans la Londres victorienne, à l’époque de la révolution industrielle qui connaît l’essor des machines. Il nous conte l’histoire de voyages temporels. Il a obtenu le prix Philip K. Dick 1984 et le prix Apollo 1987.
« Les voies d’Anubis » est un roman d’action et de suspense qui nous emmène dans les quartiers mal famés de Londres au début du XIXe. Tim Powers dépeint le quotidien de populations pauvres, des mendiants, le plus souvent estropiés, ou de bohémiens vivant chichement dans des camps. Les ambiances glauques de Londres sont bien rendues, dans un souci de très grand réalisme. Mais au-delà de ce quotidien, il nous fait entrer dans la fantasy, nous présentant la sorcellerie et la magie, décrivant des sorciers réellement antipathiques et quasiment invincibles. Un loup-garou hante même les pages…
Ces sorciers sans scrupule et avides de pouvoir nous sont exposés dès le début de l’œuvre. J’ai trouvé que ce commencement était très complexe : des mots d’une langue étrangère sont utilisés par les bohémiens, ce qui peut rendre la lecture un peu difficile. Ce prologue de 1802 est nodal, mais difficile à saisir en première lecture : il faut donc y revenir.
Le roman est assez long (plus de 400 pages aux éditions « J’ai lu ») et souffre parfois d’inutiles digressions. L’écriture n’est pas le point fort de l’œuvre : les phrases sont alambiquées et parfois lourdes : cela tiendrait-il à la traduction ? Il se veut un hommage, peut-être détourné, à la poésie puisqu’il est question notamment de Lord Byron et Samuel Taylor Coleridge, poètes anglais du XIXe. Il nous fait voyager, dans l’espace (de la Californie vers Londres, puis vers l’Egypte), mais aussi dans le temps (1983, puis 1810 jusqu’à 1685).
Si je n’apprécie guère la fantasy en général, préférant le space opera, il me semble que cette œuvre de Tim Powers est un incontournable du style steampunk qui mérite la découverte.

Christelle GATE

lundi 1 novembre 2010

Bains de mer de Paul Morand

Edité, dans sa version originale, sous le titre de Bains de mer, bains de rêve, cet ouvrage de Paul Morand nous vante les avantages, les charmes et les vertus des bains de mer illustrés par « plus de trente ans d’immersions » (p.8). Au fil des pages, l’auteur nous fait ainsi rêver en nous présentant de façon poétique le « catalogue-souvenir  de [ses] ébats aquatiques aux quatre coins de la planète » (p.7). Vers 1910, Paul Morand est en effet un des précurseurs de cette façon de vivre qui n’est pas encore donnée à tout le monde et qui amène ce « misanthrope hédoniste » aux quatre coins de la planète.
Son ouvrage se divise en trois parties. Ses premiers propos concernent les « bains de poésie » où il nous présente, entre autres, un de ses poèmes qui énumère, sous le titre de Bains publics, « tous les endroits du monde où [il] s’est jeté à l’eau » (p.7).
Paul Morand nous fait ensuite prendre des « bains dans le temps » en compagnie Neptune, Ulysse, Néron, Aristote, Proust et Maupassant
Enfin, l’auteur nous propose des « bains dans l’espace » et nous fait faire, « en peu de pages, pas moins que le tour du monde » (p.67) à travers des « pays très divers, mais avec une même toile de fond : la mer » (p.120). Il nous emmène ainsi du Portugal aux côtes françaises en passant par la Corse, l’Espagne, le Maroc, la Croatie, la Sicile, la  Sardaigne, la Grèce, la Belgique, la Hollande et l’Angleterre.
Dans les dernières pages de son ouvrage, il pense avec nostalgie au temps où il avait la mer à lui tout seul (ou presque) et se lamente sur la transformation de ses « paradis d’autrefois » en « enfers balnéaires » (p.121). En effet, il constate avec tristesse que « les grèves de jadis sont devenues des plages, c’est-à-dire des grèves humanisées par les baigneurs » (p.22).
Au final, Bains de mer, plein de légèreté, est un chef-d’œuvre de la littérature balnéaire qui est arrive à faire oublier quelques instants le passé houleux de cet « évadé permanent » qu’est Paul Morand (Gabriel Jardin, Grasset & Fasquelle, 2006).

Pierre SECOLIER

samedi 30 octobre 2010

Réponses bêtes à des questions idiotes de Pef

Lorsqu’il part « explobserver » le monde, le professeur Pef ne se sépare jamais de sa vieille machine à laver le linge. Elle ne fonctionne plus, mais il n’a rien trouvé de plus pratique pour se dissimuler afin  d’espionner  les animaux. Son imagination fertile lui permet également d’inventer des parades contre les divers aléas de son métier : combinaison anti piqûres de moustique, dispositif pour renvoyer la pluie dans les nuages, utilisation d’une couleuvre comme réfrigérateur dans la chaleur du désert, etc. Et c’est grâce à ses nombreux travaux d’observations que bien des mystères de la nature (« pourquoi les crocodiles ne rient-ils jamais à gorge déployée ? ») et interrogations diverses (« peut-on tromper les chasseurs d’éléphants ? ») ont maintenant des réponses… 
Le titre du livre et le dos de la couverture,  avec ses deux questions qualifiées d’idiotes et sa mention « Pour ceux qui n’aiment pas lire », mettent tout de suite dans l’ambiance : ce livre n’est pas sérieux ! Le professeur Pef est un original dont le petit lecteur suit  les aventures complètement improbables. En haut de chaque double page, une question saugrenue pose le ton du court texte qui s’y rapporte. Les arguments et explications apportés par le héros sont d’une logique implacable, mais complètement loufoques. C’est tellement décalé et drôle qu’aucun petit lecteur ne risque de les prendre au pied de la lettre. Celui-ci peut décider de lire le récit dans l’ordre comme pour n’importe quel roman, ou dans le désordre en ciblant en premier les parties dont les questions l’interpellent le plus. Les illustrations, dessinées par l’auteur lui-même, complètent parfaitement bien le texte.
J’ai beaucoup apprécié cet ouvrage. Bourrée d’humour et d’imagination, l’histoire ne laisse aucune chance à l’ennui. L’auteur réussit à présenter un récit cohérent alors que les situations décrites sont complètements irréalistes. Cela fait presque 30 ans que ce livre a été publié, et cela ne m’étonne pas qu’il ait toujours autant de succès auprès des enfants qui ont la chance de le découvrir !

Sophie HERAULT

jeudi 28 octobre 2010

Enfances de Françoise Dolto



Françoise Marette, surnommée Vava, nait en 1908. Elle est rapidement confrontée à l’incompréhension entre adultes et enfants. Vava trouve rigolo, elle, de sauter dans des flaques d’eau, et magique de se laisser envelopper par la fumée d’un train à vapeur qui passe. En prenant au pied de la lettre des expressions, elle se retrouve punie pour son insolence. Pourtant, « Elle est bête, la dame, elle est bête ! », pourquoi vient-elle chercher chez Vava ce mari « perdu » à la guerre ? Alors qu’elle n’a que 12 ans, sa mère la culpabilise pour ne pas avoir su prier efficacement afin de sauver sa sœur aînée morte d’un cancer. A 25 ans, Vava garde toujours la naïveté de son enfance. Et se fiancer ne signifie rien de plus pour elle que d’avoir l’autorisation de continuer à voir ce jeune homme qu’elle apprécie amicalement pour son intelligence et sa culture. Mais là encore les adultes ne l’entendent pas ainsi. C’est à devenir dingue…
Françoise Dolto était psychanalyste. C’est son implication dans « la cause des enfants » qui l’a rendu très populaire à partir de la fin des années 60. Elle retrace dans ce livre des épisodes de son enfance et de sa vie de jeune adulte qui ont forgé sa personnalité, et l’ont conduite à faire ce choix. Cet ouvrage n’est pas une autobiographie à proprement parlé, mais un dialogue entre elle et sa fille Catherine. Cette dernière pose des questions courtes auxquelles Françoise répond longuement. Le lecteur est partagé entre la drôlerie engendrée par la candeur de Vava, et une certaine tristesse devant les « histoires d’éducation (…) qui compliquent la vie des enfants qui pourrait être si tranquille ». Catherine s’intéresse au contexte de l’époque (la guerre, les mentalités…), ce qui a bien sur son importance dans le déroulement des faits. Quelques photos de famille viennent compléter cette conversation.
J’ai trouvé ce livre passionnant. Françoise Dolto répond en toute sincérité aux questions qui lui sont posées. Elle était sans doute une petite fille précoce donc un peu hors normes, et  les mentalités ont évolué depuis. Mais nous avons tous vécu dans notre enfance et adolescence des situations de malaise engendrées pas la maladresse des adultes… que nous reproduisons avec nos propres enfants ! Découvrir les 25 premières années de la vie de Françoise Dolto permet aussi de voir comment est née sa vocation. Ce qui est également très intéressant.

Sophie HERAULT

mardi 26 octobre 2010

Utopia de Allen Roger McBride

La planète Inferno porte bien son nom : Son terraformage ayant été bâclé, elle devient peu à peu invivable pour ses habitants. Pour la sauver, un jeune scientifique propose au gouverneur Alvar Kresh un pari fou : Diriger volontairement sur la planète une comète éclatée, dont les impacts permettront ensuite la création d'une mer polaire. Si le projet semble délirant, il est d'autant plus difficile à mettre en oeuvre qu'il s'agit d'une planète de Spatiaux : Les innombrables Robots qui les servent sont soumis aux Trois Lois de la Robotique, qui leur enjoignent de protéger les Humains de tout danger potentiel et donc de tout projet risqué !
Pour complexifier un peu la situation, il faut également ajouter de nombreux groupes aux intérêts variés : les Colons, responsables du projet de re-terraformage et qui voient d'un mauvais oeil qu'on marche sur leurs plates-bandes ; les Robots Nouvelles-Lois, soumis à des règles moins restrictives que leurs congénères et ivres de liberté, qui terrifient la plupart des Humains ; le plus effrayant encore Caliban, l'unique Robot Sans-Loi, qui n'obéit qu'à lui-même ; et les extrémistes de Simcor Beddle qui ne croient pas aux problèmes écologiques et veulent se débarrasser de tous les groupes précédemment cités...
Si tous ces éléments ne nous laissent pas le temps de s'ennuyer, ils ne laissent guère de place non plus à l'intrigue policière. Présentée en prélude, celle-ci ne redeviendra vraiment d'actualité que dans les cinquante dernières pages ! Entre temps, nous avons plutôt affaire aux problèmes de conscience du gouverneur Kresh : Faut-il ou non faire chuter la comète ? La question permet également à l'auteur de développer (avec quelques incohérences d'ailleurs) des conflits d'obéissance aux Trois Lois chez les robots, déchirés entre les intérêts à long terme du projet et ses dangers immédiats.
Ceci ne permet pas de cacher que le robot Caliban, l'unique robot à l'esprit vraiment libre et qui a donné son nom à la trilogie, se fait dans ce troisième tome voler la vedette. Si on le voit souvent au fil des pages en compagnie de son ami Prospéro, chef autoproclamé des Robots Sans-Loi, sa présence ne sert guère le récit, bien que l'auteur ait recollé les morceaux pour lui permettre d'intervenir dans le final. D'ailleurs, si je ne peux guère vous conseiller de ne pas regarder la couverture, je vous recommande quand même de ne pas lire la présentation de l'éditeur, sous peine de tout deviner trop tôt !
Côté style, Roger McBride Allen a essayé de rester dans le ton du maître Isaac Asimov, qui a donné son aval à l'utilisation de ses idées dans cette trilogie (les Trois Lois de la Robotique, le contexte global avec les différents entre Spatiaux et Colons). D'ailleurs, Alvar Kresh a un faux air d'Elijah Baley, cher aux lecteurs du bon docteur... L'écriture est fluide, c'est simple, cela va droit au but. L'environnement n'est guère détaillé, les descriptions sont utiles et concises. Bref, pas besoin de se faire des noeuds au cerveau, cela se lit tout seul. Une agréable manière de se replonger dans l'univers "asimovien" sous la plume d'un autre auteur !


Marie-Soleil WIENIN

dimanche 24 octobre 2010

Le signe du taureau. La vie de Cesar Borgia de Guy Rachet

En ce jour d'Aout 1484, c'est dans une Rome en proie aux affrontements entre alliés et ennemis du défunt Pape Sixte IV que pénètre le jeune  César Borgia. C'est encore un enfant, mais il est promis à un brillant avenir : son père, futur Pape Alexandre VI, le destine à la vie religieuse. Mais le jeune homme, Cardinal à 16 ans, aura d'autres ambitions :  quittant l'habit, il deviendra capitaine général de l'Eglise, pour le compte de laquelle il conquerra les grandes cités italiennes. Sa carrière sera tout autant marquée par ses victoires que par le soufre qui fera la réputation des Borgia : amant de l'épouse de son frère, de sa soeur Lucrèce, fréquentant des courtisanes, fomentant complots et assassinats au sein même de sa propre famille, ce grand guerrier et fin politique connaîtra la splendeur de la cour pontificale et des arcanes du pouvoir, jusqu'à sa chute, aussi flamboyante que son ascension. 
Ce livre raconte donc, de façon romancée, la vie de César Borgia. On y croise, outre les membres de sa famille, toutes les grandes figures politiques de l'époque, des Orsini aux Colonna en passant par les Sforza, les Medicis ou Machaviel. L'écriture est un peu lourde, peu aérée, s'appesantissant longuement sur les rapports entre les nombreux personnages, et il est parfois difficile de s'y retrouver... Pour autant, la peinture de la situation et des complots politiques de l'époque est passionnante, et le portrait de César Borgia, héros cruel, machiavélique mais éblouissant de ce roman, ne l'est pas moins. Très descriptif et centré sur l'état d'esprit de son personnage principal, c'est un roman érudit et bien documenté.
Bien que je ne n'apprécie pas forcément ce style d'écriture, j'ai beaucoup appris dans ce livre, qui m'a permis de me plonger dans l'atmosphère de l'époque, et plus précisément dans son versant politique. Le nécessaire parti pris du romancier fait que Guy Rachet a choisi de prêter à César Borgia des intentions, des pensées et des sentiments qui m'ont quelque peu déstabilisée, car j'y ai vu un homme sans nuance, peut-être un peu caricatural. Ce portrait m'a donc donné envie de le confronter à d'autres, et également de m'intéresser aux autres membres de la famille Borgia, certainement aussi fascinants que le héros de ce roman.


Fanny LOMBARD

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