mercredi 30 avril 2008

Le Condottiere de Max Gallo

Ariane a été retrouvée noyée dans le lac de Côme en Italie… Bien qu’il ne l’ait pas vue depuis plusieurs années, son père Jean-Luc Duguet directeur d’un journal quotidien, est fou de douleur et l’on craint même pour sa raison. Seule une jeune journaliste américaine Joan Finchett, arrive à le faire sortir de sa détresse en tentant d’élucider les circonstances de cette mort… L’enquête dans laquelle elle se lance alors va lui faire côtoyer le condottiere Carlo Morandi, son empire financier, les personnages douteux et inquiétants qui gravitent autour de lui. Inutile de dire que sa vie va en être bouleversée et qu’elle n’en sortira pas indemne… Ma première réflexion à l’issue de cette lecture a été de me dire que, bien qu’écrit en 1994, ce livre est toujours terriblement d’actualité… En effet la puissance et l’argent ont toujours la part belle dans notre société au détriment de l’être humain notamment dans les médias… Dans cette histoire la mort d’Ariane est en fait un prétexte pour nous faire approcher du condottiere, un grand nom de la finance italienne, ayant des intérêts dans la télévision, la publicité, la mode, la presse, le football. Difficile ainsi d’échapper à son emprise quand vous faites du journalisme d’autant plus que c’est un personnage à la fois attirant et inquiétant… Même la justice ne peut rien contre lui, personne ne voulant témoigner de peur des représailles… Et au milieu de tout cela, nous avons nos personnages qui se cherchent, qui se débrident ou qui se renferment au gré des circonstances mais aussi au fil du temps avec toujours en toile de fonds cet argent qui corrompt tout… La narration est assez remarquable puisqu’on a l’impression de se trouver tour à tour dans la peau du père d’Ariane, dans celle de Joan et même dans celle d’Ariane elle-même. Nous partageons ainsi leurs sentiments de culpabilité, d’impuissance, de non compréhension, les non-dits tellement lourds de conséquences, tout cela grâce à une très belle écriture, fluide et en même temps élégante. Quelque soit le genre d’histoire que nous raconte Max Gallo, on se retrouve toujours complètement impliqué dans le récit. Ce n’est pas pour rien qu’il est à l’Académie Française ! Il me semble cependant qu’il aurait mieux valu que je lise avant ce livre « La fontaine des innocents » et « Les rois sans visage » qui font partie du même cycle. Je pense que cela aurait apporté une dimension supplémentaire à cette lecture et une plus grande compréhension de l’oeuvre.
Nicole VOUGNY

Mère et fille, l'amour réconcilié de Isabelle Yhuel

Ce recueil de témoignages sur les relations mère-fille va vous faire partager le vécu de Charlotte, Aude, Thérèse, Marguerite, Rachel, Brigitte, Lucie, Anaela, Iris, Béatrice...( en tout, 18 situations vécues dont une en intro). Elles ont entre 19 et 84 ans, elles sont mère et/ou fille et racontent la relation plus ou moins passionnelle qu'elles ont eue avec leur mère. Certaines ont une représentation de la mère idéale et toute-puissante tandis que d'autres ne l'ont pas connu en tant que telle. Les parcours sont tous différents les uns des autres mais au final l'amour maternel triomphe. L'auteure qui est journaliste a réussi à nous faire vivre des moments pathétiques au travers de ces cas où l'on retrouve forcément un peu de soi. Les témoignages du livre sont entrecoupés de plusieurs entretiens avec un psychanalyste et au travers de ceux-ci, il nous apporte des éclaircissements sur des questionnements et des théories évidentes. On comprend parfaitement alors que plainte et amour fou sont les maîtres-mots de ce recueil. Il nous invite également à découvrir ce que signifie être une mère, le passage à l'adolescence comme période des difficultés naissantes (majoritairement mais pas toujours !). Dans sa progression il poursuit en nous expliquant à quoi sert une mère et pour finir comment aimer sa mère. Ce livre m'a tenu en haleine de la page 1 à la page 348. Chaque histoire m'a fait vivre un peu de la mienne. Je me suis retrouvée, culturellement, en Lucie 22 ans ; j'ai vécu une enfance similaire à celle d'Edith … Beaucoup d'entre elles m'ont émue. Cependant, le témoignage que j'ai le plus aimé et qui m'a le plus apporté est celui de Miredey la cambodgienne. Elle a reçu très peu de tendresse pendant son enfance de la part de sa mère même si cette dernière était présente physiquement auprès d'elle. Sa situation a été en fait largement influencée par la pauvreté au Cambodge. Elle a su toutefois se rapprocher de sa mère avec les années même si les échanges étaient houleux. Ce livre nous montre donc comment les relations fille-mère peuvent grandement agir sur la future vie familiale et conjugale de nous chères filles. On comprend bien à la fin du livre que même si on a eu une mère quasi " parfaite ", nous aurons toujours à nous plaindre d'elle mais il faut savoir la connaître psychiquement pour la comprendre réellement (quoi de plus normal que de passer par toutes ces étapes). En contrepartie, il est important autant pour la mère que pour la fille de connaître aussi les réalités de l'adolescence. A la question « à quoi sert une mère ? » il est évident de comprendre le rôle d'une mère dans la constitution de ses enfants... pour enfin aimer celle-ci !!! Je ne pensais pas qu'une mère irréprochable pouvait quand même susciter la réprobation d'une fille : est-ce la fameuse théorie selon laquelle " il faut tuer la mère " pour retrouver ensuite des relations saines ? L'ambiguïté entre l'amour et la haine prend dans cet ouvrage tout son sens. Je le conseille vivement à toutes les femmes : les mères comme les filles !
Mylène ADELE

mardi 29 avril 2008

Maigret à l'école de Georges Simenon

Joseph Gastin, instituteur muté à St André-sur-Mer dans les Charentes, vient trouver le commissaire Maigret à Paris et lui demande de l’aider. Tout le monde l’accuse du meurtre de Léonie Birard, la « bête noire » de ce village car elle injuriait tout le monde. Attiré par des souvenirs de jeunesse, plus que par le crime, Maigret décide de s’y rendre. Dans ce petit bourg, on n’aime pas les étrangers et tout se sait, le vrai comme le faux. Maigret y mène son enquête, tranquillement, en interrogeant les adultes et même les enfants de l’école qui s’amusent souvent avec des carabines. Par peur ou par méchanceté des mensonges fusent, des non-dits s’installent, semant le trouble chez les habitants. Mais peu à peu, le commissaire arrivera à démêler tous ces propos et trouvera le coupable. Dans ce livre Maigret évolue dans un milieu qui me semble rustre, où les suspicions, les jalousies, les moqueries gratuites sont nombreuses. Tout le monde se connaît, se critique mais ils sont solidaires dès qu’il s’agit de se liguer contre un étranger ou quelqu’un de différent d’eux. Ce qui rappelle bien la mentalité des villages d’après guerre. Dans un style simple, agréable à lire, sans violence malgré les crimes (nous assistons uniquement à l’enquête) Simenon crée une atmosphère bien à lui dans laquelle il dépeint une certaine époque où l’on prenait le temps de vivre. Ainsi Maigret, tout en se mêlant à leur vie, observe les gens, analyse leurs faits et gestes, les situations. J’adore cette façon de retracer l’enquête. Elle est « englobée » dans la description de la vie de tous les jours ce qui la fait avancer en douceur. L’intrigue se dévoile par petits bouts, calmement. On soupçonne les uns, puis les autres, le suspense se maintient jusqu’au bout. J’adore aussi les détails poétiques, amusants ou autres qui n’ont rien à voir avec l’enquête mais qui donnent encore plus de charme à ces livres. A lire sans modération !
Hélène SALVETAT

lundi 28 avril 2008

Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi de Mathias Malzieu

Mathias, la trentaine, est extrêmement affecté par la disparition de sa mère. Comment surmonter cette peine ? Comment combler ce vide qui s’instaure peu à peu ? Comment accepter que l’être aimé ne sera plus jamais là ? Heureusement, en sortant de l’hôpital, sur le parking, il fait la connaissance d’un géant de 4,5 mètres prénommé Jack et expert en « ombrologie ». Celui-ci, à travers un voyage au pays des morts, va l’accompagner dans cette difficile épreuve, l’aider à soulager sa terrible souffrance et à faire ainsi son deuil.
Matthias Malzieu, pour ceux qui ne le connaissent pas, est le chanteur complètement survolté de Dionysos. Appréciant tout particulièrement ce groupe, c’est donc tout naturellement que je me suis procuré cet ouvrage. Cependant, étant donné le thème abordé, à savoir la perte d’un parent proche, j’appréhendais quelque peu ma lecture. J’avais peur que ce soit triste, larmoyant, que l’auteur s’apitoie sempiternellement sur son sort. D’ailleurs, j’ai longtemps hésité avant d’ouvrir le livre et de m’y plonger. Je trouvais toujours une excuse pour repousser à croire qu’inconsciemment je craignais sans doute d’affronter la mort. C’est dire à quel point dans notre civilisation, la mort est vraiment un sujet tabou ancré au plus profond de nous-même. Et puis, une fois lancée, je me suis laissé agréablement emporter par l’univers onirique, poétique et décalé de Mathias Malzieu que l’on trouvait déjà dans ses différentes chansons. Ce texte court, merveilleux conte initiatique, où l’auteur relate sa douloureuse expérience et qui, soit dit en passant, fait beaucoup penser aux œuvres de Tim Burton, de Lewis Carroll ou encore de Roald Dahl, vous aide finalement à considérer la mort autrement. Je conseille évidemment de le lire avec en fond sonore « Giant Jack is on my back » disponible sur l’album « Monsters in love ». Marlène EVEN

vendredi 18 avril 2008

Birdman de Mo Hayder

Cinq cadavres mutilés et décomposés de jeunes femmes ont été successivement retrouvés dans un terrain vague à North Greenwich (banlieue de Londres). Toutes ces victimes sont des prostituées avec cette particularité des plus morbides, celle d’avoir un oiseau logé dans leur cage thoracique. Certaines d’entre elles avaient même été infligées d’une chirurgie très élémentaire des seins, avec de grossiers points de suture. Les indices dont dispose la police sur ce dossier suggèrent l’état mental dépravé du tueur. Ce dernier est non seulement un vrai psychopathe, mais surtout un sadique absolu. Les premiers soupçons se portent bientôt sur un riche héritier. Afin de mener à bien cette affaire criminelle, Jack Caffery, inspecteur principal chargé de cette enquête, y consacre vraiment tout son temps, de jour comme de nuit. Il s’y implique d’autant plus que sa vie privée ne le motive guère. En effet, il estime que sa petite amie se montre trop envahissante... En outre, un autre problème le fait ruminer depuis des années et c’est à propos de son mystérieux voisin. Je suis ravie de découvrir ce premier roman de Mo Hayder que je ne connaissais que de nom, et j’admets que je ne suis point déçue par « Birdman ». C’est un thriller plutôt sombre et cruel, l’auteure a imaginé un assassin hors du commun, un être déviant, malfaisant et barbare, qui n’écoute que ses pulsions perverses. Un seul mot pour résumer l’ouvrage : nécrophilie. On ressent des frissons lorsque l’on s’imagine être à la place de la victime et lorsque l’on se représente ce qu’elle avait enduré. On comprend donc parfaitement sa frayeur et sa panique. Par ailleurs, il est à noter que le suspense est entretenu jusqu’au dénouement, et les lecteurs sont très sensibles à cet aspect. On remarque aussi qu’il n’existe pas de descriptions inutiles et superflues, cela permet de poursuivre la lecture sans se lasser et d’apprécier l’avancement de cette enquête criminelle passionnante. Cette nouvelle romancière anglaise est en train de devenir célèbre.
Dai BUI

jeudi 17 avril 2008

Les humeurs d'une châtelaine anglaise de Deborah Devonshire

Deborah Devonshire est née en 1920. Duchesse, elle administre le domaine de Chatsworth, mais elle est également la cadette des soeurs Mitford, légendaires en Angleterre, réputées pour leur extravagance et qui connurent chacune un destin hors du commun, en résonance avec l'histoire du siècle dernier. Dans ses chroniques, l'auteur aborde une multitude de sujets, qu'il s'agisse de son enfance excentrique dans une famille de la noblesse anglaise, de ses rapports avec ses soeurs ou avec ses chèvres, de ses poules - vivantes ou en porcelaine, de ses liens avec les Kennedy, de la restauration du domaine, des visiteurs qu'elle y accueille, ou de son opinion sur l'art moderne, la littérature, l'écologie ou les diadèmes. Tout autant de sujets essentiels ou accessoires, mais dont elle traite avec un enthousiasme et une verve qui ne se démentent pas au fil des pages. Il est difficile de résumer ce livre, car il s'agit d'un recueil de textes parus dans la presse britannique, et s'ils sont regroupés par thèmes, il n'y a pas de réelle cohérence. Il s'agit plutôt d'une juxtaposition de chroniques plus ou moins longues, mais n'excédant jamais quelques pages, contenant les réflexions d'une femme incroyablement spirituelle et drôle sur une multitude de sujets. Mais cela confère au livre une atmosphère légère et agréable, comme une discussion à bâtons rompus. En arrière plan perce l'évolution de la société dans divers domaines, sur laquelle la Duchesse porte un regard plutôt amusé, sans pathos. Le style est fluide et on se laisse entraîner par ces textes, pleins d'humour et d'esprit. J'ai adoré ce livre. Bien qu'assez court, j'en ai savouré chaque ligne, et si je ne partage pas forcément l'opinion de la Duchesse sur certains sujets (la chasse au renard, par exemple...), je me suis régalée ! Il n' y a pas une page qui ne m'ait fait sourire, et la plupart du temps j'étais même pliée de rire ! Ces petites chroniques sont autant de bonbons contre la morosité. Je suis sous le charme de cette femme, à la personnalité riche et pétillante, mélange d'excentricité et de raffinement so british... Une lecture idéale pour se mettre de bonne humeur !
Fanny LOMBARD

mercredi 16 avril 2008

Dinalva, jeune travailleuse brésilienne de Angelo

Je considère ce livre comme un hommage à la jeunesse ouvrière catholique, la JOC, à l’époque quand celle-ci appuyée par des religieux adhérents ou sympathisants de la théologie de la libération, mouvement ouvert, pouvait permettre aux exploités de s’exprimer, d’écrire, d’éditer, telles les jeunes mémoires de Dinalva. De nos jours, Dinalva, aurait-elle eu cette chance de rencontrer des femmes et des hommes de cette trempe ? J’en doute : l’archevêque Romero, assassiné dans sa cathédrale El Savador, la politique réactionnaire du pape polonais ont laminé tout espoir. Plus rien aujourd’hui ne saurait aider cette jeune femme, issue de la plèbe, malgré toute son intelligence, son savoir écrire. Ses mémoires sont très attachantes. Le ton de liberté de cette jeune femme narre ces difficultés à s’affirmer dans cette société brésilienne : difficultés familiales, séparation parentale traumatisante, amour pour son père qui l’appuiera dans son entrée dans la vie adulte. Le soulagement est toujours là, dans la chaleur des habitants des quartiers mais nous sommes bien loin de la truculence de Jorge Amado. Ainsi se termine le livre : « A midi, nous sommes arrivées à Recife » (1974). 2008 : où es –tu, Dinalva ?
Philippe COTIS

mardi 15 avril 2008

Feu pâle de Vladimir Nabokov

En feuilletant les pages de ce livre nous trouvons un poème puis un commentaire de ce poème ; est-ce bien un roman que nous allons lire ? Le poème, long de 999 vers, a été écrit par John Shade, professeur à l’université de New Wye, décédé en d’étranges circonstances. Il y parle de sa vie, de son environnement, de sa femme et de sa fille, morte noyée. Son collègue, Charles Kinbote, s’est investi de la tache d’éditer l’œuvre de son ami en y joignant un commentaire explicatif. Mais quel étrange commentateur que ce Kinbote … Déjà que penser de cette soi-disant amitié avec John Shade ? N’était-elle pas plutôt de celle qui unit la tique au chien ? Qu’en est-il alors de sa prétention d’être la muse de John Shade ? Kinbote est persuadé que le poème est une constante allusion aux discussions qu’ils ont eues lors de leurs randonnées, au sujet d’un pays nord européen d’où Kinbote est originaire, la Zembla, de son roi, contraint de s’enfuir avec l’aide de ses mignons après la révolution et d’un mystérieux tueur, l’empoté Gradus que les zembliens ont lancé à ses trousses. Mais qui est ce Kinbote ? Le roi de la Zembla ? Un fou ? Ce livre n’est pas un livre facile à lire. Il n’y a pas une histoire mais des histoires qui se révèlent au fil des pages. La forme que Nabokov a donné à son roman peut rebuter mais si vous ne vous laissez pas intimider vous ne lâcherez pas ce livre avant d’apprendre comment est mort John Shade et qui est ce mystérieux Kinbote. Et l’écriture de Nabokov, son style, n’est-il pas un pur délice à savourer jusqu’à la dernière ligne ?
Laurence TESTU

lundi 14 avril 2008

Besoin de mer de Hervé Hamon

A ceux qui ne connaissent pas Hervé Hamon, ce livre donnera envie d’en savoir davantage sur l’homme et ses autres écrits. Ecrivain prolifique, « écrivain de marine » comme il se présente lui-même, entre autres. Oui, écrivain de marine, comme en témoigne l’ouvrage dont il est ici question : la mer est dans sa vie depuis sa naissance, elle est présente en lui, on le sent intimement, physiquement lié à elle. Non comme un marin qui risque chaque fois sa vie aux dépends des ires marines, ni comme un plongeur qui ressent la narcose des profondeurs. Non, Hervé Hamon n’est pas de ceux qui ont besoin d’être dans/sur l’eau à tout prix : il nous explique, ligne après ligne, mot après mot, ce qu’est ce « besoin de mer » : un besoin, et non une envie, un amour, une passion, un fantasme, un mirage. Tout est concret, dans ce livre, tout est aussi question de perceptions visuelles, olfactives, de toucher, de goût, de sixième sens (celui du marin qui navigue, par exemple). Dans cet ouvrage, vous saurez comment on peut marcher sous la mer… mais aussi dessus, à certains endroits du globe terrestre. Vous saurez aussi pourquoi F. Mitterrand est devenu le Président que l’on sait… et non M. Rocard (si, je vous assure, il y a bien une explication à cela, selon Hervé Hamon). Cet ouvrage est donc une sorte de récit introspectif, qui permet au lecteur de se retrouver dans certains points de vue, dans certaines sensations (au sens le plus sensuel). Mais le réduire à cela serait faire offense au talent de l’auteur : ce livre est aussi témoignage, hommage à ceux qui vivent par et pour la mer, en quelque endroit du monde où l’on se trouve : il en a rencontré plus d’un, tout au long de sa vie, sur différents continents (je devrais dire sur différents rivages). Cet ouvrage est aussi un précis sur les phares de Bretagne (chaque phare cité dans l’ouvrage - et ils sont très nombreux - est aussitôt décrit par son feu, indice précieux pour les marins, qui vous fera regarder le prochain que vous rencontrerez sous un autre aspect). De la Bretagne, il en est question, bien sûr, comment pourrait-il en être autrement : de ses côtes, de ses terres, de son histoire, de ses habitants, de ses touristes. D’îles ? Il est question d’elles, bien sûr : celles de Bretagne, innombrables, celles de France ou d’autres continents, chères au cœur de l’auteur. Voici donc un livre multiple : autobiographie, monographie(s), récit, critique…telle la personnalité de son auteur : breton, écrivain de marine, philosophe… Le récit n’est pas linéaire, loin s’en faut ; le lecteur qui pense feuilleter ce livre comme on feuillette un album de photographies marines sera décontenancé, car il n’y a que des mots et quelques « signatures » : l’on est ainsi en pleine capacité à « voir » ce que Hervé Hamon (d)écrit. Persévérer en vaut la peine : on y apprend beaucoup sur l’homme qui écrit, on y apprend encore plus sur la mer, par une certaine façon de la sentir, de la vivre, qui peut surprendre, parfois, mais pour peu qu’on ait déjà approché la mer tous sens en éveil, on partagera plus d’une ligne, plus d’un mot avec cet « écrivain de marine ». Ouvrage d’un natif des Côtes du Nord, il est en fait celui d’un « finis-terrien », et c’est pour cela qu’on l’aime.
Sylvaine DEKESTER

vendredi 11 avril 2008

Clair de femmes de Romain Gary

En cet après-midi, Michel Folain, commandant de bord, rentre en taxi dans son quartier, suite à un vol qu’il n’a pas voulu prendre. En ouvrant la porte du taxi, il percute Lydia Towarski qui renverse son sac de commission. Pour s’excuser Michel l’invite à boire un verre dans un bar. Après le départ de Lydia, au comptoir, Michel fait la connaissance d’un artiste le Senor Galba qui fait un numéro de dressage au Clapsy’s. Ce dernier lui propose de venir voir son numéro à 23 heures précises le soir même. A peine sorti du café, Michel va chez Lydia qui se rend compte qu’il a, tout comme elle, un problème mais elle le reconduit poliment. Alors il décide d’aller à l’aéroport pour prendre un avion mais une fois arrivé, il fait demi-tour et retourne chez Lydia. Après avoir fait l’amour, celle-ci lui apprend qu’elle a perdu sa fille de six ans dans un accident de voiture que conduisait son mari. Alors commence pour eux, une nuit qui va les emmener au Clapsy’s, chez Sonia la belle-mère de Lydia, mais surtout au cœur du terrible secret de l’autre. Ainsi Michel va rencontrer Alain, le mari de Lydia et cette dernière « connaître » Yannik la femme de Michel et comprendre pourquoi il n’a pas voulu rentrer chez lui cette nuit. J’ai beaucoup aimé ce livre, car il m’a emmené, dans une histoire dans laquelle amour, mort et amitié se côtoient. Ecrit de façon simple, ce roman qui se déroule à peine sur une journée, est mené à un rythme rapide fait de va-et-vient incessant. Cette façon de faire nous donne l’impression d’« être » Michel. Dans ce cas là, réagirions-nous comme lui devant une mourante qui demande à celui qui reste, d’aimer encore mais une autre personne pour justement vaincre la mort et vivre au travers de ce nouvel embryon d’amour ? Comme d’habitude de la part de Romain Gary, il évoque, également mais cette fois-ci de manière courte, la seconde guerre mondiale. Mais le thème essentiel que l’auteur nous laisse sur les bras, est de nos jours, un sujet d’actualité : a-t-on le droit de se donner la mort pour éviter les souffrances et mourir dignement ?
Edouard RODRIGUEZ

jeudi 10 avril 2008

Paris est une fête d'Ernest Hemingway

« Paris est une fête » nous raconte le Paris de la « génération perdue », le Paris que Hemingway connut entre 1921 et 1926. Alors jeune écrivain marié à Hadley, Hemingway écrit des articles pour un journal, puis des nouvelles, attablé aux cafés parisiens avec l'alcool pour illustre compagnon. Hemingway nous livre ici ses errances désargentées, ses égarements dans les méandres du jeu, la faim qui le hantait, et les processus mêmes de son écriture, ou encore comment il chassa un futur critique raté de son café à lui et comment il rassura un ami sur sa virilité. Suivez-le, vous croiserez Joyce et Fitzgerald, et puis des femmes, Zelda la jalouse dépressive ou Gertrude Stein. Jamais vous ne quitterez ce Paris bouillonnant d'odeurs, de personnages et de sons, qui « valait toujours la peine » et où l'on parlait américain à la Closerie des Lilas, le Paris de toute une époque qui surgit si nettement au fil de l'écriture. Car le style clair d'Hemingway, tout de juxtapositions expressives, ses longues phrases cadencées de virgules et de « et », s'emploient à vous envelopper dans son temps, à vous plonger tout entier dans l'ambiance si singulière d'un Paris effervescent. On aime être ainsi comme bercé par une mer d'une limpidité sans détour, régulièrement agitée de détails pittoresques qui surprennent et tiennent en éveil tous les sens : bribes de dialogues lancées à la volée, anecdotes pleines d'humour, le tout sur un ton parfaitement naturel qui cache un style savamment travaillé.
Laurie BAYET

mercredi 9 avril 2008

L'île des secrets de Nora Roberts

Loin de l'agitation de New York, où son métier d'interprète pour l'ONU la retient, Morgan compte bien profiter de ses vacances dans le cadre enchanteur des îles grecques, chez son amie Liz. La nuit est si douce et la plage si attrayante, mais lors d'un bain de minuit, elle est immobilisée, plaquée et retenue au sol, une main sur sa bouche, tandis que de mystérieux bruits de voix s'élèvent de la plage.
Morgan ne pourra fermer l'oeil de la nuit, l'esprit en effervescence. Que penser de cet homme ? Voleur, kidnappeur, trafiquant ou contrebandier… surtout que celui-ci lui sera présenté sous les traits de Nicholas Grégoras, le célèbre milliardaire, lors d'une réception quelques jours seulement après son agression. Dès lors, Nicholas va se montrer séducteur, attentif et charmeur, alors que sur l'île un meurtre est commis, qu'une enquête policière commence...
Tous le monde semble coupable, a qui faire confiance ? Malgré le danger Morgan a bien du mal à résister à cet homme mystérieux, mais si attirant ! Comme toujours Nora Roberts sait nous retenir, nous entraîner au fil des pages où intrigue, mystère et passion sont présents tout au long de ce roman. Dans un style vif, captivant on ne peut se détacher de ce livre avant d'en connaître la fin. L'histoire est vraiment passionnante, l'intrigue palpitante les personnages sont très attachants, j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, je le conseille à toutes les lectrices car il s'agit avant tout d'une histoire d'amour. Tout simplement superbe !
Géraldine MARTINOT

mardi 8 avril 2008

Meurtres à Pékin de Peter May

A peine Li Yan vient-il d’être promu commissaire à Pékin que trois cadavres sont découverts. Sur chaque lieu du crime, un mégot de cigarette de marque américaine a été déposé bien en vue à côté du corps. Doit-on y entrevoir la signature d’un meurtrier en série ? Margaret Campbell, médecin légiste aux Etats-Unis venue à Pékin pour donner une série de conférences et spécialiste en corps carbonisés se voit entraînée involontairement dans cette enquête car le cadavre retrouvé dans le parc est complètement brûlé et l’on réclame ses compétences pour permettre son identification. La rencontre entre ces deux personnages ne va pas être des plus faciles. Margaret Campbell est en effet une jeune femme à l’allure plutôt désinvolte et assez irrespectueuse des bienséances locales. Et pourtant s’ils veulent que la vérité éclate au grand jour, ils devront mettre de côté leurs différences et unir leurs efforts. Le lecteur suit pas à pas les héros à travers une Chine aux multiples visages. D’un côté on sent un pays toujours empreint du poids écrasant des traditions archaïques et encore très fortement marqué par toutes ces années de communisme, la Révolution culturelle et de l’autre, on découvre une nation résolument tournée vers le capitalisme et la modernité. Le choc des cultures entre l’Occident et l’Orient est lui aussi mis en avant : ainsi face à face nous avons une Américaine, le symbole suprême de l’impérialisme tout puissant et un Chinois soumis à ses supérieurs donc beaucoup plus modeste et tempéré dans ses propos et sa façon d’être. D’aucuns pourront y voir là une représentation un peu trop manichéenne du monde. J’ai trouvé ce livre vraiment très bien documenté et personnellement, j’ai beaucoup appris sur ce pays qu’est la Chine. L’histoire est bien menée, dans un style clair et un rythme enlevé. Toutefois je suis restée légèrement sur ma faim concernant le dénouement un peu trop alarmiste à mon goût. Dommage ! Marlène EVEN

lundi 7 avril 2008

L'ombre jaune de Henri Vernes

« Egaré dans la vallée infernale, le héros s’appelle Bob Morane ! A la recherche de l’Ombre jaune, le bandit s’appelle Mister Kali Jones » chantait Indochine ! En chinant dans un vide-grenier, voilà que je mettais la main sur un stock de vieux Bob Morane, l’aventurier qui a bercé ma jeunesse. Après en avoir lu un, puis deux, l’idée m’est venue d’en commander un à Bibliopoche afin de vous faire partager mon goût pour ce héros du Belge Henri Vernes, à mi-chemin entre James Bond (sans les gadgets) et Tintin (sans son chien). 1959, Londres. Dans plusieurs endroits de la City, les corps inanimés de notables sont retrouvés avec au front tatoués des caractères chinois et épinglé au revers de leur veste, un message d’une certaine Ombre Jaune : « Ces hommes mourront si le centre de recherche atomique n’est pas démantelé ! ». Mais qui se cache derrière cette Ombre Jaune qui terrorise la terre entière ? Sûreté française, F.B.I. et Scotland Yard sont dans l’impasse car l’Ombre Jaune n’en est pas à son premier crime : tout d’abord bénin comme la libération des animaux du zoo de Chicago puis plus violent comme le déraillement d’un train en région parisienne ou l’explosion d’un cargo à Southampton… Une course contre la montre s’engage pour sauver les cinq hommes. Sans succès ! C’est alors que le commandant Bob Morane entre en scène. De passage à Londres, il découvre que parmi les victimes se trouve Jack Star, un ancien compagnon d’armes. Alors que son enquête le conduit chez une étrange cartomancienne, Bob a l’étrange pressentiment de savoir qui se cache derrière le masque de l'Ombre Jaune. Aidé de son fidèle compagnon Bill Ballantine et de la mystérieuse Tania Orloff, l’agent français n’aura plus aucun répit avant d’avoir mis fin aux méfaits du cruel et féroce « Ombre Jaune » et de son armée de tueurs, les sanguinaires Dacoïts. Assurément, les pages sont jaunies dégageant cette odeur si caractéristique de vieux papier ; Certes, le style est désuet : les méchants sont ici des « forbans » ou des « malandrins » et les gentils sont des « héros » ; Oui, l’histoire est un peu simpliste traduisant la mentalité d’une époque, la « Guerre Froide », où la lutte manichéenne du bien contre le mal, du bon occidental contre les méchants du reste du monde, noircissait les pages de la plupart des romans (Paul Kenny, OSS, James Bond, …). Mais la magie de « l’Aventurier » opère toujours et l’on suit agréablement les péripéties de Bob Morane contre son éternel ennemi, l’Ombre Jaune. Toutefois, lorsque l’on choisit de lire un Bob Morane, c’est avant tout pour l’aventure, l’exotisme, le dépaysement… Malheureusement, ce n’est pas le cas de ce 35ème épisode qui se déroule le long des rives brumeuses de la Tamise et dans les rues des quartiers délabrés et mal famés de Limehouse à Londres.
Pierre LUCAS

vendredi 4 avril 2008

L’homme du labrador de Bernard Clavel

Freddy débarque dans le café des Trois Maries du vieux Lyon. Il cherche Wallace, un américain à qui il manque quelques doigts comme à sa propre main. La serveuse rousse s’interroge face à cet homme beau et mystérieux : « C’est à cause du froid du Labrador ». Et nous voilà entraînés comme Sophie rebaptisée Nelly et les habitués du café, dans le grand Nord où Freddy compte retourner après avoir récupéré la carte de la piste conduisant à la mine d’or. Autour de l’aventurier se pressent des lyonnais ébahis et la rencontre amoureuse entre Nelly et Freddy les conduit rapidement dans la chambre de la serveuse, coup de foudre entre deux êtres trop seuls. Pour le bien de la future expédition et semblant concrétiser un rêve inaccessible de partage et de couple, Nelly sera du voyage pour le Grand Nord. Mais retrouveront-ils Wallace ? Partiront-ils vraiment tous les deux ou n’est-ce qu’une illusion, l’histoire de ces quelques jours et nuits passés à rêver de ce pays lointain, ses fleuves, ses indiens, et son froid mordant… ? Entretenant le suspense avec de brefs rebondissements, des préparatifs et des interrogations, on se prend à croire au bonheur de Nelly et au courage de Freddy tout en redoutant une désillusion possible devant tant de bonheur prévu (le Voyage, l’Aventure, l’Or…). Bernard Clavel décrit avec des phrases brèves et des pointes d’émotions, les bruits des rues et les brouhahas de café, les brumes de la Saône et les pensées de la jeune Nelly. Un petit livre à lire d’un trait pour un voyage rare, un bref passage de vie sur lequel s’ouvre et se referme « la porte du café, celle qui grince lorsqu’on ne la soulève pas, gonflée par l’humidité du temps ». J’ai choisi ce livre de Bernard Clavel, connaissant déjà l’auteur de réputation et d’écriture. Après avoir lu Le Carcajou, ou Les petits bonheurs, j’ai été touchée par son écriture simple et ses récits où la nature et les hommes aux purs instincts prennent toute la place, et avec quelle dimension poétique par les mots de cet auteur jurassien qui nous fait découvrir plus que sa région ! Dès le livre fermé on a envie de se plonger dans un nouveau récit de gens ordinaires, de gens du passé et de les suivre sur les routes, dans leurs maisons ou dans le Grand Nord, sujet de prédilection de Clavel. Un conseil : piocher dans sa longue bibliographie et lisez un de ces morceaux de vie aussi intense qu’un (très) bon film hollywoodien. Fanny JOLIVET

jeudi 3 avril 2008

Madame de / Julietta de Louise De Vilmorin

Ce livre regroupe deux récits. Dans le premier, Madame de... est une femme coquette et frivole. Afin de rembourser les dettes qu'elle cache à son époux, elle revend des boucles d'oreilles en diamant que celui-ci lui avait offertes, puis fait mine de les avoir perdues lors d'une soirée mondaine. Mais craignant d'être accusé de vol, le bijoutier va trouver Monsieur de... pour lui raconter toute l'affaire, et ce dernier lui rachète les boucles... La seconde histoire est celle de Julietta, jeune fille fantasque et rêveuse qui a accepté un peu vite d'épouser le prince d'Alpen, de 30 ans son aîné. Elle voudrait renoncer à ce mariage, mais sous la pression de sa mère, elle ne peut s'y résoudre. Or, dans le train qui la conduit auprès de son fiancé, un voyageur perd son porte-cigarettes : Julietta se précipite sur le quai pour le lui rendre, tandis que le train repart sans elle. Elle trouve alors refuge pour la nuit chez cet homme... et décrète qu'elle n'en partira plus ! Mais celui-ci doit recevoir sa fiancée, et cette situation cocasse provoque quelques quiproquos... Ce livre est donc composé de deux récits, de longueur inégale. Louise de Vilmorin possède un style qui lui est tout à fait propre, empreint de raffinement et d'élégance, avec un registre de langue soutenu, caractérisé par de nombreuses figures de style qui confèrent une poésie à ses écrits, parfois au détriment d'une certaine clarté. Mais le récit reste parfaitement intelligible, avec une musicalité et une fluidité qui rendent la lecture très agréable. La première histoire est plus classique que la seconde, pleine d'images fantaisistes où l'imagination et la licence poétique tiennent une grande place. Je n'avais jamais lu aucun livre de cet auteur. Je suis contente d'avoir comblé cette lacune, car ces deux histoires m'ont enchantée. Si j'ai beaucoup aimé "Madame de", conte à la fois allègre et cruel où le destin, aidé par les mensonges des protagonistes, conduit l'héroïne à une fin tragique, j'ai particulièrement été charmée par" Julietta". Ce personnage m'a tout de suite été sympathique, et alors qu'elle pourrait agacer par son caractère fantasque et, il faut le dire, plutôt sans-gêne, je me suis laissée emporter dans son monde plein de charme et de poésie. A travers ces deux histoires à la fois classiques et très originales, j'ai découvert tout un univers littéraire qui m'a fait comprendre ce que tant de gens appréciaient chez Louise de Vilmorin.
Fanny LOMBARD

mercredi 2 avril 2008

Chicken street de Amanda Sthers

Kaboul juste après la chute des talibans… Alfred l’écrivain public et Simon le cordonnier sont les deux seuls juifs de la ville. Ils se côtoient sans vraiment s’aimer. Un jour une jeune et jolie arabe de dix sept ans, Naema, bouleverse la vie d’Alfred… Parce qu’elle lui fait écrire une lettre à un américain Peter pour lui annoncer sa grossesse après leur nuit d’amour sous les bombardements… Parce qu’il s’éprend d’elle et qu’il voudrait bien l’aider… Alors chaque jour il lui parle, il l’aide à supporter l’attente de cette réponse qui n’arrive pas… Mais chacun sait qu’en Afghanistan, les femmes ne sont pas libres de parler, ni de faire ce qu’elles veulent, ce qui va avoir de terribles conséquences pour ces deux êtres…
Vu comme cela, ça a l’air drôlement bien et pourtant j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire. Le point de départ est original et intéressant mais j’ai trouvé la narration un peu confuse notamment au niveau chronologique. A force de se demander à quel moment du récit on se trouve, on finit par s’agacer… En plus comme on sait plus ou moins dès le début comment cela va se terminer, le plaisir de la lecture en est un peu altéré. Il faut pour ce genre de récit une écriture adaptée ce que je n’ai pas trouvé dans ce cas. A travers ce roman, nous suivons en parallèle plusieurs histoires : celle d’une jeune fille afghane, celle de Jenny, la femme de Peter à New York, ainsi que celle de nos deux juifs. Plusieurs thèmes sont abordés : les conditions de vie quasiment inhumaines des femmes voilées, qui ont eu l’espoir de voir leur sort évoluer après la chute des talibans mais qui se rendent compte que pas grand-chose n’a changé… la détresse des femmes qui apprennent la trahison de leur mari, la solitude, le judaïsme, la folie et l’intolérance des hommes, les conséquences des non-dits… Un programme bien lourd me direz vous… Et bien pas vraiment, parce que l’histoire ne m’a pas paru crédible sous certains aspects ce qui a enlevé au final le sentiment de tristesse que j’avais éprouvé lors de certains passage. J’ai eu l’impression de naviguer entre sérieux et dérision tout au long de l’histoire, ce qui est un peu déroutant. Peut-être était-ce le but recherché par l’auteur, après tout… Je dirais que ce roman est une jolie petite histoire, mais sans plus, je n’ai pas été vraiment emballée. En fait je crois que j’ai été déçue par rapport aux critiques élogieuses que j’avais entendues sur l’auteur. Je reconnais que son style est plutôt efficace avec ses mots simples, ses phrases courtes allant à l’essentiel, mais il manque ce petit quelque chose qui fait que l’on est impliqué dans l’histoire. Dommage !
Nicole VOUGNY

mardi 1 avril 2008

Comme une tombe de Peter James

Michael Harrisson doit se marier dans quelques jours. Et qui dit mariage dit forcément enterrement de vie de garçons. Ce sont ses amis Josh, Robbo, Luke et Pete qui sont chargés de l’organiser. Tout commence alors par une classique tournée des bars mais les quatre compères ont envisagé une petite surprise. Robbo a emprunté à son oncle un corbillard et un cercueil. Eh oui, eh oui, vous avez bien deviné : ils ont décidé d’enterrer Michael vivant en plein milieu de la forêt. Mais rassurez-vous, pas de panique ! Evidemment il n’est pas question de le laisser enseveli indéfiniment, c’est juste pour quelques heures histoire de... Après tout Michael leur a suffisamment joué de tours pendables que maintenant c’est à eux de profiter de cette occasion pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Sauf que la petite plaisanterie va tourner au cauchemar lorsque les jeunes hommes sont victimes d’un accident de la route dans lequel ils perdent la vie. Pendant ce temps-là, Ashley Harper s’inquiète de la disparition de son fiancé mais refuse obstinément d’annuler le mariage. Bizarre se dit Roy Grace l’inspecteur chargé de l’enquête. Encore plus bizarre lorsque Mark Warren le témoin, qui n’a pas pu participer à la petite fête car son avion avait été retardé, avoue ne pas connaître le programme de la soirée.
J’ai trouvé l’idée de départ très originale et en même temps très angoissante, surtout quand on est un peu claustrophobe. Non vraiment, rien que de penser à ce type enfermé dans un cercueil, j’en frissonne encore ! Mais après tout n’est-ce pas l’essence même du thriller ? De rebondissement en rebondissement, de fausses pistes en fausses pistes, Peter James tisse machiavéliquement son intrigue et réussit habilement à tenir en haleine le lecteur jusqu’au bout avec en prime à la fin une infernale course poursuite, véritablement digne d’un film d’action hollywoodien. L’histoire, je le précise au passage, se déroule en Grande-Bretagne, mais on pourrait tout à fait la transposer aux Etats-Unis. De là à croire que ce livre a été écrit dans l’intention d’une éventuelle adaptation cinématographique, il n’y a qu’un pas. Après tout, Peter James n’a-t-il pas été scénariste dans une autre vie ? On pourrait d’ailleurs regretter ce côté un peu trop formaté pour le 7ème art. Mais au final c’est un livre vraiment haletant, passionnant et je ne me suis pas une seule fois ennuyée.
Marlène EVEN

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