vendredi 30 décembre 2011

Seul le silence de R.J. Ellory


A l'aube de la seconde guerre mondiale Joseph, 12 ans, orphelin de père, vit avec sa mère dans une paisible petite ville de Géorgie. Sa vie bascule lorsqu'une petite fille est retrouvée violée et sauvagement assassinée : l'horreur s'abat sur la communauté et l'angoisse augmente au fur et à mesure que les meurtres se multiplient. Joseph est d'autant plus affecté qu'il connaissait toutes les victimes : marqué par ces horreurs, il se sent coupable de ne pas avoir su les protéger. Des années plus tard, alors que le calme semblait être revenu dans la région, Joseph, devenu écrivain, apprend que les meurtres n'ont en fait jamais cessé. Accablé par la mort accidentelle de son épouse et la maladie mentale de sa mère, toujours hanté par les fantômes des petites filles qu'il n'a pas pu sauver, il part refaire sa vie à New York. Mais le cauchemar le rattrape : l'assassin semble s'attacher à ses pas...

Difficile de résumer ces 600 pages ! Thriller impeccable à la construction maîtrisée bien qu'au dénouement un peu expéditif et
attendu, le livre va cependant au-delà : c'est la vie du héros qui se déroule au fil de l'histoire, celle d'un homme marqué par
un sort qui s'acharne, essayant de fuir un passé qui toujours le rattrape ; d'un écrivain, aussi, qui tente d'exorciser ses démons en
couchant sur le papier tout son coeur et toute son âme. L'écriture créé une véritable atmosphère : sombre mais magnifique, parfois répétitive mais imagée, inventive sans être déroutante, elle sert une intrigue finalement secondaire tant l'obsession de ce
héros attachant et sa quête d'une vérité qui, seule, pourra peut-être le libérer, est au centre de cet ouvrage oppressant, parfois bouleversant.

J'avais entendu parler de ce roman en des termes dithyrambiques, et je comprends pourquoi. Evidemment, j'ai songé à Truman Capote et à son célèbre "De Sang Froid" - d'ailleurs évoqué dans le livre. Mais une fois encore, j'ai surtout été impressionnée par l'écriture : la subtilité avec laquelle l'auteur nous entraîne dans l'esprit du narrateur, distillant l'angoisse et les soupçons et nous plongeant au coeur de sa souffrance, la finesse psychologique de l'analyse et la profondeur des personnages secondaires font de ce roman un chef d'œuvre. Malgré sa noirceur, qui m'a parfois quasiment déprimée (!), j'ai adoré ce livre.


Fanny LOMBARD

mercredi 28 décembre 2011

La taupe de John Le Carré


George Smiley est l'un des meilleurs agents du "Cirque", le quartier général des services secrets britanniques. Retraité depuis une an, il reprend du service et a pour mission de trouver une taupe soviétique dans la hiérarchie des services secrets britanniques qui a fait des dégâts incommensurables depuis des décennies.
George est un héros improbable: petit, bedonnant, vieux, timide mais possédant une compassion énorme et une volonté de fer.
En théorie,c’est le même service de renseignement (MI6, "Le Cirque" ) que celui de James Bond. Mais au lieu du glamour, des voitures rapides et des fusillades élaborées, c’est la paperasse laborieuse, la routine des contre-interrogatoires par des anciens agents fatigués, et enfin un traître démasqué moralement ambigu.
Le passé réel de l'auteur dans les services secrets infuse le tout avec un réalisme convaincant. Le jargon et l'absence totale de toute explication pratique de “qui est qui” apporte avec eux un sentiment de véritable immersion dans le monde de l’espionnage trouble et quasi miteux.
De plus ce roman nous transporte dans une Angleterre sombre, grise, froide et déprimante des années 70, dans quasiment un autre monde. Enfin, à travers la mission de George Smiley,  c’est tout un pan de l’histoire contemporaine, la Guerre Froide, qui nous est conté.
Cette histoire se joue dans un contexte général de trahison - la trahison de la taupe contre l'Etat britannique, la trahison des agents gérés par la taupe, l'infidélité de la femme de Smiley, et plus encore la trahison générale, presque banalisée de l'idéalisme par les dirigeants du Cirque qui ne pensent qu’à leur intérêt personnel.
Ne laissez personne gâcher votre plaisir de découvrir qui est la taupe et ne soyez pas rebutés par l'intrigue secondaire, apparemment sans aucun rapport, sur l’enseignant du pensionnat.
C’est avant tout une histoire incroyablement fascinante et qui vous tiendra en haleine de bout en bout.


Murielle BARTHE

lundi 26 décembre 2011

La prophétie des pierres de Flavia Bujor


Jade, Opale et Ambre, trois jeunes filles de 14 ans issues de milieux totalement différents, voient leurs vies bouleversées par une ancienne prophétie. Obligées de quitter  leurs familles, elles auront un long chemin à parcourir pour enfin comprendre qui elles sont. Mais pourront-elles combattre ces puissants ennemis qui les guettent alors qu'elles sont si jeunes ? Et sans savoir qui sont leurs ennemis, comment peuvent-elles se faire confiance ?
La première chose importante à noter est que Flavia Bujor, a écrit ce livre à l'âge de 13 ans. Si dans diverses interview elle regrettait ce côté promotionnel en expliquant que son livre était fait pour tout public, personnellement, je pense qu'elle a tort et que son jeune âge est reflété dans son livre qui n'a que peu d'intérêt pour un lecteur adulte ou habitué à la fantasy.
Pour commencer, les points positifs.
L'histoire du roman est originale, trois jeunes filles obligées de tout abandonner et qui découvrent que ce qu'elles croyaient être est entièrement faux. Elles suivent leurs parcours et apprennent l'étendue de la prophétie au fur et à mesure. Le lecteur apprend tout en même temps qu'elles, l'auteur laisse assez peu d'indices au fil des pages, du coup la surprise des révélations tombe autant pour nous que pour elles.
Les jeunes filles en elles-mêmes sont très différentes et ce jeu entre les pierres, leurs noms et leurs apparences est bien trouvé. Leur âge n'est pas vraiment un obstacle pour les apprécier. Elles sont plutôt attachantes dans l'ensemble même si chaque lecteur à forcément sa préférée !
Ensuite les points négatifs:
Le style d'écriture pour commencer. Les parties narratives et les dialogues sont tellement différents que j'avais l'impression qu'ils n'avaient pas été écrits par la même personne. Les dialogues sont terriblement naïfs et invraisemblables, ils n'ont pas de rythme, ils ressemblent à ceux d'une série AB Production.  A coté de ça, les parties narratives sont beaucoup plus "adultes", on sent l'influence des grands maîtres de la fantasy, des descriptions assez longues et des tirades d'adjectifs pour chaque chose. Les descriptions pompeuses et à rallonge m'agacent dans tout livre, et celui-ci n'a pas fait exception à la règle.
Le second point négatif, c'est la gentillesse générale des personnages secondaires ( et des héroïnes aussi par moment). Nous sommes dans un monde où les jeunes filles savent qu'elles ont plein d'ennemis sans savoir qui ils sont, pourtant elles sont prêtes à faire confiance à n'importe qui, n'importe quand, juste parce cette personne semble gentille, et comme par hasard, elle l'est ! Ses moments sont tout simplement ridicules, mais en découvrant un peu plus le roman, on s'aperçoit que de toute manière, les méchants ne sont pas vraiment si terribles que ça non plus, donc bon, au final elles peuvent bien faire confiance à qui elles veulent ! Les sentiments des personnages sont vraiment très mal décrits, ils changent d'avis et d'humeur très rapidement, les scènes d'amour sont particulièrement drôles d'ailleurs. Aucun des personnages secondaires n'est  crédible, méchant ou gentil, ils ne sont pas du tout travaillés, ils n'ont aucune profondeur et on ne s'y attache pas du tout.
En résumé, Flavia Bujor à écrit un livre  fantasy qui aurait pu s'appeler Les bisounours et la prophétie des trois pierres tant il est innocent. Je n'ai vraiment pas pu apprécier ma lecture et j'ai lutter pour le finir.
Malgré tout, si justement on considère son âge, ce n'est pas si mal, elle a au moins eu le courage d'écrire un roman en entier et de le faire publier.


Sabrina LE BOUCHER

samedi 24 décembre 2011

Paradis perdu d'Ernest Hemingway


Des nouvelles et une pièce de théâtre voilà ce que contient ce livre d’Hemingway. Je m’attendais à mieux même si certaines nouvelles sont intéressantes et ont pour cadre le plus souvent soit l’Italie de la première guerre mondiale, soit des coins paisibles des Etats-Unis ou la Suisse et ses parties skiables.
Les nouvelles concernant la guerre nous mènent sur les champs de bataille et leurs lots d’atrocités, dans des hôpitaux et sur des méditations comme l’amour, la mort. Celles qui se déroulent aux Etats Unis nous parlent de parties de pêche dans des forêts inhabitées en compagnie d’écolos qui s’ignorent en tant que tel et qui respectent mère nature.
Les quelques nouvelles qui nous emmènent en Suisse sont bien mais sans plus avec neige et chalets.
Par contre la pièce de théâtre intitulé La cinquième colonne rehausse légèrement le niveau du livre. L’action se passe en pleine guerre civile espagnole dans Madrid livré aux bombardements et aux pénuries de matériel mais également d’alimentation.
Les personnages essentiels de cette pièce sont Dorothée, une américaine en quête d’amour et de sensations fortes et Philippe qui s’est engagé jusqu’à la fin de la guerre.
Les quelques descriptions de cette dernière sont réalistes -car n’oublions pas qu’Hemingway a couvert en tant que journaliste la guerre d’Espagne- mais le scénario est assez simple. Cela est peut-être dû au fait que la pièce a été écrite pendant la guerre en 1937 ce qui n’est pas la meilleure situation pour écrire un livre.
En résumé ce livre n’est pas ce qu’Hemingway a fait de mieux  et je m’attendais à autre chose de la part d’un des maîtres de la littérature mondiale.


Edouard RODRIGUEZ

jeudi 22 décembre 2011

La délicatesse de David Foenkinos


« Il passait par là, elle l'avait embrassé sans réfléchir. Maintenant, elle se demande si elle a bien fait. C'est l'histoire d'une femme qui va être surprise par un homme. Réellement surprise. » Voici le résumé que l’on peut trouver partout concernant ce livre « aux dix prix littéraire », et entre nous, je ne sais que dire de plus, tout est dit dans ces quelques phrases.
Nathalie mène une vie plus qu’heureuse avec François, son mari. Mais François décède brutalement et la descente aux enfers commence pour Nathalie. Mois après mois, puis années après années, elle tente de reprendre sa vie main, de se reconstruire, comme toute personne subissant un drame si violent. Entre un patron un brin insistant, un travail très prenant, une jeune collègue pleine de vie, Nathalie tente de faire le point dans sa tête. C’est alors qu’elle est isolée dans son bureau, en pleine réflexion sur la moquette qui est au sol, que Markus (son opposé dans tous les sens du terme) fait son entrée et que sans réfléchir et sans même le décider elle l’embrasse ! Les conséquences de ce baiser sont à découvrir en lisant la suite du livre, je ne voudrais pas trop en dire non plus…
C’est ma première lecture de cet auteur, j’avoue que j’ai eu un peu de difficultés au début quant à l’écriture, les chapitres sont courts, les phrases aussi, on se demande parfois ce que certains passages font ici, mais au final, tout prend un sens et on se laisse glisser dans le roman.
Compte tenu de son style d’écriture très fluide, et de sa construction, c’est une histoire qui se lit avec une rapidité impressionnante, on arrive à la fin sans s’en rendre compte et en se disant : « déjà ! ».
Je peux comprendre un tel engouement des lecteurs pour ce type de livre, personnellement, je ne suis pas très sensible à ce genre, pour moi, ça reste quand même un livre à lire, mais dont le souvenir ne restera pas gravé dans ma mémoire.

Mais je serais tout de même curieuse d’aller voir l’adaptation du livre au cinéma qui sortira dans les salles à compter du 23 décembre prochain.


Emeline MICHAUT

mardi 20 décembre 2011

L'auberge de la Jamaïque de Daphné Du Maurier


Nous sommes au début du XIXéme Siècle. A la mort de sa mère, Mary YELLAN, se retrouve orpheline, elle doit quitter sa ferme et sa petite maison dans la prairie pour faire retraite chez sa tante Patience, la seule famille qui lui reste.Elle réside avec son mari Joss MERLYN à l'auberge de la Jamaïque, perdue dans la lande entre Bodmin et Launceston. Le cocher de la diligence la met en garde contre la réputation désastreuse de l'auberge et des gens qui la fréquentent. Les honnêtes gens ne s'y rendent plus et passent leur chemin.Une sinistre nuit de novembre, son oncle par alliance l'accueille fraîchement et la confie aux bons soins de sa tante qui semble terrorisée par son mari surtout lorsqu'il est "dans les vignes". Le lendemain passe le frère de Joss: Jem qui est cavalier avec Mary dans un premier temps, la prenant pour ce qu'elle n'est pas, la créature des bas instincts du patron. Il se ravise ensuite et fait amende honorable, surpris qu'une femme aussi délicate orne ce lieu de rencontre des "Frères de la côte", contrebandiers de rhum et de cognac, naufrageurs à l'occasion. Jem s'éloigne brutalement d'elle pour des raisons purement matérielles et s'étonne que Mary lui rende visite dans sa chaumine près des marais, il lui demande pourquoi elle s'intéresse à lui et répond:"Pour vos yeux brillants, c'est la seule raison", Jem la presse de quitter l'auberge, il craint que ces gibiers de potence ne la moleste. Les péripéties se succèdent, ainsi que les spécimens d'humanité, le suspense est soutenu jusqu'à la fin.
L'auteure a commis un admirable chef-d'oeuvre, elle eût pu diriger une master class d'écriture créative. Elle accroche le lecteur d'emblée par la puissance évocatrice de son style qui sait utiliser les cinq sens pour nous faire ressentir et planter le décor avec une grande précision tout en créant  une atmosphère fantastique, l'on se dirige vers l'auberge de la Jamaïque comme Von Helsing vers le château de Dracula dans le roman de Bram Stoker, les personnages sont terrifiants et extraordinaires comme dans "L'île aux trésors" de R.L. STEVENSON. L'on n'oubliera pas la lande sous la pluie, le vent dans les bruyères , la lune qui court la nuit dans les nuages et les horizons balayés par les tempêtes. J'arrête là mon panégyrique pour faire l'article, l'Auberge existe bien toujours sur la même route, entre le château du roi Arthur à Tintagel au nord et l'étang, au sud, d'où a jailli Excalibur, si si on y croit...On peut même s'y arrêter pour se désaltérer et voir l'endroit où a été poignardé un des personnages du livre.


Gwenael CONAN

dimanche 18 décembre 2011

V. de Thomas Pynchon


On n'entre pas dans une œuvre de cet écrivain comme on peut le faire dans n'importe quel autre. On ne lit s'embarque pas dans un Pynchon pour lire une histoire comme on peut le faire pour un polar ou un policier. Rien à voir ! Ici il est question de partager des points de vue avec un artiste à part, une sorte de visionnaire, un qui ne voit pas les choses sous le même angle que tout un chacun. S'accoquiner avec cet auteur unique c'est accepter de porter les mêmes lunettes que lui pour décoder le réel. Voilà le genre de livre qui modifie profondément celui qui accepte de le traverser le temps qu'il faudra pour s'en imprégner profondément. On dit de cet auteur que c'est un des plus secrets. Il n'a jamais accordé une interview. Sur le quatrième de couverture figure une photo de jeune homme qui a dû être prise bien des décennies avant que « V » ne voit le jour. Ici pas question de « consommer un produit littéraire »... Ici on « entre » chez un écrivain majeur qui demande une implication personnelle de celui qui accepte de s'y risquer. On entre dans un délire d'une richesse et d'une diversité incommensurable. Mais en bout de ligne la récompense est là et bien là ; on accède à un univers tellement riche et tellement original de vue que je ne peux que très fortement recommander la lecture de cet auteur exceptionnel. Lire Thomas Pynchon c'est accepter une sorte d'initiation intérieure majeure. A qui est prêt à faire cet abandon de sa raison je recommande l'expérience de toute ma conviction personnelle.

Michel Maurice FORTIN

vendredi 16 décembre 2011

Les amitiés particulières de Roger Peyrefitte


Ce fut une incroyable découverte que ce livre, avec le style d’un livre classique, un roman qui narre l’attirance de deux garçons ddans un endroit clos, en l’occurrence ici, une école religieuse avec son internat…
Ce fut un véritable choc de découvrir une écriture aussi bien soignée et la description des personnages, des lieux, des sentiments sont vraiment une réussite. La plume est soignée, délicate, qui narre l’histoire dans les moindres détails avec la vie d’antan, la tradition et les relations qu’ont les jeunes gens de cette époque.
Le style est assez simple même si plusieurs retours en arrière ont été nécessaires pour moi parce que l’année où ce roman est sorti, en 1944, on ne parlait pas comme aujourd’hui ! Même si il y a eu un peu la difficulté du langage, on n’est pas gêné par ce détail, c’est même un bien qui nous fait rouvrir le dictionnaire !
J’ai complètement adoré ce livre. du début à la fin j’ai adhéré, me plongeant dans l'histoire, je me suis vraiment identifié aux personnages, inspectant comment mûrissent les amitiés particulières. Je me serais cru à cette époque !
Vraiment un de mes coups de cœur littéraires, un roman que jamais je n’oublierai, un roman qui m’a aussi servi pour évoluer et m'encourager à lire d’autre livres de ce genre et de cet auteur.


Julien COUSINET

mercredi 14 décembre 2011

Monstrueux de Natsuo Kirino


Deux prostituées ont été assassinées à Tokyo, vraisemblablement par le même homme. Anciennes élèves du même prestigieux lycée, elles étaient pourtant bien différentes : Yuriko avait été une fille sublime, dont la beauté surnaturelle se doublait, selon sa soeur, d'une sorte de vide; quant à Kazué, salariée d'une grande entreprise, intelligente mais au physique ingrat, elle n'avait jamais réussi à s'intégrer parmi ses pairs. Alors que s'ouvre le procès de leur meurtrier, la soeur de Yuriko, cynique et dévorée par la jalousie, revient sur son enfance, sur sa scolarité et sur ses rapports avec les deux victimes.

Ce thriller est atypique à plus d'un titre, et d'abord parce que l'identité de l'assassin importe peu. Ce qui compte, c'est la destinée de ces femmes, la façon dont leur "monstruosité" a fini par les détruire. Le témoignage de l'assassin et les journaux des deux prostituées s'insèrent dans le long récit de la soeur de Yuriko, qui s'adresse directement au lecteur. L'écriture, fluide et agréable, soutient cependant un récit souvent glauque : s'il dépeint le destin sordide de Yuriko et Kazué, ce n'est pas tant la prostitution qui en est la cause que leur incapacité à s'insérer dans la société Japonaise. A cet égard, tous les personnages sont logés à la même enseigne : n'y trouvant pas leur place, ils sont vécus comme des monstres. Ce thème, ainsi que ceux de la place des femmes ou du rôle du sexe comme forme de pouvoir, dans un Japon aux normes sociales corsetées, ont pourtant une résonance universelle.

Au début un peu déroutée, j'ai finalement été emballée par ce thriller psychologique, et si j'ai déploré certaines digressions, j'en ai compris la finalité au fur et à mesure que j'avançais dans ma lecture. De même, je me suis attachée aux personnages, au début franchement antipathiques, mais qui se dévoilent au fil des pages, mettant à nu leurs fragilités. Reste que le ton, comme le propos, a quelque chose de dérangeant : le cynisme de la narratrice, sa haine aussi, sa façon de disséquer les autres protagonistes et les liens qui les unissent, accentuent l'impression de malaise à la lecture d'un roman magistral, mais empreint d'une profonde noirceur. C'est un livre psychologiquement violent, pessimiste et qui, personnellement, m'a remuée - mais un excellent livre, pour l'acuité de l'analyse comme pour la perspective, surprenante, de l'intrigue.


Fanny LOMBARD

lundi 12 décembre 2011

Le bal des louves Tome I : La chambre maudite de Mireille Calmel


La chambre maudite est le premier tome de la série Le bal des louves écrit par Mireille Calmel. Au Moyen-Age, deux jeunes gens Isabeau et Benoit vont se marier, mais la beauté de la jeune fille attire l'œil du seigneur des lieux, François de Chazeron, qui réclame son droit de cuissage. Les jeunes mariés tentent de s'enfuir, mais ils sont vite rattrapés. Benoit sera pendu et Isabeau violée et torturée toute la nuit. Survivant à cette nuit, elle trouve refuge auprès des loups et là commencera à mettre en place sa vengeance, aidée par sa sœur et sa grand-mère. Mireille Calmel mêle avec brio fantastique et histoire dans ses romans. Ici le côté fantastique est représenté par la capacité ou malédiction d'Albérie, la sœur d'Isabeau, à se transformer en loup les soirs de pleine lune. Ce roman est marqué aussi par la quête de la pierre philosophale, les expériences plus ou moins scientifiques du seigneur. On croise de nombreux personnages intéressants dans le livre : Loraline l'enfant issue du viol qui est élevée au milieu des loups, Croquemitaine le nain, roi de la cour des miracles de Paris. Au fil des passages secrets du château de Montguerlhe, on découvre amour, cupidité, maladie... Le décor historique est celui de 1500, sous le règne de François 1er, on rencontre notamment au fil des pages Nostradamus enfant. Mais le côté historique est relativement peu accentué, ne constituant au final qu'un fond pour situer l'histoire. Mireille Calmel n'hésite pas à employer des termes de l'époque pour mieux nous y plonger comme "pesneux" (lâche) par exemple. Elle maintient bien le suspense tout au long du roman nous laissant avec une fin assez émouvante qui pousse à ouvrir le tome suivant. Une série à découvrir même si je la trouve un peu moins intéressante que Le chant des sorcières du même auteur.


Elisabeth DOUDAN

samedi 10 décembre 2011

Le tumulte des flots d'Yukio Mishima


Sur la paisible île d’Utajima habite Shinji. Le jeune adolescent vit avec sa mère et Hiroshi son frère cadet. Leur père est mort durant la seconde guerre mondiale. Du coup Shinji fait vivre sa famille avec son faible salaire de marin.
Un jour Terukichi, un notable de l’île fait revenir sa superbe fille Hatsue auprès de lui. Aussitôt Shinji en tombe amoureux ainsi que Yasuo, qui lui est issu d’une famille aisée.
Hatsue aime Shinji mais son père préfère Yasuo. Alors commence un « combat » entre Hatsue et son père mais aussi entre Yasuo et Shinji.
J’ai trouvé ce livre très agréable à lire. Une histoire d’amour dans le Japon d’après guerre qui se finira bien et c’est tant mieux.
Les descriptions de paysages, de bateaux et du mtier de marin sont bien dosés et s’immisce de manière subtile dans l’histoire.L’auteur nous montre sans trop s’appesantir les coutumes japonaises : offrandes aux dieux, prières aux temples, respect des personnes car l’essentiel du livre est quand même cette histoire d’amour entre deux jeunes adolescents qui représente le Japon de demain.
Les principaux personnages sont Hatsue, belle fille morale qui enflamme les sens, Shinji plutôt renfermé mais courageux et assumant les dures responsabilités de chef de famille. Puis viennent Yasuo arrogant, jouant du statut de sa famille et qui croit que beaucoup de choses lui sont dues et Terukichi qui nous montre la voie de la sagesse en reconnaissant ses erreurs de jugement.
Pour finir je pense que la mère et Hiroshi le frère de Shinji ont des rôles secondaires mais intéressants. La mère qui essaie de comprendre et d’aider son fils. Au travers d’Hiroshi et de son excursion, l’auteur veut nous montrer une vision d’avenir pour ce Japon qui se relève de la guerre.
J’ai lu plusieurs livres de Mishima et je dois reconnaître que celui m’a particulièrement plu et surtout je l’ai trouvé plus fluide à lire. Peut-être est ce le fait que ce roman est simple, se concentre sur les personnages en construction dans un pays qui doit, lui, se reconstruire.


Edouard RODRIGUEZ

jeudi 8 décembre 2011

La sans Pareille de Françoise Chandernagor


J’ai découvert Françoise Chandernagor avec son célèbre L’allée du roi, je me suis passionnée pour la vie de Mme de Maintenon. J’ai ensuite lu quelques autres de ses livres comme L’archange de Vienne ou La première épouse. Aujourd’hui, c’est La sans pareille que j’ai lu et je dois dire que j’ai eu beaucoup de mal à m’y mettre. La première difficulté a été de me situer dans l’époque, le 20è siècle, bien sûr mais quand précisément ? Aucune idée, l’auteur ne le mentionne pas du moins au début du livre. Mince, moi qui adore l’Histoire, je suis dépitée. Je découvre ensuite que l’époque se situe pendant le premier septennat de François Mitterrand.
Ensuite, qui est l’héroïne du livre ? Christine Valbray ? Jamais entendu parler. Une aventurière du 20è siècle, a-t-elle voyagé à travers le monde comme Alexandra David Neel ? Bah non, elle a « seulement » navigué dans les sphères du pouvoir. Est-ce qu’elle peut mériter le titre d’aventurière ?
Au fur et à mesure de ma lecture, je découvre une réalité que j’aurais aimé ne pas connaître. Je lis pour m’évader pas pour me prendre en pleine face les actes pas très beaux de nos puissants. Il faut quand même que cela soit raconté, bien sûr mais je n’aime pas ce genre de lecture.
Cependant, Françoise Chandernagor nous livre un portrait un peu plus complexe que ce qu’on a pu découvrir dans les journaux de l’époque et on finit même par s’attacher à cette Christine. Alors pour cette raison, je vous conseille ce livre.


Alexandra BERNEDE

mardi 6 décembre 2011

Les mésaventures de Minty Malone d'Isabelle Wolff


Minty Malone, londonienne, la trentaine, journaliste à la radio, va se marier avec l'homme de sa vie, Dominic. Tout a été organisé, répété, assuré, tout est prêt pour que cette journée soit « son grand jour » et que tout soit exactement « comme elle le veut ». Elle avance donc sereine (ou presque) dans l'allée centrale de l'église, un coup d'œil amoureux à son fiancée, un rapide petit tour des invités, tout le monde est présent et tout se passe pour le mieux jusqu'au « NON » ferme et définitif prononcé par Dominic au moment de la question fatidique : « voulez-vous prendre Minty Malone pour épouse ? »?.
Qu'est-ce qu'il peut arriver de pire à une femme que de se faire quitter par son fiancé le jour de son mariage devant sa famille, ses amis, ses collègues ? C'est donc ainsi que commence les mésaventures de Minty Malone.
Nous suivons donc tout au long de ce livre la suite de ses mésaventures mois après mois, ainsi que sa « reconstruction » après cet effroyable échec.
Pour elle c'est décidé, c'est sûr et certain, elle va enfin apprendre à dire NON et à se libérer des « casseroles » qu'elle traine derrière elle comme un fardeau.
Minty Malone, c'est Miss Tout Le Monde (avec un facteur chance peut être un peu moins développé que la normale je vous l'accorde !), on s'attache à elle au fil des pages, ainsi qu'aux personnages plus ou moins loufoques qui l'entourent.
Isabel Wolff est une auteure que j'apprécie beaucoup, ses livres se lisent avec beaucoup de légèreté mais raconte au fond une véritable histoire. On se prend très vite d'affection pour les personnages et l'histoire se lit d'une traite, parce que bien évidemment on veut savoir la suite à tout prix!


Emeline MICHAUT

dimanche 4 décembre 2011

Pourquoi j'ai mangé mon père de Roy Harley Lewis


Ce récit est narré par un des enfants d’une horde de pithécanthropes dans une période se situant à la fin du miocène. La tribu comprend, outre les cinq tantes et la mère du narrateur, quelques bébés, 4 sœurs et 4 frères, le chef de famille Edouard, un père moderne et visionnaire. Enfin, l’oncle Vania, dernier survivant des frères d’Edouard qui ont subi la tyrannie de la marâtre nature, s’est désolidarisé de sa famille et vit encore dans les arbres. Leur principale dispute ? Le feu, qu’Edouard, las d’exposer les siens à la terreur des animaux sauvages sur des corniches ensanglantées, a arraché au volcan. Pourtant les arguments contre la fureur de Vania sont irréfutables : la lumière à la tombée de la nuit, la fumée chasse les insectes, la chaleur réchauffe, les animaux effrayés ne leur disputent plus les meilleures cavernes, les pointes des lances sont plus résistantes durcies au feu et enfin la viande cuite ne nécessite plus un long et fastidieux masticage. Edouard va plus loin dans cette avancée extraordinaire en donnant à ses enfants une instruction avant-gardiste et réfléchit sans cesse à l’évolution des espèces et à leur devenir.
L’oncle Vania va-t-il donner raison à ses prédictions catastrophiques ? Edouard, d’une intelligence supérieure, se bat pour apporter le plus de confort possible à sa tribu. Mais quel est l’événement qui donnera toute sa signification au titre du livre ?
Vous le saurez en lisant ce roman drôle et captivant qui nous donne envie de faire davantage connaissance avec la grande préhistoire et les premiers pas de l’espèce humaine. Le langage soutenu et décalé de cette famille fait bien rire. C’est un livre à lire d'une traite.


Stéphanie BERGES

vendredi 2 décembre 2011

La trahison de l'ange d'Eve de Castro


Le grand reporter d’origine rwandaise Nathaniel Ndouala, passionné de Mah-Jong, choisit de se voir révéler une info capitale plutôt que d’empocher son gain de 30 000 dollars. Son mystérieux partenaire de jeu, l’Ange, ne lui révèle alors que l’identité d’une jeune femme : Julie Osmond.  C’est le tout premier pas sur la piste qui doit, selon lui,  mener Nat à éclairer la « face sombre » cachée du 11 septembre. Autre lieu, Lancelot, emprisonné et torturé pendant toute une période, entame une longue confession. Lui a été pris, piégé, tandis que le Faon son compagnon s’est échappé. L’homme ne souhaite qu’une chose en échange de ses confidences : préserver sa sœur Julie Osmond, qui a accouché récemment, de celui qui l’a trahi. Mais  Julie a déjà rencontré le Faon…
Ce thriller est construit de façon très originale. Chaque chapitre débute par la retranscription d’une Sourate du Coran. Puis il met en scène un des personnages principaux, avec un ton différent pour chacun.  Un peu déstabilisé au début, d’autant que l’histoire est volontairement plus ou moins opaque, le lecteur s’accoutume rapidement au procédé. Progressivement, l’enchaînement des faits qui ont conduit à telle ou telle situation se dévoile. Il faut cependant rester bien concentré : le récit est dense, il ne s’aborde pas à la légère entre 2 stations de métro. Et il ne faut pas moins de 460 pages pour arriver au dénouement.
Ce livre est sans conteste différent des autres romans à suspense, tant pas le sujet et le plan machiavélique qui y est révélé. Assez complexe, certain lecteurs seront peut-être tentés de décrocher avant la fin. Mais il vaut pourtant la peine d’être lu jusqu’au bout !


Sophie HERAULT

mercredi 30 novembre 2011

La trahison de l'ange d'Eve De Castro


Le grand reporter d’origine rwandaise Nathaniel Ndouala, passionné de Mah-Jong, choisit de se voir révéler une info capitale plutôt que d’empocher son gain de 30 000 dollars. Son mystérieux partenaire de jeu, l’Ange, ne lui révèle alors que l’identité d’une jeune femme : Julie Osmond.  C’est le tout premier pas sur la piste qui doit, selon lui,  mener Nat à éclairer la « face sombre » cachée du 11 septembre. Autre lieu, Lancelot, emprisonné et torturé pendant toute une période, entame une longue confession. Lui a été pris, piégé, tandis que le Faon son compagnon s’est échappé. L’homme ne souhaite qu’une chose en échange de ses confidences : préserver sa sœur Julie Osmond, qui a accouché récemment, de celui qui l’a trahi. Mais  Julie a déjà rencontré le Faon…
Ce thriller est construit de façon très originale. Chaque chapitre débute par la retranscription d’une Sourate du Coran. Puis il met en scène un des personnages principaux, avec un ton différent pour chacun.  Un peu déstabilisé au début, d’autant que l’histoire est volontairement plus ou moins opaque, le lecteur s’accoutume rapidement au procédé. Progressivement, l’enchaînement des faits qui ont conduit à telle ou telle situation se dévoile. Il faut cependant rester bien concentré : le récit est dense, il ne s’aborde pas à la légère entre 2 stations de métro. Et il ne faut pas moins de 460 pages pour arriver au dénouement.
Ce livre est sans conteste différent des autres romans à suspense, tant pas le sujet et le plan machiavélique qui y est révélé. Assez complexe, certain lecteurs seront peut-être tentés de décrocher avant la fin. Mais il vaut pourtant la peine d’être lu jusqu’au bout !


Sophie HERAULT

lundi 28 novembre 2011

Le docteur Ox de Jules Verne


Une fantaisie du docteur OX :

Quiquendone est une bourgade inhabituelle des Flandres occidentales qui n’existe sur aucune carte. Depuis des centaines d’années elle est habitée par des personnes et des animaux très calmes, très paisible, trop peut-être pour que ce soit normal. Van Tricasse, dirige cette ville sans jamais prendre de décision, d’ailleurs pour lui « l’homme qui meurt sans s’être jamais décidé à rien pendant sa vie est bien près d’avoir atteint la perfection ». Ce petit village où les gens prennent leur temps (il faut compter au moins une décennie avant de se marier), où l’agent de police doit faire rêver nos policiers d’aujourd’hui puisqu’il est au chômage technique, et oui personne ne commet de délit, personne ne se bagarre ni même ne se dispute, la famille Van Tricasse suit un invariable schéma familial,Le village voit arriver un nouvel habitant : le docteur Ox qui se propose d’offrir au village un système de lumière au gaz oxyhidrique, à l’aide de son assistant Ygène. Ils se servent des conduits déjà existants afin de mettre sur pied une expérience « pour le bien de la population ». Le mouvement, les paroles, l’excitation, les humeurs, les points de vue politiques prennent place, à tel point que le spectacle d’une durée habituelle de 6 heures sera expédiée en 18 minutes et une querelle vieille de plusieurs centaines d’années refera surface et préparera les habitants à la guerre inévitable ! Que se passe-t-il donc dans ce village ?
 Cette nouvelle est très divertissante, elle se lit rapidement, on retrouve inévitablement le langage soutenu de Jules Verne. Elle est pleine d’humour sur fond d’oxygène dirigée par Ox (le docteur) et Ygène (l’assistant) dans un pays symbole de placidité (la Belgique). Outre l’histoire d’un savant fou, j’ai apprécié la description d’un ordre établi qui se trouve être perverti par un seul homme qui s’extasie de l’excitation de la population (les hommes, les animaux mais aussi la végétation). Cet homme extraordinaire qu’était Jules Verne pense à tout !! Je suppose qu’il n’oublie pas son but non plus : nous montrer que l’usage détourné de la science est à surveiller, et ne pas se laisser porter par le progrès sans prendre garde aux effets néfastes éventuels.
 Maître Zacharius ou l’horloger qui avait perdu son âme est un conte fantastique.
Horloger orgueilleux à Genève, Zacharius a tout consacré à sa profession et sa notoriété est immense,car il a apporté des innovations déterminantes, dont l'échappement (un balancier qui régularise les oscillations). De cette invention date la naissance de la véritable horlogerie et il en retire plus qu'une légitime fierté. Convaincu d'avoir percé les secrets de l'union de l'âme et du corps, il va jusqu'à prétendre avoir " créé le temps, si Dieu a créé l'éternité ".
Subitement, les montres qu'il a fabriquées s'arrêtent sans recours.L'horloger en perd la raison, se ruine à les racheter pour maintenir sa réputation. Malgré le soutien de sa fille Gérande, fiancée à son ouvrier Aubert, sa santé se dégrade.Apparaît alors un être étrange, qui lui propose un pacte diabolique. L'amour du travail bien fait (c’est ce qu’éprouve maître Zacharius pour son métier d’horloger). Ce conte fantastique très sombre annonce, par la place centrale qu'il accorde déjà à la science et à la figure du savant, les grands romans à venir. Il raconte ici le rendez-vous tragique de l'homme avec lui-même, les amours impossibles.
 Un hivernage dans les glaces :Un bateau revient au port avec plusieurs marins manquant ainsi que le capitaine après un sauvetage raté. Un père refuse de croire à la mort de son fils et part à sa recherche dans le grand Nord. Il arme son navire, La Jeune-Hardie, et part affronter les nombreux dangers d'une mer glaciale et d'une terre hostile, à une époque où explorer l'Arctique est un défi réservé à quelques aventuriers téméraires ! La fiancée sera du voyage.Equipés de manteaux de fourrures et de traineaux à chiens, les personnages devront, comme le titre de la nouvelle l'indique, passer l'hiver emprisonnés dans les glaces. Mais à bord du navire, le second tombe amoureux de la jeune fille suite à la position d'unique héritière de celle-ci. Il fera tout pour éviter de retrouver le capitaine. Et si le plus grand péril venait davantage de la traîtrise des hommes que d'une nature aux forces pourtant redoutables ? Ce court récit aborde le thème de la recherche de l'être aimé, la lutte pour la survie dans les milieux extrêmes et la traîtrise.

Un drame dans les airs: Au moment de partir pour une courte balade en ballon, un intrus se précipite dans la nacelle du personnage et l'oblige à lâcher du lest pour s'élever plus haut et plus loin que ce qu'il escomptait. L'intrus profite du voyage pour raconter longuement l'histoire des incidents reliés à l'épopée des plus légers que l'air. Ce roman traite de l'aérostation ainsi que la folie.
Ces 4 nouvelles sont toutes différentes . Elles se lisent rapidement. J'ai passé un bon moment avec chacun des personnages, chaque fois attachants. On retrouve l'univers de Jules Verne avec ses jeux de mots et son langage soutenu.


Sabrina LE BOUCHER

samedi 26 novembre 2011

De l'autre côté du lit d'Alix Girod de l'Ain


Ariane vend des bijoux à mi-temps et s'occupe de deux enfants ainsi que de la maison le reste de la journée. Hugo, son mari, dirige une société de location de matériel de bricolage, il part tôt et rentre tard. Chacun de leur côté, ils commencent à s'ennuyer et souhaitent du changement. Pour cela, il leur suffit d'échanger leurs vies ! Chacun passe de l'autre côté du lit, mais en échangeant les jobs, on échange aussi le caractère !
L'histoire est vraiment originale, jouant sur les clichés des rôles de chacun au sein du couple, le roman est vraiment drôle. Les personnages sont assez naturels, ils cherchent à s'épanouir tout en conservant leur couple. Les personnages secondaires sont également intéressants, suffisamment détaillés pour être crédibles mais sans voler la vedette à nos héros.
La narration est également originale. Chaque chapitre représente un mois de l'expérience « échange de vie » supposée durer 10 mois. La narration passe du point de vue d'Ariane à celle d'Hugo de manière asse claire, on ne se perd pas en le lisant. J'ai beaucoup apprécié le compte rendu de leur coach à chaque fin de chapitre pour résumer le mois passé, cette petite touche apporte un point de vue externe et plus sérieuse. Il faut avouer que le reste du roman ne l'est pas trop, sérieux, l'auteure ne mâche pas ses mots, sans tomber dans le vulgaire, le registre est familier, très naturel là aussi.
Le point négatif, le rythme. Le début est assez long, au bout d'un tiers du roman, l'histoire se met vraiment en place et devient plus intéressante. Si la suite s'accélère, la fin pour le coup arrive très vite.
Une agréable découverte donc, une histoire originale et très bien écrite. Je lirais les autres livres d'Alix Girod de l'Ain avec plaisir !


Gwenola THEVENON

jeudi 24 novembre 2011

Le grand voyage de Jorge Semprun


Difficile de résumer une œuvre si réaliste. L’auteur, car ce récit est autobiographique, se trouve dans un wagon de marchandises qui l’emmène vers Buchenwald avec une centaine d’autres compagnons.
Durant ce voyage de cinq jours, Jorge Semprun nous transporte dans les événements de sa vie. La guerre civile en Espagne, la Résistance, la Libération et aussi le retour toujours très difficile à une vie normale.
Ce livre est quasiment un manuel d’histoire. L’auteur ne cache absolument rien sur ce qu’a été cette période de l’humanité. Mise à mort arbitraire, dénonciations, héroïsme et courage.
Le récit est fait de va et vient dans le temps mais à aucun moment je m’y suis perdu. A chaque changement de période, l’auteur nous fait faire un long passage
obligatoire par le wagon et de fait nous ressentons de manière intense et précise avec des mots simples ce qui se passe à l’intérieur car bien entendu l’axe essentiel est cette promiscuité.
La description de la déportation est terrible d’authenticité, très bien imagée. Il y a ceux qui n’arriveront jamais, ceux qui pensent être arrivés dès que le train ralentit, ceux qui espèrent et pour finir ceux qui savent où ils vont.
J’ai aimé plusieurs passages et bien des personnages de cette histoire.
Les personnages les plus touchants sont « le gars de Sémur » qui accompagne Jorge dans ce maudit wagon, la sentinelle allemande de la prison et ce dialogue
surréaliste, Hans le juif-allemand.
Il est clair que ce livre est un hommage vibrant à ceux qui sont morts dans ce wagon et en même un message de paix pour les générations à venir.
Je n’avais jamais lu un livre qui retrace la « vie » dans un wagon de déportés et j’ai été vraiment saisi par cette œuvre.


Edouard RODRIGUEZ

mardi 22 novembre 2011

La télévision d'Alain Le Diberder


Il nous raconte de manière très technique la télévision, l’évolution à partir du modèle américain, les droits de retransmissions, les différents financements, le système de réception chez le téléspectateur…
Malgré ces parties un peu complexes, nous avons quelques informations très intéressantes sur les trois types de systèmes télévisuels et leurs modes de diffusion, dans le choix des chaînes pour la course à l’audience. Il fait la comparaison avec les autres télévisions du monde, notamment européennes et américaines. Ce livre veut montrer aussi que la télévision n’est pas qu’un plateau de vedettes, mais aussi une entreprise comme les autres. Et ensuite, il essaie d’anticiper l’évolution de ce média.
Ce livre à quelques aspects passionnants mais le reste est assez complexe car il y a beaucoup de détails techniques concernant le réseau. Au final, au lieu de l’appeler « la télévision » je l’aurais nommé « l’économie de la télévision » ou « la gestion du système de télévision ».
Ce livre est divisé en chapitres et sous chapitres courts et émaillés de tableaux, schémas et graphiques.
Même si les thèmes sont parfois très « professionnels », et les phrases longues, le style reste facile à lire.
Je conseille ce livre, à tous ceux qu’ils veulent vraiment connaître les dessous de la télévision et sa partie économique.  


Hélène SALVETAT

dimanche 20 novembre 2011

Un billet de loterie de Jules Verne


Le billet de loterie est un roman de Jules Verne édité en 1886. L'histoire se déroule en Norvège, dans le comté de Telemark.Tout semble aller pour le mieux dans l’auberge de Dal, au cœur des montagnes norvégiennes, chez les Hansen.La famille est composée de Dame Hansen,Hulda et de Joël. Les deux femmes (la mère et la fille) s'occupent de l'auberge où elles accueillent généralement des touristes. Joël,lui est guide de montagne. Hulda a 18 ans, elle se fiance à Ole Kamp qui a 23 ans et est marin. Ole choisit de faire une dernière campagne de pêche au large de Terre Neuve qui, il l'espère, lui permettra de gagner suffisamment pour offrir un beau mariage à Hulda à son retour.
Hulda attend avec impatience des nouvelles de son bien aimé par courrier. Le temps lui parait long. Les jours passent et Ole ne revient toujours pas. Lors d'une escapade en montagne, Hulda et son frère sauvent le député Sylvius Hog d'une noyade dans la rivière Rjukan. Le professeur député restera quelques temps à l'auberge le temps de remettre de ses blessures.
Hulda perd tout espoir de le revoir lorsqu'elle reçoit un message qui lui fait part du naufrage auquel il est joint un billet de loterie qu'il avait laissé dans une bouteille jetée à l'eau au moment du naufrage. La loterie ne sera tirée que quelques mois plus tard.
La mère de Hulda a d'énormes dettes auprès du très antipathique Sandgoïst. Le billet de loterie prend une énorme valeur financière. La fiancée est partagée entre le désir de garder la dernière trace de son bien-aimé et le désir d'aider sa mère.
Lors du tirage de la loterie, une surprise attend nos personnages.
On retrouve dans ce roman, les caractéristiques des romans de Jules Verne, c'est à dire un langage soutenu, une histoire qui finit bien et les jeux de mots sur les noms. Il transforme le personnage en "méchant", en ajoutant un tréma sur son nom, pour que celui-ci rime avec égoïste. Dans ce roman l'auteur s'intéresse à ceux qui restent à terre, aux destinées de deux dames infortunées, en faisant de son histoire un roman d'amour (l'amour de Hulda pour Ole Kamp) et de haine (celle de Dame Hansen envers l'infâme usurier) sans trop plonger dans le mélodrame, grâce à la bonne humeur et l'optimisme du député Hog. Peut-être trouvera-t-on quelque peu étonnant que ce numéro 9672, sur lequel l'attention avait été si vivement attirée, fût précisément sorti au tirage du gros lot.
Oui, on en conviendra, c'est étonnant, mais ce n'était pas impossible.
Ce billet de loterie vernien mérite qu'on s'y intéresse, surtout si on est déjà amateur de l'univers de ce brave homme !


Sabrina LE BOUCHER

vendredi 18 novembre 2011

Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine de Joël Schmidt


Comme la plupart des gens, vous connaissez Zeus, Athéna ou Poséidon, leur fonction, leurs attributs. La guerre de Troie, l'Odyssée d'Ulysse ou les aventures de Thésée vous sont familières. Mais faites-vous la différence entre Eros et Cupidon ? Pouvez-vous définir ce qu'est un Héros ? Connaissez-vous l'origine de la corne d'abondance, du Dieu Dyonisos ? Qu'est-il advenu d'Ariane, abandonnée par Thésée après sa lutte avec le minotaure ? Saviez-vous qu'un mythe du déluge existait dans la mythologie Grecque ? Pourquoi Sisyphe a-t-il été condamé à pousser indéfiniment le même rocher, ou Cassandre maudite par Apollon ? Qui a lié le noeud Gordien ? Autant de questions, et bien plus encore, auxquelles répond ce dictionnaire.

Ecrit par Joël Schmidt, éminent spécialiste de l'Antiquité, ce dictionnaire très complet rassemble, de "Abas" à "Zodiaque", les légendes et figures mythologiques grecques et romaines. L'auteur s'est attaché à un récit brut, présentant les différentes versions relatées par les textes, sans s'embarrasser d'analyse ou d'interprétation symbolique. Agrémenté d'une multitude d'illustrations et rédigé dans un langage simple et agréable, il se lit presque comme une succession d'histoires, de façon linéaire ou au gré des pages, chaque nom renvoyant souvent à d'autres entrées qui permettent d'approfondir le sujet. Sans doute est-ce le seul point faible du livre : c'est au lecteur de chercher son chemin au milieu des articles, aucun renvoi ou aucune source n'étant clairement indiqué.
Passionnée par l'Antiquité, je me suis régalée avec cet ouvrage, que j'ai lu de bout en bout, comme un recueil de nouvelles - avant d'y revenir pour picorer ça et là. Je suis ravie de voir que je savais déjà pas mal de choses, enchantée d'en avoir appris de nouvelles, et et j'ai parfois été surprise... Ainsi ai-je découvert les Dieux Terminus, Fraude et... Lucifer ! Je me suis plongée avec délice dans les histoires de ces divinités antiques, humaines et passionnées, de ces héros et de ces nymphes dont les aventures ont une valeur universelle tant leurs sentiments les rendent proches de nous. Un éclairage bienvenu pour comprendre notre propre civilisation, qui doit tant aux mythes Grecs et Romains. Mais pas seulement : je sais désormais pourquoi mon oncle avait baptisé sa tortue Atalante ! Preuve que la mythologie mène à tout...



Fanny LOMBARD

mercredi 16 novembre 2011

Brazzaville plage de William Boyd


Hope CLEARWATER est une jeune éthologue anglaise, qui vient de soutenir brillamment sa thèse: "Dominance et territoire: rapports et structure sociale." et qui part au Congo dans un centre de primatologie pour étudier les chimpanzés et se noyer dans le travail pour oublier un mariage qui fait naufrage.Elle nous embarque pour l'Afrique comme le fit le Beagle de Darwin pour les Galapagos.
Il ne s'agit pas de l'Afrique qui fait rêver mais de conditions climatiques difficiles et des bestioles, de la transpiration, de la chaleur, des privations et de la menace pesante de la guerre civile alentour.
Hope découvre des horreurs sur les chimpanzés: leur grande violence,leurs infanticides, leur cannibalisme, leurs stratégies d'accouplement et de conquête de territoire, leur goût du meurtre et la joie de faire souffrir.En même temps Hope relate les mesquineries entre collègues, les tactiques amoureuses, les alliances, les revirements de situations, les professeurs, très imbus de préséance, qui utilisent les découvertes de leurs élèves pour publier et se mettre en valeur et leur grande fragilité psychique.
Le parallèle que l'auteur établit subrepticement entre la société des hommes et celle des chimpanzés est terriblement cruel ou tout simplement clinique et devant tant de sauvagerie l'on ne sait plus si c'est l'homme qui descend du singe ou l'inverse, le constat est misanthrope et zoophobe.
Les réminiscences de Hope: son cursus universitaire, son mariage avec un mathématicien, ses relations universitaires, leurs manies et leurs marottes m'ont lassé, j'ai failli en rester là et renoncer à la lecture mais son divorce et sa fuite en Afrique ont relancé l'aventure. La tension dramatique va crescendo jusqu'au dénouement final.
La bibliographie de l'auteur apparaît en filigrane: Darwin, René Girard et le désir mimétique(l'éthologie et le mécanisme victimaire), Von Neumann, Morgenstern et la théorie des jeux, Alfred Teller( un des pères de la bombe A et de la bombe thermonucléaire) et sa volonté de mettre en équations la météorologie, Joseph Conrad "au coeur des ténèbres", Karl Popper et le darwinisme comme programme de recherche métaphysique.Ses sources d'inspiration sont très intellos, très universitaires voire théologiques: William BOYD et le mystère de l'iniquité chez l'Homme et chez l'Animal.L'auteur a enseigné à Oxford...Ca dérange et ça fait réfléchir.


Gwenael CONAN

lundi 14 novembre 2011

Jusqu'aux yeux de Zoë Barnes


Mel, 25 ans est célibataire depuis que son petit-ami l'a quittée pour sa colocataire. Ambitieuse, sa place de responsable du rayon prêt à porter masculin d'un grand magasin de Londres lui convient, mais quand une opportunité se présente, elle saute dessus et travaille encore plus. Quand elle apprend sa grossesse, elle, une working-girl célibataire, que faire ? Et si c'était un nouveau défi pour la jeune femme ?
Vous l'aurez compris, voici une histoire pour les femmes ! Mél est un personnage sympathique, qui voit cet imprévu comme un défi, et qui se sent perdu au milieu des « mères normales ». Elle vit sa grossesse avec beaucoup d'auto-dérision et d'humour. Au fur et à mesure, elle apprend à aimer son enfant et devient vraiment touchante. Les personnages secondaires, pour la plupart sont beaucoup moins intéressants, et assez peu travaillés par l'auteur; à l'exception de Mandy, jeune fille de 18 ans dont le petit-ami est en prison. Mandy est très surprenante et détruit beaucoup d'idée préconçues, elle est mon personnage préféré de ce livre, et je pense qu'il mérite d'être lu, juste grâce à elle !
Concernant le style de l'auteur, c'est assez drôle, plusieurs passages, notamment ceux avec Mandy méritent même un éclat de rire ! Pour la narration, la plupart du livre est vu du point de vue de Mél, mais parfois le sujet change et on suit un autre personnage sur quelques paragraphes. De mon point de vue ça n'apporte pas grand chose, mais ce n'est pas vraiment gênant non plus.
En résumé, pour une fois qu'un livre aborde la grossesse avec humour, on ne va pas bouder notre plaisir à la lire ! Si en plus il est assez bien écrit et les personnages sont sympathiques, autant sauter dessus !


Gwenola THEVENON

samedi 12 novembre 2011

Le thé chez la comtesse de Marie Gagarine


L’auteur Marie Gagarine, qui n’est autre que la mère de la comédienne Macha Méril, signe là, le 2e tome de sa vie. Après « Blonds étaient les blés d’Ukraine » voici le « Thé chez la comtesse ». C’est un livre en deux parties distinctes :
Une première partie, courte, intitulée aussi « Le thé chez la Comtesse » où l’on rencontre des « déracinés » comme elle, qu’elle a invités à boire le thé, dans son appartement, à Paris, tout en parlant du « bon vieux temps ».
On y rencontre des personnes originales ou farfelues qui racontent leurs souvenirs.
Puis une seconde partie, intitulée « Les bonbons amers », divisée en plusieurs sous parties, où elle revient en arrière pour raconter plus précisément, sa vie à partir du moment où elle quitte le Maroc pour s’installer à Paris.
Après avoir déménagé souvent, elle s’installe donc, en France. Fuyant le bolchévisme, elle se retrouve dans les années 50 dans notre capitale, sans métier, veuve et avec trois filles à élever. Elle y raconte ses peines, ses problèmes et ses joies, mais toujours avec humour et nostalgie.
Au centre du livre, on trouve des photos réelles et expliquées, d’elle, de son mari et de ses enfants.
J’ai bien aimé ce livre, car c’est une biographie originale qui relate une partie de la vie de l’auteur, mais aussi parfois, on y trouve quelques précisions sur l’histoire du l’Ukraine.
Le style est léger, humoristique et agréable. On passe un bon moment dans un monde différent du nôtre.
Faites comme moi, invitez-vous chez la Comtesse, pour passer un moment de détente mais aussi pour s’instruire sur la vie pas toujours rose, d’une aristocrate Ukrainienne exilée.


Hélène SALVETAT

jeudi 10 novembre 2011

Grace, les vies secrètes d'une princesse de James Spada


Waouh…quelle vie, quelle femme ! Ceci a été ma première réaction après la lecture de cette biographie que j’ai quasiment dévorée.
Grace, les vies secrètes d’une princesse est l’histoire de Grace Kelly, une femme magnifique, actrice hollywoodienne puis qui est devenue par la suite Princesse Grace de Monaco en épousant le Prince Rainier.
Loin de raconter un conte de fées comme on pourrait se l’imaginer, ce livre retrace la véritable vie de Grace Kelly, son éducation, ses amours, son humanité, ses choix, ses angoisses, sa solitude, etc.
La biographie est composée de quatre parties. « La naissance d’une star » englobe son enfance, son adolescence au sein d’une famille très puritaine pour laquelle les apparences comptent plus que tout, ainsi que la montée de sa vocation théâtrale jusqu’à ses premiers pas à Hollywood, sans oublier l’ensemble de ses frasques sentimentales pour des hommes toujours plus âgés. La seconde partie « Les années Hollywood » retrace sa carrière cinématographique, ses relations avec les médias, ses rencontres, Hitchcock, et encore une fois l’histoire de ses nombreuses relations amoureuses. En troisième point « Grace, princesse de Monaco », son mariage, sa vie au sein de la principauté, ses difficultés d’adaptation, sa solitude. Enfin « La dame solitaire de Monaco », quatrième et dernière partie évoque son mal-être, ses difficultés de communication avec ses filles, ses occupations pour parer à un ennui toujours plus pesant et pour finir les circonstances de sa mort tragique en 1982 à l’âge de 53 ans dans un accident de voiture.
Ce livre m’a beaucoup plu, outre le côté paillette et vie de princesse, c’est l’histoire d’une jeune fille blessée par son père auprès duquel elle a tenté en vain d’acquérir un minimum de reconnaissance tout au long de sa vie. C’est l’histoire d’une femme aux relations amoureuses multiples et instables, qui se cherche. C’est l’histoire d’une princesse qui fera de gros sacrifices et dont le plus grand regret sera l’abandon de sa carrière au cinéma. Et enfin c’est l’histoire d’une mère présente, d’une épouse fidèle, d’une femme émouvante et terriblement humaine.
A lire donc ! James Spada a vraiment fait un travail remarquable, il parle de Grace Kelly telle qu’elle l’était vraiment, il n’a pas cherché à en faire un mythe, une femme parfaite. Il agrémente son texte de morceaux de phrases, de témoignages des proches de la princesse ce qui rend cette biographie vivante.


Émeline MICHAUT

mardi 8 novembre 2011

Soleil levant de Michael Crichton


Avis à ceux qui ne jurent que par le Japon et sa culture, ce roman risque de froisser certaines idées reçues et de manière plutôt drastique, mieux vaut en convenir dès le départ. Pour les japonais « faire des affaires c'est faire la guerre ». Et à la guerre tous les coups sont permis. La fiction de Michael Crichton parle de l'envahissement irrépressible que les grands groupes japonais ont pu exercer sur l'économie, sur le monde de l'éducation, de même que sur le monde de la politique américaine. Les règles du jeu n'étant pas les mêmes pour les forces en présence, tous les rapports s'en trouvent d'autant fortement biaisés.
Ceci se tenant en toile de fond, l'action est menée rondement, un vrai film, par l'auteur qui en profite pour donner aussi le son de cloche des asiatiques par la bouche de John Connor, un ex-policier, plus ou moins barbouze autrefois, devenu retraité toujours disponible pour des missions ciblées nécessitant des connaissances fouillées de ce que l'on pourrait appeler « l'âme japonaise »...
D'entrée de jeu on se dit que ce roman ne doit rien au « politiquement correct ». Selon l'auteur les japonais sont les plus racistes de la planète, ce qui les portent à être convaincus que tout le monde autour l'est tout autant qu'eux... Bien sûr en cours de récit cette opinion est un tant soit peu nuancée par une lecture plus ouverte des points de vue.
Une chose est certaine, on entre dans ce roman comme si on se posait sur des rails... l'histoire suit son cours et le plus difficile reste d'interrompre la lecture avant de savoir le fin mot de tout cela. Excellent roman que je recommande chaudement. Et ce n'est certainement pas le dernier Crichton que je lis...


Michel Maurice FORTIN

dimanche 6 novembre 2011

Un début à Paris de Philippe Labro


Ce livre continue la saga auto- biographique de Philippe Labro. Cette fois –ci nous sommes dans le milieu de la presse et dans le Paris des années cinquante.
Philippe a vingt ans et une foi incroyable dans le métier qu’il veut faire. Il a la chance avec lui, son premier interview sera celui de Blaise Cendrars qui lui donnera un conseil précieux pour réussir dans le métier de reporter « restez près de la vie ».
En appliquant cette consigne, Philippe va percer, faire des rencontres, qui le pousseront vers la réussite mais sans oublier son épée de Damocles. Il faudra aller faire son service militaire en pleine guerre d’Algérie.
J’ai déjà lu de nombreux livres auto- biographique de Philippe Labro -tel que l’étudiant étranger, un été dans l’ouest, le petit garçon, quinze ans- celui-ci n’est pas le plus abouti pour moi mais il est un échelon indispensable à cette saga.
Intéressant car on pénètre un milieu quand même très fermé, et l’auteur dépeint très bien les scènes de planques, les rejets des gens du métier envers un petit
nouveau, les angoisses au moment de la rédaction d’un article. De plus nous entrons de plein pied dans l’élite parisienne de l’époque.
Deux personnages sortent du lot, deux personnages qui lui ont appris le métier et donné une façon de faire et d’être que sont Vence et son Austin Martin à over-drive et le grand petit homme, patron de France-soir.
Vence est le total contraire de Philippe mais l’un ne peut aller sans l’autre et leur complicité fait plaisir à voir.
Le grand petit homme donne sa vraie chance à Philippe et a un cœur en or.
Il y a également deux figures féminines essentielles : la baronne Béatrice de Sorgues, étrange femme de la haute société et sa nièce Lumière qui a un don de
voyante.
Par contre j’ai apprécié les descriptions de ce Paris de la fin des années cinquante. Cette atmosphère dans laquelle on ressent que les choses vont ou plutôt sont en train de changer. Le cinéma et sa nouvelle vague, l’indépendance des pays d’Afrique….
J’oubliais le Paris festif et nocturne que nous fait découvrir Vence et les portraits de Philippe qui sont forts bien mis en page et toujours pleins d’humour et de réalisme.


Edouard RODRIGUEZ

vendredi 4 novembre 2011

Dalva de Jim Harrison


En 471 pages Jim Harrison tisse l'écheveau de sa tapisserie de Bayeux, vaste fresque de l'Ouest américain de la fin de la guerre de Sécession au massacre des Sioux à Wounded Knee, évoquée par des personnages de chair et de sang d'aujourd'hui, leur histoire contemporaine se mêle au passé...
Le roman est  très riche, c'est un compendium de l'histoire et de la géographie américaine, de la collision des cultures et des êtres qui s'aiment et s'éloignent sans doute par mauvaise communication , trop grande fierté ou peur de sombrer dans la passion. L'originalité et le pittoresque attirent l'attention, l'écrivain a le sens de la formule et de l'image. Si c'est prosaïque et trivial à l'occasion c'est aussi inexorablement romantique et sensible par moments: la rencontre de Duane Cheval de Pierre et de Dalva, Crazy Horse et la mort de sa fille, Northridge et sa jeune femme Aase etc. Le romancier n'oublie pas les considérations économiques et sociales, la flore, la faune, ses descriptions de paysages sauvages et ses portraits brûlants sont inoubliables.
Dalva est une femme originaire du nord du Middle West, son prénom vient d"Estrella Dalva, l'étoile du matin en portugais, titre d'une samba qui plût à ses parents. Elle parcourt les Etats unis de l'Oregon à la Californie, de New York à la Floride, de l'Arizona au Montana en s'attardant au Nebraska et au Dakota.Sa grande beauté lui vaut quelques expériences fâcheuses mais elle garde  le cap. Elle n'oublie pas d'aider un cas social à l'occasion, c'est une femme de caractère qui sait ce qu'elle veut, lorsqu'elle revient vers son amoureux Duane, ses détracteurs jaloux, sectaires emplis de préjugés disent de lui"un vrai salopard" (page 106), notre héroïne n'écoute pas et juge sur pièce.
Le maître Harrison joue de son anima et de son animus, il utilise toute la palette des émotions, la virilité, la sensibilité féminine, de la tendresse à la violence extrême. Avec l'œil affûté d'un prédateur,rien n'échappe à son sens de l'observation, c'est très réaliste, on croit à ses personnages et à ses situations, c'est aussi lyrique et poétique, le réel se mêle au rêve. (Jung émet l'hypothèse que nos rêves émergent des paysages qui nous entourent).Il y a du panthéisme mystique et du naturalisme poétique, un délicieux hommage à la désobéissance civique et un hymne à la vie sauvage, au métissage et aux sangs mêlés, un vrai humaniste, lui.
Si vous avez aimé le livre et le film "Légendes d'automne", si vous avez une dilection particulière pour National Geographic et ses photos émouvantes, vous adorerez Dalva.


Gwenaël CONAN

mercredi 2 novembre 2011

La fée carabine de Daniel Pennac


La fée carabine est un roman de Daniel Pennac, second tome de sa série Malaussène. Il peut se lire séparément, les allusions à ce qui se passe dans le premier tome étant relativement peu nombreuses et bien explicitées. Dans le quartier où vit la famille Malaussène, un homme tue de vieilles dames, un flic est tué dans la rue, une jeune femme est jetée du haut d'un pont devant le commissariat et un étrange trafic de "drogues médicamenteuses" vise les personnes agées. La police enquêtant sur cette affaire trouve Benjamin Malaussène au coeur de cette affaire, étrange pivot auquel chaque indice ramène tel le parfait bouc émissaire qu'il est.
Cette famille Malaussène est assez déjantée et carrément attachante.On ne peut que compatir devant Benjamin Malaussène, chef de famille dépassé, pris en toute occasion en bouc émissaire de tous les maux de la terre. Les différents membres de la famille sont tous charismatiques et bien présentés bien qu'ils soient moins présents dans cette histoire :
Clara le jeune photographe, le Petit qui a une vision de la vie très poétique...Jusqu'à la nouvelle arrivée dans la famille,la petite Verdun qui s'impose dès sa naissance par sa voix.
L'enquête en elle-même est très bien menée, beaucoup de faits divers dont on peine à voir les connections qui vont s'établir peu à peu pour nous révéler toutes les méandres d'une affaire assez politique au final.
L'écriture de Daniel Pennac est légère, il se détache des carcans littéraires pour écrire à sa façon qui ne ressemble à rien. Et pourtant la magie opère, on est de suite emporté dans l'histoire, par son humour, ses jeux de mots, de rôle...
Mais je crois que son plus grand talent réside dans ces portraits qu'il nous peint. Chaque personnage est unique, développé jusqu'au moindre détail, les rendant vivants à nos yeux de lecteurs sans le moindre effort. Il n'est qu'à voir pour cela l'inspecteur Thian tiraillé entre son identité réelle et celle de la veuve Hô.
Une plume originale à découvrir.


Elisabeth DOUDAN

lundi 31 octobre 2011

Les amours de Laura Quick d'Isabel Wolff


Laura, trentenaire dont le mari a disparu, décide d'aller de l'avant, prête à refaire sa vie et devenue présentatrice d'un quizz télévisé, sa vie recommence!
Dans les premières pages, Laura décide de ranger les affaires de Nick, son mari disparu depuis trois ans. Dès les premières pages, Laura m'a plu. Ses réflexions et ses actions m'ont touchées, elles semblaient parfaitement justes. Durant tout le roman, Laura est un personnage attachant, crédible, naturel.
Elle et ses proches traversent des histoires assez sombres et sont confrontés à des problèmes adultes. Ici, vous ne trouverez pas d'amourettes fleur bleue et idylliques mais des histoires communes et dures,  divorces et garde d'enfants partagée, la disparition du mari de l'héroïne, mais également beaucoup de réflexions concernant la grossesse, ses suites et le lien entre le père et l'enfant. Ce sujet-là, assez peu abordé dans la littérature féminine, est traité avec beaucoup de pudeur.
Comme toujours avec Isabel Wolff, les descriptions sont sommaires, les phrases assez courtes. Beaucoup de détails sont sous-entendus dès les premiers chapitres mais ne sont révélés entièrement que plus tard, ce qui donne encore plus envie de lire la suite très vite ! J'ai eu du mal à la reposer tant j'ai aimé l'héroïne et tant je voulais connaitre la suite.
Il faut l'avouer on pourrait vite avoir pitié des personnages, mais l'auteure nous l'évite grâce à un ton léger, sans pour autant tomber dans l'humoristique, ce roman fait sourire. Des thèmes pourtant graves sont abordés avec douceur et pudeur.
Un excellent roman s'Isabel Wolff, un de ses meilleurs je pense, pour toutes celles qui souhaitent lire une histoire sérieuse mais avec le sourire aux lèvres !


Gwenola THEVENON

samedi 29 octobre 2011

La guerre des boutons de Louis Pergaud


Qui n’a jamais entendu parler de « la Guerre des Boutons » ?
C’est l’histoire de deux villages : Longeverne et Velrans et de la guerre que se livrent chaque année les écoliers de ces deux communes. Lors d’une de leurs batailles et de la capture d’un premier prisonnier, l’idée surgit d’elle-même : il faut le dépouiller entièrement de ses boutons ! C’est l’humiliation…et la guerre est déclarée. L’objectif est lancé, et la constitution d’un trésor de guerre rempli de boutons a commencé.
En tant que lecteur, nous sommes du côté de l’armée des Longeverne dirigée par le grand LEBRAC soutenu par ses fidèles acolytes, entres autres : Grangibus, La Crique, Tintin, Camus et j’en passe. Donc naturellement nous choisissons vite notre camp et l’équipe adverse menée par l’Aztec des Gués devient à nous aussi notre pire ennemi.
Nous avons affaire à une véritable organisation militaire, avec son chef, son trésorier, les guetteurs, les approvisionneurs et même des petites mains féminines pour rapiécer les grands dégâts et soutenir ses vaillants combattants.
Avec la sortie dernièrement de deux films et surtout en souvenir de la cultissime adaptation d’Yves ROBERT en 1961 d’où est tirée cette désormais célèbre citation de TIGIBUS (Martin LARTIGUE) : « Si j’avais su, j’aurai pas venu » ; j’ai eu envie de me plonger dans ce livre !
Et en parlant de plongeon, le mot est exact. Nous sommes directement transportés dans la grande armée de Longeverne et son organisation. Ces écoliers sont incroyables, jamais à cours d’idées toutes aussi farfelues les unes des autres ! Et bien qu’un peu difficile à lire au début (le langage des écoliers du début du siècle en milieu rural y est conforme à la réalité !) nos yeux s’adaptent, notre imagination déborde et la lecture se fait toute seule.
Un grand classique à ne pas manquer, juste pour le plaisir !


Emeline MICHAUT

jeudi 27 octobre 2011

Quo vadis d'Henryk Sienkiewicz


De retour à Rome, le tribun militaire Vinicius s'éprend de la belle Lygie, barbare chrétienne et otage de Rome. La jeune femme, bien qu'attirée par Vinicius, est horrifiée par ses moeurs et sa violence et refuse de devenir sa concubine. Pétrone, oncle de Vinicius en cours auprès de Néron, intervient pour qu'elle lui soit livrée par l'Empereur. Mais Lygie parvient à s'échapper. Vinicius, blessé alors qu'il tente de l'enlever, ne doit sa survie qu'à son intervention et aux soins prodigués par les Chrétiens. Intrigué par cette religion d'amour et de pardon, le patricien se remet alors en question - jusqu'à se convertir. Plus rien, dès lors, ne s'oppose à son union avec Lygie. Mais c'est compter sans Néron qui, se dédouanant de l'incendie de Rome en accusant les Chrétiens, les condamne à mourir dans l'arène...

Plus de 500 pages et pas une seule longueur : cet ouvrage aux scènes parfois impressionnantes est magnifiquement bien écrit, dans une langue accessible et agréable, où alternent dialogues, action et réflexions religieuses et philosophiques. Historiquement douteux, il est pourtant bien documenté quant à la vie quotidienne et plonge le lecteur dans l'Antiquité romaine. Certes, il est extrêmement prosélyte et l'intrigue principale a quelque chose de naïf, mais on s'attache pourtant aux deux héros. Les personnages secondaires, tels Ursus, Paul de Tarse ou Pierre ne sont pas en reste - allant parfois jusqu'à leur voler la vedette : Néron et Pétrone, en particulier, deux figures impressionnantes qui donnent une dimension supplémentaire à ce roman où se mêlent personnages fictifs et historiques.

Malgré un antagonisme outrancier entre les dépravés Romains et les bons chrétiens et un Néron caricatural, j'ai été emportée par le souffle épique de ce roman. Tour à tour émue par les paroles de Paul de Tarse, glacée par le personnage de Néron et horrifiée par les tortures infligées aux chrétiens, je n'ai pas lâché ce livre, extrêmement riche. Je dois avouer cependant que je me suis surtout passionnée pour le personnage de Pétrone ! Rien que pour cet homme lettré, rusé et élégant, aussi attachant que fascinant, cette lecture valait le coup ! Seul problème : impossible de voir Néron autrement que sous les traits de Peter Ustinov... Ce qui me permet de conclure en vous invitant à lire ce livre, ne serait-ce que pour comparer avec le film de LeRoy !


Fanny LOMBARD

mardi 25 octobre 2011

Le voleur d'ombres de Marc Lévy


Le héros de ce nouveau roman de Marc Levy est un enfant qui ne supporte plus que les adultes ne cessent de lui répéter : « Tu comprendras quand tu auras mon âge! ». L'auteur ne mentionne pas son nom. Il a peur des ombres qui viennent le soir. Il souffre de sa petite taille, de n'avoir pas su retenir son père au foyer familial et de se voir souffler « la femme de sa vie », Elisabeth, par le costaud de la classe, Marquès.
Il a pour seuls amis le gardien de l'école et le fils du boulanger. Mais notre jeune désillusionné découvre un jour, grâce à une ombre dotée de parole qu'il détient un pouvoir.Ce dernier lui permet de voler les ombres de son entourage et de parler avec elles. Il doit apprendre à le maîtriser et s'en servir à bon escient, c'est à dire aider ces personnes à éclairer leur vie. Son ombre entre en contact avec celles des autres, elles s'échangent, se parlent, lui parlent et lui indiquent la manière de remettre chaque chose à sa vraie place !
Comment ? Vous l'apprendrez en lisant ce roman! Il évoque les rêves perdus, l'enfant qui juge l'adulte. On s'attache vraiment à ce garçon qui est dans une solitude et une mélancolie extrêmes étant jeune, puis nostalgique étant adulte. On est attendri également de son histoire d'amour avec Cléa, une petite fille muette!
 C'est un roman émouvant, on ne peut rester de marbre en tournant les pages de ce livre! Ce roman de Marc Lévy, comme les précédents est enivrant, palpitant. Il devient difficile de stopper sa lecture!


Sabrina LE BOUCHER

dimanche 23 octobre 2011

Les infortunes de la vertu de D.A.F. Marquis De Sade


Comment deux destins se séparent et se rejoignent ? Le récit, c’est celui de deux sœurs, Juliette l’aînée et Justine qui, fortes d’un père riche, se retrouvent soudainement dehors sans le sou, suite à la ruine de leur parent. Voilà que les deux filles cherchent par un quelconque moyen à survivre en gagnant leur vie. C’est ici que leur chemins se sépareront : Juliette choisit un  vie de débauche et d’escroquerie,pensant qu’il vaut mieux faire preuve de vice pour atteindre un idéal ; Justine, elle, de rester religieusement dans un comportement sage et rangé. Ses bonnes vertus vont-elles l’amener à cet idéal recherché, somme toute modeste ? C’est ce que dévoilera le récit à partir des multiples étapes et rencontres de la vie de Justine. Ce que nous
raconte Sade sera délirant et pertinent, mettant à mal la religion et la morale. Le titre résume à la fois l’œuvre et le ressentiment lors de la lecture. En effet, si Justine tient toujours à ses principes très religieux (on la retrouve régulièrement en train de « parler » à Dieu), ses espoirs l’amèneront à des déboires, des infortunes tous plus incroyables les uns que les autres. Sade nous propose de tordre l’idée de bonté, de foi et de destin à travers une écriture acerbe desservant une pensée marginale mais pas inintéressante.
Si ce livre est à la fois choquant mais acceptable, prenant et repoussant, il faut noter la remarquable manière dont Sade sait créer de l’intérêt pour une telle histoire.
Contrairement à sa réputation et malgré les passages parfois ignobles (celui du
monastère par exemple), il faut relever avant tout la qualité romanesque de l’auteur. De bout en bout, et spécifiquement à ce que peut accepter ou non son lecteur, Sade brouille les codes moraux et religieux, les extirpe pour mieux les interroger. Cela passe par une histoire tant farfelue qu’inimaginable, mais aussi par un vocabulaire détaché et sans détours. C’est ainsi qu’on comprendra que les espoirs de Justine sont pour Sade des illusions métaphysiques. Puis, on le sait, Sade fait partie de ces auteurs longtemps (encore souvent) censurés. Cependant, peut-on y retirer de cette verve littéraire pour ne retenir si primairement que la dimension excentrique et marginale ? Je vous invite à vous faire une idée vous-même de l’auteur et de son œuvre originale.


David DOHEIN

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