vendredi 17 juillet 2009

Les métiers de la sociologie de Alexandrine Civard

La question centrale du livre est posée par l’auteur en ces termes : Peut-on faire de la sociologie un métier ? La réponse est claire : oui. Pour savoir comment faire, Alexandrine Civard a enquêté pour savoir de quelle manière s’opérait le recrutement des sociologues en herbe. Elle explique ainsi qu’il existe de multiples voies au-delà du monde de la recherche scientifique. Les entreprises ont également besoin des spécialistes en sciences humaines et sociales qui peuvent apporter un regard neuf et neutre, tout en ayant une rigueur et une méthodologie spécifique à leur discipline. C’est cette expertise que les jeunes diplômés doivent aujourd’hui valoriser pour conduire des enquêtes dans un monde en perpétuelle mutation. Le travail du sociologue consiste à se poser des questions sur la société qui l'entoure et à essayer d'y répondre en dépassant les idées préconçues. C’est une sorte d’enquêteur qui cherche à comprendre le fonctionnement de la société en essayant de trouver des informations, des indices auprès des individus, des collectivités ou de certains groupes sociaux pour résoudre une problématique qu’il a choisie ou pour répondre à des commandes des pouvoirs publics. Dans son ouvrage, Alexandrine Civard propose quelques sujets qui intéressent les sociologues: les tagueurs, Les banlieues, l’immigration, l’alcoolisme, la publicité, les stades de foot, etc. Elle nous explique ensuite le parcours des « têtes chercheuses » de l’enseignement et de la recherche ainsi que les débouchés dans le monde de l’entreprise. Même si le livre est d’une lecture facile et que les informations sont très intéressantes (elles sont une bonne base pour une recherche d’emploi) ce livre a été publié en 1993 et doit être complété par la lecture d’autres revues et/ou ouvrages plus récents. Cette constatation est d’autant plus vraie que les réformes s’accumulent et ne cessent de bousculer les parcours universitaires. Cela ne concerne pas les débouchés au sein des entreprises et des collectivités locales qui ont régulièrement besoin de chargés d’études. En conclusion, cet ouvrage, qui concerne les étudiants de sociologie qui sont en passe de terminer leurs études, est un premier contact avec le monde du travail mais nécessite de se tenir au courant des évolutions incessantes des filières au sein de l’Education Nationale. Pierre SECOLIER

La valse aux adieux de Milan Kundera

Après une nuit d’amour, Ruzena ,infirmière dans un centre thermal situé dans une ville d’eaux à quelques heures de Prague, tombe enceinte du célèbre trompettiste Klima qui y donnait un concert. Une fois averti, Klima sous un faux prétexte laisse sa femme Kamila à Prague et va à la rencontre de Ruzena. Chemin faisant il décide de rendre visite à un riche ami américain Mr Bertlef qui séjourne dans la ville d’eau. Celui-ci lui propose de rencontrer le Docteur Skreta, amateur de batterie à ses heures perdues, qui préside la commission des avortements. Skreta « bon prince », se propose de faire le nécessaire pour convaincre la commission mais en contre partie il veut organiser un concert à trois et Klima serait le trompettiste. Ce dernier accepte bien entendu. Alors qu’il tente et réussit de persuader Ruzena d’avorter avant de repartir à Prague, Klima est agressé par Frantisek, le petit ami de notre infirmière. Et voilà qu’apparaît Jakub, ancien détenu politique qui vient dire adieu avant de quitter définitivement son pays au Docteur Skreta ainsi qu’à Olga jeune femme dont il se sent responsable suite à une vieille promesse faite dans sa jeunesse. Jakub profite de cette visite pour rendre au médecin un comprimé bleu qui n’est rien d’autre qu’un violent poison mais ce –dernier ne le prend pas et le laisse donc à Jakub. Qu’adviendra t-il de ce comprimé ? Jakub quittera t-il la Tchecoslovaquie en l’esprit tranquille ? En faisant avorter Ruzena, Klima sauvera t-il son couple ? Ce bon roman de Kundera est très vivant dans sa conception. Il s’étale sur cinq jours et chaque jour qui passe fait se télescoper nos personnages à une vitesse qui ne cesse de croître. Les personnages sont très différents presque à l’opposé les uns des autres, ce qui rend l’histoire drôle mais n’empêche pas une issue tragique. D’autre part autour d'une histoire truffée d'humour noir Kundera pose des questions existentielles sur la société et la vie bien entendu. De l'adultère à l'avortement, à la procréation en passant par l'amour et la trahison sans oublier le système politique d’un pays communiste avec tout cela Kundera nous pousse d’une manière subtile à nous regarder, nous observer tels que nous sommes avec nos défauts mais aussi nos qualités. J'ai ressenti un vrai plaisir à lire ce livre qui pour moi nous prouve le talent de cet auteur en alliant comédie et tragédie, légèreté et gravité, détente et réflexion. Edouard RODRIGUEZ

lundi 13 juillet 2009

Même les cow-girls ont du vague à l’âme de Tom Robbins

Même les cow-girls ont du vague à l’âme est avant tout un grand et magnifique récit excentrique. L’auteur y est omniprésent. Il intervient régulièrement et perturbe sans vergogne le bon déroulement de l’histoire. Il s’amuse à hacher le récit, à le bousculer en faisant fi des procédés littéraires usuels. En ne cessant d’apostropher le lecteur, il le fait rire, car avant tout il se moque de lui, de nous, de la société et de ses conventions. Tout du long, on rit, parfois on s’esclaffe, mais on garde toujours la bonne humeur qui sied à ce gros roman atypique. Si le style original bouscule les attentes du lecteur, si le bagout et la faconde de l’auteur l’interpellent, la complexité de l’histoire le fascine. Tout commence avec l’apparition de deux énormes, deux incroyables et gigantesques pouces. Sissy Hankshaw en est dotée et ne pourra rien faire comme tout le monde. Puisque ces deux appendices l’empêchent de se servir d’outils trop compliqués, puisqu’ils l’empêchent d’utiliser les armes, il est naturel qu’elle se fasse avant tout auto-stoppeuse. Elle nous entraîne dans son sillage à la rencontre d’une galerie de personnages tous plus fous et loufoques les uns que les autres. Ils sont nombreux, mais retenons pour exemple ce vieux sorcier indien, ce vieux nigaud, un ermite retiré en haut d’une vieille butte défraîchie, dernier sanctuaire d’une tribu indienne, les Siwash. Il est le gardien des dernières traditions, mais on l’appelle étrangement Le Chinetoque, bien qu’il soit japonais. Il refuse d’être ce que tous veulent qu’il soit, c’est à dire un gourou, ce qui ne l’empêche pas d’avoir des choses à dire et à faire, en l’occurrence avec la belle Sissy, lui faire longuement l’amour. Tom Robbins brasse ici merveilleusement toutes les utopies des années soixante. C’est à dire le sexe, la drogue et la philosophie. Rien ni personne n’en sort indemne. Ni la littérature, ni la société américaine, encore moins la contre culture, pas même les grues. Jacky GLOAGUEN

vendredi 10 juillet 2009

2061 : Odyssée trois de Arthur Charles Clarke

2061 : Odyssée trois est le troisième tome de la série issue du film de Stanley Kubrick, 2001, l’Odyssée de l’espace. Il nous raconte comment, dans le cadre de la conquête de l’espace, le vaisseau Univers va d’abord se poser sur la comète de Halley pour en effectuer des analyses, avant d’être envoyé à la rescousse des passagers du Galaxy, qui s’est échoué sur Europe, l’une des lunes de Jupiter. Seul problème : quelques 50 ans auparavant, un mystérieux message provenant d’une intelligence extraterrestre avait précisément interdit aux humains de se poser sur Europe, et avait donné un poids considérable à ses menaces en créant un nouveau soleil, Lucifer… Comme pour les volumes précédents, Arthur Clarke s’est basé sur les dernières avancées en aéronautiques, physique, et autres disciplines pour étayer son histoire et, de fait, on se laisse facilement entraîner dans ses romans. Bien que ce soit de la science-fiction pure, il donne un poids certain à ses affirmations et explique tous les aspects géopolitiques, historiques, scientifiques, etc., qu’il utilise de manière très plausible. En plus, ce que j’apprécie chez cet auteur, c’est qu’on peut tout à fait lire par exemple ce 3e tome sans relire les deux premiers d’abord, parce qu’il constitue une histoire en lui-même. Il contient évidemment de nombreuses références aux deux premières parties et reste ouvert pour la suite, mais on peut comprendre toute l’histoire sans aucun problème. Et il reste très crédible, sans tomber dans le travers d’autres auteurs de science-fiction qui inventent des mondes trop compliqués ou présentent des inventions scientifiques à dormir debout. Pour moi, il reste donc un incontournable du genre. Dernière précision : je n’ai pas du tout aimé le film de Kubrick, que j’ai trouvé extrêmement long et lent, alors que je relis toujours avec plaisir les 4 tomes de Clarke… Anne ALBERT

jeudi 9 juillet 2009

Quatre garçons dans la nuit de Val McDermid

A St Andrews, en Ecosse, une froide nuit de décembre 1978, à quatre heures du matin, quatre jeunes hommes éméchés découvrent le corps de Rosie DUFF, in articulo mortis. Elle a été violée, poignardée et laissée agonisante dans un antique cimetière celte. Les jeunes hommes alertent immédiatement la police, mais tout les accuse, ils n'échappent pas aux soupçons des enquêteurs, de la presse et de ses articles au vitriol, à la vindicte populaire. Faute de preuves, ils sont laissés en liberté après des interrogatoires éprouvants. Trente ans plus tard, la police décide de rouvrir le dossier, confortée par les nouvelles possibilités de la recherche médico-légale. L'enquête patauge toujours, l'un des protagonistes décide, malgré les risques, de forcer le destin pour connaître la vérité et confondre le coupable. Le résultat sera saisissant. La romancière, Val McDermid, ancienne journaliste, nous prend aux tripes par sa maîtrise des arcanes de l'âme et de l'esprit, des multiples connexions de la chair et du sang. Elle traite sa matière dans toute son ampleur et sa profondeur, psychologique et sociologique. Cette auteure est vraiment impressionnante, il n'est pas possible de passer à côté. Personne n'est vraiment innocent, chacun a ses préjugés, ses forces et ses faiblesses. Elle décrit avec science et subtilité les tourments de la psyché au moyen d'un camaïeu qui s'étale du gris anthracite au gris clair. Val McDermid domine son sujet, à lire absolument. Gwenael CONAN

mercredi 8 juillet 2009

Le testament français de Andreï Makine

Dans un petit bourg nommé Saranza figé à la bordure des steppes, Aliocha et sa sœur, passent leurs vacances d’été année après année chez leur grand-mère Charlotte née en France, et ils en profitent pour parler français entre- eux. Alors qu’Aliocha fouille une vieille valise il découvre des photos de famille et de vieux magazines français. Dès lors il se crée une nation : la France-Atlantide. Cette valise, va pousser Aliocha à nous faire découvrir la vie de Charlotte , fille d’Albertine Lemonnier . En Juillet 1914, alors qu’elle est âgée de onze ans Charlotte est envoyée en France chez sa tante qui habite Neuilly-sur-Seine. En 1921, elle revient en Russie et retrouve sa mère. Après le décès de cette-dernière, elle se marie mais déjà arrive la seconde guerre mondiale et les déplacements de population. Après la guerre, Aliocha perd ses parents et s’en va vivre chez une tante. Là, il découvrira que Charlotte fut victime d’un viol en Asie Centrale durant la guerre. Grandissant dans cette Russie qui est devenue l’Union Soviétique, il va découvrir l’amour, l’amitié et s’éloigner de sa grand –mère. Un jour il part pour la France mais reverra t-il Charlotte vivante ? Que lui réserve la vingtaine de pages écrites par Charlotte et remise par Val Grig ? Et si Aliocha était un enfant né du système tortionnaire stalinien ? J’ai trouvé ce livre très beau car l’amour, la tendresse qui lient Aliocha à sa grand-mère sont présents en permanence et on constate également qu’en grandissant Aliocha s’émancipe mais revient toujours vers Charlotte. Un point surprenant dans ce roman consiste en ce que l’auteur évoque ses parents durant quelques pages à peine mais une profusion de détails lui reviennent en mémoire dès qu’il parle de ses grand- parents et ses arrière-grands- parents. J’ai fortement apprécié cette confrontation pacifiste entre les cultures française et russe ainsi que ce va et vient dans le temps. On passe de l’inauguration du pont Alexandre III à la seconde guerre au Président Faure puis on repart vers l’Union Soviétique de Staline ce qui donne une impression de mouvement perpétuel. Pour finir je voudrais signaler la fluidité d’écriture de l’auteur qui rend ce livre agréable à lire, à aucun moment je ne me suis ennuyé et ce livre relate également la vie d’un adolescent dans l’URSS des années 50 et 60. Edouard RODRIGUEZ

lundi 6 juillet 2009

le coeur est un chasseur solitaire de Carson McCullers

La solitude et la quête de l’amour constituent l’essentiel de ce roman. Les personnages se croisent, se heurtent sans jamais réussir à se libérer du poids du destin. Comme un astre étincelant qui attire tous les autres, il y a Singer, sourd et muet, qui fascine tout le monde autour de lui. Parce qu’il est sourd, parce qu‘il se tait et ne discute jamais, il est par excellence l’interlocuteur idéal, celui qui comprend. Autour de lui gravitent Jake Blount, Biff le propriétaire du New York Café, l'adolescente Mick et le vieux docteur noir Copland. Tous vivent pendant les années trente dans la même ville du Sud des Etats Unis. En chacun d'eux, des peines, des douleurs, mais également des rêves. Pour Mick, l'adolescente qui hésite à quitter le monde de l’enfance, celui d'apprendre à jouer de la musique : elle s'est confectionné un violon qu'elle cache sous son lit. Biff passe ses journées et ses nuits à observer ses clients, il traque en eux la part d’humanité qui les rend plus beaux et l’enrichit. Jack que la vie passée a rendu à moitié fou, rêve d'un monde plus juste. Le docteur Copland, victime de harcèlements liés à sa couleur de peau, s’épuise à aider ses frères. Ces personnages se sentent seuls, abandonnés, jusqu'au jour où ils feront la connaissance de John Singer. Sans le vouloir, il attire leur confiance. Mais le silence dans lequel vit Singer n’est pas celui qu’ils croient. Le drame final dénouera tous les liens fictifs ou réels qui les unissent. Avec ce premier roman, Carson Mc Cullers brosse une véritable galerie de portraits. Chacun des protagonistes est traité dans son entier, mais chaque rencontre vient l’enrichir. Le roman est composé comme une fugue. Seul le personnage de Singer nous est décrit de manière extérieure et objective. Le lecteur est conquis par le style simple et clair, dépouillé de Carson Mc Cullers. Ici pas d’esbroufe, pas de mots rares, de figures surprenantes, rien de précieux. L’apparente simplicité, l’économie de moyens, participe de la fascination du lecteur pour ce lumineux et beau roman. Jacky GLOAGUEN

vendredi 3 juillet 2009

Sept jours pour une éternité de Marc Lévy

Dieu et Satan ont conclu un marché fort insensé : ils doivent envoyer chacun de leur côté leur meilleur agent pour un ultime combat du bien contre le mal. Ce combat doit durer sept jours au bout duquel, soit Dieu, soit Satan, prendra le pouvoir absolu pour l'éternité. Ainsi s'achèvera, une fois pour toute, cet affrontement qui a déjà que trop duré. La scène se déroule à San Francisco. Zofia, l'envoyée de Dieu (on nomme ce dernier « Monsieur » dans le roman), travaille comme agent de sécurité au Quai 80 du port marchand. Tel un vrai ange, elle incarne la bonté même, reste toujours à l'écoute des autres, et est sensible au malheur des gens qui l'entourent. Quant à la personne envoyée par le Diable (on l'appelle « Président »), il s'agit de Lucas, le démon par excellence, qui nous choque par sa malignité, sa cruauté cynique, ses pensées corrompues. Il n'était pas du tout prévu que ces deux-là se rencontrent. Dieu et Satan ont établi, chacun de leur côté, une stratégie méticuleuse et bien étudiée, seulement, la rencontre de Zofia et Lucas va complètement altérer leur plan… Marc Levy signe de nouveau un ouvrage dans lequel on retrouve du surnaturel, un couple, des sentiments, de l'amour… Le sujet traité est élémentaire, il est simplement question de la lutte du bien contre le mal, mais en même temps, est original à cause du fait que l'ange et le démon se rencontrent sous forme humaine, respectivement une charmante jeune femme et un beau jeune homme. Que va-t-il se passer ? N'oublions pas que tout oppose ces deux personnages. Un proverbe dit : « qui se ressemble, s’assemble ». Or, tout oppose Zofia et Lucas, tant au niveau de leur personnalité que de leur ambition. « Sept jours pour une éternité » est un roman très bien écrit, mais en ce qui concerne l'histoire en elle-même, j'ai trouvé qu'elle traîne un peu en longueur, elle a du mal à prendre de l'élan, et par conséquent, elle peut démotiver une lectrice comme moi qui aime que les actions s'enchaînent, que le rythme soit plus rapide. Ceci dit, cela n'enlève en rien l'intérêt du livre en matière d'évènements ou d'intrigues. En tout cas, j'ai bien apprécié les dialogues entre Zofia et Lucas, ainsi que la relation subtile et pénétrante qui s'est installée entre ces deux héros. J'ai quand même une préférence pour « La prochaine fois » et « Et si c'était vrai », mais cela reste une question de goût tout à fait personnel. J'ai apprécié le roman, mais je ne dirais pas que c’est le meilleur que j'ai pu lire jusqu'à présent. Ngan Dai BUI

mercredi 1 juillet 2009

Bienvenue au Club de Jonathan Coe

Benjamin Trotter, fils d'un cadre d'une usine de Birmingham, est élève dans un collège privé. Sa passion pour la musique (en pleine vague de rock progressif), ses vélléités de création littéraire, les blagues de potache, la tenue du journal de l'école et les questions existentielles occupent la majeure partie de son temps. Et il y a les filles, notamment la belle Cecily, qu'il n'ose pas aborder par manque d'assurance. Autant de préoccupations qu'il partage avec ses amis, Philip et Doug, avec en parallèle les soucis de leurs parents, qui les affectent plus ou moins directement. En ce milieu des années 70, les adultes se débattent entre conflits sociaux dans l'usine où travaillent les pères, attentats de l'IRA, montée du nationalisme, racisme... Ou, plus prosaïquement, divorces, adultères, dépressions, mensonges et autres trahisons. Résumer ce roman n'est pas chose facile : les personnages, les intrigues et les thèmes abordés sont nombreux, au point que l'on pourrait craindre de s'y perdre. Et pourtant, on prend très vite ses marques, et on est happé par les trajectoires des différents protagonistes, qui entrent en collision avant de reprendre leur course en parallèlle, avec en toile de fond la société britannique pré-Tatchérienne et les questions du chômage, des grêves, du racisme ou de l'IRA. Le style est simple et agréable, malgré quelques passages un peu plus faibles, mais l'originalité de l'écriture tient à la diversité des formes employées par l'auteur : récits, mises en abîme, lettres, poèmes, articles de journaux - voire une phrase de 50 pages à la James Joyce, très réussie, en guise de conclusion ! En cela, elle rejoint le fond, riche tant par le nombre de sujets traités que par la variété des points de vue. Le roman ne tombe ainsi jamais dans le dogmatisme, et cela fait tout son charme. Si j'ai eu quelques difficultés à assimiler tous les personnages au début, je me suis vite laissée prendre par le récit. J'y ai trouvé un alternance de mélancolie et d'humour (il y a des passages absolument hilarants, parfois à la limite de l'outrance) qui a donné à ma lecture un sentiment doux-amer. J'ai particulièrement goûté les références musicales et littéraires, parfois pointues, mais qui ont ajouté pour moi une sorte de connivence avec l'auteur. J'ai beaucoup aimé ce livre, qui allie peinture sociale et personnages attachants : le résumer est difficile, et surtout réducteur. Alors, un seul conseil : lisez-le ! Fanny Lombard

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