mercredi 30 septembre 2009

Les cerfs volants de Romain Gary

Depuis la mort de ses parents, Ludo, 10 ans vit en Normandie chez son oncle Ambroise Fleury. Ce dernier est un rescapé de la Grande Guerre et passe désormais son temps à construire des cerfs-volants ce qui lui vaut d’être surnommé « le facteur timbré ». Par un bel après-midi Ludo rencontre Lila Bronicki, jolie aristocrate polonaise qui habite un château voisin. Malgré la différence sociale qui les sépare Ludo va faire le maximum pour être digne d’elle. Pour cela il devra rivaliser avec « Hans » le cousin allemand et avec Bruno le pianiste. Mais grâce à sa fabuleuse mémoire et à son incroyable capacité de calcul Ludo devient le secrétaire du comte Bronicki. Et voilà la seconde guerre mondiale qui sépare Ludo de ses amis, Lila, Bruno, Hans, Tad le frère de Lila et plus tard de son oncle. Ludo lui va s’engager dans la résistance, assister au débarquement et retrouver Lila. Mais Amboise Fleury reviendra- t-il d’Auschwitz ? Quelles répercussions cette guerre a-t-elle eu sur Lila ? Les cerfs-volants revoleront-ils dans le ciel de Normandie à la poursuite du bleu ? J’ai beaucoup aimé ce roman qui nous raconte une histoire d’enfants devenus adulte sous la guerre. Le style de romain Gary est comme souvent direct, clair et facile à lire. J’en ai apprécié les nombreux personnages. Mme Estherazy, de religion juive, maquerelle et donneuse de renseignements à la Résistance. Mr Marcellin Duprat, cuisinier d’exception du Clos Joli, qui résiste à sa manière en continuant son métier même si l’ennemi est son client essentiel pendant la guerre. Mr Ambroise Fleury, ses cerfs-volants et sa manière de voir la vie pour ce rescapé de la 1ère guerre et Résistant durant la seconde. L’ensemble de la famille Bronicki complètement anachronique et qui représente une certaine idée de la noblesse polonaise de l’époque. De plus ce roman est foisonnant de personnages secondaires avec des destins dramatiques tels que von Tiele, Francis… Une partie de ce roman que j’ai trouvée également intéressante concerne l’explication de la mise en place et de l’organisation des réseaux de Résistance à Paris comme en Normandie. Par ailleurs, l’auteur ne cache pas le destin mortuaire des hommes de l’ombre qui ont résisté et de ceux qui ont collaboré. Ce livre qui nous mène du Front Populaire à l’après-guerre suit en fil conducteur l’histoire d’amour entre Lila et Ludo. Histoire faite de patience, de tendresse, de tolérance, et surtout de pardon. Edouard RODRIGUEZ

mardi 29 septembre 2009

Venise en hiver de Emmanuel Roblès

Vers la fin des années soixante-dix, l’Italie paraît en pleine déliquescence. Secouée par les scandales plus ou moins étouffés, saignée par la fuite des capitaux et gangrenée par la corruption jusqu’au sommet de l’État, elle subit la violence quotidienne des attentats terroristes d’Ordre noir et des Brigades rouges. Hélène, une jeune Française de vingt-huit ans, arrive à Venise au début de l’hiver. Ce voyage n’a rien d’un séjour d’agrément. Hélène fuit. Elle fuit Paris, elle fuit un passé que le narrateur nous dévoile peu à peu et dont je ne dirai rien pour ne pas émousser le plaisir du lecteur. Elle a tout abandonné et s’installe chez sa tante mariée à un Vénitien. Au cœur de cette ville singulière, ultime refuge encore à l’écart d’une certaine modernité, elle cherche à renaître, à naître véritablement et à vivre enfin: « Ici, à Venise, je suis arrivée. De tout temps Venise était ma destination. Tout ce qui a précédé ne compte pas. Ne compte plus. N’a jamais compté. » Mais cela ne va pas sans difficultés, ni sans douleurs. Il lui faut échapper à ses déprimants souvenirs, à cette prison où parfois son esprit s’épuisait à tourner. Emmanuel Roblès, ami proche d’Albert Camus, a plus de soixante-cinq ans lorsqu’il écrit ce roman. Dans un style sobre et efficace, il nous dépeint par petites touches la vie quotidienne des Vénitiens. Ceux du peuple qui travaillent dur et brûlent parfois leurs poumons dans les usines de Marghera, la cité industrielle dont les torchères fument en arrière-plan de la lagune comme pour nous rappeler que même la Sérénissime ne peut se soustraire à l’emprise de notre époque ; ceux aussi des milieux aisés, Vénitiens de souche ou d’adoption, aux destins divers et qui vivent cloîtrés dans leurs riches demeures ; et Venise bien sûr, vidée de ses touristes et presque fantomatique dans la brume ou sous la neige, avec une profusion d’instantanés drôles ou pittoresques saisis au vol. Au fil des pages, un suspense savamment entretenu – presque trop pourrait-on dire – maintient l’attention en éveil. L’atmosphère n’est jamais pesante et pourtant on est tenu en haleine. Et le lecteur de s’interroger : est-ce seulement pour Hélène que mon cœur bat si fort ? Sans doute pas, car des craintes bien plus universelles sont clairement mises à nu : la fragilité du bonheur et la versatilité du destin. La vie peut basculer à tout instant et cela n’est pas vrai que pour Hélène. La violence des hommes reste une menace permanente, celle des terroristes bien sûr, mais aussi celle, plus banale, plus insidieuse, des individus prêts à écraser les autres pour assouvir leur égoïsme. Tout au long de l’interminable lacis des calli qu’elle parcourt presque sans relâche, la fragile Hélène, dressée à attendre depuis l’enfance, tente de s’étourdir, de se perdre pour mieux se trouver. Parviendra-t-elle au terme de sa douloureuse métamorphose ? Sortira-t-elle indemne de sa pesante chrysalide et sera-t-elle enfin elle-même, libre et heureuse ? Daniel REYNAUD

mercredi 23 septembre 2009

Le Jeu du Monde de Michel Jeury

En ce XXe siècle, la société terrienne est dominée par les diverses formes de jeu, et repose sur un jeu de hasard central : le Jeu du Monde, qui conditionne la fortune et la situation sociale. Bruno Mansa, excellent entraîneur de Jeu Troyen, est très convoité : d'abord par Fêtes & Territoires, société leader des jeux de rôle qui tente désormais de s'imposer sur le marché des jeux d'action, mais aussi par les Iles de l'Espace, qui développent eux aussi cette forme de jeux. Mais voilà que Mansa obtient un score médiocre au Jeu du Monde : Il a tout perdu, il n'a même plus assez de points pour jouer. Le hasard serait-il truqué ? En tout cas, Mansa doit remonter la pente très vite. Quitte à rejoindre l'un de ces groupes, que ses membres appellent association d'entraide, et les autorités des tricheurs... Le roman est raconté à la première personne par Mansa. Mais si le héros est plutôt sympathique et si on suit avec intérêt son parcours du combattant, ses multiples expériences constituent surtout un fil directeur pour découvrir les différentes facettes de cette société future entièrement organisée autour du jeu : la lutte de pouvoir entre les deux principales sociétés de jeux, qui ne reculent devant aucun coup bas ; la manière dont certains manipulent le système pour augmenter leurs chances ; la fièvre du jeu qui s'empare de certaines personnes, les poussant à jouer maladivement quel que soit leur score ; le dédain que les habitants de l'Espace portent à la société terrienne obnubilée par les jeux, sans se rendre compte qu'eux-mêmes sont en passe de suivre cette même voie... C'est vraiment un monde très riche que nous offre ici l'auteur, plus subtil qu'il n'y paraît de prime abord. D'ailleurs, seules certaines formes de jeux nous sont présentées, d'autres étant juste évoquées, laissant travailler l'imagination du lecteur. Le personnage principal passe par des hauts et des bas sans temps morts, enchaînant les péripéties et entraînant le lecteur à sa suite : S'en sortira t'il ou pas... ? Les phrases sont simples et directes, percutantes. Intéressant et distrayant, voilà un agréable roman de science-fiction qui n'a pas pris une ride. Marie-Soleil WIENIN

vendredi 18 septembre 2009

L'âme de Hegel et les vaches du Wisconsin de Alessandro Baricco

Pour Hegel, "La musique doit soulever l'âme au-dessus du sentiment dans lequel elle est plongée". A l'inverse, selon une étude, la musique symphonique stimulerait la lactation des vaches... De la confrontation de ces deux éléments, Alessandro Baricco tire un essai où il tente de déterminer la place de la musique classique dans la société contemporaine. S'interrogeant d'abord sur la musique classique souvent considérée comme "musique cultivée", il essaie de comprendre l'origine de cette idée de suprématie, et enchaîne sur le thème de l'interprétation, par laquelle selon lui la musique doit être réinventée pour s'inscrire dans l'époque contemporaine. S'ensuit un réquisitoire contre la Nouvelle musique, dite d'avant-garde, qui serait déconnectée du public et de la société, et Baricco en explique les raisons. Enfin, si la Nouvelle Musique s'est fourfoyée, il tente, à travers les oeuvres de Puccini et Mahler, d'analyser les autres voies possibles pour que la musique retrouve tout son sens, en s'ancrant dans la modernité. Il s'agit d'un court essai, rapide à lire, rempli de formules chocs qui tiennent parfois de l'aphorisme. C'est très bien écrit, et la construction est claire : une introduction définissant les termes utilisés, et quatre chapitres abordant chacun une thématique précise. La forme est un peu scolaire, mais le fond est iconoclaste, volontiers provocateur et très affirmatif. Selon qu'on adhère ou pas aux thèses de l'auteur, on passera au fil des pages de la surprise à l'irritation, de l'indignation au scepticisme, du saisissement à l'approbation. Très érudit, ce texte est pourtant fluide, facile à comprendre, et bien que catégorique dans ses conclusions, il est facile de le mettre à distance pour y confronter ou y adjoindre sa propre réflexion. J'ai beaucoup apprécié ce livre, et en particulier l'analyse de l'oeuvre de Mahler, déconcertante car osée, mais qui fait sens au regard de ma perception personnelle. Par contre, j'ai été moins convaincue par certaines idées de l'auteur. Mais il dit lui-même qu'il vise davantage à formuler les questions qu'à apporter les réponses. En ce sens, c'est une réussite. Mes idées, mes certitudes ont été bousculées par cet essai brillant et provocateur, qui suscite la réflexion, tant sur les thèmes abordés que sur d'autres questions - comme la musique populaire (pop, rock, etc.), délaissée par l'auteur, contrairement à ce que laisse entendre la quatrième de couverture. Je le regrette un peu, mais cet ouvrage reste un vrai plaisir de lecture, très stimulant. Fanny LOMBARD

jeudi 17 septembre 2009

L'île du crâne de Anthony Horowitz

David Eliot, un jeune garçon de bientôt treize ans se fait renvoyer de son école... Son père est furieux, si il ne fait pas d'éfforts jamais il ne reprendra sa suite dans sa banque. Et pourtant, après avoir eu six filles, il était heureux d'avoir enfin trouvé un héritier! Quelle déception ! C'est pour cette raison qu'il décide d'envoyer David à Groosham Grange une école de redressement, croit-il ; mais qui abrite en réalité : vampires, sorcières, fantômes, loups-garous...et toute autre sorte de créatures maléfiques. Là-bas, tous les élèves, hormis David et ses deux amis Jill et Jeffrey, sont étranges... Ils utilisent un faux nom, sont toujours sages, portent tous la même bague, mais plus curieux encore, tous les adolescents se lèvent à minuit pour entrer dans la bibliothèque, et y disparaître! Les trois amis, effrayés, se font la promesse d'étre toujours alliées. Mais quand après une dispute, Jeffrey passe brutalement dans le camps des sorciers, Jill et David, apeurés, essayent de s'enfuir ... Tâche pour le moins ardue! Ce roman de littérature jeunesse est très facile de lecture et accessible aux plus jeunesadeptes de romans fantastiques... Il est surprenant et vraiment agréable à lire! Le début est un peu monotone, ennuyeux. Cependant assez rapidement l'action arrive, et va en s'amplifiant au fil de l'histoire... La fin est inattendue et elle m'a beaucoup plu ! En résumé ce livre est plaisant et nous promet de passer de bons moments...
Nolwenn RAULET

mercredi 16 septembre 2009

Les yeux jaunes des crocodiles de Katherine Pancol

Joséphine est la très attendrissante héroïne de ce roman de Katherine Pancol. Elle va découvrir les réelles difficultés de la vie suite à sa rupture avec son mari Antoine qui s’est sauvé avec sa maîtresse pour une nouvelle existence au Kenya. Joséphine se retrouve alors seule face à des factures à régler, des crédits à rembourser, l’éducation de ses filles à faire... Son maigre salaire ne suffit malheureusement pas à subvenir aux besoins de sa famille. En outre, elle endure la présence d’une mère méprisante, d’une sœur égoïste, d’une voisine envahissante... L’idée de surmonter seule ce quotidien la terrifie, elle est complètement dépassée par les événements, et puis Antoine lui manque terriblement. J'ai eu un vrai coup de cœur pour ce roman à la fois moderne et très réaliste, qui aborde de nombreux sujets de société et de moeurs, notamment sur les différentes classes sociales, les mères célibataires, l'éducation des enfants, les problèmes financiers, l’expultion pour cause de loyers impayés, les rencontres sur internet, l'envie de devenir parents, ou encore les problèmes d’incompréhension, de lassitude, d’infidélité, voire de mépris au sein du couple. J'ai bien apprécié l'évolution psychologique du personnage Joséphine qui, au début du roman, s'avérait être une personne fragile, naïve et complexée. Elle se dévalorisait constamment et se laissait maltraiter par ses proches. Par la suite, elle va se métamorphoser en une femme plus affirmée et volontaire, ayant davantage confiance en elle. Elle va puiser dans ses tripes cette énergie et volonté nécessaires pour se battre grâce à l'amour qu’elle porte à ses enfants. Kathrine Pancol nous peint un tableau fascinant des personnages, ils proviennent des milieux sociaux très divers, ce qui rend la lecture vraiment captivante. J'ai trouvé Mylène et Josiane très attachantes, ces maîtresses dans « Les yeux jaunes des crocodiles » se révèlent être des femmes de cœur et de courage. Et puis, il y a Shirley, l’amie de Joséphine, cette adorable mère célibataire qui dissimule bien des mystères. En revanche, vous découvrirez un personnage détestable et insupportable en la petite Hortense. J'ai pris énormément de plaisir à lire cette saga familiale vraiment sensationnelle, c’est un récit contemporain très facile à lire, le roman jouit d'un style agréable et d'une écriture fluide. On se plonge sans conteste avec délectation dans l'œuvre. Ngan Dai BUI

mardi 15 septembre 2009

Piège à fillesde Dashiel Hammett

L'ouvrage comprend deux nouvelles: « Piège à filles » 84 pages et « Un petit coin tranquille » 101 pages. Pour être bref, il est question dans la première nouvelle de secte et de chantage, et dans la deuxième d'un nouveau shériff qui arrive dans un trou perdu et doit s'imposer.Ca canarde et cogne dans tous les coins. Mais les histoires ne sont pas ce qu'il y a de plus intéressant. Ce qui rend Dashiell HAMMET si captivant c'est son style, sa manière de dresser les portraits des personnages et de décrire les lieux et les ambiances. C'est l' Amérique des années trente , les hommes prennent des coups et savent les rendrent, ils ont un gros colt à la ceinture et deux petits calibres dans les poches au cas où. Les femmes sont victimes ou putains, mégères ou manipulatrices. Les personnages sont extrêmement stéréotypés et le style vraiment unique, très accrocheur et évocateur, les images sont originales et varient vraiment du roman classique. Pas étonnant que Dashiell HAMMET ait inspiré le cinéma de genre américain. C'est très dépaysant et original, je ne suis pas persuadé que ce soit de la littérature mais en tous les cas , c'est un monument de style qui est paraît-il, un monument de la littérature américaine. Ca devrait plaire aux mâles.
Gwenaël CONAN

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