dimanche 31 juillet 2011

Pâques sanglantes de Iris Murdoch

Avril 1916 à Dublin Andrew Chase-White est anglo-irlandais, engagé dans un régiment de cavalerie anglais est en permission. Il doit se marier avec Frances prochainement.
Ayant grandi à Londres Andrew se sent anglais. Par contre ses cousins Pat et Cathal ainsi que nombre de ses fréquentations sont irlandaises et veulent une véritable indépendance vis-à-vis de Londres.
Tout cela en pleine première guerre mondiale alors que irlandais et anglais meurent ensemble dans les tranchées.
Ce livre m’a plu car l’auteur a réussi la prouesse de nous faire un cours d’histoire au travers d’un roman de plus les personnages
cristallisent très bien les différentes tensions politiques.
Le personnage pro-irlandais typique est Pat. C’est un des chefs de l’organisation de la révolte à venir. Très patriote, déterminé àmener son combat jusqu’au bout et cela coûte que coûte.
Millie, la tante d'Andrew et de Pat, se joue des hommes de la famille. Elle cache les armes de Pat par amour pour lui et l'aide durant l'insurrection, dépucèle Andrew. Par ailleurs elle met fin à la prêtrise de l'oncle Barney.
Andrew est anglais certes  mais pas par conviction et l’on se rend vite compte que  son engagement n’a pour but que d’impressionner celle qu'il doit épouser. 
D’autres personnages aux rôles secondaires jalonnent le livre : Hilda la mère d’Andrew, l’oncle Barney, Kathleen, Christopher.

Au niveau des descriptions l’auteur nos fait bien ressentir les antagonismes qui agitent Dublin en ces moments tragiques. On se rend également à quel point les Pâques 1916 ont été importantes dans l’histoire de l’Irlande.
 Par ailleurs la mer, l’eau, la pluie sont très présentes dans ce roman.

Edouard RODRIGUEZ

vendredi 29 juillet 2011

Zorro de Isabel Allende

A la fin du XVIIIème siècle, en Californie, Alejandro de la Vega, un riche propriétaire terrien espagnol, a épousé Toypurnia, une indienne qui avait menée avec férocité et flamboyance une révolte contre les colons. De cette étrange union réprouvée par la bonne société naît Diego, en 1795. L'enfant, vif et malicieux, est inséparable de son frère de lait, Bernardo, fils d'une domestique indienne. Ensemble, ils passent leur temps à jouer des tours pendables et s'immergent dans la culture indienne. Lorsque Diego, âgé de 15 ans, est envoyé  par son père à Barcelone afin de parfaire son éducation, Bernardo l'accompagne. C'est dans cette Espagne troublée, dominée par les troupes napoléoniennes, que le jeune hidalgo apprendra à manier l'épée, tombera amoureux, et décidera d'agir pour défendre les opprimés...
Dans une écriture simple mais enlevée, ce roman foisonnant raconte la jeunesse de Diego de La Vega et la génèse de Zorro. Rédigé du point de vue d'un narrateur anonyme, ce récit époustouflant nous emporte, entre Californie, Espagne et Caraïbes, sur les traces du futur héros, dans une succession d'aventures dans la pure tradition des romans de cape et d'épée. Le portrait du Zorro en devenir ne manque pas d'humour, dépeignant un adolescent frivole, vaniteux et naïf, séducteur maladroit aux oreilles décollées, mais dont la profondeur psychologique s'accroît au fil des pages. On croise le sergent Garcia et le père Mendoza, le cheval Tornado, des gitans, des pirates, une société secrète, on apprend pourquoi Bernardo est muet, comment s'est imposé le choix du nom Zorro (le renard), et surtout dans quelles circonstances est apparu le mystérieux justicier masqué...
Je lisais ce roman pour la troisième fois et pourtant, impossible de le lâcher ! Isabel Allende, avec humour et pétulance,  m'a entraînée dans un récit haletant où j'ai trouvé jubilatoire le manichéisme des personnages - vrais "gentils" contre vrais "méchants" ! Loin d'idéaliser son héros, elle lui donne une nouvelle dimension, humaine et attachante. J'ai apprécié la fluidité avec laquelle elle intègre sa fiction dans un cadre historique très précis. Mais honnêtement, j'ai surtout été enchantée de découvrir les origines de Zorro et de trembler à chacune de ses aventures - tout en sachant pertinemment qu'il s'en sortirait! Ne ratez pas ce roman : c'est une vraie réussite.

Fanny LOMBARD

mercredi 27 juillet 2011

Mystère et Charchafouille de Jean Alessandrini

Le jour de la rentrée, les élèves découvrent le successeur de l’ancienne maitresse de CM2 partie à la retraite. Monsieur Raboin a un aspect décontracté mais il apparaît rapidement très sévère dans son système de notation. Un seul enfant semble avoir grâce à ses yeux. C’est Charchafouille, le nouveau au nom de famille hors du commun. Bien que celui-ci soit absent depuis le premier jour, il rend  invariablement les meilleurs devoirs, et l’enseignant ne tarit pas d’éloges sur lui. Tout cela intrigue fortement la classe, et particulièrement les jumeaux Timothée et Mélanie Trousseau. Ils décident d’enquêter sur cet élève fantôme, ainsi que sur l’attitude pour le moins étrange de leur maître…
Le cadre et les intervenants de cette aventure font partis du quotidien des lecteurs de 7 à 8 ans auxquels elle s’adresse. Le vocabulaire en est facile d’accès et parfaitement adapté à cette tranche d’âge. Tout cela permet aux enfants de se plonger immédiatement et sans difficulté dans l’histoire. Le côté mystérieux avec rebondissements plaira également aux enfants un peu plus grands. Chaque chapitre est illustré de dessins plus grands en noir et blanc. En fin d’ouvrage, plusieurs pages documentaires complètent le récit en reprenant des thèmes qui y ont été abordés : les noms de famille (et par extension des notions de généalogie), le téléphone et autres moyens de communication (le livre date d’il y a une quinzaine d’années donc le minitel n’apparait pas encore comme un instrument dépassé !), l’école dans le monde mais aussi ce qui se passe en France pour les élèves en longue maladie, et enfin un éclaircissement sur l’audimat
Sans avoir recourt à des coups d’éclat extraordinaires, ce livre n’a aucune difficulté à embarquer avec lui ses lecteurs. Chacun peut en effet s’identifier aux petits héros en toute simplicité. Et c’est une excellente initiative de présenter à la fin des informations pour aller plus loin.

Sophie HERAULT

lundi 25 juillet 2011

Pour tout l'or du sud d'Alexandra Ripley

Vous connaissez peut-être déjà cet auteur célèbre pour avoir écrit la suite d'Autant en emporte le vent, Scarlett. Je n'ai jamais voulu lire ce livre de peur d'être déçue mais j'étais intriguée. Qui a eu l'audace de se lancer un tel défi, un tel risque ? Parce que les critiques ont du l'attendre au tournant. Devant son pari réussi, j'ai donc commencé par lire la Contadina et Pour tout l'or du sud.
 Dans ce dernier roman, on retrouve l'ambiance de la Virginie et la Caroline du Nord après la guerre de sécession. Une aristocrate ruinée, Chess et un petit producteur de tabac, Nathan vont faire de leur mariage une véritable association qui va les conduire vers la richesse. Mais Chess va vouloir aussi l'amour de son mari et n'aura de cesse de le mériter. Leur différence de classe va les entrainer dans un malentendu amoureux pendant de longues années pendant lesquelles ils deviendront les magnats du tabac.
 Ce livre se dévore et je n'ai pas eu l'impression un seul instant lire un roman à l'eau de rose. Pourtant, les ingrédients étaient réunis pour que cette histoire soit un peu gnangnan. Je me suis passionnée pour cette femme dont la classe et l'éducation entrave les émotions et qui soudain découvre la passion et se révèle. Un livre qui vous fait rêver, qui vous transporte et qui est plein d'énergie.

Alexandra BERNEDE

samedi 23 juillet 2011

La maison des sept jeunes filles / Le châle de Marie Dudon de Georges Simenon

La maison des sept jeunes filles retrace un moment de vie de sept sœurs qui vont chercher à aider leur père, sans que celui-ci s’en aperçoive vraiment. Chacune des sœurs travaille, soit à l’extérieur ou soit à l’intérieur de la maison, sauf les deux plus jeunes, Coco et Mimi, des jumelles qui vont encore à l’école.
Coco va, à cause de  cet épisode, grandir, quitter le monde de  l’enfance. C’est elle qui va trouver le moyen (qui sert ses intérêts) pour garder la maison où la famille vit, le père ayant des problèmes de remboursement. Mais Coco va-t-elle convaincre ses sœurs et son plan va-t-il fonctionner ?
Le châle de Marie Dudon raconte également un moment de vie. Une suspicion d’homicide volontaire va amener une tentative de chantage. Celle-ci peut-elle réussir ?
Dans ce livre, le lecteur se retrouve essentiellement dans une maison et un appartement. Pas de description de faits historiques ou d’évènements extérieurs (tels que foires, déjeuners au restaurant ou autres), pas de description non plus de ville ou de région, de fêtes ou spectacles, tout se résume au lieu d’habitation et à un moment bien précis dans une vie où tout peut basculer. Les sept filles se chamaillent, bien sûr, et sont un peu jalouses les unes des autres mais elles vont, néanmoins, débloquer la situation.
Dans le châle de Marie Dudon, on a encore affaire aux femmes, même si celles-ci sont ennemies et que la réussite n’est pas forcément là.
On rentre dans cet ouvrage comme en effraction, à cause de l’intimité des lieux.  Une fois que l’on est installé, on veut connaître la fin de l’action, d’autant plus que des  dialogues  émaillent  chaque page. C‘est un livre de dialogues. Les phrases sont courtes, les mots précis et relatent bien le quotidien.
Dans la seconde histoire, surtout, on « sent »  tout de suite quand tout bascule et pourquoi. Peut-être parce qu‘il nous ait déjà arrivé de nous sentir mal à l‘aise à cause de notre apparence physique et que nous nous sommes dits : « la prochaine fois… » mais la chance passe rarement deux fois.

Thérèse VITRANT

jeudi 21 juillet 2011

Le château des poisons de Serge Brussolo

Le chevalier des poisons est un roman noir de Serge Brussolo datant de 1997. Dans ce roman un jeune chevalier, Jehan de Montpéril, est chargé d'escorter un moine, Dorius, au château d'Ornan de Guy qui se prépare à célébrer son mariage avec la belle Aude. Sur le trajet, le moine s'arrête une nuit à un étrange monastère récupérer des reliques saintes destinées à guérir le futur époux d'une peste qu'il aurait contractée lors des guerres saintes auxquelles il a pris part. C'est pour Jehan de Montpéril le début d'une périlleuse mission où il lui faudra démêler le vrai du faux et découvrir à qui il peut vraiment se fier pour parvenir à enrayer la vague de terreur qui s'abat sur le château et ses environs lorsque le poison semble s'infiltrer partout...
 Serge Brussolo détient l'art du suspense et ce livre en est la preuve s'il en faut. En suivant le cheminement de Jehan de Montpéril on est balloté d'une piste à l'autre au gré des réflexions de ce chevalier qui espère avant tout sortir vivant de cette histoire et gagner suffisamment d'argent pour acheter l'équipement de chevalier dont il a besoin pour être reconnu comme tel. Les questions se multiplient tout au long du roman sans vraiment trouver de réponse avant les dernières pages : Ornan de Guy est il bien atteint de ce mal qu'est la peste? Que recherche le jeune homme qui a été éconduit par Aude au profit d'Ornan de Guy? ... IL s'agit là d'un roman envoutant et angoissant qu'on ne lâche qu'une fois terminé. La lecture est fluide bien que parfois le vocabulaire nous freine un peu mais c'est là tout le charme de ce roman qui nous replonge dans l'époque médiéval aussi bien à travers le décor que le langage. Un thriller d'une très bonne qualité dont la chute est pour le moins inattendue !!!

Elisabeth DOUDAN

mardi 19 juillet 2011

Embrassez qui vous voudrez de Joseph Connolly

L’humour « British » dans toute sa splendeur! Des personnages hauts en couleur, plus loufoques les uns que les autres, des situations toujours plus cocasses, du sexe, de l’amour (un peu), de la jalousie, de l’envie, de la luxure…il semblerait que Joseph Connolly ait réussi à intégrer l’intégralité des sept pêchés capitaux en un seul et même roman !
Nous avons donc Elisabeth qui se fait offrir par son mari des vacances dans une station balnéaire de la côte anglaise au sein d’un somptueux hôtel. Ce même mari, Howard, qui trouve le moyen de s’échapper de ces vacances pour passer du temps avec Zouzou ; laissant ainsi sa place à Mélody, (une amie de sa femme et ex-amante par la même occasion) et à son insupportable bébé. Leur fille, très dévergondée Katy est quand à elle partie à Chicago avec sa soit disant « amie » qui n’est autre que l’employé de son propre père ! En parallèle nous avons les voisins, Dotty et Brian, qui manquent de moyens (ce que Dotty à du mal à admettre) mais qui tiennent tout de même à s’offrir les mêmes vacances qu’Elisabeth, la destination sera la même effectivement, mais l’hébergement sera sensiblement différent. Leur fils Colin, 14 ans, n’a quant à lui qu’une idée en tête : profiter de ses vacances pour « choper » !
A ces personnages aux caractères déjà bien trempés, s’ajoutent un dragueur professionnel qui n’a qu’une obsession, celle d’accroitre son tableau de chasse (pendant que madame est restée à la maison bien entendu) ; puis nous avons pour finir le mari hyper possessif et jaloux dés qu’un homme a le malheur de s’approcher de sa femme Lulu.
Tout se petit monde va bien sûr se croiser, s’entrecroiser, se lier et se délier, créant ainsi des histoires mêlant à la fois snobisme, adultère, désirs et tant d’autres termes au confins de la concupiscence.
Maintenant vous êtes prévenu qu’en commençant à lire cette « comédie », vous êtes loin, voire très très loin des grands classiques de la littérature anglaise (quoi que à bien y regarder, peut être pas tant que ça…).
Malgré une prise en main un peu difficile au début (j’ai trouvé la tournure des phrases et la narration un peu particulière et donc pas assez fluide à mon goût), au fil des pages on s’habitue au style d’écriture et la lecture devient plus agréable. On est de suite entrainé dans les péripéties de tous ces personnages, avec le sourire aux lèvres en permanence tellement les situations sont la plupart du temps dans le registre du comique.
Même si il y a de nombreux personnages et que l’auteur passe sans arrêt de l’un à l’autre, on ne s’y perd pas car leurs caractères sont tellement caricaturaux et différents qu’on identifie très rapidement qui est qui.
A voir en suivant la très bonne adaptation (selon moi !) cinématographique tirée du livre : « Embrassez qui vous voudrez » de Michel Blanc avec un florilège d’acteurs tous aussi bons les uns que les autres : Charlotte Rampling, Jacques Dutronc, Carole Bouquet, Karin Viard, Clotilde Coureau, etc. Une franche rigolade !

Emeline MICHAUT

dimanche 17 juillet 2011

Le désespoir des singes et autres bagatelles de Françoise Hardy

La chanteuse Françoise Hardy est née pendant la dernière guerre mondiale. Une mère trop jeune, un père déjà marié, une grand-mère réductrice, voilà un environnement peu propice pour une enfant. Renfermée et sensible, elle en gardera des séquelles toute sa vie. Adolescente à la fin des années 50, elle découvre à la radio des mélodies en accord avec son vague à l’âme lancinant, et tombe sous le charme. En cadeau pour sa réussite au bac, elle préfère recevoir une guitare plutôt qu’un transistor.  Aurait-elle eu la carrière artistique qu’on lui connait si elle avait fait l’autre choix ? En parallèle du récit de son aventure professionnelle, Françoise Hardy dévoile également sa vie personnelle et sentimentale (sans cacher le côté torturé de sa relation avec Jacques Dutronc), se souvient de rencontres marquantes, et partage sa passion pour la « vraie » astrologie…
Ce livre est présenté sous la forme d’une autobiographie d’un peu plus de 400 pages. Bien que les phrases soient relativement longues, le style est simple et accessible à tous. L’ensemble se lit donc très facilement. Les faits sont exprimés sans concession et n’épargnent pas les personnes citées. Et pourtant la gentillesse et la simplicité de l’auteur transparaissent à chaque ligne. Elle n’est pas tendre envers elle-même, et ne craint pas de mettre en avant son immaturité et son manque de répartie dans de nombreuses situations délicates. Même si le style général n’a rien du genre histoire à suspense, le lecteur a malgré tout du mal à faire une pause. En effet, la  vie de l’artiste est faite de nombreux rebondissements,  qui, sans tomber dans le sensationnel, donnent envie de continuer pour connaître la suite. Deux livrets de photos personnelles sont insérés entre les pages du livre.
Françoise Hardy a mis toute sa sensibilité à fleur de peau, ainsi que sa fraicheur malgré ses soixante ans passés, dans l’écriture de cet ouvrage. C’est un vrai bonheur de découvrir la vie de cette artiste si discrète sans tomber dans le travers des éclats de la presse people.

Sophie HERAULT

vendredi 15 juillet 2011

La dernière concubine de Lesley Downer

En 1860, le Japon demeure ancré dans un système féodal. Sachi, belle enfant à la peau blanche, mène une vie paisible auprès de ses parents adoptifs, notables de province. Traversant un jour le village avec son escorte, la future épouse du Shogun la remarque et l'emmène au palais d'Edo, où elle vit recluse avec ses dames. Séduit par sa beauté, le Shogun fait de Sachi sa concubine. Mais la guerre civile éclate et il est tué par les partisans de l'Empereur. Se substituant à la Princesse pour tromper l'ennemi, Sachi s'enfuit dans un palanquin. Aidée de sa suivante et d'un jeune et courageux samouraï, Shinzaemon, pour qui elle ressent une attirance que son rang de veuve du shogun lui interdit, elle entame alors un périlleux voyage à travers un Japon ravagé par les combats, sans se douter qu'elle découvrira, à terme, le secret de ses origines...   
Voilà un gros roman d'une fluidité rare. L'écriture est aérée, alternant descriptions, scènes d'action et dialogues. L'histoire, vécue à travers le regard de Sachi, fait la part belle à l'introspection, mettant l'accent sur la dilution des conventions et des traditions dans un monde en proie au chaos. L'aspect historique, fouillé, s'intègre parfaitement au récit et n'est jamais rébarbatif, et on apprend bien des choses derrière cette histoire d'apparence légère. Malgré quelques longueurs et quelques répétitions, on s'attache vite à cette héroïne touchante et à ses compagnons de route, bien que les personnages secondaires, un peu manichéens, frôlent parfois la caricature.
Passionnée par le Japon, j'étais très attirée par cette histoire épique sur fond de romance, ancrée dans la guerre civile entre les partisans du Shogun et ceux de l'Empereur. Je n'ai pas été déçue ! La position sociale des femmes de l'entourage du Shogun m'était peu connue, et c'est avec délice que j'ai été emportée dans les couloirs du palais où elles vivaient recluses, jusqu'aux routes périlleuses d'un Japon sanglant, en proie au chaos. Si le fond et le dénouement de l'histoire sont attendus, tout comme les tourments qui agitent Sachi, partagée entre devoir et passion, je me suis quand même laissée prendre, et j'ai dévoré ces 500 pages avec un immense plaisir.

Fanny LOMBARD

mercredi 13 juillet 2011

Terreurs nocturnes de Jonathan Kellerman

Alex Delaware est un psy renommé à Los Angeles. Il reçoit en thérapie une petite fille de 7 ans, Melissa, qui souffre de terreurs nocturnes. Sa maman est une ancienne actrice qui a développé une agoraphobie sévère suite à une agression qui a altéré son visage. Elle se terre depuis dans sa luxueuse demeure. Une dizaine d’années plus tard, alors que Melissa s’est rétablie, elle vient revoir son thérapeute : l’agresseur de sa mère vient de sortir de prison. La fille et la mère sont terrorisées. Alex Delaware n’a pas dit son dernier mot : il endosse alors sa casquette de privé pour voler au secours de la richissime famille…
J’avais découvert Jonathan Kellerman à l’occasion de son dernier policier : « Jeux de vilains ». J’avais alors bien aimé le narrateur – Alex Delaware – le trouvant sympathique et attachant, même s’il ne jouait pas un rôle central dans la conduite de l’enquête. J’ai eu alors envie de lire une autre de ses enquêtes dans lequel il jouerait un rôle prépondérant. Je me suis alors tournée vers « Terreurs nocturnes », une enquête plus ancienne. Cette lecture m’a au final beaucoup déçue.
Ce qui m’avait attirée à la lecture de la quatrième de couverture, c’est que l’enquête débutait par une thérapie auprès d’une jeune enfant. Jonathan Kellerman est bien placé pour décrire ce type de soins puisqu’il est lui-même docteur en psychologie, spécialiste des enfants. J’ai particulièrement apprécié le tout début qui nous décrit bien une thérapie anglo-saxonne visant à traiter des terreurs nocturnes chez une enfant de 7 ans. On peut voir le processus de soin, fait de paroles et appuyé par des dessins et des jeux.
Si Kellerman est psychologue, il est aussi écrivain de policiers. Quelles impressions me laisse la lecture de cette enquête ? J’ai trouvé que le cœur de l’intrigue peinait à s’installer et que l’auteur opérait de multiples digressions, diluant peu à peu mon intérêt pour l’histoire. L’auteur, notamment, s’éparpille dans des descriptions (des lieux, des caractéristiques physiques de personnages) qui demeurent au final de peu d’utilité pour l’avancée de l’histoire. Si j’avais beaucoup aimé ces descriptions dans « Jeux de vilains », j’ai été rapidement agacée par leur abondance dans « Terreurs nocturnes ». Chaque personnage rencontré est prétexte à une longue description physique et vestimentaire.
Ces descriptions peuvent plaire aux lecteurs qui aiment se faire des images précises des personnages, mais j’ai trouvé que leur abondance et leur précision pointilleuse n’apportaient rien à l’histoire et l’allongeaient inutilement.
Je découvre, avec la lecture de ce deuxième livre, les thèmes de prédilection de Kellerman : l’extrême richesse (il a plaisir à décrire des lieux et des objets luxueux, à camper des personnages très fortunés), le sexe dans ses déviances (notamment du côté de la perversion), les drogues. Ces thématiques récurrentes m’ont plutôt lassée ici. Si j’ai trouvé Melissa enfant attachante et touchante dans sa souffrance, la Melissa adolescente m’a agacée : je lui ai trouvé un visage d’ado gâtée et pas très mature. Le détective Milo qui est dépeint ici et qui donne un coup de main à Alex Delaware ne m’a pas paru sympathique et attachant (contrairement à l’image que je m’étais faite de lui dans « Jeux de vilains »).
L’intrigue progresse très lentement : il faut attendre 300 pages pour voir le premier rebondissement opérer, mais on se doute déjà de l’issue. Le suspens n’est pas insoutenable, ne tient guère le lecteur en haleine, et la fin (au bout de plus de 500 pages) ne m’a guère semblé palpitante ni crédible. Un dénouement entre action et analyse psychologique (illustrant la double casquette du narrateur) qui donne envie d’oublier bien vite ce policier…

Christelle GATE

lundi 11 juillet 2011

Le dernier jour d'un condamné de Victor Hugo

Le Dernier Jour d'un condamné est un roman de Victor Hugo écrit en 1829, qui constitue un réquisitoire politique pour l'abolition de la peine de mort.
Le roman est le journal d'un condamné à mort, ou encore un monologue interieur, qui se propose d'écrire ce qu'il vit pendant les dernières semaines avant son exécution. Le lecteur ne connaît ni le nom de cet homme, ni ce qu'il a fait pour être condamné (il existe quelques vagues indications qui laisseraient croire qu'il a tué un homme même si symboliquement on pourrait croire qu'il s'est tué lui même dans son seul crime) : l'œuvre se présente comme un témoignage brut, à la fois sur l'angoisse du condamné à mort et ses dernières pensées, les souffrances quotidiennes morales et physiques qu'il subit et sur les conditions de vie des prisonniers, par exemple dans la scène du ferrage des forçats.Il exprime ses sentiments sur sa vie antérieure et ses états d'âme...
Dans la prison de Bicêtre,un condamné à mort attend le jour de son exécution. Jour après jour, il note ses angoisses, ses espoirs fous et ses pensées.Le narrateur nous rappelle les circonstances de son procès . Puis il nous décrit sa cellule. Il évoque ensuite le départ des forçats au bagne de Toulon. Il nous rapporte la complainte en argot d'une jeune femme à l'infirmerie .Désespéré, il décide alors de s'évader. Puis on  vient lui apprendre que son exécution aura lieu le jour même. Le condamné sera transféré ensuite à la conciergerie , il y rencontre un autre condamné à mort qui viendra certainement le remplacer dans sa cellule de Bicêtre. Son séjour en prison devient de plus en plus suffocant .il sombre dans les hallucinations et les cauchemars .Il se demande comment on meurt sous la guillotine. Il reçoit ensuite la visite d'un prêtre qu'il trouve placide et sans compassion devant son état.  Durant les six semaines qu'il passe en prison,, le condamné continue à espérer une grâce qu'il n'obtiendra jamais. Certaines bribes de sa vie passée sont présentées au lecteur : il parle ainsi de sa fille, Marie, qui ne l'a pas reconnu le jour où elle est venue le voir. Il évoque aussi très vaguement sa femme et sa mère mais sans y attacher une grande importance.Il raconte aussi sa première rencontre amoureuse avec Pepa, une fille de son enfance.
Puis vient l'ultime ligne droite avant la mort; son dernier jour de condamné. Sur son passage de la conciergerie à la place de Grève où se dresse l'échafaud, la foule rit et applaudit: le condamné était donné en spectacle à cette foule. Devant le spectre de la mort, le condamné tremble et implore la pitié mais il sait déja que son sort est scellé. Le bourreau accomplit alors sa tâche pour le décapiter.
Il cesse d'écrire quand le moment de l'exécution est arrivé : «Quatre heures»...
Ce roman écrit dans un vieux français est parfois difficile à comprendre, mais est très intéressant à lire pour qui veut se rendre compte de la vie à cette période de l'histoire. Cette plaidoirie pour l'abolition de la peine de mort retrace les incohérences de la justice. Ce roman social met également en avant la population misérable de ce siècle ainsi que leur condition de vie. Un homme envoyé au bagne pour le vol d'un morceau de pain pour se nourrir ou faire manger sa famille, ressort au bout de 15 ans avec un passeport jaune (passeport d'ancien bagnard). Ce passeport jaune ferme beaucoup de porte et oblige souvent ses détenteurs à commettre de nouveaux forfaits. 

Laurence TESTU

samedi 9 juillet 2011

Une exécution ordinaire de Marc Dugain

En août 2000, un sous marin nucléaire russe coule au fond de la mer de Barens. C’était la première mission de Vania Altman et il semble faire parti des victimes, bien que son corps n’ait pas été retrouvé. La venue d’un journaliste occidental nous amène à constater que bien des manquements ont eu lieu lors de la tentative de sauvetage et que de nombreuses hypothèses circulent quant à l’origine du sinistre. Même s’il parait plus libéral, le pays sous certains aspects a gardé ses méthodes du temps de Staline.
On ne peut s’empêcher de penser à la tragédie du Koursk qui sert incontestablement d’inspiration à l’auteur de ce roman. Les faits relatés sont conformes à la réalité de la tragédie de ce sous marin qui coula en 2000 dans la mer des Barents même si on a parfois du mal à y croire tant le mépris de la vie est profond.
Mais j’avoue sortir dérouté de cette lecture, en me demandant si finalement j’ai lu plusieurs histoires ayant un vague point commun entre elles, un documentaire sur la tragédie du sous marin ou encore une critique de la société russe depuis Staline à nos jours…Et sincèrement je ne sais pas…Toute la première partie concernant la jeunesse de la mère du narrateur m’a parue longue et déjà « vue » de nombreuses fois…Rien de nouveau sur la personnalité de Staline et son pouvoir suprême. L’ascension de Vladimir Plotov (Poutine) ancien du KGB qui gouverne la Russie ne parvient pas vraiment à nous intéresser et on se demande même où l’auteur veut en venir. Cette partie était-elle vraiment nécessaire ? Je n’en suis pas persuadée… Quant à l’histoire du sous marin on reste complètement frustré, tant elle est effleurée…En fait il faut plus voir dans ce livre une étude de la société qu’un divertissement. Néanmoins c’est bien écrit, bien documenté mais sans souffle dans la narration… Piégée par le quatrième de couverture qui faisait de l’épisode du sous-marin le thème principal du roman, je suis forcément déçue…

Nicole VOUGNY

jeudi 7 juillet 2011

Les bienfaits de la mort de Lee Jackson

Ce livre raconte la traque de policiers  pour débusquer  un  assassin de prostituées, du moins au début, car après cela se complique. Tout commence par l’arrivée d’une cousine américaine dans une honorable famille londonienne dont le père de famille dirige un magasin d’articles mortuaires. Puis surviennent les crimes alors que les deux cousines font du tourisme ou prennent le thé.  Et pour épaissir le mystère, Lucinda, la nièce est atteinte de somnambulisme, tout comme son père, d’ailleurs. Les protagonistes sont tous importants comme tous les évènements qui se produisent ou qui se sont produits. Bien sûr, le brouillard omniprésent et le froid obscurcissent et engourdissent encore plus les personnages, surtout quand des lieux insolites comme les cimetières, se trouvent sous surveillance . . . Même un genre de secte biblique  semble  brouiller « les règles du jeu ».
Le gris du climat et le froid de novembre rejaillissent  sur   les protagonistes du roman qui paraissent, du coup, aussi noirs que le décor. La lumière ne les atteint pas tout  comme le soleil n’arrive pas à briller sur la ville. L’intrigue est bien menée et bien trouvée, le mystère s’épaissit à chaque page et le ou les responsable(s) des drames n’est pas ou ne sont pas facile(s) à identifier, sauf pour les policiers du Yard. C’est un livre facile à lire, les phrases ne sont pas alambiquées, le rythme est soutenu et donne envie d‘arriver à la fin, de découvrir qui a fait quoi.
Très bon polar donc, à l’atmosphère typiquement anglaise, pour ne pas dire londonienne, dans une société victorienne où le paraître est très important. Sans raison particulière, on a l’impression d’évoluer dans un Londres noir, sale et boueux aussi tortueux que les méandres de l‘âme humaine. La fin paraîtra étonnante à certains lecteurs. L’inspecteur de Scotland Yard, Decimus Webb, a déjà résolu d’autres énigmes mais on n’est pas obligé de les avoir lues. Chaque enquête, chaque histoire est distincte des autres.

Thérèse VITRANT

mardi 5 juillet 2011

Attention petit monstre de Gilles Fresse

Vincent, sa sœur Lola et Maman sont au marché. Pour leur anniversaire de mariage, Maman décide d’acheter à Papa une montre qu’elle trouve absolument merveilleuse. Les enfants sont surpris car l’objet est quelconque, et le vendeur pour le moins étrange. Papa, lui, est ravi de son cadeau et l’attache de suite à son poignet. Mais le lendemain matin, il se réveille dans la peau d’un petit garçon très indiscipliné. Stupeur, il s’agit bien de Papa tel qu’il était à l’âge de 3 ans, Mamie est formelle sur ce point ! Pour le sauver de ce sortilège lié certainement à la montre, les jumeaux passent à l’action. Hors de question de supporter plus longtemps les bêtises de ce petit monstre…
Cette aventure est proposée pour des lecteurs de 7 à 8 ans. Racontée à la première personne du singulier par Vincent, le vocabulaire en est facile d’accès et parfaitement adapté à cette tranche d’âge. Les multiples rebondissements apporteront également beaucoup de plaisir aux enfants un peu plus grands. D’un côté une touche fantastique, de l’autre une enquête à suspense, et un peu d’angoisse en prime (mais pas trop), le cocktail est intéressant et parfaitement équilibré. De nombreuses illustrations très expressives, crayonnées en noir et blanc, égaient le récit. En fin d’ouvrage, plusieurs pages documentaires complètent à merveille le récit (une histoire simplifiée de la mesure de temps, des expressions françaises et leur signification sur le thème du temps qui passe, des pistes pour agir en petit consommateur averti,  parler en vers, et un zoom sur la profession de détective privé).
Pas de doute, avec ses personnages attachants et son dynamisme, ce livre est une réussite. Il donne envie de découvrir au plus vite les autres histoires écrites par le même auteur. L’idée d’ajouter à la fin des informations sympathiques et originales est excellente, et très bien exploitée.

Sophie HERAULT

dimanche 3 juillet 2011

Voyage au centre de la terre


A Hambourg, le professeur Otto Lidenbrock, minéralogiste, fait l’acquisition du manuscrit d’une saga islandaise dans lequel il trouve un cryptogramme composé de runes. A l’aide de son neveu Axel, il parvient à le déchiffrer : il s’agit des révélations du fameux scientifique Arne Saknussemm, disant qu’il était allé au centre de la terre par le cratère du volcan du Sneffels, le professeur ne peut résister la tentation et propose à un groupe de personnes de rentrer dans les profondeurs de notre planète. Alex, en tant que disciple mais aussi neveu du professeur participe contre son gré à leur troupe. En arrivant au Sneffel, le professeur a besoin d’aide et emploie un guide Islandais de bonne figure nommé Hans. ils gravissent le volcan éteint indiqué par le cryptogramme, et trouvent à son sommet le passage vers le centre de la Terre. Ainsi commence leur aventure, qui les mènera jusqu’à une caverne aux dimensions inimaginables, un monde souterrain éclairé par le gaz chargé d’électricité qui s’est accumulé au ciel de cette incroyable grotte. Ils sont confrontés à des formes de vie que l’on croyait éteintes depuis la préhistoire, et ressortent indemnes par le Stromboli pour recevoir la rançon de la gloire. Tout au long du voyage, on trouve des paysages incroyables et on sent la tension entre Alex et le professeur au moment où les décisions sont prises mais aussi lors de débats scientifiques où Jules Verne oppose des théories diverses
Comme à l'habitude de Jules Verne, le roman est un habile mélange de données scientifiques, d'extrapolations osées et d'aventure. L'introduction du roman reflète l'engouement d'alors pour une science jeune, la cryptologie (Edgar Poe y sacrifiera aussi dans la nouvelle Le scarabée d'or). La suite enchaîne sur une description de l'Islande de la fin du XIXe siècle, puis sur une vaste introduction à deux autres sciences en plein essor, la paléontologie et la géologie (on notera d'ailleurs les divergences entre les interprétations de l'époque et celles couramment admises aujourd'hui). J’ai adoré  ce roman plein de vie, décrivant des paysages fantastiques et qui dépeint des caractères différents et pourtant si attachants !


Sabrina LE BOUCHER

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