mercredi 31 mars 2010

Angélique, marquise des anges Tome I de Anne et Serge Golon

En 1645, le baron poitevin de Sancé de Monteloup a des soucis financiers et ne vit guère mieux que ses fermiers malgré sa noblesse. Sa petite Angélique a donc été élevée très librement, vadrouillant dans la campagne et menant par le bout du nez une troupe de petits paysans. Intelligente et rebelle, elle devient en grandissant une véritable beauté. Ses qualités la font remarquer par le riche comte toulousain Joffrey de Peyrac qui la demande en mariage bien qu'il lui soit inconnu. Angélique ne se laisse pas facilement apprivoiser par cet homme défiguré connu sous le nom de Grand Boiteux du Languedoc et sur le compte duquel courent les pires médisances...

Pour apprécier ce roman à sa juste valeur, il faut commencer pour oublier les films très librement inspirés de la série dans lesquels Michelle Mercier campe une Angélique sensuelle à souhait. Ici, c'est le côté historique qui est mis à l'honneur, le lecteur découvrant au fil des pages et des anecdotes la vie en France sous le règne de Louis XIV. On suit d'abord Angélique dans ses bêtises de petite fille qui découvre peu à peu les réalités de son monde : les pillards qui ravagent les campagnes, les luttes qui opposent encore catholiques et protestants, les complots politiques qui visent à renverser le roi. Ce n'est que dans la deuxième moitié du roman qu'Angélique, après un passage au couvent pour lui inculquer les bonnes manières, se marie, quittant son Poitou natal pour le Languedoc. Son époux est un homme inquiétant mais également assez exceptionnel, dont Angélique découvre peu à peu les qualités : l'occasion pour le lecteur d'en apprendre plus sur les cours d'amour, l'influence de la toute-puissante Eglise catholique mais aussi les sciences et l'alchimie.

Ce roman combine donc passions d'amour et trame historique, en faisant la part belle à cette dernière. L'emploi d'un vocabulaire d'époque relevé (sans tomber dans l'excès) accentue cette plongée dans l'Histoire. Le style est très visuel, basé sur des descriptions rapides des actions des personnages et du contexte. Des phrases courtes et de nombreux dialogues apportent beaucoup de rythme à ce roman que l'on dévore en un clin d'oeil.

Marie-Soleil WIENIN

mardi 30 mars 2010

Offenbach roi du second Empire d'Alain Decaux

C'est en 1833 que Jacob Offenbach, alors âgé de 14 ans, pousse la porte du Conservatoire de Paris, accompagné de son père. Le jeune homme, né à Cologne, impressionne le directeur par ses talents de violoncelliste, et est admis au sein de l'Institution. Mais, malgré ses aptitudes, Jacob - qui a francisé son prénom en Jacques - est un élève indiscipliné : il quitte le Conservatoire un an plus tard, pour rejoindre l'orchestre de l'Opéra-Comique. Mais cette carrière n'est qu'un pis-aller : il rêve de gloire, et son plus grand désir est de faire jouer sa musique dans les grands théâtres. Hélas, malgré les relations qu'il acquiert dans les salons et l'appui de ses amis, il ne parvient qu'à placer quelques chansonnettes, ce qui ne saurait le satisfaire. Qu'à cela ne tienne ! Offenbach décide de créer son propre théâtre, afin d'y faire jouer ses œuvres : les Bouffes-Parisiennes...

Cette biographie de Jacques Offenbach, célèbre compositeur, créateur de l'Opéra-Bouffe, se lit comme un roman. Porté par l'écriture brillante d'Alain Decaux, dont les talents de conteur ne sont plus à démontrer, c'est un ouvrage passionnant de bout en bout, vivant, très documenté, où les extraits de lettres et documents d'époque se mêlent aux dialogues reconstitués et à un récit enlevé et pétillant, qui recrée à merveille l'ambiance de l'époque, sa légèreté tout comme les troubles politiques. On croise les personnalités du Second Empire (Napoléon III, Dumas, Hortense Schneider, Victorien Sardou...) et on assiste à la création d'œuvres aussi célèbres qu' "Orphée Aux Enfers", "La Belle Hélène", "La Vie Parisienne"...

Rares sont les biographies que j'ai lues avec un tel plaisir ! L'écriture, incroyablement vivante, est également empreinte d'une empathie qui rend immédiatement Jacques Offenbach attachant, sans pour autant être complaisante. Si l'accent est mis sur ses créations, sa vie familiale et sociale et les aspects les plus pétillants de l'époque, le livre évoque aussi la guerre ou la montée des nationalismes. Plongée dans cette atmosphère, je n'ai pas pu lâcher ce livre, qui m'a donné envie de redécouvrir les œuvres d'Offenbach, tellement en phase avec leur époque qu'elles firent de lui, comme le proclame le sous-titre, le Roi du Second Empire.

Fanny LOMBARD

lundi 29 mars 2010

Le berceau du chat de Kurt Vonnegut

Le berceau du chat est un roman iconoclaste qui se situe entre science-fiction et merveilleux, c’est avant tout une satire sociale pleine d’humour. Car l’univers de Kurt Vonnegut est à part, il ne ressemble à rien de ce qui s’est fait avant lui.
Les deux cents premières pages de ce livre qui en compte un peu plus de deux cent trente n’ont strictement rien à voir avec un roman de science fiction. Un journaliste enquête sur ce qui s’est passé le jour où la première bombe atomique a explosé. Il s’intéresse au fils du Docteur Hoeniker, père de celle-ci. Pour l’interviewer, il s’embarque dans un avion pour la République de San Lorenzo, une petite île gouvernée par un dictateur et soumise à l’emprise d’une étrange religion.
Le récit est fait de cent vingt sept courts chapitres de une à deux pages. Ils racontent un roman avorté, un roman que n’écrira pas le journaliste. Car le récit est d’abord cette histoire, celle d’un échec, d’une succession d’échecs. C’est sans doute pour cette raison qu’on y trouve plein de choses étranges : des chansons, des extraits de livres, des lettres, un index, la notice d’une pochette de disque, des poèmes en dialecte de l’île, les paroles d’un hymne national, la relation d’une élocution publique… Le livre est fait de toutes sortes de choses que la bienséance littéraire n’autorise habituellement pas. Pourtant jamais le fil du récit, le lent déroulement de l’histoire ne s’en trouve perturbé.
Kurt Vonnegut excelle à nous asséner des vérités aberrantes par son phrasé simple, un style sans fioriture. Car le livre réclame au lecteur toute son attention : on parle ici de l’échec des utopies les plus nobles. L’humour n’est jamais loin, dérangeant et acerbe.
Derrière la relation presque naïve de cette enquête, Kurt Vonnegut nous confronte à nous même, spectateur éternel d’un monde devenu fou, un monde où les vérités sont définitivement des mensonges.

Jacky GLOAGUEN

dimanche 28 mars 2010

Le bonheur d'une manière ou d'une autre de Christine Arnothy

Ne pas se fier au titre. Moi j’avais choisi ce livre espérant y découvrir une méthode pour atteindre le bonheur. Pas du tout, j’ai découvert un thriller passionnant. Des personnages qui se débattent avec leurs états d’âmes, leurs casseroles, leurs regrets et qui finalement se ressemblent. Christine Arnothy a un vrai talent pour vous décrire les vacances et voyages de tout un chacun dans les années 70, tout en nous entrainant dans un thriller prenant.
L’histoire se passe en Egypte avec une agence de voyage, du style Club Med, dont le seul but est de procurer du plaisir à ses clients. Seulement voilà, tous ne font pas ce voyage pour le plaisir, comme ce Thomas Koenig pour qui ce sera l’ultime destination. Ce chimiste de renom a planifié dans ses moindres détails l’attentat du siècle ! Un homme, en France, un ancien compagnon de camp de concentration, Samuel, va essayer d’empêcher cette folie.
Vous l’avez compris, outre l’intrigue, l’auteur nous décrit toute une palette de personnages attachants, humains, futiles, des gens que l’on a peut-être croisés lors de nos propres voyages.
Comme cet anglais, Alex qui culpabilise à l’idée de prendre du plaisir en vacances alors qu’il vient de perdre son épouse. Il y a aussi Bruno, le français, qui fait ce voyage pour faire plaisir à sa nouvelle conquête. Il déteste ces circuits touristiques mais que ne ferait-il pas pour la femme qu’il aime ?  Ce livre est écrit avec beaucoup de sensibilité et de talent et on ne s’en détache au bout de la dernière page qu’à regret.

Alexandra BERNEDE

samedi 27 mars 2010

Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes

Charlie Gordon, la trentaine, est déficient intellectuel. Il travaille dans une boulangerie où il est employé pour réaliser les basses besognes. Il évolue dans un univers où il a l’impression d’avoir de nombreux amis qui rient beaucoup avec lui, sans se rendre compte qu’ils rient de lui. Jusqu’au jour où une opération miraculeuse, déjà testée avec brio sur une souris de laboratoire, Algernon, lui permet de devenir de plus en plus intelligent et d’atteindre un QI de 185. Il découvre alors l’amour avec Alice Kinnian, sa formatrice au cours d’adultes attardés où il se rendait auparavant pour apprendre à lire et à écrire. Mais un beau matin, Algernon régresse…
Le livre débute par un très bel extrait de « La République » de Platon qui décrit le trouble qui peut saisir l’âme quand elle passe de l’obscurité à la lumière, ou inversement, de la lumière à l’obscurité. C’est exactement ce qui va arriver à Charlie Gordon, le passage de l’ignorance et de l’arriération mentale vers l’état le plus extrême de connaissances et d’intelligence, puis la phase de déclin.
L’auteur fait usage d’un procédé stylistique habile pour retracer ces deux phases : il expose les plus intimes pensées de Charlie en le faisant parler lui-même, sous forme de comptes-rendus que les psychochirurgiens lui demandent afin de suivre sa progression. Au départ, l’orthographe est maladroite, hésitante, la syntaxe et le vocabulaire simples, avec beaucoup d’erreurs. Les dix premières pages en sont rendues d’autant plus difficiles à lire, ce qui confère au roman, au départ, un caractère un peu abrupt. Mais cet effet s’estompe rapidement, au fur et à mesure que Charlie gagne en intelligence : le vocabulaire s’étoffe et s’enrichit, les fautes d’orthographe disparaissent, le propos et les réflexions sont soutenues. Un bel exercice de style en somme !
Ce roman de science-fiction (science-fiction, non pas au sens de grands voyages intergalactiques ou présence d’extra-terrestres, mais parce que l’opération qui permet de voir croître l’intelligence n’existe pas) aborde un grand débat qui anime le monde de la psychologie, concernant l’intelligence et le QI : peut-on guérir d’un handicap intellectuel, peut-on gagner en QI, en « musclant » son intelligence, à force d’entraînement et en étant un peu aidé par une opération miraculeuse ? C’était là tout l’espoir de la mère de Charlie qui a passé une bonne partie de sa vie à consulter des charlatans en tous genres, dans l’espoir de ramener son fils vers la normalité. Quand elle a compris que son espoir était vain, elle a alors décidé de s’en débarrasser, puis de l’oublier.
La scène des retrouvailles de Charlie avec sa mère – tant attendue et tant redoutée – est incontournable et s’avère très émouvante. L’auteur – qui est chercheur universitaire en psychologie – analyse avec finesse l’évolution de l’état psychique – tant intellectuel qu’émotionnel – de Charlie : si le jeune homme voit son intelligence croître considérablement, le côté affectif ne suit pas, Charlie restant marqué par son enfance, ses blessures narcissiques, et sa relation pathologique avec sa mère.
Daniel Keyes délivre un message à travers son roman : le surcroît d’intelligence peut transformer de manière irréversible la personnalité, pas forcément de façon positive : le Charlie d’avant l’opération était peut-être déficient intellectuel, mais il avait une grande bonté d’âme, qu’il a perdue après l’opération. J’ai ressenti beaucoup d’attachement pour Charlie et ai été très touchée par sa destinée.
J’ai vraiment aimé cette belle fable, à la fois psychologique mais aussi philosophique, en témoigne l’incipit dédié à un extrait d’œuvre de Platon. Une fable profonde, mais éprouvante, intellectuellement et émotionnellement. Une fable qui nous fait réfléchir sur le sens de la différence, de l’altérité, du handicap (soit par arriération, soit par trop grand génie).

Christelle GATE

vendredi 26 mars 2010

La dame de Monsoreau de Alexandre Dumas

 Alexandre Dumas ? Comment peut-on prétendre résumer la vie et l’œuvre de cet homme, que rien n’arrête ? Quelques mots n’y suffiraient pas, tant sa vie fut mouvementée et abondante. Aussi amateur d’argent, de luxe, de théâtre et des femmes, mena-il la grande vie en multipliant les dettes, les emprunts et les voyages… Ainsi, auteur de plus de 3OO ouvrages, Dumas fut très certainement l’un des écrivains le plus populaire et reconnu de son temps.
D’ailleurs, quel est celui d’entre nous, aujourd’hui encore, qui ne se laisse pas séduire et bercer par ses romans historiques si pleins de vie et d’aventures !?!  Les trois mousquetaires, Vingt ans après, Le vicomte de Bragelone, Le comte de Monte-Cristo, ou encore La Reine Margot tant d’œuvres qui resteront à jamais dans nos mémoires….
Parmi ceux-ci, La Dame de Monsoreau y à sa place…
Sous le règne du roi Henri III, Diane de Méridor, jeune femme belle et douce, est à l’origine de bien des passions et ceci bien malgré elle… Devenue comtesse de Monsoreau pour échapper à ses prétendants et sauver son honneur, elle vit prés de son mari, le comte de Monsoreau, être jaloux, cruel et exécrable, prêt à tout pour éloigner et anéantir ses rivaux. Or, suite à un concours de circonstances, Diane rencontre Louis Bussy d’Ambroise, comte de Clermont, jeune homme, beau et brave jusqu’à la folie !!
Ce roman, à l’image de son auteur, mêle avec verve et génie, passions, haines et jalousies, trahisons et complots, Honneur, bravoure et lâcheté !! Dire que cette œuvre m’a plu ne serait pas exact, en revanche, dire qu’il m’a transportée d’allégresse et fait frissonner jusqu’à en pleurer est plus juste. Pourquoi ? 
Il est vrai que pour bon nombre de lecteurs, les 6OO pages que composent ce roman ont davantage tendance à rebuter qu’à donner l’envie de lire…   
Pourtant, le style de Dumas est si facile à lire et accessible pour tous, apprentis lecteurs ou lecteurs confirmés, que lorsque l’on débute le roman, il nous est impossible de le lâcher avant de l’avoir achevé ! Ainsi, j’ai dévoré ce livre avec tant d’entrain que je n’ai pas vu les pages défiler, et une fois fini, je me suis sentie frustrée et déçue d’abandonner si vite ses personnages qui nous sont devenus si proches et si chers, au fil des pages, par les vives émotions qu’ils ont su faire resurgir en nous … D’ailleurs, pour les mordus  d’histoire ou ceux qui regrettent de ne pas connaître l’histoire de notre pays, les romans de Dumas sont faire pour vous.
En effet, chaque récit de Dumas se déroule dans un cadre historique précis et c’est ainsi, que l’on découvre ou redécouvre la richesse notre histoire de façon bien plus ludique et agréable que lorsque nous sommes en classe. Ainsi, les personnages et événements fictifs se mêlent aux personnages et événements réels de l’histoire française. Ainsi, La  Reine Margot débute avec le mariage du roi de Navarre protestant, Henri IV, avec la resplendissante, Marguerite de Valois, sœur du roi  catholique Charles IX. Enfin, cette fresque historique s’achève avec le Chevalier de St Hermine, sous l’Empire de Napoléon Ier.
Je crois pouvoir dire que si il existe parmi tous les livres historiques que j’ai lu un que je conseille, cela sera sans nul  doute possible, ceux de Dumas !

Caroll LAIDET

jeudi 25 mars 2010

Le pion blanc des présages de David Eddings

L’Orbe d’Aldur, un joyau dont le pouvoir est immense, et dont le créateur l’emploie pour faire des miracles. Cependant, le jour où Torak, le dieu jaloux, s’en empare pour le pouvoir et la domination qu’elle est en mesure de lui conférer, la guerre éclate. L’orbe récupérée et le voleur châtié, plongé dans un sommeil hanté, tout semble rentrer dans l’ordre. Cependant, les prophéties annoncent son réveil, et voilà que l’orbe disparaît à nouveau…
Garion, un jeune garçon, est entraîné contre son gré dans une aventure dont il ne sait rien, sinon qu’elle est d’une extrême importance pour leur monde. Parti avec sa tante Pol ainsi qu’avec  le Vieux Loup Solitaire, un conteur qu’il connaît depuis longtemps, il se rendra  vite compte que l’univers dans lequel il a toujours vécu n’est pas tel qu’il le pense, et que les personnes qu’ils côtoient ne sont pas ce qu’elles prétendent être… Et qui est cet étrange individu qu’il a l’impression de connaître depuis toujours, et qui n’a de cesse de l’observer ?
Le style d’écriture de l’auteur est assez simple et rend la lecture agréable. L’histoire n’est pas vraiment originale, cependant le monde dans lequel elle se déroule est plaisant, bien que les noms des dieux, des peuples, des villes et des personnages politiques soient trop nombreux et aussi trop nombreux à être présentés en même temps, ce qui fait  que l’on a du mal à s’y retrouver. Ce qui est cependant appréciable c’est que le personnage principal, Garion, a bien le comportement d’un adolescent de son âge et non d’une personne plus mature, sans pour autant que ça alourdisse le déroulement de l’histoire.
Cependant, ce premier tome est un peu décevant : l’action a beau être présente, le suspense est quasi-inexistant. Les personnages ne sont pas excessivement attachants, bien que l’on sente du potentiel dans la manière dont leurs personnalités sont développées.  L’histoire promet d’être plus intéressante par la suite, mais cette première partie reste tout de même ennuyeuse.

Fanny RICHARD

mercredi 24 mars 2010

Ulysse de James Joyce

L'Histoire se passe à Dublin le 16 juin 1904 et ce, tout au long du récit. Il s'agit là d'un compte rendu de journée de plusieurs personnages à savoir Leopold Bloom. Stephen Dedalus, jeune irlandais poète avec qui on commence l'histoire et que Bloom considère comme un fils et enfin, Marion, la femme de Bloom, chanteuse. Tout est fait pour que l'on retrace une partie de l'histoire de la vie dans ce premier récit. On assiste à la mort, à la vie, aux réflexions mélancoliques et patriotiques du poète tout comme aux imaginations sexuelles de Bloom lors de ses promenades et rencontres.
 Ulysse de James Joyce est sans doute un merveilleux livre mais qui se doit d'être lu par les plus érudits. J'entends par là que l'écriture de James Joyce est certes d'une rare beauté, mais difficile à comprendre. L'auteur mélange dans un même paragraphe: la description du décor, la narration, la description du personnage, ses mouvements, ce qu'il peut penser, un souvenir relaté par le narrateur omniscient ou encore les pensées de quelqu'un d'autre. Bref, il faut être attentif aux moindres détails dans tout ce charivari de mots.
Malgré cela, James Joyce nous entraîne très facilement dans le méandres de l'âme humaine. Il peut nous aussi bien nous écœurer que nous donner l'eau à la bouche dans la même page.
Il est certain que , le lecteur se retrouve dans les pensées de chaque personnage. Chaque petite pensée, aussi débauchée, cruelle ou indifférente soit-elle, se présente comme une impression de déjà vu. Le lecteur se retrouve dans les critiques et imaginations du personnage ce qui le rend plus intime encore.
En somme, ce livre est un vrai chef-d'œuvre de la culture littéraire irlandaise bien que les personnes maîtrisant le vocabulaire et  la culture des classiques de l'époque soient les seules à pouvoir  saisir toute la magie du livre.


Estelle TRILLOT 

mardi 23 mars 2010

Trois jours pour faire trembler un fantôme de Ian Whybrow

Petit Loup a un projet qui lui tient à cœur : ouvrir enfin son « Château Hanté, l’école la plus abominable du monde ». C’est vraiment nécessaire pour endurcir les enfants de la région qui évoluent dans un environnement angoissant. Théoriquement, le projet est bien ficelé : avec Crijaune son cousin ils en seront les directeurs, Microbe le micro-corbeau assurera les postes de professeur et de gardien, Michkipu sera simplement un Jeune Monstre, et le fantôme… Et bien justement, alors que tout semble parfaitement se mettre en place, le voilà le problème ! Oncle Grovilain, parfaitement mort mais très pénible, n’entend pas accepter spontanément de jouer le rôle pour lequel il est pressenti. Car on a beau être un revenant et avoir des pouvoirs, il n’est pas question d’accepter d’impressionner des petits trouillards ! Une seule chose pourrait le faire changer d’avis, que Petit Loup réussisse le pari de lui présenter une créature suffisamment courageuse pour lui résister ne serait-ce que 5 minutes….
Ce livre fait partie d’une série de 7 des aventures de Petit Loup. Pour la compréhension de l’histoire, il n’est cependant pas nécessaire d’avoir lu les autres volumes au préalable. L’auteur adopte un style très original sous forme de lettres postées par le héros à ses parents. Le vocabulaire est  volontairement simple et très « coloré », et le ton employé est extrêmement dynamique.  Les enfants à partir de 8 ans pourront facilement s’identifier au personnage principal puisqu’il emploie le même langage qu’eux. Et ils ne seront pas non plus insensibles à l’humour qui s’invite en permanence tout au long du livre.  De nombreuses illustrations en noir et blanc, dessinées d’un trait vif, agrémentent toutes les pages. Et le texte est parfois écrit à la main, taches d’encres comprises ! Jusqu’au bout, le lecteur garde l’espoir d’une issue heureuse, mais la fin, complètement inattendue,  ne manquera pas de le surprendre.
Follement drôle, riche en rebondissements, et en même temps touchante de naïveté, j’ai vraiment été conquise par cette histoire de Petit Loup. Voir ce personnage se démener pour tenter de mener à bien son projet, en bravant les difficultés et ne baissant jamais les bras même quand la situation devient critique, est très émouvant (avec mon regard d’adulte). Et c’est indirectement une  grande leçon de vie à transmettre à nos enfants, même si ceux-ci n’aborderont sans doute tout d’abord le livre qu’au premier degré.

Sophie HERAULT

lundi 22 mars 2010

Malavita de Tonio Benacquista

Un mafieux repenti et sa famille s’installent à Cholong  sur Avre, en Normandie. Sécurité oblige, ils ont changé de prénoms (du moins pour les parents) et de noms de famille. Fred, le père, se prétend écrivain. Maggie, la mère, court d’association en association pour trouver la rédemption. Belle, la fille aînée, est comme son prénom. Et Warren ,le fils débrouillard, possède un caractère bien trempé. Protégés et surveillés par des agents fédéraux américains, cette famille va devoir apprendre à vivre honnêtement et discrètement. Mais un mafieux reste toujours un mafieux …
Une lecture très sympathique, avec des personnages attachants et un style très fluide. La couverture, accrocheuse, intrigue : une voiture, des bagages, quel rapport avec une histoire de mafieux ? Puis on se laisse tenter, on ouvre le livre et on se plonge dans un univers assez déjanté. Fred, le père, mafieux depuis sa naissance, n’arrive pas à s’habituer à cette nouvelle vie et accumule bévues sur bévues. Maggie est son contraire, dotée d’un sérieux sens d’adaptation, elle sait se rendre indispensable et n‘hésite pas à mitonner des petits plats pour les agents qui les surveillent. Belle, la fille, est un peu trop mièvre à mon gout, et son personnage n’a pas été suffisamment exploité. Elle reste tout de même intéressante, car révoltée contre cette vie qui l’oblige à faire profil bas et à ne pas participer à des activités publiques. Son frère Warren, c’est le débrouillard de la famille, et celui qui accepte le plus mal cet exil forcé. C’est le personnage le plus complexe du livre. Tom, le chef chargé de leur protection, passe son temps à réparer les gaffes de Fred et à surveiller tout ce petit monde (à grand renfort de sueur). Toute cette famille est donc très intéressante à suivre, de même que l’histoire. Le livre débute par l’installation, la mise en relation avec les voisins, le début d’une nouvelle vie. On rit des bévues, on fronce les sourcils en voyant la détresse des enfants, qui n’ont pas choisi cette condition … et puis d’un coup, tout s’accélère, l’action fait son entrée, des explosions, des armes, de la violence, mais toujours de façon légère et contrôlée, ce qui ne crée pas de véritable rupture avec le début. Tout a l’air tellement naturel que ça ne nous étonne pas. Un bon livre, donc, léger, très drôle et plein de vie.

Yo DUDE

dimanche 21 mars 2010

L'ensorceleuse de Carole Mortimer

Laura et Léonie sont deux jeunes jumelles parfaitement semblables l'une à l'autre... Elles sont tellement ressemblantes que Hawk Sinclair, un riche homme d'affaire venu afin de briser l'idylle de Laura avec son propre fils, va
se méprendre et incendier Léonie amusée par ce malentendu. Seulement, Hawk va tomber follement amoureux de Léonie...
Comment son fils va t'il accepter qu'il tombe amoureux de sa belle-soeur? Léonie va t'elle elle-même accepter cet amour?

Un roman assez surprenant où l'histoire évolue très rapidement, et par l'intermédiaire de situations inattendues. Malgrè une histoire écrite à la 3eme personne, on se prend facilement au scénario qui comporte tout de
même des passages un peu chaotiques. Ce roman, quand on l'a commencé, éveille en nous de la curiosité et on accroche. Le style de l'écriture très simple permet a tout types de lecteurs de le lire.

Nolwenn RAULET

samedi 20 mars 2010

L'ennemi de la mort de Eugène Le Roy

Ce roman est écrit par Eugène Le ROY plus connu pour son livre « Jacquou le croquant » mais l’histoire se situe aussi en Périgord, dont l’auteur est natif.
A l’automne 1917  le jeune docteur Daniel Charbonnière, tout frais sorti  de ses études médicales, arrive dans la Double, triste région marécageuse du Périgord, envahie d’étangs apportant nombreuses maladies,  pour exercer son métier. Ce médecin plein d’illusions, croit au devenir des Hommes et lutte inlassablement contre l’égoïsme, la bêtise, l’avarice des possédants de propriétés et essaie d’aider chaque être rencontré. Il n’hésite pas à prodiguer ses soins à tous : riches, pauvres, mendiants, loqueteux, croyants ou non … sans jamais rien demander en retour. Il veut aussi se lancer dans une vaste campagne d’assainissement des étangs, source de malheurs mais il se heurte à plus puissant que lui. Cependant il continue à mener son action et à apporter réconfort et soin à ceux qui le quémandent.
Sylvia, sa toute jeune femme très aimante, lui donne trois enfants, qui tour à tour vont disparaitre d’une façon tragique. Toutefois Daniel poursuit son chemin, parfois aidé de quelques amis, mais le plus souvent seul contre tous. Il finira dans une grande solitude, abandonné dans sa petite maison des Essarts.
Le roman est écrit en vieux français pour rendre plus crédible l’histoire qui se déroule au début du  vingtième siècle. L’utilisation du passé permet de traduire l’atmosphère étrange de cette région solitaire, noyée par ses étangs et malgré tout habitée. 
Le docteur Daniel est un homme très attachant pour lequel le lecteur ne peut pas ne pas avoir de sympathie. Cet homme croit en ses idées calvinistes et les applique au jour le jour, même si la pauvreté le guette. Les tristes évènements du récit émeuvent le lecteur, pris par les sentiments des personnages

Laurence DEMAY

vendredi 19 mars 2010

L'idiot du village de Patrick Rambaud

 L’action se déroule à Paris en 1995, si, c’est bien vrai, et pourtant… Pourtant, voilà qui est bien étrange, le journal que vient d’acheter le narrateur est daté du 8 mai 1953. Le vendeur et Marianne son épouse  sont formels, le quotidien qu’il vient d’acquérir n’a rien de particulier. Le soir, il s’étonne de voir un caniche blanc « tondu par touffes » dans sa cuisine. Son ami psychiatre Mansart qu’il a invité à diner ne lui avait pas dit qu’il avait un chien. Mais non il n’en a pas ! Et Marianne confirme qu’aucun animal ne se trouve dans la pièce. Et que penser de cette jeune fille inconnue à queue de cheval, jupe plissée et socquettes blanches, entre-aperçue un peu plus tôt dans sa propre chambre ? Chambre dont le décor années 50 à ce moment là lui est complètement étranger ! Les  flashs (ou hallucinations ?)  finissent par se  transformer en réalité, et le narrateur se retrouve immergé dans le Paris de son enfance. Embauché dans un restaurant, sa clairvoyance sur les événements proches à venir, politiques notamment, le fait vite être remarqué par Galuchat-Maurin, journaliste au Figaro…
Dans un style facile à lire, l’auteur nous invite à partager les étonnements, inquiétudes, joies et interrogations de son héros. Ecrite à la première personne du singulier, l’histoire permet de s’identifier très facilement au personnage. Et cela est d’autant plus vrai pour les lecteurs de plus de 60 ans qui  replongeront dans leurs souvenirs d’une époque révolue. Car l’auteur, lui-même né en 1946, n’est pas avare de détails sur la vie quotidienne et les événements des années 50. Il a su, en outre, parfaitement les intégrer à son récit sans tomber dans les travers d’un style « encyclopédie rébarbative ». Le héro s’interroge sur sa capacité à modifier le cours de l’histoire, ou s’angoisse d’une rencontre toujours possible avec une personne qu’il a connu. Mais pour notre plus grand bonheur,  l’histoire ne sombre pas dans la science-fiction à sensation, ni la grosse farce. Au contraire, bien que le style général reste léger, il laisse une grande part à la finesse et la réflexion. Pimenté d’un soupçon de suspense, ce livre court de 125 pages nous transporte jusqu’au dénouement final, très surprenant.
C‘est l’idée d’un retour dans le passé qui a attiré tout d’abord mon attention, lorsque j’ai choisi de lire ce roman. Puis, j’ai été agréablement surprise de voir que l’auteur prend prétexte de cet événement pour aller plus loin. Il en a en effet tiré des thèmes de réflexion, de façon sous-jacente, sur le temps présent et l’avenir. Et ce n’est qu’au bout d’une centaine de pages que le titre du livre, « L’Idiot du village », prend tout son sens lorsque le héros, malgré un savoir forcément plus développé que celui des autres personnes vu les circonstances, se compare à ce personnage populaire. Née à la fin des années 60, une génération donc après celle du héros, trop tard pour avoir connu l’époque dont il est question, j’ai cependant aimé me plonger dans cette période en sa compagnie. J’ai adoré ce livre, tout à la fois captivant et émouvant. 

Sophie HERAULT

jeudi 18 mars 2010

Le prophète de Khalil Gibran

 « AL MUSTAFA, l’élu et l’aimé, qui était l’ombre de son propre jour, avait attendu douze ans durant dans la ville d’Orphalese son bateau qui devait revenir et le ramener à l’île de sa naissance. »  L’histoire commence ainsi, celle d’un prophète retiré dans la solitude pendant de nombreuses années venu chercher sans doute une profondeur humaine et les réponses aux questions existentielles de l’Homme. 
Revenu parmi les gens d’Olphalese avant un retour vers sa terre natale, celui-ci leur délivrera les vérités qu’ils réclament.
A travers les questions posées par les divers personnages: il aborde de nombreux thèmes tels que le travail, la justice, la liberté mais également des choses plus concrètes comme nos vêtements, notre façon de manger, d'élever nos enfants.. ses réponses sont claires, dépouillées de toute convention et artifices pour aller au cœur des choses, au fond de l’âme humaine. Ses paroles nous touchent au plus profond de notre être, sans doute grâce à leur universalité, elles nous rapprochent les uns des autres.
Sa réflexion sur l’Amour est un véritable hymne à la vie, socle indispensable sur lequel tout le reste repose, il nous invite à s’y plonger et à y croire sans crainte ni appréhension
 « Les besoins de l’homme changent, mais pas son amour ni le désir que son amour satisfasse ses besoins » car malgré les nombreuses difficultés et blessures qui nous attendent, la réponse est la promesse d’un coeur plein de joie et de tendresse, une âme humaine libérée et heureuse.
Le livre est en effet un chef d’oeuvre absolu, le message qu’il délivre est universel et hors des limites du temps.Sa sagesse nous enseigne que la bonheur est à porté de tous quelque soit notre condition. Les richesses se trouvent en nous, mais seul le silence et le courage peuvent nous conduire à elles. Je pense que ce livre devrait être lu par tous tant son message est vrai et sincère. Sa parole raisonne encore en moi tel un écho puissant et profond et, ainsi qu’il nous le rappelle : « Je ne vous dis que les mots que vous connaissez déjà en pensée ». Puisse chacun de nous les entendre.

Annie MAYMARD

mercredi 17 mars 2010

Le facteur sonne toujours deux fois

 Franck Chambers s'arrête à la taverne des Chênes-Jumeaux. Immédiatement, il tombe fou amoureux de Cora, la femme du propriétaire, Nick Papadakis. Franck et Cora deviennent très rapidement amants et décident de se débarasser du mari. Leur premier plan échoue et Nick s'en sort. Décidés à vivre ensemble, ils pensent pouvoir quitter le restaurant et parcourir les routes, mais la vie de vagabond n'est pas faite pour Cora. Leur seule chance d'être ensemble, c'est de tuer Nick. Le plan est simple, parfait, mais les amants criminels ont bien du mal à se tirer des griffes de la justice et de la méfiance.

La bestialité des amants est présente à chaque page. Une morsure, un coup de poing, une bousculade, la relation adultère se résume à des étreintes brutales et immédiates. La rancoeur qui remplace l'amour m'a beaucoup rappelé les sentiments troubles qui réunissent Thérèse Raquin et Laurent.

Le récit est mené par Franck, à la première personne. C'est une confession désabusée et détaillée. Il n'a plus rien à cacher. Il libère sa conscience sans se donner le beau rôle et sans protéger personne. Petite interrogation à la fin du livre: quel est le sens du titre, The Postman Always Rings Twice en anglais?

La préface d'Irène Nemirovski est très belle. J'aime lire des avis d'auteurs sur des écrits d'autres auteurs. Nemirovski ne fait pas une critique académique. Elle ne détaille rien, elle suggère. Elle met en opposition l'œuvre de James Cain et le roman de Louisa May Alcott, Little Women, ou Les quatre filles du Docteur March en français. Elle déplore particulièrement la mièvrerie du texte d'Alcott et se réjouit de la puissance du roman de Cain.

J'ai hâte de voir une adaptation cinématographique, que ce soit celle de Tay Garnett ou celle de Bob Rafelson. En attendant, je conseille ce livre qui se lit très rapidement.

Magali CONEJERO

mardi 16 mars 2010

Américana de Don DeLillo

 Lire Americana est encore une fois avec l’écrivain Don Delillo faire une expérience bien déroutante, exigeante mais enchanteresse.
Le livre découpé en quatre parties d’inégales longueurs commence de façon assez classique. David Bell, un homme de vingt huit ans, se raconte, il décrit surtout le milieu de la télévision dans lequel il travaille à une haute fonction. Il est surtout question de bassesses, de tromperies, de secrets et de complots. Le milieu de la création télévisuelle s’apparente avant tout à une routine écœurante où le plus gros du travail consiste à éviter les purges incessantes. Alors qu’il a pris la route avec trois compères, la deuxième partie est un retour sur le passé. Là les souvenirs s’entrechoquent et s’interpellent sans respect chronologique. Pendant ce temps la traversée des différents états s’enchaîne dans une grande confusion géographique. La  troisième partie relate la réalisation d’un film amateur et autobiographique plus ou moins inspiré du cinéma européen lors d’une halte qui se prolonge. Très vite la narration perd toute linéarité dans l’immensité des références, les retranscriptions radiophoniques concurrencent les dialogues téléphoniques, quand ce n’est pas la simple relation des monologues des acteurs. Dès lors le voyage s’apparente à un retour sur certaines choses, une tentative d’explication, mais aussi une recherche d’air.
La quatrième partie recèle peut-être la vérité du récit. L’important n’est pas le voyage mais sa narration, l’entreprise est avant tout littéraire : il s’agit de questionner l’âme de la nation.
Dans ce premier roman Don Delillo livre au lecteur tout ce qui fera son œuvre ultérieure : à la fois l’interrogation des objets emblématiques de la culture américaine et l’appropriation des codes d’un genre littéraire, ici le road movie. Car pour cet immense écrivain au talent foudroyant, il ne s’agit jamais de conforter les évidences mais toujours de se confronter à son pays monstrueux.

Jacky GLOAGUEN

lundi 15 mars 2010

Dérapages de Harlan Ellison

Est-il judicieux de faire des fouilles dans certaine tombe hittite maudite ? Ou dans le mausolée dans lequel le dieu Anubis accomplit une vengeance intemporelle ? Ou encore, pour un télépathe, dans l'esprit d'un immonde tueur en série ? Pour un voyageur dans le temps, modifier le passé, est-ce une erreur ou l'action à faire pour générer son présent ? Il faut également réfléchir avant de tomber follement amoureux d'une chasseuse de créatures mythologiques, ou d'une humaine si on est un dragon chargé de refermer une faille ouverte sur l'enfer...
Dans ce recueil, Harlan Ellison a réuni 21 nouvelles sur le thème des dérapages : ce qui pourrait arriver si... Si quoi ? Si on fait la mauvaise chose, ou au mauvais moment, ou si on n'a simplement pas de bol... Car alors, on a de fortes chances de déraper dans un univers de cauchemar. L'éditeur classe ce livre dans sa collection SF, mais dans la plupart des histoires c'est au fantastique qu'on a affaire : dieux oubliés, démons terrifiants et autres atmosphères cauchemardesques sont au menu !
Le fil rouge qui réunit les divers récits est assez ténu et ceux-ci sont fort variés, tant dans le fond que dans la forme. Après un prologue très personnel où l'auteur nous explique que la vie de tout un chacun peut déraper à tout instant (à l'exemple de sa propre vie, ravagée par un tremblement de terre et une crise cardiaque), les histoires alternent avec des formes narratives variées : scénario de film, nombreux récits à la première personne (avec parfois une brève introduction permettant de présenter la situation), succession de dates et d'événements associés... Sans parler des brèves tranches de vie qui apparaissent entre certaines nouvelles et trouvent leur conclusion en dernière page du recueil ! Une présentation très diverse donc, mais également des nouvelles de qualité inégale : Certaines sont particulièrement frappantes et bien inspirées, tandis que d'autres ne laisseront probablement pas un souvenir impérissable.
Dans l'ensemble cependant, le style direct et énergique d' Harlan Ellison – qui met beaucoup de lui-même dans son œuvre – plonge le lecteur dans une ambiance trouble et angoissante, avec un brin d'humour, qui ne laisse pas indifférent.


Marie-Soleil WIENIN

dimanche 14 mars 2010

Paris est une fête de Ernest Hemingway

 Dans les années 20, Ernest Hemingway, alors jeune journaliste, s'installe à Paris avec son épouse et leur bébé. Très vite, il abandonne son emploi de journaliste pour se consacrer à sa carrière d'écrivain et tenter de vendre ses nouvelles. La vie n'est pas facile, mais malgré le manque d'argent, le jeune couple mène une vie heureuse. Dans la ville lumière, entre Saint-Germain, Montparnasse et les quais de la Seine, d'une rue à l'autre et d'un café à l'autre, Hemingway côtoie d'autres artistes expatriés, notamment James Joyce, Gertrude Stein, Ezra Pound, Fitzgerald et sa femme Zelda... C'est dans ce Paris pittoresque et bohème que l'auteur nous invite à la promenade, partageant ses joies et ses difficultés de jeune écrivain, entre rencontres, découvertes et création.

Cet ouvrage, publié de manière posthume, tient à la fois du roman et de l'autobiographie, comme l'annonce Hemingway lui-même en préambule. On retrouve dans ce récit, composé de courts chapitres à la première personne, son style si caractéristique, simple et dépouillé, centré sur les faits sans chercher à analyser les personnages, fait de juxtaposition de phrases courtes, souvent reliées par la conjonction "et", qui entraînent le lecteur au cœur de l'action. Tout cela donne une série d'instantanés de la vie parisienne d'Hemingway, d'anecdotes alternant courses hippiques, voyages, rencontres avec d'autres auteurs...

Bien que je ne sois pas fan du style d'Hemingway, j'ai vraiment apprécié ce livre, et j'avais l'impression de suivre l'auteur pas à pas et de partager son expérience. J'ai également été sensible  à son ironie, autant qu'au bonheur un peu naïf qui transparait au fil des pages, jusqu'à l'amertume nostalgique des dernières lignes. la façon dont il relate ses méthodes de travail et les anecdotes relatives à Ezra Pound ou James Joyce m'ont également passionnée. Mais, plus que tout, c'est le regard qu'il porte sur le couple Scott Fitzgerald / Zelda qui m'a fascinée... Enfin, j'ai trouvé dans cet ouvrage une vision passionnante du Paris des années 20. C'est donc une lecture indispensable pour qui souhaite se plonger dans cet aspect de la vie parisienne, ou simplement aborder l'œuvre de ce grand écrivain.


Fanny LOMBARD

samedi 13 mars 2010

Une année sous silence de Jean-Paul Dubois

  Paul Miller approche de la cinquantaine. Depuis que sa femme Anna s’est suicidée, il vit dans un petit appartement où il essaie de composer avec sa solitude, ses angoisses et ses obsessions sexuelles. Entre harcèlement de voisines, d’un prêtre peu chaste et nouveau travail, se déploie une année à essayer de retisser patiemment les fils d’une nouvelle vie sans sa femme.
 J’avais déjà lu quelques livres de Jean-Paul Dubois. On retrouve ici certaines de ses obsessions, à commencer par le prénom des protagonistes : le narrateur s’appelle Paul, sa femme, dépressive et suicidaire, Anna. Le thème des tondeuses à gazon revient d’un livre à l’autre : dans ce roman, Paul a trouvé un travail dans les espaces verts et manie quotidiennement cet engin. La maison qu’habitaient Paul et Anna, que cette dernière a brûlée afin de se suicider, est une maison que Paul avait bâtie lui-même, tout comme le narrateur de « Vous plaisantez monsieur Tanner ». Enfin, Paul comme Anna sont des personnages déséquilibrés, dépressifs et tourmentés, ce qui mène d’ailleurs Anna au suicide. La relation au sein du couple est tumultueuse, voire teintée de haine, comme dans « Les accommodements raisonnables ». L’ouvrage prend le parti de l’introspection, l’auteur dévoilant les états d’âme, les obsessions, notamment sexuelles, de Paul. J’ai trouvé que le narrateur était peu attachant, trop perdu dans ses errements psychiques et comportementaux. La description du harcèlement de ses voisines, outre son côté pathologique, peut paraître assez choquant. Le roman est plutôt désabusé, l’auteur ne délivrant guère un message d’espoir. Un voyage au cœur de l’errance, du désespoir et de la folie, avec parfois des passages au vocabulaire très cru, ce qui m’a plutôt dérangée. L’écriture est précise, les phrases sont souvent courtes, évoquant des données factuelles ou des états intérieurs, des analyses – du point de vue de Paul – des agissements de telle ou telle personne. J’apprécie ce genre d’écriture un peu sèche dans la forme, concise, mais précise et délivrant l’essentiel du message. Un ouvrage qui explore les failles et fragilités de l’être humain, désabusé, cynique, où l’on retrouve les marottes de Jean-Paul Dubois.

Christelle Gaté

vendredi 12 mars 2010

Les dames à la licorne de Olenka De Veer et René Barjavel

On démarre ce roman par la généalogie de la famille de Johnatan Greene qui remonte jusqu’en 929, année du mariage de Foulques avec une licorne. Johnatan, installé avec sa femme malade  dans la maison familiale en Irlande, aura la vision d'une maison à construire sur une île isolée sur ses terres pour la sauver. En  isolant l'île des vents violents qui la parcourent régulièrement grâce à  un mur il parviendra à en faire un havre de paix pour la faune et la flore qui s'y épanouiront et un endroit privilégié pour ceux qui y vivent. Quelques années après sa mort, son fils John viendra s'y établir avec sa femme et ses filles. C'est là qu'elles grandiront en toute liberté et qu'elles découvriront petit à petit les unes leur vocation, les autres l'amour... 
Ce roman s'attarde sur les cinq jeunes filles de Sir John Greene : l’aînée, Alice, qui changera de religion et en fera sa vie, Helen, timide et rêveuse qui s’éprend d’un homme et l’épousera sans y être réellement prête, Kitty, qui se dévoue pour les autres, Griselda sauvage et indomptée qui découvrira l’amour et le vivra jusqu’au bout et la douce Jane qui a peur de ne pas avoir d’enfants… 
Un roman plaisant à lire, empreint de poésie et d’un soupçon de fantastique à travers la légende des moines de l’île et autres croyances irlandaises. Bien que la partie généalogique du début soit assez indigeste, ce livre mérite qu’on pousse la lecture plus loin : outre les différentes aventures de ces jeunes filles, on y découvre aussi l’Irlande ce pays sauvage qui tente de survivre sous la coupe de l’Angleterre, ces hommes fiers d’être irlandais comme Hugh O’Farran, qui aiment cette terre  et qui veulent pouvoir le montrer… C’est une fresque historique qui se déroule sous nos yeux au-delà des aventures romanesques des filles Greene, mais aussi une histoire familiale vraie. Ce livre rédigé par René Barjavel est en fait le récit que lui en fait Olenka de Veer, arrière-petite fille d’Helen. Une histoire vraie donc qui a commencée il y a bien longtemps et qui ne se termine pas vraiment …

Elisabeth DOUDAN

jeudi 11 mars 2010

L'aliéniste de Caleb Carr


Un roman policier qui nous mène aux origines des recherches sur les serial killers. On est plongé au cœur d’une évocation magistrale et extrêmement bien documentée du New-York de la fin du siècle dernier. On y croise de grandes figures de l’époque, bandits, hommes politiques, économistes, mais surtout Roosevelt, alors jeune préfet de police, bien décidé à lutter contre la corruption dans ses services. On assiste à des soirées à l’opéra, des dîners dans les grands restaurants, des voyages en calèche… le tout servi par un style raffiné, alternant des descriptions saisissantes de la vie à cette époque (soirée au théâtre, mais aussi taudis, bordels…), avec des portraits de personnages hauts en couleurs et au caractère bien trempé.
On y croise surtout un journaliste criminel mondain, une jeune femme qui veut faire sa place dans la police et devenir la première femme inspectrice des Etats-Unis, et un médecin psychiatre qui tente de faire imposer ses vues, révolutionnaires à l’époque, qui expliquent des éléments du caractère par la façon dont on a été aimé, élevé et traité étant petit.
Ces préoccupations rejoignent l’intérêt pour les origines de certains crimes, qu’on peut expliquer par une brutalité acquise dans l’enfance ou une réaction excessive à certains stimuli qui font remonter à la surface un traumatisme enfoui. Le Dr Lazlo Kreizler décide de prouver la validité de ses idées en étudiant des esprits et des cerveaux de criminels. Pour cela, il voudrait prendre le nouveau Jack l’Eventreur, qui sème la terreur à New-York. On retrouve en effet des cadavres de jeunes prostitués travestis, fraîchement débarqués d’Europe, sauvagement assassinés et atrocement mutilés. La police ne s’intéresse pas vraiment à ces meurtres, qui touchent des personnes souvent en marge.
Une improbable équipe se monte alors, regroupant, aux côtés de Kreizler, Roosevelt et le journaliste, narrateur de l’histoire, mais aussi deux policiers aux techniques novatrices (empreintes digitales, etc.), tous prêts à démasquer le criminel grâce aux traces qu’il laisse de sa personnalité, de son enfance et de son forfait sur les lieux des crimes, mais aussi à fonder une nouvelle science criminelle. Et c’est la course contre la montre, d’autant que les autorités ne semblent pas très désireuses d’aider à l’entreprise, et même luttent contre ce qui pourrait nuire à l’ordre social établi.


Mélanie BART

mercredi 10 mars 2010

Vienne la nuit de Naguib Mahfouz


En mourant Kamel Effendi Ali, laisse à sa famille une petite pension de fonctionnaire pour survivre dans un quartier du Caire.
Du coup sa femme, ses trois fils Hassan, Hussein, Hassanein et sa fille Nafissa doivent assumer une nouvelle vie faite de restrictions.
Nafissa se met à travailler en tant que couturière pour ramener de l’argent au foyer, Hassan du vivant de son père tournait mal et désormais cela ne s’arrange pas. Hussein et Hassanein sont encore étudiants mais doivent laisser certaines activités car la famille n’a plus de revenus. Et bien entendu, la mère organise tout ça avec un courage immense en espérant que l’ensemble des privations mèneront sa famille vers un meilleur destin.
Mais voilà, chacun va avoir une vie plutôt décousue. Nafissa va glisser doucement vers la prostitution pour ramener de l’argent au foyer. Hassan devient dealer. Hussein après son bac devient professeur et Hassanein est prêt à tout sacrifier pour réussir à l’armée. Jusqu’au point de sacrifier les siens si nécessaire ?
Encore un bon roman de Mahfouz qui dépeint de manière admirable et de l’intérieur une Egypte pauvre et riche, encore accrochée à ses traditions mais qui se dirige vers la modernité.
J’ai aimé ce livre dans lequel les personnages sont fortement intéressants. La mère qui se bat pour les siens sans compter. Nafissa dont l’amour pour sa famille est sans fin. Hussein qui se sacrifie pour la réussite de son cadet et Hassanein qui ne voit que son intérêt. Le frère aîné, Hassan lui nous fait découvrir les bas fonds du Caire. A côté d’eux, il y a les amis de classe moyenne et le Bey au bras long et qui appartient à la classe aisée.
Ce contraste entre la pauvreté représenté par la famille Kamel Ali qui pour survivre doit vendre ses meubles, manger une fois par jour et le vaste du Bey est saisissant.
Par contre, peu de descriptions de paysages car il est évident que l’auteur préfère décrire l’âme des gens, leurs ressentis, leur craintes et leurs espérances dans des jours meilleurs.


Edouard RODRIGUEZ

mardi 9 mars 2010

La nuit des enfants rois de Bernard Lenteric


Ils sont Sept. Sept enfants, dotés d’une intelligence incroyable. Vivant dans tous les coins des Etats-Unis, chacun ignorant l’existence des six autres. Jusqu’à ce qu’un jour, via un programme informatique mis en place dans les écoles, un homme, Jimbo Farrar, les découvre. Doué d’une intelligence presque extraterrestre, cet homme va aller les voir et mettre tout en œuvre pour les réunir. Mais lorsqu’il découvre le danger, il est trop tard : les Sept réunis ont commencé leurs crimes, dictés par une haine totale envers le monde humain.  Jimbo va alors avoir un dilemme : les sauver ou lutter contre eux de toutes ses forces … car dans le groupe, un seul est animé d’une bestialité implacable, qui mettra tout en œuvre pour détruire tout ce qui l’entoure …
Un très bon livre mêlant machiavélisme et intrigue. La couverture, sobre, attire le regard, et le résumé donne vraiment envie de se plonger dans l’histoire. Le personnage de Jimbo est incroyablement touchant. Vivant dans un monde à part, un peu à la limite de l’autisme, il possède une intelligence remarquable et une sensibilité à fleur de peau. Il voit dans les Sept un tout, un ensemble, ce qui aurait pu être sa création, son œuvre. Il le dit tout au long du récit, parlant de ces jeunes « qu’il a créé ». Il ne se prend pas vraiment pour Dieu, car il constate, au fur et à mesure du récit, le mal qu’il a engendré sans le vouloir. Cette relation avec les Sept, basée sur un contact plus psychique que matériel, est vibrante d’émotions. Ces jeunes sont intelligents, très intelligents. Ils sont aussi perdus dans ce monde qui n’est pas le leur, ils se sentent déphasés. L’un d’eux va développer une haine secrète, une volonté de détruire cette chose qu’il comprend trop et si peu à la fois. A leur manière, ces jeunes génies sont touchants. Ils sont hautains, hypocrites, veules et exempts de préceptes sociaux, humains même. Mais au fond, l’auteur a très bien su faire vibrer la petite corde de sensibilité, le petit plus qui nous permet de ne pas les détester.  Le seul petit défaut est une tendance à trop utiliser le langage financier et informatique, ce qui peut lasser au final. Mais ce livre est une très bonne découverte, et donne envie de s’y replonger encore une fois la dernière page tournée.


Yo DUDE

lundi 8 mars 2010

La peau de chagrin de Honoré de Balzac

Raphaël de Valentin est ruiné. Son dernier sou sacrifié sur une table de jeu, il songe à se jeter tête première dans les eaux froides et sombres de la Seine. Il doit sa survie à un magasin de curiosités dans lequel il acquiert un antique talisman, qui est censé exaucer le moindre de ses souhaits. La peau de chagrin en poche, il rencontre son ami Émile, à qui il raconte ses trois années de réclusion consacrées à l'étude. Il raconte son amour malheureux pour la froide et insensible comtesse Foedera, à laquelle il sacrifie ses maigres économies. Désespéré par cette passion vaine, empli de haine pour cette coquette inaccessible, il décide de brûler son existence en caprices. La vie de Valentin ne tient désormais qu'à un fil. Chaque souhait exprimé réduit l'existence du jeune homme de quelques jours, à mesure que la peau de chagrin rétrécit.
La première partie du livre, où Raphaël raconte ses misérables années, puis sa passion fatale pour Foedera, est insupportablement longue. La confession n'en finit pas, et on s'impatiente de découvrir le pouvoir de la peau de chagrin, de voir s'exercer son emprise sur la vie du héros. Mais quand, enfin, il se décide à l'utiliser, il conçoit rapidement le danger qu'elle représente et il n'a de cesse de vouloir le contrer. Ce qui donne un texte frustrant, qui ménage une trop grande attente pour une trop courte satisfaction.
"Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit." (p. 58), voici les sages paroles du vieux marchand, aux allures de gourou oriental. Le vieux bonhomme enjoint donc à pratiquer l'ataraxie, ce qui est assez illusoire dans un siècle de décadence comme celui où vit Raphaël. J'ai lu avec ironie la description de sa vie studieuse, dans la misérable chambre d'une miteuse pension de famille. Le jeune homme se contente de quelques biscuits, de bol de lait et de la contemplation des astres éternels. Pas étonnant qu'il se lance à cœur perdu dans son amour pour Foedera, et plus tard dans une vie au train fastueux.
Dans l'ensemble, ce roman m'a agacée. Raphaël est un pleurnicheur insupportable, incapable de savoir ce qu'il veut, et encore plus incapable d'accepter l'échec. L'attrait mystique du roman, la peau de chagrin et ses légendaires pouvoirs, sont réduits à l'état de curiosités. Flirtant avec le fantastique macabre, le texte manque de force et semble plus bouffon que terrifiant.

Magali CONEJERO

dimanche 7 mars 2010

Le chevalier maudit. 6 histoires de chevaliers

Martial le paladin est à la recherche d’une terre pour son peuple, vierge de tout être malfaisant. Avec ses compagnons Roryk le nain Maître Hache, Wynen l’elfe et Gangeois le moine, il n’a pas d’autre alternative que de se rendre aux Montagnes du Nord. La sinistre forteresse qu’ils découvrent sur place leur réserve de terrifiantes surprises… Le grand jour où Sylvain sera adoubé au château du seigneur Henri approche. C’est en effet le lendemain que le jeune garçon recevra l’épée de chevalier, gage de son adresse au combat et de son intelligence. Mais l’épée disparait mystérieusement alors que cela semble impossible. Il faut vite résoudre cette énigme et la retrouver!… Après la mort en 1219 de Guillaume le Maréchal, un des plus grands barons d’Angleterre ayant réellement vécu aux XIIème et XIIIème siècles, sa vie de chevalier, fertile en événements, a été racontée à la demande de son fils…
Dans les genres « Frissons », « Policier », « Histoire vécue », « Science-fiction », « Humour » et « Sentiments », ce sont 6 nouvelles, de styles donc très différents, qui nous sont proposées là par 4 écrivains de talent. Habitués au monde de la littérature pour enfants et adolescents, ils tiennent en haleine les lecteurs à partir de l’âge de 10 ans. D’une trentaine de pages environ, chaque récit est court, et divisé en petits chapitres. Cela permet de ne pas rebuter les enfants ayant un peu de mal à aborder des livres plus épais. C’est cependant suffisant pour qu’ils puissent se plonger dans des aventures très complètes et riches en rebondissements. Peu d’illustrations, en noir et blanc, égaient chaque histoire. Mais elles sont de qualité, et permettent de découvrir des dessinateurs déjà plébiscités. Une biographie courte de chaque auteur et illustrateur est présentée à la fin du volume.
Plus de trente thèmes sont abordés dans la collection « Z’azimut, 6 histoires de… », et je trouve fantastique l’idée de l’avoir imaginée! Archéologie, équitation, cape et épée, football, danse, dauphins, Egypte, etc., quelque soit sa passion et ses rêves, chaque enfant trouvera forcément au moins un volume qui lui correspond.  Et dans une fratrie, les frères et sœurs pourront se partager le même livre, même si le thème général abordé n’intéresse que l’un d’entre eux. En effet, les autres pourront piocher une ou plusieurs histoires dans la ou les catégorie(s)de style qu’il préfère (un enfant peu sensible au thème, par exemple, de la musique trouvera sans doute du plaisir à lire l’histoire policière ou humoristique qui aborde ce sujet). Mais je me garderai bien de classer de façon arbitraire la danse ou le genre « sentiments » pour les filles, et le football ou le genre « frissons » pour les garçons, la réalité étant bien souvent différente !

Sophie HERAULT

samedi 6 mars 2010

Le colonel Chabert d'Honoré de Balzac

C’est un court roman très bien construit et finalement très intense. Si là aussi, l’auteur fait preuve de la maîtrise que tous lui reconnaissent, il nous démontre surtout qu’en quelques dizaines de pages il est capable de nous raconter une histoire. Il alterne la narration avec les dialogues, il joue avec le retour en arrière, il change les points de vue, il varie les éclairages. Tout est fait pour mieux nous faire appréhender la complexité de la situation et la diversité des personnages. Avec ce roman, Balzac se présente comme un maître du récit court, il nous laisse entrevoir ce que par ailleurs tout lecteur un peu paresseux oublie facilement et que ses plus gros romans rappellent, une maîtrise parfaite de la narration.
Ce roman est une belle réussite, d’autant plus que l’histoire qui nous est contée n’a rien d’original. Un homme revient de la guerre, on l’a cru mort et son acte de décès a été dressé, sa femme s’est remariée, elle est riche et a deux beaux enfants. Revenant d’entre les morts, pauvre et fatigué, affamé et timide, le colonel Chabert réclame son nom, son ancienne fortune et son rang.
Le récit tourne autour de trois personnages principaux que Balzac nous expose majestueusement : l’avoué dénommé Derville qui permet à l’auteur de construire parfaitement son roman, presque de manière architecturale, la Comtesse Ferraud, la veuve manipulatrice et le colonel, homme simple et honnête, voué à une fin misérable.
Ce roman peut se lire de bien des manières, chaque lecteur peut lui donner une signification différente. Ce peut être l’opposition entre deux mondes, deux psychologies, ce peut être aussi la réécriture d’une partie de l’histoire de France comme la dénonciation d’un opportunisme qui pointe dans la nouvelle société parisienne.
Nul doute qu’en ce début de siècle, cette histoire continue à faire écho en chacun de nous.

Jacky GLOAGUEN

vendredi 5 mars 2010

Les fleurs du mal de Charles Baudelaire

Dans ce recueil de poèmes, Baudelaire exprime ses sentiments avec Spleen et Idéal qui oppose les moments d'inspiration, les "minutes heureuses", et les moments de spleen. Il y a en effet plusieurs poèmes décrivant son Idéal, comme Parfum exotique, où le poète voit, par le biais d'un parfum qu'il sent, son île idéale, peuplée de gens idéaux. A l'opposée, d'autres poèmes évoquent les moments de spleen, c'est à dire de cafard, sans inspiration, comme Elévation, où l'auteur pousse son esprit, qu'il prend comme un être à part entière, à s'envoler bien haut vers les cieux, c'est à dire le voyage vers l'inspiration.
Dans de nombreux poèmes, on trouve la théorie Baudelairienne que l'on retrouve dans Correspondances : pour lui, nous sommes tous des anges déchus, tombé du Paradis qu'il décrit comme son Idéal, et pendant nos moments d'inspiration nous retrouvons des visions de ce Paradis. Selon lui, nous sommes donc tous nostalgiques, sachant qu'il existe un monde idéal que nous avons connu et que nous pouvons retrouver seulement par "minutes heureuses".
Il évoque aussi ses relations avec les femmes, qui l'aident à retrouver une petite partie de cet Idéal ; notamment avec les trois qu'il a aimé passionnément : Jeanne Duval, dit "la Vénus Noire", Marie Daubrun et Apollonie Sabatier, qui lui ont inspiré de nombreux poèmes, dont La chevelure, Le Poison, et L'Aube Spirituelle ; cette vision des femmes va d'ailleurs changer et il en fera des poèmes où celles-ci ne seront pas présentées sous leur meilleur jour.
Charles Baudelaire est un sensoriel par essence, dans la plupart de ses poèmes, il évoque les différents sens du corps humain qui l'amènent à des visions de son Idéal. Il écrit avec beaucoup de lyrisme, et l'on sent qu'il a fait un travail acharné sur chacun de ses poèmes, tellement on sent la recherche des mots employés.
J'ai beaucoup aimé la plupart de ces poèmes et j'ai aimé les analyser pour comprendre leur sens, même si certains sont un peu difficiles. J'ai moins aimé quelques uns qu'il a écrit sous l'emprise de drogue ou d'alcool, mais dans l'ensemble, ce recueil contient de magnifiques poèmes qui peuvent nous apprendre de nombreuses choses sur la vie.

Margaux BOLZINGER

jeudi 4 mars 2010

Un animal doué de raison de Robert Merle

En 1970, les tensions entre la Chine et les Etats-Unis, déjà englués dans la guerre au Viêt-Nam, menacent de déclencher la 3e Guerre Mondiale. Le Professeur Sevilla n'en a cure, un seul souci en tête : son dauphin Fa connaît quelques mots d'anglais, mais comment le faire passer à la phrase pour établir une réelle communication entre espèces ? Le scientifique oublie seulement qu'il est financé par une agence gouvernementale, qui peut trouver des applications pratiques militaires moralement douteuses à ses avancées prodigieuses en recherche fondamentale...
Ecrit en 1967 comme une oeuvre de politico-fiction avec anticipation à très court terme, ce roman n'a pas pris une ride. Il suffirait de changer quelques lieux et dates pour en faire un livre criant d'actualité. Magouilles politiques, manipulations des masses, espionnage interservices, politique extérieure américaine, tous ces thèmes sont abordés dans ce roman. Un livre bien pessimiste sur la nature profonde de l'homme, qui laisse un goût amer...
Et les dauphins dans tout ça ? Si Robert Merle semble extrêmement bien documenté sur ces animaux et la cétologie en général, le pétillant Fa et sa compagne Bi, plus dure, ne sont pourtant pas vraiment les personnages principaux du livre. Ils apparaissent en fait relativement peu, laissant place à des développements des états d'âme humains : on suit le professeur et son équipe dans les petites joies et peines de tous les jours mais aussi dans la torture de leur conscience scientifique qui s'éveille peu à peu.
Côté style, il est utile de prévenir le lecteur : c'est particulièrement déroutant ! Robert Merle semble avoir fait une allergie à la ponctuation. Cela donne des phrases interminables (parfois une pleine double page sans point ni passage à la ligne), sautant du coq à l'âne pour revenir ensuite à l'idée de départ, avec des dialogues inclus dans le texte, des digressions continuelles... Charge au lecteur de rester concentré ! C'est un peu dommage, car quand on prend la peine on réalise que l'écriture de l'auteur est très poétique, avec des images très fortes et très évocatrices.
Un livre qui ne laisse pas indifférent et marque durablement le lecteur.

Marie-Soleil WIENIN

mercredi 3 mars 2010

Mygale de Thierry Jonquet


Richard, la cinquantaine, est chirurgien plasticien. Il vit avec Eve, une jeune femme qu’il n’hésite pas à malmener. Alex, quant à lui, est un petit truand qui vient de faire un casse meurtrier. Il se cache pour fuir la police. Enfin, Vincent, un jeune homme d’une vingtaine d’années, raconte son calvaire : un tortionnaire qu’il a surnommé « Mygale » le retient captif depuis de longues années et le soumet à des tortures raffinées. Quand la route des trois protagonistes se croise, la perversité est au rendez-vous…
  J’avais lu de Thierry Jonquet « Le bal des débris » et « Les orpailleurs ». J’avais déjà pu apprécier le talent particulier de cet auteur. Avec ce livre court, dévoré en une journée, j’ai été véritablement conquise par sa maestria. Il a su imaginer un scénario diabolique, incroyablement pervers (âmes sensibles s’abstenir), où la cruauté et la haine déferlent. Le début est véritablement mystérieux : on assiste à trois histoires, trois récits différents sans bien comprendre où l’auteur veut emmener son lecteur. Le récit de Vincent est poignant ; qui plus est, il est écrit à la deuxième personne du singulier, ce qui rend l’identification à la victime plus fort. Puis tout se met en place à travers un scénario habilement mené, et la noirceur de l’âme humaine est révélée au grand jour, par un dévoilement allant crescendo. Le récit est bien construit et découpé en trois parties, dont les titres sont en lien avec le titre même du livre. Le mystère et l’énigme, présents dès le début de l’ouvrage et qui m’ont captivée, ne cessent de croître au fur et à mesure de l’avancée des pages. Les rebondissements, multiples, sont au rendez-vous. J’avais apprécié, dans « Le bal des débris » du même auteur, le tour de force final ; ici, je retrouve le brio de Thierry Jonquet qui a su me séduire par son imagination véritablement diabolique et perverse. Un roman excessivement noir, qui explore la cruauté humaine, le sadisme extrême, que j’ai trouvé bien écrit, d’une écriture précise, quasi-chirurgicale dans les descriptions, osant des détails crus, n’épargnant rien au lecteur, une écriture rythmée sans fioritures littéraires. Ce roman est véritablement troublant. A ne pas mettre entre toutes les mains…



Christelle Gaté

Rien de grave de Justine Lévy


Il y a eu l’enterrement de sa chère grand-mère, que Louise petite fille appelait parfois « Maman » par erreur. C’est elle qui l’avait quasiment élevée. Le cancer de sa mère aussi, un choc pour sa fille qui n’avait rien vu venir. Elle est pourtant là en face d’elle, le crâne chauve sous une magnifique perruque trompeuse, et bientôt mutilée d’un sein. Et l’avortement, à 5 mois de grossesse, parce qu’Adrien son mari ne voulait pas de ce bébé. Ils étaient trop jeunes. Sans oublier les amphétamines, car il fallait cela pour ne plus se sentir nulle face aux « Importants ». Jusqu’à l’excès. Et puis bien sur, point d’orgue à toutes ces épreuves, la trahison d’Adrien qui la quitte pour Paula « Terminator », une « vraie garce »…
Avec une écriture nerveuse faite de phrases sans fioritures, Justine Lévy revient sur son propre passé récent. Louise son héroïne, c’est bien elle. Et le lecteur reconnaitra sans peine, bien que les prénoms aient été modifiés, les autres personnalités qui jalonnent ce roman. Au risque de choquer par un style très incisif, elle exprime ses sentiments sans concession. Extrêmement lucide sur la dureté des épreuves qu’elle a traversées, elle ne sombre cependant jamais dans le mélo. Ce qui n’empêche pas ce roman de dégager tellement d’émotions qu’il en est bouleversant. Un rayon de soleil, cependant, éclaire le récit : la rencontre de Louise avec Pablo. Et l’on se surprend à espérer de toute notre âme que, enfin !,  Louise/Justine soit apaisée par cette nouvelle relation.
Le divorce entre Justine Lévy, fille de l’intellectuel  Bernard Henry Lévy, et son époux le philosophe Raphaël Enthoven (qui la quitte pour l’ex-mannequin et chanteuse Carla Bruni),  a fait beaucoup de bruits dans les médias. J’avoue avoir été très peu sensible à l’époque à ce fait-divers. Je découvre dans ce livre, écrit par Justine suite à ce traumatisme personnel, un formidable récit bien loin des articles à sensation dont sont friands les magazines people. Bien sur elle n’est pas tendre pour sa rivale, mais elle ne s’appesantit pas non plus pendant des pages et des pages sur elle. Et le livre est bien loin d’être le simple « défouloir » d’une femme trahie par son mari. Il faut savoir passer outre la couleur qu’a voulu en donner une certaine presse, pour se plonger, sans à priori négatif ou recherche du scandale, dans ce roman d’une très grande intensité.


Sophie Hérault

mardi 2 mars 2010

Requiem pour un poisson de Christine Adamo


Afrique du Sud,  1938 : un chalutier remonte dans ses filets un gros poisson étrange, possédant une queue trilobée, une puissante mâchoire, des écailles préhistoriques et des nageoires évoquant des pattes. Contactée, la conservatrice du Musée d'histoire naturelle de la ville reconnaît un cœlacanthe, espèce surgie de la nuit des temps et que l'on croyait éteinte. 60 ans plus tard, Marie apprend que son père, qu'elle ne connaissait pas, vient de décéder. Ce scientifique lui a laissé en guise d'héritage un dossier concernant le cœlacanthe, qu'il étudiait depuis des années. Désireuse d'en apprendre davantage sur cet homme, Marie se documente sur le sujet : elle découvre alors que les décès semblent se multiplier autour de ce poisson, sujet de bien des querelles entre scientifiques...

Ce roman, basé sur des faits réels, est atypique tant par sa construction que par le sujet traité. Alternant les époques et les narrateurs - y compris le fameux cœlacanthe ! - le récit est pourtant facile à suivre, porté par une écriture simple et agréable, même lorsque l'auteur en développe les aspects scientifiques. C'est le tour de force de ce roman, et on sent que l'auteur maîtrise son sujet, sans jamais tomber cependant dans l'exposé rébarbatif. Reste que, si les personnages sont bien campés, le récit proprement dit présente des longueurs, et l'intrigue en elle-même semble un peu convenue et le dénouement assez prévisible.

Je dois avouer que j'étais un peu sceptique en commençant ma lecture, n'ayant pas grand intérêt pour le sujet traité. Surprise : non seulement le livre m'a plu, mais encore ai-je trouvé l'aspect scientifique et l'histoire du cœlacanthe plus prenants que la trame policière du récit, qui m'a un peu déçue ! J'ai apprécié l'évocation des rivalités entre scientifiques, les aspects de la recherche, la construction des théories... Cela donne pour moi un ton très particulier à ce roman, et l'auteur parvient vraiment à communiquer son intérêt pour le sujet. J'ai également apprécié, en arrière-plan, le traitement de la question de l'apartheid - thème certes secondaire, mais traité avec finesse et sans moralisme indigné. A défaut d'être incontournable, voilà un roman agréable, où l'on apprend beaucoup.


Fanny LOMBARD

Dans les coulisses du musée de Kate Atkinson


Comme une vie, le récit commence à la conception de l’existence de Ruby Lennox. Au premier coup de minuit, elle n’est qu’une possibilité, au douzième elle entre dans la ronde du monde. Son père est ivre et brutal, et sa mère fait semblant de dormir, ainsi Ruby Lennox commence-t-elle à nous conter à la première personne sa vie, depuis la nuit où ses parents la conçoivent jusqu’à la mort de sa mère, quatre cents pages plus loin. Et si le premier chapitre s’intitule « Conception » le dernier s’appelle « Rédemption ». Au lecteur de s’interroger sur cette énigme résumée en deux mots.
Pendant les treize chapitres qui constituent ce roman s’écoulent de façon très linéaire quarante un ans. Ruby ne nous épargne rien ou presque des misères de sa famille. Entre l’ivrognerie d’un père et la méchante indifférence d’une mère, Ruby grandit tant bien que mal au dessus du capharnaüm de la boutique pour animaux qui les fait vivre. Elle n’est pas malheureuse, bien que les êtres qui l’entourent disparaissent tous peu à peu : ses sœurs et puis sa grand-mère, mais aussi son père, tout le monde semble y passer… Finalement à travers ce fantastique désastre, seule surnage sa verve langagière par laquelle elle nous fait partager sa vie. Face au monde, face aux misères qu’il lui réserve, Ruby fait preuve d’une fabuleuse ironie, quand ce n’est pas le cynisme le plus brutal et le plus drôle.
Pour rompre la monotonie toute apparente d’une linéarité temporelle, chaque chapitre s’accompagne d’une « Annexe ». Chacune est une façon de revenir sur le passé tumultueux de cette famille marquée par l’Histoire européenne : on y suit rien moins que deux guerres mondiales. Dès lors la simplicité du récit se complique, la galerie de portraits s’étoffe et le roman finit vite par ressembler à un savant puzzle qui réserve quelques surprises.
Kate Atkinson a tracé à travers ce roman rien moins que l’histoire des femmes du vingtième siècle. Une agréable façon de revenir sur la grandeur et la servitude du genre humain, mais aussi de s’interroger sur la notion de vie comme une perte infinie.


Jacky GLOAGUEN

lundi 1 mars 2010

La chaloupe Tome I : Le talisman de Janine Boissard


La Chaloupe, c’est le nom de la maison du bord de Loire que quatre amies ont achetée pour en faire leur refuge.  Elles ont la trentaine, sont célibataires et ont des souvenirs plein la tête de cette maison qui appartenait aux parents de Violaine, amie de leurs seize ans qu’elles ont perdue de vue de puis longtemps.
Cependant rapidement, des choses bizarres se produisent : outre le sentiment d’être observées,  un talisman apparaît puis disparait, on retrouve une poupée d’envoûtement, une porte est ouverte alors que personne n’a les clefs, comme si un fantôme était dans les lieux. Violaine, dont un mystère entoure la disparition ? A moins que quelqu’un ne veuille les effrayer ?
Comme ce n’est que le tome 1 de l’histoire, évidement nous ne trouvons pas les réponses à ces questions. Qu’à cela ne tienne, nous les lirons avec joie dans le tome 2, « L’aventurine ». Parce que c’est vraiment un grand plaisir que cette écriture fluide, simple mais tellement prenante… Grâce à des phrases courtes, des chapitres qui le sont aussi, nous dévorons cette histoire en quelques heures. Il y a  du rythme, du suspens, de l’émotion. Mais ce que qui m’a le plus plu, c’est que finalement ce n’est pas vraiment l’énigme qui est importante dans ce livre. Ce sont plutôt ces femmes dont Janine Boissard nous dresse un portrait magnifique. Quatre caractères, quatre métiers, quatre façons de voir la vie différentes (comme les Mousquetaires de notre ami Alexandre Dumas), mais un point commun : pas de compagnon attitré…Même si elles ont l’air d’assumer complètement leur célibat ou leurs aventures d’un jour, elles souffrent chacune à leur manière de cet état de fait. Certaines aspirent même à une vie familiale normale et recherchent toujours l’homme idéal. Le ton est très juste tout le temps, les ressentis sont très bien restitués que ce soient les blessures, les faiblesses ou les forces. Et puis ces femmes ne sont pas des super-women avec une force de volonté hors du commun, mais des personnes somme toute comme tout le monde et du coup, on s’identifie à elles, d’où une grande sensibilité et une grande émotion qui ressort de la lecture. J’avoue même avoir eu quelquefois la larme à l’œil… Une belle histoire d’amitié que je recommande. D’aucun trouveront toutefois que ce n’est pas de la grande littérature, ce qui est vrai,  mais prendre plaisir à lire n’a pas de prix…

Nicole VOUGNY

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