vendredi 31 décembre 2010

Au bonheur de lire de Collectif

Ce livre nous fait partager le plaisir de lire de certains auteurs connus, comme Daniel Pennac, Proust, Nathalie Sarraute, Rousseau,  ou bien nous propose des passages d’œuvres (Mme Bovary, Balzac et la petite tailleuse chinoise, le liseur, etc) ou le héros témoigne de ces instants de bonheur que procure la lecture. Il regroupe 15 écrivains de siècles et de styles différents.
Ce n’est pas un roman, mais un « patchwork » de passages de romans célèbres.
J’ai adoré ce livre, qui est un recueil de sensations face à la lecture, face à un livre. Je me suis retrouvée dans plusieurs de ces extraits. Bien sûr, chaque auteur à sa façon à lui d’écrire et certains paraissent plus intéressants que d’autres.
Personnellement, j’ai préféré les extraits « biographiques », c'est-à-dire ceux réellement vécus par l’auteur, plutôt que ceux des héros. Cependant, comme il s’agit, tout de même, de grands auteurs, les descriptions des sentiments de ces personnages sont vraiment bien trouvées.
Mes préférés sont les passages de Proust, Sartre et Nathalie Sarraute. J’ai trouvé ce livre, trop court, trop vite lu.
J’invite tous les amateurs de lecture à lire ce livre, où je suis sûre qu’ils se retrouveront.

Hélène SALVETAT

mercredi 29 décembre 2010

Mort à Harvard de Amanda Cross

Un femme professeur de littérature de New-York est appelée au secours par une ancienne amie de faculté, par l'intermédiaire d'une sœur,. Cette ex-copine d'université devenue titulaire d'une chaire de littérature à Harvard donne l'occasion à notre héroïne de mettre ses talents de détective à l'honneur, son mari étant parti en voyage à l'autre bout du monde. Cela lui permettra, également, de retrouver des amitiés anciennes et de revoir des membres de sa famille.
 C'est un livre drôle, court (moins de 200 pages) qui donne à découvrir les particularités de la prestigieuse université de Harvard à la fin des années 1970. On y découvre un monde replié sur soi, vivant de préjugés notamment au sujet de la sexualité et de la place des femmes dans la société. Un refus, donc,  d'une certaine modernité et, en même temps paradoxalement, beaucoup d'intelligence. Ce monde masculinisé apparaît fossilisé car plus attiré par l'univers des idées que par le mouvement de la vie elle-même et qui n'accepte pas de partager son pouvoir avec les femmes. Néanmoins  tel qu'il est décrit, on aurait aimé connaître, univers désuet et qui apparemment voulait le rester. Mais c'était sans compter sur l'émancipation féminine. On devine déjà à la lecture de ce livre (parution dans le début des années 1980)  les futurs problèmes engendrés par la nécessaire parité homme-femme.


Thérèse VITRANT

lundi 27 décembre 2010

Swan de Frances Mayes

Swan, petite ville de Georgie, bien tranquille sous sa chaleur torride. Un beau matin de juillet 1975, en allant au cimetière, Lily découvre le cadavre exhumé de sa belle sœur Catherine Mason décédée dix-neuf ans auparavant. L’incompréhension et l’horreur du geste amènent les habitants et les enfants de Catherine à se poser des questions sur cette mort considérée comme un suicide à l’époque des faits. Or aujourd’hui il apparaît évident qu’elle a été assassinée. Au bout de tant d’années, trouver le coupable semble mission impossible.
Comment dire…je ne voudrais pas décourager les lecteurs potentiels de ce roman, mais je dois avouer que cette lecture m’a parue interminable ! Pourtant l’histoire à l’air accrocheuse, il semble y avoir du suspens mais en fait l’énigme est une toile de fond, un prétexte pour pouvoir nous décrire les sentiments des différents protagonistes, d’une manière que j’ai trouvée plutôt confuse et compliquée et qui n’atteint donc pas le but recherché... En effet on n’arrive pas à s’intéresser et d’autant moins à s’identifier aux personnages Ce qu’ils vivent, ce qu’ils ressentent, ne nous touchent pas. On reste spectateur et l’on s’ennuie… Je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire d’une part parce que l’écriture manque de simplicité et demande beaucoup de concentration (on se demande souvent qui parle et le rapport avec ce qui précède ou suit) et d’autre part parce que de nombreuses références à des chansons ou textes du Sud nous ramènent à des notes en fin de page ce qui casse le rythme de la narration déjà pas très soutenu... De plus la résolution de l’énigme et la pertinence du point de départ de l’histoire ne m’ont  pas vraiment convaincue. Peut-être que tout simplement vu le quatrième de couverture, je ne m’attendais pas à cela mais je suis terriblement déçue de cette lecture…    

Nicole VOUGNY

samedi 25 décembre 2010

Une poignée d'argile de Marie-Sabine Roger

La fille de Jean-Paul nous raconte comment son père a disparu.
Une longue partie de ce roman est basé sur les réactions, les attitudes, les comportements de la narratrice et de sa mère qui ont du mal à vivre cela. Mais ce n’est pas une disparition comme on peut le penser et c’est donc beaucoup plus dur à supporter.Nous vivons avec la fille du salaud son enfance, plus ou moins délabrée et cette phrase est significative : « Mais il est vrai qu’il
reste peu, au fond du crible, une fois la vie tamisée »
Nous vivons aussi son entrée au collège, et puis sa découverte d’un lieu où elle pourra s’épanouir pour oublier le mutisme quotidien de sa mère. Un lieu où l’art s’installe dans ses mains fragiles, d’abord le dessin puis la sculpture grâce au fleuriste qui travaille en dessous de chez elle. Et c’est là que s’exprime toute la beauté de ce roman, comme une fleur qui éclot après la pluie.
Et c’est tout le style de Marie-Sabine ROGER, qui s’intéresse souvent aux gens cassés par la vie, des gens qui en apparence, on l’air de bien vivre mais qui, au fond, ne dise rien de leur mal qui les ronge jour après jour. Dans ce roman, ce sont les phrases courtes qui règnent, des phrases qui rythment le
récit d’une force inégalée. On retrouve les mots imagés et les mots qui se croisent bien que contraires dans leur sens mais qui le trouvent ensemble dans l’écriture de l’auteur de La Tête en friche (adapté en film).
Je vous invite donc, à découvrir et à ressentir cette poignée d’argile qui ouvre la porte d’une vie meilleure...


Benjamin LAMOTTE

jeudi 23 décembre 2010

Le petit Nicolas de Sempé et René Goscinny

Voici un livre qui est une véritable récréation. Le petit Nicolas nous raconte des moments de sa vie avec ses copains, et ce n’est pas triste ! Autour de Nicolas gravite une foule de personnages. Les adultes évidemment en prennent pour leur grade et on les félicite d’être si patients. Il y a également tous ses copains de classes, on retrouve tous les clichés : le premier de la classe un brin susceptible et plutôt pleurnicheur, le dernier de la classe, le bagarreur, le copain enveloppé qui n’arrête pas de manger…Le récit est donc fait par Nicolas et de ce fait offre au lecteur un ton naïf et caustique.   Avant de lire ce livre on ne s’imagine pas tout ce que Nicolas et ses copains peuvent inventer et c’est un vrai régal de le découvrir. L’écriture de ce roman est proche du langage oral,  ce qui permet d’une part de vraiment se relaxer et ajoute au comique des situations. Chaque chapitre est autonome, tout en conservant les mêmes personnages ce qui laisse un esprit de liberté avec des illustrations en double page pour chacun et presque un petit dessin sur chaque page. Et oui même nous les adultes ça nous ravit ! Ce nombre d’illustrations permet aux enfants lecteurs de comprendre une situation, de l’imaginer et surtout permet de commencer l’analyse d’une image fixe. C’est un livre que je proposerai à ma fille et je sais d’avance qu’il lui plaira, c’est rigolo et fluide !
J’ai vraiment pris plaisir à redécouvrir cet univers d’enfants qui rappelle des souvenirs, et oui certains adultes avec une vie remplie de travail, d’obligations, de stress perdent leur « âme d’enfants » ce livre devrait aider à y remédier !

Sabrina LE BOUCHER

mardi 21 décembre 2010

Vingt mille lieux sous les mers de Jules Verne

En cette année 1866, plusieurs navires ayant signalé la présence, en divers points du globe, d'un monstre marin menaçant, une frégate est envoyée afin de le traquer et de le tuer. Y embarquent le professeur Aronnax, du Museum de Paris, et son fidèle domestique Conseil. Après des mois de chasse infructeuse, le bateau est finalement confronté à la créature. Mais celle-ci prend l'avantage et Aronnax et Conseil sont projetés à l'eau, ainsi que Ned Land, un harponneur canadien. Trouvant refuge sur le dos du monstre, ils constatent qu'il s'agit en réalité d'un immense sous-marin, le Nautilus. Recueillis à bord par le Capitaine Nemo, concepteur et commandant de l'engin, il s'avère vite qu'ils sont davantage des prisonniers que des hôtes... Mais, en compagnie de cet homme mystérieux, sombre et renfermé, et de son équipage, ils vont vivre une aventure extraordinaire, parcourant les fonds marins au rythme d'aventures aussi merveilleuses que périlleuses.
Présenté comme le journal d'Aronnax, et donc rédigé à la première personne, ce roman est sans doute le plus célèbre de Jules Verne. Mêlant récit, descriptions et dialogues, l'écriture est agréable et vive, alliée à un style fluide. Seuls quelques passages de descriptions des diverses espèces sous-marines peuvent a priori paraître rébarbatifs, mais ils font partie du charme du roman, ne serait-ce que par leur musicalité et, partant, leur poésie. Et puis il y a l'action, palpitante, et les personnages, tous incroyablement bien campés : tout un ensemble qui rend ce livre impossible à lâcher.
Au-delà du plaisir de redécouvrir un classique, cette lecture a été un enchantement. L'écriture, tout d'abord, est incroyablement vivante - au point que je me sentais véritablement oppressée lors de certains chapitres, manquant d'air avec l'équipage du Nautilus, ou m'émerveillant avec Aronnax de la beauté des paysages sous-marins. Et il y a les personnages, aucun ne m'ayant laissé insensible : si j'aurais volontiers fichu une baffe à cette grande gueule de Ned Land, j'ai surtout été fascinée par Nemo. Cet homme mystérieux, hostile à l'humanité et hanté par une noirceur dont rien n'est dévoilé, est à mon sens l'une des figures les plus intrigantes de la littérature. Il justifierait à lui seul la lecture de ce roman. Mais il y a bien d'autres raisons de se plonger, sans mauvais jeu de mots, dans ce véritable chef d'oeuvre !


Fanny LOMBARD

dimanche 19 décembre 2010

Six chevaux bleus de Yvonne Escoula

Martha, la tante des jumeaux Yves et Jean-Pierre, est antiquaire et transmet sa passion pour les antiquités chinoises à ses neveux. Leur mère n’apprécie pas cette tante, qu’elle trouve trop originale, ni les « vieilleries » qu’elle vend, contrairement aux enfants, âgés de dix ans qui s’y intéressent.
Un jour, on découvre, dans la vitrine du magasin, un cheval de porcelaine bleue, brisé. Yves est accusé, mais répond que ce n’est pas lui et de nombreuses questions se posent alors. Qui donc a fait cela et pour quelles raisons ? Est-ce une maladresse de quelqu’un mais de qui ? Ou bien est ce volontaire et pourquoi ? Les enfants, alors, mènent l’enquête qui les amènera à un dénouement inattendu et plus important qu’ils ne pensent.
Suspens, humour, émaillent cette histoire pleine de rebondissements, et d’action. On ressent une atmosphère particulière, de mystère et de fraîcheur. L’auteur décrit bien les sentiments des personnages, notamment des enfants, ce qui rend le texte bien vivant. Le dialogue et les descriptions étant bien répartis, le récit est équilibré et agréable à lire. Certaines phrases sont un peu longues, mais s’adressant à des plus de dix ans, elles restent compréhensibles. On y trouve de grands dessins à la plume, en noir et blanc, représentant les personnages de cette histoire.
Je pense que ce livre est bien adapté à des enfants et même à des adultes, pourquoi pas… C’est un livre original que j’ai beaucoup aimé. En 1968, un feuilleton télévisé avait été tiré de ce livre. 

Hélène SALVETAT

vendredi 17 décembre 2010

Mais t'as-tout-pour-être-heureuse de Nicole De Buron

Notre héroine est sujette à une dépression. Elle est vraiment au fond du trou; elle se trouve grosse, vieille, abandonnée, pense que son mari la trompe, que ses enfants ne la comprennent pas et tentent régulièrement de la brouiller avec ses copines ou famille.Mot que bien sûr personne ne veut entendre dans son entourage. La dépression ca n'existe pas, les psy sont des médecins pour les fous et les médicaments des horreurs qui vont vous détruire.
Un sujet traité avec beaucoup d'humour et une approche très réaliste. L'écriture est vive, drôle. Et ce qui me plait le plus après coup, c'est que n'importe qui pourrait raconter sa vie de cette façon; l'idée m'a même effleuré d'ouvrir une rubrique, je-vous-raconte-ma-vie-à-la-façon-de-nicole-de-buron.
Et je me suis beaucoup fait rire.Bref passons cette digression.
Cette lecture réjouissante permet de se rendre compte que nous sommes tous pareils, soumis aux mêmes pressions de devoir mener de front, carrière, enfant, de lutter contre les dictats de la minceur et de la mode aussi. Une approche intuitive du sujet, un vocabulaire à la portée de tous, un livre fait pour sourire sous la forme d'un récit humoristique et qui s'approche un peu de l'autobiographie car l'auteur s'inspire de sa vie et de celle de sa famille pour ces romans.
Un bon moment de lecture qui fait sourire.

Cécile MAURELLET

mercredi 15 décembre 2010

Champollion l'Egyptien de Christian Jacq

Cela fait 7 ans que Jean-François Champollion a déchiffré ses tous premiers hiéroglyphes sur la Pierre de Rosette. Ce n’est pourtant qu’en cette année 1828 qu’il peut  enfin se rendre en Egypte, le pays qui occupe toutes ses pensées. Après de nombreux ennuis administratifs, il a en effet réussi à monter une mission scientifique franco-italienne lui permettant d’aller vérifier sur place ses théories. Mais avant de partir, il se voit imposer la présence de Lady Redgrave, nièce de Thomas Young, son plus fervent détracteur. Une contrariété n’arrivant jamais seule, la venue de messieurs Rosselini et Raddi, les savants de Toscane qui doivent l’accompagner, est un temps compromise par un cordon sanitaire instauré à cause de la peste. Ces tracas ne sont en fait que les premiers d’une longue série qui émailleront l’aventure égyptienne de Champollion, pendant les 17 mois qui durera l’expédition…
L’auteur de ce livre est lui-même égyptologue, il a d’ailleurs écrit de nombreux romans sur le sujet. Dans celui-ci, il imagine comme point de départ Champollion, sur son lit de mort en 1832, racontant l’épisode le plus marquant de sa vie  à sa fille Zoraïde âgée de 8 ans. Il est donc écrit à la première personne du singulier. Comme dans n’importe quel récit d’aventure, le lecteur suit pas à pas la progression de l’expédition. Et rien n’est aisé car les obstacles de tous styles se succèdent ! Bien évidement, l’auteur n’était pas présent aux côtés de Champollion lorsque les événements ont eu lieu, ni n’a pu le rencontrer pour recueillir son témoignage à postériori. Le récit ne peut donc être complètement  en accord avec la réalité historique stricte. Il reprend cependant des phrases qui ont été réellement écrites ou prononcées. Et l’auteur revendique une grande fidélité à la personnalité de l’homme qu’était Champollion.
Comme sans doute beaucoup de monde, je ne connaissais de Champollion que sa casquette de déchiffreur des hiéroglyphes égyptiens. J’ignorais tout du personnage et de sa vie. Le suivre ainsi pendant ce périple d’1 an ½, en partageant ses émotions, rend le personnage très attachant. Le récit est plein de rebondissements, et m’a tenu en haleine du début jusqu’à la fin. 

Sophie HERAULT

lundi 13 décembre 2010

Les fileurs d'ange de John M. Ford

La Toile, un réseau gigantesque, est au centre de notre future société galactique. Au point que les hommes sont répartis suivant l'utilisation qu'ils sont capables d'en faire : les illettrés n'ont pas le droit de voyager dans l'Espace ; les "Premier Degré" utilisent la Toile pour communiquer de manière instantanée ; les "Deuxième Degré" sont capables d'accéder aux données stockées et d'utiliser les programmes existants ; les "Troisième Degré" peuvent écrire des programmes. Il existe cependant une dernière catégorie, qui n'a aucune existence officielle : Les "Quatrième Degré" Filent la Toile selon des techniques subversives que seuls les initiés savent possibles, au mépris des règles. Au mépris également des risques, car ils sont implacablement traqués - et exécutés - par les chevaliers noirs et les Chiens Fantômes qui gardent la Toile.

Nous suivons dans ce roman l'apprentissage d'un jeune Fileur de génie, Grailer Diomède. Premiers piratages balbutiants, prise en main par le maître Fileur Aristide, peine inconsolable à la mort de son aimée détruite par la Meute de Chiens Fantômes virtuels qui hantent la Toile. Et toujours, la recherche du Graal : la maîtrise parfaite de l'information et donc le pouvoir. Cette quête du Graal est d'ailleurs mise en évidence par les différentes identités d'emprunt du héros : Grailer ("Grail" signifie "Graal" en anglais), Galahad, Knight ("chevalier"), Perceval...

Bien avant l'Internet tel qu'on le connaît aujourd'hui, John Milo Ford avait déjà imaginé un réseau connectant de manière instantanée l'ensemble de l'univers connu, avec ses utilisateurs : simples chatteurs, surfeurs, codeurs et enfin hackers ! Sans compter le cyberspace dans lequel s'immerge les Fileurs, s'apparentant pour eux à une drogue... On a parfois du mal à s'y retrouver et à appréhender certains concepts qui ont mal vieilli, mais dans l'ensemble c'est plutôt bien pensé.
Le style est assez simple, mais efficace. Les phrases sont courtes, essentiellement descriptives, avec beaucoup de dialogues pour aérer le texte. Il y a également beaucoup d'ellipses, charge au lecteur de recoller les morceaux en imaginant les épisodes ou réflexions qui ne sont pas explicitement décrits (pas toujours évident, on a parfois envie de relire un passage lu précédemment pour mieux le saisir). L'auteur nous fait profiter de sa culture étendue, introduisant au passage de nombreuses références théâtrales, poétiques, musicales, cinématographiques et bien évidemment littéraires ; si le lecteur averti appréciera ces clins d'oeil, le lecteur qui l'est moins n'y verra cependant aucun frein à sa lecture.
Au final, nous avons un roman plus complexe qu'il n'y parait, qui mêle action et réflexion en suivant les aventures d'un héros attachant entouré de personnages secondaires également intéressants : A découvrir !

Marie-Soleil WIENIN

samedi 11 décembre 2010

Les vivants et les morts de Gérard Mordillat

A Raussel, petite ville de l’est de la France, « la Kob », une usine de fibre plastique, fait vivre toute la population. Aussi le jour où l’on annonce un plan social avec une centaine de licenciements à la clef, c’est la consternation et l’inquiétude…Dallas fait partie des licenciés, son mari Rudi reste. Cependant pour ce jeune couple et nombre de leurs collègues, la situation est tendue mais on se serre les coudes pour éviter la fermeture. Malheureusement, ils ne sont pas maîtres du jeu et il semble bien que les choses soient décidées depuis longtemps, au nom de l’implacable réalité des chiffres …
Il n’est pas courant de nos jours d’avoir l’occasion de lire un roman sur le monde ouvrier. Même si le thème et la façon de voir les choses nous font beaucoup penser à Zola, nous sommes bien dans un roman contemporain, écrit de façon moderne avec un rythme de narration soutenu, des chapitres courts, de nombreux dialogues. Et le résultat est superbe ! Quel souffle, quelle justesse dans le ton ! A travers le quotidien de nombreux personnages, qu’ils soient du monde ouvriers, des patrons, des syndicats, des élus locaux ou représentants du gouvernement, nous sommes confrontés à un drame au combien d’actualité : la fermeture d’une entreprise qui fait vivre toute une région, avec tout ce qui va avec : mobilisations, pétitions, négociations, manifestations mais aussi les conséquences sur les vies privées de ces hommes et ces femmes. L’auteur arrive à nous faire ressentir d’une façon très intense les sentiments de tous : l’espoir, la tendresse, la haine, le désarroi, le refus de voir les choses en face, la colère. La manière dont est mené le récit avec la montée en puissance de la peur, du désespoir et de la violence nous amène à une chute que l’on sent inévitable.  « Les vivants et les morts » n’est pas seulement une chronique sociale et une fresque populaire. C’est aussi des histoires d’amour, des secrets, des aventures humaines admirablement bien racontées. Grâce à une écriture facile à lire mais loin d’être simpliste, nous avons donc un magnifique ouvrage plein d’émotion que l’on a du mal à lâcher et que l’on devrait tous lire un jour ou l’autre…


Nicole VOUGNY

jeudi 9 décembre 2010

Ermites dans la taïga de Vassili Peskov

En 1978, un groupe de quatre géologues découvre une isba au cœur de la Sibérie à quelques 250 kilomètres de la localité la plus proche. Nos géologues vont faire la connaissance des Lykov qui habitent donc isolés de tous et de tout en pleine taïga. La famille est composée du patriarche Karp, de Savvine, Natalia, Dmitri et d’Agafia la cadette.
En 1982, notre journaliste-écrivain va avec Nikolaï -qui lui a fait part de l’existence des Lykov – en Sibérie à la rencontre des Lykov. Mais entre- temps Savvine, Natalia et Dmitri sont décédés.
Les survivants que sont le patriarche et la cadette continuent cette vie d’ermite que nous raconte Vassili qui va les voir une fois à l’année.

J’ai fortement apprécié de livre est qui est un authentique voyage dans le temps et par conséquent dans l’histoire de la Russie d’avant-hier, d’hier et d’aujourd’hui.
La méthode de vie des Lykov remonte au schisme de…1653 et depuis la vie n’a cessé de pousser les « fuyards » dans les fourrés les plus impénétrables à tel point que les Lykov mesure le temps à la façon d’avant Pierre le Grand !
Surprenant également le fait qu’au fond de la Sibérie les Lykov ont remarqué que « les étoiles ont commencé à marcher dans le ciel » autrement dit,  ils ont vu à leur façon que le monde occidental lançait des satellites.
Cet histoire qui m’a pris aux tripes est pleine d’anecdotes entre le vieux et le nouveau monde qui nous pousse à la réflexion sur l’évolution de l’humanité.

Forte intéressante également la vision d’Agafia lors de son voyage dans sa famille dans un monde plus civilisé que le sien.

J’ai aimé la façon qu’a l’auteur de nous montrer d’une manière quasi authentique les dangers, la dureté de la vie en pleine Sibérie, hiver comme été, quand on est totalement démuni et la difficulté pour faire accepter à des ermites des objets que la religion réprouve.
Par ailleurs les descriptions des paysages et de la faune sibérienne y sont exquises.

Un livre ou plutôt une odyssée totalement surprenante.

Edouard RODRIGUEZ

mardi 7 décembre 2010

Ladyhawke de Joan D. Vinge

Dans les alentours d'Aquila errent deux amants maudits, Charles de Novarre et Isabeau d'Andret. Parce que la belle lui a préféré son capitaine de la garde, l'évêque d'Aquila a invoqué l'enfer et jeté un sort terrible : Novarre se transforme la nuit en loup, tandis qu'Isabeau est faucon pendant le jour. Deux animaux, oublieux de leur demi-vie humaine mais inéluctablement liés à leur amour perdu. Deux humains, condamnés à ne jamais être réunis tant qu'existeront le jour et la nuit, avides de vengeance...
Joan D. Vinge s'est attaquée ici au périlleux exercice de la novellisation - à partir du film éponyme réalisé par Richard Donner - et s'en tire plutôt honorablement. Ceux qui ont vu le film n'auront guère de surprise, car le scénario est fidèlement suivi, mais ils retrouveront avec plaisir les réjouissants personnages : L'impressionnant Novarre et la douce Isabeau bien sûr, mais également frère Imperius, dont la bêtise a attiré sur les amants le courroux de l'évêque et qui est bien décidé à se racheter, et surtout Philippe Gaston, dit la Souris, voleur, menteur, poltron, mais finalement camarade loyal et enjoué. C'est à travers ce jeune personnage ordinaire que l'on suit cette aventure. Car effectivement, aventure il y a : Poursuites et combats ne manquent pas, on n'a guère le temps de s'ennuyer !
Le style de Joan D. Vinge se prête magnifiquement à cette histoire : Simple et direct, toujours très visuel, il sait se faire épique lors des combats ou poétique aux petits matins. Sans oublier les touches d'humour qui relèvent les nombreuses facéties de Philippe et allègent l'atmosphère, laissant le lecteur le sourire aux lèvres. On se laisse facilement envoûter par cette histoire touchante et prenante, qui nous emporte au fil des pages sur les traces des deux amants malheureux.

Marie-Soleil WIENIN

dimanche 5 décembre 2010

L'homme de la Jamaïque de Robert GAILLARD

L’homme de la Jamaïque, c’est Jacques Mervel. Un homme dont la raison de vivre est l’aventure, un homme qu’en d’autres temps on aurait qualifié de corsaire ou de flibustier…
C’est dans un palace de Kingstom, à la Jamaïque, que nous le rencontrons en compagnie de deux de ses acolytes. Pour le bien d’une des affaires plus ou moins licites dont il s’occupe, il entreprend de séduire une jeune fille, infirmière d’une femme d’affaires acariâtre. Mais il semblerait que ce ne soit pas si facile. De plus, la chance insolente dont il a bénéficié jusque là dans ses entreprises semble se faire plus discrète. Serait-ce le moment de se ranger ?
Il ne faut pas s’arrêter au coté un peu léger de l’histoire telle que je l’ai résumée. Il est vrai qu’au départ on a l’impression d’être tombé sur un roman dans lequel le héros est trop beau, trop fort, trop intelligent et gagne toujours. Mais il y a bien plus dans ce livre que des aventures pimentées par une histoire d’amour. L’auteur nous propose en effet  des personnages plus complexes qu’il n’y parait au premier abord, ainsi que des réflexions sur la vie que l’on mène (ou que l’on aurait pu mener) selon les circonstances et les choix que l’on a fait. Les décors et atmosphères sont très bien restitués : on ressent la chaleur moite des tropiques ou le brouillard sur les bords de Seine à Paris en hiver… Oui vraiment, ce roman est intéressant par son écriture, son action mais aussi les sentiments qu’il nous procure. Par contre si l’on veut savoir ce que devient Jacques Mervel, il faudra lire les épisodes suivants ! Ce qui en soit n’est pas un problème mais plutôt un bon moment de lecture en perspective…


Nicole VOUGNY

vendredi 3 décembre 2010

Regain de Jean Giono

Aubignane, « collé contre le tranchant du plateau comme un petit nid de guêpe », est un village de l’arrière pays provençal qui se vide peu à peu de ses habitants : ils ne sont plus que trois à se partager les maisons abandonnées. Un matin, le père Gaubert, vieillissant, décide de partir. Puis au début du printemps, c’est au tour de la Mamèche, qui demeure au village depuis 40 ans, de disparaître. Panturle, un homme encore jeune qui n’a pas de femme, est le dernier habitant. Un jour, au retour d’une chasse au renard, il aperçoit une jeune femme qui éveille son désir. Il la suit à travers bois : s’agit-il de la femme que la Mamèche avait promis, avant sa disparition, de lui ramener ?
J’ai lu ce court roman avec beaucoup de plaisir, goûtant chaque mot, chaque phrase, tournant les pages avec bonheur. L’écriture de Giono est sublime, toute en poésie, en raffinement et en simplicité. Les métaphores notamment sont superbes, particulièrement bien choisies et travaillées. Giono adopte des images concrètes, liées au monde de la nature, végétale ou animale. « L’été, le soleil qui boit comme un âne sèche son bassin en trois coups de museau » : Giono n’hésite pas à comparer une saison à un animal ou des astres au monde végétal : « La nuit entasse ses étoiles comme du grain ».
L’auteur livre à son lecteur une apologie de la nature mais aussi de l’homme, à travers ses productions, tels les outils. Un des premiers outils sur lequel s’attarde Giono, c’est l’enclume du père Gaubert : « l’enclume est toute luisante, toute vivante, claire, prête à chanter ». Gaubert est véritablement la mémoire artisanale d’Aubignane. Avec son départ, c’est tout un trésor de gestes qui disparaît.
Giono célèbre le monde paysan, celui qui s’adapte aux conditions climatiques, qui fait sans cesse preuve de créativité, qui lutte pour survivre. Dans ce monde laborieux, un éclair d’espérance peut toujours briller : ici, c’est la femme qui apporte le regain, la flamme de fécondité, celle de la terre, mais aussi celle de l’enfant.
J’ai apprécié dans cette édition la préface qui nous permet d’entrer dans ce livre avec un regard éclairé et le dossier conclusif qui apporte des repères biographiques sur Giono et des jalons pour mieux comprendre l’œuvre. Au cours du roman, des notes de bas de page permettent d’éclaircir certains termes de patois.
« Regain » est un roman court, dont on savoure avec délectation les superbes métaphores. Un grand classique à (re)découvrir.

Christelle GATE

mercredi 1 décembre 2010

Une fantaisie du docteur Ox de Jules Verne

Quiquendone est une bourgade inhabituelle des Flandres occidentales (la Belgique actuelle), d’ailleurs elle n’existe sur aucune carte. En effet depuis des centaines d’années elle est habitée par des personnes et des animaux très calmes, très paisible, trop peut-être pour que ce soit normal. Van Tricasse, le Bourgmestre dirige cette ville sans jamais prendre de décision, d’ailleurs pour lui « l’homme qui meurt sans s’être jamais décidé à rien pendant sa vie est bien près d’avoir atteint la perfection ». Ce petit village où les gens prennent leur temps (il faut compter au moins une décennie avant de se marier), où l’agent de police doit faire rêver nos policiers d’aujourd’hui puisqu’il est au chômage technique, et oui personne ne commet de délit, personne ne se bagarre ni même ne se dispute, la famille Van Tricasse suit un invariable schéma familial, voit arriver un nouvel habitant : le docteur Ox.
Le docteur Ox se propose d’offrir au village un système de lumière au gaz oxyhidrique, à l’aide de son assistant Ygène. Ils se servent des conduits déjà existants afin de mettre sur pied une expérience « pour le bien de la population ». Le mouvement, les paroles, l’excitation, les humeurs, les points de vue politiques prennent place, à tel point que le spectacle d’une durée habituelle de 6 heures sera expédiée en 18 minutes et une querelle vieille de plusieurs centaines d’années refera surface et préparera les habitants à la guerre inévitable !
Que se passe-t-il donc dans ce village ?
Cette nouvelle est très divertissante, elle se lit rapidement, on retrouve inévitablement le langage soutenu de Jules Verne. Elle est pleine d’humour sur fond d’oxygène dirigée par Ox (le docteur) et Ygène (l’assistant) dans un pays symbole de placidité (la Belgique). Outre l’histoire d’un savant fou, j’ai apprécié la description d’un ordre établi qui se trouve être perverti par un seul homme qui s’extasie de l’excitation de la population (les hommes, les animaux mais aussi la végétation). Cet homme extraordinaire qu’était Jules Verne pense à tout !! Je suppose qu’il n’oublie pas  son but non plus : nous montrer  que l’usage détourné de la science est à surveiller, et ne pas se laisser porter par le progrès sans prendre garde aux effets néfastes éventuels.
 

Sabrina LE BOUCHER

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