vendredi 28 septembre 2007

Les désarrois de Ned Allen de Douglas Kennedy

Cela fait peu de temps que j’ai découvert Douglas Kennedy avec « L’homme qui voulait vivre sa vie » et comme j’avais beaucoup aimé le style et l’histoire j’ai décidé de lire « Les désarrois de Ned Allen », livre écrit 2 ans plus tard et qui reste dans la même veine.
Au début du livre, Ned Allen a tout pour être heureux, un métier passionnant dans lequel il excelle, une épouse aimante et qu’il aime… Malgré cela, on découvre vite ses faiblesses, le poids de ses relations avec son père, l’absence de communication dans son couple sur des sujets essentiels. Et très vite, tout s’accélère, la belle histoire se transforme en descente aux enfers. Quand on pense que Ned a touché le fond après la perte de son emploi, le sort s’acharne encore plus, et l’issue de secours qu’il trouve dans un ami d’enfance n’en est pas une, c’est une voie sans issue qui lui fait atteindre les tréfonds. Mais comme tout bon roman qui finit bien, Ned arrive à se sortir du pétrin dans lequel il s’était embarqué et l’histoire se finit sur une note d’espoir.
Comme pour le premier, j’ai dévoré ce roman, il est facile à lire, le rythme en est soutenu, les rebondissements nombreux et les personnages attachants ou détestables nous tiennent en haleine tout le long. Même si j’ai trouvé le premier chapitre un peu long et lourd dans la présentation du travail de Ned, j’ai admiré la manière avec laquelle Douglas Kennedy donne un rythme infernal à son histoire. J’ai été véritablement emportée dans le tourbillon des évènements, dans la découverte des personnages dont la noirceur de certains m’a donné des frissons; Je me suis même surprise à sursauter plusieurs fois au détour d’une page tant je ne m’attendais pas à ce qui allait ce passer. J’ai trouvé aussi intéressant la description psychologique de NED qui par certains côtés m’est apparu très sympathique, agréable, humain et généreux mais par d’autres côtés il m’aurait donné envie de le gifler, en particulier dans ses relations avec sa femme et avec ses hésitations répétées. En conclusion, dans « les désarrois de Ned Allen » (comme dans « l’homme qui voulait vivre sa vie ») en plus de nous faire découvrir un petit aperçu de la vie outre atlantique, Douglas Kennedy nous entraîne dans des intrigues abracadabrantes, ses héros étant confrontés à des aventures folles qui heureusement se terminent bien. Pour ces deux romans j’imagine qu’une bonne adaptation cinématographique serait possible et donnerait deux films à succès. Frédérique CAMPS

jeudi 27 septembre 2007

Le jardin des pendus de Ian Rankin

En planque devant l’un des bars appartenant à Tommy Telford, l’un des jeunes loups de la pègre d’Edimbourg, l’inspecteur Rebus, venu prêté main forte à deux collègues de la brigade criminelle, assiste impuissant au démarrage en trombe d’une voiture de laquelle vient de tomber le corps d’un homme scalpé… Hasard ? Sûrement pas ! Plutôt la mise en garde de la part du « Gros » Ger Cafferty, chef de la pègre local envers un concurrent un peu trop gourmand. Si pour la police, arrêter Telford, c’est éviter une nouvelle guerre des gangs, pour Rebus, c’est avant tout sauver Candice, la jeune prostituée bosniaque, d’un avenir sans horizon. Alors que Rebus se démène pour trouver à la jeune fille une famille d’accueil, il se voit confier un autre dossier, l’affaire Lintz, du nom du principal suspect, soupçonné d’être un ancien SS criminel de guerre réfugié en Ecosse ayant participé en juin 1944 au massacre de tout un village français...
L’inspecteur John Rebus, personnage central et récurrent chez Ian Rankin est, je trouve, de la lignée de ces policiers, comme le commissaire Kurt Wallender cher à Henning Mankell ou l’inspecteur Jo Faraday, le héros des romans de Graham Hurley, obsédés par leur enquête au point de négliger leur vie personnelle jusqu’à un point de non retour. Ancien alcoolique, Rebus est solitaire, pessimiste, névrosé. Divorcé, sa famille se résume à une fille, Samantha, envers laquelle il a du mal à exprimer son amour. Pourtant, un tragique accident de la route à la suite duquel Samantha tombe dans le coma, lui rappelera oh ! combien la vie est fragile. Pour avoir lu plusieurs autres romans de Ian Rankin, je pense que celui-ci est l’un des plus aboutis tant sur le plan de l’intrigue que sur celui des personnages. Durant tout le roman, Ian Rankin, nous fait découvrir une nouvelle face de l’inspecteur Rebus, celle de l’interrogation et des remords : « Vaut-il vraiment mieux que ces nazis, lui qui n’a rien dit, rien fait quand, soldat en Ulster, ses camarades organisaient des descentes dans les bars catholiques où tous les coups étaient permis ? ». On le suit pas à pas dans sa quête d’identité : auprès de sa fille mais aussi de son ex-femme Rhona, de la jeune prostituée Candice, de son mentor Jack Morton et de tous les personnages, amis ou ennemis, qui jalonnent sa route... John Rebus, un héros tristement humain et pourtant terriblement attachant. Pierre LUCAS

mercredi 26 septembre 2007

La mort à la traîne de Dean Ray Koontz

Philadelphie - San Francisco : un trajet de cinq mille kilomètres en voiture entrepris par Alex, trente ans, et Colin, 11 ans. Le voyage s'annonce long mais agréable car tous deux s'entendent à merveille. Ils sont censés retrouver Courtney, femme d'Alex et soeur de Colin.
Alex est heureux : son couple fonctionne à merveille, sa nouvelle maison est enfin disponible à San Francisco, son métier le passionne, son jeune beau-frère est très agréable et très intelligent. Rien ne peut donc amener nos deux protagonistes à penser au pire, et pourtant...leur voiture est suivie par une camionnette de déménagement, avec un conducteur qui se montre de plus en plus menaçant, et par la suite de plus en plus violent : en effet, celui-ci ne fait rien pour se cacher, et va même jusqu'à attenter à leur vie. Il est difficile d'en dire plus sans dévoiler trop d'éléments clés de ce roman qui est assez court pour être lu en peu de temps. L'auteur réussit à merveille à maintenir le suspense jusqu'à la dernière page, avec un rythme haletant grâce à cette poursuite effrénée à travers les paysages des Etats-Unis. J'ai beaucoup aimé l'impression qui est donnée à la lecture, car il est très facile de se projeter à l'intérieur de la voiture à la place des deux héros, avec le sentiment que les mots défilent aussi rapidement que les kilomètres parcourus. De la même façon, lorsqu'il passe des scènes d'action aux moments de suspense, Dean Koontz parvient à créer une atmosphère très pesante et le lecteur se retrouve au coeur du livre, en ayant le sentiment de regarder un très bon film digne d'Alfred Hitchcock. Une des forces de ce livre est d'ailleurs de ne pas pouvoir le refermer à la fin de chaque chapitre car la cadence imposée par l'auteur est vraiment infernale, et on regrette presque qu'il ne soit pas un peu plus long. Mais Dean Koontz a justement eu, je pense, la sagesse de le terminer rapidement et sobrement, sans fioritures. "La Mort à la traîne", le premier livre que je lis de cet auteur, m'a donné envie de renouveler l'expérience. C'est un roman que j'ai trouvé efficace et qui devrait figurer dans toute bonne bibliothèque de suspense et de terreur. Laurent ENGLE

mardi 25 septembre 2007

Le diable s'habille en Prada de Lauren Weisberger

Runway est un illustre magazine de mode et Miranda Priestly en est la rédactrice en chef. N’importe quelle fille « se damnerait » pour travailler à ses côtés mais c’est Andrea, 23 ans, fraîchement diplômée, qui a la chance de décrocher l’emploi d’assistante junior, enfin plutôt la malchance car ce job qui ne devait être qu’un tremplin pour sa future carrière de journaliste va être le pire de ses cauchemars. En effet, il s’avère que Miranda est pour le moins très exigeante et que le moindre de ses caprices doit être exaucé sur le champ, comme par exemple dégoter deux exemplaires du dernier Harry Potter avant même sa sortie et d’organiser leur expédition par avion jusqu’à Paris où Miranda et toute sa famille sont descendues. Aucun répit donc pour Andréa qui doit être absolument disponible à n’importe quel moment du jour et de la nuit. Du coup sa vie privée en pâtit un peu : elle s’éloigne de plus en plus de ses amis, de son fiancé. Les sarcasmes et les brimades en tous genres pleuvent et on se demande combien de temps elle va pouvoir encore résister à ce harcèlement moral.
L’univers de la mode ne me fascine pas vraiment. Ce côté superficiel, cette envie à tout prix de porter la dernière tenue « fashion » taille 36, assortie évidemment aux chaussures et accessoires adéquats (sinon bonjour la faute de goût !) m’exaspèrent au plus haut point et je dois dire qu’en lisant ce livre, cela m’a plutôt confortée dans mes idées reçues. D’ailleurs j’ai « adôôré » la façon dont Laura Weisberger se moque « gentiment » de tout ce joli petit monde. Que dire maintenant de cet odieux personnage qu’est Miranda ? Comment peut-on se laisser humilier de la sorte, traiter comme une esclave sans jamais se plaindre sous prétexte que c’est votre vénérable patronne et que vous tenez absolument à votre emploi ? J’ai un peu regretté qu’Andréa attende autant de temps avant de tout envoyer promener car le livre du coup traîne un peu en longueur. J’aurais aimé aussi une confrontation plus franche entre les deux personnages, genre crêpage de chignon. Il n’en reste pas moins que ce roman est très plaisant à lire et que j’ai malgré tout beaucoup ri. Marlène EVEN

lundi 24 septembre 2007

L'homme qui voulait vivre sa vie de Douglas Kennedy

Ben Bradford vit une vie normale d'avocat aisé : femme qui l'aime, deux enfants, bien que le dernier soit particulièrement difficile à gérer, boulot train train, pas très intéressant mais très bien payé et dont les perspectives d'évolution sont très intéressantes. Matériellement parlant, il a et peut obtenir ce qu'il veut. Mais dans sa tête, Ben est obligé de refouler ses envies, celles notamment de devenir photographe. Oh, il la compense en s'achetant le dernier cri des nouveautés en matière de photographie semi-professionnelle mais il ne s'évade pas. Et il s'en contente. C'est toute la différence.
Jusqu'au jour où, fatalement, tout bascule. Sa femme le trompe et le pire arrive. Il tue l'amant. Son métier et ses connaissances dans le droit vont faire de lui un meurtrier au crime parfait. Il va usurper l'identité de sa victime, salaud notoire. Entre culpabilité, remords, égoïsme ou tout simplement l’envie de vivre non sa propre vie mais celle de l'Autre, il va réaliser son rêve, devenir photographe. Le style de Douglas Kennedy coule, sans fausse note. L'histoire défile, implacable. C'est logique, bien écrit, sans concession. On vit dans la tête du héros, ses moments d'errance, de doute et ses moments de réussite, qu'il a du mal à assumer. Les détails sont omniprésents tant au niveau technique de la photographie que dans les décors, les descriptions de lieu ou de personnes. Les images se forment naturellement dans la tête. Mais lorsque on a lu le dernier mot, il reste comme un manque. Quelque chose que je ne saurai expliquer. On a suivi ses rencontres et tout son chemin de croix pour tenter de se pardonner à lui-même, Mais tout cela est trop. Trop pour un seul homme. On se demande comment quelqu'un peut encore assumer tout ça en existant, coûte que coûte ? Jusqu'à quel point est-on prêt à vivre ? A quel point aussi notre égoïsme peut-il prendre le dessus dans les relations avec les autres ? Le livre provoque, au final, une espèce de malaise. La morale en reste-elle pour autant sauve ? Mais le pari de l'auteur est réussi et le livre interroge. Benjamin DUQUENNE

vendredi 21 septembre 2007

Helvétie de Maurice Denuzière

En 1800, le général Bonaparte, alors premier consul, s’apprête à passer le col du Grand Saint Bernard en Suisse afin de prêter main forte aux troupes françaises en Italie. Chargé de préparer le passage de l’armée française, le capitaine Blaise de Fontsalte, s’arrête à Vevey, petite bourgade au pied des Alpes Suisses. C’est là qu’il rencontre une charmante suissesse Charlotte Metaz. Bien que mariée, celle-ci finit par céder à l’attirance qu’elle ressent pour le jeune homme et devient sa maîtresse…
Nous allons ensuite suivre pendant environ 20 ans la vie de ces deux amants au gré de leurs séparations et de leurs retrouvailles avec en toile de fond les évènements relatifs au règne de Napoléon et leurs conséquences sur l’histoire de la Suisse et de ses cantons. A ma connaissance, peu de romans parlent des origines de l’indépendance de la Suisse et de sa neutralité ce qui en fait un récit original. Toutefois, l’auteur soucieux du détail et de la réalité historique, traite beaucoup de généralités au détriment de l’histoire des protagonistes à tel point que parfois je me suis surprise à sauter des passages parce que le temps me semblait long entre les apparitions des personnages. Il va sans dire que par conséquent, l’ensemble est assez décousu au niveau du rythme. De plus à mon avis, l’écriture manque un peu de fluidité. Enfin, je devrais plutôt dire que l’on n’a plus vraiment l’habitude des auteurs qui font de belles et longues phrases, ce qui demande une certaine concentration au niveau de la lecture. Helvétie est le premier volume d’une trilogie, mais je ne pense pas que je lirai les suivants. En effet, l’auteur n’a pas su assez m’attacher aux personnages pour que j’aie envie de connaître la suite de leurs aventures. Difficile de dire vraiment pourquoi, peut-être simplement parce j’ai trouvé que les sentiments des protagonistes manquaient un peu de justesse et de profondeur… Il n’empêche que ce livre est quand même très intéressant du point de vue historique. En fait, pour qu’il soit vraiment bien à mon goût, j’aurais aimé plus de « roman » et moins d’ « histoire ». Ce livre m’a fait l’effet d’être lent, un peu semblable à l’image que l’on a des Suisses, mais finalement était-ce peut-être le but recherché par l’auteur… Nicole VOUGNY

jeudi 20 septembre 2007

Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée

Un témoignage très émouvant de cette petite Allemande qui, à à peine 13 ans, s’est installée progressivement dans le terrible univers de la drogue, en commençant comme ses jeunes amis par la consommation du haschisch (drogue douce), pour inévitablement terminer par l’héroïne (drogue dure). Elle nous raconte avec beaucoup de sincérité quelles sont les circonstances qui l’ont amenée à fumer son premier joint, puis à s’injecter sa première piqûre et enfin pour finir, à se prostituer pour s’acheter sa dose d’héroïne, sans quoi elle subirait des douleurs physiques atroces.
Nous bénéficions également dans cet ouvrage des déclarations poignantes de la maman de Christiane, complètement désemparée de voir sa fille se droguer et de se sentir impuissante face à la dépendance de cette dernière. Elle nous dépeint comment elle a enduré alternativement de l’espoir au désespoir le plus total. Il faut vraiment s’accrocher pour lire un témoignage aussi dur et assister à la souffrance d’une enfant à peine entrée dans l’adolescence. Christiane m’a énormément émue, c’est tellement dramatique l’expérience qu’elle a vécu dans ce milieu dangereux des stupéfiants. Je n’aurais jamais imaginé qu’il était si aisé de tomber dans cette tragique dépendance. Il faut en effet lire un tel témoignage pour réaliser l’ampleur des dégâts physiques et moraux que l’héroïne peut causer. Ce récit m’a plongée littéralement dans ce monde effroyable où souvent, le sentiment de dignité n’existe plus chez les consommateurs de drogues dures et la vie de débauche guette ces derniers à chaque coin de rue. Ce témoignage m’a ouvert les yeux sur cette jeunesse que je ne connaissais pas bien, et j’ai surtout retenu qu’un gamin qui évolue dans un environnement sain a davantage de chance de connaître une enfance normale. Inversement, des parents divorcés, des quartiers sensibles, ou encore la mauvaise fréquentation peuvent se révéler très nuisibles et risqueraient de créer un véritable mal-être chez l’enfant. Christiane m’a extrêmement attendrie, car même dans sa détresse, elle continue à rêver comme tout enfant de son âge et c’est cela-même qui l’a aidée à surmonter toutes ces épreuves avec courage. Ngan Dai BUI

mercredi 19 septembre 2007

L'échappée belle d'Anna Gavalda

A l’occasion du mariage d’une cousine, Simon et Nathalie passent chercher la sœur de Simon, Garance. Pendant le trajet en voiture, Garance va nous raconter des souvenirs d’enfance concernant Simon, Vincent et Lola, ses frères et sa sœur. Elle va également nous révéler des traits de leur vie, des sentiments… à la façon d’une amie qui nous raconte son vécu. Au fil des pages on voit l’adoration et la complicité entre la fratrie. Une fois arrivés au lieu du mariage, ils vont s’isoler et ils vont partir rendre visite à Vincent qui ne peut pas être présent aux noces à cause du travail.
On sent, qu’inconsciemment, ils avaient décidé de vivre un peu de rab, un sursis, quelques heures volées aux autres, car le temps sépare toujours ceux qui s’aiment. Les responsabilités des uns et des autres viennent leur rappeler qu’ils ont grandi : Lola vit mal son divorce, Vincent habite dans un château et il fait le guide pour pouvoir subsister, Simon, malgré les idées de Garance est heureux avec Nathalie et leurs enfants, et Garance… il est temps qu’elle s’assagisse. C’est écrit avec simplicité et surtout beaucoup d’humour, par exemple, la description de Nathalie, l’épouse de Simon, est très rigolote, quand elle nous dit « elle met les lunettes dans l’étui, l’étui dans la pochette Biotherm et la pochette Biotherm dans le sac Lancel ». En fait, ceci nous représente l’image d’une femme trop réglée, trop carrée par opposition à Garance qui s’oppose aux conventions et aux bonnes manières « imposées ». Les descriptions sont fraîches, naturelles, le style est direct, léger, facile à lire car on a l’impression d’entendre parler le personnage principal. J’ai beaucoup aimé ce petit roman, qui ne fait qu’une centaine de pages, car il est un chant de bonheur, d’amour fraternel et de fraîcheur. Dès la lecture des premières lignes on est happé par Garance qui nous prend par la main et nous promène dans les méandres de leur histoire. Un vrai délice. Marie LEVEZIEL

mardi 18 septembre 2007

Le vainqueur de coupe de Rachid Boudjedra

Assassiner le Bachagha, lors de la finale de la Coupe de France de fooball entre le FC Toulouse et le SCO Angers le dimanche 26 mai 1957 au stade de Colombes telle est la mission qui est assignée par « l’Orsation » à Jo dit Belle Gueule. Mais voilà ce dernier va se désister et la mission échoir à Mohammed surnommé Staline. Mais comment et pourquoi cet enfant issu des bidonvilles de Bône dont le père est mort pour la France dans la boue des Ardennes va-t-il entrer dansgani l’histoire ensanglantée des peuples ?
Ce livre que j’ai trouvé agréable à lire et qui est écrit de manière très simple nous permet de voir les relations humaines entre Mohammed et sa mère Messaouda, entre Mohammed et son oncle, entre Mohammed enfant et sa maîtresse d’école Mlle Peretti, entre Mohammed et son geôlier antillais Narcisse qui lui offrira des perruches en prison pour le sortir de son isolement.
Ce roman est un va et vient permanent entre la vie de Mohammed et la finale de la Coupe de France dont les joueurs principaux sont Brahimi et Bouchouk… deux africains. L’auteur a construit son roman de façon très subtile pour le passionné de football qui peut revivre la finale de la Coupe 1957, pour le passionné d’histoire qui peut suivre et essayer de comprendre le cheminement d’un indépendantiste algérien. Les transitions fréquentes du match aux pensées de Mohamed se font de manière naturelle ce qui donne à l’ouvrage une fluidité de lecture et aucun temps de flottement. De plus, le côté intemporel du roman fait qu’il n’est nullement besoin d’attendre la fin du livre pour connaître la destinée de Messaouda la maman, de l’oncle, de Narcisse et de Mohammed. Edouard RODRIGUEZ

lundi 17 septembre 2007

Le conte des deux frères de Margaret Frazer

En 1436, deux très jeunes frères doivent partir immédiatement d'un château où ils vivaient une existence paisible, éduqués par les meilleurs précepteurs et aimés de leurs parents.
Sans comprendre, ils vont suivre leurs gardes et galoper à perdre haleine. Bien vite, ils se rendront compte que leur vie est en danger dès lors que des brigands tentent de les supprimer. Par chance, ils trouvent refuge dans le couvent de Sainte-Frideswide où réside une petite communauté de religieuses à laquelle Frevisse, soeur ayant déjà résolu quelques énigmes, appartient.
Ce répit ne sera que de courte durée car des meurtres vont être perpétrés dans l'enceinte même du couvent. Frevisse devra employer toute son ingéniosité et sa prudence pour mettre un terme à ce mystère aussi inquiétant que secret. Qui sont-ils ? Pourquoi s'acharne-t-on sur eux et leurs gens de compagnie ? Bien documenté, ce livre nous fait pénétrer dans le coeur même du couvent, rythmé par les offices et les tâches journalières. Malgré tout, l'histoire piétine et 288 pages, c'est trop au regard du peu de rebondissements de l'enquête. L'ennui des enfants cloîtrés dans une pièce gagne aussi le lecteur. Les agissements de certains personnages ne suffisent pas à donner du piment. Bien que Frevisse nous fasse partager ses pensées, la majorité de ses réflexions relève de sa propre vie au couvent, de ses obligations ou de ses relations avec la communauté. La description des personnages est bien là mais on en croise beaucoup sans pour autant s'en faire une opinion tant certains sont survolés. En résumé, j'ai presque dû me forcer à le finir tellement les longueurs sont présentes. La fin de l'enquête apparaît presque banale compte tenu du petit nombre de personnages principaux. Je n'ai pas non plus réussi à m'attacher à l'un ou l'autre des protagonistes. L'histoire était originale, en relation même avec l'histoire d'Angleterre mais le résultat est décevant pour un écrivain qui nous avait habitué à mieux. Dommage. Benjamin DUQUENNE

vendredi 14 septembre 2007

Mêlée ouverte au Zoulouland de Tom Sharpe

Après avoir tué Fivepence, son cuisinier zoulou et ce, sans aucun motif réel, Miss Hazelstone appelle le commissariat pour signaler l’incident. En soi rien de bien grave puisqu’en Afrique du Sud, en plein régime Apartheid, on peut aisément tuer ses domestiques sans avoir à se justifier. Oui mais, ce qui n’est pas légal c’est de le faire en dehors de sa maison. Le kommandant Van Heerden, accompagné du konstable Els, se rend donc sur les lieux pour essayer d’arranger les choses. Après tout Miss Hazelstone est une honorable et respectable vieille dame qui descend d’une très ancienne famille d’aristocrates anglais. Oui mais, ce qui semblait au départ n’être qu’une simple formalité va se transformer en un véritable cauchemar. D’abord, Miss Hazelstone n’est pas très coopérative, elle veut absolument être jugée pour le crime qu’elle a commis. Et puis Els, bien malgré lui, va être à l’origine d’une grosse bavure qu’il ne peut évidemment assumer. Il faut donc trouver un coupable idéal : ce sera le frère de Miss Hazelstone, cardinal de son état.
Jamais un livre ne m’aura autant fait rire. C’est complètement loufoque, absurde, déjanté comme je l’aime. Un vrai régal, du pur délire ! Tom Sharpe a vraiment une imagination monstrueusement débordante. A un rythme d’enfer, il va enchaîner les quiproquos, déclencher une avalanche de situations les plus grotesques les unes que les autres et tout cela dans un humour très grinçant, je dirai même plutôt décapant, corrosif. Car derrière toute cette apparente bouffonnerie, Tom Sharpe, qui a vécu pendant de nombreuses années en Afrique du Sud et qui par conséquent connaît bien le pays, dénonce violemment et de manière très politiquement incorrecte le régime de l’Apartheid. Tout y passe : les arrestations arbitraires des noirs, les méthodes peu reluisantes (molestation, torture) utilisées contre eux lors des interrogatoires de police voire leurs meurtres expéditifs, les relations interraciales illégales ou encore la toute puissance de la justice qui juge et condamne trop facilement. La manière dont Tom Sharpe aborde ce grave sujet pourra sûrement déplaire à certains. Car peut-on rire de tout aussi impunément? Marlène EVEN

jeudi 13 septembre 2007

Un appartement à New York de Jane Smiley

Susan, Dennis, Craig, Ray, Alice, Noah... Ils se sont connus en faculté, et sont venus s'installer à New York dans les années 80. Cette bande d'amis, dont certains font partie d'un obscure groupe de rock en quête de reconnaissance, vivent plus ou moins les uns sur les autres. Ils n'habitent pas vraiment en communauté, mais tous possèdent un double des clés de l'appartement de Dennis et Susan - tout comme quiconque peut avoir besoin d'y passer ne serait-ce qu'une nuit... Un jour, en venant arroser des plantes, Alice découvre Craig et Dennis, abattus d'une balle dans la tête. Est-ce à cause d'une histoire de drogue, parce que Craig était l'amant de la petite amie de Noah, ou pour un autre motif ?
Ce livre réunit tous les ingrédients du roman policier mais l'identité du meurtrier passe rapidement au second plan. Ce qui tient une place centrale dans ce récit, c'est la façon dont le drame affecte Alice, et ses rapports avec les autres personnages. Dans un style parfois un peu chargé, Jane Smiley décrit longuement les états d'âme de son héroïne, qui se retrouve soudain au centre du groupe d'amis, qu'elle soutient et rassure, servant de point d'ancrage à chacun - alors qu'elle-même manque d'assurance et s'est toujours laissée balloter par la vie. Les bouleversements occasionnés par l'assassinat de Craig et Dennis vont lui permettre d'en prendre conscience et de prendre sa vie en mains. Bien que cet aspect du roman soit intéressant, j'ai eu du mal à m'y plonger, et j'ai parfois eu l'impression de traverser ce récit sans m'y attacher. Si le personnage d'Alice est très bien analysé, on peut regretter que ce ne soit pas le cas des autres protagonistes, qui sont à peine esquissés et manquent un peu de profondeur. Pour autant, cela reste un bon livre car l'auteur a parfaitement réussi à donner un ton très particulier à son roman. C'est assez difficile à expliquer, mais le choix des mots, les descriptions, certains détails nous permettent vraiment de sentir une atmosphère propre à New York et à ces appartements si typiques. De ce point de vue là, ce roman est une réussite, et porte un titre parfait. Fanny LOMBARD

mercredi 12 septembre 2007

Rien ne va plus de Douglas Kennedy

Comment vous résumer l’histoire ? Je pourrais tout simplement recopier la 4ème de couverture et faire comme si j’avais écrit moi-même le texte. Oui mais certains me diront : « N’est-ce pas illégal ? » En effet, s’approprier un texte qui n’est pas le sien est ni plus ni moins que du plagiat. Et c’est ce qui va arriver au personnage principal du livre. David Armitage a du attendre une dizaine d’années avant qu’un de ses scénarios soit enfin adapté à la télé. La série « Vous êtes à vendre » connaît alors un véritable succès et il se voit propulser en haut des sommets de Hollywood de façon fulgurante. Mais sa chute n’en sera que plus spectaculaire. Un jour, un journaliste de troisième zone l’accuse en effet d’avoir fait quelques emprunts. Pour David, cela ne semble pas si grave. Ce n’est qu’une phrase par ici, un bon mot par là et puis les scénarios en question n’ont jamais été produits. Néanmoins toute cette histoire va prendre une telle proportion et jeter un tel discrédit sur lui que tout le monde va finir par l’abandonner et qu’il va devenir du jour au lendemain persona non grata. Heureusement, après s’être retiré bien loin de toute cette agitation et grâce au soutien indéfectible de son agent Allison, David va réussir à remonter tout doucement la pente.
L’ascension glorieusement foudroyante et quelque part justifiée d’un type qui a galéré pendant des années puis sa magistralement vertigineuse descente aux enfers avec évidemment l’incontournable retournement de situation à la fin sont les composantes essentielles de cette histoire. Bref, Douglas Kennedy nous ressort ici tous les bons vieux clichés qui ont construit le mythe du rêve américain. A cela vous ajoutez en fond un zeste de manipulation – là, on frôle presque la théorie du complot - et une critique plutôt acerbe du monde si superficiellement flamboyant d’Hollywood. La recette peut sembler éculée mais elle fonctionne plutôt bien car j’ai trouvé le livre somme toute très agréable à lire au point qu’une fois que je l’ai eu commencé, je ne l’ai plus lâché. L’intrigue est en effet, à mon avis, suffisamment riche en rebondissements pour la rendre haletante et dynamique jusqu’au bout. Quant au style de Douglas Kennedy, il est très limpide, percutant. Pour résumer en un mot : efficace. Marlène EVEN

mardi 11 septembre 2007

Le récital des anges de Tracy Chevalier

J’ai choisi de lire « le récital des anges » en souvenir du plaisir que j’avais eu à lire le premier ouvrage de Tracy Chevalier « la jeune fille à la perle ». Même si ce second roman n’a rien à voir avec le premier, tant par le style que par l’histoire, ce livre est très agréable à lire et m’a fait passer d’excellents moments.
« Le récital des anges » raconté sous forme de journal intime, est une histoire à plusieurs voix, chacune racontant des faits avec sa propre vision, exprimant ses sentiments avec sa propre sensibilité. L’histoire se construit autour de la rencontre de deux fillettes Maude et Lavinia dans un cimetière. Une amitié instantanée naît et instantanément j'ai été embarquée dans leurs vies respectives qui se croisent sans jamais se confondre, puis dans celles de leurs parents que tout oppose. Grâce à ce livre j'ai pu découvrir aussi les modes de vies en Angleterre au début du 20è siècle, la place de chacun dans la société, l’évolution des femmes et faire aussi connaissance avec les suffragettes et leur lutte afin d'obtenir le droit de vote pour les femmes. J'ai aimé par ailleurs la façon dont l’auteur nous a fait vivre le quotidien de quelques unes de ces femmes, car elle a su parfaitement nous dépeindre leur obstination et l’investissement qu’elles ont pu mettre en oeuvre afin d’obtenir parmi les premières dans le monde le droit de vote. Au-delà de la défense de la cause, elle laisse entrevoir aussi les belles amitiés sincères qui ont pu se nouer entre elles. A travers le récit du premier grand rassemblement organisé par le mouvement en Juin 1908 à Hyde Park, on vit pleinement ce qui s’est passé, l’engouement de la foule, ses dérives, on vit aussi le moment le plus douloureux pour les protagonistes avec les décès de la maman de Maude et de la soeur de Lavinia. Les années s'écoulent et après la période de deuil que je trouve décrite avec beaucoup de sensibilité, l’histoire se termine sur une note optimiste avec cette conclusion philosophique que même si le souvenir des êtres chers reste indélébile, la vie continue. Frédérique CAMPS

vendredi 7 septembre 2007

La lumière des justes de Henri Troyat

Les compagnons du coquelicot, La barynia, La gloire des vaincus, Les dames de Sibérie, Sophie ou la fin des combats.
Une fois tournée la dernière page du cinquième tome de cette saga, on ressent un grand vide. Déjà fini? Il me semble avoir lu la première ligne hier. Si Troyat a choisi de faire revivre, à travers cette histoire mouvementée le destin des Décembristes, il n'a pas résisté au plaisir d'y inclure deux personnages fictifs, Sophie et Nicolas dont le destin à tout jamais lié par l'amour va nourrir cette épopée.
Habitée par les idées de la toute récente révolution française, Sophie, le coeur enflammé par un Nicolas bouillant, impétueux et juvénile va se trouver confrontée à la dure réalité du régime russe et à la machine implacable avec laquelle il imprime sa puissance sur l'ensemble du peuple. La force et la personnalité du tsar galvanise les sujets aristocrates et écrase sous un joug féroce, par l'intermédiaire de ces mêmes individus propriétaires terriens, la population laborieuse des Moujiks. Auprès d'un certain nombre d'intellectuels de la haute société russe déjà sensibilisés,Sophie va jouer le rôle d'élément déclenchant d'une tentative de coup d'état qui tournera au drame en décembre 1825. Elle décidera alors de suivre l'amour de sa vie jusqu'au bout du monde, au bagne de Sibérie.Elle le retrouvera au terme d'un voyage interminable, exténuant mais sublime à travers des paysages de rêve et des épreuves de cauchemar. Comme elle, nous sentons les flocons glacés nous piquer le visage et l'on reste bouche bée devant les cristaux de givre bleus suspendus à une branche, renvoyant les premiers rayons du soleil du matin. Comme elle nous nous insurgeons contre les tracasseries sordides et incessantes de la bureaucratie dans ce régime totalitaire. Destin auquel on aurait peine à croire si ces êtres n'avaient réellement existé, l'esprit libre, les fers aux pieds. De nombreux personnages jalonnent les pages de cette histoire de vie. Certains révoltants dans leur cynisme ou leur lâcheté, certains touchant dans leur grâce ou dans leur complexité, d'autres superbes dans leurs illusions souvent déçues. Quant à nous, c'est dans l'âme de Sophie et de Nicolas que nous voyageons. Nous vivons avec passion leurs déchirures, leurs espoirs, et nous explorons les méandres des réflexions que suscite la dualité entre les idées philosophiques et la réalité du vécu des êtres: est-il possible de faire le bonheur des autres sans leur adhésion? Merveilleux Troyat aux yeux duquel tous les humains trouvent grace.Chaque mot méticuleusement choisi sonne juste, comme le seul possible, pour nous transporter avec force et précision dans son imaginaire. Tout cela est puissant,bouleversant. A partager l'intimité de leur coeur, Nicolas et Sophie sont devenus mes amis. Ils vont maintenant rejoindre les héros de roman de mon panthéon personnel et y occuper la place qu'ils méritent. Florence TOUZET

jeudi 6 septembre 2007

Croqueuse de céréales de Joan Conway

La couverture très « flashy » de « croqueuse de céréales » annonce une comédie, mais il s’agit plus exactement d’une comédie policière.
Val O’Hara vient de s’installer il y a tout juste deux semaines dans le comté du Clare, en Irlande, précisément dans une maison de campagne très isolée, dans le but de surmonter sa rupture avec son conjoint Niall, dont elle est encore très amoureuse. Alors qu’elle s’est absentée que quelques jours pour récupérer le reste de ses affaires, en rentrant, elle découvre un cadavre dans son jardin. Et c’est ainsi que notre héroïne se retrouve malgré elle dans l’agitation d’une enquête policière. Qui a tué « l’Allemand » ?
Pour soutenir sa fille, la mère de Val lui choisit un avocat très réputé du coin, Maître Terry O’Neil. La jeune femme fait bientôt la connaissance du fils de ce dernier, le très séduisant Dara et elle succombe immédiatement à son charme… et réciproquement. Toutefois, Niall reste bien présent dans son esprit malgré elle. Mais très vite, Val va découvrir que cette famille O’Neil n’est pas celle qu’elle pensait. J’ai bien aimé le personnage de Val, émouvante et vulnérable en amour, mais en même temps possède une force intérieure qui l’aide à surmonter des épreuves morales et physiques. Elle sait se montrer ferme dans ses décisions quand il le faut. Elle est vivante et spontanée, je suis sensible à cet attrait qui la rend tellement sympathique, notamment lorsqu’elle raconte ses péripéties avec le regard innocent d’une enfant. Sinon, un autre protagoniste que j’ai bien apprécié, son amie Rachel, une jeune femme pour le moins étonnante. Un roman facile à lire, une écriture fluide et bien rythmée accompagné d’une bonne dose de petites anecdotes amusantes qui font référence à la vie de Val qui n’est pas fait pour me déplaire. Je découvre pour la première fois la comédie policière : un peu d’intrigues, un peu de suspense, un peu de romance et beaucoup d’humour. Voilà une bonne recette pour les lecteurs qui aiment lire du suspense modéré, c’est-à-dire ceux qui préfèrent éviter d’avoir la chair de poule tout au long du récit. Ngan Dai BUI

mercredi 5 septembre 2007

Blade runner de Philip K. Dick

Nom : Rick Deckard
Profession : blade runner (tueur d’androïde)… Sur la terre la Guerre Mondiale Terminus a eu lieu. Jadis accueillante, maintenant contaminée par la poussière radioactive, la survie y est improbable. Les terriens sont fortement encouragés à émigrer vers les colonies de l’espace, dont celle de Mars, avec en guise de dédommagement un androïde. Pourtant certains, malgré le milieu hostile, malgré le silence de plus en plus palpable qui suinte par tous les murs, s’accrochent à cette planète en souffrance. Rick Deckard est de ceux-là. Il est chargé d’éliminer les androïdes revenus sur terre clandestinement mais ce qu’il désire par-dessus tout c’est posséder un animal, un vrai, luxe inouï, ils sont si rares. Et lorsqu’il rencontre Rachel, un androïde Nexus 6 dernière génération, tout ce complique… Attiré par elle ! Est-ce possible alors qu’il abhorre tout ce qu’elle représente !? On s’embarque pour un voyage organisé dans le futur. Les descriptions des immeubles, des appartements en pleine dégradation sont saisissantes et très réalistes et le mal-être des protagonistes devient contagieux au fil des pages. Voilà déjà plusieurs années que j’ai vu le film tiré de ce roman. Je m’attendais à retrouver cette dimension poétique que le réalisateur avait donnée à cette histoire mais, surprise, j’y ai trouvé une réflexion profonde sur les apparences, le vrai et le faux. Toute forme de vie a sa propre intelligence seule l’espèce humaine peut donner un sens spirituel à la sienne alors des questions se posent : sommes-nous une forme de vie supérieure ? Dans ce cas, quelles sont nos responsabilités face aux autres espèces ? Peut-on jouer à Dieu et croire impunément que nos « créations » ne vont pas nous échapper des mains ? Telles sont les interrogations que pose ce livre. A lire et à méditer avant qu’un futur probable ne devienne un présent inéluctable ! Brigitte FABRIS

mardi 4 septembre 2007

Passage mortel de Kathy Reich

Une nouvelle enquête de Temperance Brennan, anthropologue judiciaire américaine qui partage son temps entre l’état de Caroline du Nord et le Québec.
Un incendie d’origine criminelle provoque la mort de plusieurs personnes. Après analyse de tous les indices laissés sur les lieux, il s’avère que les personnes présentes étaient déjà mortes lorsque le feu a été allumé. Ce n’est que le début d’une enquête où plusieurs meurtres, plus horribles les uns que les autres, égorgements, prélèvement de cœurs sur des bébés, jeunes femmes torturées dont les cadavres ont été cachés…, mènent à penser à des crimes rituels liés de près ou de loin à des sectes sataniques. J’ai beaucoup aimé ce roman parce qu’il nous montre que la médecine légale a un côté humain et ceux qui la pratiquent ont aussi des sentiments, chose qu’on a un peu oublié face à des séries télé où les légistes font leur métier avec la même désinvolture qu’ils font leurs courses. Ceux qui exercent des métiers liés à la médecine légale considèrent la mort comme une chose abstraite, leur logique est chirurgicale, ils ne matérialisent jamais les corps, mais … quand il s’agit de bébés… Suite à ces meurtres toute l’enquête va tourner autour des communautés et des sectes, dont le danger est réel. Kathy Reichs s’est très bien documentée pour écrire ce roman. Il faut savoir qu’aux Etats-Unis, ils existent actuellement entre 3000 et 5000 sectes. Ces communautés sont dirigées par un leader, une personne charismatique qui détient le pouvoir absolu. Ce roman, au travers de certains de ses personnages, met en évidence cette domination qui provoque l’anéantissement personnel des adeptes. Dans certains cas, des sectes sans importance recrutent pour d’autres bien plus dangereuses en leur servant d’écran. Kathy Reichs dénonce ce pouvoir qui prend de plus en plus de place dans la société actuelle. Pour tout vous dire j’ai déjà sur ma table de nuit un nouveau roman de Kathy Reichs et de son héroïne Tempérance Brennan. Marie LEVEZIEL

lundi 3 septembre 2007

Tôkyô mirage d'Anne Rambach

A la réception du roman «Tôkyô mirage», surprise ! Il s’agissait du troisième volet d’une trilogie de thrillers dont l’action se situe au Japon. Bien qu'indépendants entre eux, je préférais donc commencer par le début et commandais dans la foulée, les deux premiers volets que sont «Tôkyô chaos» et «Tôkyô atomic». Bien m’en a pris tant je suis tombé sous le charme de l’inspectrice Junko Go, américaine d’origine japonaise, en stage au sein de la police de Tôkyô. Tout m’a plu dans ces trois romans : le style clair et percutant, l’intrigue passionnante, le charisme des personnages, les prises de position fortes sur l’homosexualité féminine…
Dans «Tôkyô chaos», Junko Go, jeune et brillante flic de Washington passionnée par les armes à feu... et les jolies femmes revient dans son pays d'origine pour une mission de coopération entre services de sécurité. Elle y retrouve son père Isobe, chef de la police de Tokyo, se lie d’amitié avec son équipier, le fringant Masayuki Nakamura, et se lance à la poursuite d’un tueur psychopathe. Dans «Tôkyô atomic», Junko, suite à la découverte du cadavre d’un ingénieur sans histoire travaillant dans une centrale nucléaire, est envoyée enquêter sur l’île d’Hokkaido. Des mafias japonaises et chinoises jusqu’aux activistes anti-nucléaires, ses investigations l’entraîne alors au plus profond du monde obscur de l’industrie nippone. Mais cette enquête lui permet aussi de trouver l’âme sœur en la personne de Fumiko Harada, une très séduisante journaliste d’investigation. Dans «Tôkyô mirage», sûrement le meilleur des trois tomes, Junko, mutée injustement aux archives par le chef de la police, le cynique Honda, doit laisser son coéquipier Masayuki enquêter seul sur le meurtre d'un sokaiya, ces maîtres chanteurs spécialisés dans l’extorsion de fonds auprès des grandes entreprises nippones. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Anne Rambach est née dans les Côtes-d’Armor et non au pays du soleil levant. Pourtant sa connaissance de ce pays est impressionnante. Au travers de ces trois livres, elle nous dépeint un Japon bien sinistre où libéralisme économique, respect des traditions et nostalgie d’un passé révolu s’entremêlent étroitement. Tout y passe : la corruption des pouvoirs politiques et financiers, l’emprise des yakuzas, la gangrène du monde des sectes, l’errance d’une jeunesse sans repère, la déshumanisation et la robotisation de l’homme de la rue japonais… Malgré cette noirceur, Anne Rambach réussit le tour de force de toujours laisser la porte ouverte à l’espoir. Portée par l’amour de son amie Fumiko, par l’amitié de son coéquipier Masayuki, par le respect de son père Isobe et de son chef Honda, son héroïne Junko est, dans son genre, un modèle d’optimisme car jamais, même aux pires moments, elle ne baisse les bras. Au terme de la lecture de cette trilogie, je n’ai qu’une hâte : courir chez mon libraire et découvrir le nouveau livre de cette jeune romancière, « Bombyx ». Pierre LUCAS

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