mercredi 24 décembre 2008

La tentation de l'oubli de Belva Plain

Trois jeunes femmes, inséparables du temps de l'université, vont suivre chacune une destinée fort différente. Si Cécile, venant d'une famille aisée, se marie très prochainement avec Peter, Norma, quant à elle, avec son lourd handicap physique qui la complexe énormément, pourra-t-elle un jour s’accepter et trouver l'amour ou devra-t-elle rester célibataire tout sa vie durant ? Enfin, la ravissante Amanda, la plus belle des trois amies, rêve d'un beau mariage qui la ferait sortir de sa très modeste origine sociale. Des actes répréhensibles et irréparables vont bientôt être commis par l'une d'entre elles. Cela provoquera des conséquences terribles qui bouleverseront l'existence des trois jeunes femmes, mais également de leur entourage, notamment leur famille proche. La forte amitié qui les unit depuis l'université sera-t-elle suffisamment solide pour surmonter ces rudes épreuves de la vie ? J'ai vraiment aimé lire ce roman de Belva Plain, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde du début jusqu'au dénouement. L'histoire est vraiment intéressante du point de vue « relations humaines » entre les différents personnages. On constate une fois que plus que l'amour passionné peut effectivement entraîner des ravages fâcheux et regrettables. Ce genre de sentiments triomphe souvent sur la raison et fait perdre le bon sens aux personnes concernées. Par ailleurs, j'ai toujours été convaincue que pour être heureux en amour, il est obligatoirement nécessaire que les sentiments ressentis dans un couple soient réciproques, et que malheureusement, choisir un mari qui possède de l'argent, de la richesse, ne suffit pas pour contribuer à son bonheur, bien loin de là. « La tentation de l'oubli » se lit très facilement, les événements et les rebondissements s'enchaînent vite, l'auteur donne la parole parfois à l'une ou à l'autre des trois héroïnes qui nous permet de saisir la position de chacune et de se mettre à leur place pour mieux les comprendre. Cet ouvrage me donne envie de lire « Le secret magnifique », autre roman du même auteur que je possède déjà, mais que je n’ai pas encore pris le temps den prendre connaissance.
Ngan Dai BUI

vendredi 19 décembre 2008

La marionnette de Josette Gontier

Ce petit livre (43 pages) raconte une aventure mystérieuse qui arrive à un petit garçon au début du 20e siècle à Lyon, à l’époque des canuts. Un soir, il se perd dans les rues de son quartier et découvre un soupirail éclairé, d’où il aperçoit un automate. Je trouve ce livre trop court, mais il faut préciser que c’est un livre pour enfants. Cependant il aurait pu, malgré cela, être plus développé. Dommage, car il est intéressant, et il l’aurait été beaucoup plus. A conseiller aux enfants. Hélène SALVETAT

mercredi 17 décembre 2008

La joueuse de go de Shan Sa

Dans la Manchourie des années 30 occupée par les japonais, une jeune lycéenne de 16 ans a pour passion le jeu de go. Toutes les après midi elle joue sur la place des Mille vents et bat souvent ses adversaires. Cependant la révolte contre l’envahisseur commence à gronder. Soupçonnée d’être un repaire de contestataires, la place des Milles vents est mise sous surveillance par les japonais. Un de leurs jeunes soldats est chargé d’y faire l’espion. Pour ce faire, il défie cette jeune fille au jeu. Régulièrement ils se retrouvent donc, sans souvent échanger le moindre mot pour continuer cette partie qui dure, dure, les deux adversaires étant de force quasi égale. Jusqu’au jour où la guerre entre la Chine et le Japon éclate ce qui change alors complètement la donne… Original, triste, émouvant, tels sont les premiers mots qui me sont venus à l’esprit en refermant ce roman. Tout d’abord parce que l’époque choisie est plutôt tourmentée : une ville de Mandchourie sous occupation japonaise avec tout ce que cela sous entend de la part des occupants et en conséquence le besoin des étudiants et des jeunes de cette ville de se libérer de ce joug impérialiste en se référant aux idées communistes de leur voisin russe. Et puis dans ce cadre, deux personnages complètement différents dont la vie personnelle va être bouleversée par les évènements. Tout les oppose : leur sexe, leur nationalité (l’une chinoise, l’autre japonais), leur culture, leur caractère, leur façon de voir les choses. Pourtant ils ont quand même un point commun, leur passion pour le jeu de go qui les fait se retrouver, même s’ils conçoivent différemment l’importance et la finalité de cette partie qui sera pourtant révélatrice de leur véritable personnalité. Le point fort du livre et qui en fait son originalité, est à mon avis le parti pris de l’auteur de nous mettre tantôt dans la peau de la jeune fille tantôt dans celle du jeune homme sans pour autant que l’on ait l’impression d’une répétition. L’alternance de chapitres très courts, écrits à la première personne avec sobriété et fluidité (une fois le « je » est la fille, la suivante c’est le garçon) révèle parfaitement les pensées des protagonistes notamment le fanatisme des soldats japonais envers leur empereur, leur cruauté et leur morgue, mais aussi les préoccupations des jeunes filles en age de connaître leurs premiers émois amoureux au milieu d’une société dans laquelle elles ne sont pas considérées. Cette construction originale désarçonne au début mais rend en fin de compte le récit intéressant avec toutefois l’impression, parfois de survoler l’histoire sans réellement y être impliqué…Mais malgré cela, il y aurait tant à dire sur ce livre court mais très riche en sensations, en images, en réflexions... Oui ce roman est bel et bien original, triste, émouvant mais aussi captivant…Ce n’est pas un hasard s’il a obtenu le prix Goncourt des lycéens en 2001.
Nicole VOUGNY

mercredi 10 décembre 2008

Le palanquin des larmes de Ching Lie Chow

Le Palanquin des larmes tire son nom de la cérémonie du mariage en Chine, lors de laquelle la jeune mariée est emmenée dans un palanquin fleuri jusqu’à son futur époux. Ici, la promise n’ayant que 13 ans et compte tenu des traditions chinoises selon lesquelles la femme doit obéissance à son mari et à sa belle famille, la cérémonie et les années suivantes ne se passeront pas dans la joie… Mais le livre ne raconte pas que cela, puisqu’il retrace fidèlement la vie de Chow Ching Lie sur la toile de fond de la vie politique mouvementée de son pays entre les années 50 et 65. On découvre ainsi l’avènement du communisme en Chine, ses incohérences, ses forces et ses faiblesses, en même temps que les relations dans les familles, la « hiérarchie » si l’on peut dire, les mariages arrangés et la soumission totale de la bru à sa belle-famille. Et comme c’est un récit autobiographique, tous ces éléments sont présentés du point de vue de l’héroïne, donc très personnel, ce qui nous permet de voir cette société de l’intérieur, avec ses us et coutumes si différents des nôtres. Personnellement, si j’ai trouvé l’histoire très intéressante et les anecdotes édifiantes, je ne peux pas m’empêcher de penser parfois que la narratrice en « fait parfois un peu trop ». Je veux dire que, par exemple, elle parle de ses débuts dans sa nouvelle belle-famille comme d’une véritable torture, alors que, bien que sa situation ne soit bien évidemment pas rose, cela ne dure que quelques semaines et, surtout, son mari est amoureux d’elle. Je pense que, dans ce pays où les mariages arrangés étaient de loin les plus courants, elle a tout de même eu de la chance, dans le sens où sa jeunesse a été extrêmement heureuse, sa belle-famille était riche et son mari a toujours pris soin d’elle. D’ailleurs, elle finit par quitter la Chine et, après un séjour à Hong-Kong, à venir en France où elle poursuit une carrière de pianiste internationale (même si le livre ne parle pas de cette partie de sa vie). Par contre, la pauvre enfant a tout de même été mariée de force à 13 ans, elle a toujours dû faire ce qu’on attendait d’elle et ce que l’étiquette lui imposait et elle a quasiment été vendue à sa belle-famille. Bref, j’ai beaucoup aimé cet ouvrage, qui m’a fait découvrir un univers très différent de ce que je connais et qui m’a parfois donné l’impression de se dérouler plusieurs décennies, voire siècles, auparavant… Anne ALBERT

mercredi 3 décembre 2008

Merlin le prophète ou le livre du Graal

Il s'agit d'un roman du 13ème siècle mis en français moderne. L'auteur ou les auteurs s'inspirent du livre en vers de Robert de Boron « L' estoire dou Graal » qui lui était de peu antérieur. Cette oeuvre aurait été écrite vers 1250. L'on y apprend la naissance de Merlin, l'histoire de Merlin et du sénéchal Vertigier, les récits de Merlin et des fils de Constant, le mariage d'Uterpendragon, l'avènement d' Arthur, la reconnaissance d'Arthur, la naissance de Mordret ( qui amènera le malheur), le chevalier aux deux épées et le coup douloureux, le mariage d'Arthur et de Guenièvre, Merlin et Viviane, et enfin, la mort de Merlin. Il s'agit moins d'un chef d'oeuvre poétique qui marche sur les brisées de Chrétien de Troyes, imprégné de spiritualité cistercienne, d'amour courtois et de quête rédemptrice, que de récits qui instaurent le cycle arthurien. Sa mentalité est aristocratique, pas monacho-chrétienne. Il est question de fiefs, d'hommes- liges, de tout un univers féodal. Merlin y est nourrisson doté de la parole, enchanteur, conseiller des rois, moitié homme, moitié démon, homme des bois qui peut changer d'apparences, par ses pouvoirs il permet au roi d'assouvir ses passions coupables, il légitimise les rois et annonce les châtiments à venir. Ces histoires sont campées entre l'Ecosse et la Bretagne Armoricaine, le Pays de Galles et la plaine de Salisbury où se dressent les pierres de Stonehenge. C'est une ère pas tout à fait chrétienne et encore celtique et druidique. Les Celtes n'ont pas encore été boutés hors de leur patrie par les Saxons et les Vikings, mais ils guerroient. Les êtres sont prisonniers de leurs passions, heurts et malheurs se succèdent. A la narration descriptive de Robert de Boron qui semble adhérer à la féodalité et à ses rites on peut préférer le style poétique de Chrétien de Troyes qui mélangeait avec habileté le réel et l'irréel. Les récits sont complets, structurés et nous apprennent tout sur nos héros, leurs vies, leurs oeuvres et c'est là l'essentiel. Gwenael CONAN

vendredi 28 novembre 2008

Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus de John Gray

"Qui n'a jamais pensé que, décidément, les hommes et les femmes ne parlent pas la même langue ! Que son ou sa partenaire débarque d'une autre planète !" Voilà une bonne remarque de cet auteur, John Gray, psychologue. Le livre qu'il a écrit est une sorte de "mode d'emploi" sur la grande question : comment peut-on comprendre le sexe opposé ? Effectivement, comme il l'écrit si bien, les hommes pensent et réagissent de manière totalement différente des femmes. La preuve : on s'attend toujours à ce que notre moitié réagisse de la même manière que nous... mais non ! On est très souvent déçu et les disputes se créent... alors qu'il suffit d'écouter son partenaire et de se transposer à sa place : que ferait notre moitié dans telle ou telle situation ? John Gray a longuement réfléchi sur toutes ces questions et, de par son métier de psychologue, peut nous démontrer à travers divers exemples concrets les soucis qu'un couple peut croiser si chacun ne s'écoute pas et ne s'aide pas. Ainsi, John Gray nous explique quelles sont ces différences qui opposent sans cesse les sexes et comment l'on peut déjouer les pièges afin de mieux se comprendre, accepter les différences de l'autre, et, par conséquent, mieux l'aimer. Personnellement, j'ai vraiment lu ce livre en détails. Beaucoup de personnes me l'ont évoqué et cela a éveillé ma curiosité. Un mode d'emploi pour comprendre mon partenaire ! Quoi de plus extraordinaire ? Et je l'avoue, on se retrouve vraiment dans ce livre. Certaines actions et réactions décrites par l'auteur nous laisse béat. On se sent visé, comme osculté sous tous les angles par un psy. Nos pensées sont décryptées, idem pour nos dires... Je peux vous évoquer un exemple personnel sur le problème, très étendu, de la mauvaise communication dans un couple. Un jour, je suis rentrée de mon travail très tendue. Ma journée s’était très mal passée, je m’étais disputée avec l’une de mes collègues car l’on me volait mes affaires au bureau. J’ai donc râlé mais sans accuser personne. Cela n’a pas plus à l’une de mes collègues qui s’est fâchée avec moi. En rentrant à l’appartement le soir même, j’ai voulu en parler tranquillement à mon homme… sauf, que, malheureusement, je n’ai pas compris que ce dernier n’était pas de bonne humeur. Sa réponse a mon soucis a été très clairement « c’est de ta faute, tu n’as qu’à être plus conciliante avec tes collègues »… Dans l’histoire, je n’y étais pour rien ! Mais, pour lui, tout était de ma faute parce que j’avais râlé et que j’aurais dû aller me plaindre au patron. Comme le dit l’auteur de « les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus », la femme a besoin d’être écoutée par son partenaire sans que celui-ci ne lui donne de conseils ou ne la réprimande… Pour le coup, mon chéri a fait tout ce que je n’attendais pas et cette discussion a fini en dispute. Ce n’est que le lendemain qu’il est venu vers moi en me disant qu’il avait mal réagi et qu’il était de mauvaise humeur la veille. Je lui ai pardonné, bien entendu, mais nous aurions pu réagir de manière différente et sans se prendre la tête, si nous avions suivi les conseils de John Gray ! D'une facilité étonnante à lire (pour un livre de psychologie), ce livre nous permet vraiment de mieux connaître nos différences pour mieux nous comprendre et pour mieux nous aimer. Un très bon livre à conseiller à tous et à toutes ! Reste maintenant à mettre tous ces conseils en pratique !
Laetitia MENS

mercredi 26 novembre 2008

Orgueil et préjugés de Jane Austen

Ce roman de Jane Austen nous dépeint la condition féminine de bon milieu dans l’Angleterre du XVIIIème siècle : le but ultime de ces jeunes filles et de leurs mères est de trouver un mari, riche de surcroît. Jane Austen nous fait découvrir un monde où l’apparence compte plus que la beauté intérieure, où l’hypocrisie et le faux-semblant sont maîtres. Au milieu de cette société dont les mœurs nous paraissent fort éloignés de ce que nous connaissons, évolue la jeune et vive Elizabeth Bennet. Refusant de céder aux pressions exercées par son milieu et surtout par sa mère, une femme futile et prête à toutes les concessions pour marier sa fille – elle en a cinq à marier ! -, Elizabeth a décidé de choisir, dans la mesure du possible, celui qui sera son compagnon. De ce point de vue-là, on peut dire que c’est une jeune fille moderne. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de plusieurs jeunes hommes dont le beau et riche Mr Darcy. Entre attirance et rejet, les deux personnages se rencontrent, s’étudient, se déchirent et se réconcilient. Mr Darcy, bloqué par son orgueil, ne peut admettre son amour pour une jeune fille de moins bonne famille que lui. Elizabeth, elle, saura qu’il ne faut pas juger les gens à leurs apparences. De quelle façon tous les deux vont-ils dépasser leurs défauts respectifs ? Telle est la question que se pose le lecteur. Il est bien évident que tout lecteur un tant soit peu attentif est capable de prédire l’avenir d’Elizabeth et de ses sœurs mais ce n’est pas dans l’intrigue que réside la force du roman. C’est la description sans concession et bien souvent ironique des rapports sociaux et humains qui séduit le lecteur. Si Jane Austen nous dévoile son monde, elle n’hésite pas à le critiquer vertement, ridiculisant certains de ses personnages, comme la mère d’Elizabeth ou la noble tante de Mr Darcy qui ne comprend pas ce que peut trouver son neveu à une jeune fille qui n’est pas de son milieu. Toutefois, les personnages sont attachants : Jane, la sœur aînée qui tombe amoureuse de Mr Bingley ou son père non dépourvu d’humour. Le sujet peut paraître désuet mais ce roman n’en reste pas moins agréable à lire du fait de la fluidité de son style. En conclusion, je dirai que c’est un livre charmant, écrit avec intelligence et à-propos dans lequel Jane Austen prône la finesse d’esprit et l’amour.
Delphine LE PERF

lundi 24 novembre 2008

La Marche de Radetzky de Joseph Roth

Lors de la bataille de Solférino, le lieutenant d'infanterie Joseph Trotta sauve la vie de l'empereur d'Autriche François-Joseph, qui le récompense en lui accordant le grade de capitaine et le titre de Baron. Mais cette distinction éloigne notre homme de ses compagnons et de son père, modeste paysan slovène. Coupé de son milieu familial et de ses troupes, il se retrouve enfermé dans une position sociale qui ne lui convient pas. Des années plus tard, découvrant par hasard que le pouvoir a falsifié la réalité historique de son acte de bravoure, tous ses repères volent en éclat. Il quitte l'armée et se retire dans son domaine de Bohème, amer et désabusé. Et c'est à travers son fils, préfet enfermé dans une loyauté et une foi aveugles dans l'Empire, et son petit-fils, poussé à intégrer l'armée dans le respect de la légende des Von Trotta, que l'on suivra le déclin de la lignée, en parallèle avec l'effondrement du régime. Du point de vue stylistique, il y a une musique, un rythme dans les phrases de Roth et une évocation de sons, de couleurs, d'odeurs, qui transmettent parfaitement les émotions des personnages en dépit d'une écriture sobre. Sans envolée lyrique, l'auteur nous offre une oeuvre où l'émotion perce souvent sous une apparente rigidité. Et cette musicalité, tout comme "La Marche de Radetzky" qui retentit plusieurs fois dans le roman, rythme le destin de la famille Von Trotta, en résonance directe avec celui de la Monarchie des Habsbourg. Car l'auteur évoque aussi la fin de l'Autriche-Hongrie, en proie aux révoltes des nations, à la montée du socialisme, incapable de s'adapter aux évolutions de la Société, et donc condamnée à disparaitre - tout comme les Von Trotta. La variété des lectures possibles (l'inéluctabilité du destin, l'analyse historique, la galerie des personnages...), en fait également un livre d'une rare richesse. J'ai vraiment aimé ce roman, pour lequel je n'hésite pas à parler de chef d'oeuvre. Mais au-delà de l'analyse, de la peinture d'une époque et d'une société en désintégration, j'ai été émue par les portraits des personnages. Leurs réactions, leurs doutes, leurs désillusions leur donnent une profondeur et une humanité qui a vraiment touché quelque chose en moi - le fils, notamment, que l'on sent mal compris de tous car la rigidité de son caractère le pousse à dissimuler ses sentiments. De la même manière, ce roman magistral est une fresque poignante, mais d'une sobriété qui en renforce l'intensité. C'est un grand roman, à lire absolument.
Fanny Lombard

vendredi 21 novembre 2008

Le secret de la vierge à l’enfant de Iain Pears

Après le départ à la retraite de son mentor et ami le général Botando, Flavia di Stefano se retrouve directrice par intérim du service de protection du patrimoine artistique à Rome. Lors de sa première mission, elle se retrouve confronté au vol d’un tableau de Lorrain dont le gouvernement italien avait expressément garanti la sécurité. Le premier ministre en personne lui intime le secret le plus absolu. A priori ce n’est pas évident, mais comme le tableau est échangé rapidement contre une rançon, tout est bien qui finit bien…Sauf que cela paraît trop simple à Flavia et qu’elle veut savoir la vérité… Involontairement son mari, Jonathan Argyll professeur d’art baroque et ancien marchand d’art, va l’aider en cherchant à percer le secret d’un petit tableau représentant une vierge à l’enfant… Autant le dire tout de suite, j’aime beaucoup la façon d’écrire de Ian Pears et notamment dans les livres où il met en scène les personnages ci-dessus. Celui-ci est le septième de la série et on constate une fois encore que la personnalité des protagonistes évolue en fonction du temps qui passe, des aléas de la vie, des choix de carrières. Je ne suis pas certaine d’ailleurs qu’il y aura d’autres volumes ou alors ce sera certainement quelque chose de différent…on a comme l’impression de la fin d’une époque et d’une certaine insouciance. L’avenir nous le dira… Toujours est-il que cette histoire est particulièrement captivante, l’intrigue paraissant au premier abord simple mais se révélant assez complexe. Disons que comme il y a deux enquêtes en même temps, on devine tout de suite qu’elles sont liées mais comment ? Sans trop en raconter, on précisera qu’il y en a une un peu plus sérieuse que l’autre. A travers elles et à l’aide d’une écriture fluide et rythmée, l’auteur aborde le sujet sensible des intrigues de pouvoir, des scandales politiques et du terrorisme de fin des années 70 sans en avoir l’air et avec beaucoup d’humour. Avec, toujours en toile de fond l’Italie (Rome, Florence, Sienne…) comme si on y était, le monde des marchands d’art aux manières plus ou moins honnêtes et l’histoire de la peinture. De plus le stress permanent de Flavia opposé à la nonchalance et la distraction de Jonathan fait qu’on a souvent le sourire aux lèvres malgré le sujet délicat. On est en fait sous le charme et on se laisse ainsi porter jusqu’à la fin du livre sans vraiment s’en être rendu compte…Un véritable régal de suspens, de comédie et d’histoire.
Nicole VOUGNY

mercredi 19 novembre 2008

Croc blanc de Jack London

Croc- blanc est certainement un des romans les plus connus de Jack London, il constitue aujourd’hui un classique de la littérature anglo-saxonne. Il relate la vie d’un chien-loup qui débute dans le « Wild », la terre glacée d’Amérique du nord, en compagnie de sa mère jusqu’à sa rencontre avec l’Homme. Croc-blanc va connaître plusieurs maîtres qui seront soit cruels soit bons et le loup va avoir des sentiments très différents pour chacun d’entre eux. Cela passera par la fidélité et l’obéissance, la haine et la vengeance et enfin l’amour pour son dernier maître : Weedon Scott. Ce roman est un peu comme la biographie d’un loup qui passe de l’état sauvage à l’état apprivoisé, de l’état de loup à l’état de chien. Il nous montre une vision qui pourrait être réaliste de la pensée animale et de son instinct. En effet, Jack London attribue des sentiments humains à son héros mais sans en faire une personnification. On se laisse donc facilement emporter par l’imagination que la pensée du loup ainsi que celle du chien pourrait être identique à la description établie par l’auteur. Croc- blanc n’est pas seulement un roman d’aventures dont le protagoniste est un loup ; c’est aussi une vision critique de l’homme et parfois de sa cruauté envers l’espèce animale. Tout au long de ce roman, l’auteur évoque la dure loi du Wild : manger ou être mangé et de l’instinct sauvage avec la peur de l’inconnu. Ces notions, essentielles à ce roman, sont indispensables pour tenter de comprendre le comportement de Croc blanc ainsi que des autres animaux du Wild. Cette lecture nous apporte, selon moi, une autre vision de l’animal quant à sa personnalité et ses sentiments. Elle permet de mieux comprendre ses réactions pour pouvoir mieux adapter les nôtres. Ce livre nous rappelle aussi nos origines ainsi que notre place dans ce monde animal auquel nous appartenons même si nous avons souvent tendance à l’oublier. Gaëlle GITTON

jeudi 13 novembre 2008

Au coeur de l'enquête de Meryl Sawyer

Je suis "LADY KILLER" On m'appelle comme cela grâce à mes actes. Je suis devenue très populaire, je fais la une des journaux, je tiens une place très importante dans les médias. Partout, on parle de moi ! Insaisissable et invincible, je suis le plus fort, le plus malin des serial killers ! Personne ne m'arrêtera, jamais ! J'adore voir la peur dans leurs yeux terrifiés, les regarder se battre, lutter en vain pour leur survie, puis s'abandonner, enfin, à leur destin. Quel bonheur de les sentir glisser à mes pieds, sans vie ! Elles méritent le sort que je leur donne. Jessica Crawford, chroniqueuse au San Francisco Hérald couvre l'évènement : La mort de ces femmes célèbres, avocate, biochimiste, psychiatre...commence à semer la panique dans la population. Jessica, brillante, si sure d'elle, la seule si futée, qui parvient à me cerner. Il ne me reste plus qu'à la faire taire elle aussi ! Jessica devient alors la cible N°1, et avec elle, son entourage, ses amis sont menacés eux aussi. J'ai bien aimé ce roman, bien dans notre époque, au style vif, rapide et intense. Les personnages au fort caractère sont attachants. L'auteur, Meryl Sawyer, connue dans le monde entier, pour ses nombreux suspenses arrive là encore à retenir toute notre attention, elle nous place tour à tour dans la peau du tueur et dans celle de Jessica, on se laisse alors entrainer par l'intrigue passionnante, voire captivante. Un livre pour passer un bon moment ! Géraldine MARTINOT

vendredi 7 novembre 2008

Des lendemains de fête de Pascal Sevran

Le décès de Stéphane, compagnon de pascal SEVRAN, est l’occasion pour l’auteur de « résumer » sa vie. Jour après jour, SEVRAN nous décrit sa vie, mais surtout ses relations avec autrui. Le journal débute le 23 décembre 1999. Pascal est entouré de beaucoup de femmes qui le respectent et fréquentent sa villégiature : François lit des études « scientifiques signées par des gourous, ou encore Christiane sa sœur, Lily, Dalida, Françoise Giroud.Il est entouré de grands personnages : François Mitterrand, Bertrand Delanoë, Charles Trenet, Roger Hanin, Jean Claude Brialy. D’ailleurs Delanoë n’est pas encore maire de Paris. La perte de Stéphane est pour SEVRAN, la fin d’une étape ; mais il conçoit que c’est son malheur à lui : « Tout le monde ne peut pas être malheureux à la même heure que moi ». Il souhaite tourner un peu la page, pas totalement. « Je ne suis pas obsédé par le passé, je ne me tiens pas à sa disposition ». Lorsque les souvenirs lui remontent à la surface en des lieux précis, il précise d’ailleurs « Stéphane est partout de toute façon. Je ne veux pas m’abîmer à le fuir, ni courir derrière lui. Pour ne pas perdre l’équilibre, j’avance prudemment ». SEVRAN est réaliste : la vie continue. Il reprend son testament rédigé et signé. Il tente une seconde aventure avec Laurent T, timide et prudent. Celui-ci quitte sa ville de Genèvre pour se rapprocher de Pascal : il abandonne son métier de paso-doble pour devenir taxi boy à Paris. Le journal se termine momentanément le 1er novembre 2000. Certes, tous nous nous sommes fixés une image de Pascal SEVRAN : pédant et imbu de sa personne, éloigné du quotidien des Français moyens. Mais à travers ce livre, on découvre un tout autre personnage : c’était un être d’une exceptionnelle culture qui est attiré par la simplicité des pensées. Le lecteur, à travers les lignes, verra que l’auteur est assagi par les mêmes doutes que nous tous : la vie, la place de la mort, le rôle des relations humaines, la solitude. On s’exalte à lire des phrases telles que « L’âme, c’est ce qui reste de nous quand il ne reste rien. Elle nous survivrait. C’est la version officielle ». « Des lendemains de fête » est plus un roman qu’un journal. En effet, il est écrit de telle façon que le lecteur ne peut s’épuiser à le parcourir. Les dates sont uniquement indiquées pour ne pas perdre le fil des pensées. Mais on pourrait les effacer, que le livre n’y perdrait aucun intérêt. « Écrire c’est aimer. Écrire c’est être aimé »dit Pascal SEVRAN. Cet être a disparu de la même manière que d’autres : « Des hommes et des femmes qui occupaient hier encore une place considérable dans ma vie, s’en sont allés, s’en vont comme des voleurs ». Un livre à lire et à relire.
Christine Sophie BELLOT

mercredi 5 novembre 2008

Shambleau de Catherine L. Moore

Shambleau est un recueil de nouvelles qui tire son nom de la première d’entre elles. Toutes ces histoires ont pour héros le navigateur de l’espace Northwest Smith, un aventurier sans foi ni loi recherché par les autorités de Mars à Vénus. Dans Shambleau il rencontre une jeune fille poursuivie par une foule en colère. C’est une créature mystérieuse, aux yeux verts de chat et à la peau rouge. Northwest va prendre sa défense et la ramener dans sa chambre d’hôtel. Il comprendra alors ce qu’est véritablement une shambleau… Dans la deuxième histoire, Songe vermeil, Northwest fait l’acquisition d’un châle au motif mystérieux qui va l’entraîner dans une autre dimension, dominée par « La Chose », une créature qui se nourrit des humains… Dans chacune de ces nouvelles Northwest Smith se retrouve confronté à un mystère qui prend le plus souvent la forme d’une jeune femme aussi attirante que vénéneuse ou d’un dieu ancien et oublié. Pour combattre ces créatures, il ne devra compter que sur son pistolet thermique, et occasionnellement sur l’aide de son comparse Yarol. Catherine L. Moore reprend de nombreux mythes et légendes tels que les sirènes, les vampires, Méduse, Circé en les réinsérant dans un contexte de science-fiction. Malgré tout, que l’on n’y trompe pas : ces histoires sont avant tout empreintes de fantastique. Les créatures qu’elle décrit et qui proviennent d’anciens âges presque totalement oubliés, tentent de reprendre corps dans notre plan de la réalité pour asservir les humains ; le tout dans des atmosphères angoissantes et surnaturelles. Les éléments de science-fiction ne sont qu’un prétexte pour introduire le récit. L’auteur aime jouer avec les émotions et les peurs ancestrales, en faisant appel à beaucoup adjectifs tels qu’ « horrible », « inhumain » qui développent des sensations de plus en plus intenses au fur et à mesure que l’on se rapproche du dénouement. De même, les couleurs sont omniprésentes, le rouge associé à la sensualité des femmes et le noir à la mort. En ce qui concerne le récit, le contexte de départ n’est jamais clairement défini, l’auteur insistant particulièrement sur le fait que la vie ou les motivations de Smith importent peu au lecteur. Les explications commencent avec la rencontre que va faire le héros et qui va lancer l’action. Ainsi, les nouvelles ne nous apportent presque aucun indice sur le passé ou une quelconque évolution de Northwest Smith, ce qui contribue à les rendre totalement indépendantes les unes des autres. Shambleau date des années trente et il est vrai que l’écriture a quelque peu vieilli. Ce recueil possède malgré tout un charme désuet et reste un classique de la science-fiction, par son utilisation originale des mythes et son empreinte fantastique.
V.E.

lundi 27 octobre 2008

La nouvelle amie de Emily Perkins

Julia, Rachel et Chicky, trois inséparables amies de 17 ans, viennent de terminer leurs examens de fin d'année. En attendant les résultats, elles vont passer une fois de plus leur été ensemble dans leur village où il n'existe strictement aucune distraction pour les jeunes. Les filles occupent alors leurs journées à ne rien faire d'intéressant ; en résumé, c'est l'oisiveté totale. Julia, la rêveuse, aspire intensément à quitter ce trou perdu pour s'installer dans la grande ville. L'arrivée inopinée de la ravissante Miranda va ébranler l'existence jusqu'à présent paisible et statique de cette petite bourgade : elle ouvre un club dédié à la connaissance de soi. Julia, Rachel, Chicky et leurs camarades de classe participent à cet atelier dont l'objectif avoué est de permettre à chacun de se révéler à soi-même. Seulement, la mystérieuse jeune femme fait évoluer les séances vers des expériences de plus en plus aventureuses, voire même perverses. Par ailleurs, cette dernière a tendance à s'introduire de manière relativement vicieuse dans la vie privée des familles. Mais qui est réellement Miranda et qu’attend-elle de ce club ? J'ai bien aimé ce roman d'Emily Perkins, auteur Néo-Zélandaise, qui établit une intrigue autour du personnage de Miranda, belle, intelligente, et très sûre d'elle. J'ai bien apprécié sa présence au début du livre car j'étais persuadée que celle-ci, débarquant de la grande ville avec une mentalité moderne et des idées nouvelles, apporterait certainement un changement positif et constructif chez ces villageois qui stagnent socialement depuis des générations. Mais il en résulte que rien de bon ne va naître. Lorsqu'on lit « la nouvelle amie », on se pose sans cesse des questions sur cette héroïne très énigmatique qui adopte un comportement et une attitude plus qu'étrange vis-à-vis des gens qu’elle rencontre. J'ai ressenti de la compassion pour la naïve et innocente Julia. A cet âge qu'est l'adolescence, la plupart des jeunes sont très influençables, et Julia fait justement partie de ces personnes. Celle-ci admire Miranda de façon assez inhabituelle et semble complètement subjuguée par son charisme, au point de lui donner sa totale confiance. Mais Miranda mérite-t-elle cette confiance ? Les chapitres se lisent facilement et d'une traite, avec une écriture relativement fluide. Les évènements, pour leur part, s'enchaînent rapidement pour la moitié du roman, mais concernant l’autre moitié, c'est plutôt l'inverse qui se produit : bien trop de descriptions y figurent et cela ralentit l'action et traîne l'histoire en longueur, ce que j'apprécie moins. Par contre, c’est plaisant que l’auteur utilise des flashs back qui nous permettent de découvrir Miranda petit à petit. Sinon, je suis restée un peu sur ma faim une fois arrivée au dénouement. J'ai l'impression que le roman se termine assez sommairement.
Ngan Dai BUI

jeudi 23 octobre 2008

La Ritournelle Du Démon de Seishi Yokomizo

A l'approche de la traditionnelle fête des morts, le détective Kindaichi a décidé de prendre quelques jours de repos. Sur les conseils de son ami commissaire, il opte pour le petit village d'Okinobe, coupé du reste du Japon, et qui a été, 28 ans plus tôt, le théâtre d'une sombre affaire : un homme soupçonné d'escroquer les villageois, aurait assassiné celui qui l'avait démasqué... Mais l'escroc en fuite, l'affaire n'a jamais été élucidée. L'arrivée de Kindaichi suffit à réveiller les vieux démons : c'est d'abord le chef du village qui disparait, peu après le retour de son ex-femme... sensée être décédée un an plus tôt ! Puis, une jeune fille est retrouvée étranglée, dans une mise en scène rappelant étrangement le premier couplet d'une ritournelle chantée autrefois par les enfants du village - chose qu'ignore notre héros... Que s'est-il vraiment passé trois décennies auparavant ? Y a-t-il un rapport avec le meurtre ? Et le détective fera-t-il à temps le lien entre une anodine chansonnette enfantine et les évènements macabres ? Ce roman est assez déroutant, notamment par sa construction. Dès le départ, le lecteur prend connaissance de la ritournelle et de son importance dans la série de meurtres d'Okinobe, alors que les enquêteurs ne la découvriront que tardivement. Le suspense n'en est que plus grand : les héros s'enlisent sans cette clé essentielle, pourtant si proche d'eux. Et si l'on anticipe la suite des évènements, impossible de dire qui est le meurtrier ou quel est son mobile. D'autant plus que les habitants, enfermés dans les secrets, vont peu à peu craquer tandis que les apparences se désagrègent autour d'eux... Ce livre m'a fait penser à Agatha Christie et à Edogawa Rampo. Le dénouement, certes un peu précipité, m'a cependant totalement surprise. Reste que j'ai parfois trouvé le style d'écriture un peu lourd, et il m'a fallu des efforts pour "entrer" dans le roman, qui est vraiment long à démarrer. Sans compter que la généalogie de ce village de clans est très complexe à assimiler ! Mais les personnages sont intéressants, notamment par les zones d'ombres qui les unissent, et les paradoxes qui les constituent, à l'instar de ces anciens dont on ne sait jamais s'ils sont joyeusement truculents ou remarquablement inquiétants. Malgré quelques points faibles dans la construction stylistique, ce roman vaut le coup, et je ne regrette pas de l'avoir lu.
Fanny LOMBARD

mercredi 22 octobre 2008

Le demi-solde de Jean Dutourd

Une fois la libération de Paris obtenue et la guerre finie, le commandant Arthur redevient Jean Dutourd père d’un enfant et le mari de Camille. En cette période d’après guerre difficile, Jean va devoir « naviguer » à vue professionnellement parlant pour loger et nourrir sa petite famille qui va s’agrandir d’une unité avec la naissance de Clara. Jean qui est issu d’un milieu bourgeois essaie en permanence de travailler dans des journaux à tendance gauchiste mais il est souvent rejeté à cause de ses origines aisées mais aussi par son caractère difficile et entier. Chemin faisant arrivera t-il durant cette période qui va jusqu’à 1947 à stabiliser la situation de sa famille ? et comment ? J’ai apprécié ce livre auto- biographique car il relate une période de l’histoire de France peu connu : l’immédiat après-guerre dans Paris. Le début du roman est intéressant du fait qu’on assiste à la libération de la capitale de l’intérieur. Ensuite l’auteur nous fait bien pénétrer dans cette ambiance où chaque résistant se doit de revenir à une vie civile normale ce qui est loin d’être une sinécure. Pour Jean le retour à la normale est difficile au niveau travail et à cela s’ajoute les problèmes de nourriture, d’habillement, de logement et de chauffage. Bref la pénurie totale pour des gens qui sont sans le sou. Ce dénuement qui nous accompagne en filigrane dans ce roman, l’auteur nous le rend palpable et comme nous est également palpable cette force de ne jamais tomber dans un pessimisme primaire. D’ailleurs si notre couple s’en sort cela est dû en parti à leur courage mais aussi à leur volonté d’aller vers des jours meilleurs.
Edouard RODRIGUEZ

lundi 20 octobre 2008

Le conte de la novice de Margaret Frazer

C'est en Angleterre en 1431 dans un monastère de moniales bénédictines, Sainte-Frideswide. En ce début de septembre, Thomasine, une jeune novice de 17 ans attend la fête de la Saint-Michel pour prononcer ses voeux perpétuels. En présence de la Mère abbesse, Mère Edith et de la Mère Hôtelière, Mère Frevisse, elle rencontre Maître Chaucer, érudit apparenté à Mère Frevisse et qui a été membre du Conseil du Roi. Tous les trois devisent de leurs familles et des affaires du Royaume. L'arrivée en grand équipage de la grand-tante de Thomasine, Lady Ermentrude, vient troubler la paix bénédictine. Accompagnée de Sir John et de Lady Isobel, Ermentrude, irascible et portée sur la dive bouteille, veut imposer sa volonté à Thomasine et la détourner de sa vocation pour contracter mariage et rehausser le blason de la famille. Entre deux échanges verbaux orageux la cuisinière de Lady Ermentrude, Martha, périt empoisonnée, puis c'est le tour de sa maîtresse. L'enquêteur de la Couronne pour le Comté d'Oxford, Maître Montfort, s'entremêt et veut des résultats rapides. Il lui faut vite un coupable et s'acharne sur Thomasine qui, selon lui, avait une raison de vouloir la mort de Lady Ermentrude. Il faut toute la sagacité de Mère Frevisse et le prestige de Maître Chaucer pour protéger Thomasine du magistrat obtus et manifester la vérité. L'auteur prend son temps pour poser le décor et s'attarde sur les descriptions des lieux et l'analyse psychologique des personnages.Il faut bien attendre la moitié de l'ouvrage pour qu'il y ait un peu d'action et de tension dramatique, sans doute est-ce beaucoup. Le suspense est bien géré et l'auteur, avec finesse, nous dirige sur des fausses pistes. La romancière a de la sympathie pour les personnages et l'on est loin de l'ironie sardonique du Roman de la Rose d'Umberto Eco et des caricatures grossières de Jean-Jacques Annaud dans son film éponyme. Les faiblesses du livre sont son manque de rythme et d'action même si le suspense de la fin rachète les longueurs du début. Ses forces sont la finesse psychologique et la précision historique. C'est de la fine dentelle pas un thriller haletant.
Gwenael CONAN

vendredi 17 octobre 2008

La treizième mort du Chevalier de Daniel Picouly

Nous sommes en 1799. Le chevalier de Saint Georges, escrimeur, homme de guerre et musicien mulâtre est atteint d’une maladie qui le fait beaucoup souffrir. Le temps où il était célèbre et riche est désormais révolu. Sans cesse à court d’argent, il doit faire patienter ses créanciers tout en montant un spectacle musical avec des enfants. Or, voila qu’un beau soir le sieur Beaumarchais mourant le mande à son chevet…Ils ont eu des mots autrefois, notamment parce que le Chevalier a dû laisser gagner la chevalière d’Eon lors d’un duel à Londres… Aussi, quand un mystérieux homme arrive pour tuer le célèbre auteur, le chevalier hésite mais défend quand même son ex-ami…Il est vrai qu’en contrepartie il récupère un coffret à secrets et un prospectus pour une représentation théâtrale spéciale qui va lui réserver bien des surprises… Dire que ce livre est seulement un roman cape et d’épée me semble un peu réducteur même si la présentation que j’en ai faite le laisse à penser. Il y a certes de l’aventure, des rebondissements, des duels, des questions d’honneur, de l’amour mais il y a aussi beaucoup de profondeur et d’humanité dans les personnages notamment dans celui de notre héros, le chevalier de Saint Georges, homme vieillissant, luttant contre la maladie mais tombant amoureux tel un jeune homme, d’une jeune fille au parfum envoûtant. La vulnérabilité que lui procure cet émoi, la fraternité et la solidarité qui existe entre les hommes de couleur dans une France encore esclavagiste, donne une dimension supplémentaire au roman. Le rythme du récit est variable en fonction de l’évolution de la souffrance du personnage principal, tantôt en étant vif dans les périodes de rémission tantôt lent lorsque la douleur se manifeste. Nous sommes donc parfois témoins d’états d’âmes tristes : le héros sait qu’il va mourir et il imagine les différentes morts possibles. Et pourtant on n’a pas le sentiment de morbide ni de lugubre pendant la lecture grâce à l’humour et à la dérision de l’écriture. Toutefois certaines tournures de phrases peuvent paraître un peu compliquées, parce qu’on sent que l’auteur a fait le choix d’écrire à la manière des grands feuilletonistes du XIXe siècle. Il en résulte que j’ai eu un peu de mal à rentrer dans le récit, d’autant plus que l’écriture est souvent plus suggestive qu’explicite. Mais cette impression s’atténue rapidement au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire et arrive même à nous charmer. Je ne dirais pas que c’est un roman que l’on dévore mais il est somme toute assez plaisant. Il faut aussi préciser que l’auteur fait intervenir une pléthore de personnages connus comme la reine Marie-Antoinette, le romancier Beaumarchais, Fulton l’inventeur du Nautilus, le chevalier d’Eon et même les Beatles(si si) ! Il est à noter quand même qu’il y a un lien avec un des précédents romans de Daniel Picouly, « l’enfant Léopard » (que j’ai de beaucoup préféré d’ailleurs) mais que les deux romans peuvent se lire séparément.
Nicole VOUGNY

vendredi 10 octobre 2008

En voiture pour le ciel de Thornton Wilder

George Marvin Brush, notre « héros », représentant des Imprimeries éducatives Caulkins, est très croyant et très puritain. Pour lui boire de l’alcool, voir une femme avec une cigarette ou constater la souffrance des autres sont des situations qu’il ne peut supporter et dans lesquelles il se doit d’intervenir. Son métier faisant de lui un nomade, George se voit à maintes reprises dans l’obligation de sauver son prochain. Voilà comment un charmant garçon de 23 ans en 1930 se retrouve au cœur de situations amusantes sans qu’il s’en aperçoive. Dès que George intervient les gens constatent son esprit simple et s’en amusent. Ainsi notre représentant se retrouve à boire de l’alcool pour se soigner alors qu’il se croit malade, va manger, pense t-il, chez des gens honorables alors qu’il est dans une maison close et finit nombre d’aventures en prison ou au tribunal. L’expérience de la vie avançant George arrivera t-il à changer son caractère ? J’ai apprécié ce livre mais sans plus. Les personnages y sont peints à mon goût de manière un peu trop caricaturale et simplistes. Par contre ce qui m’a plu c’est ce voyage au cœur de l’Amérique de la crise des années 30 où l’on peut constater que cette dernière a touché l’américain des villes mais également celui des campagnes. Par ailleurs George est le représentant parfait de l’humour de cette époque. Les situations comico-tragiques dans lesquels il se fourre et sa manière de s’en départir m’ont fait penser plusieurs fois à Chaplin et Laurel et Hardy. Je n’avais jamais lu de livre de Wilder et je trouve son style un peu rustre. Edouard RODRIGUEZ

mercredi 8 octobre 2008

L'Impératrice de la soie Tome III : L'usurpatrice de José Freches

Obnubilée par le pouvoir suprême, Wuzhao impératrice de chine se sert d'une prophétie qu'elle croit gravée sur des pierres divinatoires immergées au fond de la rivière Lê. Elle fait extraire ces rochers grâce à la force de l'éléphant blanc sacré devenu la monture de Nuage Fou. Forte de la possession de ces pierres et de l'amour qu'elle porte aux jumeaux célestes, Wuzhao oscille entre la douceur et la dureté qu'elle justifie par l'amour du Bienheureux, providence pour ceux qu'elle protège et bourreau pour les autres. Parmi ses protégés Umara la fiancée de "Cinq Défenses" précipitamment séparée de son amant vit une séquestration ignominieuse dont elle ne connaît pas la raison et qui va entraîner un chantage douloureux entre l'Impératrice et "Pureté du vide". L'empereur Gaozong, malade concupiscent n'ayant d'yeux que pour sa nouvelle favorite "Lune de Jade", laisse le pouvoir se déliter, et les intrigues s'emmêler. "L'usurpatrice", comme les deux premiers tomes de sa trilogie, n'usurpe pas sa place et offre une apothéose, certes attendue, mais ô combien délectable. Fidèles aux rythmes et aux cassures de la trilogie, les chapitres passent brutalement d'un lieu à un autre pour nous faire vivre en parallèle les différentes ficelles de l'intrigue. La cohérence de l'histoire ne s'en trouve que renforcée par petites touches successives qui nous font approcher les personnages de façon intime, et leur donnent un charisme individuel. Comme chevauchant les animaux de bois d'un même manège les personnages virevoltent, s'attirent et se repoussent. Les couples se disloquent et se retrouvent après maintes péripéties ou le pire eût été à craindre. Ce dernier tome bien que suite logique de ses prédécesseurs, a son charme particulier, accentué par les frasques sexuelles de "Lune de Jade", qui n'ont rien à envier à celles de l'Impératrice. Des situations sans cesse nouvelles viennent ajouter leur exotisme à la sensualité débridée de l'histoire dans son ensemble. Le style toujours clair, d'un abord agréable et facile, pousse par un rapport d'ordre addictif à la lecture des chapitres suivants. Porté par un tourbillon de situations inédites dont l'imagination n'a d'égal que le réalisme et la fraîcheur du style d'écriture de l'auteur, on ne peut que s'extasier sur les rapports intimes qui les lient dans une cohérence parfaite. La fin prévisible mais surprenante arrive trop rapidement, et on se laisserait à penser que peut-être un quatrième volume n'aurait pas été de trop, puisque trente ans de l'histoire sont passés sous silence et très laconiquement évoqués : Qu'est devenu le muet ? Et qu'en dit-il ? Serait-on tenté malicieusement de demander.
Frédéric MOLLICA

lundi 6 octobre 2008

Ne te retourne pas de Karin Fossum

Dans un petit village de Norvège, Ragnhild, six ans, a disparu : la police est alertée, des battues sont organisées. Mais au bout de quelques heures, la fillette rentre chez elle et explique qu'elle était simplement partie se promener avec Raymond, le simplet du village. Mais elle raconte également avoir vu une femme nue, endormie près d'un étang. L'inspecteur Konrad Sejer se rend sur place, et découvre le cadavre de Annie Holland, une adolescente bien connue du village, qu'on a noyée, déshabillée et déposée là, sans violence apparente. Les premiers interrogatoires de la famille et des voisins révèlent qu'Annie était une lycéenne brillante, sportive, et sociable, unanimement appréciée dans ce bourg où tous les habitants se connaissent et se cotoient. Mais depuis quelques mois, la jeune fille avait changé... Pourquoi Annie se renfermait-elle de plus en plus sur elle-même ? Y a-t-il un lien avec son assassinat ? Et qui a bien pu tuer cette adolescente apparemment aimée de tous ? Si l'on peut mettre quelques pages avant de plonger dans l'histoire, cela tient au fait que l'auteur prend le temps de planter son décor. Dans ce petit village, véritable microcosme, tous se connaissent et on ne livre pas facilement ses secrets ou ceux des voisins. La psychologie tient une grande place dans ce roman, aussi bien en ce qui concerne la victime que ses proches ou les policiers. L'enquête se déroule doucement, et on suit l'investigation pas à pas, en se sentant impliqué, s'interrogeant ou s'étonnant de concert avec l'inspecteur Sejer. Les pistes et les suspects sont nombreux, l'enquête complexe, et le dénouement surprend tout en restant crédible, bien que pesant. Ce n'est pas un roman d'action, mais les introspections et les descriptions alternent avec des dialogues qui rendent le récit plus aéré et plus vivant. Il m'a fallu quelques pages avant d'être happée par ce roman, mais au final, l'histoire a aiguisé ma curiosité et j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture. Il y a des longueurs, et je n'ai pas trouvé le petit "plus" qui m'aurait complètement enthousiasmée, mais ça reste un bon roman. Quelques allusions au passé de l'inspecteur Sejer, développé dans les précédents ouvrages de l'auteur, m'ont un peu déstabilisée, bien que n'entravant pas la compréhension de l'histoire. Cependant, le personnage est suffisamment attachant pour que j'ai eu envie, justement, de découvrir ses autres enquêtes. Enfin, quelques spécificités culturelles, comme le tutoiement généralisé, apportent une touche particulière, rendant la lecture encore plus intéressante. Ce n'est pas un roman inoubliable, mais on passe un bon moment.
Fanny LOMBARD

vendredi 3 octobre 2008

Chemins de lumière de Sheila

Sheila la chanteuse insouciante et adulée des années 60, a grandi. Elle est devenue une femme réfléchie, qui témoigne dans ce livre de ses expériences spirituelles. Elle a eu la chance de rencontrer, parfois volontairement, parfois par hasard, (mais est-ce vraiment le hasard ?), des personnes particulières (maitres spirituels, médiums, scientifiques etc). Elle nous explique ses communications avec les morts, la découverte de ses vies antérieures, et ses séances de relaxation et de méditation. Grâce à ses découvertes, elle traverse les problèmes de sa vie avec beaucoup plus de facilité et a trouvé un nouvel équilibre. Elle nous parle du karma, des chakras, elle relate des propos de Camille Flammarion, Allan Kardec… Elle donne aussi à la fin du livre, des conseils et des prières pour avoir une vie plus facile. Ce livre m’a beaucoup intéressée au début, surtout, les chapitres consacrés à la communication avec les morts. Par contre, j’ai trouvé un peu long et ennuyeux, ceux consacrés à ses vies antérieures. J’ai eu du mal à entrer dans ces histoires. Je trouve qu’il manque quelques précisions « techniques » pour mieux comprendre la situation et expliquer pourquoi elle est sure que ce sont ses vies antérieures et non pas une sorte de rêve. Quant aux conseils, ils sont plutôt banals et peuvent être appliqués à tout le monde, dans toutes les situations (avoir une bonne hygiène de vie, être optimiste…). Cependant l’ensemble du livre reste intéressant et vaut la peine d’être lu.
Hélène SALVETAT

mardi 30 septembre 2008

Paperboy de Pete Dexter

L'histoire se passe au milieu des années 60. Quatre ans après le meurtre du shérif violent et raciste d'un trou perdu de Floride, son assassin, Hillary Van Wetter, attend son exécution dans le couloir de la mort. Mais Charlotte, jolie quadragénaire bizarrement attirée par les assassins, est persuadée de son innocence depuis qu'elle a vu sa photo dans le journal. Autant déterminée à l'épouser qu'à l'innocenter, elle contacte le Miami Times, qui dépêche sur place deux journalistes dont Ward, frère du narrateur. D'emblée, il s'avère que le procès a été baclé, des preuves égarées, des pistes non exploitées. Mais entre un condamné franchement antipathique, sa groupie, un journaliste déterminé dont l'intégrité frise la psychorigidité et un autre dévoré d'ambition, une police et une justice peu enclines à rouvrir le dossier et une opinion publique accrochée à ses certitudes, l'affaire s'annonce complexe... On est dans un roman noir, dans tous les sens du terme. L'écriture sèche et sans complaisance montre tout, sans rien édulcorer, ni la violence physique, ni la misère sociale, et encore moins la cruauté psychologique et la violence morale d'une société dont tous les protagonistes sont implacablement condamnés par l'auteur. On suit l'investigation des reporters à travers le récit du jeune frère de l'un d'eux, et petit à petit, ce sont les vraies motivations de chacun qui se révèlent : chacun cherche son intéret au mépris de la vérité, de la justice, ou de l'intégrité de ses proches ou de lui-même, et personne n'en sortira indemne. L'auteur promène son lecteur du début à la fin, dans un jeu de faux-semblants et de manipulations à tout-va dont, comme les personnages du roman, on ne s'aperçoit que trop tard. J'avais eu de nombreux échos positifs de ce roman, et je ne peux que m'y associer. Critique subtile mais néanmoins virulente du journalisme et, au-delà, de l'ensemble de la société elle-même où, pour citer l'auteur, "aucun homme n'est intact", ce roman noir est littéralement époustouflant. Si j'ai pressenti, à chaque fois, les rebondissements quelques pages avant qu'ils n'interviennent, je les ai pris comme autant de coups de poing, et le piège a parfaitement fonctionné ! En plus d'une histoire très forte, les personnages ne tombent pas dans la caricature tout en étant formidablement bien campés, tout comme le décor - routes poussiéreuses, villes moites et marais profonds du coeur de la Floride. Un roman sombre d'une puissance rare, qu'il m'a été impossible de lâcher, et qui vous hantera longtemps après l'avoir refermé.
Fanny LOMBARD

vendredi 26 septembre 2008

Un risque calculé de Katherine Neville

Verity Banks est vice-présidente de la Banque Mondiale à San Francisco et chef du service des transferts électroniques de fonds. Parce que son supérieur ne prend pas au sérieux son projet d’amélioration de la sécurité, elle décide de prouver la vulnérabilité du système en place. Or, c’est justement le moment que choisit son mentor dans la profession, le séduisant docteur Zoltan Tor, pour reprendre contact avec elle et lui proposer un pari audacieux : détourner un milliard de dollars, le faire fructifier pendant trois mois et le restituer sans que personne ne s’en aperçoive. En acceptant, elle se doute que sa vie va quelque peu être perturbée mais non complètement bouleversée… Dans ce roman Katherine Neville essaye de nous faire comprendre et partager ses connaissances du monde bancaire et informatique. C’était sans doute une bonne intention de vouloir initier les néophytes en la matière mais je n’ai malheureusement pas du tout accroché à l’histoire…Le fait de ne pas tout comprendre les enjeux et les risques encourus par les protagonistes a certainement contribué à cela, mais ce n’est pas la seule raison. Entre autres, je n’ai absolument pas trouvé le pari crédible. Il semble en effet difficilement concevable que l’on puisse accepter les conséquences judiciaires qui en découlent, juste pour prouver que l’on a raison et notamment quand on occupe un poste de cadre bancaire à haute responsabilité comme celui de l’héroïne. D’autre part je ne sais pas du point de vue technique si ce que l’auteur a écrit est possible mais certains points du récit m’ont paru trop « énormes » pour être vrai alors que d’autres semblaient trop faciles pour être réalistes... S’il est effectivement exact que l’on peut faire ce que l’on veut de notre argent sans que personne ne le sache, ce n’est pas vraiment rassurant ! Quant à l’histoire d’amour qui « pimente » le roman, elle est cousue de fil blanc et l’issue en est prévisible dés le début. L’ensemble manque donc de rythme, de cohérence, de séduction, de surprise…Même les personnages sonnent faux, frôlant parfois la caricature. Et que dire de la fin dont on a vraiment l’impression qu’elle est bâclée en plus d’être peu vraisemblable… Pour nous dérouter un peu plus, quelques chapitres consacrés à l’histoire de Nathan Rothschild qui révolutionna les fondements de la banque moderne sont insérés dans le texte sans que l’on saisisse le lien avec l’histoire quoi qu’en dise le quatrième de couverture des éditions Pocket… Bref une grande déception surtout quand on a découvert l’auteur à travers « le Huit », son roman suivant, qui lui est formidable dans l’écriture, le suspense, l’histoire…
Nicole VOUGNY

mardi 23 septembre 2008

L'Affaire Toutankhamon de Christian Jacq

L’Affaire Toutankhamon nous raconte la vie de Howard Carter et du vicomte Porchester, futur Lord Carnavon, deux hommes au destin exceptionnel puisque leur collaboration va aboutir à la découverte de la seule tombe inviolée de la Vallée des Rois, celle de Toutankhamon. Ce récit romancé nous permet de découvrir la manière dont les fouilles étaient conduites à la fin du XIXe/début du XXe siècle, et introduit une touche de « spiritisme » dans une épopée de longue haleine marquée notamment par des difficultés politiques. J’ai par exemple été étonnée d’apprendre que les fouilles étaient non seulement financées mais également parfois réalisées par des personnes n’ayant aucune formation et dont le seul but était de trouver des richesses qu’ils pouvaient ensuite en partie conserver à titre de dédommagement pour les dépenses engagées. J’ai également appris que la tombe de Toutankhamon était une véritable obsession pour Carter, qui l’a recherchée pendant de nombreuses années avant de réussir à la localiser. En tous les cas, ce livre est extrêmement intéressant, se lit et se présente sous la forme d’un roman tout en respectant les faits et la vérité historique et permet de mieux comprendre la fascination exercée par l’Égypte. Il met aussi en évidence les nombreuses tracasseries administratives et la versatilité des politiciens et autres hommes de pouvoir, qui critiquent d’abord Carter et son entreprise, avant de le porter aux nues, pour enfin le désavouer… Bref, à conseiller pour ceux qui aiment l’égyptologie ou souhaitent en savoir un peu plus sur Toutankhamon ou sur un égyptologue hors pair, Howard Carter.
Anne ALBERT

jeudi 18 septembre 2008

La fraternité de la rose de David Morrell

Virginie : Andrew Sage, un magnat du pétrole et conseiller du Président des Etats-Unis en matière d’énergie meurt dans l’explosion de sa propriété alors qu’il s’apprêtait à négocier des contrats avantageux avec certains pays arabes en contrepartie d’une diminution du soutien américain à Israël. Derrière cet attentat, un homme de l’ombre, Saul Grisman, nom de code « Romulus »,agissant en secret aux ordres d’un certain Eliot, l’un des cadres majeurs de la CIA. Bangkok : un agent de la CIA, Chris Kilmoonie, nom de code « Remus », viole la sacro sainte règle des sanctuaires « Abélard », lieux de repos pour agents secrets de tous bords, véritable non-man’s land où les conflits sont mis de côté, en tuant le colonel Malenov, un agent du KGB réputé pour ses actes de Barbarie. Désormais, pour tous les services d’espionnage du monde, Chris devient un paria, un homme à abattre. Or Saul et Chris sont liés. Orphelins dès le plus jeune âge et confiés aux bons soins de l’Académie pour garçons de Franklin. Bien que sans lien de parenté, les deux enfants se sont trouvés et ont grandi ensemble, unis comme des frères. Remarqués pour leur capacité par Eliot, qu’ils considèrent comme aussi leur père adoptif et leur maître, ils sont devenus au fil du temps de véritables machines à tuer pour la CIA. Mais aujourd’hui, ce sont eux les proies face à un prédateur qu’ils n’auraient pu imaginer, leur père adoptif Eliot. David Morrell arrive avec ce roman à nous plonger au cœur d’une extraordinaire histoire d’espionnage. Dès le prologue, on est subjugué par l’ingéniosité de l’auteur qui nous relate d’une manière si réaliste et convaincante la création des sanctuaires « Abélard » qu’on pourrait y croire vraiment. Le rythme d'enfer nous balance, à coups de rebondissements multiples, entre les destins croisés des deux « frères » jusqu’à qu’ils se retrouvent pour assumer leur vengeance. On regrettera toutefois la fin, un peu trop rocambolesque pour être crédible… N’est quand même pas Ludlum qui veut !
Pierre LUCAS

mercredi 17 septembre 2008

Un mariage d'amour de Françoise Bourdin

Victor Cazals, complètement déboussolé et anéanti, décide finalement de s’installer aux Roques, la grande demeure familiale qui est restée inhabitée depuis une trentaine d’années qu’il vient de racheter à son père (Martial). En effet, il souhaite à tout prix s’isoler afin de tenter d’oublier Laura, sa femme, qu’il aime encore et qui l’a brutalement quitté pour son demi-frère Nils. Jusqu’à présent, ce dernier était le protégé de la famille, mais suite à sa trahison, il est devenu du jour au lendemain le paria : il est rejeté autant par son père qui pourtant l’adorait, que par sa mère adoptive (Blanche) qui l’avait accepté et cajolé, même s’il est le fruit d’une infidélité du père. Quant à Maxime, le frère aîné de Victor, il épaule celui-ci de tout son cœur pour lui apporter du réconfort et soutien dans cette terrible épreuve émotionnelle et sentimentale qui l’accable.
Seulement, vivre dans le domaine des Roques ne sera pas de tout repos. Mise à part l’importante rénovation du lieu qui occupe plutôt bien ses esprits, Victor va malheureusement découvrir des éléments bien inquiétants qui laissent suggérer qu’un événement terrifiant y était survenu ; mais de quoi s’agit-il exactement ? Victor ignore encore qu’un effroyable secret a été dissimulé ici-même, et si jamais il réussissait à le trouver, pire encore s’il le faisait ressurgir du passé, une tragédie pourrait secouer chaque membre de sa famille. J’ai adoré ce roman de Françoise Bourdin avec cette affaire de secret de famille qui maintient un véritable suspense tout au long de la lecture. L’intrigue est vraiment captivante et il devient très difficile de lâcher le livre tant qu’on ne l’a pas parcouru jusqu’au dénouement. Effectivement, l’histoire est passionnante, on est pressé de découvrir et impatient de comprendre quel mystère a pu se murer derrière cette ancienne bâtisse « Les Roques » tellement cela attise notre curiosité. Qu’est-il arrivé trente années plus tôt ? Par ailleurs, j’ai bien apprécié la manière dont l’auteure a pris soin de brosser cet éventail de portraits, aussi intéressants les uns que les autres. Chaque personnage possède une personnalité propre, comme par exemple Martial et sa fermeté, Nils et sa fragilité, Blanche et sa soumission ou résignation, ou encore l’adorable Victor, homme de valeur et héros du roman à qui le lecteur s’identifie et s’attache tout particulièrement. C’est la première fois que je lis Françoise Bourdin et je suis totalement conquise, je ne la connaissais que de nom, et « un mariage d’amour » m’a fait passer un moment délicieux. De plus, la façon dont cette auteure écrit me fait rappeler vaguement un de ses confrères qui s’exprime dans le même genre de chroniques, je cite Douglas Kennedy, que j’aime beaucoup et qui a l’art de décrire avec énormément d’aise et de talent la passion humaine.
Ngan Dai BUI

lundi 15 septembre 2008

L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon

Barcelone 1945. Daniel Sempere, le narrateur alors âgé de onze ans, est emmené par son père, un librairie, dans un lieu absolument insolite, une vraie caverne d’Ali Baba réservée à quelques initiés où sont enfermés des milliers de livres. Là il adopte un livre « L’Ombre du Vent » de Julian Carax et c’est la révélation, le Livre que Daniel attendait. Daniel se prend de passion pour le livre mais aussi pour son mystérieux auteur. Il cherche coûte que coûte à savoir qui il est. Seulement il ouvre les portes du passé et s’approche de secrets bien enfouis qu’il mettra dix ans à déterrer. Ce roman très fascinant a le don de vous immerger dans la Barcelone de l’après-guerre, celle où les fascistes et les anarchistes se disputent le pouvoir et où les habitants espèrent des jours meilleurs. La ville est omniprésente, personnage à part entière du roman que l’on découvre fasciné à travers ses rues et ses quartiers. Aux côtés de Daniel, le lecteur mène l’enquête. Au moment où il croit tenir une piste sérieuse, Carlos Ruiz Zafon s’arrange pour la brouiller. Qui est donc ce mystérieux homme au visage ravagé, tout droit sorti du roman de Julian Carax ? Serait-ce le Diable ? Les personnages hauts en couleur sont attachants et plein de complexité : le lecteur ressent les premiers émois de Daniel pour la belle mais distante Clara et découvre un allié inattendu en la personne de Fermin Romero de Torres, un baroudeur au cœur d’or mais au passé trouble, poursuivi par l’effroyable inspecteur Fumero. Ce qui fait également sa forcé c’est que l’auteur a placé le livre au centre de son roman : on y découvre un libraire de livres anciens, une secrétaire de maison d’édition, un vieil et énigmatique bibliothécaire, gardien du Cimetière des Livres Oubliés, mais c’est avant tout l’histoire d’un livre et de son auteur, un livre qu’il faut préserver. Et le lecteur de s’imaginer lui aussi dans ce Cimetière des Livres Oubliés à se demander quel livre il adopterait. Un récit magnifique qui mêle à la fois l’amour, l’aventure, les mensonges, les trahisons, les histoires tragiques qui s’imbriquent les unes dans les autres pour former la trame du récit. Un livre à lire absolument. Delphine LE PERF

jeudi 11 septembre 2008

Fais-moi confiance de James Hadley Chase

DAWSON dirige depuis quatre ans les bureaux de Rome du New York Western Telegram qui appartient à Sherwin CHALMERS, multimillionnaire des medias. Ce dernier demande au premier de prendre en charge sa fille Helen qui arrive à Rome pour entreprendre des études d'architecture. C'est avec crainte révérencielle qu'il s'acquitte de sa tâche, Helen parvient à dégeler DAWSON et réussit même à l'inviter à Sorrente où elle loue une villa. Notre journaliste l'y retrouve mais trépassée, dès lors il tente d'éviter les soupçons et est chargé de mener l'enquête par le père de la défunte. L'investigation privée révèle les relations troubles de la jeune fille et le chantage qu'elle exerçait sur la dernière femme de son père. DAWSON lui-même n'y échappe pas et met tout en oeuvre pour se dégager du lacs. JH CHASE impose un rythme vif, alerte où l'action ne manque pas. Femmes fatales et gros bras s'entrecroisent et se manipulent. Les dialogues, sans doute trop nombreux, marquent la cadence nerveuse. Si l'on est bon lecteur, on peut se laisser bercer sans trop se poser de questions. Si l'on est plus exigeant tout cela semble un peu facile, les coïncidences sourient trop au héros qui se voit la tâche facilitée par des intervenants pas très madrés. Est- ce vraiment réaliste? Un plumitif qui doit se muscler uniquement le bras droit au moment où il lève le coude pour s'abreuver de whisky parvient à terrasser un mafiosi, hum! A la fin, la vérité est manifestée et l'argent préserve la vie privée des fortunés. Merci aux deus-ex-machina. Gwenael CONAN

mardi 9 septembre 2008

La dentellière de Pascal Lainé

Pomme est petite fille du nord de la France, « issue » d’une mère serveuse dans un bar qui montait dans la chambre du haut toutes les fois qu’un Monsieur lui demandait et d’un père qui a mis les bouts quand Pomme était encore enfant. Nous les retrouvons habitant un petit appartement, un deux pièces dans la banlieue parisienne. Tandis que sa mère est désormais crémière, Pomme qui a maintenant dix-huit ans et travaille dans un salon de coiffure va se lier d’amitié avec Marylène, sa collègue de travail âgée d’ une trentaine d’années. Cette dernière, après avoir rompu avec son amant, un homme d’une cinquantaine d’années propose à Pomme d’aller en vacances à Cabourg. Une fois sur place, Marylène rencontre des gens d’un certain milieu et se met à ignorer Pomme. Pomme, qui se retrouve donc seule, va rencontrer Aimery de Béligné, parisien en villégiature et vivre une histoire d’amour. Ce roman est l’histoire banale d’une fille et de sa mère que l’auteur nous fait vivre avec des mots simples, comme leurs vies et leurs histoires. Boulot, maison, dodo, vacances, petite histoire d’amour, une vie monotone mais tellement authentique, voila pourquoi ce livre m’a plu car il relate des pages de vies de tous les jours que de nombreux êtres humains vivent de par le monde. Pomme, une fille pas trop belle, mais qui à le droit de connaître la beauté des sentiments, même si le prix à payer est lourd. Marylène toujours à la recherche d’amants plutôt BCBG et qui vît surtout pour elle-même. La mère de Pomme, qui se laisse toujours porter par les événements routiniers du quotidien. D’autres personnages apportent également une petite touche pittoresque à ce livre. Cette histoire est touchante car chacun y retrouvera un peu de lui-même.
Edouard RODRIGUEZ

lundi 8 septembre 2008

La Déesse hippopotame de Elizabeth Peters

Cette nouvelle aventure de la famille Emerson se passe en Egypte en 1900. Elle constitue la suite des péripéties racontées sous forme de journal par Amélia Peabody, passionnée d’Egypte et mariée à un célèbre égyptologue, Radcliffe Emerson, qui repartent en Egypte pour une saison de fouilles et découvrent cette fois une tombe inviolée. Mais, comme d’habitude, rien ne se passe comme prévu et des pilleurs de tombes essaient de leur mettre des bâtons dans les roues. Principal obstacle à leurs plans machiavéliques : Amélia Peabody qui, sans fausse modestie, nous expose ses déductions, sans oublier de prendre soin de sa petite famille pour le moins originale… Les romans d’Elizabeth Peters sont tous écrits dans la même veine, sous la forme d’un journal. Les héros en sont un couple d’Anglais qui passent leurs hivers en Egypte et tentent de protéger le patrimoine culturel de ce pays à la fin du XIXe, début du XXe siècle, alors que les objets égyptiens sont très recherchés par les collectionneurs européens et que les marchés parallèles permettant de se procurer ce genre d’objets sont en plein essor. Les Emerson ont donc de nombreux ennemis, mais la plupart des histoires se finissent bien, et les gentils l’emportent généralement sur les méchants. Même si la trame de l’histoire n’est pas, avouons-le, très originale ou surprenante, je dois dire que le choix du style narratif et surtout le sens de l’humour pince-sans-rire de l’auteur de ces journaux, Amélia, m’ont séduite dès la première histoire, et je ne m’en lasse pas. Comme tous ses autres ouvrages, j’ai beaucoup apprécié La Déesse hippopotame, qui est une lecture idéale pour se changer les idées, légère et rapide à lire mais en même temps intéressante et reposant sur des recherches sérieuses concernant l’ancienne Egypte. Seul bémol : il vaut mieux découvrir ces livres dans l’ordre dans lequel ils ont été écrits, puisque l’histoire des personnages évolue. Or, cet ordre n’est pas facile à retrouver car il n’est pas identique à celui présenté en début d’ouvrage, dans la liste des parutions… Pour une fois, ce volume contient, en introduction, un bref historique de la vie et carrière d’Amélia, donnant ainsi quelques indications précieuses sur l’ordre à suivre. Si, comme moi, vous tombez sous le charme de cette famille et de cet écrivain, il serait dommage de ne pas suivre l’ordre chronologique de leurs aventures. Anne ALBERT

mercredi 3 septembre 2008

Je vous écris de Hisashi Inoué

Une jeune fille devenue la maîtresse de son patron, attend qu'il quitte femme et enfant ; une jeune mariée dont l'époux travaille à l'étranger découvre que sa voisine est séquestrée et maltraitée par sa fille ; une employée de bureau recherche un correspondant qui lui servirait de guide lors d'un voyage à Hokkaïdo; un sans domicile fixe mutique mais dessinateur de génie disparait d'un centre d'hébergement ; un homme écrit à son amour de jeunesse, aujourd'hui trompée par un mari dont elle refuse de divorcer; un auteur est contacté par une admiratrice qui souhaite connaître son avis sur une de ses œuvres... Voilà quelques uns des personnages que l'on croise au fil des chapitres qui composent ce roman, comme autant de nouvelles sans rapport entre elles... jusqu'aux dernières pages, où les destins des protagonistes se rejoignent dans un dénouement surprenant. Ce roman est étonnant à plus d'un titre. Tout d'abord, les chapitres ne semblent avoir aucun lien entre eux : sans l'épilogue, qui réunit tous les personnages lors d'une prise d'otages, ils tiendraient davantage de nouvelles indépendantes, mais néanmoins passionnantes. Ensuite, il n'est composé que de lettres, actes administratifs, articles de journaux, extraits de livres... Si ce procédé peut déconcerter de prime abord, il s'avère redoutable car il créé une distanciation, un style froid hors de tout parti pris, mettant en relief l'ironie souvent cruelle des situations, et permettant à l'auteur de manipuler le lecteur, chaque chapitre offrant un dénouement totalement inattendu. Et si la conclusion parait un peu forcée, elle donne au roman une forme de boucle non dénuée d'intérêt. Ce livre m'a beaucoup intéressée par sa forme et son fond. Une fois habituée au style épistolaire, je me suis laissée prendre au jeu. La neutralité de l'auteur tranche avec l'attachement que l'on ressent pour certains personnages, tous au centre de destins tragiques, qu'ils en soient les victimes ou les acteurs. Les déceptions amoureuses, la folie, la mort sont autant de thèmes récurrents qui créent une atmosphère assez lourde, néanmoins teintée d'humour noir et d'une impitoyable ironie. Mais j'ai surtout été bluffée par la chute des chapitres : j'ai été "baladée" de bout en bout par l'auteur, qui se joue de son lecteur comme de ses personnages, de façon machiavélique, sans que l'on voit rien venir ! Un regret, cependant : la suppression de deux des chapitres japonais, trop difficiles à traduire... Dommage d'avoir dû amputer ce roman enthousiasmant.
Fanny LOMBARD

lundi 1 septembre 2008

Total Kheops de Jean-Claude Izzo

Fabio Montale, flic marseillais, désabusé, sorti des quartiers pauvres de la ville et paumé en amour, enquête sur l’assassinat par ses collègues d’un de ses copains d’enfance ainsi que la disparition d’une amie arabe, Leïla, qui apparaît violée et tuée sauvagement quelques jours plus tard.
Montale, qui s’occupe du maintien de l’ordre dans les quartiers nord de Marseille, nous raconte son enfance et sa jeunesse parmi les émigrés arabes, italiens, espagnols, arméniens…Il décrit les quartiers nord d’une façon plutôt noirâtre, rien que délinquance, drogue, alcool et prostitution. En se faisant le narrateur de ses souvenirs, il nous fait découvrir les personnages de l’histoire et il passe en revue tous les acteurs de la pègre marseillaise : les grands mafiosi, les dealers, les bandits, les proxénètes. Il nous parle souvent de gastronomie, il nous décrit ses recettes favorites. Il n’est pas rare de trouver ce type de flic gastronome dans les romans noir, qui en préparant leurs repas nous font frétiller les papilles au rythme de jazz. Au fil de l’enquête, Montale se rend compte qu’il est mêlé à une affaire qui se corse de plus en plus et qui met en scène de très gros poissons, ce qui va mettre en danger même sa propre intégrité. Le racisme est très présent dans ce roman, mais critiqué et sanctionné par l’écrivain. Il s’agit d’un racisme violent, comme Marseille, elle-même. Total Khéops, chante le groupe de rap marseillais IAM, un « bourbier immense » et Montale est bien au centre, afin d’éclaircir les meurtres de ses amis. Jean-Claude Izzo a un style très particulier. Il nous fait passer des faits réels directement aux souvenirs sans nous avertir, ce qui dévient parfois un peu difficile à suivre mais reste néanmoins un moment de lecture exceptionnel, avec des descriptions assez particulières comme quand il parle de Marseille et nous dit : « Marseille n’est pas une ville pour touristes. Il n’y a rien à voir. Sa beauté ne se photographie pas. Elle se partage ». C’est la passion qui ressort de ces mots, une passion qui semble sortie directement de la tragédie grecque !! Total Khéops est le premier volet d’une trilogie que Jean-Claude Izzo a dédié à Marseille, sa ville natale, dont les deuxième et troisième épisodes sont Chourmo et Solea.
Marie LEVEZIEL

mercredi 27 août 2008

Sauve-moi de Guillaume Musso

Juliette est une jeune française venue à New York pour tenter sa chance dans le cinéma. Mais au bout de trois ans, force lui est de reconnaître qu’elle a échouée. Aussi est-elle décidée à rentrer chez ses parents en France. Sam Galloway, veuf trentenaire dont la femme s’est suicidée un an plus tôt, essaye d’oublier son chagrin en s’investissant à fond dans son métier de médecin. Or un soir, le docteur manque d’écraser Juliette. Et c’est aussitôt le coup de foudre entre ces deux êtres...Ils passent un week-end idyllique…Mais voilà, le problème c’est que l’avion de Juliette s’envole sans que Sam ait réussi à trouver les mots pour lui dire de rester, et que, comble de malchance, l’avion s’écrase peu après le décollage… Contrairement aux apparences, ce roman n’appartient pas au genre scénario catastrophe mais est plutôt une belle histoire d’amour et d’espoir, dans laquelle l’imaginaire à la part belle. Guillaume Musso, a choisi pour thème l’importance que le hasard peut avoir sur une vie, ce hasard qu’il compare à un grain de sable qui peut faire basculer des existences d’un coté comme de l’autre. Attention toutefois à ne pas confondre hasard et prédestination, même s’il y a des choses auxquelles on ne peut pas échapper…Là, vous allez dire que mes propos ne sont pas très clairs, mais je ne peux pas apporter d’explications complémentaires sans altérer l’intérêt et le plaisir de la lecture, ce qui serait vraiment dommage ! Car ce qui contribue au charme de ce roman, c’est son écriture sobre sans être simpliste, sensible mais sans sentimentalisme excessif. Nous éprouvons bon nombre de sentiments tels que la tristesse, l’émotion, la colère, la peur tout en étant confronté à des questions existentielles que nous nous sommes tous posées un jour ou l’autre. D’autre part de nombreux rebondissements donnent du rythme au récit …Résultat : on dévore littéralement ce roman ! Il faut dire que le cadre dans lequel l’auteur fait évoluer ses personnages est en lui-même passionnant et riche en couleur : New York, ville pluriethnique et culturelle par excellence. Ajouter à cela des personnages sympathiques, de l’amour, juste ce qu’il faut de souvenirs traumatisants, une bonne dose de surnaturel auquel on ne demande qu’à croire, une construction à la thriller, tout cela pour illustrer une réflexion sur la vie, la mort, la complexité des relations humaines et vous avez un roman très plaisant. La seule petite chose que je pourrais trouver à redire, c’est qu’il me semble que certains passages auraient gagnés à être un peu plus approfondi. Il n’empêche que je recommande grandement ce livre, qui m’a donné envie de découvrir les autres écrits de l’auteur.
Nicole VOUGNY

lundi 25 août 2008

Vice de fond de Jean-Paul Carminati

« Vice de Fond » nous entraîne dans le monde de la justice, notamment dans le quotidien de Me Jean-Paul Bergamo, avocat commis d'office en matière criminelle. Ce dernier est appelé pour défendre les plus démunis, ceux qui ne peuvent pas financièrement faire appel par eux mêmes à leurs propres avocats. Seulement, la majorité des dossiers dont s’occupe Me Bergamo concernent des crimes sexuels souvent aggravés. Jusqu’à présent tout allait bien dans sa vie privée, jusqu’au jour où sa femme Maggy regarde une émission à la télévision sur les témoignages concernant les abus sexuels et découvre plus en détails le travail de son mari. Des tensions naissent alors dans le couple, elle s’éloigne progressivement de lui. Comment comprendre que l'homme qu'on aime tente de faire libérer des violeurs et/ou des pédophiles ? En effet, Me Bergamo se charge des affaires comme "Viol sur mineur en réunion avec séquestration", "Viol en réunion sur mineur par ascendant", ou encore "Viol sur mineur en réunion par ascendant avec actes de barbarie ayant entraîné la mort"… Même si "Vice de Fond" reste un roman, Jean-Paul Carminati, avocat de métier, a su manier comme une main de maître l'humour noir pour nous relater de manière un peu décalée quelques affreux dossiers de crimes sur le plan sexuel, qui hélas, sont assez répandus pour les citer ainsi comme « exemples types » dans son ouvrage. Certaines scènes de viol, souvent décrits avec des mots assez directs et crus, peuvent heurter notre sensibilité. J’ai bien aimé ce roman qui m’a permise de mieux saisir l’atmosphère, souvent morose et amer, du travail des avocats commis d’office qui doivent défendre des pervers sexuels, car c’est plutôt dur psychologiquement, et il est nécessaire d’être doté d’une santé mentale de fer. Et on constate bien que Me Bergamo dort très mal la nuit, qu’il a constamment des cauchemars à causes de ces sinistres affaires et qu’il a énormément de difficultés à prendre de la distance par rapport à son quotidien professionnel. J'ai bien apprécié le personnage principal avec ses mésaventures, ses va-et-vient entre les tribunaux, je donnerais bien un autre titre à ce roman : « les tribulations d’un avocat ». Me Bergamo est très attachant et drôle, l’auteur nous donne souvent l’occasion de lire dans ses pensées qui nous font bien sourire. Par ailleurs, on rigole bien aussi avec les réactions énormes des accusés sexuels, et à les écouter, ils seraient tous innocents et toutes les jeunes femmes victimes son consentantes. Ngan Dai BUI

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