mardi 30 octobre 2007

Petit déjeuner chez Tiffany de Truman Capote

Holly Golightly est une jeune et charmante cover-girl qui mène à New York une vie frivole faite de soirées débridées et d'amants riches qui l'entretiennent. Le narrateur habite un appartement voisin. En faisant la connaissance de Holly, il découvre cet univers superficiel, mais surtout s'attache à cette jeune femme si différente, si étrangère à sa vie paisible, voire ennuyeuse. On le sent fasciné par cette fille ravissante, intéressée, sophistiquée, fantasque et frivole, quelquefois parfaitement horripilante. Mais il découvre petit à petit que ce n'est qu'une façade, qui cache un être fragile, sensible, blessé par la vie, fuyant son passé sans bien savoir où elle va. Ces deux personnages vont se croiser, se déchirer, se retrouver, jusqu'au dénouement final. La vie du narrateur en sera bouleversée : après Holly, plus rien ne sera comme avant.
Les autres nouvelles sont moins fouillées, mais c'est justement leur brièveté qui fait leur force. "La maison des fleurs", c'est l'histoire d'une prostituée haïtienne, qui épouse un paysan dont elle tombe amoureuse, abandonnant la vie et l'argent faciles que lui procuraient ses clients. "La guitare de diamants", sans doute ma préférée, raconte l'histoire de deux prisonniers qui planifient ensemble leur évasion. Mais plus que cela, il s'agit d'une histoire d'amitié entre deux hommes très différents qui, au-delà du sens littéral, s'évadent de l'univers carcéral grâce à la musique et à la relation forte qui naît entre eux. Enfin, dans "Un souvenir de Noël", le narrateur se remémore l'amitié qui le liait enfant à une vieille dame avec qui il préparait tout un rituel au moment de Noël, cuisinant des cakes, décorant le sapin, économisant le moindre cent pour offrir à l'autre un cadeau venu du coeur... J'ai adoré ce livre. Chaque nouvelle est simplement mais magnifiquement bien écrite. Il n'y a jamais un mot de trop : tout est subtilement suggéré. De plus, j'ai été extrêmement sensible aux atmosphères : le cadre est aussi important que l'histoire, qu'il s'agisse du monde frivole de Holly ou du Noël du petit Buddy, décrit de façon si émouvante qu'il m'a presque semblé sentir l'odeur du houx ! On pourrait s'étendre sur la critique sociale que l'on sent à travers ces pages, mais pour ma part, c'est avant tout un sentiment de nostalgie douce-amère qui me reste à la fin de cette lecture. Ces nouvelles, finalement, sont à l'image de Holly : on les croit légères et sans grande portée, mais elles vous marquent, et vous n'en sortez pas tout à fait indemne.
Fanny LOMBARD

jeudi 25 octobre 2007

Congo de Michael Crichton

Depuis Jurassic Parc, j’ai lu presque tous les romans de Michael Crichton qui ont la faculté de happer le lecteur dès les premières pages, néanmoins Congo m’a surprise par son caractère de récit de voyages : il nous relate les 13 jours que dura la dernière expédition américaine au Congo, actuel Zaïre, en juin 1979.
Le récit commence par l’extermination d’une équipe de la STRT (Service Technologique des ressources de la Terre) par un être inconnu, à priori un gorille mâle, d’après ce qu’on peut voir dans une vidéo satellitaire. Une nouvelle expédition géologique est affrétée avec deux buts : trouver des diamants de type IIb, utilisables dans la micro-électronique et trouver la cause de la mort des équipes précédentes. Ce nouveau groupe qui part vers la région volcanique des Virunga est composé de scientifiques, d’un mercenaire chargé de leur faire traverser la forêt tropicale du Congo, milieu étrange et inhospitalier, et aussi d’Amy une gorille femelle qui connaît environ 600 mots du langage des signes. J’ai beaucoup aimé ce récit parce que j’ai eu énormément d’informations sur le Congo à la fin des années 70, pays que je ne connaissais absolument pas : sa géographie, l’instabilité politique de la zone, les croyances africaines, le cannibalisme dans certains secteurs… Néanmoins il s’agit d’un territoire qui a toujours attiré de nombreux explorateurs qui ont osé se perdre dans des territoires hostiles. Cette attraction est encore plus forte si l’on considère que les mines de diamant du roi Salomon se trouvent à priori dans ce territoire, même si elles restent introuvables à ce jour. Tous les ingrédients d’un roman d’aventures s’y trouvent : le milieu étrange de la forêt tropicale, l’espionnage industriel pour lequel la fin justifie les moyens, les meurtres étranges… tout ceci décrit avec un style rapide et facile à lire malgré certaines descriptions scientifiques un peu opaques. C’est un vrai délice et on s’attache réellement à Amy, la petite gorille aussi intelligente qu’un humain. Je le recommande à tous ceux qui aiment s’évader vers des contrées inhospitalières mais d’une certaine façon fabuleuses de l’Afrique Noire.
Marie LEVEZIEL

lundi 22 octobre 2007

Le déshonneur d'Ann Campbell de Nelson Demille

Paul Brenner officier à la C.I.D (criminal investigation division) est en mission sur la base militaire de Ford Hadley lorsque le corps nu et écartelé d’Ann Campbell est découvert dans un coin désert de la base. Or cette jeune fille n’est autre que la fille du général commandant la base dont la notoriété est grande depuis qu’il s’est illustré lors de la première guerre du golfe. Paul est alors chargé de découvrir le meurtrier avec l’aide de sa collègue et ex-amie Cynthia, spécialiste en affaire de viol. Mais très vite ils se rendent compte que l’enquête s’avère délicate dans la mesure où ils découvrent qu’une autre Ann Campbell se cache derrière la jeune fille énergique et attachante que tout le monde connaissait…Et cette nouvelle personnalité complexe est loin d’être irréprochable et s’est même attirée la haine de bon nombre de personnes qui auraient pu désirer sa mort…Il faut donc vite trouver le coupable avant que l’affaire ne soit prise en main par le FBI.
Et nous voilà donc plongé dans une recherche de coupable minutée par le temps, parce que l’armée n’aime pas que des civils viennent mettre le nez dans ses affaires. Cette course contre la montre transparaît très bien dans l’écriture de l’histoire. Les dialogues sont courts, les déplacements des protagonistes incessants, les exploitations d’indices rapides, les interrogatoires de témoins précis et amenant les conclusions qui s’imposent. Même la recherche du profil psychologique du tueur, ne ralentit pas le rythme du roman et se révèle très intéressante. Idem pour l’explication de la mise en scène de la mort en elle-même qui a finalement plus d’importance que le coupable…je ne peux en dire plus pour ne pas dévoiler l’intrigue mais ce que les convenances et les silences que l’on impose dans le milieu militaire peuvent avoir comme conséquences sur la vie des personnes est assez dérangeant … D’habitude je n’aime pas trop les romans écrits à la première personne parce qu’on ne voit qu’un aspect des choses, mais là, je dois dire que cela n’est pas gênant. J’ai littéralement dévoré le livre ! Outre un intrigue passionnante et originale, il y a de l’humour, de la délicatesse, de la compassion, mais aussi du suspense, le tout dans un milieu que l’on connaît mal, mais que l’auteur maîtrise parfaitement puisque ancien officier d’infanterie lui-même. Le seul petit reproche que je pourrais faire, c’est que le coupable nous est dévoilé un petit peu trop tôt, même si après, il est intéressant de voir comment les enquêteurs l’amènent à avouer. Nicole VOUGNY

jeudi 18 octobre 2007

L'admiroir d'Annie Duperey

J’ai toujours admiré Anny Dupérey, c’est une femme extrêmement belle, sympathique, bonne actrice et qui a une belle carrière au cinéma et à la télévision. Elle a aussi je trouve un talent fou d’écrivaine. Son roman « Allons voir plus loin, veux-tu ? » a été un pur bonheur à lire et m’a donné envie de découvrir un autre de ses romans; J’ai donc choisi « l’admiroir », sans savoir à quoi m’attendre puisque je n’avais pas lu la 4e de couverture volontairement.
Le sujet traité et la fin difficile ne peuvent pas être comparés à un « pur bonheur », mais on ne peut qu’admirer l’œuvre tant les caractères et les sentiments sont exprimés de façon juste. « L’admiroir » est l’histoire peu commune de deux sœurs. Claude a 20 ans, c’est une jeune fille effacée, morne, sans envie, et son aînée Anne a 30 ans, elle est pleine d’entrain, installée professionnellement, dynamique et sûre d’elle. Depuis l’enfance, Claude admire sa sœur et ne se sent vivre qu’en sa présence, aussi elle finit par abandonner ses parents afin d’aller vivre chez Anne, sans autre ambition que d’être avec elle et de la regarder vivre. Anne n’envisage pas leur vie ainsi et la cohabitation est difficile, voire impossible…
Le texte est simple, sans fioritures, et on est rapidement immergé dans un huis clos dramatique dont on n’image pas la moindre issue possible. Au long des chapitres, j’ai été impressionnée par la description des sentiments des uns et des autres, l’auteur arrive à nous faire ressentir ce que ressentent les protagonistes Anne et sa sœur Claude aux différentes phases de l’histoire, le malaise croissant que ressent aussi Pierre l’amant « visiteur » de Anne. L’intensité dramatique augmente au fil des pages et la dégradation de la situation m’a plusieurs fois mise mal à l’aise, mais sans toutefois me décourager de continuer, telle l’envie de connaître la suite m’importait. De plus, en pleine scène difficile, l’auteur introduit une anecdote ou une phrase qui fait retomber cette intensité. Par exemple, l’intrusion de Claude dans la chambre de sa sœur le soir de la fête ratée m’a fait rire grâce aux dialogues et à l’incongruité de la situation. Le mal aise éprouvé de façon croissante tout au long du livre trouve son apothéose à la fin quand tout dégringole et plus rien n’est pareil à avant : la sœur « équilibrée » perd tout en même temps que sa sœur, l’amant perd son amour… Cependant la fin n’est pas triste du tout et on assiste même à un début de renaissance émouvant.
Frédérique CAMPS

mercredi 17 octobre 2007

Politique du rebelle de Michel Onfray

D’une expérience personnelle précoce avec la pension et son univers de règles trop strictes pour un enfant puis l’enfer de l’usine où les corps et les esprits sont broyés, Michel Onfray nous livre sa philosophie de vie hédoniste qu’il veut pour le monde et ses hommes. Antigone, l’athéisme (ni Dieu ni maître, c’est évident), mai 68, Epicure, le véritable esprit de Sorel… telles sont des pistes politiques, mais aussi économistes, artistiques dans lesquelles Onfray veut trouver cette «mystique » de gauche dont la société a besoin pour contrer entre autres sa surconsommation, son matérialisme, son parisianisme et sa commisération inefficace envers tous les miséreux du corps social (« damnés, réprouvés et exploités » selon les trois cercles que nous décrits Onfray du SDF aux enfants scolarisés)…
Dans cet essai qui se veut un traité philosophique « de résistance et d’insoumission », Michel Onfray nous dévoile son envie humaniste de faire bouger les choses en continuant le courant 68 et le débat d’idées. En ne s’arrêtant pas comme beaucoup de ses confrères dans le pessimisme et le défaitisme humain post-concentrationnaire. Refuser toute forme d’autorité et laisser le corps libre et sans entraves. Jouir de la vie et ce au présent. La vision hédoniste de Michel Onfray livre ici une réponse très claire, en prenant exemple en conclusion sur Blanqui figure emblématique de l’insoumission et de la révolte (qui resta 47 ans de sa vie en prison pour avoir dit plusieurs fois non). Ce livre ne se prête pas à tous les lecteurs : il faut passer par-dessus le jargon philosophique et la non-connaissance des divers courants et théories de tel ou tel sociologue contemporain ou non (les cours de philo du lycée ne sont pas d’une grande aide si l’on n’a pas persévéré dans cette voie de lecture) et le style accumulatif de l’auteur. Le vocabulaire est plus que riche pour essayer de nous convaincre par tous les exemples et malgré cette logorrhée intellectuelle, l’accès aux idées d’Onfray reste très limpide et accessible à tous. Suivre Nietzsche qui disait : « Il m’est odieux de suivre autant que de guider » c’est dans ce chemin que nous emmène les pages de Michel Onfray avec beaucoup de conviction. Il est certain que ce postulat établi, même le meilleur outil de lecture et de vulgarisation d’une « politique » nouvelle n’est qu’une goutte d’eau dans le monde politique universel d’aujourd’hui. Faire partie du camp des rebelles c’est surtout refuser de se laisser faire en ayant la plus grande envie de généralisation autour de nous…Lire le Canard et Zarathoustra peut aider. Fanny JOLIVET

mardi 16 octobre 2007

Confessions d'un barjo de Philip K. Dick

Jack est un simple d'esprit, qui collectionne des objets improbables et passe son temps à remplir compulsivement des carnets dans lesquels il note tout et n'importe quoi. Pour lui, ses théories fumeuses sont une approche scientifique des évènements, mais pour son entourage, il est simplement "barjo" et inadapté socialement. Il est pris en charge par sa soeur Fay, manipulatrice sournoise et égoïste sous des dehors séduisants, et son beau-frère Charley, nouveau riche mal dégrossi. Fay s'entiche de Nat et Gwen, un gentil couple nouvellement installé dans la région. Nat, jeune homme cultivé et intelligent, perce immédiatement Fay à jour. Mais contre toute attente, cela ne l'empêche pas de se sentir attiré par la jeune femme... Sous le regard sans complaisance de Jack, tout ce petit monde, en apparence équilibré, va voler en éclats en révélant son vrai visage.
Ce roman, que Philippe K. Dick a eu du mal à placer auprès des éditeurs car il est surtout connu pour ses oeuvres de science-fiction, déconcerte de prime abord par sa structure peu conventionnelle. En effet, l'auteur passe au gré des chapitres d'une voix narrative à l'autre, adoptant celle de Jack, Nat, Charley, etc., voire un regard extérieur. Mais la lecture n'en est pas rendue difficile pour autant, et cette construction atypique offre au contraire une diversité de perspectives qui enrichissent beaucoup le récit, rédigé dans un style coulant, très agréable. J'ai beaucoup aimé ce livre, que j'ai lu d'une traite. J'ai trouvé que c'était un récit assez dérangeant. A priori, un doux dingue débarque dans la vie d'un couple ordinaire. Mais la distance et le détachement de Jack lui permettent de porter sur Fay, Charley et Nat un regard purement analytique, et par son intermédiaire, nous découvrons le vrai visage des personnages, leurs névroses, et le vernis craque. Le monde dans lequel ils évoluent est un univers tout simplement dément, et pourtant atrocement réaliste : les humains se torturent les uns les autres et se piègent eux-mêmes au gré des interférences de leurs existences. Pourtant, c'est un livre drôle, mais sans cynisme : les personnages eux-mêmes sont capables de percevoir leur situation avec une distance et un certain humour, et au final, Philippe K. Dick parvient toujours à insuffler une petite note d'optimisme qui nous permet d'espérer qu'il est possible, après tout, de s'en sortir, dans ce monde où les plus barjos ne sont pas forcément ceux que l'on croit...
Fanny LOMBARD

lundi 15 octobre 2007

L'empire des anges de Bernard Werber

Ce livre, suite des Tanathonautes, conserve son héros principal, Michaël, qui meurt et accède au paradis. Afin de passer le test, il est en charge de trois humains dont les destins sont étroitement liés. Là commence une quête tant pour l'ange Michaël que pour ses trois humains et on participe à une réflexion de ce qu'est la vie humaine. Les questions auxquelles va être confronté cet ange balancent entre l'envie d'influencer dans les moindres détails la vie des trois personnages dont il a la responsabilité et que l'on suit tout au long de leur vie depuis leur pré-naissance jusqu'à leur mort d'une part, et celle de les laisser libres-arbitres de leur propre vie.
Parallèlement, Michaël va tenter de comprendre le sens de ce qu'on lui demande et de trouver quelle est la phase supérieure à la sienne. Est-ce devenir un dieu ? Qui est au-dessus de lui ? Où est-ce que cela se trouve ? Accompagné de ses fidèles amis, il va prospecter quitte à laisser seuls ses humains. Werber nous emmène dans une histoire fantastico-philosophique où se mêle la dure réalité de la vie sur terre et les travers des hommes à une vie imaginaire hyper-structurée, quasiment mathématique de la vie de l'âme. Il n'est pas question de religion mais de spiritualité liée à des sentiments presque trop ingénus : rendre les hommes meilleurs. Malgré des longueurs, Werber s'amuse d'un côté à lier le sort des trois humains entre eux tout en explorant ses idées de l'après-vie. Il faut se laisser emporter par les mots et ne pas trop croire à une théorie philosophique qui, de toutes façons, trouve ses limites dans le fantastique. Les combats d'âmes perdues avec des anges, les degrés d'accès à franchir pour accéder à une certaine catégorie restent trop humains montrant bien qu'il s'agit d'une fable. Mais elle a le mérite de nous donner du recul sur nous même, sur les éventuels buts de notre vie. Doit-on faire un point sur ce que l'on est ? Les anges existent-ils ? Le hasard, les coïncidences ne seraient-elles que normalité ? A quel niveau se trouve la religion, nos propres croyances ? Je me suis laissé aller à réfléchir à ces questions, à maudire la bêtise humaine et nos propres limites. Si je devais résumer ce livre en une phrase (-message ?) A tenter de croire que l'on est tout, l'homme en a perdu son humilité.
Benjamin DUQUENNE

jeudi 11 octobre 2007

Stupeur et tremblements d'Amélie Nothomb

Amélie vient de finir ses études universitaires. Étant née et ayant vécu au Japon, elle décide d’y retourner afin de travailler comme interprète dans une grande firme du nom de Yumimoto. La jeune femme est fascinée par sa supérieure hiérarchique, une jeune femme magnifique du nom de Mori Fubuki.
Mais très vite ce rêve tourne au cauchemar. Amélie, se voit infliger des tâches qui ne sont pas à la hauteur de ses compétences, mais elle ne s’en plaint pas car tout ce qu’elle souhaitait c’était d’avoir un travail dans une entreprise au Japon. Néanmoins ses fréquentes initiatives sont régulièrement sujettes aux réprobations. Elle est la cible de Monsieur Omochi, le supérieur de Mademoiselle Fubuki, un homme au physique répugnant, qui aime crier et humilier ses employés, lorsqu’il ne passe pas son temps à manger et à boire. Le temps passe et notre héroïne doit faire face aux humiliations aux vexations qui se succèdent, même de la part de sa supérieure qu’elle admire, et la soumission s'installe. Face à cet acharnement, la jeune femme se plie à leurs exigences. Et c’est ainsi qu’Amélie en venant au pays du soleil levant avec l’ambition d’être interprète, se retrouve, au quarante quatrième, comme « dame pipi »,chez Yumimoto. J’ai beaucoup ri en lisant ce livre, je trouve que l’auteur a beaucoup d’humour et elle n’hésite pas à se moquer d’elle-même. J’avais entendu parler d’Amélie Nothomb mais j’étais sur mes gardes. Aussi, quand j’ai entrepris de lire ce livre, je pensais que j’allais m’ennuyer… je me suis alors penchée sur la biographie de l’auteur, à la fin de la lecture, et je comprends mieux maintenant sa facilité à raconter cette aventure avec tant d’humour. Á travers ce roman, nous apprenons aussi beaucoup de choses sur la culture Japonaise. Ainsi, on découvre que dès la plus tendre enfance, la femme du pays du soleil levant est conditionnée de manière à ce qu’elle se considère elle-même comme une moins que rien. Personnellement, j’ai été choquée car je ne m’attendais pas à cela. Toutefois il n’en reste pas moins que c’est un livre à mettre entre toutes les mains si vous voulez passer un bon moment sur un autre continent… Je vous conseille aussi fortement le dernier roman d’Amélie Nothomb : « Ni d’Eve, ni d’Adam », qui nous relate son histoire d’amour avec un jeune et beau japonais qu’elle a connu un an avant de travailler dans l’entreprise Yuminoto ainsi que « Geisha » qui traite de la place de la femme au Japon.
Marie Isabelle ALONSO CHEMINAL

mardi 9 octobre 2007

L'angoisse du gardien de but au moment du penalty de Peter Handke

Par une belle journée d’octobre, Bloch, monteur et ancien gardien de but de football est congédié. Du moins c’est ainsi qu’il interprète le regard de son contremaître en arrivant ce matin là à son travail. Par conséquent il va louer une chambre dans un hôtel et vagabonder durant la journée. Et puis, un dimanche soir, il suit Gerta T., la caissière du cinéma dans lequel il va habituellement. Cette dernière l’invite chez elle et au petit matin, après avoir passer la nuit ensemble, Bloch l’étrangle sans raison apparente sous le coup d’une pulsion.
De fait, Bloch part pour la campagne près de la frontière. Ce voyage l’entraînera vers des rencontres suivies de différentes réflexions sur l’existence, les objets, les gestes et attitudes de la vie quotidienne… J’ai été assez déçu par ce roman de Handke, - que je lisais pour la première fois - je l’ai trouvé sans saveur particulière et même…ennuyeux. Le personnage « délire » à propos de ce qui l’entoure, et donne une signification à tout et tous, qui ne me semble pas forcément cohérente. En résumé, il ne ferait pas bon habiter dans la tête de Bloch tellement cela est désordonné. D’un autre côté on y découvre, la vie à la campagne d’après-guerre en Allemagne ou en Autriche car à aucun instant il nous est possible de situer précisément le lieu du roman. Ce livre est écrit, par contre, avec des mots simples, peut se lire d’un trait (150 pages) et est composé d’un seul et unique chapitre.
Edouard RODRIGUEZ

vendredi 5 octobre 2007

Le gentleman florentin de Magdalen Nabb

L'adjudant Guarniccia, malade en cette veille de Noël, va devoir composer entre une violente grippe et la résolution du meurtre d'un diplomate Anglais, Langley Smithe et ce, juste avant de prendre le train pour sa Sicile natale. Heureusement pour lui, un jeune promu, le carabinieri Bacci, ainsi que deux agents de Scotland Yard, envoyés sur place pour préserver les intérêts anglais, vont l'aider à comprendre ce meurtre et confondre ses auteurs.
Le moins que l'on puisse dire c'est que ce Smithe est un solitaire et quelqu'un de pas clair. Solitaire au point de donner du fil à retordre à la police Florentine et pas clair au point que les agents du Yard n'auront pas de scrupules à enfoncer leur compatriote britannique. Partagée entre le tourment de l'adjudant obligé de laisser ses employés résoudre à sa place l'enquête, et ses cauchemars liés à la fièvre, l'histoire est somme toute banale. On y retrouve néanmoins toute l'ambiance italienne de la ville de Florence entre bruit, froid, commerces et commerçants qui en font une ville vivante. Toute son histoire aussi, entre le Ponte Vecchio et ses places. Et l'on n'échappe pas aux nombreux clichés notamment dans les relations communautaires entre anglais et italiens. Savamment dosée, l'enquête avance bien, avec de multiples rebondissements. On est en revanche assez perdu dans la hiérarchie qui compose la police Florentine, dans les traductions ou les réels dialogues entre italiens et anglais, on ne sait plus trop qui s'exprime. Mais cette enquête se laisse lire, et file sans mots superflus, sans longueurs. Presque un huis clos dans une grosse demeure occupée par des habitants peu curieux les uns et des autres. Heureusement, les commérages demeurent ! J'ai eu globalement du mal à entrer dans le livre pour les raisons évoquées plus haut. Les cauchemars décrits sont un peu trop répétitifs sans intérêt majeur dans la résolution de l'histoire. Mais l'univers, assez original a réussi à me transporter en Italie et à participer à l'enquête. Une bonne surprise donc.
Benjamin DUQUENNE

jeudi 4 octobre 2007

Visage volé de Latifa

Un récit triste et bouleversant de cette jeune Afghane, qui nous raconte sa vie quotidienne à Kaboul, celle de sa famille et des « Kaboulis » en général, depuis la prise de pouvoir des talibans dans cette grande ville le 27 septembre 1996 (elle avait alors 16 ans) jusqu’en 2001. Cette année-là, avec l’aide des journalistes français, elle était parvenue à quitter clandestinement son pays accompagnée de ses parents pour se rendre en France afin d’apporter un témoignage sérieux sur les conditions terribles de la vie des femmes afghanes.
Elle nous rapporte des faits bien dramatiques qui s’étaient produits là-bas dans son pays. Sous la domination des soviétiques, Latifa avait grandi sous les tirs des roquettes. Mais l’existence était devenue pire depuis l’arrivée des talibans dans Kaboul. Elle vivait quasiment recluse, enfermée chez elle, car il était dangereux pour une femme de sortir, et restait ainsi auprès de sa famille, dont sa mère, gynécologue de métier, ne pouvait malheureusement plus exercer sa profession : il était interdit aux Afghanes de travailler. En effet, les talibans imposaient immédiatement des décrets arbitraires aux femmes comme par exemple l’obligation de porter le tchadri, l’interdiction de consulter un médecin homme, de parler dans la rue, ou encore de se maquiller,… la liste est encore longue… Celles qui ne respectaient pas ces nouvelles règles étaient sévèrement châtiées. Il est impossible de demeurer impassible en lisant une histoire aussi horrible et injuste. J’ai ressenti beaucoup de peine pour ces Afghanes qui souffraient tant, vivaient pour ainsi dire prisonnières dans leur propre pays. C’est tellement incompréhensible de constater des comportements aussi barbares ; à croire que ces talibans cherchaient à neutraliser définitivement ces femmes qu’ils considéraient comme pas grande chose. J’éprouve de la colère envers ces hommes. Après la lecture de ce récit tragique, je réalise une fois de plus combien j’ai de la chance de vivre dans un pays tel que la France, une nation dans laquelle les droits de l’Homme (et de la Femme) sont respectés. Enfant, j’ai été réfugiée politique et la France m’a gracieusement accueillie, je saisis encore mieux cette notion de Liberté. Ngan Dai BUI

mercredi 3 octobre 2007

La cinquième femme de Henning Mankell

Algérie, 1993. Des intégristes musulmans pénètrent en pleine nuit dans une maison occupée par des religieuses françaises, et les égorgent. Découvrant une cinquième femme, ils la tuent également. Quelques mois après, une Suédoise reçoit une lettre l'informant du sort de cette cinquième victime, sa mère... Un an plus tard, en Suède, un octogénaire, ornithologue et poète amateur, est retrouvé empalé dans un fossé sur des pieux acérés. Le commissaire Wallander est chargé de l'enquête. Mais il n'est pas au bout de ses peines : alors qu'il est déjà difficile de cerner la personnalité de la première victime, un homme est retrouvé étranglé, ligoté à un arbre après avoir été affamé... Pour le commissaire Wallander, aucun doute : la cruauté sadique et la perversité de ces deux meurtres indiquent qu'il s'agit d'un seul et même tueur. Mais pourquoi une telle violence ? Quel est le mobile ? Et surtout, comment l'arrêter ? Ce roman policier est remarquable, et il n'y a aucun temps mort au fil des 600 pages. Dans un style clair et direct, l'auteur nous conduit à travers l'enquête aux côtés du commissaire Wallander. Il y a peu de place pour la vie privée du héros, reléguée au second plan face à l'urgence de l'investigation. On est pris par le récit, et on ressent l'ambiance d'une enquête de police vue de l'intérieur. Le prologue du roman et quelques intermèdes nous donnent des indications sur la personnalité du meurtrier sans que tout ne soit révélé, et ce roman s'apparente un peu à un puzzle : Henning Mankell nous en livre petit à petit les pièces, mais jusqu'au dernier moment, il est difficile de les emboîter les unes dans les autres et d'avoir une vue d'ensemble. Pas une ligne de trop dans ce roman, le dernier chapitre levant le voile sur les motivations d'un assassin particulièrement cruel. En conclusion, j'ai beaucoup aimé ce livre pour la narration elle-même, mais surtout pour l'ambiance que l'auteur installe en ancrant son récit géographiquement, historiquement et socialement, sans pour autant accumuler les clichés. Les couleurs sont ternes, il fait froid, l'ambiance est plombée, et le cadre est d'autant plus déprimant que la société suédoise part à vau-l'eau, loin du fameux "modèle" cité en exemple... Si cette critique reflète le point de vue de l'auteur, elle m'a néanmoins permis d'entrevoir une réalité suédoise bien éloignée des stéréotypes. Tout cela fait d'un roman policier déjà excellent un récit aux accents inédits, intéressant à bien des niveaux.
Fanny LOMBARD

mardi 2 octobre 2007

Des souris et des hommes de John Steinbeck

George et Lenny se rendent dans un ranch où ils ont trouvé du travail. George, c’est le plus petit des deux et la tête pensante. Lenny, lui, est un géant à la force incommensurable. En soi, ce n’est pas un mauvais bougre seulement un simple d’esprit qui n’a donc pas toujours conscience des actes qu’il commet. Alors, forcément, il attire les ennuis et George et lui sont toujours obligés de fuir. Le rêve de ces deux hommes, c’est de s’offrir une ferme et d’élever des lapins - Lenny adore les lapins -. Mais pour concrétiser leur projet, ils ont besoin d’argent et ce nouvel emploi d’ouvrier agricole est une aubaine. Là-bas, ils vont y faire la connaissance de Candy, un vieil homme à qui il manque un bras et qui est tout juste bon à balayer ; de Crooks, un palefrenier noir qui loge à l’écart de ses compagnons blancs ; de Curley, le fils du patron marié à une jolie femme provocante qui aurait aimé devenir actrice. Et puis un jour… c’est le drame et tout bascule. Le roman « Des souris et des hommes » se situe juste après la Grande Dépression des années 30. C’est avec des mots tout simples, sans fioriture que Steinbeck évoque cette Amérique rurale pauvre et qu’il nous dresse une galerie de portraits de personnages plus paumés les uns que les autres. C’est vrai qu’ils ont tous l’air pathétique dans leur misérable vie, que j’ai eu envie de m’apitoyer sur leur sort mais quelque part, je me suis senti attendrie, touchée et je me suis mise à rêver avec eux, à espérer jusqu’à cet évènement tragique qui nous ramène cruellement à la réalité et cette fin si bouleversante que je ne pouvais être qu’émue aux larmes. Ce que j’ai aussi particulièrement apprécié dans ce court roman c’est cette façon qu’a l’auteur d’aborder des thèmes comme le racisme, la différence, l’amitié tout en nuances, sous-entendus ou non-dits.
Marlène EVEN

lundi 1 octobre 2007

Le marchand de mort de C.L Grace

Kathryn Swinbrooke, à la fois médecin et enquêtrice va se voir confrontée d'un côté à un triple meurtre et de l'autre, à celui d'un marchand dans une taverne un peu excentrée de la grande ville de Cantorbéry. Grâce à l'aide de Murtagh, commissaire du roi et devenu son ami, elle va chercher, interroger et remuer ciel et terre pour comprendre l'inexplicable. Le froid, la neige et les témoins pour le moins étranges ne vont pas lui faciliter la tâche rendue ardue par une sorte de mysticisme ambiant qui remonte du vieux vieux temps.
Contrairement à beaucoup d'enquête écrites dans une époque moyennageuse, l'histoire est enlevée et cette double (enquête)énigme permet au livre de ne pas s'enliser dans des mystères profonds où pourraient s'enterrer le lecteur. Les personnages sont décrits de telle manière qu'on a l'impression d'assister à des tableaux. Les scènes défilent sous le paysage enneigé, dans l'ambiance d'une ville cloitrée pour cause de mauvais temps et d'un froid dur. Coutumier de ce genre d'histoire, C.L. Grace - Alias Paul Doherty – n'en est donc pas à son coup d'essai et il poursuit dans ce roman, l'histoire de son docteur favori. On y retrouve une ambiance et des personnages familiers mais qui ont su évoluer au fur et à mesure des romans. Chaque protagoniste vit, dans le présent avec ses secrets et son passé. Ils resurgissent de temps en temps, sans s'imposer ce qui permet de se lier à l'histoire, à mieux l’appréhender. On connaît ou non ce que l'un ou l'autre a vécu mais on comprend comment l'événement qui vient d'arriver peut influer sur les sentiments de chacun. Les relations entre les personnages sont fouillées, suffisamment floues pour nous permettre de les imaginer évoluer comme on aimerait. En bref, j'ai beaucoup aimé et je m'apprête à lire les autres. A lire toutefois avec modération, les enquêtes pêchant un peu par leur simplicité et leur conclusion. Benjamin DUQUENNE

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