mercredi 30 novembre 2011

La trahison de l'ange d'Eve De Castro


Le grand reporter d’origine rwandaise Nathaniel Ndouala, passionné de Mah-Jong, choisit de se voir révéler une info capitale plutôt que d’empocher son gain de 30 000 dollars. Son mystérieux partenaire de jeu, l’Ange, ne lui révèle alors que l’identité d’une jeune femme : Julie Osmond.  C’est le tout premier pas sur la piste qui doit, selon lui,  mener Nat à éclairer la « face sombre » cachée du 11 septembre. Autre lieu, Lancelot, emprisonné et torturé pendant toute une période, entame une longue confession. Lui a été pris, piégé, tandis que le Faon son compagnon s’est échappé. L’homme ne souhaite qu’une chose en échange de ses confidences : préserver sa sœur Julie Osmond, qui a accouché récemment, de celui qui l’a trahi. Mais  Julie a déjà rencontré le Faon…
Ce thriller est construit de façon très originale. Chaque chapitre débute par la retranscription d’une Sourate du Coran. Puis il met en scène un des personnages principaux, avec un ton différent pour chacun.  Un peu déstabilisé au début, d’autant que l’histoire est volontairement plus ou moins opaque, le lecteur s’accoutume rapidement au procédé. Progressivement, l’enchaînement des faits qui ont conduit à telle ou telle situation se dévoile. Il faut cependant rester bien concentré : le récit est dense, il ne s’aborde pas à la légère entre 2 stations de métro. Et il ne faut pas moins de 460 pages pour arriver au dénouement.
Ce livre est sans conteste différent des autres romans à suspense, tant pas le sujet et le plan machiavélique qui y est révélé. Assez complexe, certain lecteurs seront peut-être tentés de décrocher avant la fin. Mais il vaut pourtant la peine d’être lu jusqu’au bout !


Sophie HERAULT

lundi 28 novembre 2011

Le docteur Ox de Jules Verne


Une fantaisie du docteur OX :

Quiquendone est une bourgade inhabituelle des Flandres occidentales qui n’existe sur aucune carte. Depuis des centaines d’années elle est habitée par des personnes et des animaux très calmes, très paisible, trop peut-être pour que ce soit normal. Van Tricasse, dirige cette ville sans jamais prendre de décision, d’ailleurs pour lui « l’homme qui meurt sans s’être jamais décidé à rien pendant sa vie est bien près d’avoir atteint la perfection ». Ce petit village où les gens prennent leur temps (il faut compter au moins une décennie avant de se marier), où l’agent de police doit faire rêver nos policiers d’aujourd’hui puisqu’il est au chômage technique, et oui personne ne commet de délit, personne ne se bagarre ni même ne se dispute, la famille Van Tricasse suit un invariable schéma familial,Le village voit arriver un nouvel habitant : le docteur Ox qui se propose d’offrir au village un système de lumière au gaz oxyhidrique, à l’aide de son assistant Ygène. Ils se servent des conduits déjà existants afin de mettre sur pied une expérience « pour le bien de la population ». Le mouvement, les paroles, l’excitation, les humeurs, les points de vue politiques prennent place, à tel point que le spectacle d’une durée habituelle de 6 heures sera expédiée en 18 minutes et une querelle vieille de plusieurs centaines d’années refera surface et préparera les habitants à la guerre inévitable ! Que se passe-t-il donc dans ce village ?
 Cette nouvelle est très divertissante, elle se lit rapidement, on retrouve inévitablement le langage soutenu de Jules Verne. Elle est pleine d’humour sur fond d’oxygène dirigée par Ox (le docteur) et Ygène (l’assistant) dans un pays symbole de placidité (la Belgique). Outre l’histoire d’un savant fou, j’ai apprécié la description d’un ordre établi qui se trouve être perverti par un seul homme qui s’extasie de l’excitation de la population (les hommes, les animaux mais aussi la végétation). Cet homme extraordinaire qu’était Jules Verne pense à tout !! Je suppose qu’il n’oublie pas son but non plus : nous montrer que l’usage détourné de la science est à surveiller, et ne pas se laisser porter par le progrès sans prendre garde aux effets néfastes éventuels.
 Maître Zacharius ou l’horloger qui avait perdu son âme est un conte fantastique.
Horloger orgueilleux à Genève, Zacharius a tout consacré à sa profession et sa notoriété est immense,car il a apporté des innovations déterminantes, dont l'échappement (un balancier qui régularise les oscillations). De cette invention date la naissance de la véritable horlogerie et il en retire plus qu'une légitime fierté. Convaincu d'avoir percé les secrets de l'union de l'âme et du corps, il va jusqu'à prétendre avoir " créé le temps, si Dieu a créé l'éternité ".
Subitement, les montres qu'il a fabriquées s'arrêtent sans recours.L'horloger en perd la raison, se ruine à les racheter pour maintenir sa réputation. Malgré le soutien de sa fille Gérande, fiancée à son ouvrier Aubert, sa santé se dégrade.Apparaît alors un être étrange, qui lui propose un pacte diabolique. L'amour du travail bien fait (c’est ce qu’éprouve maître Zacharius pour son métier d’horloger). Ce conte fantastique très sombre annonce, par la place centrale qu'il accorde déjà à la science et à la figure du savant, les grands romans à venir. Il raconte ici le rendez-vous tragique de l'homme avec lui-même, les amours impossibles.
 Un hivernage dans les glaces :Un bateau revient au port avec plusieurs marins manquant ainsi que le capitaine après un sauvetage raté. Un père refuse de croire à la mort de son fils et part à sa recherche dans le grand Nord. Il arme son navire, La Jeune-Hardie, et part affronter les nombreux dangers d'une mer glaciale et d'une terre hostile, à une époque où explorer l'Arctique est un défi réservé à quelques aventuriers téméraires ! La fiancée sera du voyage.Equipés de manteaux de fourrures et de traineaux à chiens, les personnages devront, comme le titre de la nouvelle l'indique, passer l'hiver emprisonnés dans les glaces. Mais à bord du navire, le second tombe amoureux de la jeune fille suite à la position d'unique héritière de celle-ci. Il fera tout pour éviter de retrouver le capitaine. Et si le plus grand péril venait davantage de la traîtrise des hommes que d'une nature aux forces pourtant redoutables ? Ce court récit aborde le thème de la recherche de l'être aimé, la lutte pour la survie dans les milieux extrêmes et la traîtrise.

Un drame dans les airs: Au moment de partir pour une courte balade en ballon, un intrus se précipite dans la nacelle du personnage et l'oblige à lâcher du lest pour s'élever plus haut et plus loin que ce qu'il escomptait. L'intrus profite du voyage pour raconter longuement l'histoire des incidents reliés à l'épopée des plus légers que l'air. Ce roman traite de l'aérostation ainsi que la folie.
Ces 4 nouvelles sont toutes différentes . Elles se lisent rapidement. J'ai passé un bon moment avec chacun des personnages, chaque fois attachants. On retrouve l'univers de Jules Verne avec ses jeux de mots et son langage soutenu.


Sabrina LE BOUCHER

samedi 26 novembre 2011

De l'autre côté du lit d'Alix Girod de l'Ain


Ariane vend des bijoux à mi-temps et s'occupe de deux enfants ainsi que de la maison le reste de la journée. Hugo, son mari, dirige une société de location de matériel de bricolage, il part tôt et rentre tard. Chacun de leur côté, ils commencent à s'ennuyer et souhaitent du changement. Pour cela, il leur suffit d'échanger leurs vies ! Chacun passe de l'autre côté du lit, mais en échangeant les jobs, on échange aussi le caractère !
L'histoire est vraiment originale, jouant sur les clichés des rôles de chacun au sein du couple, le roman est vraiment drôle. Les personnages sont assez naturels, ils cherchent à s'épanouir tout en conservant leur couple. Les personnages secondaires sont également intéressants, suffisamment détaillés pour être crédibles mais sans voler la vedette à nos héros.
La narration est également originale. Chaque chapitre représente un mois de l'expérience « échange de vie » supposée durer 10 mois. La narration passe du point de vue d'Ariane à celle d'Hugo de manière asse claire, on ne se perd pas en le lisant. J'ai beaucoup apprécié le compte rendu de leur coach à chaque fin de chapitre pour résumer le mois passé, cette petite touche apporte un point de vue externe et plus sérieuse. Il faut avouer que le reste du roman ne l'est pas trop, sérieux, l'auteure ne mâche pas ses mots, sans tomber dans le vulgaire, le registre est familier, très naturel là aussi.
Le point négatif, le rythme. Le début est assez long, au bout d'un tiers du roman, l'histoire se met vraiment en place et devient plus intéressante. Si la suite s'accélère, la fin pour le coup arrive très vite.
Une agréable découverte donc, une histoire originale et très bien écrite. Je lirais les autres livres d'Alix Girod de l'Ain avec plaisir !


Gwenola THEVENON

jeudi 24 novembre 2011

Le grand voyage de Jorge Semprun


Difficile de résumer une œuvre si réaliste. L’auteur, car ce récit est autobiographique, se trouve dans un wagon de marchandises qui l’emmène vers Buchenwald avec une centaine d’autres compagnons.
Durant ce voyage de cinq jours, Jorge Semprun nous transporte dans les événements de sa vie. La guerre civile en Espagne, la Résistance, la Libération et aussi le retour toujours très difficile à une vie normale.
Ce livre est quasiment un manuel d’histoire. L’auteur ne cache absolument rien sur ce qu’a été cette période de l’humanité. Mise à mort arbitraire, dénonciations, héroïsme et courage.
Le récit est fait de va et vient dans le temps mais à aucun moment je m’y suis perdu. A chaque changement de période, l’auteur nous fait faire un long passage
obligatoire par le wagon et de fait nous ressentons de manière intense et précise avec des mots simples ce qui se passe à l’intérieur car bien entendu l’axe essentiel est cette promiscuité.
La description de la déportation est terrible d’authenticité, très bien imagée. Il y a ceux qui n’arriveront jamais, ceux qui pensent être arrivés dès que le train ralentit, ceux qui espèrent et pour finir ceux qui savent où ils vont.
J’ai aimé plusieurs passages et bien des personnages de cette histoire.
Les personnages les plus touchants sont « le gars de Sémur » qui accompagne Jorge dans ce maudit wagon, la sentinelle allemande de la prison et ce dialogue
surréaliste, Hans le juif-allemand.
Il est clair que ce livre est un hommage vibrant à ceux qui sont morts dans ce wagon et en même un message de paix pour les générations à venir.
Je n’avais jamais lu un livre qui retrace la « vie » dans un wagon de déportés et j’ai été vraiment saisi par cette œuvre.


Edouard RODRIGUEZ

mardi 22 novembre 2011

La télévision d'Alain Le Diberder


Il nous raconte de manière très technique la télévision, l’évolution à partir du modèle américain, les droits de retransmissions, les différents financements, le système de réception chez le téléspectateur…
Malgré ces parties un peu complexes, nous avons quelques informations très intéressantes sur les trois types de systèmes télévisuels et leurs modes de diffusion, dans le choix des chaînes pour la course à l’audience. Il fait la comparaison avec les autres télévisions du monde, notamment européennes et américaines. Ce livre veut montrer aussi que la télévision n’est pas qu’un plateau de vedettes, mais aussi une entreprise comme les autres. Et ensuite, il essaie d’anticiper l’évolution de ce média.
Ce livre à quelques aspects passionnants mais le reste est assez complexe car il y a beaucoup de détails techniques concernant le réseau. Au final, au lieu de l’appeler « la télévision » je l’aurais nommé « l’économie de la télévision » ou « la gestion du système de télévision ».
Ce livre est divisé en chapitres et sous chapitres courts et émaillés de tableaux, schémas et graphiques.
Même si les thèmes sont parfois très « professionnels », et les phrases longues, le style reste facile à lire.
Je conseille ce livre, à tous ceux qu’ils veulent vraiment connaître les dessous de la télévision et sa partie économique.  


Hélène SALVETAT

dimanche 20 novembre 2011

Un billet de loterie de Jules Verne


Le billet de loterie est un roman de Jules Verne édité en 1886. L'histoire se déroule en Norvège, dans le comté de Telemark.Tout semble aller pour le mieux dans l’auberge de Dal, au cœur des montagnes norvégiennes, chez les Hansen.La famille est composée de Dame Hansen,Hulda et de Joël. Les deux femmes (la mère et la fille) s'occupent de l'auberge où elles accueillent généralement des touristes. Joël,lui est guide de montagne. Hulda a 18 ans, elle se fiance à Ole Kamp qui a 23 ans et est marin. Ole choisit de faire une dernière campagne de pêche au large de Terre Neuve qui, il l'espère, lui permettra de gagner suffisamment pour offrir un beau mariage à Hulda à son retour.
Hulda attend avec impatience des nouvelles de son bien aimé par courrier. Le temps lui parait long. Les jours passent et Ole ne revient toujours pas. Lors d'une escapade en montagne, Hulda et son frère sauvent le député Sylvius Hog d'une noyade dans la rivière Rjukan. Le professeur député restera quelques temps à l'auberge le temps de remettre de ses blessures.
Hulda perd tout espoir de le revoir lorsqu'elle reçoit un message qui lui fait part du naufrage auquel il est joint un billet de loterie qu'il avait laissé dans une bouteille jetée à l'eau au moment du naufrage. La loterie ne sera tirée que quelques mois plus tard.
La mère de Hulda a d'énormes dettes auprès du très antipathique Sandgoïst. Le billet de loterie prend une énorme valeur financière. La fiancée est partagée entre le désir de garder la dernière trace de son bien-aimé et le désir d'aider sa mère.
Lors du tirage de la loterie, une surprise attend nos personnages.
On retrouve dans ce roman, les caractéristiques des romans de Jules Verne, c'est à dire un langage soutenu, une histoire qui finit bien et les jeux de mots sur les noms. Il transforme le personnage en "méchant", en ajoutant un tréma sur son nom, pour que celui-ci rime avec égoïste. Dans ce roman l'auteur s'intéresse à ceux qui restent à terre, aux destinées de deux dames infortunées, en faisant de son histoire un roman d'amour (l'amour de Hulda pour Ole Kamp) et de haine (celle de Dame Hansen envers l'infâme usurier) sans trop plonger dans le mélodrame, grâce à la bonne humeur et l'optimisme du député Hog. Peut-être trouvera-t-on quelque peu étonnant que ce numéro 9672, sur lequel l'attention avait été si vivement attirée, fût précisément sorti au tirage du gros lot.
Oui, on en conviendra, c'est étonnant, mais ce n'était pas impossible.
Ce billet de loterie vernien mérite qu'on s'y intéresse, surtout si on est déjà amateur de l'univers de ce brave homme !


Sabrina LE BOUCHER

vendredi 18 novembre 2011

Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine de Joël Schmidt


Comme la plupart des gens, vous connaissez Zeus, Athéna ou Poséidon, leur fonction, leurs attributs. La guerre de Troie, l'Odyssée d'Ulysse ou les aventures de Thésée vous sont familières. Mais faites-vous la différence entre Eros et Cupidon ? Pouvez-vous définir ce qu'est un Héros ? Connaissez-vous l'origine de la corne d'abondance, du Dieu Dyonisos ? Qu'est-il advenu d'Ariane, abandonnée par Thésée après sa lutte avec le minotaure ? Saviez-vous qu'un mythe du déluge existait dans la mythologie Grecque ? Pourquoi Sisyphe a-t-il été condamé à pousser indéfiniment le même rocher, ou Cassandre maudite par Apollon ? Qui a lié le noeud Gordien ? Autant de questions, et bien plus encore, auxquelles répond ce dictionnaire.

Ecrit par Joël Schmidt, éminent spécialiste de l'Antiquité, ce dictionnaire très complet rassemble, de "Abas" à "Zodiaque", les légendes et figures mythologiques grecques et romaines. L'auteur s'est attaché à un récit brut, présentant les différentes versions relatées par les textes, sans s'embarrasser d'analyse ou d'interprétation symbolique. Agrémenté d'une multitude d'illustrations et rédigé dans un langage simple et agréable, il se lit presque comme une succession d'histoires, de façon linéaire ou au gré des pages, chaque nom renvoyant souvent à d'autres entrées qui permettent d'approfondir le sujet. Sans doute est-ce le seul point faible du livre : c'est au lecteur de chercher son chemin au milieu des articles, aucun renvoi ou aucune source n'étant clairement indiqué.
Passionnée par l'Antiquité, je me suis régalée avec cet ouvrage, que j'ai lu de bout en bout, comme un recueil de nouvelles - avant d'y revenir pour picorer ça et là. Je suis ravie de voir que je savais déjà pas mal de choses, enchantée d'en avoir appris de nouvelles, et et j'ai parfois été surprise... Ainsi ai-je découvert les Dieux Terminus, Fraude et... Lucifer ! Je me suis plongée avec délice dans les histoires de ces divinités antiques, humaines et passionnées, de ces héros et de ces nymphes dont les aventures ont une valeur universelle tant leurs sentiments les rendent proches de nous. Un éclairage bienvenu pour comprendre notre propre civilisation, qui doit tant aux mythes Grecs et Romains. Mais pas seulement : je sais désormais pourquoi mon oncle avait baptisé sa tortue Atalante ! Preuve que la mythologie mène à tout...



Fanny LOMBARD

mercredi 16 novembre 2011

Brazzaville plage de William Boyd


Hope CLEARWATER est une jeune éthologue anglaise, qui vient de soutenir brillamment sa thèse: "Dominance et territoire: rapports et structure sociale." et qui part au Congo dans un centre de primatologie pour étudier les chimpanzés et se noyer dans le travail pour oublier un mariage qui fait naufrage.Elle nous embarque pour l'Afrique comme le fit le Beagle de Darwin pour les Galapagos.
Il ne s'agit pas de l'Afrique qui fait rêver mais de conditions climatiques difficiles et des bestioles, de la transpiration, de la chaleur, des privations et de la menace pesante de la guerre civile alentour.
Hope découvre des horreurs sur les chimpanzés: leur grande violence,leurs infanticides, leur cannibalisme, leurs stratégies d'accouplement et de conquête de territoire, leur goût du meurtre et la joie de faire souffrir.En même temps Hope relate les mesquineries entre collègues, les tactiques amoureuses, les alliances, les revirements de situations, les professeurs, très imbus de préséance, qui utilisent les découvertes de leurs élèves pour publier et se mettre en valeur et leur grande fragilité psychique.
Le parallèle que l'auteur établit subrepticement entre la société des hommes et celle des chimpanzés est terriblement cruel ou tout simplement clinique et devant tant de sauvagerie l'on ne sait plus si c'est l'homme qui descend du singe ou l'inverse, le constat est misanthrope et zoophobe.
Les réminiscences de Hope: son cursus universitaire, son mariage avec un mathématicien, ses relations universitaires, leurs manies et leurs marottes m'ont lassé, j'ai failli en rester là et renoncer à la lecture mais son divorce et sa fuite en Afrique ont relancé l'aventure. La tension dramatique va crescendo jusqu'au dénouement final.
La bibliographie de l'auteur apparaît en filigrane: Darwin, René Girard et le désir mimétique(l'éthologie et le mécanisme victimaire), Von Neumann, Morgenstern et la théorie des jeux, Alfred Teller( un des pères de la bombe A et de la bombe thermonucléaire) et sa volonté de mettre en équations la météorologie, Joseph Conrad "au coeur des ténèbres", Karl Popper et le darwinisme comme programme de recherche métaphysique.Ses sources d'inspiration sont très intellos, très universitaires voire théologiques: William BOYD et le mystère de l'iniquité chez l'Homme et chez l'Animal.L'auteur a enseigné à Oxford...Ca dérange et ça fait réfléchir.


Gwenael CONAN

lundi 14 novembre 2011

Jusqu'aux yeux de Zoë Barnes


Mel, 25 ans est célibataire depuis que son petit-ami l'a quittée pour sa colocataire. Ambitieuse, sa place de responsable du rayon prêt à porter masculin d'un grand magasin de Londres lui convient, mais quand une opportunité se présente, elle saute dessus et travaille encore plus. Quand elle apprend sa grossesse, elle, une working-girl célibataire, que faire ? Et si c'était un nouveau défi pour la jeune femme ?
Vous l'aurez compris, voici une histoire pour les femmes ! Mél est un personnage sympathique, qui voit cet imprévu comme un défi, et qui se sent perdu au milieu des « mères normales ». Elle vit sa grossesse avec beaucoup d'auto-dérision et d'humour. Au fur et à mesure, elle apprend à aimer son enfant et devient vraiment touchante. Les personnages secondaires, pour la plupart sont beaucoup moins intéressants, et assez peu travaillés par l'auteur; à l'exception de Mandy, jeune fille de 18 ans dont le petit-ami est en prison. Mandy est très surprenante et détruit beaucoup d'idée préconçues, elle est mon personnage préféré de ce livre, et je pense qu'il mérite d'être lu, juste grâce à elle !
Concernant le style de l'auteur, c'est assez drôle, plusieurs passages, notamment ceux avec Mandy méritent même un éclat de rire ! Pour la narration, la plupart du livre est vu du point de vue de Mél, mais parfois le sujet change et on suit un autre personnage sur quelques paragraphes. De mon point de vue ça n'apporte pas grand chose, mais ce n'est pas vraiment gênant non plus.
En résumé, pour une fois qu'un livre aborde la grossesse avec humour, on ne va pas bouder notre plaisir à la lire ! Si en plus il est assez bien écrit et les personnages sont sympathiques, autant sauter dessus !


Gwenola THEVENON

samedi 12 novembre 2011

Le thé chez la comtesse de Marie Gagarine


L’auteur Marie Gagarine, qui n’est autre que la mère de la comédienne Macha Méril, signe là, le 2e tome de sa vie. Après « Blonds étaient les blés d’Ukraine » voici le « Thé chez la comtesse ». C’est un livre en deux parties distinctes :
Une première partie, courte, intitulée aussi « Le thé chez la Comtesse » où l’on rencontre des « déracinés » comme elle, qu’elle a invités à boire le thé, dans son appartement, à Paris, tout en parlant du « bon vieux temps ».
On y rencontre des personnes originales ou farfelues qui racontent leurs souvenirs.
Puis une seconde partie, intitulée « Les bonbons amers », divisée en plusieurs sous parties, où elle revient en arrière pour raconter plus précisément, sa vie à partir du moment où elle quitte le Maroc pour s’installer à Paris.
Après avoir déménagé souvent, elle s’installe donc, en France. Fuyant le bolchévisme, elle se retrouve dans les années 50 dans notre capitale, sans métier, veuve et avec trois filles à élever. Elle y raconte ses peines, ses problèmes et ses joies, mais toujours avec humour et nostalgie.
Au centre du livre, on trouve des photos réelles et expliquées, d’elle, de son mari et de ses enfants.
J’ai bien aimé ce livre, car c’est une biographie originale qui relate une partie de la vie de l’auteur, mais aussi parfois, on y trouve quelques précisions sur l’histoire du l’Ukraine.
Le style est léger, humoristique et agréable. On passe un bon moment dans un monde différent du nôtre.
Faites comme moi, invitez-vous chez la Comtesse, pour passer un moment de détente mais aussi pour s’instruire sur la vie pas toujours rose, d’une aristocrate Ukrainienne exilée.


Hélène SALVETAT

jeudi 10 novembre 2011

Grace, les vies secrètes d'une princesse de James Spada


Waouh…quelle vie, quelle femme ! Ceci a été ma première réaction après la lecture de cette biographie que j’ai quasiment dévorée.
Grace, les vies secrètes d’une princesse est l’histoire de Grace Kelly, une femme magnifique, actrice hollywoodienne puis qui est devenue par la suite Princesse Grace de Monaco en épousant le Prince Rainier.
Loin de raconter un conte de fées comme on pourrait se l’imaginer, ce livre retrace la véritable vie de Grace Kelly, son éducation, ses amours, son humanité, ses choix, ses angoisses, sa solitude, etc.
La biographie est composée de quatre parties. « La naissance d’une star » englobe son enfance, son adolescence au sein d’une famille très puritaine pour laquelle les apparences comptent plus que tout, ainsi que la montée de sa vocation théâtrale jusqu’à ses premiers pas à Hollywood, sans oublier l’ensemble de ses frasques sentimentales pour des hommes toujours plus âgés. La seconde partie « Les années Hollywood » retrace sa carrière cinématographique, ses relations avec les médias, ses rencontres, Hitchcock, et encore une fois l’histoire de ses nombreuses relations amoureuses. En troisième point « Grace, princesse de Monaco », son mariage, sa vie au sein de la principauté, ses difficultés d’adaptation, sa solitude. Enfin « La dame solitaire de Monaco », quatrième et dernière partie évoque son mal-être, ses difficultés de communication avec ses filles, ses occupations pour parer à un ennui toujours plus pesant et pour finir les circonstances de sa mort tragique en 1982 à l’âge de 53 ans dans un accident de voiture.
Ce livre m’a beaucoup plu, outre le côté paillette et vie de princesse, c’est l’histoire d’une jeune fille blessée par son père auprès duquel elle a tenté en vain d’acquérir un minimum de reconnaissance tout au long de sa vie. C’est l’histoire d’une femme aux relations amoureuses multiples et instables, qui se cherche. C’est l’histoire d’une princesse qui fera de gros sacrifices et dont le plus grand regret sera l’abandon de sa carrière au cinéma. Et enfin c’est l’histoire d’une mère présente, d’une épouse fidèle, d’une femme émouvante et terriblement humaine.
A lire donc ! James Spada a vraiment fait un travail remarquable, il parle de Grace Kelly telle qu’elle l’était vraiment, il n’a pas cherché à en faire un mythe, une femme parfaite. Il agrémente son texte de morceaux de phrases, de témoignages des proches de la princesse ce qui rend cette biographie vivante.


Émeline MICHAUT

mardi 8 novembre 2011

Soleil levant de Michael Crichton


Avis à ceux qui ne jurent que par le Japon et sa culture, ce roman risque de froisser certaines idées reçues et de manière plutôt drastique, mieux vaut en convenir dès le départ. Pour les japonais « faire des affaires c'est faire la guerre ». Et à la guerre tous les coups sont permis. La fiction de Michael Crichton parle de l'envahissement irrépressible que les grands groupes japonais ont pu exercer sur l'économie, sur le monde de l'éducation, de même que sur le monde de la politique américaine. Les règles du jeu n'étant pas les mêmes pour les forces en présence, tous les rapports s'en trouvent d'autant fortement biaisés.
Ceci se tenant en toile de fond, l'action est menée rondement, un vrai film, par l'auteur qui en profite pour donner aussi le son de cloche des asiatiques par la bouche de John Connor, un ex-policier, plus ou moins barbouze autrefois, devenu retraité toujours disponible pour des missions ciblées nécessitant des connaissances fouillées de ce que l'on pourrait appeler « l'âme japonaise »...
D'entrée de jeu on se dit que ce roman ne doit rien au « politiquement correct ». Selon l'auteur les japonais sont les plus racistes de la planète, ce qui les portent à être convaincus que tout le monde autour l'est tout autant qu'eux... Bien sûr en cours de récit cette opinion est un tant soit peu nuancée par une lecture plus ouverte des points de vue.
Une chose est certaine, on entre dans ce roman comme si on se posait sur des rails... l'histoire suit son cours et le plus difficile reste d'interrompre la lecture avant de savoir le fin mot de tout cela. Excellent roman que je recommande chaudement. Et ce n'est certainement pas le dernier Crichton que je lis...


Michel Maurice FORTIN

dimanche 6 novembre 2011

Un début à Paris de Philippe Labro


Ce livre continue la saga auto- biographique de Philippe Labro. Cette fois –ci nous sommes dans le milieu de la presse et dans le Paris des années cinquante.
Philippe a vingt ans et une foi incroyable dans le métier qu’il veut faire. Il a la chance avec lui, son premier interview sera celui de Blaise Cendrars qui lui donnera un conseil précieux pour réussir dans le métier de reporter « restez près de la vie ».
En appliquant cette consigne, Philippe va percer, faire des rencontres, qui le pousseront vers la réussite mais sans oublier son épée de Damocles. Il faudra aller faire son service militaire en pleine guerre d’Algérie.
J’ai déjà lu de nombreux livres auto- biographique de Philippe Labro -tel que l’étudiant étranger, un été dans l’ouest, le petit garçon, quinze ans- celui-ci n’est pas le plus abouti pour moi mais il est un échelon indispensable à cette saga.
Intéressant car on pénètre un milieu quand même très fermé, et l’auteur dépeint très bien les scènes de planques, les rejets des gens du métier envers un petit
nouveau, les angoisses au moment de la rédaction d’un article. De plus nous entrons de plein pied dans l’élite parisienne de l’époque.
Deux personnages sortent du lot, deux personnages qui lui ont appris le métier et donné une façon de faire et d’être que sont Vence et son Austin Martin à over-drive et le grand petit homme, patron de France-soir.
Vence est le total contraire de Philippe mais l’un ne peut aller sans l’autre et leur complicité fait plaisir à voir.
Le grand petit homme donne sa vraie chance à Philippe et a un cœur en or.
Il y a également deux figures féminines essentielles : la baronne Béatrice de Sorgues, étrange femme de la haute société et sa nièce Lumière qui a un don de
voyante.
Par contre j’ai apprécié les descriptions de ce Paris de la fin des années cinquante. Cette atmosphère dans laquelle on ressent que les choses vont ou plutôt sont en train de changer. Le cinéma et sa nouvelle vague, l’indépendance des pays d’Afrique….
J’oubliais le Paris festif et nocturne que nous fait découvrir Vence et les portraits de Philippe qui sont forts bien mis en page et toujours pleins d’humour et de réalisme.


Edouard RODRIGUEZ

vendredi 4 novembre 2011

Dalva de Jim Harrison


En 471 pages Jim Harrison tisse l'écheveau de sa tapisserie de Bayeux, vaste fresque de l'Ouest américain de la fin de la guerre de Sécession au massacre des Sioux à Wounded Knee, évoquée par des personnages de chair et de sang d'aujourd'hui, leur histoire contemporaine se mêle au passé...
Le roman est  très riche, c'est un compendium de l'histoire et de la géographie américaine, de la collision des cultures et des êtres qui s'aiment et s'éloignent sans doute par mauvaise communication , trop grande fierté ou peur de sombrer dans la passion. L'originalité et le pittoresque attirent l'attention, l'écrivain a le sens de la formule et de l'image. Si c'est prosaïque et trivial à l'occasion c'est aussi inexorablement romantique et sensible par moments: la rencontre de Duane Cheval de Pierre et de Dalva, Crazy Horse et la mort de sa fille, Northridge et sa jeune femme Aase etc. Le romancier n'oublie pas les considérations économiques et sociales, la flore, la faune, ses descriptions de paysages sauvages et ses portraits brûlants sont inoubliables.
Dalva est une femme originaire du nord du Middle West, son prénom vient d"Estrella Dalva, l'étoile du matin en portugais, titre d'une samba qui plût à ses parents. Elle parcourt les Etats unis de l'Oregon à la Californie, de New York à la Floride, de l'Arizona au Montana en s'attardant au Nebraska et au Dakota.Sa grande beauté lui vaut quelques expériences fâcheuses mais elle garde  le cap. Elle n'oublie pas d'aider un cas social à l'occasion, c'est une femme de caractère qui sait ce qu'elle veut, lorsqu'elle revient vers son amoureux Duane, ses détracteurs jaloux, sectaires emplis de préjugés disent de lui"un vrai salopard" (page 106), notre héroïne n'écoute pas et juge sur pièce.
Le maître Harrison joue de son anima et de son animus, il utilise toute la palette des émotions, la virilité, la sensibilité féminine, de la tendresse à la violence extrême. Avec l'œil affûté d'un prédateur,rien n'échappe à son sens de l'observation, c'est très réaliste, on croit à ses personnages et à ses situations, c'est aussi lyrique et poétique, le réel se mêle au rêve. (Jung émet l'hypothèse que nos rêves émergent des paysages qui nous entourent).Il y a du panthéisme mystique et du naturalisme poétique, un délicieux hommage à la désobéissance civique et un hymne à la vie sauvage, au métissage et aux sangs mêlés, un vrai humaniste, lui.
Si vous avez aimé le livre et le film "Légendes d'automne", si vous avez une dilection particulière pour National Geographic et ses photos émouvantes, vous adorerez Dalva.


Gwenaël CONAN

mercredi 2 novembre 2011

La fée carabine de Daniel Pennac


La fée carabine est un roman de Daniel Pennac, second tome de sa série Malaussène. Il peut se lire séparément, les allusions à ce qui se passe dans le premier tome étant relativement peu nombreuses et bien explicitées. Dans le quartier où vit la famille Malaussène, un homme tue de vieilles dames, un flic est tué dans la rue, une jeune femme est jetée du haut d'un pont devant le commissariat et un étrange trafic de "drogues médicamenteuses" vise les personnes agées. La police enquêtant sur cette affaire trouve Benjamin Malaussène au coeur de cette affaire, étrange pivot auquel chaque indice ramène tel le parfait bouc émissaire qu'il est.
Cette famille Malaussène est assez déjantée et carrément attachante.On ne peut que compatir devant Benjamin Malaussène, chef de famille dépassé, pris en toute occasion en bouc émissaire de tous les maux de la terre. Les différents membres de la famille sont tous charismatiques et bien présentés bien qu'ils soient moins présents dans cette histoire :
Clara le jeune photographe, le Petit qui a une vision de la vie très poétique...Jusqu'à la nouvelle arrivée dans la famille,la petite Verdun qui s'impose dès sa naissance par sa voix.
L'enquête en elle-même est très bien menée, beaucoup de faits divers dont on peine à voir les connections qui vont s'établir peu à peu pour nous révéler toutes les méandres d'une affaire assez politique au final.
L'écriture de Daniel Pennac est légère, il se détache des carcans littéraires pour écrire à sa façon qui ne ressemble à rien. Et pourtant la magie opère, on est de suite emporté dans l'histoire, par son humour, ses jeux de mots, de rôle...
Mais je crois que son plus grand talent réside dans ces portraits qu'il nous peint. Chaque personnage est unique, développé jusqu'au moindre détail, les rendant vivants à nos yeux de lecteurs sans le moindre effort. Il n'est qu'à voir pour cela l'inspecteur Thian tiraillé entre son identité réelle et celle de la veuve Hô.
Une plume originale à découvrir.


Elisabeth DOUDAN

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