vendredi 28 novembre 2008

Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus de John Gray

"Qui n'a jamais pensé que, décidément, les hommes et les femmes ne parlent pas la même langue ! Que son ou sa partenaire débarque d'une autre planète !" Voilà une bonne remarque de cet auteur, John Gray, psychologue. Le livre qu'il a écrit est une sorte de "mode d'emploi" sur la grande question : comment peut-on comprendre le sexe opposé ? Effectivement, comme il l'écrit si bien, les hommes pensent et réagissent de manière totalement différente des femmes. La preuve : on s'attend toujours à ce que notre moitié réagisse de la même manière que nous... mais non ! On est très souvent déçu et les disputes se créent... alors qu'il suffit d'écouter son partenaire et de se transposer à sa place : que ferait notre moitié dans telle ou telle situation ? John Gray a longuement réfléchi sur toutes ces questions et, de par son métier de psychologue, peut nous démontrer à travers divers exemples concrets les soucis qu'un couple peut croiser si chacun ne s'écoute pas et ne s'aide pas. Ainsi, John Gray nous explique quelles sont ces différences qui opposent sans cesse les sexes et comment l'on peut déjouer les pièges afin de mieux se comprendre, accepter les différences de l'autre, et, par conséquent, mieux l'aimer. Personnellement, j'ai vraiment lu ce livre en détails. Beaucoup de personnes me l'ont évoqué et cela a éveillé ma curiosité. Un mode d'emploi pour comprendre mon partenaire ! Quoi de plus extraordinaire ? Et je l'avoue, on se retrouve vraiment dans ce livre. Certaines actions et réactions décrites par l'auteur nous laisse béat. On se sent visé, comme osculté sous tous les angles par un psy. Nos pensées sont décryptées, idem pour nos dires... Je peux vous évoquer un exemple personnel sur le problème, très étendu, de la mauvaise communication dans un couple. Un jour, je suis rentrée de mon travail très tendue. Ma journée s’était très mal passée, je m’étais disputée avec l’une de mes collègues car l’on me volait mes affaires au bureau. J’ai donc râlé mais sans accuser personne. Cela n’a pas plus à l’une de mes collègues qui s’est fâchée avec moi. En rentrant à l’appartement le soir même, j’ai voulu en parler tranquillement à mon homme… sauf, que, malheureusement, je n’ai pas compris que ce dernier n’était pas de bonne humeur. Sa réponse a mon soucis a été très clairement « c’est de ta faute, tu n’as qu’à être plus conciliante avec tes collègues »… Dans l’histoire, je n’y étais pour rien ! Mais, pour lui, tout était de ma faute parce que j’avais râlé et que j’aurais dû aller me plaindre au patron. Comme le dit l’auteur de « les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus », la femme a besoin d’être écoutée par son partenaire sans que celui-ci ne lui donne de conseils ou ne la réprimande… Pour le coup, mon chéri a fait tout ce que je n’attendais pas et cette discussion a fini en dispute. Ce n’est que le lendemain qu’il est venu vers moi en me disant qu’il avait mal réagi et qu’il était de mauvaise humeur la veille. Je lui ai pardonné, bien entendu, mais nous aurions pu réagir de manière différente et sans se prendre la tête, si nous avions suivi les conseils de John Gray ! D'une facilité étonnante à lire (pour un livre de psychologie), ce livre nous permet vraiment de mieux connaître nos différences pour mieux nous comprendre et pour mieux nous aimer. Un très bon livre à conseiller à tous et à toutes ! Reste maintenant à mettre tous ces conseils en pratique !
Laetitia MENS

mercredi 26 novembre 2008

Orgueil et préjugés de Jane Austen

Ce roman de Jane Austen nous dépeint la condition féminine de bon milieu dans l’Angleterre du XVIIIème siècle : le but ultime de ces jeunes filles et de leurs mères est de trouver un mari, riche de surcroît. Jane Austen nous fait découvrir un monde où l’apparence compte plus que la beauté intérieure, où l’hypocrisie et le faux-semblant sont maîtres. Au milieu de cette société dont les mœurs nous paraissent fort éloignés de ce que nous connaissons, évolue la jeune et vive Elizabeth Bennet. Refusant de céder aux pressions exercées par son milieu et surtout par sa mère, une femme futile et prête à toutes les concessions pour marier sa fille – elle en a cinq à marier ! -, Elizabeth a décidé de choisir, dans la mesure du possible, celui qui sera son compagnon. De ce point de vue-là, on peut dire que c’est une jeune fille moderne. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de plusieurs jeunes hommes dont le beau et riche Mr Darcy. Entre attirance et rejet, les deux personnages se rencontrent, s’étudient, se déchirent et se réconcilient. Mr Darcy, bloqué par son orgueil, ne peut admettre son amour pour une jeune fille de moins bonne famille que lui. Elizabeth, elle, saura qu’il ne faut pas juger les gens à leurs apparences. De quelle façon tous les deux vont-ils dépasser leurs défauts respectifs ? Telle est la question que se pose le lecteur. Il est bien évident que tout lecteur un tant soit peu attentif est capable de prédire l’avenir d’Elizabeth et de ses sœurs mais ce n’est pas dans l’intrigue que réside la force du roman. C’est la description sans concession et bien souvent ironique des rapports sociaux et humains qui séduit le lecteur. Si Jane Austen nous dévoile son monde, elle n’hésite pas à le critiquer vertement, ridiculisant certains de ses personnages, comme la mère d’Elizabeth ou la noble tante de Mr Darcy qui ne comprend pas ce que peut trouver son neveu à une jeune fille qui n’est pas de son milieu. Toutefois, les personnages sont attachants : Jane, la sœur aînée qui tombe amoureuse de Mr Bingley ou son père non dépourvu d’humour. Le sujet peut paraître désuet mais ce roman n’en reste pas moins agréable à lire du fait de la fluidité de son style. En conclusion, je dirai que c’est un livre charmant, écrit avec intelligence et à-propos dans lequel Jane Austen prône la finesse d’esprit et l’amour.
Delphine LE PERF

lundi 24 novembre 2008

La Marche de Radetzky de Joseph Roth

Lors de la bataille de Solférino, le lieutenant d'infanterie Joseph Trotta sauve la vie de l'empereur d'Autriche François-Joseph, qui le récompense en lui accordant le grade de capitaine et le titre de Baron. Mais cette distinction éloigne notre homme de ses compagnons et de son père, modeste paysan slovène. Coupé de son milieu familial et de ses troupes, il se retrouve enfermé dans une position sociale qui ne lui convient pas. Des années plus tard, découvrant par hasard que le pouvoir a falsifié la réalité historique de son acte de bravoure, tous ses repères volent en éclat. Il quitte l'armée et se retire dans son domaine de Bohème, amer et désabusé. Et c'est à travers son fils, préfet enfermé dans une loyauté et une foi aveugles dans l'Empire, et son petit-fils, poussé à intégrer l'armée dans le respect de la légende des Von Trotta, que l'on suivra le déclin de la lignée, en parallèle avec l'effondrement du régime. Du point de vue stylistique, il y a une musique, un rythme dans les phrases de Roth et une évocation de sons, de couleurs, d'odeurs, qui transmettent parfaitement les émotions des personnages en dépit d'une écriture sobre. Sans envolée lyrique, l'auteur nous offre une oeuvre où l'émotion perce souvent sous une apparente rigidité. Et cette musicalité, tout comme "La Marche de Radetzky" qui retentit plusieurs fois dans le roman, rythme le destin de la famille Von Trotta, en résonance directe avec celui de la Monarchie des Habsbourg. Car l'auteur évoque aussi la fin de l'Autriche-Hongrie, en proie aux révoltes des nations, à la montée du socialisme, incapable de s'adapter aux évolutions de la Société, et donc condamnée à disparaitre - tout comme les Von Trotta. La variété des lectures possibles (l'inéluctabilité du destin, l'analyse historique, la galerie des personnages...), en fait également un livre d'une rare richesse. J'ai vraiment aimé ce roman, pour lequel je n'hésite pas à parler de chef d'oeuvre. Mais au-delà de l'analyse, de la peinture d'une époque et d'une société en désintégration, j'ai été émue par les portraits des personnages. Leurs réactions, leurs doutes, leurs désillusions leur donnent une profondeur et une humanité qui a vraiment touché quelque chose en moi - le fils, notamment, que l'on sent mal compris de tous car la rigidité de son caractère le pousse à dissimuler ses sentiments. De la même manière, ce roman magistral est une fresque poignante, mais d'une sobriété qui en renforce l'intensité. C'est un grand roman, à lire absolument.
Fanny Lombard

vendredi 21 novembre 2008

Le secret de la vierge à l’enfant de Iain Pears

Après le départ à la retraite de son mentor et ami le général Botando, Flavia di Stefano se retrouve directrice par intérim du service de protection du patrimoine artistique à Rome. Lors de sa première mission, elle se retrouve confronté au vol d’un tableau de Lorrain dont le gouvernement italien avait expressément garanti la sécurité. Le premier ministre en personne lui intime le secret le plus absolu. A priori ce n’est pas évident, mais comme le tableau est échangé rapidement contre une rançon, tout est bien qui finit bien…Sauf que cela paraît trop simple à Flavia et qu’elle veut savoir la vérité… Involontairement son mari, Jonathan Argyll professeur d’art baroque et ancien marchand d’art, va l’aider en cherchant à percer le secret d’un petit tableau représentant une vierge à l’enfant… Autant le dire tout de suite, j’aime beaucoup la façon d’écrire de Ian Pears et notamment dans les livres où il met en scène les personnages ci-dessus. Celui-ci est le septième de la série et on constate une fois encore que la personnalité des protagonistes évolue en fonction du temps qui passe, des aléas de la vie, des choix de carrières. Je ne suis pas certaine d’ailleurs qu’il y aura d’autres volumes ou alors ce sera certainement quelque chose de différent…on a comme l’impression de la fin d’une époque et d’une certaine insouciance. L’avenir nous le dira… Toujours est-il que cette histoire est particulièrement captivante, l’intrigue paraissant au premier abord simple mais se révélant assez complexe. Disons que comme il y a deux enquêtes en même temps, on devine tout de suite qu’elles sont liées mais comment ? Sans trop en raconter, on précisera qu’il y en a une un peu plus sérieuse que l’autre. A travers elles et à l’aide d’une écriture fluide et rythmée, l’auteur aborde le sujet sensible des intrigues de pouvoir, des scandales politiques et du terrorisme de fin des années 70 sans en avoir l’air et avec beaucoup d’humour. Avec, toujours en toile de fond l’Italie (Rome, Florence, Sienne…) comme si on y était, le monde des marchands d’art aux manières plus ou moins honnêtes et l’histoire de la peinture. De plus le stress permanent de Flavia opposé à la nonchalance et la distraction de Jonathan fait qu’on a souvent le sourire aux lèvres malgré le sujet délicat. On est en fait sous le charme et on se laisse ainsi porter jusqu’à la fin du livre sans vraiment s’en être rendu compte…Un véritable régal de suspens, de comédie et d’histoire.
Nicole VOUGNY

mercredi 19 novembre 2008

Croc blanc de Jack London

Croc- blanc est certainement un des romans les plus connus de Jack London, il constitue aujourd’hui un classique de la littérature anglo-saxonne. Il relate la vie d’un chien-loup qui débute dans le « Wild », la terre glacée d’Amérique du nord, en compagnie de sa mère jusqu’à sa rencontre avec l’Homme. Croc-blanc va connaître plusieurs maîtres qui seront soit cruels soit bons et le loup va avoir des sentiments très différents pour chacun d’entre eux. Cela passera par la fidélité et l’obéissance, la haine et la vengeance et enfin l’amour pour son dernier maître : Weedon Scott. Ce roman est un peu comme la biographie d’un loup qui passe de l’état sauvage à l’état apprivoisé, de l’état de loup à l’état de chien. Il nous montre une vision qui pourrait être réaliste de la pensée animale et de son instinct. En effet, Jack London attribue des sentiments humains à son héros mais sans en faire une personnification. On se laisse donc facilement emporter par l’imagination que la pensée du loup ainsi que celle du chien pourrait être identique à la description établie par l’auteur. Croc- blanc n’est pas seulement un roman d’aventures dont le protagoniste est un loup ; c’est aussi une vision critique de l’homme et parfois de sa cruauté envers l’espèce animale. Tout au long de ce roman, l’auteur évoque la dure loi du Wild : manger ou être mangé et de l’instinct sauvage avec la peur de l’inconnu. Ces notions, essentielles à ce roman, sont indispensables pour tenter de comprendre le comportement de Croc blanc ainsi que des autres animaux du Wild. Cette lecture nous apporte, selon moi, une autre vision de l’animal quant à sa personnalité et ses sentiments. Elle permet de mieux comprendre ses réactions pour pouvoir mieux adapter les nôtres. Ce livre nous rappelle aussi nos origines ainsi que notre place dans ce monde animal auquel nous appartenons même si nous avons souvent tendance à l’oublier. Gaëlle GITTON

jeudi 13 novembre 2008

Au coeur de l'enquête de Meryl Sawyer

Je suis "LADY KILLER" On m'appelle comme cela grâce à mes actes. Je suis devenue très populaire, je fais la une des journaux, je tiens une place très importante dans les médias. Partout, on parle de moi ! Insaisissable et invincible, je suis le plus fort, le plus malin des serial killers ! Personne ne m'arrêtera, jamais ! J'adore voir la peur dans leurs yeux terrifiés, les regarder se battre, lutter en vain pour leur survie, puis s'abandonner, enfin, à leur destin. Quel bonheur de les sentir glisser à mes pieds, sans vie ! Elles méritent le sort que je leur donne. Jessica Crawford, chroniqueuse au San Francisco Hérald couvre l'évènement : La mort de ces femmes célèbres, avocate, biochimiste, psychiatre...commence à semer la panique dans la population. Jessica, brillante, si sure d'elle, la seule si futée, qui parvient à me cerner. Il ne me reste plus qu'à la faire taire elle aussi ! Jessica devient alors la cible N°1, et avec elle, son entourage, ses amis sont menacés eux aussi. J'ai bien aimé ce roman, bien dans notre époque, au style vif, rapide et intense. Les personnages au fort caractère sont attachants. L'auteur, Meryl Sawyer, connue dans le monde entier, pour ses nombreux suspenses arrive là encore à retenir toute notre attention, elle nous place tour à tour dans la peau du tueur et dans celle de Jessica, on se laisse alors entrainer par l'intrigue passionnante, voire captivante. Un livre pour passer un bon moment ! Géraldine MARTINOT

vendredi 7 novembre 2008

Des lendemains de fête de Pascal Sevran

Le décès de Stéphane, compagnon de pascal SEVRAN, est l’occasion pour l’auteur de « résumer » sa vie. Jour après jour, SEVRAN nous décrit sa vie, mais surtout ses relations avec autrui. Le journal débute le 23 décembre 1999. Pascal est entouré de beaucoup de femmes qui le respectent et fréquentent sa villégiature : François lit des études « scientifiques signées par des gourous, ou encore Christiane sa sœur, Lily, Dalida, Françoise Giroud.Il est entouré de grands personnages : François Mitterrand, Bertrand Delanoë, Charles Trenet, Roger Hanin, Jean Claude Brialy. D’ailleurs Delanoë n’est pas encore maire de Paris. La perte de Stéphane est pour SEVRAN, la fin d’une étape ; mais il conçoit que c’est son malheur à lui : « Tout le monde ne peut pas être malheureux à la même heure que moi ». Il souhaite tourner un peu la page, pas totalement. « Je ne suis pas obsédé par le passé, je ne me tiens pas à sa disposition ». Lorsque les souvenirs lui remontent à la surface en des lieux précis, il précise d’ailleurs « Stéphane est partout de toute façon. Je ne veux pas m’abîmer à le fuir, ni courir derrière lui. Pour ne pas perdre l’équilibre, j’avance prudemment ». SEVRAN est réaliste : la vie continue. Il reprend son testament rédigé et signé. Il tente une seconde aventure avec Laurent T, timide et prudent. Celui-ci quitte sa ville de Genèvre pour se rapprocher de Pascal : il abandonne son métier de paso-doble pour devenir taxi boy à Paris. Le journal se termine momentanément le 1er novembre 2000. Certes, tous nous nous sommes fixés une image de Pascal SEVRAN : pédant et imbu de sa personne, éloigné du quotidien des Français moyens. Mais à travers ce livre, on découvre un tout autre personnage : c’était un être d’une exceptionnelle culture qui est attiré par la simplicité des pensées. Le lecteur, à travers les lignes, verra que l’auteur est assagi par les mêmes doutes que nous tous : la vie, la place de la mort, le rôle des relations humaines, la solitude. On s’exalte à lire des phrases telles que « L’âme, c’est ce qui reste de nous quand il ne reste rien. Elle nous survivrait. C’est la version officielle ». « Des lendemains de fête » est plus un roman qu’un journal. En effet, il est écrit de telle façon que le lecteur ne peut s’épuiser à le parcourir. Les dates sont uniquement indiquées pour ne pas perdre le fil des pensées. Mais on pourrait les effacer, que le livre n’y perdrait aucun intérêt. « Écrire c’est aimer. Écrire c’est être aimé »dit Pascal SEVRAN. Cet être a disparu de la même manière que d’autres : « Des hommes et des femmes qui occupaient hier encore une place considérable dans ma vie, s’en sont allés, s’en vont comme des voleurs ». Un livre à lire et à relire.
Christine Sophie BELLOT

mercredi 5 novembre 2008

Shambleau de Catherine L. Moore

Shambleau est un recueil de nouvelles qui tire son nom de la première d’entre elles. Toutes ces histoires ont pour héros le navigateur de l’espace Northwest Smith, un aventurier sans foi ni loi recherché par les autorités de Mars à Vénus. Dans Shambleau il rencontre une jeune fille poursuivie par une foule en colère. C’est une créature mystérieuse, aux yeux verts de chat et à la peau rouge. Northwest va prendre sa défense et la ramener dans sa chambre d’hôtel. Il comprendra alors ce qu’est véritablement une shambleau… Dans la deuxième histoire, Songe vermeil, Northwest fait l’acquisition d’un châle au motif mystérieux qui va l’entraîner dans une autre dimension, dominée par « La Chose », une créature qui se nourrit des humains… Dans chacune de ces nouvelles Northwest Smith se retrouve confronté à un mystère qui prend le plus souvent la forme d’une jeune femme aussi attirante que vénéneuse ou d’un dieu ancien et oublié. Pour combattre ces créatures, il ne devra compter que sur son pistolet thermique, et occasionnellement sur l’aide de son comparse Yarol. Catherine L. Moore reprend de nombreux mythes et légendes tels que les sirènes, les vampires, Méduse, Circé en les réinsérant dans un contexte de science-fiction. Malgré tout, que l’on n’y trompe pas : ces histoires sont avant tout empreintes de fantastique. Les créatures qu’elle décrit et qui proviennent d’anciens âges presque totalement oubliés, tentent de reprendre corps dans notre plan de la réalité pour asservir les humains ; le tout dans des atmosphères angoissantes et surnaturelles. Les éléments de science-fiction ne sont qu’un prétexte pour introduire le récit. L’auteur aime jouer avec les émotions et les peurs ancestrales, en faisant appel à beaucoup adjectifs tels qu’ « horrible », « inhumain » qui développent des sensations de plus en plus intenses au fur et à mesure que l’on se rapproche du dénouement. De même, les couleurs sont omniprésentes, le rouge associé à la sensualité des femmes et le noir à la mort. En ce qui concerne le récit, le contexte de départ n’est jamais clairement défini, l’auteur insistant particulièrement sur le fait que la vie ou les motivations de Smith importent peu au lecteur. Les explications commencent avec la rencontre que va faire le héros et qui va lancer l’action. Ainsi, les nouvelles ne nous apportent presque aucun indice sur le passé ou une quelconque évolution de Northwest Smith, ce qui contribue à les rendre totalement indépendantes les unes des autres. Shambleau date des années trente et il est vrai que l’écriture a quelque peu vieilli. Ce recueil possède malgré tout un charme désuet et reste un classique de la science-fiction, par son utilisation originale des mythes et son empreinte fantastique.
V.E.

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