mercredi 27 août 2008

Sauve-moi de Guillaume Musso

Juliette est une jeune française venue à New York pour tenter sa chance dans le cinéma. Mais au bout de trois ans, force lui est de reconnaître qu’elle a échouée. Aussi est-elle décidée à rentrer chez ses parents en France. Sam Galloway, veuf trentenaire dont la femme s’est suicidée un an plus tôt, essaye d’oublier son chagrin en s’investissant à fond dans son métier de médecin. Or un soir, le docteur manque d’écraser Juliette. Et c’est aussitôt le coup de foudre entre ces deux êtres...Ils passent un week-end idyllique…Mais voilà, le problème c’est que l’avion de Juliette s’envole sans que Sam ait réussi à trouver les mots pour lui dire de rester, et que, comble de malchance, l’avion s’écrase peu après le décollage… Contrairement aux apparences, ce roman n’appartient pas au genre scénario catastrophe mais est plutôt une belle histoire d’amour et d’espoir, dans laquelle l’imaginaire à la part belle. Guillaume Musso, a choisi pour thème l’importance que le hasard peut avoir sur une vie, ce hasard qu’il compare à un grain de sable qui peut faire basculer des existences d’un coté comme de l’autre. Attention toutefois à ne pas confondre hasard et prédestination, même s’il y a des choses auxquelles on ne peut pas échapper…Là, vous allez dire que mes propos ne sont pas très clairs, mais je ne peux pas apporter d’explications complémentaires sans altérer l’intérêt et le plaisir de la lecture, ce qui serait vraiment dommage ! Car ce qui contribue au charme de ce roman, c’est son écriture sobre sans être simpliste, sensible mais sans sentimentalisme excessif. Nous éprouvons bon nombre de sentiments tels que la tristesse, l’émotion, la colère, la peur tout en étant confronté à des questions existentielles que nous nous sommes tous posées un jour ou l’autre. D’autre part de nombreux rebondissements donnent du rythme au récit …Résultat : on dévore littéralement ce roman ! Il faut dire que le cadre dans lequel l’auteur fait évoluer ses personnages est en lui-même passionnant et riche en couleur : New York, ville pluriethnique et culturelle par excellence. Ajouter à cela des personnages sympathiques, de l’amour, juste ce qu’il faut de souvenirs traumatisants, une bonne dose de surnaturel auquel on ne demande qu’à croire, une construction à la thriller, tout cela pour illustrer une réflexion sur la vie, la mort, la complexité des relations humaines et vous avez un roman très plaisant. La seule petite chose que je pourrais trouver à redire, c’est qu’il me semble que certains passages auraient gagnés à être un peu plus approfondi. Il n’empêche que je recommande grandement ce livre, qui m’a donné envie de découvrir les autres écrits de l’auteur.
Nicole VOUGNY

lundi 25 août 2008

Vice de fond de Jean-Paul Carminati

« Vice de Fond » nous entraîne dans le monde de la justice, notamment dans le quotidien de Me Jean-Paul Bergamo, avocat commis d'office en matière criminelle. Ce dernier est appelé pour défendre les plus démunis, ceux qui ne peuvent pas financièrement faire appel par eux mêmes à leurs propres avocats. Seulement, la majorité des dossiers dont s’occupe Me Bergamo concernent des crimes sexuels souvent aggravés. Jusqu’à présent tout allait bien dans sa vie privée, jusqu’au jour où sa femme Maggy regarde une émission à la télévision sur les témoignages concernant les abus sexuels et découvre plus en détails le travail de son mari. Des tensions naissent alors dans le couple, elle s’éloigne progressivement de lui. Comment comprendre que l'homme qu'on aime tente de faire libérer des violeurs et/ou des pédophiles ? En effet, Me Bergamo se charge des affaires comme "Viol sur mineur en réunion avec séquestration", "Viol en réunion sur mineur par ascendant", ou encore "Viol sur mineur en réunion par ascendant avec actes de barbarie ayant entraîné la mort"… Même si "Vice de Fond" reste un roman, Jean-Paul Carminati, avocat de métier, a su manier comme une main de maître l'humour noir pour nous relater de manière un peu décalée quelques affreux dossiers de crimes sur le plan sexuel, qui hélas, sont assez répandus pour les citer ainsi comme « exemples types » dans son ouvrage. Certaines scènes de viol, souvent décrits avec des mots assez directs et crus, peuvent heurter notre sensibilité. J’ai bien aimé ce roman qui m’a permise de mieux saisir l’atmosphère, souvent morose et amer, du travail des avocats commis d’office qui doivent défendre des pervers sexuels, car c’est plutôt dur psychologiquement, et il est nécessaire d’être doté d’une santé mentale de fer. Et on constate bien que Me Bergamo dort très mal la nuit, qu’il a constamment des cauchemars à causes de ces sinistres affaires et qu’il a énormément de difficultés à prendre de la distance par rapport à son quotidien professionnel. J'ai bien apprécié le personnage principal avec ses mésaventures, ses va-et-vient entre les tribunaux, je donnerais bien un autre titre à ce roman : « les tribulations d’un avocat ». Me Bergamo est très attachant et drôle, l’auteur nous donne souvent l’occasion de lire dans ses pensées qui nous font bien sourire. Par ailleurs, on rigole bien aussi avec les réactions énormes des accusés sexuels, et à les écouter, ils seraient tous innocents et toutes les jeunes femmes victimes son consentantes. Ngan Dai BUI

mercredi 20 août 2008

Chroniques de ma vie de Igor Strawinsky

D'Igor Strawinsky, compositeur russe né en 1882, naturalisé français puis américain, chacun connaît au moins "L'Oiseau de Feu" et "Le Sacre du Printemps".
Ces "chroniques" ne sont pas vraiment une autobiographie : bien que retraçant le parcours de l'auteur sur une période allant de ses premiers cours de piano à la création de "Perséphone" en 1934, en passant par son apprentissage avec Rimky-Korsakov, sa collaboration avec les Ballets Russes ou la composition de ses premiers chefs d'oeuvre, il s'agit avant tout, de l'aveu même de Strawinsky, de "dissiper les malentendus qui se sont accumulés autour de [s]on oeuvre et de [s)a personne". Une mise au point, donc, sur fond de souvenirs écartant volontairement la vie intime pour se concentrer sur la vie professionnelle. Bien que présentant un récit linéaire, ces chroniques sont difficiles à résumer : ainsi, l'auteur n'y raconte pas son enfance ou sa vie privée, et cantonne son propos à la musique, à la création de chacune de ses oeuvres et ses diverses collaborations. Mais ce n'est pas une litanie monotone : à chaque fois, il raconte comment il a procédé, dans quelles conditions ont été composés ballets, opéras, suites, etc., et comment ces oeuvres ont ensuite été montées à Paris, Berlin ou New York, avec le concours de Diaghilev, Nijinsky, Ramuz, Picasso, Cocteau..., donnant lieu à une galerie de portraits des personnalités artistiques les plus marquantes de ce siècle. En parallèlle avec cette rétrospective, Strawinsky précise sa conception de la musique, son évolution personnelle, son regard sur des questions aussi passionnantes que complexes comme le modernisme, les liens entre histoire et art, la place de la technique dans un ballet ou la liberté d'interprétation d'une oeuvre. J'ai vraiment aimé ce livre : au-delà de l'oeuvre d'un grand compositeur, j'ai découvert une personnalité que l'on devine passionnante. J'ai parfois dû m'accrocher pour suivre la pensée de l'auteur, qui mène des réflexions assez complexes sur son art. J'ai également trouvé fascinante la manière dont il évolue en permanence, repoussant les limites de sa créativité par une recherche qui laisse admiratif. Ces chroniques sont un formidable témoignage sur une époque artistique foisonnante, doublé d'une réflexion parfois ardue mais enrichissante sur la musique, même pour une novice comme moi. Et ça m'a donné envie de me plonger dans les oeuvres de ce compositeur, preuve de la qualité de ce livre ! Fanny LOMBARD

mardi 19 août 2008

Marcus Aper chez les rutenes de Anne De Leseleuc

Marcus Aper, le célèbre avocat gaulois, doit être nommé à la fonction de juge à Gergovie. C’est alors que pénètre dans son bureau Floris, le patron d’une grande "usine" de terre cuite de Millau.
Hautain et très vite antipathique, ce dernier apprend à Marcus qu’il est accusé du meurtre de la fille de son ancien potier qui a créé une entreprise concurrente. Entre un client qui n’en fait qu’à sa tête et peu aimé de ses employés et des habitants peu disposés à l’aider et sûrs de détenir le véritable coupable, Marcus doit trouver coûte que coûte la vérité surtout qu’en face de lui, s’oppose en tant que procureur Julius Secundus aidé de son ancien disciple Publius Tacitus. Aidé de son fidèle serviteur Nestor, Marcus devra se rendre jusqu’en Tunisie au gré d’aventures très mouvementées. Dans la lignée du juge Ti ou du moine Cadfaël, Marcus Aper nous entraîne dans la Gaule romanisée : Marcus Aper est avant tout un avocat mais il n’hésite pas à aller sur le terrain, se travestissant et risquant sa vie pour découvrir la vérité. Dans cette affaire Anne de Leseleuc nous fait découvrir de nombreux aspects intéressants de la vie gallo-romaine : l’industrie de la poterie et ses débouchés commerciaux, le fonctionnement de la justice et même les trafics d’esclaves un peu louches. Toutefois ce roman suit trop, à mon goût, les règles du roman policier : un duo enquêteur-assistant qui se complète, un homme que tout accuse, des jeunes filles qui disparaissent, un méchant qui se révèle méchant… .Il manque d’originalité et d’invention ; l’intrigue est un peu légère et les personnages manquent de profondeur. J’ai apprécié la lecture de ce roman mais je préfère les romans d’Ellis Peters ou d’Elena Arseneva qui sont plus complexes au niveau de l’intrigue et des personnages. Delphine LE PERF

jeudi 14 août 2008

Manipulation de Andy McNab

Le Britannique Nick STONE , militaire des Special Air Service, est spécialisé dans la lutte anti-terroriste. Il est envoyé en mission à Gibraltar pour contrer trois membres de l'IRA que ses supérieurs soupçonnent de fomenter un attentat.
Ces derniers tuent un des trois membres et se rendent comptent qu'ils n'étaient pas là pour tuer mais pour négocier avec les corrompus de l'Administration qui ne voulaient plus faire transiter par Gibraltar la drogue dont l'IRA avait besoin pour financer sa lutte armée. Pour lui donner une chance de se racheter, ses patrons l'envoient en mission aux Etats-Unis. Là, il retrouve un de ses frères d'arme qui travaille désormais pour la DEA. Son copain et sa famille sont trucidés juste avant sa rencontre, seule la fille de sept ans de son ami a réchappé à l'exécution. Il la prend sous son aile et a toutes les audaces pour la protéger des tordus qui veulent finir le travail. Ils réussissent à rentrer en Grande- Bretagne et là Nick découvre la dure réalité et règle ses comptes. Le thriller est palpitant, le héros est un vrai dur qui n'a pas peur de tuer si nécessaire mais il sait aussi être tendre. Les faits relatés sont crédibles, nous baignons dans la réalité crue et très loin des clichés de James BOND. Nous avons droit à une formation accélérée d'homme de terrain et de chasseur d'hommes. L'auteur qui est un authentique SAS nous révèle ses recettes de cuisine mais pas toutes. Il décrit la violence réelle, les effets de l'adrénaline, les réactions psychiques d'êtres menacés de mort qui savent rendre la monnaie. Le guerrier professionnel n'oublie pas d'être au petits soins pour sa protégée de sept ans, ce qui rend l'histoire attendrissante au milieu de tant de violences. D'autre part, lorsque l'on a connu des Irlandais membres du Sinn Fein ainsi que des Britanniques bon teint qui ont servi la Reine, ce récit touche de près. On préfèrerait les voir en paix boire une pinte de Guinness.
Gwenael CONAN

mercredi 13 août 2008

Sorcier de Jim Harrison

John LUNDGREN a pour surnom « sorcier » depuis son passage chez les scouts. Depuis qu'il est au chômage, sorcier passe son temps à préparer des petits plats, à manger, boire, dormir, fantasmer sur sa femme ou d'autres. Il a perdu une situation lucrative de responsable d'un fonds d'investissement et traverse une mauvaise passe.
Diana, sa blonde épouse l'admoneste pour qu'il se reprenne et le pousse à suivre une thérapie. Après avoir freiné des quatre fers il obtempère. Son psy lui propose un job de détective privé où il se révèle brillant. Le Dr RABUN lui confie des affaires de plus en plus difficiles où il n'oublie pas de joindre l'utile à l'agréable, culinairement et sexuellement parlant. RABUN l'envoie en Floride défendre ses intérêts, il se fait piéger par la femme d'un mafioso et finit par revenir auprès de sa sylphide. L'histoire pourrait sembler banale sans le talent de Jim HARRISON, que les Amérindiens du Michigan appelle « celui qui va toujours plus loin dans l'obscur et finit toujours par en revenir ». On se demande comment il s'y prend pour nous faire entrer dans son univers naturaliste mais plein d'action et de vie de l'esprit. Il noircit des pages et des pages sur ses gaudrioles, ses extases charnelles, sur la nourriture et ses beuveries mais son humour est assassin. L'on rit toutes les deux pages, tout est naturel chez lui et innocent et il n'oublie jamais l'émotion et les sentiments. Quelles sont ses valeurs? L'amour de la nature et la satisfaction des sens. Ses histoires baignent dans une métaphysique bien à lui et qu'il pourrait nous vendre avec de l'empathie pour ses frères humains. Pour ceux qui s'intéressent à autre chose que le « people et le bling-bling ».
Gwenael CONAN

lundi 11 août 2008

Une poignée de gens de Anne Wiazemski

Après avoir hérité du journal intime - en russe Livre des Destins - du prince Wladimir Belgorodsky , Vladimir Vassiliev entre en contact avec une descendante du prince. Celle-ci, Marie Belgorodsky, est surprise, mais va à contre-cœur au rendez-vous fixé par Vladimir Vassiliev.
Et voilà que l’histoire de sa famille lui est racontée grâce au Livre des Destins. Alors commence un plongeon dans le temps qui va de 1916 au 15 août 1917 et l’assassinat du prince. Ce voyage au cœur de la propriété de Baïgora, nous montre la fin de la douceur de vivre d’une famille de la noblesse russe et la montée, en puissance, des rouges dans cette Russie qui va devenir l’Union Soviétique. J’ai énormément apprécié ce livre qui a un penchant "histoire authentique". L’auteur nous raconte parfaitement cette période. Une noblesse qui vit tranquillement, des soldats russes qui reviennent du front exaspérés par des conditions de vie déplorables, une paysannerie qui en assez d’être déconsidérée et qui est à l’écoute d’agitateurs. Les personnages y sont décrits de manière simple et authentique, sans lourdeur. A la noblesse un caractère cultivé, une vie paisible pleine de candeur et d’innocence, mais plus pour longtemps ; au peuple une rudesse due à la soumission des siècles passés et une envie de renverser le cours de l’histoire et d’aller vers une vie meilleure. Ce livre n’est pas une découverte de la révolution russe mais plutôt une description fine et sensible d’un moment où l’histoire bascule de manière brutale.
Edouard RODRIGUEZ

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