mercredi 24 décembre 2008

La tentation de l'oubli de Belva Plain

Trois jeunes femmes, inséparables du temps de l'université, vont suivre chacune une destinée fort différente. Si Cécile, venant d'une famille aisée, se marie très prochainement avec Peter, Norma, quant à elle, avec son lourd handicap physique qui la complexe énormément, pourra-t-elle un jour s’accepter et trouver l'amour ou devra-t-elle rester célibataire tout sa vie durant ? Enfin, la ravissante Amanda, la plus belle des trois amies, rêve d'un beau mariage qui la ferait sortir de sa très modeste origine sociale. Des actes répréhensibles et irréparables vont bientôt être commis par l'une d'entre elles. Cela provoquera des conséquences terribles qui bouleverseront l'existence des trois jeunes femmes, mais également de leur entourage, notamment leur famille proche. La forte amitié qui les unit depuis l'université sera-t-elle suffisamment solide pour surmonter ces rudes épreuves de la vie ? J'ai vraiment aimé lire ce roman de Belva Plain, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde du début jusqu'au dénouement. L'histoire est vraiment intéressante du point de vue « relations humaines » entre les différents personnages. On constate une fois que plus que l'amour passionné peut effectivement entraîner des ravages fâcheux et regrettables. Ce genre de sentiments triomphe souvent sur la raison et fait perdre le bon sens aux personnes concernées. Par ailleurs, j'ai toujours été convaincue que pour être heureux en amour, il est obligatoirement nécessaire que les sentiments ressentis dans un couple soient réciproques, et que malheureusement, choisir un mari qui possède de l'argent, de la richesse, ne suffit pas pour contribuer à son bonheur, bien loin de là. « La tentation de l'oubli » se lit très facilement, les événements et les rebondissements s'enchaînent vite, l'auteur donne la parole parfois à l'une ou à l'autre des trois héroïnes qui nous permet de saisir la position de chacune et de se mettre à leur place pour mieux les comprendre. Cet ouvrage me donne envie de lire « Le secret magnifique », autre roman du même auteur que je possède déjà, mais que je n’ai pas encore pris le temps den prendre connaissance.
Ngan Dai BUI

vendredi 19 décembre 2008

La marionnette de Josette Gontier

Ce petit livre (43 pages) raconte une aventure mystérieuse qui arrive à un petit garçon au début du 20e siècle à Lyon, à l’époque des canuts. Un soir, il se perd dans les rues de son quartier et découvre un soupirail éclairé, d’où il aperçoit un automate. Je trouve ce livre trop court, mais il faut préciser que c’est un livre pour enfants. Cependant il aurait pu, malgré cela, être plus développé. Dommage, car il est intéressant, et il l’aurait été beaucoup plus. A conseiller aux enfants. Hélène SALVETAT

mercredi 17 décembre 2008

La joueuse de go de Shan Sa

Dans la Manchourie des années 30 occupée par les japonais, une jeune lycéenne de 16 ans a pour passion le jeu de go. Toutes les après midi elle joue sur la place des Mille vents et bat souvent ses adversaires. Cependant la révolte contre l’envahisseur commence à gronder. Soupçonnée d’être un repaire de contestataires, la place des Milles vents est mise sous surveillance par les japonais. Un de leurs jeunes soldats est chargé d’y faire l’espion. Pour ce faire, il défie cette jeune fille au jeu. Régulièrement ils se retrouvent donc, sans souvent échanger le moindre mot pour continuer cette partie qui dure, dure, les deux adversaires étant de force quasi égale. Jusqu’au jour où la guerre entre la Chine et le Japon éclate ce qui change alors complètement la donne… Original, triste, émouvant, tels sont les premiers mots qui me sont venus à l’esprit en refermant ce roman. Tout d’abord parce que l’époque choisie est plutôt tourmentée : une ville de Mandchourie sous occupation japonaise avec tout ce que cela sous entend de la part des occupants et en conséquence le besoin des étudiants et des jeunes de cette ville de se libérer de ce joug impérialiste en se référant aux idées communistes de leur voisin russe. Et puis dans ce cadre, deux personnages complètement différents dont la vie personnelle va être bouleversée par les évènements. Tout les oppose : leur sexe, leur nationalité (l’une chinoise, l’autre japonais), leur culture, leur caractère, leur façon de voir les choses. Pourtant ils ont quand même un point commun, leur passion pour le jeu de go qui les fait se retrouver, même s’ils conçoivent différemment l’importance et la finalité de cette partie qui sera pourtant révélatrice de leur véritable personnalité. Le point fort du livre et qui en fait son originalité, est à mon avis le parti pris de l’auteur de nous mettre tantôt dans la peau de la jeune fille tantôt dans celle du jeune homme sans pour autant que l’on ait l’impression d’une répétition. L’alternance de chapitres très courts, écrits à la première personne avec sobriété et fluidité (une fois le « je » est la fille, la suivante c’est le garçon) révèle parfaitement les pensées des protagonistes notamment le fanatisme des soldats japonais envers leur empereur, leur cruauté et leur morgue, mais aussi les préoccupations des jeunes filles en age de connaître leurs premiers émois amoureux au milieu d’une société dans laquelle elles ne sont pas considérées. Cette construction originale désarçonne au début mais rend en fin de compte le récit intéressant avec toutefois l’impression, parfois de survoler l’histoire sans réellement y être impliqué…Mais malgré cela, il y aurait tant à dire sur ce livre court mais très riche en sensations, en images, en réflexions... Oui ce roman est bel et bien original, triste, émouvant mais aussi captivant…Ce n’est pas un hasard s’il a obtenu le prix Goncourt des lycéens en 2001.
Nicole VOUGNY

mercredi 10 décembre 2008

Le palanquin des larmes de Ching Lie Chow

Le Palanquin des larmes tire son nom de la cérémonie du mariage en Chine, lors de laquelle la jeune mariée est emmenée dans un palanquin fleuri jusqu’à son futur époux. Ici, la promise n’ayant que 13 ans et compte tenu des traditions chinoises selon lesquelles la femme doit obéissance à son mari et à sa belle famille, la cérémonie et les années suivantes ne se passeront pas dans la joie… Mais le livre ne raconte pas que cela, puisqu’il retrace fidèlement la vie de Chow Ching Lie sur la toile de fond de la vie politique mouvementée de son pays entre les années 50 et 65. On découvre ainsi l’avènement du communisme en Chine, ses incohérences, ses forces et ses faiblesses, en même temps que les relations dans les familles, la « hiérarchie » si l’on peut dire, les mariages arrangés et la soumission totale de la bru à sa belle-famille. Et comme c’est un récit autobiographique, tous ces éléments sont présentés du point de vue de l’héroïne, donc très personnel, ce qui nous permet de voir cette société de l’intérieur, avec ses us et coutumes si différents des nôtres. Personnellement, si j’ai trouvé l’histoire très intéressante et les anecdotes édifiantes, je ne peux pas m’empêcher de penser parfois que la narratrice en « fait parfois un peu trop ». Je veux dire que, par exemple, elle parle de ses débuts dans sa nouvelle belle-famille comme d’une véritable torture, alors que, bien que sa situation ne soit bien évidemment pas rose, cela ne dure que quelques semaines et, surtout, son mari est amoureux d’elle. Je pense que, dans ce pays où les mariages arrangés étaient de loin les plus courants, elle a tout de même eu de la chance, dans le sens où sa jeunesse a été extrêmement heureuse, sa belle-famille était riche et son mari a toujours pris soin d’elle. D’ailleurs, elle finit par quitter la Chine et, après un séjour à Hong-Kong, à venir en France où elle poursuit une carrière de pianiste internationale (même si le livre ne parle pas de cette partie de sa vie). Par contre, la pauvre enfant a tout de même été mariée de force à 13 ans, elle a toujours dû faire ce qu’on attendait d’elle et ce que l’étiquette lui imposait et elle a quasiment été vendue à sa belle-famille. Bref, j’ai beaucoup aimé cet ouvrage, qui m’a fait découvrir un univers très différent de ce que je connais et qui m’a parfois donné l’impression de se dérouler plusieurs décennies, voire siècles, auparavant… Anne ALBERT

mercredi 3 décembre 2008

Merlin le prophète ou le livre du Graal

Il s'agit d'un roman du 13ème siècle mis en français moderne. L'auteur ou les auteurs s'inspirent du livre en vers de Robert de Boron « L' estoire dou Graal » qui lui était de peu antérieur. Cette oeuvre aurait été écrite vers 1250. L'on y apprend la naissance de Merlin, l'histoire de Merlin et du sénéchal Vertigier, les récits de Merlin et des fils de Constant, le mariage d'Uterpendragon, l'avènement d' Arthur, la reconnaissance d'Arthur, la naissance de Mordret ( qui amènera le malheur), le chevalier aux deux épées et le coup douloureux, le mariage d'Arthur et de Guenièvre, Merlin et Viviane, et enfin, la mort de Merlin. Il s'agit moins d'un chef d'oeuvre poétique qui marche sur les brisées de Chrétien de Troyes, imprégné de spiritualité cistercienne, d'amour courtois et de quête rédemptrice, que de récits qui instaurent le cycle arthurien. Sa mentalité est aristocratique, pas monacho-chrétienne. Il est question de fiefs, d'hommes- liges, de tout un univers féodal. Merlin y est nourrisson doté de la parole, enchanteur, conseiller des rois, moitié homme, moitié démon, homme des bois qui peut changer d'apparences, par ses pouvoirs il permet au roi d'assouvir ses passions coupables, il légitimise les rois et annonce les châtiments à venir. Ces histoires sont campées entre l'Ecosse et la Bretagne Armoricaine, le Pays de Galles et la plaine de Salisbury où se dressent les pierres de Stonehenge. C'est une ère pas tout à fait chrétienne et encore celtique et druidique. Les Celtes n'ont pas encore été boutés hors de leur patrie par les Saxons et les Vikings, mais ils guerroient. Les êtres sont prisonniers de leurs passions, heurts et malheurs se succèdent. A la narration descriptive de Robert de Boron qui semble adhérer à la féodalité et à ses rites on peut préférer le style poétique de Chrétien de Troyes qui mélangeait avec habileté le réel et l'irréel. Les récits sont complets, structurés et nous apprennent tout sur nos héros, leurs vies, leurs oeuvres et c'est là l'essentiel. Gwenael CONAN

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