vendredi 17 août 2007

Le roman de Rabelais de Michel Ragon

Nous sommes au milieu du XVIème siècle. François Ier, le prince des humanistes, est mort ainsi que sa sœur, Marguerite de Navarre, la protectrice des esprits libres. Henri II est le nouveau roi de France, la chasse aux « impies » est ouverte.
Dans une masure, prés du château de Saint-Maur où vit son ami et protecteur, Jean Du Bellay, diplomate lors du règne précédent, François Rabelais soigne les indigents, étudie et raconte ses jeunes années à un disciple, Gilles, un moinillon venu de Picardie. Pourquoi n’écrit-il pas une suite aux aventures de Pantagruel comme le poussent ses amis, Jean Du Bellay, Philibert de l’Orme (architecte, on lui doit notamment le château de Diane de Poitiers à Anet). Mais l’anathème porté à l’encontre de ses livres par la Sorbonne, les bûchers qui embrasent la France, l’intolérance qu’elle soit papiste ou huguenote, le bâillonnent. Et les joueurs de mots ne sont plus en odeur de sainteté. C’est le temps des amis des Guise, le temps des Ronsard, qu’il hait, de ceux qui émasculent la langue française, la langue populaire, si riche, au nom du beau langage. Non seulement Michel Ragon nous conte la vie de Rabelais mais il lui donne aussi la parole. Ainsi, nous l’entendons ridiculiser les idées reçues en matière de santé, se gausser des syllogismes des lettrés, faire la satire de Rome et de ses papes infâmes et rire, rire encore pour combattre la peur en ce siècle où les Clément Marot, les Etienne Dolet, les évangélistes (partisans d’un retour à la simplicité de l’Evangile), comme Rabelais ou Erasme, ont été suppliciés. J’ai apprécié que l’auteur ne nous livre pas une biographie linéaire (de la naissance à la mort) mais qu’il fasse progresser son histoire à partir d’un moment clé dans l’existence de Rabelais tout en utilisant la technique du « flash-back » pour nous raconter quelques épisodes du passé. Ce livre lu, je me suis précipitée chez mon libraire favori pour acheter les œuvres complètes de Rabelais tant Michel Ragon m’a mit l’eau à la bouche. Il m’a donné envie de découvrir le 16ème siècle en compagnie de Pantagruel et Gargantua. Laurence TESTU

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Effectivement c'est un livre fort plaisant pour qui veut faire connaissance avec Rabelais sans tomber sous l'austérité d'une pure biographie.

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