mercredi 10 décembre 2008

Le palanquin des larmes de Ching Lie Chow

Le Palanquin des larmes tire son nom de la cérémonie du mariage en Chine, lors de laquelle la jeune mariée est emmenée dans un palanquin fleuri jusqu’à son futur époux. Ici, la promise n’ayant que 13 ans et compte tenu des traditions chinoises selon lesquelles la femme doit obéissance à son mari et à sa belle famille, la cérémonie et les années suivantes ne se passeront pas dans la joie… Mais le livre ne raconte pas que cela, puisqu’il retrace fidèlement la vie de Chow Ching Lie sur la toile de fond de la vie politique mouvementée de son pays entre les années 50 et 65. On découvre ainsi l’avènement du communisme en Chine, ses incohérences, ses forces et ses faiblesses, en même temps que les relations dans les familles, la « hiérarchie » si l’on peut dire, les mariages arrangés et la soumission totale de la bru à sa belle-famille. Et comme c’est un récit autobiographique, tous ces éléments sont présentés du point de vue de l’héroïne, donc très personnel, ce qui nous permet de voir cette société de l’intérieur, avec ses us et coutumes si différents des nôtres. Personnellement, si j’ai trouvé l’histoire très intéressante et les anecdotes édifiantes, je ne peux pas m’empêcher de penser parfois que la narratrice en « fait parfois un peu trop ». Je veux dire que, par exemple, elle parle de ses débuts dans sa nouvelle belle-famille comme d’une véritable torture, alors que, bien que sa situation ne soit bien évidemment pas rose, cela ne dure que quelques semaines et, surtout, son mari est amoureux d’elle. Je pense que, dans ce pays où les mariages arrangés étaient de loin les plus courants, elle a tout de même eu de la chance, dans le sens où sa jeunesse a été extrêmement heureuse, sa belle-famille était riche et son mari a toujours pris soin d’elle. D’ailleurs, elle finit par quitter la Chine et, après un séjour à Hong-Kong, à venir en France où elle poursuit une carrière de pianiste internationale (même si le livre ne parle pas de cette partie de sa vie). Par contre, la pauvre enfant a tout de même été mariée de force à 13 ans, elle a toujours dû faire ce qu’on attendait d’elle et ce que l’étiquette lui imposait et elle a quasiment été vendue à sa belle-famille. Bref, j’ai beaucoup aimé cet ouvrage, qui m’a fait découvrir un univers très différent de ce que je connais et qui m’a parfois donné l’impression de se dérouler plusieurs décennies, voire siècles, auparavant… Anne ALBERT

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