mardi 6 janvier 2009

Les catilinaires de Cicéron

« Jusques à quand donc, Catilina, abuserez-vous de notre patience? ». C'est ainsi que s'exprimait Cicéron, consul de Rome, devant les sénateurs, » les pères conscrits », en 63 av.J.C. Toute sa fougue et son éloquence ont servi à éloigner de Rome un dangereux comploteur qui voulait renverser la République à son profit et à celui de ses sicaires. En quatre longs discours , Cicéron alerte les sénateurs puis le peuple de Rome et enfin justifie sa conduite. Le discours pour Marcellus, quant à lui, est le prétexte pour encenser César et le remercier d' avoir mis un terme à son exil et l'avoir rétabli aux premiers rangs de l'Etat. Le discours pour Milon est un plaidoyer qui présente Milon, accusé d'avoir tué Clodius, comme une victime qui a agi en état de légitime défense. Si Milon a tué, il a le droit moral pour lui, il n'est donc pas un assassin. L'Histoire nous apprend que Milon était un ami personnel de Cicéron qui a milité pour son retour d'exil, Clodius était un ennemi mortel qui l'a exilé après la victoire de Cicéron sur Catalina. Cicéron cherche à prouver, plaire et émouvoir. Il se sert de l'Histoire, de la philosophie et de la jurisprudence pour trouver des arguments d'autorité et susciter l'adhésion. Ses textes qui sont des plaidoyers et des harangues politiques semblent longs lorsqu'il se réfère aux dieux de Rome, à ses illustres ancêtres, l'on a du mal à le croire lorsqu'il noircit l'image de ses ennemis à outrance pour les mettre en opposition à toutes les vertus romaines, comme si lui et ses fidèles les incarnaient toutes. Mais au-delà de l'art oratoire, ce qui impose le respect c'est son courage. Toute sa fougue tempérée par la décence lui a valu des ennemis mortels. A chaque fois qu'il parlait il jouait sa tête ou des châtiments sévères. Ses adversaires n'attendaient que sa mort et son talent a protégé les faibles contre les forts. Sa seule faiblesse était de ne pas avoir la puissance militaire à ses côtés. Jusqu'au bout il aura nargué ses ennemis qui lui ont tranché la tête et les mains, sur ordre de Marc- Antoine en 43 av.J.-C. Cet orateur ne savait pas que parler, sa mort en témoigne et donne encore plus de valeur à ses écrits. Il est nécessaire d'étudier le contexte historique d'alors pour appréhender les tenants et les aboutissants de ces textes. Ce livret aurait mérité une biographie de l'auteur, même succincte. Les amateurs d'imparfait du subjonctif et de conditionnel passé deuxième forme seront ravis. Gwenael CONAN

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