vendredi 9 janvier 2009

Mensonges sur le divan de Irving D. Yalom

Ernest Lash, psychanalyste reconnu, est désabusé : un de ses patients, Justin, a enfin trouvé le courage de quitter sa femme - non pas grâce à ses années de travail thérapeutique, mais sur l'insistance de sa nouvelle maitresse ! Agacé et surtout troublé, Ernest s'interroge : la psychanalyse classique est-elle vraiment efficace ? N'obtiendrait-il pas de meilleurs résultats en étant plus proche des patients et en se livrant à eux, à l'encontre de toute sa formation ? Il décide de tenter l'expérience avec une nouvelle patiente. Mais cette dernière, Carol, n'est autre que l'ex-femme de Justin, bien décidée à se venger car persuadée que c'est à cause de son thérapeute que son mari l'a quittée... Déstabilisé par la relation qui s'instaure avec sa "fausse" patiente, Ernest se tourne vers son superviseur, Marshall Streider. Mais ce grand ponte, gardien du dogme, ne veut pas entendre parler de ces méthodes peu conventionnelles. D'autant plus que dévoré par l'ambition, il a d'autres préoccupations, relatives à sa carrière... Ce roman nous plonge dans l'univers fascinant de la psychanalyse. Pas de long exposé ennuyeux, mais un roman foisonnant qui traite des querelles entre différents courants, de la relation patient-soignant, d'éthique, des rivalités entre spécialistes, de la supervision, et surtout des psys eux-mêmes, en tant qu'hommes psychologiquement fragiles, loin d'avoir les réponses pour eux-mêmes ! Riche en dialogues et en introspections, c'est un livre vivant, captivant de bout en bout, qui présente l'envers du décor, et nous fait partager les doutes et les faiblesses des psys en nous permettant en quelque sorte de rentrer dans leur tête. C'est également un formidable roman à suspense, qui tient par moment du roman policier, et un chassé-croisé irrésistible, bourré d'humour. La multiplication des intrigues et des points de vue fait qu'on ne s'ennuie jamais dans ce roman dense, très bien écrit, dans un style accessible mais où l'on sent que chaque mot a été pesé. J'ai vraiment adoré ce livre, remarquablement bien construit, très drôle et extrêmement intelligent. A la fois comédie, roman à suspense, portrait au vitriol de la psychanalyse, j'ai trouvé ce récit vraiment prenant, avec ses personnages parfois un peu caricaturaux mais attachants, car tous vulnérables. L'auteur, lui-même psychiatre, connaît parfaitement son sujet et j'ai trouvé son regard certes féroce, mais percutant et stimulant. Mais quel que soit son rapport à la psychanalyse, le lecteur trouvera là un livre fantastique. Quant à moi, je compte bien me jeter sur les autres romans de cet auteur ! Fanny LOMBARD

1 commentaire:

pierrecls66 a dit…

"Et Nietzsche a pleuré" ou "la méthode Schopenhauer" du même auteur sont tout aussi excellents si ce n'est plus... A savourer... Quel bonheur pour celui qui va découvrir Yalom !

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