Lors de ses déplacements, le voyageur a la possibilité de jouer un rôle à un moment donné. Que ce soit celui d’agent secret, d’un reporter infiltré ou d’un explorateur affabulateur, ces masques permettent de cacher une réalité, plus ou moins gênante. Dans ce costume, chacun recrée ou efface le morceau de vie qu’il ne veut pas partager.
Mais « pour qui nous prenons nous lorsque nous voyageons ? ». Voilà la question que pose Jean-Didier Urbain dans l’épilogue de son livre. Loin de vouloir garder le secret, l’auteur nous montre tout au long de son exposé la route à suivre pour savoir pourquoi nous avons fait le choix de nous évader par ce biais.
Jean-Didier Urbain nous apprenait dans un précédent ouvrage que l'idiot du voyage, c'était le touriste (L’Idiot du voyage. Histoire de touristes). Aujourd’hui, ce voyageur traîne encore derrière lui une mauvaise réputation et possède même quelquefois une connotation négative. Face à cette situation, le touriste peut alors être tenté d’aller se mêler à la masse des voyageurs secrets, que l’auteur présente dans ce nouvel ouvrage.
Tout en nous présentant successivement le voyageur incertain, les voyageurs de l’ombre, les voyageurs du quatrième type, les évadés du quotidien ou encore le voyageur inexistant, il nous fait connaître dans ce livre les trois relations que le voyage entretient avec le secret, « à savoir : le secret de voyage (ce que l’on cache du voyage), le voyage secret (le voyage que l’on cache) et le secret du voyage (ce que le voyage cache, y compris au voyageur lui-même). »
A travers ce triptyque, l’auteur nous fait découvrir de nouvelles pratiques qui permettent de considérer la clandestinité comme un voyage exotique et de voir l'invisible comme une nouvelle manière de partir à l'aventure.
Mais au-delà des connaissances apportées par un tel livre, le style d’écriture de Jean-Didier Urbain associe, de manière très habile, la rigueur scientifique de l’anthropologue et la légèreté littéraire de l’écrivain.
La richesse de ses propos nous révèle finalement les secrets de ces « voyageurs impossibles » que l’on croyait connaître à travers les lectures de récits de voyage ou notre expérience personnelle.
Cet ouvrage est très agréable à lire et permet de se rendre compte au fil des pages que le sujet nous concerne tous.
Pierre Sécolier
mercredi 24 juin 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire