vendredi 20 novembre 2009

Le pain de la mer de Joël Raguénès

L’histoire commence en 1894, en Bretagne au moment où sévit une grave crise de l’iode. Les goémoniers vivent dans la misère. Parmi eux, Yves Kerleo, qui, malgré la méfiance de ses collègues, décide de travailler en partenariat avec Eugène Lemarchand, un industriel de l’iode.
Leur objectif est de moderniser et organiser la récolte du goémon tout en améliorant les conditions de travail. A leur relation purement professionnelle s’ajoute rapidement des liens d’amitié, d’autant qu’Yves ne semble pas insensible aux charmes d’Estelle, la fille d’Eugène. Pourtant c’est Anne qu’il épouse tandis qu’Estelle se marie avec François…
Nous allons ensuite suivre de1894 à 1920, la vie de ces personnages ainsi que de nombreux autres, qu’ils soient bourgeois, paysans de la terre ou goémoniers, appelés aussi paysans de la mer. Il me faut préciser puisque c’est quand même le sujet de base de ce roman, que le goémon est une algue que l’on brûle pour en faire des pains de soude desquels est extraite l’iode. Tout au long de ces vingt six années de nombreux évènements vont se produire tant sur le plan local (naissances, décès, mariages, divorces…) que national (l’affaire Dreyfus…) et même international (la concurrence de l’Amérique du sud dans le commerce de l’iode et bien sur la première guerre mondiale), évènements qui vont influer sur leur travail, leurs amours, leur vie quotidienne.
Vingt six années de tranche de vie qui tiennent en 730 pages que l’on dévore littéralement. Le rythme est soutenu et l’auteur a véritablement su trouver les mots justes pour nous toucher, nous amuser, nous faire partager les émotions de ces personnages qui n’ont pourtant rien d’extraordinaire. Et c’est d’ailleurs à mon avis la raison pour laquelle on s’attache à eux. Leurs faiblesses, leurs doutes, leurs joies, leurs peines, leurs colères sonnent justes parce que proches de la réalité. Vraiment une belle réussite que cette écriture simple et à la fois poétique, sensible mais directe, qui arrive à nous donner l’impression de se retrouver sur un cote sauvage de Bretagne à marcher sous les embruns, à subir les tempêtes, les brumes ou le soleil et même à ressentir la présence de l’  « Ankou »…J’ai vraiment éprouvé à la lecture de cette formidable saga familiale un véritable enchantement. J’ai hâte de lire le deuxième volume !

Nicole VOUGNY


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