lundi 15 janvier 2007

Les petit enfants du siècle de Christiane Rochefort

Ecrire comme elle parle et surtout comme elle pense est un exercice qui réussit très bien à Christiane Rochefort surtout lorsqu'elle raconte, à la première personne, l'enfance et l'adolescence d'une gamine de cité dans les années 50.
C'est drôle comme cet univers résonne de manière proche en cette période où il est tellement question des problèmes des banlieues. Il se trouve que là, c'est justement une des actrices de cette vie-là qui a la parole. Il serait d'ailleurs temps, cinquante ans plus tard, que les intéressés reprennent cette parole, eux qui savent mieux que quiconque de quoi ils parlent! Mais en y regardant de plus près, la cité n'est en fait qu'un cadre, un lieu. Car la souffrance de cette fillette, aînée d'une famille "qui ne cesse de s'agrandir grâce aux Allocations Familiales", est moins due à son environnement matériel qu'à l'indifférence des membres de sa famille. L'apparente passivité avec laquelle elle subit son destin cache une profonde frustration de tendresse, de savoirs, de curiosité inassouvie. La distance qu'elle met entre elle et les évènements qu'elle traverse, n'est qu'un système d'auto-défense contre l'insupportable, une protection contre cette espèce de folie qui l'envahit par instants. Elle doit dompter absolument cette soif inextinguible d'amour, ce désespoir. Elle finira par la trouver cette tendresse tant attendue, dans les bras d'un jeune homme amoureux et enthousiaste! Ouf, on respire! Mais… l'être humain est-il capable de sortir d'un schéma de comportement social quand celui-ci est lié à un manque de reconnaissance? C'est sur cette question dérangeante que l'auteur nous laisse réfléchir à la fin d'un roman court qui échappe à toute sensiblerie.
Florence TOUZET

Aucun commentaire:

Publicité