mercredi 24 janvier 2007

Le colonel est retourné chez lui de Charles Exbrayat

Cela débute comme un film français de mauvais garçons des années 30 : une midinette s'éprend d'un beau garçon qu'on imagine coiffé d'une casquette, un foulard noué dans l'encolure de sa chemise. Elle espère qu'il la sortira de sa condition de femme pas très gâtée par la vie dès le départ. Un roman noir? Pas du tout, bien au contraire!
Car au bout de quelques pages, changement radical d'ambiance. Nous voici en Cornouailles, campagne anglaise figée dans ses principes et ses habitudes telle que PD James aime la décrire. On rencontre alors, mêlés à l'histoire de nos deux héros, une série de personnages plus caricaturaux les uns que les autres , parfaitement à leur place dans l'agencement de cette micro-société aux règles bien établies. Chacun y joue son rôle à la perfection: une châtelaine acariâtre et décalée, un pasteur dépassé par les frasques de ses ouailles, un inspecteur de police en mal d'autorité et quelque peu borné, et bien d'autres encore… Les caractères bien trempés de ces individus s'affrontent dans des joutes verbales et physiques pleines de truculence. Cet univers est périodiquement secoué par des épisodes musclés nourrissant les discussions des habitants venus se désaltérer à l'auberge du Renard Rouge tenue par notre héroïne. Or il y débarque un beau jour un personnage hors norme: un colosse écossais tombé là par hasard et qui va être mêlé à une histoire de règlements de comptes entre malfrats. Car nous sommes bien dans une histoire policière. Deux crimes ont été commis et la brebis galeuse fait forcément partie du troupeau Exbrayat nous baigne dans le charme inégalable de la vieille Angleterre qui vit au rythme du five o'clock. Mais ce charme n'opérerait pas complètement sans l'humour typiquement british de cet auteur qui possède si bien le sens de la formule. La lecture de ce livre permet de passer un très bon moment que conclut un dénouement inattendu. Florence TOUZET

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