mercredi 13 février 2008

Je, François Villon de Jean Teulé

Il est né le jour où Jeanne d’Arc fût brûlée et le jour où son père fût pendu pour avoir récupérer un linge afin que sa femme accouche décemment… Deux ans plus tard, c’est au tour de sa mère de mourir enterrée vivante dans la fosse aux chiens… Le chanoine Guillaume de Villon lui sert alors de tuteur essayant tant bien que mal de l’élever. Mais très vite, le jeune François Villon révèle un goût très prononcé pour les sorties nocturnes et tapageuses mais aussi pour la poésie, notamment les ballades.
En terminant la lecture de cette autobiographie imaginaire, je me suis demandée si la vie de François Villon était vraiment telle qu’elle nous était racontée… Parce que j’ai trouvé ce monsieur loin d’être un personnage recommandable !Et pourtant même si tout n’est pas prouvé, il semblerait que la plupart des faits soient avérés, ce qui donne tout de même des frissons dans le dos. D’autant plus que Jean Teulé, en choisissant de raconter cette vie en utilisant la première personne, nous donne une terrible impression de vérité. L’époque était certes difficile, la pauvreté, la famine, la cruauté du clergé et des riches envers les pauvres poussaient les gens à bout. François Villon a essayé de faire naître la révolte dans le cœur des parisiens. Il a profité du privilège d’être un étudiant pour commettre des excès en tout genre, des exploits extravagants tels que vols, crimes, dévergondage…tout en laissant toujours dans son sillage un sentiment de liberté et de modèle pour la jeunesse de l’époque. C’est assez fascinant de découvrir ce personnage que l’on considère comme un des premiers poètes modernes, devenir de son vivant un personnage légendaire. On lui prête certainement plus de méfaits qu’il n’en a commis, ce qui ne l’a pas empêché de côtoyer des grands noms du royaume tout en appartenant à une bande d’écorcheurs. S’il y avait un mot par lequel je devais définir ce poète, c’est « paradoxal », pouvant être parfois atroce, parfois sublime d’humanité, à la fois poète et ribaud … Ce n’était pas une mince affaire de la part de l’auteur de se mettre à la place de François Villon, cet homme qui commet des actes odieux plus par défit que par conviction, les regrettant après et ne pouvant pourtant rien changer aux conséquences qu’ils ont eus, mais j’ai trouvé très réussi cet endossement de personnalité. J’ai apprécié aussi, et pourtant la poésie n’est pas vraiment ma tasse de thé, l’insertion dans le texte de ses ballades les plus connues, dans le contexte de leur création (la ballade des pendus, la ballade de la grosse Margot…). Même s’il est parfois difficile à lire, l’auteur ayant pris le parti d’écrire selon les tournures de phrases employées au XVe siècle, c’est un livre intéressant et original qui nous en apprend beaucoup sur François Villon mais aussi sur l’époque qui l’a vu vivre.
Nicole VOUGNY

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