vendredi 17 octobre 2008

La treizième mort du Chevalier de Daniel Picouly

Nous sommes en 1799. Le chevalier de Saint Georges, escrimeur, homme de guerre et musicien mulâtre est atteint d’une maladie qui le fait beaucoup souffrir. Le temps où il était célèbre et riche est désormais révolu. Sans cesse à court d’argent, il doit faire patienter ses créanciers tout en montant un spectacle musical avec des enfants. Or, voila qu’un beau soir le sieur Beaumarchais mourant le mande à son chevet…Ils ont eu des mots autrefois, notamment parce que le Chevalier a dû laisser gagner la chevalière d’Eon lors d’un duel à Londres… Aussi, quand un mystérieux homme arrive pour tuer le célèbre auteur, le chevalier hésite mais défend quand même son ex-ami…Il est vrai qu’en contrepartie il récupère un coffret à secrets et un prospectus pour une représentation théâtrale spéciale qui va lui réserver bien des surprises… Dire que ce livre est seulement un roman cape et d’épée me semble un peu réducteur même si la présentation que j’en ai faite le laisse à penser. Il y a certes de l’aventure, des rebondissements, des duels, des questions d’honneur, de l’amour mais il y a aussi beaucoup de profondeur et d’humanité dans les personnages notamment dans celui de notre héros, le chevalier de Saint Georges, homme vieillissant, luttant contre la maladie mais tombant amoureux tel un jeune homme, d’une jeune fille au parfum envoûtant. La vulnérabilité que lui procure cet émoi, la fraternité et la solidarité qui existe entre les hommes de couleur dans une France encore esclavagiste, donne une dimension supplémentaire au roman. Le rythme du récit est variable en fonction de l’évolution de la souffrance du personnage principal, tantôt en étant vif dans les périodes de rémission tantôt lent lorsque la douleur se manifeste. Nous sommes donc parfois témoins d’états d’âmes tristes : le héros sait qu’il va mourir et il imagine les différentes morts possibles. Et pourtant on n’a pas le sentiment de morbide ni de lugubre pendant la lecture grâce à l’humour et à la dérision de l’écriture. Toutefois certaines tournures de phrases peuvent paraître un peu compliquées, parce qu’on sent que l’auteur a fait le choix d’écrire à la manière des grands feuilletonistes du XIXe siècle. Il en résulte que j’ai eu un peu de mal à rentrer dans le récit, d’autant plus que l’écriture est souvent plus suggestive qu’explicite. Mais cette impression s’atténue rapidement au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire et arrive même à nous charmer. Je ne dirais pas que c’est un roman que l’on dévore mais il est somme toute assez plaisant. Il faut aussi préciser que l’auteur fait intervenir une pléthore de personnages connus comme la reine Marie-Antoinette, le romancier Beaumarchais, Fulton l’inventeur du Nautilus, le chevalier d’Eon et même les Beatles(si si) ! Il est à noter quand même qu’il y a un lien avec un des précédents romans de Daniel Picouly, « l’enfant Léopard » (que j’ai de beaucoup préféré d’ailleurs) mais que les deux romans peuvent se lire séparément.
Nicole VOUGNY

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