Obnubilée par le pouvoir suprême, Wuzhao impératrice de chine se sert d'une prophétie qu'elle croit gravée sur des pierres divinatoires immergées au fond de la rivière Lê.
Elle fait extraire ces rochers grâce à la force de l'éléphant blanc sacré devenu la monture de Nuage Fou. Forte de la possession de ces pierres et de l'amour qu'elle porte aux jumeaux célestes, Wuzhao oscille entre la douceur et la dureté qu'elle justifie par l'amour du Bienheureux, providence pour ceux qu'elle protège et bourreau pour les autres.
Parmi ses protégés Umara la fiancée de "Cinq Défenses" précipitamment séparée de
son amant vit une séquestration ignominieuse dont elle ne connaît pas la raison et qui va entraîner un chantage douloureux entre l'Impératrice et "Pureté du vide". L'empereur Gaozong, malade concupiscent n'ayant d'yeux que pour sa nouvelle favorite "Lune de Jade", laisse le pouvoir se déliter, et les intrigues s'emmêler.
"L'usurpatrice", comme les deux premiers tomes de sa trilogie, n'usurpe pas sa
place et offre une apothéose, certes attendue, mais ô combien délectable. Fidèles aux rythmes et aux cassures de la trilogie, les chapitres passent brutalement d'un lieu à un autre pour nous faire vivre en parallèle les différentes ficelles de l'intrigue. La cohérence de l'histoire ne s'en trouve que renforcée par petites touches successives qui nous font approcher les personnages de façon intime, et leur donnent un charisme individuel. Comme chevauchant les animaux de bois d'un même manège les personnages virevoltent, s'attirent et se repoussent. Les couples se disloquent et se retrouvent après maintes péripéties ou le pire eût été à craindre.
Ce dernier tome bien que suite logique de ses prédécesseurs, a son charme particulier, accentué par les frasques sexuelles de "Lune de Jade", qui n'ont rien à envier à celles de l'Impératrice. Des situations sans cesse nouvelles viennent ajouter leur exotisme à la sensualité débridée de l'histoire dans son ensemble. Le style toujours clair, d'un abord agréable et facile, pousse par un rapport d'ordre addictif à la lecture des chapitres suivants.
Porté par un tourbillon de situations inédites dont l'imagination n'a d'égal que le réalisme et la fraîcheur du style d'écriture de l'auteur, on ne peut que s'extasier sur les rapports intimes qui les lient dans une cohérence parfaite.
La fin prévisible mais surprenante arrive trop rapidement, et on se laisserait à penser que peut-être un quatrième volume n'aurait pas été de trop, puisque trente ans de l'histoire sont passés sous silence et très laconiquement évoqués : Qu'est devenu le muet ?
Et qu'en dit-il ? Serait-on tenté malicieusement de demander.
Frédéric MOLLICA
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