mardi 24 mars 2009

Le foyer breton de Emile Souvestre

Le narrateur passe ses journées de rêverie dans la ferme des nids et alentour. Le soir il écoute les histoires, les leçons et les chants qui se développent près de l’âtre. Ce livre rassemble quelques vingt cinq contes glanés au gré des rencontres dans cette Bretagne du XIXème siècle. Bien que Dieu, Diable et préceptes chrétiens sont omniprésents, on y voit apparaître en alternance, princes et princesses, animaux munis de pouvoirs surnaturels, ogre et sorcière, nains et korrigans, revenants et malédictions. Tout cela baigne dans une atmosphère de justice divine, de punition par le Diable (le vieux Guillaume), d’infidélités misent à l’épreuve, de nains tourmenteurs. Quels vont être les sorts de ces amants qui n’ont pas grâce aux yeux des pères de leurs belles ? Quelles dynamiques secouent ces fratries héritières de biens matériels ou d’autres avantages ? Qui sont ces animaux magiciens donneurs de leçons ou de qualités ésotériques ? Ce florilège de contes abscons qui peuvent paraître d’un autre temps voire d’une autre dimension, garde une fraîcheur d’innocence sinon d’incrédulité. Les personnages hormis leurs rapports humains ancestraux côtoient un monde que l’on dirait de nos jours imaginaire, mais dont ils subissent réellement les effets, soit pour les sauver de quelque perdition, soit pour les punir le plus souvent de n’avoir pas su observer les règles divines que nul n’est censé ignorer suivant l’état d’esprit que l’auteur a cru bon de mettre en scène. On ne peut s'empêcher de rapprocher cette mise à jour des traditions orales des légendes rustiques de George SAND où le pittoresque des situations mêlé à un ésotérisme rural naïf laisse songeur et donne comme un regret de ne pas les avoir vécues. On se prend a visionner tout au long du déroulement de ces histoires un film coloré de relents campagnards où les effets spéciaux venant à la rescousse de l'auteur leur donneraient une véracité de rêves cauchemardesques. Le rythme de ces contes va croissant au fur et à mesure de leur lecture. Sur fond de rencontres fortuites mais recherchées par le narrateur qui nous les fait vivre, vont crescendo : la précision des faits, la densité des histoires et l’insolite des événements d’une époque révolue. Le style d’écriture est clair et accrocheur, seule la trame vécue par le narrateur doit conduire à lire le conte qui suit comme une collection d'anecdotes qui révèle une atmosphère où l'on ne sait trop si le désir de se faire peur n'était pas finalement communément répandu. La découpe de l’ensemble a été faite par pays breton visité, ce qui ancre chacune de ces historiettes dans une tradition propre et localisée géographiquement. Ces contes ne manquent pas de surprendre par leur diversité et un mélange de genres savoureux. Frédéric MOLLICA

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