mardi 21 avril 2009

La ferme des animaux de George Orwell

Dans la ferme de Mr et Mme Jones, un cochon « Sage l’ancien », fomente la rébellion contre l’esclavage imposé aux animaux par les hommes. Le soulèvement réussit, les fermiers et leurs gens sont chassés de chez-eux. La direction de la ferme incombe aux cochons dont l’intelligence est reconnue. Les animaux de la ferme se partagent les tâches agricoles dans la joie et l'allégresse. Les récoltes sont bonnes et les rendements semblent plus importants que du temps des humains. Isolés dans leur monde ils réapprennent tout du travail rural avec dureté mais opiniâtreté, galvanisés par le cheval de trait. Mais après la mort de l’instigateur de la révolte, ses lieutenants cochons, Boule de neige, Napoléon et Brille Babil s’emparent du pouvoir et se disputent les initiatives. A la façon d’Esope, George Orwell donne aux animaux la parole et la conscience. A l’instar de « 1984 », on voit là encore chez l’auteur, une analyse lucide des pouvoirs totalitaires qui sous couvert d’idées humanistes et à partir de projets généreux pour le bien de tous, font germer chez certains la cupidité et le désir de pouvoir que d’autres temps n’ont pu mettre à jour. La ferme des animaux est une parodie de ce que l’on observe lorsqu’une dynamique nouvelle bouscule l’histoire et que les cartes sont redistribuées, que les puissants et vaniteux sont vite remplacés par d’autres tout aussi ambitieux à s’octroyer la meilleure part. La traduction de Jean Quéval n’altère pas le message sous-jacent à cette fable racontée avec toute la vraisemblance possible. Ce roman où les animaux sont humanisés pour rejeter les humains est pathétique. Toutes les facettes de la complexité humaine sont incarnées par les animaux qui leur donnent corps. Notre intelligence, notre grandeur d’âme, notre ignorance et d’autres de nos traits sont joués par les cochons, les chevaux, les poules et les moutons dans un contexte de survie lié aux travaux de la ferme que les animaux s’efforcent de mener à bien. Il convient pour cette lecture de garder un esprit ouvert à la dérision, et même si le dénouement paraît évident connaissant l’auteur, de lire ces dix petits chapitres comme un chantre au pied de nez visant la bêtise humaine. La conscience des esprits clairs saura se délecter de cet avatar que Jean de Lafontaine aurait pu mettre en vers et Walt Disney en dessins. Frédéric MOLLICA

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