mercredi 15 avril 2009

Un goût de cendres de Elisabeth George

Une cigarette allumée laissée dans un fauteuil provoque l’incendie d’un cottage et la mort de l’homme qui dormait à l’étage : Kenneth Fleming, joueur de cricket vedette de l’équipe d’Angleterre. La police locale se rend vite compte qu’il s’agissait d’un incendie volontaire et fait appel à la police métropolitaine, qui va devoir dénouer les fils d’une affaire qui s’annonce complexe : La victime était séparée de sa femme et de ses enfants depuis plusieurs années et en passe de demander le divorce, prêtait le flanc aux ragots en habitant chez Miriam Whitelaw, une amie âgée qui avait lancé sa carrière, et vivait une liaison sulfureuse avec la femme d’un mécène de l’équipe… Voici l’occasion pour nous de retrouver le très sympathique duo d’enquêteurs de New Scotland Yard créé par Elizabeth George : L’aristocratique inspecteur Thomas Lynley, qui se débat toujours dans ses déboires amoureux avec sa chère lady Helen ; et son adjointe, le sergent Barbara Havers, plébéienne manquant de classe mais avec beaucoup de caractère, qui vient d’emménager dans un nouveau quartier. Les voilà plongés dans une enquête délicate, d’autant qu’il faut gérer les frictions avec l’inspecteur chargé de la ramification locale de l’affaire dans le Kent – une femme, ce qui gêne Lynley aux entournures bien qu’il essaie de passer outre – et le profond intérêt marqué par la presse envers la mort d’une personnalité médiatique. Comme toujours avec Elizabeth George, l’intrigue est très étoffée, truffée de petits détails, d’histoires secondaires dont on ne sait pas lesquelles se rattachent réellement à l’enquête en cours. La vraie vie ! On s’identifie ainsi aux enquêteurs, qui doivent utiliser leur flair pour distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas ; cela rend l’histoire d’autant plus intéressante. L’auteure est aussi spécialiste des relations familiales difficiles et les met en œuvre magnifiquement : entre Ken, sa femme et ses enfants d’une part, mais aussi entre Miriam et sa fille Olivia, en conflit ouvert avec sa mère qu’elle n’a plus revue depuis des années. Le récit du déroulement de l’enquête est d’ailleurs entrecoupé du journal d’Olivia, et on commence par se demander ce que tout ça vient faire là : Olivia nous raconte comment sa révolte l’a entraînée dans les bas-fonds de Londres, comment elle a rejoint un mouvement antivivisectionniste par amour (impossible) pour son leader, comment – atteinte d’une grave maladie neurologique dégénérative – elle a perdu peu à peu son autonomie... On ne voit pas du tout pourquoi l’auteure a choisi de faire passer en avant-plan cette histoire qui semble à priori si éloignée du meurtre proprement dit… Jusqu’au dénouement final, que l’on ne découvre que dans les dernières pages, étant resté en haleine jusque là ! On y découvre enfin la vérité, réalisant alors que le roman était parsemé d’indices permettant d’y parvenir… L’histoire est très bien construite et très prenante, les personnages parfaitement dépeints, le style fluide. Un roman magistral qui ne nous donne qu’une seule envie : retrouver notre attachant duo d’enquêteurs dans les romans suivants de l’auteure… Marie-Soleil WIENIN

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