Voilà quatre mois que Cristian Kustermann, fils d'une richissime famille germano-chilienne de droite, a été abattu, dans la pizzeria de Renaca dont il était propriétaire depuis son retour d'Allemagne, quelques années auparavant. Si la police a privilégié la thèse d'un braquage ayant mal tourné, aucun suspect n'a été arrêté. Son père demande alors à Cayetano Brulé, détective privé cubain exilé au Chili, de reprendre l'enquête. Très vite, celui-ci comprend que la victime a été exécutée. Ecartant la thèse de la police, il suit celle d'une vengeance, d'un règlement de compte entre trafiquants de drogue... avant d'apprendre que le jeune homme avait bénéficié, pour son retour au Chili, du programme de protection des opposants d'extrême-gauche. Plus étrange encore : il avait apparemment passé plusieurs années hors d'Allemagne, sans que personne ne sache où il était. Brulé doit donc remonter la piste depuis Bonn pour retrouver la trace de cet homme dont il est bien difficile de cerner les idées politiques... Et l'enquête s'annonce plus délicate et complexe que prévu.
Ce roman se lit rapidement : le style est fluide, la langue simple mais agréable, et l'alternance entre récit et dialogues rend l'écriture vivante. C'est une investigation classique : le détective interroge les témoins, déroule les fils de l'enquête, active ses réseaux d'informateurs... Mais la particularité de ce roman tient au cadre - entre Chili, Allemagne et Cuba - et aux thèmes que cela permet d'aborder, qu'il s'agisse du poids des extrémismes politiques, de la lutte des classes, des mouvements révolutionnaires, de l'exil, de l'identité latino-américaine... Sans oublier les personnages, tous bien campés mais éclipsés par le sympathique Cayétano Brulé, détective haut en couleurs, plutôt pauvre mais d'une certaine classe, plein de malice, qui résout ses enquêtes avec tact, intelligence et un grand sens moral.
Fidèle lectrice des enquêtes de Cayétano Brulé, je me suis régalée avec ce premier roman mettant en scène le détective. Ce n'est cependant pas le meilleur à mon avis, et certains passages auraient mérité d'être développés. Néanmoins, si l'intrigue est un peu légère, les thèmes sous-tendant le récit, pour délicats et sensibles qu'ils soient, sont abordés avec finesse par l'auteur, qui ne tombe jamais dans le prosélytisme. S'il affirme ses opinions, il permet surtout d'entrevoir en arrière-plan une réalité sociale et politique certes simplifiée, mais pas pour autant simpliste, et donc plus compréhensible. C'est un aspect que j'ai trouvé très intéressant, et ce dans tous les romans de la série.
Fanny LOMBARD
jeudi 27 août 2009
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